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Critiques de Henri de Régnier (21)
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L'égoïste est celui qui ne pense pas à moi

Son oeuvre est immense : quarante tomes !

(…) « C’est un faux rêveur. Ou plutôt, un vrai rêveur, mais qui sait être un spectateur en même temps. D’un côté, il est retranché dans son palais de songe ; de l’autre, il se mélange à nous et s’amuse. D’où son monocle, qui ne cache qu’un oeil. »

(…) Régnier, homme secret, hanté, poète pur, fuit ses semblables ; mais en même temps comme homme d’esprit, il les cherche et les perce à jour. p 15



C’est ainsi que Bernard Quiriny nous présente, avant de nous offrir un florilège de ses maximes et de textes courts, cet auteur reconnu en son temps, rapidement tombé dans l’oubli dont il parvient parfaitement à partager avec le lecteur l’admiration qu’il lui porte.

Ce recueil de pensées et réflexions est composé d’aphorismes extraits des « Cahiers inédits », de Donc…, Demi-vérités et Histoires de femmes.

Il nous permet d’approcher les différentes facettes de la personnalité de Henri de Régnier : le poète, le mélancolique et l’observateur ironique et amusé de la société des salons littéraires qu’il fréquentent, les mardis de Mallarmé et les samedis de José Maria de Heredia par exemple.



Quant à ses réflexions sur les femmes où apparaît une certaine misogynie mais aussi l’amour qu’il leur porte, elles peuvent se comprendre au vu de ce qu’il a vécu en compagnie de sa propre femme Marie, deuxième fille de Heredia qui s’est mariée avec lui parce qu’il avait un peu d’argent alors qu’elle préférait Pierre Louÿs qui n’en avait pas. « pour se consoler d’avoir pris Régnier comme époux, elle a pris Louÿs comme amant » et suivront Edmond Jaloux, Emile Henriot, d’Annunzio etc… « Régnier endure ce comportement scandaleux avec sa noblesse habituelle ; il continue de l’aimer tendrement pendant qu’elle l’humilie et refuse le divorce pour ne pas ajouter au tapage. » nous dit Quiriny.



p 145 « Aimer les femmes implique que nous préférons le plaisir qu’elles nous donnent aux ennuis qu’elles nous causent. »



Ce petit volume, dont le titre « L’égoïste est celui qui ne pense pas à moi » donne bien le ton, est un bonheur de lecture, à garder près de soi. J’ai eu envie de mieux connaître Henri de Régnier après l’avoir croisé au détour du beau livre de Frédéric Martinez sur Paul-Jean Toulet « Prends garde à la douceur des choses » dont la lecture m’a également remis en mémoire le Journal de Léautaud qui relate avec son ton caustique, beaucoup d’anecdotes concernant tous les auteurs liés au Mercure de France et qui fréquentait les mêmes salons littéraires où l’on peut croiser entre autres Gide et Proust.



Quand Henri de Régnier nous relate : «  Mallarmé me parlait de la conversation de Théophile Gautier, cette conversation dont le renom est un regret pour tous ceux qui n’en ont pas entendu l’éloquence précise, cynique et truculente, car en cet homme doux, d’apparence placide, était contenue toute l’amertume du Poète …. », il semble qu’il pourrait s’appliquer à lui-même cette remarque.



Et l’on ne peut que conclure avec cette réflexion : « Il y a de la comédie dans tout livre de maximes, mais de la comédie réduite au monologue. Les répliques manquent. Du dialogue que nous poursuivons avec la vie, un livre de maximes ne nous donne que la moitié. Il est forcément incomplet. Une maxime a toujours raison. » p 74-75



Je vais continuer à voyager en compagnie de Henri de Régnier à travers l’«Altana ou la vie vénitienne » (1899-1924) et approfondir ma découverte de cette époque passionnante avec « Monsieur Spleen, notes sur Henri de Régnier » de Bernard Quiriny.

