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Critiques de Isabelle Sivan (69)
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Le voyage d'Abel

Dans la ferme héritée de ses parents, Abel mène une vie routinière. Une vie qu'il n'a pas vraiment choisi car, ses frères tous partis, il a bien fallu que quelqu'un reste dans la propriété familiale, éloignée du village de Reclesme. Levée aux aurores pour s'occuper de ses chèvres et quelques vaches, puis de la terre. Dans la journée, il se rend au village où là aussi, il a ses habitudes. Un petit morceau de saucisson sec chez la bouchère ambulante qui ressemble tant à sa maman, un petit saut à l'épicerie qui fait office de relais-poste. Aujourd'hui, d'ailleurs, il vient y récupérer un colis. Un guide de voyages qui viendra compléter les nombreux autres bien rangés sur les étagères de sa bibliothèque. Car, depuis toujours, Abel rêve d'un ailleurs et de grandes escapades, d'exotisme et d'océan. Et si les hommes du bar aiment à se moquer de lui en l'appelant "le capitaine", le vieil homme sait, lui, qu'un jour, il partira loin d'ici...



Qu'il est touchant, cet Abel ! Englué dans sa vie, ce vieil homme, célibataire, solitaire, timide et isolé, ne rêve que d'une chose : s'envoler et partir. Mais pas facile lorsqu'on est coincé entre une ferme familiale et des bêtes dont il faut prendre soin. Avec ce premier scénario, Isabelle Sivan nous offre une émouvante histoire. Celle des rêves inassouvis, des regrets qui nous poursuivent, d'une solitude qui ronge, d'un drame qui se joue. Parfaitement séquencé au fil des saisons, cet album, empreint de tendresse et d'émotions, fait montre d'une grande justesse. Graphiquement, Bruno Duhamel nous offre de magnifiques planches d'une grande finesse. Que ce soit la campagne sous les nuages ou sous la neige, les pleines pages qui ouvrent un nouveau chapitre, les cases muettes empreintes de nostalgie ou de drôlerie.
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Deux Soeurs (BD)

Voici une BD assez humoristique sur deux sœurs qui cohabitent dans une maison mitoyenne mais qui ne se supportent vraiment pas.



On va dire que les deux sœurs ont un caractère strictement opposé. L'une est assez bobo quand l'autre est professeur à l'éducation nationale. Les cercles d'amis fréquentés ne sont pas les mêmes ainsi que la vie de chacune qui tournent autour de valeurs diamétralement opposées.



Evidemment, cela produit des situations assez comiques qui sont magistralement bien mises en case par l'auteur qui réalise d'ailleurs un très beau travail graphique. Le parallélisme des cases au départ est assez marquant pour faire une démonstration convaincante et amusante.



Il va alors survenir un événement qui va remettre en cause leur équilibre qui sera brisé. Il faudra vaincre l'adversité à deux. Reste à savoir si elles vont y parvenir malgré leur différence. C'est tout l'enjeu de cette comédie dramatique qui est agréable à lire.



Au final, on sent bien que ces sœurs qui ont été séparé par des histoires remontant à l'enfance ont envie d'être ensemble malgré tout. Il y aura comme une espèce de témoignage comme quoi on peut être différent et se crêper le chignon entre sœurs mais on arrive parfois à surmonter cela. Que du positif dans la joie et la bonne humeur !
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Le voyage d'Abel

Quel vieux ronchon, cet Abel ! Mais on l’aime bien quand même.

Abel vit seul dans sa petite ferme où il élève quelques vaches et des chèvres. Paysan, il l’a été par défaut lorsqu’il a dû reprendre la petite exploitation familiale. Son truc à Abel, c’est de voyager. Son obsession, c’est d’imaginer ces voyages lointains qu’il espère bien réaliser un jour. En attendant, il s’évade à travers les guides touristiques. Au village, on se moque d’Abel et de sa marotte. Pourtant, malgré son sale caractère, il nous émeut, ce vieux grognon qui perd ses moyens lorsqu’il achète un bout de saucisson à la jolie charcutière.

Tout en gris et blanc, les dessins sont superbes et les paysages saisissants. Juste quelques taches de couleur lorsqu’on se faufile dans les rêves d’Abel.

