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Critiques de Jacques Gaubil (44)
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L'homme de Grand Soleil

Le narrateur, semble-t-il comme l'auteur, est un Français installé à Montréal. Sa profession de médecin l'amène à se rendre régulièrement en mission itinérante dans un village isolé du Grand Nord canadien : Grand Soleil. Il y prend un jour en charge un homme âgé et malade, dont les apparences tout à fait ordinaires cachent une particularité qui va bientôt bouleverser toute la planète.





Drôle, intelligente et érudite, cette fable est l'occasion de nous tendre un miroir sans complaisance et de nous servir, avec autant d'ironie mordante que de lucidité désabusée, quelques vérités bien senties qui font mouche à chaque page. Au nom du progrès et de ce que nous pensons la suprématie de l'espèce humaine, n'avons-nous pas perdu de vue les véritables essentiels pour, aveuglés par notre cupidité et notre narcissisme, nous consacrer au culte exclusif de l'argent et de la notoriété, pour imposer une façon d'être uniformisée et lobotomisée par le marketing, la médiatisation et internet, nous transformant en moutons de Panurge consommateurs d'immédiateté, abrutis par un prêt-à-penser consternant de médiocrité et menant parfois aux pires absurdités ?





Sous couvert d'un irrésistible humour au vitriol, cette histoire qui se lit avec plaisir et facilité soulève de nombreuses questions. Certaines m'ont fait pensé à l'essai La grande déculturation de Renaud Camus qui, lui aussi, constate la perte de consistance qui accompagne la diffusion culturelle sous ses formes actuelles. Au travers des mésaventures du docteur Leboucher, se dessine l'impuissante désillusion d'un homme cultivé et amoureux des livres, tenté de fuir le tumulte de ses inconséquents et décevants semblables pour lui préférer le froid et l'isolement du Grand Nord, en compagnie de la littérature et des trésors qui s'y sont accumulés au fil des siècles.





Autant amusée par le ton sarcastique qu'intéressée par la justesse du propos, j'ai été totalement séduite par cette histoire intelligente et bien tournée dont chaque réflexion fait mouche et vous donne envie de souligner toutes les phrases. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'homme de Grand Soleil

Il ne fait pas froid, il fait frette !

Grand Soleil, un bled perdu dans le Québec arctique, à deux heures de vol et six heures de 4x4 de Montréal, où se rend chaque mois pour consultations notre narrateur, un médecin franco-canadien. Village enseveli sous la neige en hiver, une température avec des pointes à moins quarante-neuf et une moyenne d'âge de soixante-sept ans , “ un congélateur à vieux.” La gnôle est la seule chose qui les réchauffe et donne une consistance à leurs vies. Notre bonhomme, le médecin, Docteur Leboucher, un type insolite, intelligent, à l'humour cynique et blasé, va y faire deux rencontres surprises, dans la même baraque. Celle d'« un livre » et celle d'un homme, Cléophas,.....que je vous laisse découvrir......



Une grande réussite pour un premier roman. Pas facile de combiner un sujet original avec mine de rien un brin de philosophie, dont il s'amuse avec, de nombreux digressions ironiques dans l'air du temps, des réflexions lucides et truculentes sur notre monde moderne “civilisé”, mixé à une prose fluide qui lui va comme un gant ; le tout, un récit sans prétention, où l'humour est le fil conducteur, intelligent, intéressant et très plaisant à lire; sous forme de fable, une belle réflexion sur notre condition d'homme dans le monde d'aujourd'hui, supposé un monde “évolué”. Aucun sentiment de supériorité de la part du narrateur alias l'écrivain, simplement un souhait pour “que les choses soient mieux faites”. On retrouve ici les réflexions de Tiziano Terzani, dont j'ai récemment lu le livre, écrit en 1994, comme quoi au nom du progrès, humainement parlant, on s'enfonce de plus en plus. Pour terminer j'aimerais ajouter, que le choix de la lumineuse photo de couverture reflète bien l'esprit du livre.



Un premier roman que je vous conseille vivement ! Ne passez pas à côté ! Un régal !



“Il est évident que nous n'avons pas évolué dans le bon sens.”

“Être soucieux, se laisser inquiéter par le monde, me semble une assez bonne définition de la condition humaine......Il y a aussi cette phrase de Tim Cook, le patron d'Apple : « Nous allons vous donner des choses sans lesquelles vous ne pourrez pas vivre, mais dont vous ne ressentez pas le besoin aujourd'hui ». Quelle magnifique épitaphe pour la période que nous vivons.”