Car ce volume où mélancolie et gaieté se croisent et se répondent n’aura été qu’une mise en bouche…

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L'Altana ou La Vie Vénitienne (1899-1924)

Henri de Régnier aura aimé Venise en toutes saisons mais plus particulièrement en octobre et novembre :

« Car me voici encore une fois à Venise en ces mois d’octobre et de novembre que j’y aime entre tous. Certes, cette fois encore, j’en goûte le charme reposant et mélancolique. J’y retrouve ce plaisir de vivre que je ne ressens qu’ici, cette même curiosité où je suis sensible à toutes les variations de la lumière, à toutes les nuances des couleurs, à tous les aspects des choses. Venise est inépuisable et on ne la connait jamais entièrement. p177-178



Il l’aura aimé d’un amour profond, quotidien, pas avec un enthousiasme éphémère, excessif mais dans un lien qui se crée et se resserre au fil du temps, un lien indéfectible.



Il en aime les murs rongés par l’humidité autant que les ors, les fresques et le confort du Florian qui accueille et réchauffe. Il admire les peintres vénitiens (Titien, Giorgione, Longhi …et son cher Tiepolo), il aime vivre dans les vieux palais décatis où règne un froid humide que même des grands feux ont bien du mal à combattre, dont les murs lépreux se desquament, autant que dans ceux qui ont gardé ou retrouvé leur confort et leur beauté d’antan, comme son cher palais Dario où il séjournera souvent, reçu par ses amies la comtesse de La Baume et Mme Bulteau.



Venise est aussi le lieu de rencontres dans les cafés ou lors d’errance au gré des ruelles et sur les canaux où l’on flotte entre brume et clapotis de l’eau. « Venise est un lieu de flâneries infinies.» Il y croise Lord Byron, Richard Wagner mais y retrouve aussi des amis tel Edmond Jaloux ou les excentriques Julien et Fernand Ochsé. Ce dernier emporte lors de ses sorties en gondole un gros globe terrestre qu’il fait placé à la proue et sa collection de boîtes à musique qu’il remonte pour leur fait jouer un petit air sur le parcours et jusque dans le restaurant auquel ils se rendent.



Il l’aime en toutes circonstances, même s’il y séjourne malade au fond d’un lit car il en apprécie alors les bruits les plus furtifs qui lui parviennent, l’écho de la voix d’un gondolier. Elle est toujours là en lui. Et ce qu’il souligne, quelle que soit la saison, c’est la qualité de la lumière, de la solitude et du silence propre à cette cité unique.

«  La pluie tombe régulièrement et doucement sur les feuillages du jardin Venier. L’air est frais. Le ciel est d’un gris lumineux. J’ai fermé la fenêtre sur le murmure pluvieux du dehors. Plus un bruit. Il me semble que j’ai fait prisonnier le silence… » p 143



Pas d’envolée lyrique, pas d’emphase, un attachement qui se dit et se renouvelle simplement au fil des années et des saisons. Régnier s’imprègne de l’atmosphère de la ville, il l’aime profondément, il s’y sent lié étroitement, elle l’habite même lorsqu’il s’en éloigne. Il la retrouve dans Paris, il craint pour elle durant la guerre de 14-18 comme on craint et s’inquiète pour un être aimé, peut-être en danger de mort, au loin :

« La guerre ! Que de fois, durant ces années, n’ai-je pas fait ce même rêve éveillé ! Que de fois ma pensée inquiète n’est-elle pas allée vers Venise menacée, en attendant l’heure où elle serait enfin Venise sauvée ! (…)

Je voyais la ville illustre panser ses plaies. J’imaginais ses monuments les plus précieux protégés par des sacs de sable et par des remparts de béton. Malgré ces précautions, que de buts irréparables n’offrait-elle pas, et la nouvelle du désastre nous parvenait ! Tantôt c’était la belle fresque de Tiepolo à l’église des Scalzi réduite en poussière, tantôt nous apprenions qu’une bombe avait effondré la voûte de Santa Maria Formosa. Si le voisinage de la gare de chemin de fer et de l’Arsenal expliquait ces deux attentats, que visait l’avion autrichien dont l’engin s’abattit au parvis de la basilique de Saint Marc ? La beauté même de Venise était une cible. p 193-194



