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Critiques de Inger Christensen (17)
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Dérouté ; je crois que c'est le mot qui décrit le mieux mon ressenti après la lecture de ce recueil.

La traduction n'y est sans doute pour rien, mais chacun des cinq poètes a son propre style, et la juxtaposition des extraits de leur œuvre a une saveur étonnante.



J'avoue :

- N'avoir été que peu touché par les textes de Inger Christensen, Penti Holappa et Tomas Tranströmer. Une poésie moderne qui m'a laissé un peu indifférent ;

- N'avoir pas du tout aimé les vers de Jan Erik Vold. Une poésie totalement déstructurée, peut-être inspirée du surréalisme ? Je plains Jacques Outin qui a du beaucoup suer en traduisant ;

- Avoir beaucoup plus apprécié les textes de Sigurdur Pálsson, où j'ai retrouvé du rythme et de la musicalité.



En résumé, un recueil déroutant, sans doute pas le meilleur que j'ai lu, mais qui m'a quand même fait découvrir la poésie du Grand Nord, moins connue que les polars de la même région.
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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La chambre peinte

Enchanteur et envoutant. Déconcertant aussi. La chambre peinte est une histoire sans histoire. C’est davantage un prétexte, un exercice de style, empreint de poésie, de charme, de fantasmes. Trois nouvelles qui se suivent et se succèdent, chacune avec son narrateur unique, dont l’élément central est la fameuse « chambre des époux », dans le palais du marquis de Mantoue à cette époque troublée et fascinante de la Renaissance.



L’humaniste et philosophe Marsilio aime Nicolosia qui aime Mantegna, l’ami du premier et artiste réalisant les fameuses fresques du palais.



Nana, la fille du marquis de Mantoue, vit dans un monde de rêves et de fantasmes pour échapper aux intrigues complexes de son époque.



Dix ans plus tard, le jeune Bernardino, le fils de Nicolosia et Mantegna, observe son entourage et se laisse envouter par les fresques.



Trois intrigues mais, comme je l’écrivais plus haut, elles ne servent qu’à situer et mettre ces gens en relations. Oui, il y a le contexte historique et quelques événements plus personnels (dont un meurtre) mais c’est secondaire. Ce qui est important, c’est cette riche famille, sa parenté et sa clientèle, leur palais, la fameuse « chambre des époux » et ses fresques, les statues antiques et autres décorations exotiques, même un paon dans le jardin. Tout est prétexte pour faire rêver et favoriser des envolées fantastiques.



L’auteure Inger Christensen est d’abord et avant tout une poétesse et ça paraît.



Dans La chambre peinte, la réalité se mêle à la fiction, on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Ça devient une succession de tableaux hallucinatoires, à prendre au sens propre autant que figuré. Le tout dans un style onirique parfait. Et c’est bien ainsi, du moins, pour les amateurs du genre. Il faut le dire, le début m’a surpris, je cherchais trop un sens à ces histoires alors que le lecteur ne devrait que se laisser porter par cette poésie envoutante et onirique. En d’autres mots, faire comme les gens qui habitent ce palais et qui admirent ses fresques, c’est-à-dire philosopher, rêver, vivre au milieu de ses songes.
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Alphabet : Edition bilingue français-danois

Je ne sais pas trop quoi penser de ce recueil de poèmes, Alphabet. Je l'ai pris à la bibliothèque parce Knausgaard le mentionne dans un de ses romans et semble porter une grande estime à son auteure, Inger Christensen, qu'il considère comme une grande poétesse. Intrigué, je suis allé le chercher à la bibliothèque.



L'idée de base est assez originale. le poème est construit selon un système rigoureux, basé à la fois sur l'alphabet et sur la suite de Fibonacci. Vous savez, cette série dont les chiffres s'additionnent (0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13…). Pas si facile ni évident. Moi, je n'aurais jamais pensé à mélanger quelque chose d'aussi scientifique, dépourvu d'émotion, avec la poésie qui est si subjective et imagée. Au début, beaucoup de phrases ne faisaient aucun sens pour moi. Surtout qu'un poème perd toujours un peu dans la traduction, même avec le meilleur traducteur qui trouvera l'équivalent avec la sonorité la plus proche. Heureusement, j'avais en main l'édition bilingue. En regardant à gauche, je voyais bien que beaucoup de mots s'écrivaient différemment et je pouvais lire et imaginer les sonorités telles que les entend un Danois.