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L'homme de Grand Soleil

Le narrateur, médecin, habite à Montréal.

Une fois par mois, il se rend dans un village du nord , à Grand Soleil. Le village n'a de chaleur que le nom car il y règne un grand froid indescriptible, douloureux, transperçant.

Le médecin apporte médicaments, soins, produits de première nécessité aux habitants.

Une patiente héberge un colosse nommé Cléophas.

Impossible de bouger, il est allongé. On soupçonne un cancer des os. le médecin prélève son sang, l'envoie à son retour au laboratoire et, comme tout semble normal, il demande des analyses plus poussées.

Surprise, l'ADN pose problème. Ce n'est pas tout à fait un ADN humain.

Le récit va s'organiser autour de Cléophas, de la bibliothèque rare contenue dans sa maison. Des spécialistes viendront chez lui.

Les chapitres vont s'alterner entre la présence du docteur à Grand Soleil et son retour à Montréal. Nous aurons même droit à un voyage à Cuba pendant lequel il se moque du tourisme de masse.

Les réflexions personnelles, très lucides, mûrement réfléchies de Jacques Gaubil sur divers aspects de la société moderne sont atypiques et remplies d'ironie mais aussi de bon sens.

J'ai eu l'impression que les incursions à Grand Soleil constituaient un tremplin pour comparer les besoins de l'Homme à l'origine et ce qu'il est devenu dans notre société qui crée de plus en plus de besoins.

Un premier roman qui sort des entiers battus.
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L'homme de Grand Soleil

COUP DE COEUR. UPPERCUT !! Quel roman !

Le grand nord québécois, l'hiver, un médecin itinérant vient chaque mois à Grand Soleil , un village perdu dans le Québec arctique. "un rien enseveli sous la neige, une température avec des pointes en hiver à moins quarante neuf et une moyenne d'âge de soixante sept ans : ce n'était pas un village mais un congélateur à vieux. ".. Un jour , Elle lui demande de venir visiter Cléophas , malade , souffrant . La vie de notre médecin va prendre un tour nouveau. Qui est donc Cleophas ?

Jacques Gaubil nous raconte, se raconte ? , l'exil loin de France, son arrivée à Montréal, ses débuts difficiles, sa vie de célibataire quinquagénaire, et puis le froid , le froid encore le froid , non le frette .... le ton impertinent du début , sarcastique , devient soudain plus profond , plus touchant. La sincérité des propos , leur justesse, créent une émotion palpable, donnent matière à réflexion sur l'homme, son devenir, son passé, son présent, son futur . Quand l'humanité rejoint l'humanisme.

Une lecture coup de coeur pour ce premier roman découvert dans l'aventure des 68 premières fois hiver 2018. Un livre à relire sans aucun doute que je ne peux que vous conseiller bonne lecture !
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L'homme de Grand Soleil

Le narrateur est français, médecin et il a émigré au Canada.

De fait, les Autorités compétentes ne reconnaissant pas son diplôme de médecine, il a accepté de prendre en charge les villages les plus isolés dont Grand Soleil.

Grand Soleil, il s'y rend chaque mois. Un parcours du combattant.

Une centaine d'âmes.

Moyenne d'âge : 77 ans sauf une fille de 35 ans, laide.

L'hiver le thermomètre flirte avec les -50°C et l'été on ne quitte pas son petit manteau léger : ça reste vivifiant.

Lui, une fois les commandes distribuées, les médicaments donnés, il rentre à Montréal se réchauffer et il rêve de soleil et de chaleur.

Pourtant, lors de sa dernière visite, la jeune femme, lui a demandé, si il pourrait venir ausculter un ami qui ne se sent pas très bien et pour lequel elle s'inquiète beaucoup. Ce qu'il va faire, chez elle, le mois suivant. De cette visite vont découler plusieurs découvertes très inattendues....



Je n'en dirai pas plus.



J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre car il m'a très agréablement surprise.

La quatrième de couverture me semble bien trop rébarbative et décourageante par rapport à son contenu et ne joue pas en sa faveur.



Le médecin examine la société sans complaisance particulière et avec l'oeil professionnel du diagnosticien, mais également avec l'homme qui a une histoire personnelle que le lecteur découvre au fur et à mesure des pages.