Henri de Régnier sait communiquer sa passion pour la Sérénissime. Il nous la donne si bien à voir et sentir qu’elle devient nôtre et qu’à sa suite l’on se prend à répéter :

« L’enchantement de Venise m’environne de son sortilège, et soudain, m’apparaissent, en un raccourci mystérieux, les jours et les heures de ma vie vénitienne, et tous les visages aimés ou amis qui en furent la joie ou le plaisir. Je revois mon étroite chambre de l’hôtel Regina qu’emplissaient à minuit les cloches de la Salute ; je revois le mezzanine aux beaux stucs du Palais Vendramin ai Carmini, je revois toute Venise, ses églises, ses palais, ses jardins, sa Lagune ; je revois l’humble Casa Zuliani et le Palais Venier et la chambre des fièvres heureuses au cher Palais Dario, et ce clair de lune où, pour la première fois, je suis monté sur l’Altana. » p 276-277

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La double maîtresse

Henri de Régnier... encore un de ces auteurs plus ou moins oubliés du XIXème siècle. "La double maîtresse" est pourtant son roman le plus connu. Toute l'action se déroule dans un XVIIIème siècle galant et libertin, ce qui lui confère son plus grand charme et son meilleur atout.



Nicolas de Galandot est issu d'une noble famille campagnarde. Après une enfance étouffée par une mère aussi prude que prudente, il se trouve livré à lui-même et à une vie plutôt médiocre, en quête d'un amour jamais atteint. Le récit s'attache à ses pas en France dans la première partie et en Italie dans la troisième, la seconde étant consacrée à une parenthèse amoureuse d'un autre personnage.



Ce que je retiens de ma lecture, c'est l'atmosphère libertine et parfois très osée pour l'époque qui imprègne le récit. L'écriture académique de Henri de Régnier s'apprécie pour ses belles tournures et son riche lexique mais aucun des personnages n'est attachant. C'est l'esthétisme des décors et le témoignage rendu aux moeurs légères du temps qui lui donnent tout son sel.



Robes à paniers brodées,

Perruques poudrées,

Serviteurs en livrée,

Escarpolettes balancées,

Catogans bien noués,

Bergères enrubannées,

en cuisse-de-nymphe-émue teintées,

Que n'avez-vous perduré !





Challenge XIXème siècle 2020

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Histoires incertaines

Il plane sur Henri de Régner un ennui doux et poli, nourri de sa propre nonchalance. L'homme est un rêveur. Il vit au milieu des songes et des chimères, sachant combien peu de gens autours de lui partagent les mêmes passions, conscient que son monde court sur sa fin et que bientôt, ces derniers passionnés de l'art du grand siècle auront cédé leur place à la modernité. Mais ce serait déjà abdiquer que de se lamenter là-dessus, ou de tenter d'y changer quoi que ce soit ! Et ces trois histoires, toutes écrites à la première personne mais sinon assez différente, illustrent chacune à leur façon cette vision du monde.



Premier tableau. le narrateur est un homme solitaire et à la santé chancelante. Pour se rétablir, il se réfugie dans la ville qu'il aime plus que tout : Venise… Il trouve à se loger dans un ancien palais presque abandonné, dont quelques pièces seules ont gardé la splendeur intact. Dans ce cadre magnifique et miraculeusement préservé, il s'adonne à de longues rêveries. Un évènement les excite : au musée de Venise, le buste d'un noble inconnu arrivé dans les collections on ne sait trop comment, en est reparti tout aussi mystérieusement. le visage de pierre ironique commence à le hanter…



