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Critiques de Howard Fast (124)
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La dernière frontière



Il en a toujours été ainsi. Lorsqu’un peuple est en détresse, lorsqu’il ne peut plus assurer sa sécurité, son mode de vie, ses croyances, lorsqu’il souffre de privations constantes, il émigre vers des terres plus accueillantes, plus bienveillantes.



Les Indiens d’Amérique, eux, vivaient sur des terres fertiles, en harmonie étroite avec la nature qu’ils remerciaient chaque jour pour ses bienfaits, défendant âprement leurs terrains de chasse. Une vie rude sur une terre sacrée dont ils se croyaient propriétaires. Au fil des siècles, d’autres peuples trouvèrent ces terres à leur goût et s’y installèrent. Lorsque les Européens arrivèrent de plus en plus nombreux en Amérique, la tendance s’inversa. Au nom de la liberté probablement, ils chassèrent ce peuple fier et sauvage. Davantage même, ils l’exterminèrent.



Dans l’épisode de cette Dernière Frontière, il est question de logique implacable pour les Indiens et d’entêtement implacable pour les militaires.



En juillet 1877, les Cheyennes du Nord (Montana) doivent quitter leurs villages de toile, leurs vallées et forêts giboyeuses, leur vie tranquille au bord de la Powder River, poussés par des décisions gouvernementales absurdes. Bien sûr, il est nécessaire de faire place au progrès, d’installer des lignes télégraphiques, des voies de chemin de fer et d’exploiter un sous-sol riche en minerais. Bien sûr, il faut faire le commerce des peaux et apprendre à vivre à ces sauvages. Les Cheyennes sont déportés à 1 600 km de chez eux, en Oklahoma appelé en ce temps-là Territoire Indien, terre désertique, inhospitalière, impropre à nourrir tant de bouches. Oh ! oui, ils reçoivent de l’aide humanitaire : des couvertures infestées de virus, de la viande avariée, des denrées totalement insuffisantes. Très vite, famine et épidémies déciment leurs rangs.



Un an plus tard, trois guerriers s’enfuient de la réserve où ils sont parqués pour rejoindre leurs Black Hills sacrées. Crime de lèse-majesté. Les menaces pleuvent, les demandes de retour sont ignorées et, début septembre 1878, les chefs, Little Wolf et Dull Knife, quittent en silence la misère quotidienne, accompagnés de 300 hommes, femmes et enfants et de leurs maigres ressources. L’alerte est donnée avec retard et imprécision. Cette évasion va déclencher une poursuite impitoyable et totalement disproportionnée.



Affamés, manquant de tout, les Cheyennes suivent leur voie vers le Nord. Un régiment est envoyé à leurs trousses, sans succès. Au fil des semaines, les troupes se succèdent, plus nombreuses, mieux armées. Les deux camps comptent des morts lors de chaque escarmouche. Little Wolf est un stratège hors pair. Il déjoue les plans des militaires, vole de la nourriture et des armes à des chasseurs de bisons, entraîne son peuple dans ce voyage connu dans l’histoire comme La Longue Marche des Cheyennes. Les chevaux meurent, les gens aussi, tous sont épuisés, les obstacles se multiplient mais les Dog Soldiers indiens résistent. Plus que de se battre, ils cherchent à échapper à leurs poursuivants.



Pour se donner plus de chance d’atteindre le Montana, le groupe se sépare dans le Nebraska. Dull Knife, parti avec les plus faibles, est rejoint par l’armée et enfermé dans des baraquements sordides à Fort Robinson. Ils sont une centaine, en très mauvais état. Ils ont parcouru 1 300 km. Début janvier 1879, Washington exige leur retour en Oklahoma. Une révolte désespérée s’ensuit, quelques dizaines d’Indiens réussissent à s’enfuir. Beaucoup meurent. La folie des soldats est démesurée. « La crise de violence se calmait, lavée, épuisée, expiée par tant de sang, laissant les troupes de Fort Robinson glacées, éreintées, malades » (p. 279).



De son côté, Little Wolf et les siens finissent par arriver dans le Montana.



La Dernière Frontière est le requiem d’une race condamnée par la bêtise des hommes, l’histoire du courage et de l’honneur de 300 Indiens (dont moins de 100 guerriers) qui n’ont plus rien à perdre, contre la cavalerie des Etats-Unis déployant jusqu’à 9 000 hommes secondés par 3 000 miliciens !



L’auteur, Howard Fast, a écrit ce livre en 1941. Il a retrouvé des familles de survivants. Il ne se contente pas de dénoncer les faits, il donne les motivations des Blancs, civils et militaires, dont certains reconnaissent les travers de la bureaucratie, l’obstination de William Tecumseh Sherman, général en chef des armées, à poursuivre quelques centaines d’Indiens qui veulent simplement rentrer chez eux, les départements multiples qui gèrent les « affaires indiennes », leur concurrence et leurs désaccords, les décisions nécessaires avant de recevoir les ordres de Washington, etc.



Le livre de Howard Fast a été partiellement utilisé pour le film de John Ford, Les Cheyennes, réalisé en 1964, notamment la reddition de Dull Knife et la révolte de Fort Robinson. Je viens de le re-visionner, Fast n’est cependant pas crédité au générique, ce qui n’enlève rien à cette histoire incroyable et palpitante qui rend hommage aux Amérindiens.