La vie à la campagne est très bien croquée, c’est rude et sans concessions. Le temps s’écoule lentement au rythme des saisons. On a de la peine pour le vieil homme qui a des rêves trop vastes pour son coin de campagne.

C’est sobre, avec peu de dialogues, mais l’histoire fonctionne à merveille et on n’a qu’une envie, c’est de s’embarquer avec Abel pour un curieux voyage.

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Le voyage d'Abel

Quel ravissement ! Je suis tombée d'abord sur les dessins avant de me plonger dedans, car oui, on n’a qu'une envie, faire partie du décor, se fondre dedans tant les paysages sont beaux, faits de bleu, noir et blanc mais paradoxalement si colorés. C'est que monsieur Abel fait de beaux rêves !



Monsieur Abel, ce vieux bougon de fermier, quasi mutique et bien solitaire, n'a qu'un rêve : partir à la découverte du monde, voyager, quitter ce petit lopin de terre où il est prisonnier à vie car il doit maintenir ce qu'il reste de la ferme parentale que ses frères ont délaissée.

Monsieur Abel qui n'a jamais osé faire ou dire les choses qui lui tenaient à coeur.

Peu à peu, on entre en empathie avec ce vieux râleur car si au départ il semblait bien antipathique, on devine sous son aspect refouloir toute l'étendue du poids des convenances et celui des rêves inassouvis. Et puis, on n'aime pas les braves gens qui s'ennuient au village et qui se moquent du rêveur.



C'est une petite histoire toute simple, mais ô combien révélatrice du comportement de tout un chacun qu'il faut essayer de combattre pour ne pas oublier que « le prodigieux spectacle de la vie continue et que tu peux y apporter ta rime »... ou alors, « le plus beau voyage n'est-il pas celui que tu ne feras pas » car ton imagination est bien au-delà de la réalité...



Amis lecteurs, le choix vous appartient et je vous invite grandement à vous pencher sur cette BD autant pour la qualité de son scénario que pour celle de ses dessins.
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Le voyage d'Abel

Le voyage d'Abel est celui d'un vieux monsieur, un vieux paysan qui garde ses chèvres, trait ses vaches, mais il ne le fait pas par choix. Ses frères sont partis de l'exploitation familiale et il s'est senti le devoir de rester. Lui, il aurait rêvé d'une autre vie, être capitaine d'un bateau, alors il voyage mais uniquement dans sa tête. Il commande des guides touristiques sur des villes, des pays et il se prend à rêver mais il ne s'autorise pas à aller au-delà.

On apprend aussi qu'il a été amoureux de la mère de la vendeuse de charcuterie ambulante mais là non plus il n'a jamais osé lui dire.

Cet album est triste, émouvant et drôle par moment. On ressent les regrets de ce vieux monsieur, Abel qui aurait pu avoir une vie tellement meilleure s'il s'était autorisé à accéder à ses souhaits profonds. Et puis finalement... !!!

Il ne faut jamais renoncer à ses rêves, il faut y croire et ce jusqu'au bout.

Les dessins me plaisent beaucoup, fins, soignés, un peu de couleur, du gris, du blanc, du noir des reflets bleutés et piis du rose, du jaune pour les rêves. C'est extrêmement bien fait. C'est un album qui touche, qui émeut.
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Le voyage d'Abel

Cinquième roman graphique de Duhamel où je me régale de chaque planche. Craquant le visage d’Abel, surtout quand il est grognon, paysages de neige de quelques traits font rêver. Le tout en noir et blanc et dégradé de bleu. Une histoire à la mode en cette période avec ce vieux célibataire qui a donné sa vie à la ferme tandis qu’il ne rêvait que de voyages.
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Le voyage d'Abel

J'ai d'abord été surprise en découvrant que le récit est tout en nuances de gris, à quelques exceptions près, comme si le quotidien d'Abel était si morne que les couleurs n'y avaient aucune place. En effet, Abel s'est vu contraint, à la mort de ses parents, de rependre la ferme familiale dans un village isolé alors qu'il ne rêvait que de voyages lointains.



