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Critiques de J.M. DeMatteis (72)
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Life and Times of Savior 28

Savior 28 (une sorte de croisement entre Superman et Captain America) a été froidement exécuté par un tireur anonyme. Ce superhéros qui luttait contre les supercriminels depuis le début de la seconde guerre mondiale est mort ; c'est la fin du rêve. Son histoire est racontée par Dennis McNulty que Savior 28 a arraché des griffes d'un supercriminel à tête de chien et qui lui a passé une fraction de son pouvoir. Pendant une période, McNulty a été l'apprenti superhéros de Savior 28 (son sidekick). McNulty mélange les souvenirs qu'il a gardé de ce héros, avec la connaissance intime qu'il en avait sur ses aspirations et ses faiblesses (ses problèmes d'alcoolisme et d'image en particulier) avec la perception du public, l'évolution de ses pouvoirs, l'histoire des États-Unis, ses relations personnelles, l'évolution de ses convictions politiques, l'impact du 11 septembre 2001, etc.



Le scénariste de cette histoire complète et indépendante est John Marc (J.M.) DeMatteis, un vétéran des comics qui a écrit de nombreuses histoires de superhéros classiques pour Marvel et DC Comics. Parmi ses oeuvres les plus marquantes se trouvent Kraven's Last Hunt et Justice League International. Il a également profité des branches plus adultes de ces éditeurs pour écrire des choses très personnelles telles que Brooklyn Dreams, Moonshadow (avec des aquarelles magnifiques de Jon J. Muth) et Blood : A Tale (illustré par Kent Williams). Ces 2 récits révélaient le questionnement spirituel de cet auteur.



Avec cette nouvelle histoire de superhéros (publiée par IDW), DeMatteis entremêle plusieurs réflexions autour de cette forme archétypale de héros spécifique aux États-Unis. L'évolution des pouvoirs de Savior 28 et de sa perception par le public évoque fortement la riche histoire du personnage de Superman, mais aussi l'incarnation de l'Amérique par des héros patriotiques tels que Captain America. La quête du personnage qui souhaite améliorer le sort des êtres humains appartient à l'ordre des interrogations spirituelles que chacun creusent au cours de sa vie. L'intégration d'éléments historiques tels que le camp d'extermination de Buchenwald et les attentats du 11 septembre montre que même une industrie du divertissement comme celle des comics ne peut pas ignorer le monde réel. DeMatteis développe chacun de ces thèmes en évitant les pièges de la simplification outrancière, ainsi que ceux de la moralisation. Le lecteur découvre peu à peu la vie de ce héros très humain derrière une légende parfois arrangée par le gouvernement, parfois tragique. Cette construction en retour en arrière est remarquable de fluidité et de sophistication, elle renvoie bien sûr à Citizen Kane (Savior 28 était un ami proche d'Orson Welles). J.M. DeMatteis réussit la gageure de raconter une histoire de superhéros sur fond de quête spirituelle, sans être ridicule ou simpliste.



Les illustrations sont réalisées par Mike Cavallaro qui était jusqu'alors spécialisé dans les webcomics. De prime abord, son style apparaît comme un croisement entre celui de Jack Kirby (pour les postures) avec un encrage appuyé (évoquant Joe Sinott) et des dessins simples conjurant des images tranquilles de la vie ordinaire. Ces 2 aspects de son graphisme lui permettent de marier les affrontements entre personnes dotées de superpouvoirs et les phases de la vie quotidienne. Les effluves de Kirby renforcent l'aspect spectacle des combats, alors que le coté terre à terre fait ressortir les horreurs petites (fuite dans l'alcool) et grandes (la découverte des corps dans les camps de concentration). Enfin ce style simple assure une lecture très fluide qui désamorce toute velléité d'une approche trop intellectuelle du récit.



Comme souvent dans les comics, la quatrième de couverture promet monts et merveilles dans un récit allégorique avec une approche inédite des superhéros. À ma grande surprise, ce récit m'a emmené sur un chemin introspectif qui, sans être inédit, était inattendu et fort peu fréquenté par les créateurs de comics. Les 2 créateurs utilisent les codes traditionnels des comics (superhéros et dessins simples) pour un regard sensible sur les superhéros et leur évolution, sur un homme qui évolue au fil des années, sur une société qui pose un regard différent sur ses icones, sur l'évolution des valeurs d'un pays. Et contre toute attente, cette réflexion se fait en douceur, mais sans compromis, avec un profond amour pour ces personnages costumés et un vrai questionnement sur les valeurs morales d'une société, sans aucun prêchi prêcha primaire. DeMatteis et Cavallaro ont trouvé le point d'équilibre entre l'histoire et la réflexion sans tomber dans le métacommentaire abscons.
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Trinity of Sin - Phantom Stranger Vol. 1: A..

Ce tome comprend les épisodes 0 à 5 de la série "Trinity of sin - Phantom Stranger", faisant partie de la troisième vague des séries lancées dans le cadre du redémarrage à zéro (ou presque) de l'univers partagé DC, opération baptisée New 52. Cette série a commencé en 2012, ces épisodes sont donc parus initialement en 2012/2013. Le scénario est de Dan Didio, avec le renfort de JM DeMatteis pour les épisodes 4 & 5, les dessins de Brent Anderson avec un encrage de Scott Hanna (épisode 0), Philip Tan (épisodes 1 à 5) et Rob Hunter (épisodes 4 & 5). À noter les 2 couvertures horrifiques baignant dans l'humour noir de Jae Lee pour les épisodes 4 & 5, irrésistibles dans leur aspect sarcastique.



Épisode 0 - Phantom Stranger (ainsi que 2 autres individus : Pandora et Question) a été condamné à une vie d'errance par un tribunal composé de 7 déités sans nom, pour avoir commis un péché impardonnable impliquant 30 pièces d'argent (s'il n'est pas nommé, il n'y a aucun doute qu'il s'agit de Judas Iscariote). De nos jours, la voix céleste lui intime d'aider Jim Corrigan. Épisodes 1 à 3 - La vois céleste intime au Phantom Stranger d'aider une jeune femme prénommée Rachel (la fille de Trigon). En parallèle, sous le nom de Philip Stark, il continue de mener une vie ordinaire avec Elena Stark (sa femme), Allie et Tim (ses enfants) dans un pavillon de banlieue. Il doit essayer de se dépêtrer des interférences de Terry Thirteen (Doctor 13), et éviter les demandes insistantes de Pandora. Épisodes 4 & 5 - Cette fois-ci, c'est John Constantine qui essaye de l'enrôler dans la Justice League Dark, par la contrainte et la manipulation.



Ce n'est qu'à moitié confiant que le lecteur entame ce tome. En effet Dan Didio n'est pas connu pour ses talents de scénariste pénétrant, mais plutôt pour avoir réussi à diriger l'entreprise DC Comics en tant que responsable éditorial en chef. En outre, dès les premières pages, il est évident que Didio a choisi d'écrire ce comics de commande du fait de son importance stratégique. Dans Flashpoint (la série qui a servi à clore la version précédente de l'univers partagé DC), il apparaissait un nouveau personnage : Pandora qui joue ici un rôle essentiel. Le sous-titre "Trinity of sin" renvoie aux 3 personnages : Phantom Stranger, Pandora et Question. Enfin au moment de la parution de ces épisodes, DC Comics avait déjà annoncé que le crossover de l'été 2013 s'appellerait "Trinity war". L'appréhension de tomber sur un récit factice grandit encore quand on découvre la véritable identité du Phantom Stranger, reposant sur un passage du nouveau testament, référence qui fait rarement bon ménage avec les superhéros.



D'un autre coté, il y a Brent Anderson, le dessinateur attitré de la série Astro City de Kurt Busiek, classique, efficace, avec une certaine touche de classe. Le premier épisode est sympathique, avec un encrage un peu lissé qui fait perdre de l'intensité dramatique aux images. La mise en scène est solide, et les pages gagnent en crédibilité dès que le scénario s'éloigne du jury de déités et de la Judée. L'arrivée des 2 encreurs Tan et Hunter changent vraiment l'apparence des dessins en mieux, avec des traits plus fins, apportant une forme d'aspérités qui rehaussent les textures et l'aspect réaliste. Quand Anderson se donne la peine de dessiner des décors (la moitié des pages par épisode), ils renforcent la sensation de réalisme et d'immersion, qu'il s'agisse du laboratoire secret du Docteur 13, ou d'un magasin de vêtements pour une séance d'essayage (le salon de la famille Stark n'est pas mal non plus). Le reste du temps, Anderson a une approche concrète des combats avec des séquences posées dans lesquelles le lecteur peut suivre la logique et la continuité des mouvements des personnages (un peu à l'ancienne, sans montage épileptique d'images choc). Heureusement que les metteurs en couleurs (Ulises Areola et Jeromy Cox) maîtrisent les fonctions d'effets spéciaux de leur logiciel pour créer des explosions de couleurs qui servent à remplir les arrières plans.



