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Citations de Jacques Ancet (224)


VITE, PENSE-T-IL, VITE…


Vite, pense-t-il, vite. Le jour est bas. Quelqu’un
hurle quelque part. Comment l’entendre ?
Comment ne pas l’entendre ?

8 novembre 2012
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LE GOÛT DU CAFÉ…


Le goût du café, la danse des mésanges.
Ça se rapproche, dit-il — la lumière entre
et se retire —, c’est presque là.

6 novembre 2012
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IL SE FROTTE L’ŒIL…


Il se frotte l’œil, regarde tout autour.
Quelque chose en lui s’arrête. Soudain,
il ne voit rien d’autre que ce qu’il voit.

5 novembre 2012
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SOUS LE BRUISSEMENT DU SANG…


Sous le bruissement du sang, ce qui parle.
En haut, dans l’éclat terne, le geai bleu
et roux. Laisse entrer le monde, disait-il.

4 novembre 2012
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LE RETOUR N’EST JAMAIS LE RETOUR…


Extrait 2

Et lui, se ressemble-t-il ?
La chaleur, le pied, le balancier
de l’ombre, comme si de rien n’était.
L’éblouissement du trottoir vide
qu’il faut traverser pour retrouver
l’image, le grain de temps

15 juillet
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LE RETOUR N’EST JAMAIS LE RETOUR…


Extrait 1

Le retour n’est jamais le retour.
Les mouches, toujours, et le feuillage.
Un marteau s’obstine. Il s’est remis
à compter. Il dit : deux heures.
L’instant bascule. Le vent s’arrête
La montagne ne se ressemble plus

14 juillet
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OUBLIER L’HEURE


Extrait 2

  La mousse et l’écorce. Je regarde toujours. L’espace bouge, pas les feuilles. Demain s’est arrêté, comme la montagne, juste au fond des yeux. La traversée du jour se fait mal, mes mains sont trop pleines. Les vider demande un effort. Surtout quand on attend ce qui ne vient pas, puisque c’est là. Soudain, je ne sais plus. La margelle et le seau ont basculé. Le noir est devenu plus noir. Je retrouve la mousse et l’écorce. Et le ciel à l’envers.

  Parce que je suis perdu, le jour recommence. Sinon, il serait son nom, simplement. Je ne le verrais pas. Je ne dirais pas ce que j’en sais. C’est-à-dire pas grand-chose. Mais là : ce qui tombe, monte, traverse le regard ; ce qui brille, s’éteint ; ce qui tremble ou s’obstine. Se taire pour parler mieux ? Deux heures dix. Quelle somme de souffrances, dis-tu. Ça, c’est aussi le jour. Tous ces cris. On n’y voit plus. Comme tout faire tenir ensemble ? L’odeur et les pommes, le rouge et le sang. Oui, je suis perdu mais je vois quelque chose.

  ― Quelque chose ?
  ― Oui, quelque chose ― pas rien.
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OUBLIER L¡¯HEURE


Extrait 1

  Ce qu¡¯on appelle la beaut¨¦. Pour dire ce qui s¡¯¨¦chappe. Quelque chose qui n¡¯est ni les feuilles, ni la lumi¨¨re, ni les couleurs mais l¡¯instant de leur rencontre. Comme l¡¯oiseau et son cri ou la main et son ombre. Un suspens de celui qui parle au milieu de ses mots. Je ne dis plus rien. Mais sur la joue, je mets en joue :

  ¨D Tu joues ?
  ¨D Je mets du jeu.
  ¨D Du je ?
  ¨D Du jeu. Le je n¡¯y est pour rien.
¡­
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On voit toujours...