Et des années plus tard, il rêve toujours de voyage, ne songeant qu'au jour où il partira, bientôt : il vient de recevoir le guide touristique qu'il pose avec sa valise qui est prête, à côté de la porte... Et les saisons passent, la routine se poursuit entre le soin aux animaux à la ferme et les sorties au village pour les courses. Et la valise est toujours près de la porte...



On comprend alors mieux les railleries des villageois qui se moquent d'Abel et de ses projets de voyage car ils ont compris depuis longtemps qu'il ne partirait jamais.



C'est une histoire triste et touchante sur les rêves qui occupent toute une vie sans jamais se réaliser...



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Deux Soeurs (BD)

J'ai découvert ce duo d'auteurs avec "Le voyage d'Abel" il y a quelques années. J'ai été moins touchée par Deux Sœurs qui m'a un peu laissé sur ma faim.



L'histoire correspond à ce qui est annoncé : deux sœurs aux caractères diamétralement opposés partagent la maison où elles ont grandi. Au fil des cases, on se rend compte qu'elles ne sont sans doute pas si différentes même si elles sont incapables de se parler sans se disputer. Jusqu'à ce que le propriétaire de la maison décide de la mettre en vente : les deux sœurs vont devoir réussir à s'entendre pour acheter la maison ou se résoudre à vivre chacune de leur côté...



En dehors des chamailleries entre les deux sœurs, il y a peu de péripéties et le dénouement arrive trop vite (même s'il est excellent) sans la moindre explication ni transition J'aurais adoré savoir comment elles en sont arrivées là...



J'ai eu plaisir à retrouver les dessins de Bruno Duhamel (Jamais, #Nouveau contact..), colorés avec des personnages aux bouilles typiques.



Je ressors donc de cette lecture un peu déçue : c'est bien mais le dénouement arrive trop brusquement.
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Deux Soeurs (BD)

Camille et Lise sont soeurs et vivent dans la même maison, qui a été séparée en deux voilà des années.

Leurs relations sont au mieux inexistantes, voire conflictuelles quand elles sont obligées de se parler.

Il faut dire que ces deux soeurs sont très différentes, l'une est une prof bohème qui collectionne les instruments de musique et l'autre bosse dans la finance et se détend en pratiquant la méditation dans sa maison à l'ambiance très zen et épurée.

Mais leur propriétaire va vouloir vendre la maison dans laquelle elles habitent toutes les deux , les obligeant à se parler pour savoir quoi faire ensuite.

J'aimais bien l'idée de départ, mais le propos n'est malheureusement pas très développé, les dessins sont jolis et colorés, mais l'intrigue est un peu trop légère.

J'aurais aimé en savoir plus sur ces deux soeurs, sur leur enfance, sur les raisons de cette incompréhension.

On apprendra tout en quelques pages à la fin de l'histoire, mais c'est trop superficiel à mon goût, dommage.
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Le voyage d'Abel

On entend parfois dire que la bande dessinée est un art mineur de la littérature...

Pures balivernes !

Il suffit parfois de tomber sur un seul dessin, une seule vignette, pour se rendre compte de la quantité d'informations qui prennent ainsi leur envol, voyagent et nous parviennent.

Certains grands maîtres chinois ou japonais passaient une vie entière à tenter de restituer l'âme d'un oiseau, d'une vague ou d'un volcan... Ce qui anime l'inanimé.

De même, le courant impressionniste a révolutionné au XIXe siècle la peinture en France puis ce mouvement pictural a inondé le monde pour les mêmes raisons...

Il y a parfois tant d'émotions nées d'un seul dessin qu'il serait nécessaire de noircir des pages entières de caractères s'il fallait tenter, ou même oser, en faire une honnête restitution.

Ce n'est ni le genre, ni le support ; livre ; album ; BD ; crayonnage ou toile de maître estimée qui font la qualité de l'oeuvre mais bien la densité et la véracité des émotions véhiculées.



Dans LE VOYAGE D'ABEL chaque chose possède son âme propre ; les arbres, la vieille ferme décrépite, les poteaux de châtaignier tors qui soutiennent tant bien que mal le fil barbelé afin de cerner champs et chemins. Mais aussi la neige dont le manteau lourd et glacial apporte la sérénité, étouffe les ragots, permet enfin une certaine forme de renoncement et invite la Mort à revenir roder, naturellement.