Dans tous les cas, cela ne me pose pas de problème car cela va avec mon tempérament. Les couples attablés au restaurant les yeux fixés sur leurs mobiles, les speed-dating, les réseaux sociaux à outrance, je ne pense pas en faire partie un jour.



C'est un magnifique roman que l'Équipe de BABELIO avait mis en avant, et qui mérite d'être découvert.
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L'homme de Grand Soleil

****,*



Le docteur Leboucher s’est retrouvé à Montréal après avoir fui la France. Exilé, seul, il a dû prouver qu’il était un vrai médecin et qu’il pouvait exercer en toute confiance. Mais pour montrer patte blanche, il s’est vu obligé de prendre l’avion puis l’hélicoptère pendant plus de 6h chaque mois pour se rendre dans un village isolé et reculé du grand nord québécois. Mais en plus du froid, ou plutôt du frette, il va découvrir à Grand Soleil bien d’autres choses, toutes aussi belles qu’extraordinaires...



Quel premier roman revigorant !!! Je ne m’attendais à rien de particulier en ouvrant ce livre et j’y ai trouvé tout ce qu’un bon roman peut apporter : de l’humour, de la réflexion, de belles descriptions, des personnages attachants et une très très belle écriture...

On se laisse envahir par le grand froid et on se réchauffe au coin d’une bibliothèque. On embarque pour un paysage de neige et on se maintient en vie en se désolant de ce qu’est devenu l’homme moderne... mais en espérant... en souhaitant que tout ceci n’est qu’un mauvais rêve et que nous allons enfin nous réveiller...



A découvrir, à savourer, à partager sans aucune modération !!!!
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L'homme de Grand Soleil

Joli cadeau des 68 premières fois. Quelle merveille de sensibilité et d'humour ce roman ! Une plume drôle et intelligente, un verbe choisi ! Une vision du monde à l'aune de la vision de Tim Cook.



Jacques Gaudil nous conte une histoire extraordinaire. Le docteur Leboucher, médecin, "commis" d'office pour cause de nouveauté, doit se rendre à Kisikawi.

Autrement appelé Grand Soleil.



"Il n'y a pas de mot en français pour décrire le froid, il faut utiliser du Québécois : frette, une sorte de méga superlatif de froid."... Bien que je ne sois pas doué en langues étrangères, J'en ai instantanément compris le sens. Pour le Larousse, la frette est une armure métallique, ce qui démontre que les Français n'ont aucune idée du froid."



Il s'y rend sans ambitionner d'y apporter de solutions toutes faites. Il y rencontre Cléophas, qui impose le respect par sa carrure d'abord, par son génome ensuite, la bibliothèque de cet homme est également hors du commun.

Le lieu abrite des trésors. Le "graal" des bibliophiles.



Ce roman est prétexte à décortiquer la société d'aujourd'hui de Montréal, à Cuba, une époque, le tourisme de masse, les rencontres virtuelles, l'inhumanité de l'humanité avec une causticité et un humour qui n'excluent pas la profondeur de réflexion. Une fable philosophique.



Un voyage décalé pour se recaler sur l'essentiel : l'autre, le bien-vivre. "ce livre, je ne l'ai pas écrit pour laisser une trace ou pour vous distraire" dit Jacques Gaubil "Ce n'est pas une oeuvre littéraire..."



Pourtant quel choc ! ce roman ne laisse pas indifférent. Un rappel à la vie sans pesanteur.

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L'homme de Grand Soleil

Encore une lecture dans le cadre des 68 premières Fois…, L’Homme de Grand Soleil de Jacques Gaubil, un auteur franco-québécois.



Ce roman est une drôle d’histoire, dans les profondeurs du Québec, là où il fait très « frette », mais où « c’est pas pire », là où de drôles de gens nous donnent des leçons de vie, là où les derniers survivants d’une étrange communauté sont les ultimes gardiens d’une lointaine mémoire ; ils témoignent d’une forme de sérénité, d’une aptitude à la vie et d’une plénitude qui nous fait craindre de ne pas avoir « évolué dans le bon sens ».

Grand Soleil est un endroit improbable, isolé du monde et de la civilisation pendant l’hiver boréal ; les habitants, une centaine à peine, sont des gens rudes, rustres et peu communicatifs, du moins en apparence.