Deuxième tableau. Cette fois, le récit est celui d'un historien affairé. Ses tentatives de retracer la vie d'une belle comtesse du XVIIème se heurtent à un mur. Dans le parc du château où elle vécut, un pavillon regroupe son seul portrait et tout ce qu'elle avait aimé. Mais le petit pavillon a été tenu fermé depuis et son dernier descendant maintient obstinément l'interdit…



Troisième et dernier tableau. Cette fois, nous avons affaire à un homme marié, et guère heureux dans son ménage – une pointe à son épouse, la fille du poète Heredia, dirait-on. Elle n'apprécie notamment pas son goût dispendieux pour les objets d'art ancien. Quand, pris d'une soudaine obsession, il fait l'achat pour un prix indécent d'un petit théâtre de marionnettes vénitien – encore Venise – elle explose littéralement. Mais ces petits bonshommes de bois semblent étonnamment vivants…



En 1665, Francesco Mocchi réalisa une statue du baptême du Christ qui montre à quoi aurait pu ressembler la statuaire classique si son grand rivale, le Bernin, n'y avait pas imprimé sa marque indélébile. Là c'est un peu pareil : on découvre ce qu'aurait pu être la littérature fantastique sans Edgar Poe. Quelque chose de dépouillé, d'un peu froid et d'élégant, sans chauves-souris ni gorilles tueurs, et se terminant invariablement sur une note haute.
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Figures et Caractères

Toujours des nouveaux trésors à découvrir pour l’amateur des grands auteurs. sous la plume élégante de Henri de Régnier, qui pose des questions pertinentes sur la littérature, relève des aspects parfois étonnants sur des auteurs, avec cependant une interrogation sur ce qui finalement échappe à tout être humain. Sait-on pourquoi on écrit et quelle en est la meilleure manière, quel avenir aussi pour une poésie qui se transforme sans cesse. Des articles parus dans des journaux de l’époque sont aussi retranscrits, l’homme de lettres si fécond que fut H. de Régnier semble parfois douter de la postérité qui souvent oublie en quelques décennies seilement ceux que les générations précédentes avaient le plus chéris en leur temps.
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Histoires incertaines

Une gloire littéraire du début du XXe siècle bien oubliée aujourd’hui, dont on se souvient presque plus pour les intrigues scandaleuses de sa femme, en particulier avec Pierre Louÿs, que pour ses œuvres, poèmes, romans ou contes, devenus difficiles à trouver de toutes les façons.



La petite maison L’éveilleur propose donc une curiosité, un volume de trois nouvelles, ou contes d’Henri de Régnier, préfacé par Bernard Quiriny, grand fan de l’auteur, et de ce livre en particulier. Rien d’étonnant, les univers de deux auteurs ont quelque chose de proche, les nouvelles de Bernard Quiriny, malgré le temps qui les séparent, ont un air de parenté avec celles d'Henri de Régnier. Dans les deux cas, un fantastique discret, une rêverie qui dérape en quelque sorte, et une distance avec le récit, un second degré.



Plus que des histoires, structurées, il s’agit d’évoquer la matière dont sont faits les rêves. Les rêves, qui pour les personnages de ces textes, et qui ressemblent tous les trois à leur auteur, sont plus vrais que ce que la plupart des gens considèrent comme la vraie vie, faite de bruit, d’agitation, d’actions, d’ambitions. Ici il y a juste l’envie de se glisser dans une douce indolence, d’imaginer le passé, des personnages morts, parcourir des décors en pleine déliquescence, en train de se défaire, de disparaître petit à petit sous le poids du temps. Et rien de plus propre à susciter cet état de douce léthargie, de somnolence délicieuse, que Venise, ses palais délabrés, ses canaux, ses habitants qui semblent des fantômes sortis d’un autre temps.



Le fantastique reste discret, c’est presque au lecteur de décider s’il s’agit de surnaturel ou juste d’un événement pas clair ou d’un rêve. Rien de bien terrible ne se produit dans ces textes au final, les créatures surnaturelles, ne sont pas bien méchantes ni cruelles. C’est peut être cela qui manque un peu à ces récits policés un peu lisses, un peu de cruauté, de frayeur, un frisson un peu plus intense. Là nous restons entre gens bien élevés, et même les fantômes ont du savoir vivre, et une sorte de bienveillance.



