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Critiques de Henri Michaux (139)
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Moments

« Entre les lignes de l'Univers

un microbe est pris »



Michaux a longtemps habité les interstices. Déjà, dans un précédent recueil, des créatures filandreuses et souvent filiformes, vivaient leur « vie dans les plis ». Avec Moments, l'auteur poursuit son repli vers une poésie épurée, qui va paradoxalement le propulser hors des plis, vers un plus grand espace. Les courtes lignes de ses vers sont ainsi prolongées abstraitement par des images géométriques en début de recueil, qui semblent tracées par un avion où Michaux résiderait, « dans son cockpit dans sa petite galaxie ». Adoptant le style lapidaire des communications aéronautiques, notre pilote de ligne annonce :



« Air commande Terre ».



Par le rejet de la « soumission » symbolisées par l'élément terrestre, Michaux cherche à étendre sa vie hors des sombres anfractuosités, des « cases » où nous sommes parfois cantonnés. A ce dessein contribuent également l'eau : dans les strophes fluides sont invoquées « les ondes de l'océan », comme si le ruissellement du texte cherchait à se mêler à l'immensité.



Les moments épiphaniques de ce recueil se manifestent par une dissolution de l'individu, aboli de « l'hérésie des distinctions ». Grand explorateur des états de conscience modifiés, Michaux s'essaie à la méditation. Les influences orientales sont ici omniprésentes, à l'instar de celle que la calligraphie chinoise exerçait en particulier sur l'oeuvre graphique de Michaux : dans ses poèmes comme dans ses peintures, on voit des signes prendre corps au sein de l'espace symbolique (page blanche ou toile vierge), qui s'obscurcit à mesure que l'on essaie, à tâtons, de retracer un modèle réduit de l'univers.



« Celui qui est né dans la nuit

souvent refera son Mandala »
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Oeuvres complètes, tome 1

Premier tome des œuvres complètes de Michaux (je n'ai que lui -le tome, pas Michaux) dans la Pléiade, celui-ci regroupe les œuvres de jeunesse.

J'ai moins accroché que pour les livres que j'avais déjà lu auparavant, paradoxalement situées plutôt tard dans la bibliographie de Henri.

Bon, rien n'est mauvais ou détestable, c'est plutôt que sa recherche en littérature, stylistique est encore un peu plus balbutiante, moins sûres, moins aboutie surtout, plus expérimentale peut être, enfin je ne sais comment dire mais ça m'a paru très abscons, peut être trop ancré dans le moment, l'après guerre, le surréalisme, le dada, les choses comme ça, la nouveauté à tout prix, l'invention de mots à tout va, le jeu avec les sons, les mots, les formes, la taille, les sujets. Tout est un peu brouillon et mélangé à mon goût.



J'attendais beaucoup de Plume (de mémoire recommandé par Nicolas Bouvier et tant d'autre) et d'Ecuador. J'ai aimé le second mais pas à la folie, un peu déçu par le manque d'envergure, j'ai en revanche été déçu par Plume. Sans doute est-ce la faute de mes attentes, trop fortes ou précises, mais le ton m'a paru trop burlesque alors que je m'attendais à une chose très poétique.



Bon, donc, la recherche, le style est déroutant mais intéressant, voire passionnant, on sent une très intense réflexion sur la littérature, et chaque texte est sous tendu par une grande culture des "anciens", et c'est ce qui sauve le tout. Rien n'est hors-sol, esbrouffe ou tartarinade, même si tout ne m'a pas plu, loin s'en faut, jamais on ne peut se dire qu'il se fout de nous. A lire, donc, mais doucement, en prenant le temps, en laissant les textes et ses questions infuser.



J'ai adoré Un Barbare en Asie, parce que j'adore ce continent, le ton et l'ouverture d'esprit de Michaux, le style est bien plus conventionnel et la lecture plus facile !
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Oeuvres complètes, tome 1

J'ai bien du mal à parler de Michaux, car j'ai toujours l'impression à sa lecture qu'il m'échappe et ne se laisse pas confiner, définir ou circonscrire dans un discours de lecteur. Même si, du premier au troisième volume de la Pléiade, on se sait confronté à la même personnalité créatrice et même si l'oreille apprend à reconnaître cet accent particulier, il y a autant de Michaux qu'il y a de textes et de livres de lui. Une chose en tous cas m'aide à avancer dans ce labyrinthe : le rire, l'ironie continuelle qui baignent ses poèmes, ses proses, ses textes. A la fois profond et drôle, Michaux a été mon compagnon. de lecture de tous les instants.
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Oeuvres complètes, tome 1

