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Citations de Hermann Hesse (2211)


je suis capable d'aimer une pierre, un arbre et même un morceau d'écorce. Ce sont des choses et on peut aimer des choses ; mais ce que je suis incapable d'aimer, ce sont des paroles. Et voilà pourquoi je ne fais aucun cas des doctrines. Elles n'ont ni dureté ni mollesse, ni couleur ni odeur, ni goût, elles n'ont qu'une chose : des mots. Même Samsara et Nirvana, ce ne sont que des mots. Il n'y a rien qui soit le Nirvana ; il n'y a que le mot Nirvana.
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Nous ne devons pas nous efforcer de retenir le passé ou de le reproduire. Il faut être capable de se métamorphoser, de vivre la nouveauté en y mettant toutes nos forces. Le sentiment de tristesse qui naît de l'attachement à ce qui est perdu n'est pas bon et ne correspond pas au véritable sens de la vie.
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C'est seulement en vieillissant que l'on s'aperçoit que la beauté est rare, que l'on comprend le miracle que constitue l'épanouissement d'une fleur au milieu des ruines et des canons, la survie des œuvres littéraires au milieu des journaux et des cotes boursières.
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Soleil de mars

Grisé par l'ardeur précoce du soleil
Un papillon jaune s'est mis à voltiger.
Assis auprès de la fenêtre, sommeille
Courbé dans son fauteuil un homme âgé.

Chantant sous les feuillages du printemps revenu,
Il a, jadis, abandonné ces lieux.
La poussière de tant de routes parcourues
A recouvert tous ses cheveux.
...
Et pourtant les arômes comme les couleurs
N'ont plus l'éclat d'avant, se font moins intenses.
La lumière aussi a perdu sa chaleur,
L'air est pénible à respirer et plus dense.
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Si quelqu'un vous promet un jour d'évaluer votre talent littéraire au vu de vos premiers écrits, comme le graphologue d'un journal juge du tempérament d'un abonné dans le courrier des lecteurs, il s'agira alors d'un homme trés superficiel, sinon d'un imposteur.
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Crois-tu que je sois incapable de comprendre ta crainte de danser le fox-trot ; ton horreur des bars et des dancings ; ta répugnance face à la musique de Jazz et à tout ce bric-à-brac ? Je ne les comprends que trop bien, tout comme ton dégout de la politique ; ton découragement face aux bavardages et aux gesticulations irresponsables des partis, de la presse ; ton désespoir face à la guerre, face à celle qui vient de s'achever, face à celle qui approche, face à la manière dont l'époque contemporaine pense, lit, construit, fait de la musique, festoie, se préoccupe de culture! Tu as raison Loup des steppes, mille fois raison, et pourtant, tu dois disparaître. Tu es bien trop exigeant et affamé pour ce monde simple et indolent, qui se satisfait de si peu. Il t'exècre ; tu as pour lui une dimension de trop. Celui qui désire vivre aujourd'hui en se sentant pleinement heureux n'a pas le droit d'être comme toi ou moi. Celui qui réclame de la musique et non des mélodies de pacotille ; de la joie et non des plaisirs passagers ; de l'âme et non de l'argent ; un travail véritable et non une agitation perpétuelle ; des passions véritables et non des passe-temps amusants, n'est pas chez lui dans ce monde ravissant...
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Loin de tendre à une fin quelconque, la véritable culture, comme toute aspiration à la perfection, porte en elle son propre sens.
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Le monde, ami Govinda, n'est pas une chose imparfaite ou en voie de perfection, lente à se produire : non, c'est une chose parfaite et à n'importe quel moment. Chaque péché porte déjà en soi sa grâce, tous les petits enfants ont déjà le vieillard en eux, tous les nouveau-nés la mort, tous les mortels la vie éternelle.
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UN VIOLON DANS LES JARDINS

Partout aux vallons d’alentour
La chanson des merles résonne
Et mon cœur, de chagrins si lourd,
Jusqu’à l’aube songe, frissonne.

L’heure tourne ; je veille, assis,
Longtemps sous la lune qui baigne
L’essaim secret de mes soucis
Et mainte blessure qui saigne.

Un violon dans les jardins
Vers moi laisse monter sa plainte.
Oh! quel flot de langueur soudain
De mon âme apaise la crainte!