ON VOIT TOUJOURS les yeux brillants, les mains tendues.
On voit le  sourire.  On sent les bras qui vous serrent, la
chaleur de l’étreinte. Ensuite, on ne voit plus. On ne sent
plus.  On a un vide dans les yeux  et trop d’air entre les
doigts. Un pâle soleil traverse la vitre.  On ne sait plus si
on est là, ou là-bas. La pièce est blanche. On voit le même
soleil, mais les mains sont posées, immobiles. La bouche
est entr’ouverte.  On n’entend plus rien  qu’un peu de
souffle éparpillé. Quelqu’un s’en va. On s’approche. On
ne sent plus la chaleur. On ne voit plus les yeux.
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ON DIT QUELQU’UN…


On dit  quelqu’un.  On pourrait  dire quelque
chose.  Ou rien — personne.  Même si c’est là,
quand même. Ça guette ou ça attend ou ça pèse,
simplement. On dit : c’est lui, pour lui donner un
nom. Chuchotement. On se retourne. On ne voit,
bien sûr, que les feuilles qui bougent. Ou une aile
trop  brève  pour  savoir.  On appelle, mais qui
pourrait répondre.  Le jour vacille. Moineaux et
mésanges griffent le ciel. Le tronc fouille la terre
humide. On reste sans rien voir. Une lueur se lève
où passe une ombre. On voudrait la saisir, mais
on a trop de temps sur les mains.
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Ces froissements, ces chuchotements…


Ces froissements, ces chuchotements au cœur de la pénombre, ce bruissement intermittent, inquiétant presque dans son anonymat, est-ce celui des feuilles, des corps, ou des unes et des autres, frôlés, caressés, troublés par la force invisible (le vent, le désir) qui les traverse, les métamorphose, avant de les laisser oubliés, immobiles, solitaires, dans leurs propres limites ?
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Alors, une fois de plus…


Alors, une fois de plus, les yeux reprennent leur trajet sinueux, patient, glissant le long d’une branche dont la courbure évoque un bras à moitié tendu, prêt à faire saillir ses biceps, se perdant plus haut dans un fouillis de ramilles jaillies en éventail d’un seul nœud pareil à un poing serré, sautant plus bas jusqu’au balancement d’un rameau auquel, parmi la profusion vert sombre, pendent inertes et fauves deux ou trois feuilles sèches, écho et présage d’une saison à la fois révolue et prochaine.
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Alors, sur le chemin presque toujours désert...


Alors, sur le chemin presque toujours désert, une silhouette vive (un enfant sans doute) est apparue, redonnant aux châtaigniers, à la barrière de bois, aux bûches empilées, au tracé presque abstrait qui les longe, une existence apparemment perdue depuis longtemps. Comme le vide du pré qu’un chat fauve traverse précautionneusement pour disparaître, à gauche, tandis qu’au même instant, surgie de la droite, une pie se pose dans un bref déploiement noir et blanc.
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L’arbre est un geste…


L’arbre est un geste venu de la terre et qui, obscur et clair tout à la fois, est une forme de paix, une figure constante de la beauté.
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LE CHANT DU MÊME OISEAU N’A PAS CESSÉ DE ME POURSUIVRE…


Le chant du même oiseau n’a pas cessé de me poursuivre.
Je l’entends tout proche et, soudain, infiniment lointain.

Parfois il se tait et c’est le vent qu’on entend. Ou le bruit
lui aussi incessant de la douleur.

J’entends parler des voix que je ne comprends jamais. Je
les reconnais ou non. Je ne sais trop si elles viennent ou
s’en vont.

Ce qu’elles pourraient me dire ressemble à un long ciel
rouge, immobile et qui pourtant s’éloigne.

Et quand je vais les comprendre, il est trop tard déjà,
c’est l’ombre et ce qu’on appelle la nuit.

Avec le chant de l’oiseau seul, arrêté sur les franges
brûlées de la lumière,

Comme si jamais il ne pouvait prendre fin et qu’il était
ce fil de feu qui cousait

L’une à l’autre les lèvres d’une bouche à peine entr’ouverte
sur un silence où naissent et s’abîment les mondes.
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DANS L’INDÉFINI


Extrait 2

Trous noirs, naines blanches et géantes rouges, quasars, synapses,
cellules, molécules, électrons, bribes, flux et reflux, infimes éclats
d’une éternelle métamorphose. Mais — table, vitre, ciel ou clôture
— j’y suis, et c’est pourquoi — citrons, lampe, chêne — je suis perdu.

