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Citations de Håkan Nesser (104)


Avant qu'on se quitte, elle nous a enlacés. Ses bras et ses épaules nus gardaient la chaleur du soleil et j'ai osé la prendre dans mes bras à mon tour. J'ai inspiré l'odeur de sa peau et un nuage d'Eva Kaludis s'est épanoui en moi.
C'était une impression fantastique. Le nuage a envahi ma tête, il a pris toute la place et a écarté pour plusieurs heures aussi bien la Catastrophe que Cancer, Treblinka et tout ce qui était désagréable.
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"_ J'ai un pressentiment.
J'ai réfléchi un moment. Ca m'a paru grave, et c'est vrai qu'il avait l'air particulièrement grave.
_ Quel genre de pressentiment ?
Edmund a hésité un instant.
_ Que ça va bientôt être la cata.
_ Qu'est-ce qui va être la cata ?
Edmund a poussé un soupir en disant qu'il ne savait pas. J'ai attendu un moment puis j'ai demandé s'il faisait allusion à mon frère et à Eva Kaludis. Et à Berra Albertson.
_ Oui, je crois, a-t-il dit en hochant la tête. Il va forcément se passer quelque chose. Ca ne peut pas continuer comme ça. J'ai la même sensation que lorsqu'on attend... qu'on attend qu'un orage éclate. Tu ne le sens pas ?
Je n'ai pas répondu mais la phrase prononcée par mon père un soir de mai dans la cuisine d'Idrottsgatan m'est soudain revenue.
"L'été sera rude. Très rude."
Puis j'ai repensé à Eva Kaludis. Et à la tête sans connaissance de Mulle. Au vrai père d'Edmund. Aux mains grises de ma mère sur la couverture de l'hôpital. Déprimantes comme du gruau d'avoines strié de myrtilles.
_ On verra bien, j'ai fini par dire. Qui vivra verra.
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Avant de m'endormir, j'ai dessiné encore quelques cases et Edmund a écrit sa lettre à sa mère à Vissingsberg. N'étant pas satisfait de ses tentatives précédentes, il a voulu essayer quelque chose d'un peu plus masculin et avec plus d'humour. Quand il l'a terminée, il m'a montré la page qu'il avait arrachée de son cahier.
_ Qu'est-ce que t'en penses ? m'a-t-il demandé en mâchonnant son stylo.
J'ai lu :
Salut daronne !
Ici on rigole comme des fous. J'espère que tu es sobre comme un chameau et que tu te portes comme un charme.
A cet automne.
Ton Edmund à toi.
_ Vachement bien ! j'ai dit. Elle va sûrement l'encadrer et l'accrocher au-dessus de son lit.
_ C'est aussi ce que je pense, a dit Edmund.
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_ C'est un été du tonnerre, Erik, a-t-il dit quand nous avons commencé à nous enfoncer dans les roseaux. A tous points de vue. Certainement le meilleur que j'ai connu.
Je me suis soudain rendu compte à quel point j'appréciais Edmund. Nous étions à deux semaine de la Catastrophe, ma mère était sur le point de mourir d'un cancer et je m'étais cassé un orteil, mais il avait raison. C'était un été du tonnerre.
Tout allait bien.
Jusque là.
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_Elle a quoi, ta mère ? m'a demandé Edmund un après-midi, alors que nous étions partis à vélo acheter des glaces à Fläskhallen.
Nous étions installés à la table grise en rondins au-dessus de la plage qui était absolument vide vu que le temps était couvert.
J'ai grignoté la couche de chocolat qui entourait ma glace à la noisette avant de répondre.
_ Un cancer.
_ Ah oui, a répondu Edmund comme s'il comprenait. Mais je ne pense pas que c'était le cas. Le mot Cancer était comme Treblinka. Comme Mort. Comme Baiser. Je ne voulais pas en parler. Amour fait-il aussi partie de ces mots ? me suis-je demandé.
Pendant que nous mangions nos glaces en silence... j'ai répété la série de mots.
Cancer - Treblinka - Amour - Baiser - Mort.
J'avais compris qu'il y avait tout ça dans le monde. Que tout ça avait bel et bien une existence.... C'était une formule magique censée me protéger contre ce que je comprenais mais que je ne voulais pas comprendre. Je crois.
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Entre Tibériade et le lotissement de Sjölycke avec ses cabanons d'été, il y avait deux vraies maisons qui étaient occupées toute l'année.
La première, située tout près de chez nous et au bord de l'eau, était à moitié cachée par les roseaux et les aulnes, les framboisiers sauvages et les orties.
Il y avait parfois du monde, un ou plusieurs membres de la famille Lundin, mais elle était généralement vide vu que les Lundiens passaient beaucoup de temps en taule pour une raison ou une autre et que les Lundiennes étaient putes, danseuses nues ou tenancières de maison close et préféraient évoluer dans une ambiance plus citadine.
le Lundien le plus réputé était un certain Evert qui, déjà très jeune, avait esquinté un policier en le poignardant dans le dos et qui avait ensuite complété sa carrière par le braquage d'une banque, un incendie criminel et toutes sortes d'autres actes de violence. D'après ce que j'ai pu comprendre, il aimait bien brutaliser les femmes sans défense, mais lorsqu'il n'en avait pas sous la main il s'attaquait volontiers à des retraités ou à des enfants. On le disait analphabète et il paraît qu'il n'avait jamais réussi à faire la différence entre la gauche et la droite malgré un entraînement assidu. Mais c'est vrai qu'on disait pas mal de choses sur la famille Lundin.