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Au seuil du futur

Au Sénat de Mars, Caton le Martien pointait une... tentacule, vers le globe terrestre. Il prônait la destruction de la Terre, depuis qu'elle avait expérimenté la Bombe atomique... Et commencé le voyage vers la lune et au delà, depuis... 2001, l'odyssée de l'espace pour cette race belliqueuse!



-"Nous ne savions pas ce qu'était le meurtre, la destruction ! Nous refusions de croire que toute une race d'êtres intelligents put consacrer sa vie è la violence..."



Mars a envoyé des ambassadeurs : 'L'homme tombé du ciel" à "Martiens, go home"... Pur échec, la Terre a continué sa course folle vers Mars...



-La Terre, par ses découvertes scientfiques, a sauvé bien des vies martiennes et ...

"Nous disposons des trésors littéraires de la Terre":

"Le cycle de Mars", " La trilogie martienne", "Et la pluie tomba sur Mars" jusqu'aux "Chroniques martiennes", une fable poétique...

Il ne manquait plus que ..."La guerre des mondes" et "Mars attacks"? Pensait Mr Erdig qui refusait la diatribe de Caton...



Les terriens avaient découvert le secret de la Bombe, après le crash d'une soucoupe volante, sur la Zone 51 ? Non ! Regardez ce stylo svp, FLASH !

Effacez ceci, les Martiens n'existent pas ! M'intiment des "Men in Black"...



La planète Mars est maintenant inhabitable, et l'Homme est en train de la coloniser, depuis "Seul sur Mars" et... La première sonde spatiale à se mettre en orbite autour de Mars a été la sonde soviétique Mars 2 en 1971.



"Y a-t-il de la vie sur Mars ?

Is there life on Mars?" Chante David Bowie, le Héros dans "L'homme tombé du ciel".



Scénariste, auteur de "Spartacus "( d'où est tiré film avec Kirk Douglas), et de romans policiers, "Au seuil du futur" est l'un des rares livres de SF d'Howard Fast...
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La dernière frontière

Ce sinistre récit que nous conte Howard Fast après avoir consulté moult documents et être allé sur place, se déroule en 1878. Les Cheyennes ont été forcé de quitter leurs Grandes Plaines et sont parqués dans un territoire aride, sans gibier à chasser ; ils reçoivent trop peu de nourriture et, pour se vêtir n'ont que ce qu'ils avaient en arrivant. Les Blancs, en général, les considère comme des sauvages. Les Cheyennes n'ont qu'un seul désir, retourner chez eux dans le Nord. Toute la tribu composée de trois cents âmes prend la route qui les ramènera chez eux. Ce seront douze mille soldats qui se lanceront à leur poursuite, je cite :

“ Dans leur marche vers le nord, ils suivirent une piste en méandres et en dents de scie, indécelable. Douze mille hommes, près d'une division entière de soldats des États-Unis, vétérans endurcis des vieux régiments qui avaient combattu les Indiens, essayaient de capturer ces trois cents Cheyennes. Et, sur les trois cents, il n'y avait que quatre-vingts hommes environ, dont la moitié seulement étaient des guerriers dans la force de l'âge.” Page 209 édition Totem de Gallmeister 2014.

Dans sa postface, Howard Fast mentionne le fait que son récit est basé sur une histoire vraie et retranscrit quelques articles de quotidiens de l'époque.



The New York Times : Howard Fast plonge au cœur de cet épisode essentiel de l'Histoire et en rapporte un grand roman américain. Un drame raconté avec passion, une écriture parfaitement contrôlée.



Cette lecture interpelle et quand on suit l'actualité, les populations en fuite, force est de constater que l'histoire est un éternel recommencement.

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Les Bâtisseurs

Surprise par cet ouvrage signé Howard Fast, différent de ses romans noirs, et un peu éloigné de son intérêt pour les combats sociaux qui a jalonné son oeuvre. Les Bâtisseurs, The Immigrants (1977),est une grande fresque sur une destinée américaine, celle de Dan Livette, fils d'un marin français et d'une Italienne partis tenter leur chance dans le ventre d'un bateau, au début du siècle.

Il était une fois à San Francisco, avant et après le séisme de 1906 au cours duquel le destin du jeune Dan prend une tournure nouvelle. Un homme seul, né dans la misère, ambitieux, curieux, intelligent, fait fortune comme armateur, épouse une femme issue de la bourgeoisie, mais s'éprend de la fille de son comptable chinois.

Les Bâtisseurs est certes une saga , mais Fast place aussi la ville de San Francisco au coeur de l'ouvrage, « La ville sur la baie » .est omniprésente, elle qui a su renaître de ses cendres, se moderniser, se développer grâce à l'afflux d'une main-d'oeuvre venue d'Europe et d'Asie.



Livette est un self made man comme les Américains les aiment, mais sous la plume de Fast, le Bâtisseur n'est pas qu'un individu avide de réussite qui contribue à la petite histoire de la ville sans en avoir vraiment conscience. le roman dresse le portrait d'un homme épris non pas du désir de posséder mais de réussir et de créer, indifférent aux préjugés de race à une époque où le racisme envers la communauté asiatique est très présent, mais soucieux de se faire une place au sein de la "bonne société", amoureux d'une femme mais incapable de quitter celle qui l'indiffère. En voyant s'abattre sur sa vie, sa famille, son pays, le Jeudi Noir, Livette poursuit sa route, comme ses parents avant lui. Ce sont toutes ces nuances qui font l'intérêt des Bâtisseurs, et l'humanisme de Fast qui n'est jamais bien loin.