Michaux (Henri) : La vie d’Henri Michaux (Namur, 24 mai 1899 – Paris, 19 octobre 1984), poète et peintre de génie d’origine belge, bascule lorsqu’il perd son épouse. La douleur de ce décès tragique ne cicatrisera jamais, et il portera le deuil jusqu’à sa propre mort. Mais c’est sans doute grâce à ce terrible événement que sa carrière bifurque vers des travaux de tous styles, emprunts de la véritable essence de l’âme tourmenté du veuf inconsolable. Mais déjà, avant cela, ses confrontations à l’Abîme étaient fréquentes et, depuis son enfance, on peut dire que Michaux aura avalé sa part de ténèbres.

Cet homme, qui deviendra un Maître dans ses domaines de prédilection, la poésie et la peinture, a connu une adolescence difficile, entre angoisse et dépressions. A cette époque, ses premiers travaux voient le jour, influencés sans aucun doute par ses plus jeunes années durant lesquelles il a connu les pensionnats et l’éducation à la dure des jésuites, mais surtout à la fréquentation des auteurs russes Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski. Tout en faisant ses premiers pas dans la littérature, il s’orientera vers la médecine pour l’abandonner assez vite, prenant la mer entre 1920 et 1921. C’est peu de temps après, en découvrant Lautréamont, qu’il se décide à se lancer corps et âme dans la littérature.

Durant les Années Folles, il arrive à Paris, une ville dont il tombera éperdument amoureux. Dès lors, il n’aura de cesse de renier tout ce qui le rattache à son pays natal et se considérera parisien. Même si, par la suite, il voyagera dans le monde entier, la capitale française restera son berceau. Il sera d’ailleurs, avec la plus grande fierté, naturalisé français en 1955. Aussi rédigera-t-il ses "Carnets de Voyages", réel ou fictifs, qui feront partie intégrale de son œuvre colossale, lancé par son éditeur et ami proche, Jacques-Olivier Fourcade. En plus de l’écriture, Henri Michaux commence à s’intéresser de plus en plus à l’art pictural dont il entamera des travaux, restés longtemps secrets.

C’est en 1948 que la vie de l’auteur prendra un tournant radical, suite au décès tragique de Marie-Louise Termet, son épouse, suite à d’atroces brûlures dues à un accident domestique. Michaux en rendra compte violemment avec l’écriture de "La Vie dans les Plis" (1949), l’un des textes les plus viscéraux qu’il aura écrit.

Suite à cet évènement, il se considèrera comme un mort en sursit et comme n’ayant plus rien à perdre, commencera les expériences littéraires sous l’influence des drogues, principalement la mescaline, le LSD et la psilocybine. Ces plongeons dans l’abîme des hallucinogènes commenceront tardivement, à l’âge de 55 ans, alors qu’il n’avait jamais touché auparavant aux produits stupéfiants, mis à part l’éther qu’il consomma plus jeune. Ces expériences psychédéliques renoueront Michaux et la médecine, principalement la psychiatrie, et donneront naissance à des travaux sous l’influence des drogues, avec l’assistance d’un médecin qui calculera les dosages avec précision. Il en ressortira des textes impressionnants, mélangés avec des dessins sur des carnets spécialement utilisés pour ce que l’auteur voulait comme des approches scientifiques des effets des substance et de la créativité littéraire et picturale pouvant en découler. Les toiles qu’il a laissé derrière lui sont autant de bijoux d’art atypique qui ne peuvent pas laisser indifférent. Notons certaines œuvres picturales significatives :

Henri MICHAUX "Têtes"

Henri MICHAUX "Clown"

Henri MICHAUX "Paysages"

Henri MICHAUX "Prince de la Nuit"

Henri MICHAUX "Dragon"

Henri MICHAUX "Combats"

Henri MICHAUX "Couché"

Henri MICHAUX "Parcours"

Henri MICHAUX "Description d’un trouble"

Henri MICHAUX "Arrachements"

Henri MICHAUX "Composition"

Henri MICHAUX "Frottage"

Henri MICHAUX "Mouvements"

Henri MICHAUX "Repos ans le Malheur"