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Ce soir-là, comme les soirs qui ont suivi, nous nous sommes endormis au son de la machine à écrire de Henry et à celui de son magnétophone.
Elvis. The Shadows
Buddy Holly. Little Richard. The Drifters.
Et au son du faible grattement contre le carreau des branches agitées par le vent du lac qui soufflait sur la forêt.
C'était agréable.
Vraiment très agréable.
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Plus tard dans la soirée, j'ai perçu le cliquetis de sa machine à écrire, installée sur le bureau de sa chambre. J'ai compris que son livre était en train de prendre vie. Celui sur la vie. The real thing.
J'ai aussi compris que tout cela était à l'image du séjour qui nous attendait.
Les boulettes de viande d'Ulla-Bella avec des pommes de terre et des airelles.
Henry et son roman existentiel.
Edmund, moi et la vaisselle.
_ Nom de Dieu, ce qu'on est bien ! s'est exclamé Edmund, alors que nous avions presque terminé. Il semblait un peu ému.
_ Oui, ça aurait pu être pire, j'ai dit.
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C'est tout a conclu Henry. Il ne faut pas se compliquer la vie inutilement. Elle doit être pour nous comme un jour d'été pour un papillon.
J'ai bien aimé sa dernière phrase. J'y ai pensé un bon moment.
La vie doit être pour nous comme un jour d'été pour un papillon.
Il restait exactement un mois avant la Catastrophe.
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J'étais sûr que c'était moi qui l'avait vue en premier mais Benny et Enok étaient tout aussi sûrs que c'était eux et, dans le fond, ça n'avait pas d'importance. Seule sa présence comptait.
_ Bordel de merde ! s'est exclamé Benny, la bouche grande ouverte comme s'il était chez le dentiste et qu'il attendait la fraise.
_ Oh, putain ! a dit Enok au Gros Cul. C'est Kim Novak ou quoi !?
Moi je n'ai rien dit. D'une part parce que je ne parlais jamais pour ne rien dire, d'autre part parce que j'étais abasourdi. On se serait cru au cinéma. Mais en mieux. La nana sur la mobylette qui fonçait droit dans la cour de l'école avait vraiment la tête de Kim Novak.
_ Quelle beauté, nom de Dieu ! s'est écrié Balthazar Lindblom.
_ C'est une Puch, a constaté Enok au Gros Cul. Oh, putain ! Kim Novak débarque dans notre école en Puch. Je rêve !
Sur quoi Enok au Gros Cul s'est évanoui. Il était épileptique et il lui arrivait de tourner de l'oeil. J'aurais d'ailleurs trouvé étonnant qu'il résiste à cette scène.
Kim Novak a arrêté sa Puch. Elle est restée un instant assise sur la selle, un sourire aux lèvres et les pieds dans le gravier, à regarder les cent huit personnes pétrifiées dans la cour. Puis...d'un pas rapide, elle s'est frayé un chemin à travers l'attroupement de personnages en cire.
Je l'ai regardée disparaître derrière les portes puis j'ai tourné la tête et j'ai découvert Edmund tout près de moi. Epaule contre épaule. Enfin, si on peut dire, étant donné la différence de taille.
_ Alors là, a-t-il dit d'une voix épaisse, voilà ce que j'appelle une femme mûre !
J'ai acquiescé en pensant aux pin-up des revues de son père. C'était forcément un connaisseur.
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Henry fumait des Lucky Strike. Il les sortait de la poche de sa chemise blanche en nylon d'un geste qui signifiait qu'il avait bossé dur et qu'il avait besoin d'une clope pour récupérer.
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Je me suis tourné vers Eva Kaludis et me suis trouvé face à elle, à une distance d’une vingtaine de centimètres seulement. J’ai saisi ses bras.
- Eva, j’ai dit. Tant pis si je n’ai que quatorze ans. Tu es la plus belle femme de la terre et je t’aime.
Elle a été légèrement déstabilisée.
- Il fallait que je te le dise. C’est tout. Je te remercie.
Je l’ai embrassée et je suis parti.
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Cette fois, mon père avait emprunté la vieille Citroën des Bergman, qui habitaient deux maisons plus bas dans Idrottsgatan. C’était une bagnole toute rouillée et en mauvais état. Il n’y avait que vingt-cinq kilomètres jusqu’à la ville mais nous sommes tombés en panne deux fois parce que de l’eau du radiateur s’était mise à bouillir.
- On aurait dû prendre les vélos, a fait remarquer Edmund.
- on ira les chercher plus tard, a répliqué son père, agacé. Vous comprenez bien qu’il y a des choses plus importantes en ce moment.
- Les voitures française ne sont pas faites pour l’été suédois, a commenté mon père lorsqu’il s’est brulé au couvercle du radiateur.
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Le commissaire principal lui-même rentra auprès de sa Déborah pour lui déclarer son amour et lui faire part de sa décision de s'orienter vers un autre secteur professionnel dès que le temps le lui permettrait. Gardien de phare, moine, enfin tout sauf flic.
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Les morts sont morts, songea Van Veeteren. Mais les coupables continuent de vivre et gardent encore une valeur médiatique. Il y a un temps pour tout.
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Le monde, avec tout ce qu'il avait de bien et de mal, était infiniment plus grand que ce que nous étions capables d'exprimer.
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La vie c'est comme l'été. A peine a-t-il commencé que c'est déjà l'automne.
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Une joie partagée est une demi-peine.
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Perdre son téléphone ! Quel crétin ! Vivre sans, par les temps qui couraient, c’était comme d’être propulsé à l’âge de pierre, un vrai dinosaure. Condamné à l’extinction.
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C’est à sa brièveté que l’on reconnaît le maître.
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