Inconnu qui t’en vas jouant
Ces sons pleins d’étrange magie,
Où donc as-tu trouvé ce chant
Qui dit toute ma nostalgie?

(1902)

-

EINE GEIGE IN DEN GÄRTEN

Weit aus allen dunkeln Talen
Kommt der süße Amselschlag,
Und mein Herz in stummen Qualen
Lauscht und zittert bis zum Tag.
 
Lange, mondbeglänzte Stunden
Liegt mein Sehnen auf der Wacht,
Leidet an geheimen Wunden
Und verblutet in die Nacht.
 
Eine Geige in den Gärten
Klagt herauf mit weichem Strich,
Und ein tiefes Müdewerden
Kommt erlösend über mich.
 
Fremder Saitenspieler drunten,
Der so weich und dunkel klagt,
Wo hast du das Lied gefunden,
Das mein ganzes Sehnen sagt?


Traduit de l'allemand par Jean Malaplate | pp. 28-9
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Ecoute, Kamala, quand tu jettes une pierre dans l'eau, elle descend vers le fond, par le chemin le plus court. Il en est de même quand Siddhartha s'est proposé d'atteindre un but, d'exécuter un projet. Siddhartha ne bouge pas; il attend, il réfléchit, il jeûne; mais il passe à travers les choses du monde comme la pierre à travers l'eau, sans rien faire, sans bouger; attiré par son but, il n'a qu'à se laisser aller, car dans son âme plus rien ne pénètre de ce qui pourrait l'en distraire. Et c'est justement ce que Siddhartha a appris chez les Samanas et ce que les sots appellent un charme, qu'ils attribuent à l'ceuvre des démons. Rien n'est l'oeuvre des démons, car il n'y a pas de démons. Chacun peut être magicien et atteindre son but, s'il sait réfléchir, s'il sait attendre, s'il sait jeûner.
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Le Temps n'est pas une réalité, o Govinda. J'en ai maintes et maintes fois fait l'expérience. Et si le Temps n'est pas une réalité, l'espace qui semble exister entre le Monde et l'Eternité, entre la Souffrance et la Félicité, entre le Bien et le Mal, n'est qu'une illusion.
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À l'écoute

Une musique douce, une brise nouvelle
Parcourt la grisaille de la journée,
Elle semble effarouchée comme un battement d'ailes
Hésitante comme un parfum printanier.

Venus de très loin, de l'aube de l'existence,
Nombre de souvenirs soudain affluent,
Comme une ondée d'argent sur l'océan immense
Ils font frémir les airs et ne sont plus.

Le présent, le passé nous semblent bien distants
Mais les choses oubliées ne sont pas loin,
Les temps merveilleux, le monde d'antan
Sont là, tels un jardin ouvert, sans fin.

Peut-être qu'à cette heure mon ancêtre veille,
Lui qui repose depuis déjà mille ans,
Sa voix est désormais à la mienne pareille,
Son corps reprend vigueur dans mon sang.

Peut-être qu'un messager attend devant l'entrée,
Et qu'il pénétrera bientôt sous mon toit ;
Peut-être bien qu'avant la fin de la journée
Je rentrerai pour toujours chez moi.


(éd. Livre de Poche, 2000, p. 10)
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Si tu es gêné par des images telles que " Dieu " ou " juge éternel " tu peux tranquillement les laisser de côté, car elles importent peu.
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Ce que l'humanité a produit au cours de ses ères créatrices dans le domaine de la connaissance, des grandes idées et des œuvres d'art, ce que les périodes de spéculation érudite qui suivirent ont ramené à des concepts et transformé en patrimoine intellectuel, tout cet immense matériel de valeurs spirituelles, le joueur de Perles de Verre en joue comme l'organiste de ses orgues, mais les siennes sont d'une perfection presque inconcevable ; leurs claviers et leurs pédales explorent le cosmos spirituel tout entier, leurs registres sont pour ainsi dire sans nombre, et théoriquement cet instrument permettrait de reproduire dans son jeu tout le contenu spirituel de l'univers.
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Hermann Hesse
Le Chêne taillé