Le thème de la bombe nucléaire a été long à entrer en moi. Il faut dire qu'il se dévoile tranquillement, ne prenant sa forme ultime qu'à la fin de l'alphabet (26…) et démêler la suite de Fibonacci pour que la révélation se concrétise pleinement. de plus, ce n'est pas le propos habituel des poèmes que je lis, j'y trouve quelque chose de violent et de froid à l'atomique. Mais bon, pourquoi pas. Je me suis laissé entrainer par Christensen puis, à la longue, je me suis fait des liens qui réunissaient ses différents éléments (mollécules, nature, vie, mort, renaissance, animaux, etc.) pour en faire ma propre signification. Un peu abracadabrant. Mais, peut-être aussi que je cherchais trop à comprendre au lieu de me laisser porter.



Au final, je ne peux pas dire que ça m'a enthousiasmé ni que ça m'a encouragé à me plonger dans d'autres oeuvres de cette auteure mais, dans tous les cas, ça a fait travailler mes méninges et mon imagination.
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La vallée des papillons, alphabets et autres ..

C'est avec curiosité que je suis entré dans la lecture de cette anthologie poétique de la grande femme de lettres danoise, aujourd'hui disparue, Inger Christensen. Avant cet ouvrage, je ne connaissais rien de cette auteure, par ailleurs romancière, dramaturge et essayiste.



Cette anthologie publiée chez Poésie Gallimard contient cinq de ses recueils, ceux qui, à des périodes différentes, lui ont offert une reconnaissance puis une place centrale dans la littérature danoise : Lumière (1962), Herbe (1963), Lettre en avril (1979), Alphabet (1981) et La Vallée des Papillons (1991).



Ce qui m'a marqué durant la lecture, c'est, très perceptible, son travail sur les mots, sur leur sonorité, leur fortuité, sur la mémoire que chacun renferme en lui et nous lègue. Dans beaucoup de ses textes, elle évoque souvent ce rapport particulier aux mots :



« Je reconnais là

une clairière dans la langue

les mots refermés

sont là pour être aimés

pour être répétés jusqu'au simple »



Dans son écriture, nous sommes comme dans un commencement, comme à la naissance de la parole au coeur du langage. Sa poésie se place dans le point d'intersection entre ce qui est prédéterminé et le fortuit, dans une tension entre l'immuable et l'imprévu. La poétesse tente de rassembler, de concilier ces deux parts inséparables de l'écriture. Elle y parvient avec beaucoup de justesse.



« Dessiner un cercle fragile

dans l'air ou dans l'eau

poser un doigt sur les lèvres

adoucir la foi

poser une mains sur le coeur

te répondre sincèrement :

ne rien répondre

ne rien souhaiter

défendre ta main étrangère

les bras ouverts

défendre les faibles

avec confiance

répondre aux forts

avec confiance

les forts et les faibles

qui ont tous des mains étrangères

qui ont tous des mains étrangères

elles bougent lentement et s'échangent

les faibles et les forts

te répondre sincèrement

dessiner un cercle

dans l'air ou dans l'eau »



Autre point qui m'a particulièrement plu dans la poésie d'Inger Christensen, c'est l'acte d'écrire considéré comme un double mouvement : il y a celui qui aspire, qui intègre en lui le rythme, le flux du monde, et celui qui remonte jusqu'à ce mouvement ordonné des choses pour se couler, pour se fondre dans tout le rythme de l'univers, dans la pleine conscience de celui-ci. Ce rythme puissant de l'univers qui contient notre fin, notre prédestination, contient aussi le fortuit du langage, son élan perpétuel.



« Il y a notre travail avec les images les mots pour

rapporter les choses à leur paysage d'origine. Celui

qui toujours a été le même en même temps. »



.

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La vallée des papillons, alphabets et autres ..

Grande figure de la littérature danoise, Inger Christensen , décédée en 2009, a écrit, entre autres, de nombreux recueils de poésie. Plusieurs sont ici réunis.



Est-ce la traduction, pourtant effectuée par des amis de l'auteure, Janine et Karl Poulsen, et surtout la difficulté à rendre certaines contraintes textuelles? J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans son univers complexe, déroutant et un peu froid, souvent.