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Sylvia

Ah Sylvia, Sylvia, Sylvia ! Une femme à part, une femme comme il y en a peu !

Femme mystérieuse, qui ment. Sur son passé, d’abord. Sur ses sentiments, ensuite.

C’est cela que le milliardaire Summers voudrait découvrir. C’est pour cela qu’il engage un détective privé, Macklin, pour déterrer son passé obscur.

Ce brave Macklin s’en va-t-en-guerre ... de Los Angeles à El Paso, en passant par Pittsburgh et en arrivant à New-York, Macklin l’ancien pauvre, le solitaire, le déprimé découvre Sylvia, la jeune, l’obscure, la pauvre, la martyrisée.

Sans l’avoir vue, il dessine peu à peu son portrait d’après les gens qui l’ont rencontrée, qui l’ont aimée. Un portrait en creux.

Et peu à peu, l’amour l’envahit, comme s’il se reconnaissait en elle.

Comment la confrontation entre ces deux écorchés à l’enfance misérable et au parcours sinueux se produira-t-elle ? L’amour sera-t-il réciproque ?



Ce roman des années 50 m’a d’abord plu par son ambiance désuète. La mentalité américaine de ces années-là est bien présente : hypocrisie vis-à-vis des prostituées, maintien des femmes dans la sphère intime sous le joug masculin, mise au rebut des « vieilles filles » d’une trentaine d’années...

Et puis les domaines abordés sont très intéressants : la littérature en premier lieu, puisque l’enquête de Macklin démarre à partir d’un recueil de poèmes de Sylvia qu’il ira chercher dans sa librairie préférée et qu’il analysera auprès d’un prof d’unif, avant de se rendre dans les bibliothèques, puis les milieux interlopes où sévissent toutes sortes de gens soi-disant bien intentionnés, et aussi les bas-fonds, carrément... Intellectuels didactiques et/ou passionnés, petites frappes, hauts-gradés du grand banditisme, curé proche de la sainteté, snobs riches à milliards, hommes peu scrupuleux, femmes exploitées, nous naviguons dans cette marée humaine à la suite de Macklin qui n’a pourtant pas une idée très haute de son métier.



Ce Macklin, parlons-en. C’est lui en fait qui m’a irritée plus d’une fois par sa manière de penser, de prendre sa vie en main. Peu combatif, fataliste, assez geignard en somme, il ne cesse de se plaindre sur la pauvreté, sur son enfance, sur son métier peu reluisant, sur sa solitude.

Il n’y a que sa manière de parler aux femmes et d’agir envers elles qui me plait vraiment. Car lui, c’est un pur, un respectueux.



Pour toutes ces raisons bonnes et moins bonnes, j’en conviens puisque chacun aborde ce roman avec son propre caractère et sa façon personnelle de voir la vie, je vous conseille de faire un petit tour du côté de chez Sylvia, pour autant que vous arriviez à la croiser. Macklin, lui, y est parvenu.

Assez bien, ma foi.

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La dernière frontière

C'est une histoire, celle d'une tribu d'indiens qui décide de quitter leur réserve, située sur des terres arides et contrainte à la famine par les autorités américaines, pour rejoindre les verts et giboyeux pâturages de leur ancien territoire. Evidemment, la cavalerie se lance à leurs trousses avec toute l'imbécilité et la sauvagerie que l'on peut imaginer.

C'est aussi un auteur, Howard Fast, né à New-York dans une famille ukrainienne ayant fui les pogroms. Engagé en politique, communiste, il est emprisonné trois mois pour ses opinions et banni par les éditeurs. Il laisse derrière lui 60 romans principalement policiers et des scénarios comme celui de "Spartacus" de Stanley Kubrik.

C'est une fois de plus une grande leçon sur l'horreur de l'humanité, dans ce qu'elle a de plus petite, sordide, mesquine, ignare. Est-ce que ce roman est bien ? Je dirai qu'il est indispensable, utile, instructif. Il démontre ce que le cocktail de la peur et de l'ignorance a de plus toxique dans une société dite "évoluée". Ce n'est pas simplement une histoire d'indiens et de cow-boys, un simple western à la John Ford, c'est le récit d'une minorité que l'on veut étouffer car elle gène le développement économique d'une nation carnassière, sous le prétexte imbécile qu'elle est différente. Cette histoire d'Howard Fast est vraie et elle est intemporelle car elle récurrente.

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La dernière frontière

En 1941, alors que de nombreux peuples chassés de chez eux et jetés sur les routes entamaient un long et pénible exode paraissait La dernière frontière. Preuve que l’Histoire est un éternel recommencement et que les Hommes peinent à apprendre de leurs erreurs. Ce dont nous parle Howard FAST dans ce livre, c’est de l’ultime soubresaut d’un peuple qu’on assassine lentement. Après la guerre des Blacks Hills (1876-1877) les Sioux se sont dirigés vers le Canada tandis que les Cheyennes se sont rendus et ont été parqués comme du bétail en Oklahoma. Une terre aride, complètement inadaptée au mode de vie de cette tribu et où ils meurent à petit feu, de faim, de désœuvrement et du désespoir engendré par tant d’injustice et d’incompréhension. Sentant la mort venir et voulant rester dignes et fiers ce sont 300 âmes : hommes, femmes, enfants et vieillards qui vont se lancer dans une quête à l’issue plus qu’incertaine. Ils vont traverser une partie des États-Unis pour retrouver la terre de leurs ancêtres, celle qui les a vu naître et qui pourvoyait à tous leurs besoins.

