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Citations de Hédi Kaddour (127)


Le champ

L'oeil pris par le premier coquelicot
un homme dessine
et tente d'échapper
aux bonds que fond les lignes
quand elles se referment
il faut plus qu'un regard pense-t-il
pour établir un champ
des forces en travail
sans oublier les liens
de la terre et du rire
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L’oncle n’avait pas été dupe, elle connaissait ce qu’elle tenait en main, la Lettre sur l’unicité, de Mohammed ‘Abduh, qui passait pour un athée… Il eut un vertige. Il fi t ouvrir les malles de sa nièce, il y trouva des romans égyptiens parlant de libération de la femme… la collection Hachette des grands écrivains, Rousseau, Hugo… et même un Cours de philosophie positive ! Sa nièce voulait en savoir plus que les hommes, ce n’était bon ni pour elle ni pour la famille. Il osa téléphoner à son frère. « C’est trop tard, lui dit Si Mabrouk, tu veux que je l’empêche de lire ? que je la batte ? que je l’enferme ? J’ai voulu avoir une petite fi lle merveilleuse, elle a grandi… Comment va ta femme ? » La conversation avait été longue, elle s’était conclue dans la froideur. L’oncle avait annoncé à sa femme que Rania faisait ses bagages, elle repartait dans la capitale. La tante n’avait rien dit, une femme ça se soumet. Mais son regard avait suffi à désarçonner son mari : le voile de la mort. On ne peut rien contre ce que la mort fait passer dans les yeux des femmes. On les en a toujours menacées, et depuis elle est là, agitant ses plis derrière le moindre de leurs actes de soumission. (p. 14)
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"Prépondérants", c'est très simple, nous sommes beaucoup plus civilisés que tous ces indigènes, nous pesons beaucoup plus, donc nous avons le devoir de les diriger, pour très longtemps, car ils sont très lents, et nous nous groupons pour le faire le mieux possible, nous sommes l'association, l'organisation la plus puissante du pays. P.24
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Les hommes ne deviennent dignes que si on les traite avec dignité, et la dignité n’a pas besoin de coups (P. 90)
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..le commandement qui figeait tout le monde au garde-à-vous. On sentait derrière lui la présence d’une cohorte de grands morts.
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Tablette après tablette, Pétrone caricaturait l'héroïsme, l'aventure, les figures, la rhétorique, les règles du beau. Il fabriquait du trouble, du désordre qui ne s'ordonnait pas, de l'obscénité et du chaos sans fin.
.....
Dans ce que lisait Pétrone il n'y avait personne pour lutter contre le chaos et pour venir à bout des tremblements du monde, aucune vraie cité à l'horizon. Le chaos triomphait du début à la fin, sans crainte des dieux. La vie résistait mais sans gloire, dans une histoire de plus en plus dangereuse, qui parlait d'un monde en décomposition, du réel qui s'engloutissait dans le chaos et la tyrannie omniprésente du chaos.
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(Massa) multipliait les procès sans accusateur, les verdicts sans tribunal, les condamnations sans plaidoiries. Il faisait torturer les riches, disant : "mes bourreaux sont capables de tirer de l'eau d'une pierre ponce"; et il envoyait les pauvres à la mort.
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L'Empire est un règne majestueux où l'esclave qui vide et nettoie le pot de chambre de l'empereur a plus de pouvoir, de "potestas" et d'"auctoritas" qu'un sénateur dont la famille remonte aux guerres puniques.
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Un chef doit parfois se tenir exactement au niveau de ses hommes, parfois, c'est important pour la confiance qu'ils lui portent [p.150-151]
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Domitien ajoutait que la tragédie s'abat sur les gens parce qu'ils font de petites fautes; les grosses fautes ne sont pas tragiques, elles méritent leur châtiment, elles ne font ni peur ni pitié; les fautes tragiques sont de petites fautes, certains sénateurs en font, ils croient qu'elles sont sans conséquence, ils ne voient pas qu'elles ouvrent la porte à la tragédie. La voix de Domitien avait la lenteur d'une meule.