" Je reconnais là

une clairière dans la langue

les mots refermés

sont là pour être aimés

répétés jusqu'au simple "



Effectivement, beaucoup d'anaphores, comme des mantras, et des mots qui ne se sont pas rouverts pour moi. Voici, par exemple, quelques vers bien énigmatiques et au vocabulaire fort recherché:



" pose sur mon âme

une feuille

septilobée atemporelle"



La partie " Alphabet" m'a agacée, l'auteure ayant voulu écrire des poèmes, où les mots du premier commencent par la lettre A, le suivant B etc... Déjà , je ne trouve pas cela particulièrement intéressant. Évidemment, ce procédé ne rend rien en francais. Et c'est tout un défilé de mots avec ce même refrain" ça existe".



Il m'a manqué de la compréhension, il m'a manqué aussi et surtout de l'émotion. Pourtant, certains textes m'ont fortement touchée, comme celui-ci, qui me permettra de ne pas conclure sur une note négative :



" Cueillir des fraises sauvages

dans un taillis d'épines

glisser ma main

en-dessous d'une crainte

d'une peine trop adultes

te donner mon coeur

petit enfant".



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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Un recueil de poésie scandinave, c'est une vraie découverte pour moi avec un genre que j'apprécie mais lis au final peu souvent et des auteurs originaires de pays que je parcours rarement dans mes lectures.

La préface d'André Velter est très utile pour situer chaque auteur dans son contexte géographique et historique.

Comme chacun à son propre style, je vais détailler ce que j'ai pensé de chaque auteur.



Inger Christensen, Danemark. Ses poèmes sont constitués de morceaux de phrases, d'enchaînements de mots sans véritable unité de phrases. Des vers courts, non rimés. Le thème principal : une ode à la nature et une fusion de l'être avec ce qui l'entoure. J'ai trouvé que le tout dégageait une réel optimisme. Mon poème préféré est Lumière.



Petti Holappa, Finlande. La structure formelle est plus "classique". On alterne entre prose poétique, quatrains, tercets. Les phrases sont longues mais bien rythmées, non rimées là encore mais une fluidité indéniable. Les thèmes principaux sont l'amour et la famille avec des accents bucoliques. Mon poème préféré : Le berger.



Tomas Transtömer, Suède. Des histoires de mer, froides et dures. Ses phrases se déroulent et s'enroulent comme des vagues successives de sens, assez liquides. On est à la limite du récit de voyage. J'ai préféré la partie IV de son long poème intitulé Baltiques.



Jan Erik Vold, Norvège. Ses phrases sont étalées par petites touches sur trois ou quatre lignes. L'esthétique qui ressort ressemble à une toile. L'atmosphère en est aérienne et le ton assez spirituel. Mon poème préféré : Le grand jeu de flipper.



Sigurdur Palsson, Islande. Ce qui frappe, c'est la quasi absence de ponctuation, avec néanmoins une utilisation très fréquente des parenthèses et de l'interrogation. Du coup, les phrases sont longues et sans interruption. L'atmosphère est assez sombre et empreint de mythologie. Mon poème préféré est Ronde.



J'ai vraiment aimé découvrir ces auteurs et irait lire plus avant les oeuvres de Transtömer, Palsson et Vold, ceux dont la style m'a le plus touchée. Avis aux amateurs de poésie et de grands espaces nordiques, maritimes ou terrestres.
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Cinq poètes méconnus dans nos contrées pour une ode à l'espoir et à la nature.Tous ont en commun la fragilité de l'être face à la puissance des éléments. Une poésie authentique et accessible, qui fait la part belle à la lenteur et la mesure.

Une poésie de l'ailleurs aussi, très différente de la nôtre, où la neige tient évidemment une place prépondérante.
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Les cinq poètes sont très différents dans leur style (même si la traduction ne rend sans doute pas justice à toute leur originalité), mais chez chacun revient le thème de l'espoir. L'espoir d'un soleil qui se lève après la nuit, l'espoir de la fraicheur quand tombe la neige, l'espoir d'avoir encore la force d'espérer...