Évidemment l’armée n’étant en rien sensible aux arguments des chefs Cheyennes elle va lancer à leur poursuite une garnison, puis deux, puis trois… Car un kilomètre après l’autre les Cheyennes affamés, épuisés, et peu armés vont mettre à mal l’armée américaine pourtant bien nourrie, bien vêtue et lourdement armée. Devant tant de détermination et de grandeur un noble adversaire aurait reconnu la valeur de ses opposants, pourtant, même si quelques hommes se questionneront, aucun, quelque soit son rôle dans la hiérarchie n’aura assez d’humanité pour voir ce peuple autrement que comme des sauvages. Un comble car plus je lisais et plus ces hommes vêtus de peaux de bêtes me paraissaient civilisés alors que les tuniques bleus ressemblaient à des brutes épaisses. Jusqu’au bout, ce peuple aux abois fera preuve d’une détermination, d’un courage, d’une noblesse et d’une grandeur d’âme que leurs poursuivants n’égaleront jamais. Jusqu’au dénouement cette histoire m’a vraiment étonné et attristé.



Mais attention, loin de nous livrer une vison romancée et idéalisée de « l’indien » Howard FAST a avant tout cherché la vérité. Il a mené de longues et laborieuses recherches afin de nous retranscrire le plus fidèlement possible le récit de cette cavalcade qui n’était au départ qu’un fait divers. Livres d’Histoire, télégraphes, articles de journaux il a tout épluché, croisé les données pour démêler le vrai du faux, allant même jusqu’à rencontrer les derniers Cheyennes témoins de cette épopée et remuant ciel et terre pour trouver un interprète.



Parce que, si de nos jours les États-Unis se veulent le pays de la liberté (statue à l’appui et capt’aine América en renfort) il est important de ne pas oublier que cette liberté a été refusée aux natifs . Pire encore, les colons ont chassé et dépossédé les natifs de leurs terres en les dupant par des traités signés par des hommes blancs sans honneur ni parole. Tous ces peuples ont été exterminés consciencieusement et avec eux des trésors de culture, de croyances, de langages, d’artisanat… ont disparu. Une perte incommensurable et irrémédiable.



Alors même si ce livre a quelques longueurs, si on a finalement peu d’informations sur ce que fut la vie des indiens tout au long de cette traque, il est d’un intérêt historique indéniable et se lit comme un roman d’aventure.
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La dernière frontière

1878 : la guerre de Sécession est terminée, les guerres indiennes également. Les jeunes États-Unis peuvent-ils enfin aspirer à la paix ? Rien n’est moins sûr puisque les Cheyennes parqués dans l’aride Territoire indien ne veulent que partir vers le nord pour retrouver les Black Hills, les terres sacrées de leurs ancêtres. Plutôt mourir que rester soumis à l’homme blanc et à ses lois iniques ! « Bien sûr, leur idée de la liberté n’est pas la même que la nôtre. » (p. 300) Au début, ils ne sont que trois à tenter leur chance. Mais le gouvernement américain a interdit aux Cheyennes de quitter le Territoire indien : la chasse à l’homme commence. « Ils mourront vaillamment. […] On dirait que c’est tout ce qu’ils savent faire ces Indiens, mourir. » (p. 108) Menés par Dull Knife et Little Wolf, c’est ensuite la tribu entière qui s’ébranle vers le nord.



Avec l’énergie du désespoir, ces maigres centaines d’Indiens faméliques entreprennent une fuite qui met en déroute la fière armée américaine. Pendant des jours et des jours, les soldats et les milices civiles traquent en vain des Indiens affamés et à bout de force. « Ces hommes décharnés sur leurs maigres poneys semblaient les fantômes mêmes de leurs morts. » (p. 24) Les affrontements éclatent sporadiquement. Chaque bord s’entête : les Indiens invoquent le droit du sol et les Américains citent la constitution. Hélas, les premiers ne sont pas en mesure de tenir tête aux seconds. « Ils commettaient une faute impardonnable : ils considéraient que le sol sur lequel ils avaient toujours vécu était le leur ; et leur croyance était assez forte pour qu’ils se battent et meurent pour elle. » (p. 13) Dans leur marche funèbre vers Wyoming, les Cheyennes déclenchent des terreurs chez les hommes blancs. Désormais, il n’y a plus d’issue, il ne faut pas les laisser s’échapper !



Cet épisode de l’histoire amérindienne est profondément révoltant : au nom d’une loi bornée, une majorité d’hommes refuse à une minorité la seule chose qui lui permettrait de vivre en paix. Aux yeux du Blanc, le conflit vaut mieux que la transgression d’une règle, transgression dont la conséquence serait pourtant bénéfique aux deux bords.