Dans le petit village d'Abel, il y a... un clocher, un bistrot et une place de marché.

Il y a son vieux chien fidèle qui prend des roustes plus souvent qu'à son tour et qui pardonne à son maître, toujours. Il y a ses deux vieilles carnes de vaches et puis ses brebis, et le temps qui passe.

Il y a aussi quelques personnages rougeauds accoudés au comptoir, d'autres au front et à la vue basse, et d'autres enfin, dignes et bons comme ce nouveau médecin Éthiopien qui a remplacé l'ancien.



Le voyage d'Abel c'est le voyage de toute une vie. Rester par obligation ou par déférence mais vouloir partir, secrètement, intensément. Vouloir voyager, tout quitter, voguer loin et en vouloir à ceux qui l'on fait.

Et partir quand même, mais en rêve.



Un album triste et beau.
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Le voyage d'Abel

Une histoire bien sympathique .

Abel est resté à la ferme...pas le choix

ses frères se sont tirés et lui, il l'a fermée.

Il vieillit, ses deux vaches et ses brebis aussi.

Son chien a un caractère de chacal.

Abel a aimé, mais, n'a pas osé le dire

Abel rêve de voyager loin, mais les saisons passent.

Il commande des guides...Cette année l'Éthiopie !

Ces projets d'Ailleurs sont sa part de rêve

qui l'aident à vivre mieux, dans ce village

où rien ne se passe..

Le voyage idéal c'est celui qu'on espère

Moqué des villageois, il s'en tient à l'écart .

Sa liberté de penser n'a pas besoin de visa!

Très peu de couleurs, des tons de bleu

un dessin charmant.. d'un autre temps.

Un agréable moment.
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Dankala

Meurtres mystérieux en Afrique

Pour son premier roman Isabelle Sivan nous entraîne en Afrique où la communauté française est victime de meurtres en série. L’enquête s’annonce délicate.



À 62 ans, Jean Richemont retrouve Dankala où il a commencé sa carrière diplomatique. Après être passé par Madagascar, l’Inde, la Chine, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, il a retrouvé Mme Pernaud, sa secrétaire, pour ce qui sera sans doute son dernier poste de Consul.

Le résumé de sa carrière peut se lire sur les murs de son bureau et sur la pile de dossiers qui garnissent son bureau. D’une part des scènes de la vie dankalaise, «des femmes accroupies dans un marché. La silhouette ciselée d’un berger. Un dromadaire sur fond de pierres noires» pour ce qui est de son environnement et de la vie dans cet État que l’on qualifiera d’ex-colonie française, sans davantage de précisions. Et d’autre part, la routine administrative «la prise en charge des nouveaux expatriés. Les présentations, les courbettes et tous les salamalecs qu’il serait obligé de faire pour les accueillir.»

Si le pays peut faire rêver, le quotidien au sein de ce microcosme d’exilés devient vite étouffant. On ne peut quasiment faire un pas sans croiser le colonel Patte, sa femme ou ses quatre fils, le procureur de la République, Mohamed Ibrahim Moussa et sa femme Nadine ou encore la bele Julie Charpentier, directrice du dispensaire, sans oublier le banquier Leguenec qui vient de débarquer avec son épouse. À part les ragots sur les uns et les autres, les écarts alcoolisés de suns, sexuels des autres, voire les deux visant une seule et même personne, on s’ennuie…

Avec autant de cynisme que d’intérêt, on dira que la découverte d’un jeune militaire français assassiné va mettre un peu de piquant dans cette commnauté. Quand, au bout d’un mois deux nouveaux cadavres s’ajoutent à la liste, l’affaire devient «un événement particulier qui remuerait un peu les pierres et les esprits engourdis par l’ennui de ce petit pays».

Et si la métropole continue à faire la sourde oreille, le consul sent que, comme Romain Gary ou Jean-Philippe Rufin, il y a là matière à littérature. Tandis que l’on se perd en conjectures dans les beaux salons de l’ambassade, il s’attelle à son chef d’œuvre.

Pendant ce temps les autorités locales essaient de trouver une piste, les militaires édictent des consignes de prudence et les morts s’additionnent.