Leurs textes sont faits d'acceptations sans renoncement: acceptation de réalité, de douleur parfois, mais toujours dirigée vers une suite, une ouverture, un dépassement. Un coup de frais dans un langage au rythme marqué, berceur sans ennui.
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Je n'avais jamais lu de poète scandinave et je suis très attirée par les pays du nord,deux raisons qui m'ont fait emprunter ce petit recueil à la médiathèque.

J'ai mis 5 étoiles pour le bonheur de la découverte et la belle présentation qui précède même si,bien sûr, je n'ai pas aimé tout ce que j'ai lu.

J'ai été touchée par les poèmes qui montrent l'humain comme élément des éléments, partie de la nature et d'un tout, c'est ce que j'ai ressenti face à certains paysages " sauvages" de Norvège, ça nous rabat le caquet et nous met à notre juste place.

j'ai parfois trouvé la forme abrupte et le fond sombre et désespèré mais toute ma lecture a été curiosité et découverte.

bonne pioche,en quelque sorte.

je vous laisse des extraits de ce que j'ai aimé dans les citations.
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Voici un joli moyen de voyager en poésie avec cinq poètes, la Danoise Inger Christensen, le Finlandais Pentti Holappa, le Suédois Tomas Tranströmer, le Norvégien Jan Erik Vold et l'Islandais Sigurdur Pálsson, tous nés entre 1930 et 1948.



Pour chacun, des extraits d'un de leurs recueils ont été choisis, ce qui permet une certaine unité par auteur (thématique en général), tout en faisant découvrir l'éventuelle diversité de style (en vers et en prose, en vers longs ou courts, en strophes fournies ou lapidaires, régulières ou non etc.).



J'ai eu du mal avec la poésie d'Inger Christensen (extraits du recueil "Lumière"), difficile de me faire des images, sans doute des références manquantes, cependant à force de relectures de certains poèmes, j'ai fini par accéder à du sens - pour moi - et ai été touchée.



J'ai bien aimé la poésie de Pentti Holappa (extraits du recueil "les mots longs"), qui navigue entre images poétiques et réflexions philosophiques, accents noirs sur l'avenir et la société ou lyriques sur l'amant, dessinant autant des paysages que de brèches temporelles.



Je me suis laissée complètement porter par les vers libres et la prose poétique de Tomas Tranströmer qui fait surgir les paysages de la mer Baltique en même temps que des souvenirs générationnels (extraits du recueil "Baltiques"). Je suis très curieuse de lire d'autres œuvres de lui. Après une recherche rapide, je constate qu'il a été prix Nobel 2011...



J'ai été au départ déstabilisée par les vers courts et saccadés de Jan Erik Vold (extraits du recueil "la Norvège est plus petite qu'on ne le pense"), d'autant plus qu'ils sont souvent rejetés sur la strophe suivante, finalement je m'y suis globalement faite, et j'ai surtout constaté la multiplication d'images, d'idées et de significations que cela apportait, enrichissant donc l'expérience.



J'avoue que je n'ai pas du tout été conquise par les poèmes de Sigurdur Pálsson (extraits du recueil "poèmes des hommes et du sel"), je suis restée complètement extérieure, j'ai trouvé ses écrits plus verbeux que poétiques. Quelque chose m'a clairement échappé.



Une bonne idée que ce recueil, j'ai apprécié la variété des styles, et l'univers presque toujours nordique - qui m'a permis un dépaysement rafraîchissant à peu de frais.



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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Ce recueil réunit des poèmes de cinq poètes du Grand Nord et comme vous avez pu le constater j’ai une passion pour ces contrées lointaines donc j’ai tout de suite voulu le lire.



Riverains de la Baltique, de l’Atlantique, de la mer de Norvège ou du cercle polaire, ces 5 poètes scandinaves ne se ressemblent pas : chacun a son Nord, sa route, ses nuits, ses rêves. Aussi singuliers soient-ils, ils gardent cependant en partage une lueur d’hiver, une profondeur de champ mêlant la neige et le ciel.



Le Danois, Inger Christensen qui a une écriture très minérale et organique, qui parvient à retranscrire la rudesse du monde en général et pense les sentiments comme peu de monde.



Le Finlandais Pentti Holappa qui a une écriture plus dense, plus prosaïque qui aborde la mortalité des éléments de façon bouleversante comme dans Le fils de la terre. Son « programme de principe » est juste parfait et vous pouvez aussi le découvrir ici:



https://www.franceculture.fr/personne-pentti-holappa



Le suédois Tomas Transtromer à l’écriture plus descriptive ressemblant à un journal de bord.