Il y a beaucoup de discours dans ce texte. La question indienne est débattue dans tous les sens, par tout le monde. Journalistes, religieux, civils, militaires, politiques, il n’est pas un Américain qui ne croit mieux comprendre le sujet que son voisin. Le récit est toujours mené du point de la vue de l’homme blanc, l’Indien n’étant déjà plus qu’un élément du décor, un protagoniste obligatoire, mais inopportun. Triste Histoire…

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La dernière frontière

Sherman rédigea l’acte de nomination du général George Crook, lui donna les pleins pouvoirs dans les Plaines et lui ordonna d’abattre les Cheyennes comme on tire les loups qui maraudent.



Oui, les tirer comme des loups, comme des bêtes car pour eux, ce n’était même pas des humains…



Les États-Unis ne sortiront pas auréolé de gloire, avec ce roman d’Howard Fast qui raconte la longue marche que firent les Cheyennes depuis les rudes terres de l’Oklahoma où on les parquait, à celles qui furent les leurs, dans les Black Hills.



Imaginez 300 Cheyennes, dont à peine 80 hommes, dont la moitié seulement de ces guerriers est dans la fleur de l’âge, tout le reste étant des femmes, des enfants et des vieillards, marchant durant plus de 1.500 kilomètres avec 12.000 soldats à leur cul qui leur ont tendu des souricières où pas une souris n’aurait pu passer, pratiquant même ensuite la stratégie de la tenaille, bien connue de la 7ème Compagnie.



Et vous savez quoi ? Les Cheyennes sont passés, les Cheyennes ont marché, on les a rattrapé, combattu, on les a pourchassé, mais jamais on ne les a capturé, sauf ceux qui se rendirent afin de permettre aux autres d’échapper à tous ces hommes en bleus lancés à leur trousse comme s’ils avaient commis un crime atroce.



Leur seul crime était de vouloir rentrer chez eux pour ne pas mourir de faim en Oklahoma, ils voulaient juste rentrer chez eux. Pacifiquement. Rien de plus…



Honteux, horrible, à vomir, voilà ce qu’on aurait envie de hurler à la face de l’Amérique pour ce qu’elle fit endurer à ces pauvres Indiens, dépossédés de leurs Terres ancestrales – dont on leur avait pourtant garanti qu’ils les garderaient – parqués pire que du bétail sur une terre aride, crevant de faim, de soif, de maladie, n’ayant plus de bisons à chasser et qui ne demandaient qu’une chose : rentrer dans les Black Hills.



Ben non, pouvaient pas, les Indiens, pas de libre circulation de ces minorités, dans ce grand pays qu’est l’Amérique. Trois sont déjà foutu le camp et en représailles, on en demande 10 pour enfermer dans le trou à rat qu’est la prison de Dry Tortuga…



Ce livre, c’est une baffe donnée à la face des États-Unis, c’est un plaidoyer envers le courage qu’eurent ces hommes et ces femmes de partir sur un périple impossible, alors qu’ils étaient déjà à bout de force, juché sur des poneys maigres et fatigués.



Ce livre, c’est aussi une baffe jetée à l’Homme Blanc qui a peur de ce qu’il ne connaît pas, qui raconte des tas de mensonges sur les autres, inventant au fur et à mesure pour ajouter de l’huile sur le feu et faire le jeu de la propagande. C’est une ode à la tolérance, à l’humanisme, au fait qu’il faut traiter les autres comme des Êtres Humains et pas comme du bétail.



Ici, c’est l’Homme Rouge qui en sort grandi car il est resté pacifique, ne voulant pas recommencer une guerre, tandis que l’Homme Blanc se comportera comme il le fait encore et toujours, alliant la bêtise à la brutalité, la violence avec l’entêtement.



Pourtant, lorsqu’on écoute le Blanc, ce sont les Indiens qui sont des sauvages, des êtres ne possédant pas plus d’esprit qu’un enfant. On devait manquer de miroir à l’époque…



Le récit d’Howard Fast est magnifique, prenant, bourré de bêtise humaine, de stratégie indienne, de volonté de paix alors qu’en face, on ne sait parler que de guerre et de conflits.



Les coulisses du pouvoir sont abjectes parce que réalistes, on suit tout cela impuissant, alors qu’on a envie de hurler toute sa rage devant autant de décisions absurdes (afin de justifier sans doute qu’on en a une grosse) car dura lex sed lex, sauf pour eux, politiciens.



Un roman dont on sort bouleversé, ému, la partie se déroulant à Fort Robinson étant à la limite de l’insoutenable, tant l’entêtement bête d’un officier va amener ce peuple fier et libre à devoir vivre des jours en enfer.



Un roman magnifique, un roman fort, un roman à lire et un formidable travail de l’auteur afin de récupérer des témoignages alors qu’il y avait la barrière de la langue, le Cheyenne étant une langue très riche mais très difficile à apprendre.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un homme brisé

On est bien chez Rivages noir et pourtant, on est assez éloigné du polar ou du roman noir dans Un homme brisé de Howard Fast, traduit par Monique Lebailly. Dans une énième approche introspective sur la guerre et ses conséquences, Fast choisit un angle original en s’intéressant à une victime de l’avant et de l’après.



