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Citations de Isabelle Carré (367)


Elle respire mieux, tout semble aller mieux, elle retrouve son appétit, son regard ne se voile plus que rarement. Elle ne ressemble plus à une noyée, mais garde de son naufrage une trace indélébile, un mélange de tristesse et de résignation, une absence qui se prolonge…
Est-ce que ça a vraiment disparu, s’interroge-t-elle, ou ai-je tout simplement pris l’habitude de la douleur ?
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Isabelle Carré
Quand on est si poreux, à nu, on a besoin d'être face à quelqu'un à l'écoute de vos limites, et non de quelqu'un qui les repousse pour avoir la meilleure scène possible. [...] A mon époque, la possibilité du "non" n'existait absolument pas. [...] On voit que les prises de parole ont des effets positifs très concrets. Une société qui écoute ses enfants et ses adolescents est forcément une société plus humaine.
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Elle aura soixante ans bientôt. Est-ce que la vie va continuer à s'appauvrir encore et encore, pour qu'on puisse la quitter sans regret, s'en aller, les mains vides, ne possédant plus rien, pas même la peur de mourir ? C'est trop tard, voudrait-elle crier, il fallait se réveiller avant ! Je suis vieille, mes cheveux sont blancs, j'ai des rides comme si j'avais cent ans, mes mains sont abîmées, les mains d'une momie, mon corps est resté mince mais il s'est éteint il y a des années, personne ne l'a touché depuis si longtemps... je suis fatiguée, vous m'avez tous tellement fatiguée.
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Trop conscient de leurs fragilités, Ziad cherchait et avant tout à protéger les adultes. La plupart des grandes personnes qu'il connaissait ou qu'il avait rencontrées étaient des êtres inquiets, tourmentés, embarqués dans des vies qui exigeaient plus toujours d'eux-mêmes, on leur demandait de s'investir corps et âme dans un travail qu'ils étaient susceptibles de quitter du jour au lendemain, mutés, renvoyés, avec un gros chèque pour les plus chanceux, on achetait leur départ et leur silence, c'était arrivé au père de son copain... La majorité essayait courageusement de faire bonne figure, mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas percevoir leur détresse. Les sujets d'angoisse étaient si nombreux, presque inépuisables. Les mauvaises nouvelles se multipliaient à l'infini, impossible de les ignorer: c'était comme recevoir des décharges électriques toutes les quinze secondes, ou une sirène de pompiers hurlant au coin de la rue en permanence... Impuissants, ils regardaient en couverture de journaux les glaciers fondre, les forêts brûler et les enfants s'échouer sur des plages. Pas un jour sans voir des centaines d'hommes coincés dans des bateaux crevés, ou des paquebots dont personne ne voulait. Pas un hiver sans lutter contre un nouveau virus, pas une semaine sans découvrir qu'un médicament, un insecticide, un additif ou un conservateur donnait le cancer. Des microparticules de plastique circulaient partout dans l'eau et dans l'air, « Ce que tu jettes, tu le manges » pouvait-on lire sur des tracts distribués aux carrefours, à la sortie du métro, l'accumulation des déchets plastifiés venait tout juste d'atteindre les neuf milliards de tonnes... Ziad avait compris depuis longtemps que c'était à lui d'être fort. de prendre sur lui, de ne pas les inquiéter davantage. Parfois, quand il découvrait ses parents devant la télé, les yeux cernés, fixant les images comme s'ils cherchaient désespérément à capter autre chose derrière l'écran, il se disait que son rôle était de les rassurer, s'il le pouvait. De ne pas peser en plus sur leurs épaules fatiguées, de les porter même, s'il en était capable.
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222. S'il est vain de vouloir contrôler les événements, nous pouvons décider de ne pas être réduit à eux. Modifier notre façon de les appréhender de notre portée, c'est le chemin que tu as pris en venant ici...
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S'il y a plus de 5 étoiles dans le ciel, il fera beau demain
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Une maison qui abrite des enfants endormis semble mille fois plus tranquille. On dirait que la paix est son seul but, que chaque pièce, chaque objet y participe. Même les murs changent de matière, et s'accordent de nouvelles couleurs...
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J'ai du mal à analyser de quoi il en retourne vraiment, ces gens ne sont ni réactionnaires ni homophobes, et pourtant leur silence m'interroge.