Donc Didio bénéficie d'une mise en images d'un bon professionnel, au dessus de la moyenne des comics, sans être renversante. Comme on pouvait s'y attendre, il utilise la religion chrétienne pour son folklore, plutôt que pour sa philosophie ou sa foi. Finalement la référence à Judas sert à justifier que Phantom Stranger se trimballe avec un collier d'un autre âge, et qu'il obéisse à une vois désincarnée dont la graphie laisse sous-entendre qu'il s'agit de la parole du divin. Didio a quand même la présence d'esprit de laisser planer un doute et de montrer que Phantom Stranger et Spectre acceptent ces propos sans jamais avoir l'à propos de les mettre en doute (alors que le doute dans la religion chrétienne, c'est quand même fondamental).



Comme on pouvait s'y attendre, l'intrigue repose pour une majeure partie sur le principe d'introduire à nouveau des personnages ayant existé dans la précédente continuité (avant "Flashpoint"). De ce coté là, Didio s'en tire bien et les nouvelles versions sont assez intrigantes pour donner envie d'en savoir plus. Il prend soin également d'établir des passerelles avec 2 autres séries : "Justice League Dark" (la confrontation est bien menée, avec un John Constantine manipulateur et odieux comme on l'aime), et "All star western" (en particulier l'une des histoires complémentaires de The war of Lords and Owls, là encore il s'agit d'un apport qui enrichit le récit, même si le lecteur n'a pas lu cette histoire). Enfin l'arrivée de JM DeMatteis en tant que coscénariste permet d'étoffer les questions existentielles de Phantom Stranger et de les rendre intéressantes et crédibles.



Si le lecteur n'a pas de goût particulier ou n'éprouve pas de curiosité pour les coulisses de la continuité de l'univers partagé DC version "New 52", il est vraisemblable qu'il n'y trouvera pas son compte dans cette série servant à définir cette histoire de "Trinité" et à réintroduire plusieurs personnages liés à la magie et l'occultisme. 2 étoiles. Si le lecteur est curieux de savoir ce qui se trame avec Pandora, il n'aura pas beaucoup d'éléments à se mettre sous la dent, il aura la bonne surprise de trouver une histoire qui tient la route, avec un personnage qui s'étoffe d'épisode en épisode (malgré une origine calamiteuse), et de voir apparaître plusieurs personnages inattendus.
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Seekers into the Mystery 1

Ce tome regroupe les épisodes 1 à 5 d'une série débutée en 1996, écrite par John-Marc DeMatteis. Cette série a compté 15 épisodes au total.



La nuit, dans une maison de banlieue, un enfant pleure dans son lit et finit par s'envoler vers le ciel en passant à travers le toit, comme s'il s'agissait de son corps astral. Il retombe rapidement dans son corps d'adulte, celui de Lucas Hart, écrivain ayant la trentaine. Il vit dans un pavillon loué à une riche propriétaire, dans la banlieue de Los Angeles. Il est écrivain, sans espoir d'emploi, et il anesthésie son angoisse existentielle dans l'alcool et le visionnage de films pornographiques. Il entretient une relation avec Rhonda, une actrice de série Z qu'il traite comme un paillasson, il est séparée de sa femme et de sa fille. Il éprouve une étrange fascination pour le clochard qui déambule dans le parc avoisinant. Rhonda essaye de lui faire partager son intérêt pour un livre intitulé "The magic dance" écrit par Viola Clark. Le comportement égocentrique de Lucas Hart va finir par trouver ses limites et Hart n'aura d'autre choix que d'apprendre à se connaître lui-même, et à découvrir les autres. Tout au long de son éveil aux autres plane l'ombre d'un individu incarnant le meilleur de l'humanité, surnommé le Magicien que Viola Clark a rencontré en 1931.



JM DeMatteis est coutumier du voyage initiatique à forte teneur en interrogations existentielles. Parmi les plus remarquables, se trouvent Moonshadow, Blood : A Tale, The Last One, Brooklyn Dreams. Il n'a pas peur de la difficulté puisqu'il souhaite montrer le développement de la spiritualité d'un individu, au travers d'une bande dessinée. Au départ son personnage se vautre dans son égocentrisme. Une crise aigüe oblige Lucas Hart à confronter la réalité ; en effet ses distractions habituelles (alcool, sexe) ont perdu leur pouvoir calmant. Il n'y a plus de fuite possible.



Un écrivain égocentrique au bord de la déprime, incapable de ressentir de la sympathie ou de l'empathie pour les autres : on a déjà vu plus original comme début. En outre raconter son histoire sous forme de bande dessinée constitue une véritable gageure. Comment décrire le parcours spirituel d'un individu sous forme graphique sans tomber dans une imagerie naïve, ou à l'opposé dans des symboles abscons ? Le premier épisode ne rassure guère : les traumatismes inconscients refoulés s'incarnent sous la forme d'un petit diablotin avec des couteaux (degré zéro de la représentation), et la soif de liberté et de sérénité est représentée par le rêve de voler (ça y est les clichés sont en place). Et DeMatteis en rajoute une couche dans le bien lourd, bien stéréotypé : Lucas Hart a été victime d'un traumatisme dans son enfance.



Le pire est à craindre avec la proposition de l'ouvrage de Viola Clark qui pue le New Age factice. Et bien non, DeMatteis introduit aussi un personnage "le Magicien" qui relève du guru indien qui ne se cantonne pas dans un âshram, mais qui voyage et est suivi par un groupe de fidèles. Ce personnage restant inaccessible pour Lucas Hart car il n'a pas vécu à la même époque, il devient un symbole ambigu, voué à l'interprétation du lecteur qui confronte ainsi ses propres convictions à cette incarnation de la spiritualité. DeMatteis développe aussi le parcours de vie de Lucas Hart qui n'est pas un individu générique, mais qui a un caractère intimement liée à son histoire personnelle. Il prend soin également de ne pas se vautrer dans le récit dépressif : grâce à un dispositif narratif élégant il indique au lecteur que ces moments de vie participent à l'enrichissement de l'individu.



Glenn Barr illustre les épisodes 1 à 4 avec un style qui rappelle l'esquisse à l'encre avec quelques traits bien épais de ci, de là pour donner de la substance à ce qu'il représente. Il emploie une vision très personnelle de la perspective, à la fois légèrement étirée et un peu penchée. Il faut une dizaine de pages pour accepter ce style d'illustrations à l'encre. La mise en couleurs oscille entre le simplement fonctionnel avec des tons un peu plus vifs que la réalité, ou des camaïeux pour établir une ambiance. Globalement les illustrations apparaissent comme réalistes, sans être photographiques, parlantes et expressives sans chercher à faire joli, et avec un grain de folie qui met en valeur les aspects magiques du récit (l'apparence difficile à saisir du Magicien, les expériences de vol, le clochard éveillé, etc.).



Le cinquième épisode bénéficie de la vision d'artiste de Jon J. Muth. DeMatteis retrouve son compère de Moonshadow qui travaille ici à l'encre de chine pour des illustrations très évocatrices. DeMatteis lui a réservé l'épisode consacré à l'évocation du Magicien et aux derniers jours d'une vieille femme. Muth apporte toute la délicatesse nécessaire, dont une sublime page d'un couple en train de danser représenté comme des silhouettes par de rapides coups de pinceaux à l'encre.



JM DeMatteis propose au lecteur d'accompagner Lucas Hart dans la découverte par ce personnage de la notion de spiritualité. Malgré un ou deux clichés visuels et narratifs, les auteurs ont vite fait de dresser le portrait d'un individu complexe effectuant son cheminement de manière naturelle, sans énorme coup de théâtre assénant une vérité incontournable, sans philosophie prête à penser toute faite. Le récit s'achève sur une forme de résolution partielle, mais j'espère qu'un éditeur republiera les 10 épisodes suivants.
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Defenders: Indefensible

Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie parue en 2005. L'équipe des Defenders se compose des membres originaux : Hulk, Namor et Doctor Strange tels que rassemblés pour la première fois en 1971 (réédités dans Essential Defenders 1). La présence du Silver Surfer sur la couverture est justifiée, mais d'une façon assez particulière.



Une nuit dans le sanctuaire du Doctor Strange à New York, Wong (son serviteur) tente de l'étouffer avec un oreiller. Strange constate rapidement qu'il est en fait possédé par Nightmare (un demi-dieu se repaissant des cauchemars des êtres vivants). Ce dernier est venu l'avertir que Dormammu a forgé une alliance avec Umar (sa soeur) pour refaire le monde à son image à commencer par la Terre. Ayant consulté un artefact magique, Stephen Strange apprend qu'il ne viendra à bout du plan du frère et de la soeur qu'avec l'aide de Hulk, Namor et Silver Surfer. Le recrutement des 2 premiers s'avère un peu difficile et celui de Norrin Radd est un échec. À peine mis côte à côte, Bruce Banner et Namor entament une prise de bec mémorable qui augure mal de leur éventuelle collaboration. Strange ne perd pas de temps et téléporte le trio dans la dimension de Dormammu pour s'attaquer au problème. Sauf que son sort est légèrement décalé, que Strange et Namor sont séparés de Hulk, et que Dormammu et Umar ne les ont pas attendus pour se préparer à l'affrontement.