Jeune et insouciant ingénieur, Scott Waring jouit pleinement de sa passion pour Martha qu’il vient d’épouser, et qu’il emmène en ce printemps 1939 en voyage en Europe. À Berlin, alors que le nazisme gronde déjà depuis plusieurs années, ils assistent « en touristes » au discours d’Hitler au Reichstag. Un oubli, une pensée, un geste malheureux, et le couple est arrêté par la Gestapo, interrogé et torturé. Scott s’en sortira…



Bien que ne participant pas à la suite de la guerre, Scott est définitivement marqué par cette vie toute tracée qui a soudainement basculé dans l’horreur. Des années plus tard, son incompréhension persistante, ses nombreuses séquelles psychologiques, son sentiment de culpabilité puis sa rencontre avec Janet, rescapée des camps de la mort, vont le pousser dans une analyse de ce qu’il a vécu comme de ce qu’il n’a pas vécu, seule issue pour avancer.



Si l’écriture froide et distanciée de Fast n’aide pas à entrer en empathie avec Scott et ses démons, Un homme brisé apporte un regard intéressant sur la culpabilité de « ceux qui en sont revenus », voire de ceux qui y ont échappé. Le retour en forme d’errance de Scott en Allemagne dans les années 50 sur les traces de la guerre et de la Shoah, sa volonté naïve de prendre sa part à la souffrance juive ou sa tendre relation avec Bertha, tenancière collaborationniste de bordel bavarois sont autant de passages touchants à défaut d’être totalement cohérents. Une lecture inégale donc, avec heureusement quelques fulgurances qui sauvent l’ensemble.
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Sylvia

« - Est-ce si difficile de s'en apercevoir, Mack ? Vous êtes amoureux, mais pas d'une manière saine, comme pour la plupart des gens. Non, chez vous c'est une maladie de l'âme.

- Et qui est-ce que j'aime, Irma ?

- Sylvia, me répondit-elle. Et je m'en suis aperçu, la première fois que vous avez prononcé son nom. »



Sylvia, c'était avant Natasha. Que de prénoms en A ! Décidément...



Mes lectures ont des points communs, plus que je le pensais. Étrange coïncidence encore une fois. Et dire que je crois toujours choisir au hasard les livres, les dévorer les uns derrière les autres sans logique précise. Je ris toute seule, bien bête de croire que tout est fortuit.



Sylvia, il faut apprendre à la connaître. Encore une femme qui ne se laisse pas découvrir facilement. Mais quand on est un détective privé, amateur d'histoire et d'histoires, on voyage dans tous les états, d'âme et d'Amérique, jusqu'à la rencontre. Autour d'une rose, autour d'une épine. On ne crie pas, même quand ça fait mal parce qu'on est résigné.



« Une cigarette aux lèvres, je contemplais la scintillation des lumières dans la coupe sombre de Los Angeles, au-dessous de moi. Physiquement fatigué, moralement épuisé, à peine la tête sur l'oreiller, je me suis rendormi. »



Youhouuuu ! Faut se réveiller. Je te rappelle que tu dois rendre ton rapport sur Sylvia à ton commanditaire dans peu de temps. Allez le poète, on se lève et on arrête de se faire tout petit.



« ''Vous deviez avoir vraiment besoin d'argent, Mack.'' Je me suis tu. Qu'aurais-je pu dire ? Car ce qui tient lieu d'âme à Alan Macklin était maintenant mis à nu. »



Je sais qu'il est parfois difficile de se sentir bien quand toute sa vie (enfin son début de vie, t'es pas si vieux mon pote) on a ramé pour avoir un dollar en poche, quand on a eu faim et fouillé dans les poubelles. Mais faut regarder devant toi et avancer. Arrête de t'apitoyer sur toi. T'es une crapule ? Tu le penses ? Oui ? Non... t'hésites un peu. Allez, loue une bagnole et prends le large.



C'est comme ça qu'Alan Macklin à naviguer d'El Paso à New York, de Santa Barbara à Pittsburg, et qu'il a rencontré Irma (mince encore un A) ou encore ce vieux prêtre (lui pour le coup, il l'était ...vieux) et quantité de gens, souvent peu reluisants, mais parfois aussi surprenants.



Pose ton livre, Mack. Lis ce poème et dis moi ce que tu en penses ? Exact, c'est Sylvia qui l'a écrit. Ah ! Je vois que Monsieur commence à trouver la chose intéressante...



Moi aussi. J'ai trouvé ce roman fort intéressant. De bout en bout je me suis demandée si t'allais le faire... oui, ton rapport. Bon je file, je ne te dis pas la fin, tu la découvriras bien assez tôt. Si c'est une fin heureuse ? Ben c'est toi le détective. Fais ton boulot et tu sauras qui est Sylvia. Bonne route !



« Nous cherchons tous le sens caché des choses et comment pourrait-on y parvenir sans avoir recours à son imagination, à ses rêves et à de folles hypothèses ? »
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La dernière frontière

Howard Fast nous raconte, de façon percutante, la mort annoncée des Cheyennes, ce premier peuple qui vivent en harmonie sur leurs terres. Mais forcées de les quitter, ils se retrouvent sur une terre aride, dépourvue de ressources... Ils auront tout perdu. Tout. Une histoire basée sur le réel, sur la vraie vie, et c'est ce qui donne le plus froid dans le dos. C'est bien documenté, c'est bien relaté... Un constat qui marque, dur à lire, mais nécessaire. Encore une fois, un Gallmeister qui va droit au but : celui de faire prendre conscience et qui touche.
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La dernière frontière

En 1865, un traité garantissait aux Indiens Sioux, Cheyennes et Arapahoes de pouvoir vivre tranquilles dans le bassin de la Powder River de la Little Missouri River jusqu'aux Black Hills. Le chemin de fer se construisait et cette région fut envahie par les éleveurs et les fermiers aidés par le gouvernement qui fit construire des forts pour les défendre.



