Les mots humains ont toujours un sens insolite : parlant d'une foule d'un millier de gens, on pouvait dire " il n'y a personne ".
LA MORT DU VAZIR-MOUKHTAR.
La destinée des hommes d'intelligence est de passer la plus grande partie de leur vie avec des imbéciles.
LA MORT DU VAZIR-MOUKHTAR.
Tous les malheurs véritables naissent de la crainte de malheurs imaginaires.
LA MORT DU VAZIR-MOUKHTAR.
Déjà au siècle dernier le mot " trahison " semblait emprunté à une ode ou à quelque tradition lointaine. Déjà au siècle dernier, Mickiewicz avait remplacé le nom de " traître " par celui de " renégat ". [...] Le mot de " trahison " était devenu un terme militaire que l'on appliquait uniquement aux gens qui ne trahissaient qu'une fois : une double trahison passait déjà à la catégorie des affaires diplomatiques.
Sans feu ni lieu, il n'a que son cœur qui va et vient comme un pendule, un coup vers la jeunesse, un coup vers la vieillesse.
C'est ainsi que commença la vie du lieutenant Kijé. Au moment où le scribe avait copié l'ordre du jour, le lieutenant Kijé était un lapsus, une faute, rien d'autre. Une faute qui aurait pu passer inaperçue et se serait noyée dans un océan de papiers, et comme cet ordre du jour n'avait rien qui retînt l'attention, il est peu probable qu'un historien des temps futurs l'auraient jamais repris.
L'œil vétilleux de Paul Ier l'avait tiré du néant, et en modifiant son orthographe, lui avait donné un semblant de vie : la faute devenait un lieutenant sans visage, mais possédant un nom.
C'était un vieux routier ; sa tête dure et argentée n'était pas habituée aux réflexions à longue portée, mais savait prendre le tournant quand il fallait. Il était déjà dans la Carrière du temps de Catherine II. Puis il avait été secrétaire du Chapitre des Ordres sous Paul Ier : c'est là qu'il avait étudié ce tourbillonnement humain qui a pour nom : politique.
En conséquence, Messieurs les Marchands ont associé leur honneur au cours de la bourse, un cours avantageux, bien sûr. Je me demande s'ils ne vont pas aussi faire coter les châtiments corporels.
En Perse, un tapis est un meuble, et un café le journal. La cadi — le juge — qui vient d'entrer est une page officielle et sévère ; ces deux petits vieux qui sirotent leur thé, des échos pour rire, ils fument leur narguileh ; ce marchand-ci, ce sont les faits du jour ; celui-là, un peu plus gros, une réclame.
- J'ai vu une femme qui portait un petit papier au coude, même un peu plus haut, tenu par une ficelle. Qu'est-ce que c'est ?
- Des sentences coraniques.
- C'est ce que je me suis dit, enchaîna le docteur, ravi. Des amulettes.
Le Grand Eunuque le regarda et sourit.
- Du Coran des femmes, docteur.
- Des femmes ?
- Sa Majesté a chargé Mahmud-Mirza de rassembler et de transcrire le Coran des femmes. Il diverge en bien des points de celui des hommes.
[...]
- Dites-moi, s'il vous plaît, demanda le docteur, y a-t-il des divergences, dans le Coran des femmes, en ce qui concerne les ablutions ?
- Oui, dit Mirza-Yakoub en regardant par la fenêtre.