Le trio de créateurs John-Marc DeMatteis, Keith Giffen et Kevin Maguire s'est rendu célèbre pour sa relance la Justice League en 1987 (à commencer par JLI 1). Ils devaient relancer ce groupe de superhéros, sans pouvoir disposer de Batman (si ce n'est pas intermittence), Superman ou Wonder Woman. Afin de pallier ces absences, ils avaient choisi d'inclure une dose d'humour sous la forme de chicaneries et de railleries entre les membres du groupe. Cette forme de narration inhabituelle a conquis les lecteurs et après les épisodes initiaux, ils sont revenus pour deux histoires supplémentaires : Formerly Known As the Justice League (2003), puis I Can't Believe It's Not the Justice League.



C'est sûr qu'en voyant leurs noms sur la couverture de ce tome, le lecteur sait déjà que la dérision sera le maître mot du récit. Pour commencer, Nightmare se découvre un sens de l'humour et il raille Stephen Strange pour son parler un peu ampoulé. Ensuite il fait observer la condition d'exploitation économique dans laquelle se trouve Wong, justifiée par le prétexte fallacieux des consignes du Grand Ancien (le mentor décédé de Strange). Ensuite de DeMatteis et Giffen s'amusent beaucoup avec une franche inimitié teintée de mépris entre Hulk et Namor. Malheureusement ce gag est décliné à toutes les sauces tout au long des 5 épisodes, alors qu'il y avait à peine de quoi tenir 1 épisode. Il en va de même pour les raisons qui font que Norrin Radd ne répond pas à l'appel de Strange : au bout du premier épisode, le ressort comique de ce motif a déjà été épuisé. En outre, les auteurs ont surtout recours au comique de caractère, et très peu à des comiques d'un autre registre. Cela se traduit par des dialogues envahissants et interminables, et une absence de variété dans les effets comiques. Il faut attendre plusieurs pages avant d'avoir droit à une autre scène avec Wong en train de laver une paire de collants noirs de Strange pour que DeMatteis joue sur le registre du contentement apporté par l'accomplissement des tâches ménagères. Et pourtant, le lecteur constate à 2 ou 3 reprises que les scénaristes étaient près à se lâcher plus. Par exemple, Umar voit en Hulk un esclave dédié à son plaisir physique, et cette idée donne lieu à des gags réjouissants, malheureusement trop peu nombreux



Quant à l'histoire, Keith Giffen utilise une trame usée jusqu'à la corde de conquête de la réalité au cours de laquelle Dormammu devient le nouveau Dieu de notre réalité (mais sans Gant de l'Infini, contrairement à Thanos dans The Infinity Gauntlet). Le lecteur a donc le droit à une apparition d'Eternity, et à un dénouement qui frise l'idiotie. Le deus ex machina utilisé laisse pantois par sa bêtise (la personne impliquée savait dès le début qu'elle devrait intervenir) et son manque de cohérence avec le reste de l'univers partagé Marvel (ce nouveau Dieu n'est pas plus satisfaisant que Dormammu).



Un des autres attraits de la série JLI résidait dans la capacité de Kevin Maguire à croquer des moues expressives et irrésistibles pour les visages. Il est visible que Maguire a disposé du temps nécessaire pour bien finir ses illustrations. Il est également visible que Giffen et DeMatteis se sont arrangés pour qu'il n'ait pas à dessiner des décors à toutes les pages. Bizarrement, Maguire n'est pas très convaincant avec les expressions faciales auxquelles il manque l'impact de celles de la JLI. Par contre, il a réussi plusieurs autres aspects. Le premier est l'allure sensuelle d'Umar. Cette entité extra-dimensionnelle habite un corps d'humaine impressionnant et elle a donc un appétit difficile à satisfaire, au point que Hulk n'est pas de taille. Maguire s'applique à lui donner une plastique magnifique, y compris lors des scènes de bain (mais un éditeur trop frileux a demandé à un tâcheron d'augmenter la surface de son maillot, ce qu'il a fait à grands traits de marqueur de manière immonde et non professionnelle). Il élabore des visuels inventifs pour les scènes de boudoir qui évitent le voyeurisme, tout en augmentant l'effet comique. Il élabore également une interprétation graphique du Silver Surfer irrésistible et mémorable. La façon dont Hulk éteint la tête enflammée de Dormammu vaut également son pesant de cacahuètes. Enfin les illustrations sont rehaussées par la riche mise en couleurs de Chris Sotomayor.



Finalement cette histoire du trio irrévérencieux Giffen DeMatteis et Maguire n'arrive pas à décoller du fait de gags répétitifs, et d'une histoire peu engageante. C'est dommage parce que Maguire s'est appliqué et propose des visuels intéressants.
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Doctor Strange : Into Shamballa

En 1982, Marvel décide de publier des histoires sous la forme qualifiée de "Graphic novel" (en abrégé MGN, pour Marvel Graphic Novel), c'est-à-dire des histoires complètes dans un format européen avec une couverture souple. La première de la série est The Death of Captain Marvel. Le présent récit est la graphic novel numéro 23, publiée en 1986. Le scénario est de JM DeMatteis, et les illustrations peintes de Dan Green. Ce tome comporte 62 pages de bandes dessinées.



Dans le sanctuaire désaffecté du Grand Ancien (Ancient, One, le défunt tuteur de Stephen Strange), une silhouette médite dans la position du lotus. Stephen Strange a entrepris un pèlerinage vers ce sanctuaire. Il avance dans les neiges de l'Himalaya protégé par sa magie, tout en se souvenant de la première fois où il a parcouru ce chemin en quête d'une dernière chance. Arrivé sur place il se recueille et repousse l'attaque mystique de trois malandrins venus là en quête de résidus de pouvoir magique. Non loin du sanctuaire, il retrouve Hamir (l'ancien serviteur du Grand Ancien) qui lui remet une boîte de la part de son ancien mentor. De retour à New York, Stephen Strange procède à l'examen de ladite boîte avec tous les sorts à sa disposition sans réussir à percer son secret. Un geste d'énervement déclenche un sort latent et projette Strange à Shamballa. Les consciences composant Shamballa lui demandent d'activer trois sorts dissémines sur la Terre au croisement de lignes Ley (concept aussi connu sous le nom d'alignement de sites). Une fois activés, les 3 sorts déclencheront une véritable apocalypse sur terre dont un quart de l'humanité ressortira vivant pour évoluer vers un état de conscience supérieur. La conscience du Grand Ancien incite Strange à activer les 3 sorts.



À l'ouverture d'une graphic novel, le lecteur pouvait découvrir des choses de nature très différentes : le lancement d'une nouvelle série Marvel (les New Mutants, MGN 4), une histoire de science-fiction sans lendemain (Super Boxers, MGN 8), ou le début d'une série indépendante (telle que les adaptations d'Elric, Dreadstar de Jim Starlin, Starstruck d'Elaine Lee et Michael Kaluta, etc.), et puis des histoires de superhéros classiques bénéficiant de ce format exceptionnel pour des raisons mystérieuses. Parfois, le lecteur découvrait une histoire complète sans superhéros ébouriffante (Greenberg the Vampire, également de JM DeMatteis), ou une histoire de superhéros ambitieuse comme c'est le cas avec "Into Shamballa".



JM DeMatteis (le scénariste) commençait à l'époque à insuffler dans ses histoires ses propres questionnements d'être humain. À travers les tribulations de Doctor Strange, il aborde l'apport de la spiritualité chinoise dans sa propre vie, et sa quête du sens de la vie. Dit comme ça, ce sont des thèmes qui peuvent paraître complètement inadaptés à l'histoire d'un ex-chirurgien devenu adepte de la magie, lançant des sorts, combattant des démons et portant un ridicule costume bleu avec une cape de lévitation rouge. Or DeMatteis et Dan Green mettent à profit ces éléments dans une aventure qui sort de l'ordinaire. Pour commencer, il n'y a aucun phylactère, tout est raconté dans des inserts de texte par un narrateur extérieur. En fait, ces pages s'apparentent plus à des illustrations commentées, qu'à une véritable bande dessinée, même s'il y a quelques passages qui reposent sur une narration graphique séquentielle.



DeMatteis revient habilement au postulat de départ défini par Steve Ditko et Stan Lee : Stephen Strange est un individu matérialiste arrogant et sûr de lui. Son accident et les enseignements du Grand Ancien l'ont ouvert à une autre façon de penser, de concevoir la vie, mais sa confiance en lui regagne du terrain car il s'en nourrit pour affermir sa conviction en son bon droit, pour justifier sa suprématie dans les combats, jusqu'à ressembler dangereusement à de la vanité. Le temps est venu pour lui de confronter à nouveau sa façon de penser occidentale et matérialiste à une autre philosophie; C'est bien le parcours spirituel de DeMatteis qui évite une suite de poncifs approximatifs pour une remise en question signifiante. Stephen Strange doit s'interroger sur le sens de l'Histoire (l'Humanité est-elle destinée à progresser dans le bon sens au fil des siècles ?), sur les formes que peut prendre la vanité, sur la peur du changement, sur la faiblesse de la chair, sur la possibilité de l'existence d'un grand tout bienveillant.