Laurent Radiguet «philosophe et éditorialiste du journal Le Monde» se rend à Dankala. Dès lors, l’affaire prend une autre dimension. À l’indifférence polie devant les cadavres qui s’accumulent («personne ne sait rien, personne ne veut savoir») succède un intérêt très particulier, puisque chacun tente de tirer la couverture à lui et d’attirer la «nuée de sauterelles» qui viennent du monde entier pour analyser ce phénomène et donner à Dankala, sinon ses lettres de noblese, au moins une notoriété nouvelle.

Isabelle Sivan réussit à donner à son roman la moiteur de la ville et la vacuité qui caractérise ces néo-colonialistes. On l’imagine se cachée derrière le personnage d’Achille, un mendiant qui est un le spectateur privilégié de ce psychodrame. Avec ses yeux, on prend la dimension très contrastée qui règne dans ce pays. Ici tout est, au vrai sens du terme, noir ou blanc. Européen ou africain, riche ou pauvre, cultivé ou ignorant, dominant ou dominé. Jusqu’à ce que les certitudes commencent à vaciller, et que la vérité commence à déchirer la nuit pour laisser place à un soleil écrasant. «Les anciens disaient qu’à Dankala, la lumière était la mort, cette impossibilité à vivre dont le spierres noires du désert se chargeaient. Et lorsqu’on la sentait s’abattre sur le front, on ne pouvait que les croire».


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Le voyage d'Abel

J'ai le coeur tout retourné et un peu envie de pleurer aussi, voyez-vous. C'est que je viens de tourner la dernière page d'un album triste et beau qui m'a sacrément remuée et que j'ai adoré.



Abel est un vieil agriculteur qui s'occupe depuis des décennies de la ferme de ses parents et dont les frères sont tous partis. Il n'a jamais vécu ailleurs qu'à Reclesmes, ni connu autre chose que la ferme.

Cette vie, il n'en voulait pas.



Abel est très seul, il râle beaucoup et il y a beaucoup de choses qu'il n'a jamais osé dire ou faire. C'est qu'il est timide et derrière son air grincheux, il en a gros sur le coeur. Il a sans doute mal un peu comme si les regrets le grignotaient.

Lui, il aurait voulu partir et ne jamais revenir, devenir marin et prendre le large, voyager, mais par convenance, par devoir, par peur aussi peut-être, il n'en a rien fait. Il n'a pas osé.

Alors il rêve et se hasarde parfois à poser une question sur le Viêt-Nam à Madame Huang, la boulangère du village et tant pis si les autres se moquent de lui. De toute façon, ce ne sont rien que des cons.



Aujourd'hui pourtant, Abel est décidé: malgré son âge, il va partir. En Ethiopie.



"Le Voyage d'Abel", ce sont tout d'abord le dessin tout en émotion et qui d'un trait dit beaucoup, presque tout. Pas besoin de noircir et de colorer des pages et des pages quand l'essentiel affleure à chaque vignette, dans chaque élément du paysage, dans chaque expression d'Abel. C'est fort, c'est beau, c'est poétique, très contemplatif parfois mais vivant pourtant.

C'est ensuite une histoire poignante, celle d'une vie manquée et mon cœur se serre encore quand j'y songe et quand je pense que cette histoire a pu être celle d'autres Abel qui sont restés parce qu'il le fallait et qui n'ont pas osé s'écouter.

Ce sont des thèmes forts et peu fréquents, douloureux, tels que la solitude en milieu rural et les rêves perdus, traités avec une infinie tendresse, une grande finesse et beaucoup, beaucoup de sensibilité.

C'est enfin un personnage extrêmement attachant malgré ses éclats dignes d'un capitaine Haddock (mais bon sang qu'est ce qu'il a contre les borders-collie Abel? Ce sont les chiens les plus gentils du monde!) avec qui on voudrait partager un verre et la chaleur de l'amitié, de celle qui parfois aide à tenir encore un peu quand on est au bout du chemin et des regrets. Au bout de tous les voyages qu'on n'a pas fait.



De cette chronique triste et douce de la solitude d'un vieux paysan, on ne peut sortir indifférent.

Au contraire.