Vers la fin de sa vie, Henri Michaux vivait en reclus et était perçu comme un personnage public fuyant son lectorat et la presse. Il meurt seul à Paris, sa ville d’enracinement, le 19 octobre 1984

La bibliographie de l’auteur étant colossale – 63 ouvrages dont 6 posthumes – on retiendra surtout ses recueils de textes poétiques modernes dont voici une liste non-exhaustive :



MICHAUX Henri "Connaissance par les Gouffres"

MICHAUX Henri "La Vie dans les Plis"

MICHAUX Henri "Epreuves, Exorcismes"

MICHAUX Henri "L’Infini turbulent"

MICHAUX Henri "Poteaux d’Angles"

MICHAUX Henri "L’Espace du Dedans"

MICHAUX Henri "La Nuit remue"

MICHAUX Henri "Plume"

MICHAUX Henri "Ecuador"

MICHAUX Henri "Lointain Intérieur"

Henri MICHAUX "Misérables miracles"



Ghislain GILBERTI

"Dictionnaire de l'Académie Nada"
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Oeuvres complètes, tome 1

À PROPOS DE LA RALENTIE



"La Ralentie" paraît dans son intégralité pour la première fois en 1937. le texte, qui a subi de multiples variations avant de se figer dans sa forme définitive, en 1938, met en jeu, dès l'origine, des éléments personnels à Michaux. Il est avéré que son séjour en Amérique du Sud, fin 1936, où il rencontre Susana Soca et Angelica Ocampo, ou que sa relation compliquée avec sa femme Marie-Louise Ferdrière, ont infléchi le texte.



Dans ce volume, conformément à l'édition Gallimard de 1963, "La Ralentie" se présente dans la deuxième section du recueil « Plume précédé de Lointain intérieur ». L'ensemble des textes du recueil fait poindre des voix multiples et de très nombreux personnages. Trois ans après « La nuit remue », qui était tourné vers des lieux, des états, ce recueil, se tourne à présent vers des voix.

C'est pour avoir touché cette ineffable oralité que "La Ralentie" a fait ainsi l'objet d'un grand nombre d'interprétations et d'enregistrements.

Autour des années 50, nombreuses étaient les expériences sur la voix radiophonique. Multiples étaient également les réflexions sur la manière de dire des poèmes à la radio, en particulier celle de s'éloigner du style déclamé qui était encore en vogue à l'époque. Michaux, qui n'était pas favorable à la lecture de ses poèmes par des comédiens, fut ainsi conquis par l'enregistrement de "La Ralentie" par Germaine Montero et Marcel van Thienen en 1953. (on peut écouter ce magnifique enregistrement via ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=BNKCmAAACSI).



« Je ne saurais trop vous conseiller, dit Michaux à ce propos, d'écouter l'extraordinaire composition de M. van Thienen qui, loin de chambouler tout, reste dans la traîne des vers (qui d'ailleurs n'en sont pas) et fait son sillon non pas dans les mots, mais dans le silence [...] Michaux, à cette occasion, parlait également de « textes étrangement ranimés, à croire qu'ils venaient d'être faits la veille ».



L'entrelacement des voix dans La Ralentie dissimule à peine les nombreuses références autobiographiques dont Michaux fait le jeu. Ces sources, qui se retrouvent également dans « Je vous écris d'un pays lointain » écrit au même moment, font apparaître des entités féminines parfaitement reconnaissables. Lorellou incarne sans ambiguïté sa femme, Marie-Louise Ferdrière (qui utilisait d'ailleurs pour elle-même le diminutif Lou). En atteste la transformation in extremis du prénom Marie-Lou en Lorellou, demandée par Michaux à son éditeur avant l'impression du texte. Quant à Juana, elle exprime Susanna Soca que Michaux rencontre lors de son voyage en Argentine en 1936, dont il tombe éperdument amoureux et de laquelle il fut aimé, tout comme elle représenterait Angelica Ocampo, cette autre femme lointaine, dont il se serait pris aussi de passion.



Ces références sont importantes à mentionner du fait qu'elles éclairent le trouble hors du commun qu'éprouva Michaux pendant la rédaction de "La Ralentie". En témoigne cette lettre adressée à sa grande amie Aline Mayrisch (appelée étrangement « Loup » elle aussi), où figurent ces quelques mots : « ... mais moi aussi je regarde la Ralentie avec vos yeux... Pire, avec de la haine... Je jure et, sur mon agenda je trouve mon serment répété, que je n'entrerai plus jamais dans un état pareil... / D'ailleurs pas besoin de me forcer, la peinture semble avoir libéré toutes mes forces et mes activités. »



Il est ainsi frappant que c'est à cette même époque que Michaux évoque pour la première fois la peinture de façon aussi éclatante, lui pressentant de rendre possible ce que les « mots-voix », selon lui, ne sauraient rendre qu'à travers d'insupportables souffrances.