Dan Green se révèle tout aussi surprenant et à l'aise dans cet exercice graphique qui sort de l'ordinaire. Il réalise la majeure partie des illustrations à l'aquarelle, avec un vrai savoir faire. Le choix de l'aquarelle s'avère pertinent car il permet de conférer une qualité onirique au récit. Plutôt que de mettre en images une profusion de sorts et de décharges d'énergies mystiques de toutes les couleurs, Doctor Strange évolue dans un monde dont les contours sont malléables, changeants et fonction de l'état d'esprit. L'aquarelle permet de mettre en avant le voyage intérieur de Strange, l'évolution de sa perception de la réalité. Dan Green privilégie les couleurs pales, presque transparentes qui transcrivent le manque de consistance de la réalité qui se transforme au gré de l'interprétation de celui qui la contemple. Il n'hésite pas le temps d'une case ou deux, à basculer dans l'abstraction pour rendre compte de cette mouvance déstabilisante. Il permet au lecteur de deviner les forces et les êtres qui évoluent aux limites de la perception humaine.



JM DeMatteis et Dan Green profitent du format inhabituel pour transformer les combats à grand renfort de décharges d'énergie crépitante du Doctor Strange, en une confrontation de perception de la réalité qui la transforme sous les yeux du lecteur. Si ce récit ne permet pas d'atteindre Shamballa (ou Shambhala dans une orthographe plus récente), le royaume parfait dissimulé dans l'Himalaya selon la mythologie bouddhique, il permet de faire quelques pas dans sa direction.
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Larfleeze Vol. 2: The Face of Greed

Ce tome fait suite à Revolt of the orange Lanterns (épisodes 1 à 6, + histoires bonus parues dans "Threshold"). Il contient les épisodes 7 à 12 de la série, initialement parus en 2014, avec un scénario de Keith Giffen, des dialogues de John-Marc DeMatteis, et des dessins et un encrage de Scott Kolins, avec une mise en couleurs de Mike Atiyeh. Il s'agit du dernier tome de la série, qui constitue une conclusion satisfaisante à l'histoire.



Sur la planète Sorrow (peuplée de robots), Errata est venue pour renouer la guerre avec sa sœur Dyrge. Non loin de là, Larfleeze demande à son anneau de lui retrouver Pulsar Stargrave, son majordome. L'anneau obtempère, en répondant de manière désobligeante. Très loin de là, Stargrave et Sean observent le Concile des 10, en pleine réflexion, interminable.



En pleine bataille sur Sorrow, Durge s'insinue dans l'esprit de Larfleeze où elle découvre le moteur et la force de sa motivation. Loard of the Hunt s'empare de Sena et de Stargrave. Les 2 autres membres de la fratrie de la Maison de Tuath Dan évoquent le risque représenté par Larfleeze. Après, ça dégénère un peu. Il est question d'un Green Lantern incompétent (G'Nort), d'une promesse d'épouser le premier combattant à battre Sena, de la mère de Larfleeze, et bien sûr d'accumuler le maximum de possession



Le premier tome des aventures de Larfleeze avait laissé un goût de manque : pas aussi drôle qu'il aurait dû être, une intrigue pas assez dense, des personnages marquants mais pas assez étoffés. Le premier épisode conforte cette impression. Les personnages sont tous un peu neuneu, soit imbus de leur personnalité, soit pas très futés. Giffen et DeMatteis recyclent déjà les gags des 6 premiers épisodes.



Le reste de la Maison de Tuath-Dan est tout aussi caricatural que ceux que l'on connaissait déjà. Larfleeze est uniquement sur le mode "je tape sur tout jusqu'à ce que je gagne". Le retour de G'Nort (Green Lantern par complaisance) sent également le réchauffé, puisque Giffen et DeMatteis l'avaient déjà mis en scène dans leur version décapante de la Justice League International (voir Justice League International, vol. 2).



Les dessins de Scott Kolins restent dans un mode à l'apparence un peu griffée, aux postures très "superhéros", tout muscles bandés, sous l'emprise de la testostérone, plein de bruit et de fureur, mais déjà éloignés de la force de Jack Kirby, déjà trop dérivatifs.



Il faut donc attendre que l'accumulation de séquences fasse son effet pour se rendre compte que Giffen et DeMatteis trouvent leur rythme petit à petit. Progressivement, leur humour se fait plus efficace et mieux amené. Cela commence avec la découverte de Dyrge, de l'énormité de l'émotion exclusive qui anime Larfleeze, avec une représentation visuelle énorme et imparable de ce sentiment.



La pleine page d'ouverture de l'épisode 8 capture toute la démesure de l'avidité de Larfleeze, dans une image aussi expressive que drôle. Le comique de répétition (Larfleeze se faisant traiter de singe ou de chien régulièrement) finit aussi par fonctionner grâce aux réactions mettant en évidence le caractère irrémédiablement borné de Larfleeze. Là encore les dessins de Kolins réussissent à transcrire l'émotion intense qui habite ce personnage.



Le lecteur se rend également compte que sans attirer l'attention Scott Kolins sait donner assez de consistance aux décors pour donner l'impression d'une planète extraterrestre, avec un minimum de bâtiments spécifiques. Il sait tout aussi bien donner une apparence unique à chacun des membres de la Maison de Tuath Dan (Dyrge, Errata, Sena, Loard of the Hunt, Ardora et Xum of all Things), mélange d'extraterrestres aux couleurs improbables, et d'entités qui en imposent par leur stature (il s'agit quand même de déités).



Même G'Nort ne se limite pas à une simple décalque de sa version des années 1980 (pré-Flashpoint). Kolins lui rend une forme de dignité inattendue, Giffen et DeMatteis conservent sa comprenette limitée, sans le réduire au rôle unidimensionnel de bouffon. Dans son obsession, Larfleeze ne perd pas une dimension attachante, et un degré de complexité inattendue. Le lecteur se rend compte à la fin du dernier épisode qu'il aurait bien aimé passer encore plusieurs chapitres avec ces drôles de gugusses, plus étoffés qu'il ne le pensait.



Pour cette deuxième et dernière moitié de la série consacrée à Larfleeze, le lecteur doit accepter que les auteurs ont besoin de temps pour trouver le rythme, d'affiner le ton de leur narration, de cumuler plusieurs séquences pour atteindre leur potentiel narratif. Sous réserve de faire preuve de patience pendant le premier tiers, il perçoit alors toutes les saveurs de ce récit.



Au premier niveau, la tension de l'aventure est réelle, et le lecteur souhaite connaître le dénouement, tout en découvrant es péripéties. À un deuxième niveau, l'humour fait mouche, sous ses différentes formes, du comique de répétition aux références geek (Sena prête à se marier avec l'homme qui la battra en combat, évoquant la même promesse de Red Sonja, personnage secondaire de la série Conan). Giffen et DeMatteis mettent également en scène avec habilité la notion d'avarice, comme obsession mais aussi comme état d'esprit négatif pouvant servir de motivation imparable.



Suite à cette série, Keith Giffen et John-Marc DeMatteis ont été recrutés par les responsables éditoriaux de DC pour donner naissance à une nouvelle série (pour laquelle il leur faut également du temps pour trouver leur marque) : Justice League 3000, à commencer par Yesterday lives, avec des dessins d'Howard Porter.
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Marvel Firsts: The 1980s Volume 2

Ce tome est le sixième de la série qui a commencé avec Marvel firsts: the 1960s. Il n'est pas besoin d'avoir lu les tomes précédents pour apprécier celui-ci. Le principe de cette collection est d'assembler un recueil d'épisodes choisis pour constituer une première : soit le premier numéro d'une série, soit la première apparition d'un personnage en tant que premier rôle. Du coup, mis à part le premier tome consacré aux années 1960, ils comprennent des épisodes disparates de séries secondaires, voire oubliées à juste titre, puisque les premières apparitions des personnages historiques de Marvel se sont produites dans les années 1960. L'autre particularité de ces recueils est de présenter une galerie de couvertures d'autres comics Marvel datant des mêmes années, à raison de 9 par page.



Comme dans les tomes précédents, le lecteur ressent plus ou moins d'enthousiasme en découvrant les épisodes retenus pour constituer ce recueil. C'est une tranche issue d'un découpage arbitraire de la production Marvel des années 1984 à 1986. C'est relire des épisodes qui ont été réédités à de nombreuses reprises sous différentes formes (West Coast Avengers, X-Factor, Punisher, Secret Wars II). C'est aussi découvrir des débuts de miniséries improbables (Gargoyle un membre des Defenders, Dakota North une enquêtrice dans le milieu de la mode).



