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EAN : 9782715206618
351 pages
Le Mercure de France (16/10/1959)
3.25/5   6 notes
Résumé :
Henri de Régnier nous conte avec humour et talent, la vie, les joies, les peines, les amours, de Nicolas de Galandot, honnête bourgeois gentilhomme.

Quelle charmante époque que ce XVIIIe siècle, quand les Dames portaient des dentelles, et que les Messieurs caracolaient en uniformes sur de magnifiques chevaux …
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Henri de Régnier... encore un de ces auteurs plus ou moins oubliés du XIXème siècle. "La double maîtresse" est pourtant son roman le plus connu. Toute l'action se déroule dans un XVIIIème siècle galant et libertin, ce qui lui confère son plus grand charme et son meilleur atout.

Nicolas de Galandot est issu d'une noble famille campagnarde. Après une enfance étouffée par une mère aussi prude que prudente, il se trouve livré à lui-même et à une vie plutôt médiocre, en quête d'un amour jamais atteint. le récit s'attache à ses pas en France dans la première partie et en Italie dans la troisième, la seconde étant consacrée à une parenthèse amoureuse d'un autre personnage.

Ce que je retiens de ma lecture, c'est l'atmosphère libertine et parfois très osée pour l'époque qui imprègne le récit. L'écriture académique de Henri de Régnier s'apprécie pour ses belles tournures et son riche lexique mais aucun des personnages n'est attachant. C'est l'esthétisme des décors et le témoignage rendu aux moeurs légères du temps qui lui donnent tout son sel.

Robes à paniers brodées,
Perruques poudrées,
Serviteurs en livrée,
Escarpolettes balancées,
Catogans bien noués,
Bergères enrubannées,
en cuisse-de-nymphe-émue teintées,
Que n'avez-vous perduré !