Le norvégien Jan Erik vold écrit de façon déstructurée on dirait presque des haïku, belle déclaration à son professeur dans « chanson pour maj à lingor ».



Et enfin l’Islandais Sigurdur Palsson écrivain plus romantique qui manie l’art de la dialectique avec lui-même et parvient à retranscrire les sentiments comme seuls les auteurs scandinaves savent le faire.
Lien : http://www.lesmiscellaneesde..
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Quoi de plus poétique que ce titre nordique ? Il résume à lui seul un des thèmes principaux de la poésie du Grand Nord : l'ouverture vers l'espace, le besoin d'immensité s'expriment dans les actes, les sentiments...

C'est un réel plaisir de découvrir cette poésie nordique à travers ces cinq auteurs (Inger Christensen, Pentti Holappa, Tomas Tranströmer, Jan Erik Vold et Sigurdur Pálsson ) qui représentent chacun leur pays respectif (dans l'ordre : Danemark, Finlande, Suède, Norvège et Islande).

Inger Christensen (1935-2009) publie son premier recueil en 1962 (« Lys ») alors qu'elle est encore enseignante. Elle se consacre ensuite à l'écriture et se fait connaître internationalement grâce à son poème « Det » quelques années plus tard. Elle s'essaie ensuite aux romans, nouvelles, pièces de théâtre et d'autres genres encore tout en continuant la publication de poèmes.

Pentti Holappa (1927- ) est un poète autodidacte, il a ainsi été antiquaire, ministre de la culture, éditeur en chef, traducteur.

Tomas Tranströmer (1931-2015) reçoit le prix Nobel de littérature en 2011. Il est le plus connu des poètes nordiques et le plus traduit.

Jan Erik Vold (1939- ) a vécu plusieurs années dans l'univers du jazz qui a inspiré ses créations.

Sigurdur Pálsson (1948- ) fait partie du renouveau poétique islandais. Incontournable pour tout amoureux de la littérature islandaise.



Ce petit recueil est un florilège de poésies nordiques, les extraits sont issus des recueils principaux des poètes nommés ci-dessus. On y retrouve, quelque soit le pays d'attache, les thèmes récurrents de la nature : les mots étoiles, mer, gel reviennent régulièrement tout au long de la lecture. Là bas, on compose avec tout cela : avec le quotidien de la terre abrupte, cruelle et sublime, avec le quotidien de l'homme dévastateur, sentimental et seul face à cette abrupte, cruelle et sublime terre.

On peut trouver l'écriture de ces poèmes chaotiques et déroutants mais pensons que l'hiver est long, empli de morosité et de dangers, la nature est endormie pendant un long moment, que reste-t-il à ces poètes? La mer de gouttes et la mer d'étoiles, alors elles envahissent l'esprit et la feuille petit à petit jusqu'à ce que se présente le réveil, brusque et beau et tout reprend vie, la nature, l'amour et l'espoir !

Les cycles se déroulent ainsi avec le passé, le présent, l'avenir, l'interrogation sur soi et le monde, l'introspection et l'ouverture au monde, les deux pieds dans la réalité et de l'au-delà dans la tête !

Chacun exprime cela à sa manière, avec son style bien particulier, on aime ou non, il faut bien relire plusieurs fois chaque poème avant de saisir son essence profonde. Il ne faut pas oublier que la traduction modifie et perturbe le sens et le rythme des vers et qu'il préférable, pour ceux qui le peuvent, de lire ces textes en langues originales.

Une petite bibliographie en fin d'ouvrage permet de retrouver facilement les références des oeuvres traduites en français par auteurs.

Pour aborder ce recueil, il faut être un peu familiarisé avec les poésies en général, avec la mentalité et la littérature nordiques qui présentent les faits de manière abrupte et direct.
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La chambre peinte

La chambre peinte, c’est la « chambre des époux », celle que peignit Mantegna à Mantoue, commanditée par Ludovico de Mantoue, marquis de Gonzague.





La Chambre peinte est un très beau texte. Ou une succession de nouvelles ? Ou des petits essais déguisés en fictions ? Ou des fictions qui prennent la forme d’essais ?