Côté superhéros traditionnels, le lecteur retrouve les débuts de X-Factor : réassembler la première équipe des X-Men, en faisant ressusciter Jean Grey, et même faire perdre sa fourrure à Hank McCoy (dans un des épisodes suivants). C'est du pur marketing, aboutissant à une mécanique artificielle et sans âme, sur la base d'une idée idiote (les X-Men se font passer pour des chasseurs de mutants, attisant ainsi le sentiment anti-mutant qu'ils sont censés combattre). Dans ces séries classiques, il est possible d'ajouter les West Coast Avengers (première tentative de décliner les Avengers en franchise), et Secret Wars II (crossover étant la suite d'une des meilleures ventes de Marvel).



Il y a donc toute une ribambelle de miniséries consacrées à des personnages secondaires d'équipe, de Nightcrawler à Gargoyle, en passant par Iceman, Kitty & Wolverine, Firestar (en provenance des dessins animés de Spider-Man). À chaque fois, la qualité de l'histoire est entièrement dépendante des auteurs. Dave Cockrum mélange pirates et science-fiction pour une histoire très convenue de Nightcrawler. Claremont essaye de faire du Frank Miller avec un Wolverine japonisant, mais en centrant son récit sur Kitty, le résultat est un peu bancal. Walter SImonson est un peu plus aventureux avec Balder, plus enraciné dans les légendes nordiques.



Par comparaison, JM DeMatteis est beaucoup plus aventureux, que ce soit avec Bobby Drake menacé d'oubli, ou avec Christian Isaacs en proie au remord. Dans le premier cas, les dessins sont assez quelconques ; dans le deuxième cas (pour Gargoyle) Mark Badger s'émancipe des codes de superhéros pour une approche plus européenne, installant une ambiance gothique et inquiétante.



Marvel essaye également de lancer des nouveaux personnages comme Rocket Raccoon (il faudra attendre 2014 pour qu'il acquière une notoriété significative, avec le film "Guardians of the Galaxy"), ou Longshot, un personnage qui n'a jamais vraiment percé.



Enfin, il y a des innovations inattendues. Ça commence par la tentative de développement multimédia "Questprobe", un comics associé à un jeu vidéo de superhéros (3 numéros en 1 an, succès proche du néant). Ça continue avec un virage inattendu pour le Punisher (dont on apprend enfin le nom Frank Castle). Succès foudroyant, Grant, Zeck et Beatty transforment une pâle copie de l'Exécuteur (Mack Bolan) en un individu à la détermination sans faille, à la morphologie massive, au regard intense. Dès cet épisode, le Punisher quitte le monde des superhéros pour entrer dans celui de la guerre des gangs et des règlements de compte sanglants.



Comparé à cet épisode du Punisher, les autres séries sortant de l'ordinaire peuvent paraître un peu fades. Pourtant l'idée de coupler invasion extraterrestre et superhéros dans un décor de science-fiction (Strikeforce Morituri) s'avère percutante du fait de la mort assurée des personnages dans un délai d'un an. Les dessins assez réalistes de Brent Anderson (encore fortement influencé par Neal Adams) apportent une consistance crédible à la série. Le point de départ de Dakota North est tout aussi inattendu de la part de Marvel, mais les dessins un peu trop épurés peinent à convaincre pour cet unique épisode. Le cas du Squadron Supreme est un peu à part. Le dessinateur oscille entre superhéros un peu trop sages, et personnes de la rue un peu trop génériques. Par contre Mark Gruenwald pose la première pierre d'un long récit ambitieux dans lequel les superhéros (une copie transparente de la Justice League) s'emparent du pouvoir mondial pour installer une utopie sur Terre.



Il reste encore le cas particulier de Star Brand. Marvel avait décidé de créer une toute nouvelle branche de superhéros, indépendante de Spider-Man et consorts, plus "réalistes". Ça ne dure même pas le temps d'un épisode puisque dès le départ apparaît une race extraterrestre intelligente, et toutes les séries ne seront pas du même niveau. Mais cet épisode de Star Brand se redécouvre avec plaisir, pour un récit là encore assez adulte, une mise en page impeccable de John Romita junior, et un encrage de luxe d'Al Willliamson.



-

- Au travers des 98 couvertures reproduites (12 pages saupoudrées au fil du recueil), le lecteur découvre une partie de la production Marvel, en dehors des superhéros classiques. Il y a toute une kyrielle d'adaptation de films et de dessins animés : Indiana Jones, Transformers, The last starfighter, Doctor Who, Buckaroo Banzai, A-Team, Sheena, Dune, 2010, Ewoks, Thundercats, Labyrinth. Il y a des séries créées pour promouvoir des lignes de jouets : Micronauts, Starriors, GI Joe. Il y a les adaptations des personnages créés par Robert Erwin Howard : Conan, Red Sonja, Solomon Kane.



En parcourant ces couvertures, le lecteur découvre également (ou se souvient) que Marvel essayait de toucher le plus grand possible. Il y a ainsi des comics pour enfants (sans superhéros, comme Fraggle Rock, ou Heathcliff), et même pour filles.



Il y a toute la ligne Epic Comics. En revoyant ces couvertures, le lecteur prend conscience que Marvel disposait d'une ligne adulte équivalente à Vertigo, une décennie avant, avec des titres comme Six from Sirius, Void Indigo, Crash Ryan, Timespirits, Sisterhood of Steel, Starstruck, Swords of the Swashbucklers, Groo, Moonshadow, Elfquest, Dreadstar, Black Dragon, Bozz Chronicles.



Il y avait même des tentatives d'élargir la gamme des comics de superhéros : Marvel : Machine Man, Beauty and the Beast, Moon Knight, Cloak and Dagger, Eternals. Aucun n'a réussi à s'imposer au travers d'une série continue pérenne.



Enfin il y a la naissance d'une nouvelle branche appelée New Universe : Spitfire, Nightmask, Psi-Force, Kickers inc, Merc, DP7, Justice.



Mais bien sûr, le comics le plus inattendu publié par Marvel dans ces années reste celui consacré à Mère Thérésa.



- Le contenu - Pour mémoire, (s) = scénariste, (d) = dessinateur, (e) = encreur



- Questprobe 1 : Bill Mantlo (s), Mark Gruenwald (d), John Romita senior (e)

- West coast Avengers 1 : Roger Stern (s), Bob Hall (d), Brett Breeding (e)

- Epic illustrated 26 : John Byrne (s) + (d), Terry Austin (e)

- Kitty Pride & Wolverine 1 : Chris Claremont (s), Al Milgrom (d) + (e)

- Iceman 1 : John-Marc DeMatteis (s), Alan Kupperberg (d), Mike Gustovith (e)

- Rocket Raccoon 1: Bill Mantlo (s), Mike Mignola (d), Al Gordon (e)

- Gargoyle 1 : John-Marc DeMatteis (s), Mark Badger (d) + (e)

- Secret Wars II : Jim Shooter (s), Al Milgrom (d), Steve Leialoha (e)

- Squadron Supreme 1 : Mark Gruenwald (s), Bob Hall (d), Scott Beatty (e)

- Longshot 1 : Ann Nocenti (s), Art Adams (d), Brent Anderson (e), Whilce Portacio (e)

- Nightcrawler 1 : Dave Cockrum (s) + (d) + (e)

- Balder the brave 1 : Walter Simonson (s), Sal Buscema (d) +(e)

- Punisher 1 : Steven Grant (s), Mike Zeck (d), John Beatty (e)

- X-Factor 1 : Bob Layton (s), Jackson Guice (d), Josef Rubinstein (e)

- Firestar 1 : Tom de Falco (s), Mary Wilshire (d), Steve Leialoha (e)

- Dakota North 1 : Martha Thomases (s), Tony Salmons (d) + (e)

- Star Brand 1 : Jim Shooter (s), John Romita junior (d), Al Williamson (e)

- Strikeforce Morituri 1 : Peter Brad Gillis (s), Brent Anderson (d), Scott Williams (e)
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Justice League International vol. 6

Ce tome regroupe les épisodes 31 à 35 de la Justice League International (en abrégé JLI) et les épisodes 7 à 11 de la Justice League Europe (en abrégé JLE) parus en 1989/1990. Il fait suite à JLI 5.



Épisodes 31 & 32 de la JLI + 7 & 8 de la JLE - Le représentant d'une nation des Balkans a demandé à la JLE d'intervenir sur son territoire suite à ce qui semble s'apparenter à la transformation de populations entières de bourgades en vampires. La JLE est rapidement débordée et elle appelle la JLI en renfort.



Épisodes 33 à 35 de la JLI - Blue Beetle (Ted Kord) et Booster Gold (Michael Carter) ont eu une idée de génie : pour pouvoir renflouer leurs comptes en banque personnels, ils ont vidé celui de la JLI pour financer le Club JLI. L'idée est simple : installer un casino sur l'île de KooeyKooeyKooey et plumer les gogos (euh, pardon, fournir des prestations de qualité irréprochables à des clients fortunés). Grâce à Guy Gardner, ils ont même pu bénéficier de l'aide significative de Kilowog (au chômage depuis que le Green Lantern Corps a été dissout). Mais Major Disaster et Big Sir figurent parmi leurs premiers clients et Maxwell Lord n'est pas tout à fait convaincu par l'idée. Et Aquaman (en bonne santé, avant sa prothèse crochet) a une mauvaise nouvelle pour Ted et Michael.