Mais c’est joliment écrit, et un voyage à Venise, qui permet d’entrevoir des charmants tableaux à demi effacés et suivre des douces ombres dans une pénombre voluptueuse n’est pas à dédaigner. D’autant plus que le volume se pare des reproductions de quelques estampes de Whistler, ce qui rajoute au plaisir du voyage.
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La peur de l'amour.





Publié en 1907 par les éditions Mercure de France, Henri de Régnier (1864 - 1936) évoque l'inconstance de la jeunesse, et plus particulièrement son refus d'accepter le bonheur, l'amour lorsque ceux-ci se présente à elle.



Au travers le portrait sans concession du jeune marcel Renaudier, véritable tête à claques, se complaisant dans le malheur, Henri de Régnier tente d'aborder l'aspect philosophique du bonheur, et, de l'amour mais par le biais d'un roman à destination du grand public comprenant une intrigue sentimentale afin d'étayer ses propos.



On peut dire que La peur de l'amour est un excellent roman sans compromis autour des sentiments font que la vie actuelle et / ou future devient plus douce ou un véritable enfer.



Il a surtout été écrit par un écrivain - Henri de Régnier - passé de mode aujourd'hui (peut-être à cause de son atmosphère désuète et surannée) mais qui mériterait d'être à nouveau découvert.

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Esquisses vénitiennes

Ce sont des notules par rapport à la Serenissime, petits récits fort bien écrits, pas mal poétiques (par ce poète symboliste), romantiques à souhait, sentimentaux aussi.

J'ai adoré la réminiscence des cloches de Venise, présentes dans le texte à deux ou trois reprises.

Récit très spirituel et documenté.
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L'Altana ou La Vie Vénitienne (1899-1924)



Henri de Régnier couche, dans un cahier en cuir, les notes qu’il a prise lors des différents séjours qu’il a effectué à Venise, entre 1889 et 1924.



Ce récit, écrit dans un français irréprochable, poétique sa découverte de Venise ainsi que ses rencontres avec les artistes, les intellectuels et autres mondains de l’époque en villégiature dans la Cité des Doges.



Ouvrage un tantinet désuet dans lequel Henri de Régnier décrit un monde qui n’existe plus, celui des années folles où chacun semble insouciants tout en vouant un amour démesuré pour Venise.



C’est aussi «un chant d’amour » pour Venise de la part d’Henri de Régnier. Je recommande vivement sa lecture.

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Les vacances d'un jeune homme sage

L'histoire de Georges Dolonne, un adolescent de seize ans qui, refusé au baccalauréat, part avec sa mère en vacances chez une grand-tante, Mme de La Boulerie, laquelle habite le petit bourg de Rivray, est légère et tendre. Timide, Georges s'ennuie, mais connaît ses premiers émois, sa première déception aussi. J'aime l'écriture d'Henri de Régnier, élégante et sobre, mais ce petit roman à tonalité romantique m'a semblé par trop mièvre et manquant de piquant, malgré les portraits très réussis de nobliaux de province, tels que M. de La Boulerie, généalogiste inquiet, et de M. de La Vigneraie, séducteur plein de fatuité.
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Récits vénitiens

Les deux nouvelles sont excellentes, bien écrites, imprégnées d'une très forte ambiance vénitienne.

L'une a une connotation fantastique, genre, paraît-il, qui affectionnait de Régnier.

