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Citations de Hubert Aquin (75)


Ton pays natal m'engendre révolutionnaire : sur ton étendue lyrique, je me couche et je vis. Au fond de ton ventre de nuit, je frappe en m'évanouissant de joie, et je trouve la terre meurtrie et chaude de notre invention nationale.
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En fait je réduirais encore le prix pour me couper avec un morceau de vitre : et j’en aurais fini avec la dépression révolutionnaire !
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Au fond de ton ventre de nuit, je frappe en m’évanouissant de joie, et je trouve la terre meurtrie et chaude de notre invention nationale. Mon amour, tu m’es sol natal que je prends à pleines mains, sol obscur fuyant que je féconde et où je me bats à mourir, inventeur orgueilleux d’une guérilla infinie.
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Ma seule force est d'avoir réussi à le rendre malheureux. Quel triomphe piteux!
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Je n'ai jamais connu homme plus sensible aux contraintes que Gide. Il a vécu son enfance et sa jeunesse dans un milieu protestant où la contention tient lieu de vertu. Et cette première expérience de l'hypocrisie vertueuse semble l'avoir meurtri à un tel point que, toute sa vie, il rechercha la sincérité comme un prisonnier peut désirer l'air pur. Cette sincérité, ce libre épanouissement du moi, il la chercha sur les sables du Sahara, dans les aventures du désir ; à l'art il demanda de le libérer, à la chair parfois, à l'amour... Son désir de sincérité rencontrait partout duplicité, mensonges, contraintes. Gide repartait sur d'autres routes pour retrouver la pureté... Et si Gide retrouva jamais cette sincérité, c'est dans l'art. Les contraintes en art lui furent légères : en art seulement la liberté de l'homme est inconditionnée, sa sincérité respectée. Qu'on l'appelle dérivatif ou consolation, l'art fut pour Gide l'expérience la plus complète de la sincérité et de la liberté ( « ... cette doctrine de l'art pour l'art, en dehors de quoi je ne sais point trouver raison de vivre »).
[...] Il faut déblayer l'oeuvre de Gide pour n'y voir qu'un appel de la sincérité, dira-t-on. D'autres ont pu résumer Gide à son immoralisme, à sa disponibilité, à son marivaudage spirituel ... ; moi, je retiens, du contact avec son oeuvre, ce drame central de la sincérité ; et parmi ses nombreuses soifs, celle qui m'a le plus frappé, le plus travaillé, c'est sa soif d'authenticité. Il écrit dans son Journal : « Le seul drame qui vraiment m'intéresse et que je voudrais toujours relater, c'est le débat de tout être avec ce qui l'empêche d'être authentique, avec ce qui s'oppose à son intégrité, à son intégration. L'obstacle est le plus souvent en lui-même. Et tout le reste n'est qu'accident. » (3 juillet 1930)
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Mon pays me fait mal. Son échec prolongé m'a jeté par terre.
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Dérouté, je descends en moi-même mais je suis incapable de m'orienter, Orient. Emprisonné dans un sous-marin clinique, je m'engloutis sans heurt dans l'incertitude mortuaire. Il n'y a plus rien d'autre de certain que ton nom secret, rien d'autre que ta bouche chaude et humide, et que ton corps merveilleux que je réinvente, à chaque instant, avec moins de précision et plus de fureur. Je fais le décompte des jours à vivre sans toi et des chances de te retrouver quand j'aurai perdu tout ce temps : comment faire pour ne pas douter ? Comment faire pour ne pas bénir le suicide plutôt que cette usure atroce.
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Et notre étreinte du lever du jour, lutte serrée, longue mais combien précise qui nous a tués tous les deux, d'une même syncope, en nous inondant d'un pur sang de violence!
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Je n’ai plus rien à gagner en continuant d’écrire, pourtant je continue quand même, j’écris à perte. Mais je mens, car depuis quelques minutes je sais bien que je gagne quelque chose à ce jeu, je gagne du temps.
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Je n’écris pas, je suis écrit.
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Écrire est un grand amour. Écrire, c’est t’écrire.