Épisodes 9 à 11 de la JLE - Après la mission dans les Balkans, Power Girl est dans le coma à l'hôpital en attendant que Captain Atom trouve une solution technique pour que les médecins puissent l'opérer. Wally West ne supporte plus que Raph Dibny le rabaisse systématiquement en le comparant à Barry Allen. Crimson Fox (Vivian & Constance d'Aramis, françaises d'origine algérienne) s'invite dans la JLE. Et Rex Mason est bien décidé à voir son fils, même si Simon Stagg s'y oppose formellement.



Après les épisodes quelconques de la JLI et les épisodes répétitifs et creux de la JLE, les lecteurs pouvaient craindre une panne d'inspiration fatale pour ces séries. Pour la première histoire, Keith Giffen organise une rencontre entre les 2 équipes, implique Simon Stagg, fait apparaître le Spectre (la version Jim Corrigan), ramène le Grey Man (apparu dans le premier tome) et rajoute les seigneurs du Chaos et les maîtres de l'ordre. Loin d'être indigeste, le résultat est divertissant grâce à une bonne dose de suspense et de second degré. L'ensemble des dialogues est écrit par JM DeMatteis qui a retrouvé de la verve, du mordant et de nouvelles blagues. En outre, ils emmènent le lecteur dans un recoin intrigant de l'univers partagé DC où les forces du chaos affrontent celles de l'ordre (thème déjà développé dans la minisérie consacrée au Doctor Fate par DeMatteis et Giffen en 1987).



Puis les équipes vont chacune de leur coté et Giffen passe la vitesse supérieure en termes de dérision et de loufoquerie avec le Club JLI. DeMatteis s'en donne à coeur joie avec des dialogues ciselés : ces 3 épisodes mêlent superpouvoirs, avec moqueries, poisse, plan foireux pour s'enrichir rapidement et un soupçon d'absurde, sans oublier les personnalités des uns et des autres. Il faut dire qu'il a également écrit une minisérie du Martian Manhunter en 1988 (illustrée par Mark Badger) et d'une manière générale il a une vision claire des traits de caractère les plus saillants de chaque personnage. Cette histoire figure parmi les plus drôles de cette incarnation de la JLI.



Cerise sur le gâteau : tous les épisodes de la JLI sont illustrés par un jeune débutant (il n'avait dessiné que Maze Agency avant) appelé à un avenir prometteur : Adam Hughes. Il n'a pas encore bien sûr le savoir faire exceptionnel pour les pin-ups, mais il a déjà un joli coup de crayon pour une silhouette féminine ou deux. Ses dessins sont clairs, faciles à lire. Les visages expriment des émotions diverses et variées. Les scènes de groupe sont aérées, malgré le grand nombre de personnages. Il a le sens du détail et du cadrage. Ses dessins ont déjà un niveau de qualité supérieur à la moyenne.



Pour les épisodes 9 à 11 de la JLE, le résultat est plus décousu et moins convaincant. DeMatteis a quitté la série et les dialogues sont confiés à William Messner-Loebs (scénariste à l'époque de Wonder Woman). Il a un style d'écriture plus massif, plus explicatif, et beaucoup moins alerte et drôle. Cela donne des phylactères d'explication massifs et peu digestes. Giffen est également moins inspiré coté scénario. Il déroule l'aventure du mois et replonge dans les manigances de Simon Stagg qu'il a du mal à rendre vraiment antipathique.



Bart Sears continue de dessiner les épisodes de la JLE, et il est encré par Art Nichols, sauf pour l'épisode 9 où ils intervertissent leurs rôles. Bart Sears s'améliore d'épisode en épisode en devenant plus respectueux de l'anatomie et en évitant d'abuser de ses traits trop gras quand il ya déjà trop personnages dans une case. Mais l'esthétisme particulier de son style a quelque chose de forcé et de légèrement désagréable à l'oeil par comparaison aux compositions fluides et simples d'Adam Hughes.



Au global, ce tome constitue une lecture divertissante, avec les débuts d'une future superstar de l'illustration des héroïnes, avec l'un des passages les plus drôles de la série (retenez bien ce nom : KooeyKooeyKooey).
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Justice League International vol. 4

Ce tome fait suite à JLI 3 et il contient les épisodes 23 à 30 de la série. À compter de l'épisode 26, la série est rebaptisée Justice League America, puisqu'il s'ouvre en parallèle une branche européenne de la Justice League.



Épisode 23 (dessins de Kevin Maguire) - La Justice League doit enlever les décombres d'un vaisseau sur île isolée. Guy Gardner n'hésite pas à enlever tout d'un coup grâce à son anneau de pouvoir, en oubliant les règles de base de la résistance des matériaux. Du coup, ce ménage prend beaucoup plus de temps que prévu, surtout pour Mister Miracle (Scott Free). Sur l'île d'en face, 5 supercriminels (de troisième zone, en connaissez-vous un : Major Disaster, Multi-Man, Big Sir, Clue-Master et Clock King ?) et leur technicien essayent de réparer un autre vaisseau pour s'enfuir.



Épisode 24 & 25 (illustré moitié par Ty Templeton et moitié par Kevin Maguire) - La première partie se concentre sur la quête de Maxwell Lord pour savoir quel effet a eu, sur lui, la bombe génétique déclenchée pendant Invasion: Secret No More. C'est ici qu'il acquière ses célèbres saignements de nez. Dans la deuxième partie, Oberon a organisé un buffet dans l'ambassade de la JLI pour recruter des nouveaux membres. La réception finit par être interrompue par le retour des mini-Khunds. Cet épisode sert de prélude à la création de la branche européenne de la Justice League (série dérivée).



Épisode 26 (dessins de Ty Templeton) - Blue Beetle et Booster Gold enquêtent sur des signalements d'activité vampirique. Épisodes 27 à 29 (dessins de Ty Templeton, puis Mike McKone) - Lors de leur séjour en Bialya, Ted Kord et Michael Carter ont subi une programmation mentale effectuée par Queen Bee. À New York, Batman fait appel à 2 experts successifs pour essayer de remédier à cet état de fait : Amanda Waller (responsable du Suicide Squad), puis Kent Nelson (à moins que ce ne soit Nabu). Dans le dernier épisode (dessins de Bill Willingham), Mister Miracle, Big Barda, Fire et Huntress (Helena Bertinelli) essayent de récupérer la megarod de Big Barda.



Oh! Ben ça commence à perdre un peu de rythme et d'intérêt. Le premier épisode est assez savoureux avec cette incarnation pathétique de l'Injustice League (International, bien sûr). Le deuxième ressemble fort à un scénario artificiel pour rendre Maxwell Lord plus intéressant. La deuxième partie est plus savoureuse avec des superhéros en train de manger des canapés et des petits fours, tout en s'envoyant des vannes plus ou moins vachardes. Pour ces 2 épisodes les dessins de Maguire restent savoureux, mais avec un encrage un peu pataud qui affaiblit l'expressivité des visages. Avec la chasse au vampire, Giffen et DeMatteis tentent de donner un peu plus de sérieux au tandem de Blue Beetle et Booster Gold dans une histoire avec le méchant du mois, vite découvert, vite oublié. Les dessins de Ty Templeton sont plus simples et plus adolescents que ceux de Maguire. Le début de la possession de Blue Beetle n'est qu'un prétexte à de fades scènes de combats entre superhéros avec Batman et Huntress. Il faut donc attendre l'arrivée de Kent Nelson pour que Giffen et DeMatteis retrouvent leur mordant. Ils avaient réalisé la même année une minisérie formidable sur ce personnage (Doctor Fate). La scène où Nabu essaye d'expliquer à Batman son nouveau statut me fait travailler les zygomatiques à chaque fois. Et puis la tension retombe avec un nouveau combat contre le méchant du mois.



Giffen et DeMatteis ont beau essayer de s'insérer dans la continuité de l'époque (avec une référence à Deacon Blackfire de The Cult), il est difficile de voir les conséquences des aventures de la JLI pour les personnages concernés. L'amitié de Blue Beetle et Booster Gold n'évolue déjà plus. Les nouveaux pouvoirs de Fire la font rentrer dans le rang des superhéros basiques, et même ses tentatives de flirt avec Oberon ne lui donnent pas plus d'épaisseur. Batman ne sert plus que d'invité de luxe avec toujours la même blague sur sa mauvaise humeur. À part la participation de Nabu, il n'y a qu'une seule autre pépite : la première sortie romantique de Guy Gardner (Green Lantern de l'époque) et de Tora Olafsdotter (Ice) pendant laquelle Gardner redéfinit le mot "rustre" à lui tout seul.