C’est en tout cas un roman, avec toute la liberté que confère le genre romanesque, composé de trois parties articulées autour de trois narrateurs différents : l’un ayant appartenu à l’Histoire, un autre appartenant à la fresque de la chambre peinte, et enfin un dernier narrateur qui regarde cette fresque, la décrit et l’hallucine.

Réflexion sur la peinture, le portrait, le temps qui passe et ce que l’art préserve ou anticipe de notre dégradation... Texte étonnant, libre et profond.



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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Cinq poètes scandinaves dont surgit, hors Tranströmer, l'immense Finlandais Pentti Holappa.



Heureuse initiative de la collection Poésie Gallimard, tentant peut-être de profiter en tout bien tout honneur du récent prix Nobel de Tomas Tranströmer, ce court volume permet de découvrir "cinq poètes du Grand Nord" : le Danois Inger Christensen, le Finlandais Pentti Holappa, le Suédois Tomas Tranströmer, donc, ainsi que le Norvégien Jan Erik Vold et l'Islandais Sigurdur Pálsson.



Si je n'ai guère accroché aux poèmes hachés de Vold, trois autres en revanche m'ont séduit. Jugez plutôt sur ces brefs extraits :



"Les déserts refusent d'abandonner leur chant

(les déserts qui ne sont naturellement pas

seulement dans la nature

comme sur les hautes terres)

Non les déserts intérieurs

aussi plein que les déserts externes

Ils refusent d'abandonner leur chant

Par leur chant ils renoncent

aux biscuits durs comme verre de l'habitude

les prétendues causes

les prétendues conséquences

la prétendue réalité"

(Sigurdur Pálsson)



"Il fait nuit.

Le planétarium des stratégies se tord. Les lentilles scrutent l'obscurité.

Le ciel de la nuit déborde de chiffres, et ils alimentent une armoire scintillante,

un meuble

qu'habite l'énergie d'une armée de sauterelles dénudant

plusieurs arpents de terre somalienne en une demi-heure."

(Tomas Tranströmer)



"L'hiver s'attend à bien des choses

la plage est déjà raide

tout fera un fera un cette année

ailes et glace feront un dans le monde :

le bateau entendra ses pas sur la glace

la guerre entendra sa guerre sur la glace

la femme entendra son heure sur la glace

l'heure de la vie dans la glace de la mort

l'hiver s'attend à beaucoup."

(Inger Christensen)



Le dernier, le Finlandais Holappa donc, m'a (presque) littéralement ébloui :



"Pour une mère les débris de l'océan suffisent, l'écume

et le sable, car elle est tout entière au désir de faire

naître,



les possibles s'unissent en matière désormais vivante

non plus par son ventre mais par la force de sa volonté.



Elle est la mère de Lemminkainen, la femme vêtue

de noir des tragédies antiques, et dans les cortèges



elle crie le nom des combattants pour la liberté d'aujourd'hui

défiant les charges de police et les gaz lacrymogènes,



mais sous d'autres habits elle est un des bourreaux,

criminelle complice du procréateur ploutocrate,



ourdissant les mensonges sur l'égalité. Telles sont

les fables modernes sur les princes et les princesses.



Responsable de l'absurdité de sa descendance elle aussi

voit s'effondrer les hautes voûtes des cathédrales,



les chefs d'œuvre de Léonard et de Picasso périssent

dans les flammes de la bibliothèque d'Alexandrie.



Les déformations cellulaires provoquées par les déchets

industriels sont la chair vivante des enfants, leur avenir.



Veillant seule, quand la foule aguerrie dort déjà,

elle cherche sa consolation dans la paix universelle



puisqu'elle sait que dans les accélérateurs de particules

les cours closes de la matière s'ouvrent en tunnel béant."

(Pentti Holappa)

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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Un petit ouvrage intéressant pour découvrir cinq poètes du Grand Nord, qui m'ont plus ou moins émue en fonction des poèmes choisis.



J'ai trouvé l'introduction moins intéressante que celle du recueil "L'horizon est en feu", qui reprenait lui cinq poètes russes.
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

Ce petit livre est une aubaine pour les lecteurs amoureux de littérature nordique mais pas forcément initiés à la lecture de poésies.
Lien : http://www.actualitte.com/cr..
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Il pleut des étoiles dans notre lit : Cinq po..

J'adore
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