Je préfère largement ces "Récits vénitiens" aux "Esquisses vénitiennes" que j'ai trouvé plus ampoulées.
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Eurydice, deux fois perdue

Ouvrage a peu près inconnu, son auteur étant mort jeune pendant la première guerre mondiale, il a refait surface dans les années 1950, quand une proche de Paul Drouot, Paule Régnier, l'a remis à l'honneur. Ce livre, inachevé, a été totalement retravaillé dans sa structure par Paule Régnier ; il se présente comme une suite de réflexions, qui sont presque des maximes, sur une séparation, qui semble se confirmer au fil des lignes. On y trouve des pensées d'une finesse extraordinaire sur l'amour et la souffrance. La séparation, la femme perdue, est un thème qui ne finira jamais d'épuiser sa richesse. La Grande Guerre nous aura privé de bien des grands... Pour vous donner une idée, ce livre m'a fait penser à deux de mes lectures : le petit ouvrage inachevé, de Léautaud, qui, s'il s'appuie sur des faits plus précis, est moins sérieux, s'articule autour d'une véritable réflexion sur l'amour et le désir, et L'Homme qui a découvert son 'Moi' de Pierre Corrard, un autre poilu dont la Guerre nous aura privés, et qui est construit presque de la même manière qu'Eurydice deux fois perdue, avec un peu moins de talent peut-être. Ce deuxième parallélisme est poussé assez loin, car l'essentiel de la réflexion de Corrard se concentre sur la souffrance, ce qui est également le cas de l'ouvrage de Drouot. Cette belle découverte m'a donné envie de me mettre à la lecture du Journal de Paule Régnier.
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Le divertissement provincial

Le divertissement provincial, publié en 1925 est un roman, assez étonnant, mêlant plusieurs genres et avec une fin surprenante. C’est très bien écrit, dans un français un peu suranné, élégant, assez érudit.



Le protagoniste est un parisien de bonne famille qui, à la mort des parents, va toucher un héritage assez conséquent. Mais à 40 ans, il aura tout dilapidé; sans faire de véritables folies mais menant un bon train de vie.



Alors, il va se rendre en province, dans la petite ville de P…, où il sera accueilli par une tante paternelle, veuve sans enfants et qui l’avait accueilli en vacances avec ses parents jusqu’à l’âge de quatorze ans. (Ici j’admire le sens de la famille, accueillir un benêt de 40 ans et lui offrir le gîte et le couvert sans rien en échange).



Cette tante est une personnalité dans la petite et étriquée ville de P…, elle pérore, on l’écoute, elle reçoit les personnalités du coin et va à la messe tous les jours. Notre protagoniste n’est pas tendre du tout avec elle, et elle semble peu l’apprécier mais le laisse tranquille.



L’auteur nous livre un catalogue édifiant de cette petite société provinciale, ils les observe avec une acuité d’entomologiste et les juge; il semble négliger que lui, pour ces provinciaux confits dans leurs coutumes, il incarne le futile et la débauche.



Cette petite ville de P… est jugée sans clémence par notre parisien.



Quelque chose m’a interloqué dans le roman, c’est la figuration d’argentins. Nous sommes en 1925 et il faut que l’écrivain ait été frappé par ces argentins engomminés, richissimes, ostentatoires, n’ayant pas toujours des fréquentations recommandables.



Au fil du temps il va se développer une véritable névrose chez ce parisien relégué à une totale inactivité, une dépression dirait-on aujourd’hui. Peut-être même une psychose? Car il va survenir l’impensable dans cette petite ville de P… : un meurtre, le meurtre de Mr de Bligneul, le visiteur de la tante qu’il détestait le plus.



On va donner le cas de ce meurtre à un brave magistrat lequel aura toutes les peines du monde pour venir au bout de cette histoire. Pour le lecteur, l’affaire n’est pas simple et il se pourrait bien que rien ne soit comme il paraît. En tout cas moi, j’ai entrevu deux possibilités bien distinctes et cela fut pour moi un des charmes de ce roman.
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Poésies : 1914 - 1916

Après de multiples recherches, malgré le doute des citations déjà notées, j'en au conclu que celui que j'ai lu est bien "1914-1916 Poésies". Cet ouvrage retrace les deux premières années de la guerre 1914-1918 et les sentiments qui y dominent. Le patriotisme y est très présent sans occulter la souffrance.
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La double maîtresse

Très sensuel, bien écrit, agréable à Lire.