Après le départ de Kevin Maguire, les illustrations retombent à un niveau passable, moyen pour l'époque, assez fade, plutôt enfantin.



Le tome suivant JLI 5 contient les épisodes 1 à 6 de la série dérivée Justice League Europe, ainsi que les numéros annuels 2 et 3 de la JLI.
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Justice League International, tome 2

Ce tome fait suite à Justice League International 1 ; il contient les épisodes 8 à 13 de la série mensuelle, ainsi que le numéro annuel 1 et l'épisode 13 de la série "Suicide Squad". Ces épisodes sont parus en 1987 et 1988.



Épisode 8 (dessins de Kevin Maguire) - La Justice League est devenue la Justice League International (JLI en abrégé) grâce à son officialisation par les Nations Unis. Ses membres doivent s'atteler à la tâche d'ouvrir de nouvelles ambassades à New York, Paris et Moscou. Sur chaque site, les superhéros sont confrontés à des problèmes matériels ou organisationnels. C'est avec cet épisode que Giffen et DeMatteis s'affranchissent des contraintes habituelles des comics de superhéros. Il n'y a pas de supercriminels, il n'y a pas de combat. Il y a juste des réparties drôles et mordantes, le début de la camaraderie indéfectible entre Blue Beetle et Booster Gold et la première apparition de "Bwaha-hahaha" (le rire moqueur de Ted Kord).



Épisode 9 & 10 (dessins de Kevin Maguire) - La JLI est importée dans le tourbillon du crossover Millenium : The Arrival. Ils doivent éviter l'anéantissement des réserves pétrolières de la petite nation balkanique appelée Bialya (gouvernée par le dictateur Ruman Harjavti). Puis ils se retrouvent dans l'espace à proximité de la planète des Manhunters. C'est l'occasion pour Giffen et DeMatteis de s'amuser avec Hawkman. L'épisode 10 comprend la première apparition du plus nul des Green Lanterns : G'nort. Un anneau lui a été confié grâce au népotisme de son oncle, et il a été affecté dans un secteur spatial dépourvu de vie.



Épisodes 11 et 12 (dessins de Kevin Maguire) - La JLI apprend enfin ce que trame Maxwell Lord dans son dos.



Épisodes 13 de la JLI (dessins de Keith Giffen) et du Suicide Squad (scénario de John Ostrander, dessins de Luke McDonnell) - Il s'agit de la rencontre entre ces 2 équipes dans une prison russe).



Annual 1 (dessins de Bill Willingham) - Une expérience in vivo menée sur une île du Pacifique Sud conduit à la prolifération d'un virus pourvu d'intelligence.



Passé l'épisode 8, Giffen reprend le cadre d'une série de superhéros traditionnelle avec l'ennemi du mois, les échanges de coups, les démonstrations de superpouvoirs, etc. Les épisodes 9 et 10 sont un peu décousus par la force des choses puisqu'ils ne représentent qu'une partie d'un tout plus important. Les épisodes 11 et 12 font intervenir l'un des dieux du panthéon de New Genesis pour lever le mystère qui plane autour de Maxwell Lord depuis l'épisode 1. Les épisodes 13 des 2 séries permettent de positionner une équipe par rapport à l'autre et même Maxwell Lord par rapport à Amanda Waller. Pour les plus curieux, il peut être intéressant de jeter un coup d'aeil aux premiers épisodes du Suicide Squad (une équipe qui sort de l'ordinaire) dans Trial By Fire (épisodes 1 à 8). Keith Giffen est doué d'une imagination parfois délirante qu'il canalise ci pour inventer des histoires prenantes et originales (sauf le numéro annuel qui est un ratage complet). Il commence à développer les références spécifiques de cette incarnation de la JLI : les Global Guardians, et en particulier Ice Maiden (Tora Olafsdotter dont c'est la première apparition) et Green Flame (Beatriz Bonilla da Costa), G'nort, Rumaan Harjavti et le pays de Bialya, etc.



JM DeMatteis continue de ciseler des dialogues de sitcom qui confèrent une personnalité marquée à chaque personnage, ainsi qu'un sens de l'humour qui joue sur plusieurs registres (blagues potaches, autodérision, gentille moquerie, taquinerie amicale, etc.). Guy Gardner a conservé sa personnalité dégoulinante de gentillesse et de naïveté (il regrette le départ de Captain Marvel). Black Canary commence à prendre un coté féministe qui s'exprime contre les remarques de ses camarades masculins. Rocket Red a du mal à parler anglais correctement et bute contre certains aspects de la culture américaine. Et subrepticement, DeMatteis commence à faire glisser la relation entre Scott Free et Big Barda vers quelque chose de très éloigné de New Genesis. Et puis il y a l'attitude irrésistible de Carter Hall (ou Katar Hol, je ne sais plus de quelle incarnation il s'agit à cette époque), plus connu sous le nom d'Hawkman. Les répliques font mouche et rendent les héros très proches du lecteur.



6 épisodes sont illustrés par Kevin Maguire, le roi de la moue. Il devient évident qu'il a du mal à tenir le rythme mensuel (Giffen dessine des pages d'histoires annexes en fin d'épisode pour diminuer le nombre de pages à rendre par Maguire). Cette diminution lui permet de conserver un bon niveau de détails dans ses planches et de peaufiner l'apparence de chaque personnage qui sont par définition nombreux dans une équipe. Les expressions se lisant sur les visages sont toujours irrésistibles et il en ajoute plusieurs nouvelles dans ces épisodes. Keith Giffen utilise un style que certains l'ont accusé d'avoir décalqué sur Jose Muñoz, avec un encrage très appuyé et renforcé par gros à-plats de noir mangeant les visages. Le contraste avec l'application méticuleuse de Maguire est total, mais l'ambiance qui se dégage de ces illustrations se marie bien avec les histoires des Global Guardians. L'annuel est illustré par Bill Willingham (aidé par 6 encreurs) dans un style passe-partout avec une ou deux mises en page intéressantes. Mais le scénario est tellement linéaire et cliché que j'ai eu du mal à finir cet épisode.



La JLI continue de faire travailler vos zygomatiques dans JLI 3 (épisodes 14 à 22).
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Blood : Tome 2

En faisant du ménage, je suis retombé sur cette série que j'avais consciencieusement rangé, et pratiquement oublié.



L'auteur ne m'est pas inconnu, notamment pour ses travaux sur Sandman ou les illustrations qu'il a déjà réalisé, ainsi que son travail au cinéma (sur l'adaptation de The Fountain). J'avais essayé l'un de ses BD sans y parvenir, mais j'ai insisté un peu et tenté cette série.

Eh bien ... Je ne suis vraiment pas convaincu. Je n'ai pas compris grand chose à cette histoire d'amour et de vampire. Le côté métaphorique m'est passé par dessus la tête, sans que je ne comprenne réellement le propos. C'est assez flou et j'ai eu l'impression tout du long qu'une clé de compréhension me manquait, qu'elle viendrait au cours du récit. Mais non, la fin ne m'a pas plus éclairé que ça et m'a laissé sur ma faim.



Niveau dessin, c'est vraiment pas ma tasse de thé. Trop perché pour moi, entre cases qui me font hésiter sur ce que je vois et des couleurs qui rajoutent à la difficulté de lecture. J'ai eu du mal à suivre, parfois, avec une désagréable impression que l'auteur réutilise plusieurs fois le même dessin dans les planches, ce qui n'aide pas. Et surtout, je trouve l'ensemble plutôt laid ce qui n'aide franchement pas à s'immerger dans le récit.



Bref, je pense que c'est un auteur qui ne m'intéresse pas du tout. J'ai essayé, c'est un non.
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Blood : Tome 1

En faisant du ménage, je suis retombé sur cette série que j'avais consciencieusement rangé, et pratiquement oublié.



L'auteur ne m'est pas inconnu, notamment pour ses travaux sur Sandman ou les illustrations qu'il a déjà réalisé, ainsi que son travail au cinéma (sur l'adaptation de The Fountain). J'avais essayé l'un de ses BD sans y parvenir, mais j'ai insisté un peu et tenté cette série.

Eh bien ... Je ne suis vraiment pas convaincu. Je n'ai pas compris grand chose à cette histoire d'amour et de vampire. Le côté métaphorique m'est passé par dessus la tête, sans que je ne comprenne réellement le propos. C'est assez flou et j'ai eu l'impression tout du long qu'une clé de compréhension me manquait, qu'elle viendrait au cours du récit. Mais non, la fin ne m'a pas plus éclairé que ça et m'a laissé sur ma faim.



Niveau dessin, c'est vraiment pas ma tasse de thé. Trop perché pour moi, entre cases qui me font hésiter sur ce que je vois et des couleurs qui rajoutent à la difficulté de lecture. J'ai eu du mal à suivre, parfois, avec une désagréable impression que l'auteur réutilise plusieurs fois le même dessin dans les planches, ce qui n'aide pas. Et surtout, je trouve l'ensemble plutôt laid ce qui n'aide franchement pas à s'immerger dans le récit.