Indestructible est mon essence,
Je suis heureux, pacifié
Et, patiente, ma verdure
Renaîtra cent fois sous la serpe'
En dépit des peines, je reste
Amoureux d'un monde insensé
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Les eaux du fleuve dans leur cours lui apportaient des
rêves et des pensées sans fin, les étoiles dans leur scintillement,
les rayons du soleil dans leur ardeur dévorante, la fumée des
sacrifices, le souffle mystérieux qui passait dans les vers du RigVeda, la science distillée par les vieux brahmanes, toutes ces
choses peuplaient son esprit et répandaient l’inquiétude dans
son âme.
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LE FILS DU BRAHMANE

Siddhartha, le bel enfant du brahmane, le jeune faucon,
grandit en compagnie de son ami, Govinda, fils lui aussi d’un
brahmane, à l’ombre de la maison et du figuier, sur la rive
ensoleillée du fleuve, auprès des bateaux, dans la verdure de la
forêt de Sal. Le soleil brunit ses claires épaules, sur les bords du
fleuve, au bain, aux ablutions sacrées, aux saints sacrifices. De
sombres lueurs flottaient dans ses yeux noirs, quand, dans les
bois de manguiers, il jouait avec les garçons, quand sa mère
chantait, quand se faisaient les saints sacrifices, pendant les
leçons que lui donnait son père, le savant, ou quand il écoutait
la conversation des sages. Il s’y mêlait lui-même depuis
longtemps, s’exerçant avec Govinda aux joutes oratoires, à l’art
de la contemplation et à la pratique de la méditation. Il savait
déjà prononcer sans bruit la parole mystérieuse om1
, il savait la
dire silencieusement en lui-même, par aspiration, puis il la
redisait par expiration aussi silencieusement, l’âme recueillie, le
front rayonnant de la lumineuse clarté de l’esprit. Il savait déjà
trouver l’Atman2 l’intérieur de son être, indestructible, un avec
l’univers.
Le cœur de son père tressaillait de joie à la pensée d’avoir un
fils si docile, si studieux, qu’il se représentait déjà sous l’aspect
d’un grand sage, d’un prêtre, d’un prince parmi les brahmanes.
Le sein de sa mère frémissait de ravissement, rien qu’à regarder marcher, s’asseoir, se lever, son Siddhartha, si fort, si beau, avec
ses jambes fines et sa grâce parfaite, quand il la saluait.

1
Om. C'est le présent, le passé et le futur. C'est, dit MândûkyaUpanishad, le monde entier dans une syllabe, et c'est même encore ce qui
peut exister en dehors de ces trois temps. Ce mot se décompose en
plusieurs parties formant plusieurs sons AUM, le point qui marque la
nasale M (anusvâra) et la résonance (Nâdra). Ces sons symboliseraient
les êtres et les choses les plus divers : les heures du jour, les Vedas, les
trois dieux, Brahma, Vishnu, Shiva, etc.

2 Le souffle en tant que principe de vie, l’âme, la personnalité, l’individu,
le moi. (N.d.T.)
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Parce que pour lui, régner n'était pas un besoin, ni commander un plaisir, parce qu'il était infiniment plus avide de vie contemplative que de vie active et qu'il eût été plus satisfait de rester encore des années, sinon sa vie entière, un étudiant obscur, pèlerin curieux et respectueux des sanctuaires du passé, des cathédrales de la musique, des jardins et des forêts des mythologies, des langues et des idées.
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Tu peux te moquer de moi : leur chute a malgré tout quelque chose qui m'en impose ; Lucifer, l'ange renégat, a lui aussi de la grandeur. Ils ont peut-être fait ce qu'il ne fallait pas, ou plutôt ils l'ont certainement fait, mais ils n'en ont pas moins réalisé, accompli quelque chose, ils ont risqué le saut, et pour cela il fallait du courage. Nous autres, nous avons été travailleurs, patients, raisonnables, mais nous n'avons rien fait, nous n'avons pas franchi le pas.
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J'ai songé souvent aussi à mes parents. Ils croient que je suis leur enfant, que je suis comme eux. Mais, malgré l'affection que je leur porte, je suis pour eux un étranger qu'ils ne peuvent comprendre. Et ce qui fait que je suis moi, ce qui, peut-être, constitue mon âme, c'est cela qui leur semble accessoire et qu'ils mettent sur le compte de la jeunesse ou d'un caprice passager. Ça ne les empêche pas de m'aimer et de me vouloir du bien. Un père lègue à son enfant son nez, ses yeux et même son intelligence : il ne lui transmet pas son âme.
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