De Galandot incapable d'aller au bonheur de l'amour. L'amour le soumet avant qu'il ne le connaisse jamais.
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Histoires incertaines

Le style y est classique, pur, d'un rythme à lui seul attristé. C'était Henri de Régnier.
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Les rencontres de M. de Bréot

Proust, qui fait le plagiat du style de Régnier, avait bien vu le contraste entre l'aspect parfois bien peu moral de ce qui est décrit et la hauteur du style qui l'évoque. Quelque chose comme "comme toutes ces choses-là sont bien dites". A cet égard, le besoin pressant d'une marquise dans une grotte de Versailles, dans le premier chapitre, vaut franchement le détour -comme l'ensemble du roman d'ailleurs, habile plagiat (et un peu plus que cela) des mémoires du Grand siècle.
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La double maîtresse

Dans "La double maitresse", le narrateur raconte l'histoire de la vie de l'oncle que lui avait légué sa fortune. L'intention de l'auteur était d'écrire un roman dans la tradition libertine du XVIIIe siècle mais on y voit surtout les empreintes de Balzac. On trouve aussi par endroits l'ironie comique dans style de Marcel Proust qui était très lié avec Régnier pendant un certaine période. Malheureusement les éléments sont très mal assortis. Le roman réussit surtout à expliquer pourquoi l'œuvre de Régnier est tombée dans l'oubli.

Le plus grand problème est que le héros, un noble provincial est un nul qui n'engage pas le moindrement l'intérêt du lecteur. Tyrannisé par sa mère pendant sa jeunesse et mené par le bout du nez par une prostitue romaine à la fin sa vie, il ne se fait valoir jamais.

Privé de père dès un très jeune âge, Sa mère exerce un contrôle absolu sur sa vie. Elle est avare, misanthrope et inflexible. Elle va finir par l'écrasé complètement son fils et ne lui transmet rien de sa force de caractère

Quelques personnages essaient de sortir Nicolas de son torpeur spirituel. D'abord, il y a son précepteur l'abbé Hubertet qui parvient a lui donner seulement des connaissances minimes en latin mais il échoue complètement dans sa tentative de lui inculquer la foi chrétienne. Sa cousine Julie une orpheline qui demeure chez lui essaie de l'initier à l'amour mais sa mère intervient au dernier moment et chasse la petite tentatrice de la maison. Un lord anglais qui le voit à Rome en train de se voir voler et humilier par une courtisane l'implore de se comporter comme un homme, mais il refuse catégoriquement.

Quelques jours après sa confrontation avec le lord anglais, Nicolas décide de donner toute ses propriétés et tout sont argent à la prostituée. Cependant, la providence intervient. Nicolas, il meurt quand il est sur le point de signer le testament qui ferait d'elle son héritière. De cette façon le narrateur reçoit l'héritage de son oncle.

On apprend dans l'épilogue que la cousine expulsée de la maison de Nicolas a eu à une mariage et une vie heureuse. Le tout se termine alors en conte de fée.

"La double maitresse" déplait beaucoup. Le protagoniste est abject. Les autres personnages manquent de profondeur. L'intrigue est bourrée d'invraisemblances on ne comprend vraiment pas pourquoi Régnier a situé une histoire de la fin du XIXe siècle au milieu du XVIIIe siècle.

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La double maîtresse

Un livre que l'on aurait tort de croire classique ou, pire, académique. En son milieu, une digression d'une bonne centaine de pages (qui aurait inspiré à Proust lui-même la parenthèse qu'est Un amour de Swann !) et un personnage, Galandot, que sa psychologie impeccablement rendue élève au rang de modèle littéraire. Et j'oubliais le rire -un rire un peu amer, un peu désabusé, un peu cynique-, que tant de scènes font naître ! Un régal, en réalité.
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Histoires incertaines

En le lisant, on songe à un de ces personnages torturés qui parsèment l'oeuvre d'Edgar Poe, en particulier Roderick Usher.
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