Bref, je pense que c'est un auteur qui ne m'intéresse pas du tout. J'ai essayé, c'est un non.
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Ben Reilly - Spider-Man : En quête d'humanité

Si vous aviez suivi, en son temps, la longue saga du Clone, vous savez qui est Ben Reilly. Qui est-il réellement d'ailleurs ?

Le voilà de retour à New York, à nouveau sous le costume de Spider-Man.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Spider-Man, tome 4 : La dernière chasse de Kr..

Si je suis un gros lecteur de Marvel, il y a encore bon nombre de classique que je n'ai pas encore lu, en voila un.



La Dernière chasse de Kraven est en effet cité par de nombreux fan de Spider-Man comme étant un récit incontournable sur le tisseur.



J'ai profité d'une offre promotionnelle de Panini plus tôt cette année, pour me procurer ce titre a 6€99.



Déjà pour le prix, comme pour les autres titres de cette offre, l'ouvrage est de très bonne facture, du cartonné avec de l'édito en début et en fin de volume pour nous présenter les auteurs, les personnages, et d'autres récits importants sur le même thème.



Et côté histoire, ça donne quoi ?

Même si dernièrement je me mets à lire des récits plus anciens, le "old school" n'est pas mon genre de prédilection et peut avoir tendance à me rebuter.

Ici, ce n'est pas le cas, écrit en 1987, le récit est très moderne (pour l'époque) dans son type de narration, la dessin (surtout la couleur) est le bien encré dans son époque mais reste très sympa à regarder.

Enfin, au niveau du scénario, on va suivre, comme le nom l'indique, autant le personnage de Kraven, que celui de Spider-Man.

Serguei "Kraven" Kravinoff, va, pour racheter son honneur, se lancer dans une dernière chasse, celle de Spider-Man.



Je connaissais le pitch du titre avant de me lancer, et pourtant je ne m'attendais pas à cela, on assiste à un récit beaucoup plus psychologique que ce à quoi j'aurais pu m'attendre.

Si le titre n'est pas exempt de défauts, il reste un très bon moment de lecture.
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Stardust Kid

Du haut de ses douze ans et demi, Cody DiMarco est un garçon comme les autres ou presque. Au grand dam de sa mère et de sa meilleure amie Alana Sloane, Code-Man passe beaucoup trop de temps à jouer dans le parc de la ville en compagnie d’un étrange jeune homme de treize ans. Paul Brightfield a beau être poli et charmant, il a également un côté bizarre. Vénéré par Cody au détriment de ses anciens camarades, Paul est en réalité le dernier des Anciens, un être magique issu d’un peuple qui foulait la Terre bien avant l’avènement de l’Homme. Mais un jour, Paul disparaît mystérieusement, tandis qu’une créature maléfique enfuie dans les profondeurs de Wild Park depuis de longues années redonne à la Terre son apparence d’Antan. Piégés dans une forêt enchantée, quatre adolescents vont tenter de restaurer leur monde en déjouant les plans démoniaques de ce monstre surgi d’un cocon en prenant la forme d’une femme. Pour réussir, il leur faudra cependant trouver l’enfant-lumière !



Après leur run interrompu sur Abadazad chez le défunt éditeur Crossgen Comics, John Marc DeMatteis et Mike Ploog sont à nouveau réunis sur Stardust Kid pour un récit complet surfant sur les grands classiques de la fantasy. DeMatteis délaisse donc les super-héros pour plonger dans un environnement magique et mystérieux, aux frontières du réel et de l’imaginaire. Une aventure fantastique qui propulse le lecteur vers sa plus tendre enfance, en compagnie de quatre prépubères aux prises avec l’inconnu, affrontant leurs peurs afin de neutraliser le Mal.



Si la disparition de Paul est le détonateur de cette charmante fable, ce sont surtout des thèmes tels que la fraternité, la confiance et la famille qui sont développés tout au long de ce voyage dépaysant. Une épopée riche en rencontres surprenantes (le Géant de la Rivière, la Dame du Maïs, Les Moucherons dévastateurs, etc.) qui viennent compenser le manque d’originalité de la trame principale.



Dès la première page, John Marc DeMatteis installe une forme d’interaction avec le lecteur à l’aide d’une narration qui se veut amusante, mais qui finit bien vite par devenir lassante. Le mystère installé autour de l’identité de ce conteur beaucoup trop bavard et à l’humour répétitif ne comble aucunement l’aspect rébarbatif du travail narratif d’un auteur pourtant tellement efficace en ce domaine lors de La dernière chasse de Kraven.



Malgré une densité verbale qui pousse à décrocher de ce comics aux allures de roman, le récit se nourrit magnifiquement des illustrations de Mike Ploog (Santa Claus, la légende du père noël, également chez Delcourt). Faisant la part belle aux décors enchanteurs, il saupoudre cet album de magie et le pourvoit d’un style totalement adapté au public visé. Le personnage devant incarner la crainte et le mépris fait d’ailleurs penser à une version ‘conte pour enfants’ de Poison-Ivy, l’ennemie de Batman.



Splendidement illustré, ce titre est principalement destiné aux plus jeunes, aux amateurs de fantasy et à ceux qui parviendront à passer outre la loquacité excessive du narrateur énigmatique de cette fable.
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Brooklyn Dreams

Publié aux Etats-Unis en 1994, cet ouvrage de J.M DeMatteis et Glen Barr aura tardé à franchir l’Atlantique. Grâce aux éditions Futuropolis c’est maintenant chose faite et cela fait toujours plaisir de découvrir des récits américains de grande qualité et dénués de super-héros.



Pendant près de 400 pages l’auteur nous conte l’année de terminale de Vincent Carl Santini. Le lecteur se retrouve donc à Brooklyn, dans les années 70, en compagnie d’un adolescent qui n’a finalement rien de vraiment spécial, excepté une ascendance particulièrement hétéroclite. Ce jeune homme épris de littérature qui est à la recherche de soi-même se découvre des sentiments amoureux et n’hésite pas à avoir recours à des substances illicites qui prolifèrent dans le quartier où il vit. Le cadre familial du jeune homme est pour le moins original, probablement à l’origine de son adolescence mouvementée et la principale source d’humour de cet album. Il faut dire que les scènes décrivant sa situation au milieu d’une mère juive hypocondriaque, un père italien colérique, un oncle mafieux et une tante tyrannique sont assez jubilatoires et la caricature de cette famille plutôt réussie.



Servi sous forme de longue psychanalyse d’un adolescent recherchant la clef de son existence et le but d’une vie d’adulte qu’il s’apprête à entamer, le récit combine une force narrative impressionnante à une étonnante fluidité malgré les nombreuses digressions. L’auteur a en effet tendance à passer d’un sujet à l’autre, mais sans perdre de vue le fil rouge de son histoire. Ballotté d’une anecdote à l’autre, le lecteur explore les méandres de la mémoire de ce narrateur d’une quarantaine d’années qui se remémore son année de terminale sous forme d’auto-psychanalyse. De l’adoption d’un chien à l’enterrement de son oncle, en passant ses démêlés avec la justice, ces petits bouts de vie sont admirablement liés par un narrateur qui, tout en faisant mine de se perdre au fil des histoires, raconte comment l’adolescent qu’il était a fini par se trouver.



Le graphisme noir et blanc de Glenn Barr sert admirablement le récit. Passant d’un style réaliste à un style proche du « super déformé » utilisé dans les manga afin d’accentuer à outrance les sentiments des protagonistes, le dessinateur procure beaucoup d’humour et de légèreté à ce one-shot.



Excellent !
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Moonshadow

Bourrée de références à la fantasy ou à la science-fiction, cette œuvre est si foisonnante que vous pourrez la relire plusieurs fois sans y voir tout à fait la même chose. Des citations ponctuent les chapitres comme dans nombre de romans de SF.
Lien : https://www.scifi-universe.c..
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Brooklyn Dreams

Pas de super héros ici, pas non plus de fantastique ou de pouvoir magique et un graphisme qui part dans tous les sens. Brooklyn Dreams est une sorte de récit semi-autobiographique qui raconte la jeunesse de Vincent Carl Santini, au début des années 70. Il s’agit d’un personnage fictif mais pour qui l’auteur s’est inspiré de sa propre vie. On est dans le quartier de Brooklyn et ce personnage va être le narrateur de sa vie, il va nous montrer sa famille : une mère juive hypocondriaque qui se gratte au sang dès qu’elle est contrariée et un père italien et macho...
Lien : http://pugoscope.fr/791-broo..
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DC saga présente : 03 Forever Evil Blight 3/3

Une conclusion de bonne facture, même si parfois un peu brouillonne, à lire pour les amateurs du genre !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Spider-Man: Kraven's Last Hunt

"Kraven's last hunt" est un des chefs d'oeuvre du comics dit moderne, un scenario sombre et violent, une atmosphère incroyable, des dialogues sublimes, une ambition qui dépasse de très loin le comics de base, avec des dessins particulièrement inspirés...
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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