  Le temps dessine ses images. Entre clôture et ciel s’ouvre le vert
d’un pré qu’on ne reconnaît pas. Si je pouvais, comme un oiseau
rapide, je traverserais l’espace d’un seul battement d’aile vers
l’obscure lisière de la montagne. Seul le regard m’y conduit, en
revient, tissant du corps au jour les fils d’un indicible désir.
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DANS L’INDÉFINI


Extrait 1

  Je regarde mes mains comme si elles ne m’appartenaient pas.
Peut-être d’ailleurs ne m’appartiennent-elles pas comme ne
m’appartiennent ni mon nom ni mon visage. Je lève les yeux.
Sur la fenêtre le bulldozer s’est arrêté comme pris dans un
silence de fin du monde.

  Une vague invisible, mais je la vois. Elle est là, sous le
scintillement de l’herbe, le balancement des feuilles, dans
la danse immobile de la montagne, la transparence du bleu,
l’attente d’un jour où rien ne se passe que ce qui passe.
Une sorte de soulèvement vide où tout s’arrête, remuements,
tournoiements, tous les mouvements, les gestes, la vitesse,
la lenteur, grouillements, précipitations sans fin, comme une
cataracte inverse où tout, un instant, reste dans un suspens,
dans l’illusion d’un temps si vaste qu’on pourrait croire y entrer.
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                  CHANT 9


Extrait 3

rien ne vibre à l’unisson comme le croient les sens,
tout s’enfuit, tout diverge, se disperse, s’efface
dans l’apparente immobilité, le feu crépite
sous les arbres, on voit les flammes rouges, la fumée
qui penche avec le vent, on entend le bruit de l’eau,
celui des feuilles ou des pas qui ressemble à la pluie,
l’après-midi, on traverse le fleuve des corps
le long d’une rue et son soleil oblique, on monte, on regarde,
des marches, on les descend, on s’arrête,
le ciel est là, sur la fenêtre, mais c’est un autre,
les mains ne tiennent pas ce qu’elles portent, les doigts
lâchent toujours leur prise mais la chute est si lente
qu’on ne la remarque pas, ce qu’on cherche ressemble
à un peu d’air entré par la porte entrebâillée,
ou cette goutte de lumière au fond d’un regard
croisé très vite, comment comprendre que c’est ça,
on se retourne pour savoir, on suspend un geste,
trop tard, c’est pour une autre fois, pour jamais peut-être […]
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                  CHANT 9


Extrait 2

le même jour toujours, toujours différent, et l’air
qui bouge dans les feuilles, la lumière un peu grise
autour du tronc obscur qui semble ne pas bouger
mais qui bouge, imperceptiblement, au plus profond
de sa matière, on ne voit rien et pourtant il bouge
autant qu’herbe, nuages, corneilles, tout autour,
mais dans un temps trop lent pour qu’y entre le regard
et trop rapide pour l’attente de la montagne,
chacun son rythme, disait l’autre, puisque le monde
est un faisceau de rythmes croisés entrecroisés
jamais synchrones, celui de l’étoile et du sang,
du mur et du vent, du silex et de l’araignée,
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                  CHANT 9


Extrait 1

On tourne, on vire, on a fermé les yeux sans savoir,
on se tient là au bord des choses, un peu en retrait,
comme le chêne ou la clôture, le jour posé
en équilibre, un instant, avant que tout bascule
sur la pente du soir, le chat qui passe en silence,
il ne dérange rien, on aimerait être un chat,
moustaches et pattes blanches sur le fil du présent,
quelque chose vibre, est-ce son passage ou l’éclat
brusque des couleurs, on cligne des yeux, on s’arrête,
sans savoir pourquoi on regarde sur la fenêtre
le même paysage, avec toute la beauté,
arbres et ciel sans images, qu’on ne sait pas saisir,
les doigts croient toucher la table, ils ne la touchent pas,
on écoute, on ne comprend toujours pas cet appel,
cette sorte d’impatience parfois minuscule,
toujours présente, même si c’est un jour de plus,
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