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Voilà soudain que je rêve que mon épopée déréalisante s'inscrive au calendrier national d'un peuple sans histoire! Quelle dérision, quelle pitié! C'est vrai que nous n'avons pas d'histoire. Nous n'aurons d'histoire qu'à partir du moment incertain où commencera la guerre révolutionnaire. Notre histoire s'inaugurera dans le sang d'une révolution qui me brise et que j'ai mal servie : ce jour-là, veines ouvertes, nous ferons nos débuts dans le monde. Ce jour-là une intrigue sanguinaire instaurera sur notre sable mouvant une pyramide éternelle qui nous permettra de mesurer la taille de nos arbres morts. L'histoire commencera à s'écrire quand nous donnerons à notre mal le rythme et la fulguration de la guerre.
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Le temps est le secret même de la subjectivité et si on doit se référer à un voyage pour le capter avec plus d’acuité, il faut invoquer le voyage intérieur. Quand on objective le temps, c’est qu’on parle du temps des autres et, par conséquent, de l’espace qui nous sépare des autres. En amour, si on réduit soit cet espace, il n’en figure pas moins l’infranchissable frontière entre deux êtres. Le temps intérieur de l’autre ne peut être perçu au plus fort de l’extase, que comme l’espace irréductible qui sépare deux amants, les confine à des caresses superficielles et leur interdit la vraie fusion!
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La route paisible qui va d’Acton Vale à Durham-sud, c’est le bout du monde. Dérouté, je descends en moi-même mais je suis incapable de m’orienter, Orient. Emprisonné dans un sous-marin clinique, je m’engloutis sans heurt dans l’incertitude mortuaire. Il n’y a plus rien de certain que ton nom secret, rien d’autre que ta bouche chaude et humide, et ton corps merveilleux que je réinvente, à chaque instant, avec moins de précision et plus de fureur. Je fais le décompte des jours à vivre sans toi et des chances de te retrouver quand j’aurai perdu tout ce temps : comment faire pour ne pas douter? Comment faire pour ne pas bénir le suicide plutôt que cette usure atroce? Tout s’effrite au passé. Je perds la notion du temps amoureux et la conscience même de ma fuite lente, car je n’ai pas de point de repère qui me permette de mesurer ma vitesse. Rien ne coagule devant ma vitrine : personnages et souvenirs se liquéfient dans l’inutile splendeur du lac alpestre où je cherche mes mots. J’ai passé vingt-deux jours loin de ton corps flamboyant. Il reste encore soixante jours de résidence sous-marine avant de retrouver notre étreinte interrompue ou de reprendre le chemin de la prison. D’ici là, je suis attablé au fond du lac Léman, plongé dans sa mouvance fluide qui me tient lieu de subconscient, mêlant ma dépression à la dépression alanguie du Rhône cimbrique, mon emprisonnement à l’élargissement de ses rives. (p. 10-11).
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Les baisers qu'on donne, les caresses esquissées, cette préhension tactile si peu organisée et si sauvage ne font que rendre plus angoissantes la fuite du temps, car la main qui court sur une cuisse aura bientôt fini sa course et les lèvres unies dans un baiser finiront bientôt de s'entre-palper. Comme dans la musique, il n'y a jamais de reprise identique; quand les corps s'unissent à nouveau, la mémoire des étreintes qui ont précédé est anéantie par l'émotion nouvelle. Tout reprend parce que tout finit; et cette mélodie qui ne se ressemble jamais tout à fait nous rapproche d'une étreinte finale qui abolit tout.
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« Les hommes ne parleraient pas tant du ciel, si ce port fantôme les attendait vraiment au terme de leur odyssée. Le ciel n'a de réalité que celle de notre mal qui l'appelle. »
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Enlacés éblouis dans un pays en détresse, nous avons roulé en un seul baiser, d'un bout à l'autre de notre lit enneigé.
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Chef national d'un peuple inédit ! Je suis le symbole fracturé de la révolution du Québec, mais aussi son reflet désordonné et son incarnation suicidaire..
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Je sais que j’ai perdu la femme que j’aime [...] J’ai vécu pour la rencontrer et je meurs inutilement d’amour.
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On ne m’avait pas dit qu’en devenant patriote, je serais jeté ainsi dans la détresse et qu’à force de vouloir la liberté, je me retrouverais enfermé.
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