(Les sources de ce commentaire sont dans le présent volume de la Pléiade, et dans « Dire la poésie », ouvrage collectif sous la direction de Jean-François Ruff, ed. Cécile Defaut, 2015, communication d'Anne-Christine Royère)

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Oeuvres complètes, tome 1

Ces œuvres prouvent à l’envi qu’Henri Michaux était un maître dans la manière de triturer les phrases, de disséquer les mots et de faire exploser chaque syllabe pour leur donner un sens/son nouveau.

Incomparable.
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Oeuvres complètes, tome 2

Deux grands "massifs" se détachent dans ce second volume des oeuvres de Michaux : d'abord, celui des Voyages Imaginaires, rédigés comme des récits de voyages réels (à moins qu'un Barbare en Asie et Ecuador, au premier volume, soient des préparations dans le réel aux voyages imaginaires) ; ensuite, la série de textes, dessins et textes-dessins inspirés par, et consacrés à, la drogue. Mais à y bien regarder, il n'est pas très utile de repérer de grandes tendances propre à chaque volume, ou du moins c'est inutile dans le cadre d'une chronique comme celle-là. Comme le dit l'auteur ans "Tranches de savoir" : "Il faut obliger les mots à fermer." (p. 603)
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Oeuvres complètes, tome 3

C'est l'expérience d'un « buveur d'eau »

H.M. ne cherche pas à échapper à l'angoisse, il se consacre à l'exploration de l'univers que lui a révélé l'usage des drogues. Sa quête porte sur les conditions de la pensée, les moyens propres à l'exprimer, quitte à plonger dans les ressacs inexplorés de l'esprit.

Les livres sont des descriptions des effets de la drogue, myriades d'images intenses qui disloquent le corps et le monde. La mescaline est une expérience de la folie, un « mécanisme d'infinité » absolument bon ou terriblement mauvais, une exploration des possibilités de la pensée et une tentative de retranscription. Les mots tentent de suivre systématiquement les effets de la drogue sur la conscience, d'en éprouver l'étendue, les ressources et les limites. Cette introspection se fait en une notation au fur et à mesure des prises de mescaline, sur le papier, des avatars et de nombreuses tribulations s'inscrivent de manière heurtée, disloquée, les mots s'écroulent parfois en d'incompréhensibles gribouillis. Les dessins sont d'« innombrables lignes fines, parallèles, serrées les unes contre les autres avec un axe de symétrie principal et des répétitions sans fin ».

Accélération de la vitesse mentale, surabondance qui gonfle les phénomènes (images, pensées, impulsions), caractérisent la modification essentielle de la mescaline ; mécanisme qui «exclut la conscience du sentiment, pour l'exprimer» en une longue descente dans des gouffres aux luminosités blanches et aveuglantes, sensations de faim violentes aussitôt disparues, invasions de couleurs, poussées d'architectures chaotiques, grimaces, ruines, montagnes, minarets, sensation de n'être plus qu'une ligne, une amplification des bruits – le moindre froissement assomme les

tympans : « c'est une vibration énorme, multiple, fine, polymorphe et effroyable qui semble ne devoir plus jamais finir ». La conscience est décapée avec violence, la surabondance des stimulis et la dislocation de l'esprit sont comparables à celles dont souffrent les schizophrènes.

Une erreur de dosage ouvre le cauchemar, désagrément multiplié par le caractère d'infinité de la mescaline. Une « petite mort » vécue des centaines et des centaines de fois, imagination annulée, diminuée dans des explosions de feu, entre sérénité et turbulence. Sans aucun prodige, l'expérience de la mescaline peut conduire à un long glissement dans un gouffre broyeur, un grand froid qui « désensualise l'image ». La vulnérabilité de l'humain, sa porosité au contact de l'infini, est comme une nostalgie de fœtus, un souvenir d'une provenance visqueuse et transformeuse ; au bord de l'insoupçonné et d'une démesure inattendue, reste, parfois, une tension vers l'extase. L'existence est absurde, désespérément on y cherche quelque chose, sans trop savoir ce que c'est exactement, quand on le trouve enfin, tout s'éclaircit : on est dans un abîme où l'on ne finit plus de tomber ; avec le vertige rien à quoi se raccrocher, impossible de se ramasser, on tombe sans même pouvoir arrêter de respirer.
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Oeuvres complètes, tome 3