Devenus gênants, ils furent parqués dans un endroit lugubre et ingrat à 1600 kilomètres au sud de chez eux et nommé Territoire indien. Ils y seront affamés, souffriront du froid , ne possédant que des couvertures en loques.

Alors trois cents Cheyennes décident de repartir à pied vers le nord pour retrouver leur territoire, poursuivis par l'armée américaine.



Une histoire incroyable, époustouflante, terrible et si bien racontée par Howard Fast. Voilà un livre qui fait partie de ceux que je garde précieusement. A lire absolument.
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Sylvia

Attention chef-d’œuvre!



Un riche millionnaire doit bientôt épouser une femme beaucoup plus jeune que lui: Sylvia. Mais peu de temps avant le mariage il s'aperçoit qu'elle lui a menti sur beaucoup de choses et il ne sait plus si elle l'aime vraiment ou si elle en veut à son argent. Il embauche donc un détective pour enquêter et découvrir qui elle est vraiment.



Pour ne pas soumettre le détective à la tentation et comme il n'est pas très romantique d’enquêter sur sa promise, le privé a interdiction de rencontrer la belle. Cela ne lui facilite pas la tâche, d'autant que Sylvia a de bonnes raisons de cacher qui elle est en réalité.



Un très grand classique du roman policier qui mêle habilement suspense et romance.
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La dernière frontière

1878, les Cheyennes sont parqués sur un territoire aride de l’Oklahoma. Ils ne sont plus très nombreux à défendre leurs terres et leurs croyances. On les a forcé à quitter des terres fertiles, giboyeuses, avec de l’herbe à hauteur de chevaux, pour un lieu inhospitalier, aride, où rien ne pousse. Ils veulent juste rentrer chez eux…



La dernière frontière de Howard Fast est un roman juste révoltant. On a tous connaissance d’une histoire, d’un film, d’un documentaire relatant les faits terribles qu’ont commis les nouveaux arrivants sur les terres américaines pour les vider de leurs premiers hommes… Dans ce roman, tout prend vie… Et c’est douloureux.



L’histoire commence dans une réserve indienne en Oklahoma. Au-delà des conditions naturelles difficiles, les indiens ne sont pas considérés comme des hommes à part entière. On les soumet, on les humilie, on les affame.



Quand 3 d’entre eux quittent la réserve pour retourner dans le Wyoming, l’armée veut punir ceux qui restent et les empêcher de les suivre si l’envie leur prend. Mais les 300 Cheyennes ne comptent pas se faire dicter leur vie et encore moins accepter en silence l’extermination de leur peuple… Il s’échappent à leur tour, et partent pour le Nord, sur les terres qui les ont vu naître.



Toutes les forces armées des États Unis dans la région des Plaines se consacrent au seul but d’anéantir les 300 habitants d’un village indien dont le seul crime est d’avoir voulu vivre en paix dans son propre pays. Les soldats se lancent à leur poursuite et ils n’auront aucune pitié…



La dernière frontière est un roman à l’écriture fine, rythmée, qui croise les regards des différents impliqués. C’est l’histoire terrible d’un pays qui se construit sur la haine, la guerre, la mort. Ces Blancs ne comprennent pas que les Indiens ont un même idéal de liberté et d’indépendance qu’eux. Ils les croient juste primitifs, sans âmes, sans racines. Ce roman est un cri, celui d’un peuple qui se meurt, non sans courage et fierté. Celui d’un peuple qui refuse d’être chassé comme un gibier et qui veut choisir la terre qui les verra plier le genoux et mourir…
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La dernière frontière

La conquête de l'Amérique est terminée, les Blancs occupent tout le territoire, les Indiens ont perdu. Les perdants sont parqués sur un territoire où ils n'ont aucun choix et aucun moyen de vivre, dépendants totalement de ce que leur octroie le responsable du camp. Rien ne convient aux Indiens, ni le climat , ni le mode de vie, ils s'éteignent à petit feu. Leur chef décide avec l'appui de son groupe de retourner sur leurs terres.



De là commence un long et difficile voyage pour ces hommes, ces femmes, ces enfants, poursuivis par l'armée.



Tout au long des pages on découvre le mépris des Blancs, leur assurance d'être meilleurs que ces "sauvages", leur abyssale stupidité alors qu'en parallèle les Indiens se révèlent des êtres emprunts d'une force, d'une volonté indestructible, d'un sens de l'honneur infaillible le tout accompagnant une philosophie de vie qui échappe totalement aux Blancs. L'incompréhension entre les deux groupe est totale.



Une très belle lecture que ce roman!
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La dernière frontière

Envoûtant roman où le héros est un peuple, un village cheyenne qui voulait juste retourner sur ses terres natales. Une histoire vraie. Lorsque commence le récit, en 1878, les guerres indiennes sont terminées. le peuple cheyenne a été déplacé des Black Hills du Wyoming vers l'inhospitalier Oklahoma. Réduit à la subsistance le village décide de rejoindre les terres ancestrales à la barbe des autorités.