Et puis, si vous êtes comme moi enfant des campagnes, elle vous rappellera peut-être ce vieil Abel que vous aimez sans le lui avoir jamais dit.



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Deux Soeurs (BD)

Camille et Lise sont les deux soeurs qui font le titre de ce one shot où tout ce qu'elles partagent est leur maison. Maison où elles sont nées, où elles ont été élevées et qu'elles se sont partagés quand elles sont restées seules. Mais leur détestation mutuelle était devenus si forte qu'elles ont bati un mur dans le jardin et clos les ouvertures entre les deux parties. Trop différentes, Lise, la sportive qui adore le foot et Camille, la musicienne hippie? Oui sans aucun doute mais il y a longtemps, elles s'adoraient. Que s'est il passé pour arriver à cette absence totale de communication? On va le découvrir au fur et à mesure de cette histoire charmante où les deux jeunes femmes doivent s'allier car la maison ne leur appartient pas et le propriétaire a décidé de la vendre...

Le dialogue va t'il enfin s'établir? Les rancœurs vont elles s'estomper?

Très sympathique, le graphisme ligne clair de Duhamel renforce cette couverture symbolique des différences entre les deux soeurs...
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Deux Soeurs (BD)

Camille et Lise Dutilleul sont deux sœurs aussi différentes que le jour et la nuit.

Camille est sportive, travaille dans la finance, et apprécie sa maison harmonieuse et ordonnée. A l'opposée, Lise est une enseignante au cœur bohème, collectionneuse d’instruments de musique aussi improbables que sonores. Alors que tout les sépare et qu’elles s’ignorent superbement lorsqu’elles se croisent, elles partagent toutefois de manière totalement invraisemblable le même toit. Mais pas n’importe comment ! Elles ont divisé leur maison familiale en deux espaces distincts et totalement symétriques.

Un équilibre précaire entre deux mondes qui va vaciller le jour où leur propriétaire leur annonce la vente de la maison. Alors que l’occasion se présente de ne plus subir la présence de l’autre, Camille et Lise hésitent sur la solution à adopter…



Partant d’une situation qui prête à rire par son côté extrême, l’histoire sort bien vite de la caricature pour évoquer les relations pas toujours simples entre membres d’une même famille. Sans qu’elles n’en aient conscience jusque-là, cette maison occupe une place particulière dans leur relation conflictuelle, permettant aux sœurs de se tirer allègrement dans les pattes sans risque de rupture définitive puisqu’elles restent connectées par cette maison. Et c’est la menace qui pèse sur ce dernier lien qui va les obliger à faire ce qu’elles ne font plus depuis des années : communiquer.



Bruno Duhamel retranscrit visuellement cette opposition permanente à l’aide de cases scindées en 2, d’une mise en page qui juxtapose leur style de vie différent, jouant sur ce contraste pour introduire de manière implicite le lecteur dans cette rupture quasi consommée.



Il s'agit d’un récit tranche de vie rassemblé autour de cette vente, émaillé de quelques flashbacks. Un format qui donne à réfléchir et fait appel indirectement aux propres émotions du lecteur quant à ses liens familiaux.

Un graphique que j’ai beaucoup apprécié et qui démontre qu’il n’y a pas une façon unique et conventionnelle de vivre avec sa famille.
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Le voyage d'Abel

Une BD très poétique sur une année dans la vie d'Abel, agriculteur solitaire.

J'ai apprécié cette lecture et les émotions qu'elle transmet
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Deux Soeurs (BD)

Deux sœurs de Isabelle Simon et de Bruno Duhamel.



Isabelle Sivan est avocate et auteur de Romans et BD



Bruno Duhamel est notamment l'auteur de la BD très tendre "Jamais"





Les deux sœurs, ce sont Lise et Camille.  Elles vivent côte à côte mais dos à dos dans la maison de leur enfance scindée en deux. En effet, elles ont fait des choix de vie opposées. L'une est prof et plutôt Babacool, l'autre est branchée Cac 40 et Yoga Zen.



Seul la chatte appartenant à Camille fait des incursions chez la voisine.



Lorsque le propriétaire décide de vendre la maison. Que faire ? Elles n'ont pas les moyens de l'acheter seule !