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Dans "La double maitresse", le narrateur raconte l'histoire de la vie de l'oncle que lui avait légué sa fortune. L'intention de l'auteur était d'écrire un roman dans la tradition libertine du XVIIIe siècle mais on y voit surtout les empreintes De Balzac. On trouve aussi par endroits l'ironie comique dans style de Marcel Proust qui était très lié avec Régnier pendant un certaine période. Malheureusement les éléments sont très mal assortis. le roman réussit surtout à expliquer pourquoi l'oeuvre de Régnier est tombée dans l'oubli.
Le plus grand problème est que le héros, un noble provincial est un nul qui n'engage pas le moindrement l'intérêt du lecteur. Tyrannisé par sa mère pendant sa jeunesse et mené par le bout du nez par une prostitue romaine à la fin sa vie, il ne se fait valoir jamais.
Privé de père dès un très jeune âge, Sa mère exerce un contrôle absolu sur sa vie. Elle est avare, misanthrope et inflexible. Elle va finir par l'écrasé complètement son fils et ne lui transmet rien de sa force de caractère
Quelques personnages essaient de sortir Nicolas de son torpeur spirituel. D'abord, il y a son précepteur l'abbé Hubertet qui parvient a lui donner seulement des connaissances minimes en latin mais il échoue complètement dans sa tentative de lui inculquer la foi chrétienne. Sa cousine Julie une orpheline qui demeure chez lui essaie de l'initier à l'amour mais sa mère intervient au dernier moment et chasse la petite tentatrice de la maison. Un lord anglais qui le voit à Rome en train de se voir voler et humilier par une courtisane l'implore de se comporter comme un homme, mais il refuse catégoriquement.
Quelques jours après sa confrontation avec le lord anglais, Nicolas décide de donner toute ses propriétés et tout sont argent à la prostituée. Cependant, la providence intervient. Nicolas, il meurt quand il est sur le point de signer le testament qui ferait d'elle son héritière. de cette façon le narrateur reçoit l'héritage de son oncle.
On apprend dans l'épilogue que la cousine expulsée de la maison de Nicolas a eu à une mariage et une vie heureuse. le tout se termine alors en conte de fée.
"La double maitresse" déplait beaucoup. le protagoniste est abject. Les autres personnages manquent de profondeur. L'intrigue est bourrée d'invraisemblances on ne comprend vraiment pas pourquoi Régnier a situé une histoire de la fin du XIXe siècle au milieu du XVIIIe siècle.
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Un livre que l'on aurait tort de croire classique ou, pire, académique. En son milieu, une digression d'une bonne centaine de pages (qui aurait inspiré à Proust lui-même la parenthèse qu'est Un amour de Swann !) et un personnage, Galandot, que sa psychologie impeccablement rendue élève au rang de modèle littéraire. Et j'oubliais le rire -un rire un peu amer, un peu désabusé, un peu cynique-, que tant de scènes font naître ! Un régal, en réalité.
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Très sensuel, bien écrit, agréable à Lire.
De Galandot incapable d'aller au bonheur de l'amour. L'amour le soumet avant qu'il ne le connaisse jamais.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A la fin de la quatrième année de son séjour à Rome, M. de Galandot eut cinquante-cinq ans. On était en été et il faisait fort chaud. Le matin de cet anniversaire auquel, du reste, il n’avait guère pris garde, il se leva, comme de coutume, d’assez bonne heure. Il sortit. Il avait dans sa main une poignée d’olives sèches qu’il croquait en marchant et dont il laissait tomber les noyaux dans la poussière.
(…)
Pour aller à la rue del Babuino, M. de Galandot longeait les jardins de la villa Ludovisi, puis il n’avait qu’à descendre les escaliers de la Trinité-du-Mont pour se trouver place d’Espagne. Il marchait doucement, car la chaleur était accablante. Arrivé à la fourche de deux ruelles, il s’arrêta, hésitant de savoir laquelle il prendrait. Il y avait juste devant lui un gros caillou irrégulier qui semblait endormi dans la poussière. M. de Galandot le poussa du bout de sa canne. Il roula lourdement vers la ruelle de gauche et M. de Galandot l’y suivit sans se douter qu’il venait ainsi de décider du sort de sa vie. Il continuait à pousser la pierre du pied, tout en marchant. Il allait la tête basse et le dos voûté, comme cela lui arrivait fréquemment. Un léger bruit lui fit lever les yeux.
Une terrasse bordait la rue à cet endroit par un balustre à colonnettes au-dessus duquel des plants de vigne formaient berceau et laissaient retomber leurs pampres où se mêlaient quelques grappes de raisins. Il y avait sur la rampe une femme couchée. Elle était étendue de toute sa longueur sur la pierre tiède et semblait dormir, tournée un peu sur le côté. On voyait sa chevelure tordue sur sa nuque grasse, son dos souple, la saillie de ses reins. Une de ses jambes repliée soulevait sa robe et on apercevait son pied un peu en dehors de la balustrade. Il était chaussé d’une mule de satin jaune qu’il retenait de l’orteil et que, par un léger mouvement, elle faisait claquer doucement à son talon.
Sans doute que le bruit du caillou poussé par M. de Galandot du bout de sa canne et qui avait heurté le mur de la terrasse venait de réveiller le sommeil incertain de la belle, car elle se leva lentement, s’étira et s’assit le dos tourné à la rue. Elle était charmante ainsi. Ses mains élevées rajustaient une boucle de sa coiffure. Elle portait à son cou un collier de corail rouge à gros grains inégaux et une longue pendeloque brillait à son oreille.
Ce fut à ce moment sans doute qu’elle remarqua l’immobile présence de M. de Galandot. Elle se tourna à demi, puis, sans prendre garde à lui davantage, elle cueillit une grappe de raisin qui pendait à la treille à sa portée. Les pampres remuèrent.
Elle mangeait, grain par grain, lentement, voluptueusement, en tenant la lourde grappe gonflée à hauteur de ses yeux, tantôt vite, tantôt s’arrêtant pour la faire tourner entre ses doigts.