Comment trois cents va-nu-pieds vont-ils réussir à affoler plus de 12 000 hommes lancés à leur poursuite, plusieurs régiments et même une milice surexcitée ? le récit ne se focalise pas sur des destinées individuelles. Il prend l'ampleur d'un récit imaginaire quasi fantastique. Les Indiens sont des fantômes qui s'évanouissent sans faire de bruit, les poursuivants semblent groggy, assommés par une poursuite sans fin. Les Cheyennes, rusés, pacifiques n'ont plus rien à perdre.  En perdant leurs terres ils se savent déjà morts. La fierté tranquille et la profonde humanité du chef indien, Little Wolf, figure tutélaire quasi invulnérable, transcende le récit. C'est un véritable jeu du chat et de la souris. Un récit empathique qui prend le parti des Indiens, rend compte aussi des doutes de certains soldats obéissant aux ordres de Washington, mais aussi des certitudes des miliciens attisés par les fausses rumeurs carburant à la haine et à la frustration..

Un encerclement où tous les moyens possibles sont utilisés, l'usage de canons, la lutte acharnée, la menace, l'affamement, l'enfermement. La disproportion pathétique face à un peuple déguenillé constitue un grave acte d'accusation envers les élites. C'est un plaidoyer nouveau pour la cause indienne.

Publié en 1941 le roman est solidement documenté et replace l'épisode dans une vision synthétique de la situation à l'opposé de celle prévalant dans les films d'époque. Ici la poursuite est l'ultime convulsion d'une épopée où Howard Fast adopte la hauteur de l'historien tel un aigle planant sur la Prairie.

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Sylvia

Los Angeles, 1958. Un privé, Alan Macklin (il se décrit de la façon suivante : « Taille : un mètre soixante-dix-huit ; cheveux bruns, yeux marron, je ne suis ni plus laid ni mieux qu’un autre.»), est engagé par un riche homme d’affaires pour creuser le passé de Sylvia West, la femme qu’il doit très prochainement épouser. Une condition cependant : Que Macklin ne rencontre pas Sylvia au cours de son enquête …



La trame de base de ce roman, initialement publié en 1960, semble assez classique. Voici pourtant un superbe récit, demeurant d'ailleurs particulièrement moderne, à la fois roman policier, roman social noir, histoire d’amour, et superbe portrait de femme. Pour les besoins de son enquête, Macklin va successivement interroger différentes personnes ayant croisé à un moment donné la route de Sylvia, permettant de retracer progressivement le tortueux parcours de cette jeune femme qui ne laisse personne indifférent, envoutante, presque irrésistible. Difficile de ne pas succomber à son charme, même en tant que lecteur…



Un récit brillant et captivant pour cette enquête qui nous donne à voir l’envers du décor de cette Amérique post- seconde guerre mondiale qui fait tant rêver certains d’entre nous. Formidable roman qui m’a beaucoup fait penser à la série des Lew Archer écrite par Ross Macdonald…

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La dernière frontière

"La dernière frontière" d'Howard Fast, ou l'extraordinaire et dramatique épopée d'une tribu de trois cents Cheyennes (composée de combattants certes, mais aussi de squaws, de vieillards, et d'enfants) ayant une seule idée en tête : retrouver leurs terres ancestrales des Black Hills, plutôt que de continuer à crever à petit feu sur ces territoires inhospitaliers d'Oklahoma où ils sont retenus.



Ces Cheyennes vont faire preuve d'une immense bravoure, d'opiniâtreté, de ruse parfois, pour tenter de réaliser leur projet. Ils vont devoir affronter les éléments, l'armée et les milices lancées à leurs trousses.



Voici une histoire véritablement poignante sur les amérindiens, la quête d'un peuple pour retrouver ses racines. Une forme de revendication identitaire d'une nation spoliée de ses terres. Certains passages en fin de récit sont particulièrement émouvants. On demeure sidéré par le courage de ces Cheyennes, à la fois valeureux, dignes, mais aussi paisibles. Ils ne recherchent en aucune façon la confrontation, ils veulent accomplir ce qu'ils pensent être juste. Il y a d'ailleurs une forme de fatalisme de leur part, répétant à plusieurs reprises aux autorités " nous ferons ce que nous avons à faire, et vous ferez ce que vous avez à faire".



Il s'agit du second roman que je lis en quelques mois de cet auteur, après "Sylvia", dans un genre fort différent... à ceci près que l'on ressort touché de ces deux lectures.
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Sylvia

Très bonne surprise que ce roman noir. Alan Macklin, détective privé qui a, précédemment, étudié l'histoire ancienne pour devenir professeur, doit découvrir quelle est l'histoire de Sylvia West. Il ne peut échanger ni même rencontrer Sylvia. Il dispose toutefois d'un recueil de poème qu'elle a écrit. S'en suit une quête pour retrouver sa trace, en passant par le Mexique. C'est également un voyage particulier pour Macklin qui en arrivera à faire des choix.

Contrairement à de nombreux romans noirs, Sylvia est roman sombre, qui scrute l'espèce humaine sans être glauque. Pas d'excès dans le vocabulaire, ni de vulgarité. J'ai vraiment eu une sensation de délicatesse à sa lecture. C'est à lire !
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