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la loi romaine dit que le citoyen est libre, mais nous aurons connu ce qu'il y a de plus servile dans la liberté, la liberté qui reste dans la poitrine, celle qui ne sert à rien... on accepte de perdre la parole et, pour que ce soit moins douloureux, o, voudrait en même temps perdre la mémoire, mais on ne peut pas... la mémoire on la garde, avec les souvenirs de la liberté, qui rendent le silence honteux. Et la honte, à son tour, nous rend inhumains et complices, ce qui nous permet de continuer à faire une belle carrière...
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Il ne comprend pas que sous un tyran la vraie grandeur c'est de survivre.
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Devant eux apparut un homme-sandwich, on ne voyait que sa tête et ses bottes, il était couvert de journaux, avec de gros titres sur une manifestation organisée par le parti d’un certain Adolphe Hitler, « un petit parti d’excités, et pas le seul », disait Gabrielle en traduisant, ajoutant :« Si la France était un jour traitée comme l’Allemagne, on aurait vite nos Adolphe Dupont ! »
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Avec les colons sont aussi venus tous ceux qui vont avec, artisans, maçons, mécaniciens, employés de la poste ou du gaz, boulangers, instituteurs, curés, tâcherons, patrons de bistrot, contremaîtres, gens durs à la tâche et durs à vivre, intolérants et prolifiques, ayant cru en cette terre comme d'autres avaient cru en l'Amérique, en plus petit, oubliant le temps qu'il leur avait fallu pour en arriver là, appelant génie de la race ce que les siècles avait permis d'accumuler, se désignant comme détenteurs d'une supériorité de nature, et les plus malins choisissant un mot plus rare que "supériorité", la supériorité pouvant être de fait, alors disant "prépondérance", il y a du droit dans ce mot, de la valeur, du légitime [...].
P 452-453
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Devant son père, Raouf avait répété: " C'est non!... L'Europe avec Gantier c'est non! Si je pars, Je pars seul! Ou alors je vais en prison, ça forme aussi autant que les voyage." Le caÏd avait recherché une phrase, un appel à réfléchir, la jeunesse aime qu'on la croie capable de réfléchir. Il lui avait offert un paradoxe à ronger:" Tu seras bien plus libre que si tu étais seul." Il savait aussi qu'une étrange relation s'était nouée depuis des années entre Raouf et le colon, comme une fable, le renard et le loup, ces deux-là se détestent et se cherchent, ils aiment discuter ensemble, rivaliser de formule, le loup aide le renard à devenir adulte pour pouvoir profiter de sa présence, exercer ses forces et sa ruse sur un renard qui en a de plus en plus, et le renard sait que c'est dans la confrontation avec le loup, et pas dans le respect des règles patriarcales, qu'il pourra inventer sa vie.
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Elle lisait plus de livres en arabe qu'en français. ça avait rassuré son père, mais il avait fini par se rendre compte que certains livres arabes étaient aussi dangeureux que des livres français. Elle s'appelait Rania,vingt-trois ans, scupturale, des yeux en amande, c'était la fille de Si Mabrouk, Mabrouk Belmejdoub, un grand bourgeois de la capitale, ancien ministre du souverain.
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Elle lisait plus de livres en arabe qu'en français. ça avait rassuré son père, mais il avait fini par se rendre compte que certains livres arabes étaient aussi dangereux que les livres français.
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... c’est pas bon ces discussions entre Arabes et Américains, ça rend nos Arabes prétentieux !
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Raouf se sentait mal à l’aise, pris entre ses réactions de familier du cinéma et celles des ingénus dont se moquaient les autres familiers heureux de pouvoir pratiquer la condescendance du petit-bourgeois progressiste ou celle du colon…
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Hôpital de la pitié. Guichets de paiement des frais d'hospitalisation. Une queue de trente personnes. un seul des guichets est ouvert Les gens s'impatientent, protestent. Je n'ai pas le temps d'attendre, il faut que j'aille récupérer un papier au service d'orthopédie, je quitte les lieux. Dans mon dos, j'entends les protestations se transformer en gueulantes, les gens réclament des guichets supplémentaires. Quand je repasse vingt minutes plus tard, la queue fait bien quarante personnes, toujours un seul guichet ouvert, mais plus une seule gueulante : on a installé deux vigiles.
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