Le troisième volume des oeuvres complètes de Michaux regroupe trois sortes de textes au moins dont je puis dire quelque chose : d'abord, le corpus de livres consacrés à la mescaline (voir aussi le tome II), la série des Idéogrammes en Chine (et autres textes où l'écrit dialogue avec le dessin), et enfin une dernière sorte de poésie, poésie gnomique, sentences, proses de sagesse, aphorismes, où l'effet poétique ne se distingue pas de la surprise de la pensée. On trouvera encore les critiques, hommages et discours de la fin de sa vie, et des inédits.
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Passages

en fait recueil d’articles, de préfaces, où sa fausse fantaisie se tourne parfois en un ton un tantinet sentencieux. (premier réflexe, une fois dedans cela s’arrange)




Lien : http://brigetoun.blogspot.com
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Passages

Michaux a rassemblé ici une série d'articles qui nous parlent avant tout de la création. Création tous azimuts, littéraire, picturale, musicale... il nous parle de lui-même bien entendu mais aussi de l'humain, de sa beauté... C'est bien l'homme Michaux qui se bat avec sa création/créature... qui la laisse prendre ses aises puis la bâillonne, c'est le peintre qui laisse glisser l'aquarelle ou rassemble ses petits motifs en de grands assemblages noir et blancs, plus écrits qu'aucun livre.

Cependant contrairement à tous ces auteurs (y compris moi-même) qui aiment à parler de leur geste d'écrivain, pour Michaux, cela semble être la même torture de parler de son écriture que de s'adonner à la création devant la page blanche... car il s'agit bien entendu de toujours le même don de soi.
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Passages

Je n'écris plus beaucoup de critiques. (En ai-je jamais beaucoup écrit ?) Ce n'est pas que je ne lis plus, c'est que je lis trop (ou trop mal). Je ne finis pas un bouquin sur deux et je n'avais plus ressenti aucune pulsion de partage de mon petit sentiment si distingué depuis bien longtemps. Et puis, j'ai lu passages de Michaux.



Je connaissais un peu le bonhomme, sans plus. J'avais braconné un peu dans son œuvre, y avais trouvé quelques beaux poèmes et pas mal d'autres qui m'avaient intéressé sans me transpercer. Et puis, j'ai lu cinq pages de passages et je me suis souvenu d'un truc que j'avais entendu sur la littérature. Un écrivain, une femme je crois, disait lors dune interview : "la littérature, c'est faire des phrases." J'avais trouvé ça assez juste. Faire des phrases, oui, pas si mal. Et en lisant passages, après 5 pages et quelques gorgées de bières (pas plus), j'ai eu cette sensation d'être à l'intérieur de ce truc, à l'intérieur de la littérature. C'était bien. En fait, je crois que si je devais expliquer ce qu'est la littérature, je me contenterais de filer ce petit bouquin et de raconter ce souvenir de lecture : le bouquiniste, la pinte de bière, les phrases de Michaux, les filles qui passaient, la sensation que tout cela remettait un peu de désordre dans l'ordre incompréhensible du monde.



Vous n'êtes toujours pas bien sur de savoir ce qu'est la littérature ? Lisez les dix premières pages de passages. Vous saurez.
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Passages

C'est un vieux copain qui me le donne, ce livre précieux, en janvier 1967, à Souk-Ahras
Lien : http://grapheus.hautetfort.c..
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Paul Klee

Une brève et magnifique introduction au monde des lignes et des taches de Klee à travers la sensibilité de Michaux. Je n'aurais pu rêver un meilleur dialogue entre dessins et mots, comme si Michaux était le meilleur interprète possible en langue des mots de Klee, une langue minérale, végétale, qui sait aussi se taire avec humour : "mon cher K. F. Paul Klee ne devait pas aimer qu'on déraille." Il faut ajouter que les éditions Fata Morgana ont réussi à faire de l'objet livre un écrin à la juste taille de ce dialogue. Une petite perfection qui m'a complètement émue et enchantée.
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Plume (précédé de) Lointain intérieur

