Citations de Hermann Hesse (2218)
Mais que la vie ne soit pas seulement un jeu, c'est ce qu'aucun David ne nous prouve. Elle est justement cela, la vie ; quand elle est belle et heureuse : un jeu. Naturellement, on peut faire d'elle tout autre chose, un devoir, ou une lutte, ou une prison, mais elle n'en devient pas plus belle.
Peut-être qu'après sa soif d'événements, l'homme n'en a pas de plus violente que d'oublier.
... derrière mon irrésistible désir de raconter note histoire, se dresse un doute mortel. [...] La question n'est pas seulement : Ton histoire est-elle racontable ? mais aussi ; Pouvait-elle être vécue ? Nous connaissons l'exemple de combattants de la Grande Guerre, à qui ne doivent manquer pourtant ni les récits ni les documents authentiques, et quo ont été parfois amenés à éprouver un doute analogue.
... et au lieu d'un tissu, je n'ai en main qu'un faisceau de mille fils emmêlés, que cent mains mettraient des années à débrouiller, quand même chacun des fils, dès qu'on le saisit et veut tirer un peu dessus, ne serait pas si terriblement cassant et ne nous céderait pas entre les doigts.
Si désolante que fût cette croyance, c'était du moins une croyance, elle était solide et me donnait une certitude. A vrai dire, je pensais alors que je ne l'échangerais que trop volontiers contre une autre plus fertile en espoirs. Plus tard seulement, lorsque j'eus perdu cette triste croyance et fus devenu sensible aux opinions les plus folles, je compris ce que j'avais perdu.
Chaque fois que j'entreprends quelque chose de vraiment nécessaire, qui me plaît et me rend heureux, il y a des gens pour s'en vexer. Ils aimeraient bien que l'on fût toujours le même, sans changer de visage. Mais mon visage se refuse à cela ; il veut changer à tout moment, c'est pour lui un véritable besoin.
Il s'agissait uniquement de conserver en moi le peu qui s'y trouvait de réellement fort et vivant et de faire preuve d'une fidélité absolue envers ce que je sentais vivre encore en moi.
Il me fallait premièrement me débarrasser du sentiment d'estime puis de mépris que je nourrissais à mon endroit ; ensuite, je n'avais rien d'autre à faire qu'à soutenir jusqu'au bout la vision du chaos, avec l'espoir tantôt vivace, tantôt affaibli, de retrouver la nature et l'innocence par-delà ce chaos.
Ces deux éducateurs ont pleinement réussi à me faire comprendre que la probité et l'amour de la vérité étaient des traits de caractère qui ne les intéressaient pas chez un écolier.
La réalité ne me suffisait jamais, il me fallait de la magie.
[...] C'est ainsi que la famille, la lignée, le village, la communauté religieuse, le peuple, la nation devinrent choses sacrées... L'homme auquel il était interdit d'enfreindre le moindre commandement moral pour l'amour de lui-même se vit désormais tout autoriser, y compris les pires atrocités, lorsqu'il était question de la communauté, du peuple et de la patrie ; tout penchant par ailleurs réprouvé se transforma en devoir et devint source d'héroïsme. Voilà tout le chemin que l'humanité a parcouru jusqu'à aujourd'hui. Mais peut-être que les idoles des nations tomberont avec le temps, peut-être qu'à travers la redécouverte de l'amour de l'humanité entière, les vieux préceptes d'origine réapparaîtront au grand jour.
Auch von dir nehm ich Abschied und sage dir Dank
Holde Musik, du seligstes aller Spiele,
Wald der Töne du, Melodiengerank -
Keiner andern Göttin dank ich so viele
Tröstliche, schmerzliche, innige Freuden wie dir!
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Je prends aussi congé de toi et te dis merci,
Charmante musique, toi le plus heureux de tous les jeux,
Oh forêt de notes, entrelacs de mélodies -
A aucune autre déesse je ne dois autant
De joies consolatrices, douloureuses, intimes qu'à toi !
Das Leben ist darum so beschissen,
Weil wir doch alle sterben müssen,
[...]
Dort sitzen wir auf unsern armen Ârschen
Und bilden uns ein, die Welt zu beherrschen.
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C'est parce que nous devons tous mourir
Que la vie est aussi dégueulasse,
[...]
Assis dans cette maison sur nos pauvres culs,
Nous nous imaginons dominer le monde.
Sagt, seid ihr alle so scheußlich allein,
Oder muß nur ich auf der schönen
Welt so einsam und wütend une traurig sein?
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Dites, êtes-vous tous aussi atrocement seuls,
Ou n'y a-t-il que moi à devoir être sur cette belle terre
Aussi seul, furieux et triste ?
Ich Steppenwolf trabe und trabe,
[...]
Tränke mit Schnee meine brennende Kehle,
Trage dem Teufel zu meine arme Seele.
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Moi, le loup des steppes, je trotte et trotte,
[...]
J'abreuve de neige la gorge qui me brûle,
Et j'apporte au diable mon âme et sa misère.
In meinem Dunkel ahnst du
Den so verborgnen Stern.
Mit deiner Liebe mahnst du
Mich an des Lebens süßen Kern.
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Dans mes ténèbres tu devines
L'étoile si bien cachée.
Avec ton amour tu me rappelles
La douce substance de la vie.
Freudig eil ich in den Wald hinan,
Knüpfe sorgsam meine Schlinge an,
Recke lang den Hals und fliege in die Welten,
Wo Papier und Schein und Paß nicht gelten.
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Avec joie, je m'empresse d'entrer dans la forêt,
Noue soigneusement ma corde de pendu,
Tends le cou et m'envole dans les mondes
Où papier, permis et passeports ne comptent plus.
Ich spucke still in ein Gesträuch:
Ihr, denen ich muß dienen, allzumal,
Minister, Exzellenzen, General,
Der Teufel hole euch!
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Je crache en silence dans un buisson,
Vous tous qu'il me faut servir, c'en est trop,
Ministres, excellences, généraux,
Que le diable vous emporte !
Gedenkt des Bluts, der Schlachten, der Zerstörung,
Auf denen eure Zukunft ruht,
Und wie auf Tod und Opfer vieler
Das kleinste Glück sich baut.
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Souvenez-vous du sang, des batailles, de la dévastation,
Sur lesquels repose votre avenir,
Et que le bonheur le plus simple se construit
Sur la mort et le sacrifice du nombre.
Dennoch sollt ihr einst Krieger sein
Und sollt einst wissen
[...]
Und daß für jedes Haar auf eurem Haupt
Ein Kampf, ein Weh, ein Tod erlitten ward.
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Pourtant un jour vous devrez être guerriers
Et savoir ce jour-là
[...]
Que des hommes ont subi la violence, la souffrance, la mort
Pour défendre chaque cheveu de votre crâne.