M. de Galandot, d’en bas, suivait ses gestes avec anxiété. A chacun des grains juteux et ambrés qu’elle mettait dans sa bouche, il éprouvait dans la sienne une fraîcheur délicieuse ; il lui semblait savourer je ne sais quoi de secret et de mystérieux ; il se sentait agité d’une émotion ardente et langoureuse. Un grand silence engourdissait l’air chaud.
Nicolas regardait. Sa main tremblait sur la pomme de sa canne. Une sueur froide lui coulait du visage. Il sentait revenir du fond de sa vie un trouble subtil et connu qui l’envahissait peu à peu. Cette jeune femme qui, les bras levés, la poitrine nue, mangeait un raisin, lui apparaissait comme debout au fond de son passé. Une heure lointaine et oubliée renaissait dans la minute présente. Il restait étourdi, le dos au mur. Ses lèvres balbutiaient un nom qu’il n’avait pas redit depuis de longues années : « Julie ! Julie !... »
— « Olympia, Olympia ! » cria dans le même moment une voix forte
et gaie.
Une porte s’ouvrait dans le jardin en contrebas de la terrasse.
Un chien jappa.
— « Olympia, viens donc voir l’habit que m’apporte Cozzoli,
continua la voix.
— Venez, signora » , dit à son tour un fausset aigu où M. de Galandot reconnut le petit tailleur.
La signora ne se dérangeait guère. Elle faisait tourner rapidement la grappe entre ses doigts. Il n’y restait plus qu’un seul grain ; elle le cueillit, le roula un instant, se retourna, puis, avec un grand éclat de rire, elle le lança vers M. de Galandot qui, la bouche béante, les yeux écarquillés, les jambes flageolantes et les mains tendues, le reçut juste à la joue d’où il rebondit, tomba à terre et y resta, juteux, doré et comme tout sucré de poussière.
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M. Laverdon était un homme important. On s’accordait à lui reconnaître de la mine, de la tournure et même du raisonnement, car il accommodait quelques-unes des meilleures têtes de Paris. Il ressentait vivement l’honneur qu’elles lui faisaient en passant par ses mains, qu’il avait belles et dont il prenait grand soin, disant qu’elles étaient l’outil même de son métier. Son mérite lui valait une clientèle illustre et considérable. Il se targuait de connaître les hommes et se prétendait philosophe. On lui en cédait la prétention, car personne ne savait mieux que lui disposer avantageusement une perruque, la boucler, la friser ou la rouler.
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Le retour de Julie au Fresnay était accueilli chaque année avec joie. Plusieurs semaines d’avance on s’y préparait. Mme du Fresnay composait ses friandises les plus appétissantes. Les buffets s’emplissaient d’assiettes odorantes et de flacons parfumés. Le plus beau du goût de Mme du Fresnay pour les pâtisseries était que ni elle ni son mari n’y touchaient jamais. Ils détestaient tous deux les sucreries, et toutes ces bonnes choses s’en allaient sur les tables du voisinage. Mme du Fresnay les distribuait à qui voulait, et on vit des mendiants et des pauvres, entrés dans la cour du château pour y demander un morceau de pain, en sortir la bouche pleine et la besace remplie des plus délicates gourmandises.
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Il l’avait entrevue au théâtre, à travers les lumières de la scène, sous le fard, dans les costumes divers de ses rôles, avec ses amples paniers enguirlandés, sa coiffure élevée, parmi l’entrecroisement gracieux des figures de ballet qu’elle animait de sa danse élégante, spirituelle, noble ou passionnée. Elle se confondait dans son esprit avec la clarté des lustres, le mouvement de la musique et les événements fabuleux qu’elle représentait et dont elle débrouillait les intrigues de ses pointes promptes et légères. Elle était, en son souvenir, instable, changeante et fugitive, toute vaporeuse de gazes, tout illuminée du feu des diamants et comme volante de rythme et d’agilité, en une sorte de prestige mobile dont elle était le centre lumineux et qui rayonnait autour d’elle.
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Au bout de ses bras pendaient des poings massifs et tout velus de poils fauves. Une courte et grosse perruque à rouleaux faisait ressortir, par sa blancheur poudrée, la teinte cramoisie du visage carré où l’on distinguait, dans une masse de chair comme bouillie, de petits yeux vifs, un rien de nez, une toute petite bouche en cul de poule avec une moue qui semblait prête à pondre.
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Video de Henri de Régnier (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri de Régnier
INTRODUCTION : « […] Prokosch (1906-1989) est un errant lucide. Il se refuse à être enchaîné par les lieux et par le temps. Il n'est pas gorgé de l'inévitable nostalgie des chercheurs d'infini. Il ne dédaigne pas les vignettes qui laissent à penser qu'une terrible beauté est en train de naître.
[…]
Si Prokosch pense que le monde a l'air de stagner, paradoxalement, il pense surtout (comme le magnifique Henri de Régnier[1864-1936]) que vivre avilit. Que le désir du beau, si cher à l'homme, fond comme neige au soleil à mesure que le temps passe. Alors, écrit-il, « le désir du beau devient une effrayante parodie, une espèce de rituel obscène, et finit par gâter précisément ce qui en nous est le plus proche de l'éternel. »
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Chant 1:07 - Ulysse brûlé par le soleil 3:22 - le boulevard 5:35 - Ode (V)
7:06 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Frederic Prokosch, Ulysse brûlé par le soleil, traduit et présenté par Michel Bulteau, Paris, Orphée/La Différence, 2012.
IMAGE D'ILLUSTRATION : https://www.ebay.com/itm/194547165187
BANDE SONORE ORIGINALE : le Chaos Entre 2 Chaises - Avant la Chute Avant la Chute by Le Chaos Entre 2 Chaises is licensed under an Attribution 4.0 International License. https://freemusicarchive.org/music/le-chaos-entre-2-chaises/reflets/avant-la-chute/
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#FredericProkosch #UlysseBrûléParLeSoleil #PoésieAméricaine
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