Plume avait mal au doigt ! Que dire de celle qui m'est chère et à mal aux poumons ? (transposez je vous prie).
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Plume (précédé de) Lointain intérieur

très contente de ne pas avoir passé cet ouvrage à la moulinette de la critique et du commentaire composé, bien qu'ayant aimé cet exercice de style dans une vie antérieure, car il garde ainsi toute la fraîcheur d'un texte à rerererererelire...
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Plume (précédé de) Lointain intérieur

J'ai beaucoup de mal avec les textes de Henri Michaux. Je ne ressens pas d'émotion. Cet auteur trop intellectuel et complexe n'est pas fait pour la petite lectrice que je suis. Dommage...
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Plume (précédé de) Lointain intérieur

Une découverte à la fac, il y une éternité, mais qui est restée chère à mon cœur.
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Plume (précédé de) Lointain intérieur

Est-ce un recueil de poèmes en prose? un conte pour enfant? un rêve éveillé pour surréaliste? Plume-le-livre est tout cela à la fois, et bien plus encore.

Plume c'est surtout un personnage. C'est l'enfant rétif qui sommeille en nous, c'est l'éternel étranger, c'est le clown blanc attrapeur-de-nuages, c'est l'empêcheur de rationaliser en rond, c'est Candide en Absurdie.

Plume c'est la légèreté grave, la gravité en apesanteur..

.Il fait rire- c'est un clown- il fait pleurer -c'est un clown- il fait penser, critiquer, se rebeller, mais surtout rêver...

Plume se glisse sous notre oreiller...de plumes, et c'est toute la nuit qui s'agite et palpite au battement de ses ailes blanches.

Plume se met au bout des doigts de l'écrivain-peintre Michaux, comme une histoire un peu folle, un croquis volé, un conte esquissé à finir en songe...
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Plume (précédé de) Lointain intérieur

Ce fût une drôle d'expérience... dans les deux sens du terme : à la fois bizarre et cocasse.



L'une des caractéristiques les plus remarquables de ces textes, est de prendre sans cesse le lecteur à contre-pied. Il ne s'y passe jamais ce à quoi vous vous attendiez, Henri Michaux déployant une logique -ou une absence de logique- qui lui est propre. Lire "Plume", c'est par conséquent accepter de se détacher de nos critères de "normalité", de parcourir des chemins aux méandres inattendues, d'aboutir à des conclusions sans aucun rapport avec ce qui les a amenées...



Les historiettes qui composent le recueil ont tout de même un point commun, c'est de mettre en scène le même personnage, celui qui en l’occurrence lui a donné son titre.



Plume voyage, va au restaurant, chez le médecin, marche au plafond... il rencontre quantité de personnages souvent étranges, et qui bien souvent font preuve envers lui d'une violence ou d'une agressivité injustifiées. Et si j'évoque en préambule de cette chronique la drôlerie de "Plume", il faut préciser qu'il s'agit d'un humour certes décalé mais surtout d'un humour noir, qui en appelle à l'horreur davantage qu'à la joie. On rit d'épisodes en réalité dramatiques, voire sanglants, parce qu'ils sont décorellés de toute notion de gravité, et présentés comme des faits n'induisant ni suite ni conséquence (la femme de Plume, déchiquetée par un train en début de recueil, réapparaît par la suite dans toute son intégrité...).



N'allez pas imaginer Plume lui-même comme un joyeux boute-en-train. D'après la manière dont les autres le considèrent, il apparaît comme un individu plutôt insignifiant, victime d'événements extraordinaires qu'il subit avec une passivité qui peut donner parfois l'impression qu'il est dénué de toute sensibilité. C'est d'ailleurs aussi cette absence d'impact sur ses émotions des tragédies qu'il subit qui nous les fait considérer avec détachement. A d'autres moments, c'est davantage par commodité et volonté de discrétion qu'il semble accepter sans regimber brimades et atteintes à sa personne, se montrant alors magnanime et philosophe.



C'est à un voyage au cœur de l'absurde et de la fantaisie que nous convie Henri Michaux. Un voyage à pratiquer en visiteur curieux et sans a priori... Parce qu'au final, que reste-t-il, lorsque vous ne pouvez vous raccrocher à la rationalité, ou à vos repères habituels ?... le pur plaisir que peuvent procurer l'écriture, et l'intelligente insolence de celui qui, refusant de suivre les sentiers battus, sait jouer avec les mots !
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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