C'est frais, c'est tendre. On adore ces deux sœurs ennemies. Elles sont stéréotypées mais c'est réjouissant. 





Une petite bulle d'air pur cette BD avec de jolies dessins et des textes qui nous parlent. 





A conseiller à tous les amoureux des belles histoires et des chats bien sûr. 





&&&&



Coup de cœur 





#deuxsoeurs #isabellesivan #brunoduhamel #bd #livreaddict #bookstagram #bookstagramfrance #bookaddict #livre #livres





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Le voyage d'Abel

Très touchant.

Nos grands parents et arrières grands parents ont dû vivre cela.

Un dessin qui porte le texte. Des paysages sublimes. La nature reprend ses droits.

Pas trop de couleur. La vie, à l'âge d'Abdel n'en n'a plus trop. Sauf dans ses projets: il va partir en Ethiopie!

A lire, à feuilleter, à doucement tourner les pages....

Un peu comme un livre cocon.

Superbe
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Deux Soeurs (BD)

Club N°56 : BD non sélectionnée

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Après "Le Voyage d'Abel", un nouvel opus de ce duo.



L'histoire est astucieuse, le dessin toujours limpide et les mises en pages soulignent avec pertinence le propos.



Une lecture très plaisante donc, même si j'avais espéré une histoire plus fouillée...



Benoit

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Une idée de scénario intéressante, mais juste pour un court métrage.



Une BD courte, certes, mais avec des longueurs, et qui tourne en rond.



Décevant.



JF

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Une bonne idée de départ, mais qui ne mène nulle part.



Sans intérêt.



Laure

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Hyper décevante.



Une BD mise en avant par le magazine Zoo.



Ennuyeuse et scénario pauvre.



Nol

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Le voyage d'Abel

Abel rêve. De voyages. Seul dans la ferme héritée de ses parents qu’il entretient depuis que ses frères ont mis les voiles, Abel n’en peut plus de ce foutu pays et de cette vie rythmée par les corvées. Se lever à l’aube, traire les vaches, sortir les chèvres, labourer les champs. « Moi ce que je voulais, c’est être marin, prendre le large, voyager : Conakry, Singapour, Tahiti… ». Mais Abel a vieilli et il n’a jamais pu franchir le pas. Partir. Pour de bon. Les guides touristiques s’entassent sur les étagères du salon, les saisons passent, et Abel en est toujours au même point. Sa détermination semble cette fois bien réelle, et malgré les moqueries des autochtones qui l’ont surnommé « Le capitaine » et n’ont jamais cru à ses envies d'ailleurs, Abel sait que l’heure est venue.



Étrange album à l’atmosphère nostalgique mettant en avant la rudesse de la vie à la campagne. Il est touchant Abel, fragile, sensible, timide, perdu dans des rêveries auxquelles il persiste à s’accrocher, sans doute pour trouver la force de sortir de son lit chaque matin et de donner du sens à une existence sans aucun relief. Dans son bled paumé, le ciel est bas et gris et les mentalités restent au ras des pâquerettes. Il y a une forme de cruauté permanente chez les paysans frustes qui peuplent les histoires rurales. Abel m’a rappelé les personnages d’André Bucher ou de Franck Bouysse, ces taiseux solitaires et bourrus évoluant dans un environnement âpre et difficile à supporter.



Une réflexion triste et mélancolique sur le temps qui passe et jamais ne se rattrape, sur ces choix que l’on ne fait pas, ces regrets qui nous hantent, ces départs toujours reportés et jamais pris. J’aurais voulu sortir bouleversé de cette lecture mais ce n’est pas le cas. L’album est pourtant très réussi, aucun doute là-dessus, mais il m’a manqué un petit quelque chose. J’ai eu l’impression que tout allait trop vite, que certains aspects auraient mérité d’être creusés (l’enfance du vieux fermier, la relation avec ses parents, l’attitude de ses frères). En fait, j’aurais voulu passer plus de temps avec Abel, partager davantage de choses, le côtoyer au fil d’un roman graphique de 200 pages par exemple. Je l’ai quitté trop rapidement et il m’a laissé en bouche un goût de trop peu. Dommage, parce que c'est typiquement le genre de personnage que j'adore.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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