Un médecin de Montréal s’y rend une fois par mois et résume ainsi l’intrigue : « l’énigme c’est que l’homme de Grand Soleil est plus civilisé que nous. Il a sauvegardé le premier livre, sa conversation surpasse la nôtre, il a maintenu une forme de pudeur et de grandeur. L’homme de Grand Soleil est plus homme que nous … »



L’écriture à la première personne est savoureuse, truculente, pleine d’humour, d’autodérision et de réflexion. Le narrateur, un médecin quinquagénaire, tient plus de l’anti-héros que du personnage charismatique ; il n’est pas très porté sur les relations humaines, passe volontiers inaperçu. D’ailleurs, il a bâti sa vie un peu par défaut et même son nom, Docteur Leboucher, porte à sourire tant il contredit sa fonction… Il faut attendre les deux-tiers du roman pour apprendre et mesurer le poids de sa solitude et de la blessure intime et indicible qu’il porte en lui. De même, le nom du lieu, Grand Soleil, accentue cette onomastique décalée : c’est un endroit invivable, boréal et paradoxalement empli de la lumière de la connaissance…

Une chose est certaine, le narrateur porte un regard très aiguisé sur le monde qui l’entoure, un monde où Trump vient tout juste d’être élu, où des enfants se font massacrer dans des attentats terroristes, où les réseaux sociaux ont reformaté les échanges et l’information par la connexion, où « les ordres marchands » s’emparent de tout et ne respectent rien, où seuls l’anonymat et le retrait du monde pourront protéger ce qu’il a découvert.

La tonalité générale de ce livre surprend, mais le héros s’en explique : « j’aurais pu faire des efforts littéraires et mon récit n’aurait pas cette tournure rigolarde. Mais le grotesque, ce n’est pas moi, il vient de la vie. Je ne suis pas responsable du fait que nos existences sont dérisoires ». À l’instar du Docteur Leboucher, les lecteurs, qui vont s’identifier peu à peu à lui, subissent les évènements, le froid, les révélations, la maladie et la mort, la nécessité du secret, et comprennent sa manière « d’en rendre compte avec précision, sans mystification, sans poudre aux yeux ».



Les trois grandes parties ont des titres en latin… Les trois premiers vers du Veni Creator, un hymne grégorien composé au IXème siècle, une prière au Saint-Esprit qui célèbre la Pentecôte : « Viens, Esprit Créateur nous visiter, / Viens éclairer l'âme de tes fils, / Emplis nos cœurs de grâce et de lumière »…

Je suis latiniste et j’ai reçu une éducation religieuse et cela m’a immédiatement frappée. En gardant cette vision spirituelle en mémoire, je comprends mieux la trame narrative de ce roman : la rencontre avec Cléophas, les recherches pour comprendre et enfin le choix final du narrateur. J’en viens à partager son sentiment de déréliction : Dieu a abandonné le monde et celui-ci ne sera pas sauvé… Je vous recommande le passage où il revisite à sa manière le texte des béatitudes…

Il y a à la fois une forme d’ironie et de retour aux fondamentaux de la religion dans ce roman : les convictions sont affaiblies, le Québec n’échappe pas à une baisse des pratiques et, dans une vision prophétique, le docteur Leboucher imagine de grandes mutations à venir.



Jacques Gaubil fait preuve d’une immense culture ; les livres, l’écriture et la littérature sont un des nœuds thématiques du récit car c’est la découverte d’une bibliothèque qui amorce l’intrigue du roman : « je me suis souvent demandé ce qui se serait produit si je n’avais pas pénétré dans cette pièce. Aucun doute possible, le monde aurait été profondément différent de ce qu’il est devenu par la suite ». Les recherches autour d’un livre rare, La Bible de Guttenberg, portent une partie du récit tandis que le narrateur nous livre ses états d’âmes sur la littérature contemporaine, « modèle d’une vie sans pensée ».

Mais le thème le plus important fait écho à de récents travaux sur le séquençage de l’ADN néanderthalien et remet en cause ce que nous tenons pour acquis dans l’évolution de l’humanité.

J’adore quand un roman me pousse à approfondir ce que je sais déjà, me fait entreprendre quelques recherches supplémentaires et m’entrainent dans des domaines peu ou pas connus ; c’est un dimension didactique à laquelle je suis sensible.