A mes yeux, il s'agit d'un simple qualificatif [homosexuel] aussi banal que de mentionner la couleur des cheveux d'une personne, dire qu'elle a la peau mate, joue du banjo, ou vient de s'y mettre... (p.176)
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Il aimait inventer des mots qui, aussitôt, devenaient notre vocabulaire usuel. Voulait-il souligner son appartenance à une grande famille qui, comme un pays, aurait sa propre langue ? Ou simplement rendre vivante l'idée du clan ? (p.56)
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Je sais bien que je ne devrais pas, mais je me mets à énumérer, en vrac, les gestes qu'il a pris l'habitude de faire à ma place, ces dizaines - que dis-je, ces milliers de petits gestes - qui trahissent mon incompétence : commander en ligne sur Internet, noter les codes, faire la cuisine, remplir les déclarations d'impôts, télécharger les applications, choisir la bonne télécommande, débloquer le téléphone ou l'ordinateur, conduire, compter l'argent, expliquer les fractions et les divisions décimales à notre aînée - j'ai tout oublié -, monter des meubles, plus globalement bricoler, trier les papiers - foutu syndrome de Diogène -, recevoir les gens à dîner, faire du feu dans la cheminée... Pour ma mère, le quotidien était un parcours rempli de chausse-trapes, au point d'avaler chaque jour un Xanax avant de s'engouffrer dans le métro. Ce matin, toute mon angoisse se focalise sur l'aspirateur. Pourquoi ne pas m'y être intéressée plus tôt ? Je regrette d'avoir baissé les bras. Face aux difficultés, j'aurais dû m'entraîner encore et encore, comme les sportifs, continuer d'essayer, d'apprendre. À force, j'aurais dompté ma maladresse, et ces gestes seraient devenus naturels.
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Mais le programme se passe en temps réel, chaque décision en induit une autre, chaque mot, chaque parole nous engage, impossible d'être à deux endroits à la fois. Rompre ou accepter. Fuir ou endurer. Se battre ou renoncer. Le choix s'impose.
Je prends donc la liberté de rester, quand je pourrais m'en aller.
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J'avais quitté la route toute droite, sans réfléchir, pour m'engager dans un embranchement douteux. Tout s'était détraqué par ma faute.
Ma seule faute ? Ne m'avait-on pas plutôt transportée là, manipulée comme une marionnette, la marionnette d'un Dieu facétieux qui jouait à m'essayer, ailleurs ?
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Si je me refuse à employer les mots d'usage - "liaison" ou "adultère" - c'est qu'ils sonnent faux. "Infidèle" et "maîtresse" sont obscènes, nous ne sommes pas dans une pièce de Feydeau.
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Il faudrait que derrière la porte de chaque satisfait, heureux, se tienne quelqu'un armé d'un petit marteau dont les coups lui rappelleraient sans cesse que les malheureux existent, que, si heureux qu'il soit, la vie lui montrera tôt ou tard ses griffes, le malheur, la maladie, la pauvreté, les deuils viendront s'abattre sur lui, et que personne à ce moment-là ne le verra ni ne l'entendra, comme lui maintenant n'entend ni ne voit personne. (p 229)
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Je crois qu'elle aurait surtout voulu être quelqu'un d'autre, quelqu'un dont la légitimité n'aurait fait aucun doute, auprès de qui personne n'aurait jamais eu le loisir d'exercer la moindre pression, qui aurait suscité l'admiration bien sûr, une femme libre, inatteignable, peut-être même puissante. (p 180)
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Lorsque je trouve un chapitre qui ressemble à ça, une phrase limpide plus précieuse qu'un bijou, je m'endors avec, sous mon oreiller, près de mes mains, de mon visage, comme si sa substance pouvait m'imprégner pendant la nuit, me transmettre un peu de sa vérité et me protéger de l'obscurité. (p 133)
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Le chalet est minuscule mais il y a la montagne, qui s’incurve comme une caresse, l’herbe est douce, les étoiles innombrables, si proches, je n’en ai jamais vu d’aussi brillantes, elles scintillent sans faiblir dans le ciel, des milliers de broches précieuses piquées sur le manteau de la nuit. (p. 191-192)
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On se réfugiait dans sa penderie, elle était imprégnée de son odeur mêlée à celle de son parfum. S’asseoir par terre, au pied de ses robes, m’apaisait davantage que des caresses. Ce parfum n’existe plus. Ils l’ont arrêté au début des années quatre-vingt-dix. On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi d’abord qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans une parfumerie ou un grand magasin, retrouvent l’odeur de leur mère, d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieux encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance. (p. 46-47)
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Il y a des chocs silencieux, presque invisibles, qui modifient entièrement le fragile équilibre d’un être, et passent pourtant inaperçus… (p. 38)
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Jamais, assura Adèle, elle n'oublierait ce regard brillant de reconnaissance, qui s'éteint peu à peu, vacille une dernière fois, avant de fondre aussi lentement et sûrement que la cire d'une bougie.
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