L’Homme de Grand Soleil est un roman québécois très actuel, proposant un vrai dépaysement dans une ambiance de littérature de terroir revisitée et modernisée.

Ayant un peu étudié la littérature québécoise, j’ai reconnu dans ce roman les grandes thématiques des romans du terroir mêlant les valeurs de la terre et de la religion. J’y ai retrouvé les détails sur les milieux et les mœurs, les précisions sur les vêtements et la nourriture par exemple, quelques expressions typiques, la description du climat avec l’hiver au centre de toutes les préoccupations, les grandes oppositions entre l’intérieur et l’extérieur, entre Montréal et Grand Soleil, ville et campagne… De même, Jacques Gaubil a beaucoup soigné ses portraits d’hommes et de femmes, ses descriptions des paysages et des rues de Montréal, des ambiances olfactives, sonores…



L’Homme de Grand Soleil de Jacques Gaubil est une superbe découverte, un excellent moment de lecture, un roman profond, aux multiples clés de lecture, aux personnages attachants et travaillés.

Mon premier grand coup de cœur de cette session hiver 2018 des 68 premières Fois…

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L'homme de Grand Soleil

Lecture mitigée, comme souvent, quand je m'attends à un coup de coeur ou au moins une vive émotion qui ne vient pas, je reste sur ma faim.

Certes j'ai beaucoup aimé cette expédition à Grand Soleil, l'histoire de ce médecin et sa façon de penser, ses réflexions sur notre société que je trouve juste et en adéquation avec mon ressenti, mais... il y a un mais, je ne suis pas parvenue à m'embarquer totalement dans l'aventure.

Malgré tout, ce fut une lecture intéressante et dépaysante, le sujet également est original.

Alors ma foi, je ne m'avance pas à dire ceci ou cela, à vous de lire ce premier roman et de vous faire votre propre option.

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L'homme de Grand Soleil

Des choses cachées depuis la fondation du monde, ou presque



Pour son premier roman Jacques Gaubil réussit le tour de force de remettre en question les fondements de l’humanité. Avec autant de force que d’ironie.



Le narrateur est un médecin installé à Montréal. Il est chargé de rendre visite une fois par mois à Grand Soleil qui, comme son nom ne l’indique pas, est une communauté située dans le Grand Nord canadien où le froid règne en maître. Le petit groupe de personnes qui vit là, en grande majorité des vieux, bravent le froid en ingurgitant une grande quantité d’alcool qu’ils fabriquent sur place. L’occasion pour le narrateur de montrer d’emblée son sens de la formule : « Un rien enseveli sous la neige, une température avec des pointes en hiver à moins quarante-neuf et une moyenne d’âge de soixante-sept ans: ce n’était pas un village mais un congélateur à vieux. »

Tout au long du livre, on va se régaler de son style incisif, de formules qui prouvent qu’il s’est approprié la formule d’Anatole France « Sans ironie, le monde serait comme une forêt sans oiseaux». Peut-être est-ce parce que son patronyme, Leboucher, est lui-même ironique quand on a pour vocation de soigner les gens ?

Toujours est-il que cette distance lui permet d’apprivoiser ses patients, à commencer par une jeune femme dont la présence ici l’intrigue : «Les gens d'ici vous aiment bien, affirme-t-elle en souriant. Il y en a eu beaucoup avant vous, des jeunes, surtout. Ils venaient d'avoir leur diplôme et le village était pour eux un monde inhospitalier. Ils ont tous essayé de lutter contre l'alcoolisme. Il y en a même un qui a voulu mettre en place des séances de jogging. Il voulait nous faire acheter des baskets. »

Au fil de ses voyages, il va alors aller de découverte en découverte, comme quand il pénètre dans la vaste demeure de sa nouvelle alliée: « Une immense bibliothèque constitue l’ornementation principale de cet intérieur. On devine que les rayonnages ont pris forme, durant des années, à la manière d’une plante grimpante qui recouvre progressivement tous les murs. Au début, la jeune pousse avait dû être assez modeste, puis, les livres bourgeonnant, de nouveaux rameaux étaient apparus. La plante avait été repiquée plusieurs fois sans jamais perdre de sa vivacité. Finalement, la bâtisse ne semble plus être autre chose qu’un immense tuteur pour cet organisme sans cesse en croissance. »

C’est là que l’attend un vieil homme au physique de rugbyman répondant au doux nom de Cléophas et qui semble bien mal en point. Aussi décide-t-il de faire une prise de sang pour analyses complémentaires. La jeune femme qui partage cette demeure lui permet aussi de prendre des clichés d’une vieille bible qui l’intrigue beaucoup.

De retour à Montréal, il va aller de surprise en surprise.

Le laboratoire lui révèle que ses échantillons ne sont pas ceux d’un humain et son ami bibliophile que cette bible est quasiment un exemplaire unique à la valeur inestimable.

C’est alors que le roman prend une nouvelle dimension. Les laboratoires veulent en savoir plus sur cet ADN. Le monde s’émeut : « Sont convoqués : des égyptologues, des primatologues, des spécialistes des civilisations précolombiennes, des éthologues, des habitants de Ia vallée de Néander, quelques voisins de Ia grotte de Lascaux et, bien sûr, les inévitables psys. Je suis persuadé que, sur certaines chaînes, on entend des sexologues s'exprimer à propos de Néandertal. »

Face à ce déferlement, notre médecin va tenter de préserver la communauté tout en s’interrogeant sur ses découvertes et sur les vertigineuses questions qu’elles posent.

L’homme de Grand Soleil est une fable à la fois drôle et incisive qui se lit comme un roman d’aventures.


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L'homme de Grand Soleil





J’ai découvert ce livre dans le cadre des lectures communes de notre forum. Encore un livre à côté duquel je serais passée à côté sans cette LC, puisque je ne suis pas forcément très au courant des parutions en littérature blanche, et cela aurait été très dommage.



Le docteur Leboucher, dont on n’apprend le nom qu’au milieu du livre, est un Bordelais émigré au Québec suite à un drame survenu quinze ans auparavant, drame qui se révèle aussi dans la seconde moitié. Il était déjà médecin en France, mais son diplôme n’est pas reconnu outre-Altantique, aussi doit-il se reformer et surtout accepter un poste de médecin itinérant pour des villages de l’Arctique québécois où il se rend une fois par mois en plus de son cabinet de Montréal. Il est en particulier le médecin de Grand Soleil, un village loin de tout, où il fait toujours très très froid et qui semble vivre un perpétuel hiver, un village qui ne compte que des personnes âgées alcooliques et une femme de trente cinq ans qu’il trouve très laide. Il n’aime pas du tout effectuer ses missions, il préfère sa vie anesthésiée dans la grande ville, où il a quelques amis dont son propriétaire juif orthodoxe et Julien, un auteur de romans féminins qui raconte sans arrêt la même histoire en changeant les prénoms et les situations des héros alors que sa vie réelle tourne autour des prostituées. Notre docteur médite sur le vide de l’existence et lit des polars nordiques lors de ses vacances à Cuba.



Un jour à Grand Soleil, la femme laide dont le nom n’est jamais révélé lui demande de venir examiner un de ses chers amis d’un village encore plus perdu, celui-ci est trop malade pour se déplacer, aussi lui demande-t’elle de venir le visiter dans sa maison. La rencontre avec Cléophas va bouleverser le médecin, mais qui est-il vraiment ? Alors qu’il s’attend à trouver une bicoque ruinée et des alcooliques, il découvre des personnes qui partagent un univers qui va désormais devenir un catalyseur dans sa propre vie. Il ne le sait pas encore, mais son existence sous anesthésie à Montréal ne va plus lui convenir très longtemps.



Ce roman est une fable qui interroge notre civilisation et son vide abyssal. Nous avons tout, mais en réalité nous sommes très pauvres.Il y a de nombreuses manières de lire ce beau roman et d’ailleurs certaines critiques son très longues et complètes. Pour ma part je me contenterai de souligner deux points qui m’ont particulièrement interpellée. Je trouve qu’il s’agit d’un roman « camusien ». Dès les premières pages j’ai eu l’impression de retrouver Meursault et sa manière de voir la vie sans prendre parti, le docteur observe autour de lui et n’y voit que dérision. Les agissements de ses amis sont décrits avec beaucoup d’humour, tandis qu’il reste neutre, il n’est ni pour ni contre Trump, il recherche juste une existence anesthésiée. Puis Cléophas vient bousculer toutes ses certitudes avec son cancer, comme les rats ont fait basculer le Dr Rieux. Il devient philosophe et fait de son mieux face au déferlement, il doit enfin prendre parti et devient le digne fils de son illustre prédécesseur. Mais il n’en reste pas là, la religion et l’interprétation, ou la réinterprétation de la Bible et des traditions religieuses (l’absurdité de l’application à la vaisselle des lois juives que son voisin a traitée dans un petit livre) le rapproche de Jean Baptiste Clamence, héros de La chute. Et pour terminer, le Dr Leboucher pourrait appliquer à sa nouvelle vie la célèbre citation de Camus : « Au coeur de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été ». Décidément, Jacques Gaubil frappe un très grand coup avec ce premier roman et son personnage qui ressemble à un concentré des grands héros de Camus.



L’autre point qui m’a particulièrement intéressée est justement le discours religieux très présent dans le roman, le plus souvent avec humour, pour souligner le vide de notre civilisation. Une vieille Bible joue un rôle très important dans l’histoire et dans la conclusion de celle-ci sur la brutalité de l’homme moderne. La réécriture des béatitudes est particulièrement intéressante, tout comme les nombreux versets bibliques, détournés ou non qui se retrouvent tout au long du livre. Ils sont toujours utilisés de façon respectueuse, juste pour démontrer le vide de notre civilisation dite avancée.



Un excellent livre à ne pas manquer.




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L'homme de Grand Soleil

J'adore ce genre de rencontre totalement fortuite avec un livre, en l'occurrence un premier roman lu dans le cadre de la sélection pour les 68 premières fois sans rien en savoir à l'avance. C'est agréable de commencer sans rien attendre de particulier et de se trouver soudain happée par la narration, au point de se surprendre à oublier l'heure ou de profiter de chaque petite plage de 5 minutes pour lire quelques pages... J'ajoute que j'ai souvent souri, relu des passages bien sentis et que j'ai beaucoup apprécié le regard décalé de l'auteur à travers son personnage principal, sa façon d'ausculter les travers de notre société en trouvant un angle qui twiste juste un peu la réalité pour soudain la faire apparaître sous un nouveau jour.

L'histoire ? Celle d'un médecin français, installé au Canada depuis quelques années ; basé à Montréal il exerce en tant que médecin itinérant et se déplace dans des régions très au nord où se trouvent nombre de villes et villages reculés. Températures glaciales, immensités des étendues désertes et enneigées, distances parfois rebutantes... Notre homme s'est plutôt bien habitué à ce climat rude et à ses habitants tout aussi rudes. Et puis il fait la connaissance d'un patient différent, une sorte de géant qui souffre terriblement des os, se nomme Cléophas et se trouve être un fervent connaisseur de littérature française, certainement nourri par la bibliothèque garnie de la jeune femme chez qui il habite. Prélèvements, analyses... la quête d'un diagnostic pour identifier le mal dont souffre Cléophas va se révéler pleine de surprises et avoir des répercussions aussi rocambolesques que dramatiques dans le monde entier.

Impossible d'en dire plus sans déflorer l'intrigue et ce serait dommage car tout l'intérêt de ce livre réside dans la capacité de l'auteur à embarquer son lecteur à partir d'un postulat très étonnant mais qui lui permet ensuite de développer un propos qui résonne particulièrement avec l'actualité.

Alors moi je dis chapeau et merci pour le voyage (on s'y croirait là-bas) ; et j'invite ceux qui me liront à découvrir ce livre qui ne fera certainement pas partie des vedettes de la rentrée sur les tables des libraires mais qui pourtant le mériterait bien.
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L'homme de Grand Soleil

Je dois avouer que je viens de découvrir un 1er roman qui vaut la peine qu'on se penche dessus, juste histoire de comprendre ou découvrir ou encore d'ouvrir les yeux sur les réalités de cette société dans laquelle on vit.

Je pense que ce livre est vraiment nécessaire et permet de se remettre en question ou encore de s'en poser si l'on n'a encore pas réussi à ouvrir les cadenas qui nous empêchent de penser librement.

Malgré le fait de lire la 4e de couverture qui nous attire avec ce médecin de Montréal qui se rend régulièrement à Grand Soleil pour prodiguer ses bons soins, eh bien j'ai vraiment eu le plaisir de me plonger dans ce recueil qui m'a fait sourire, lever les sourcils plus d'une fois et dont l'écriture précise et pleine de sarcasmes m'a ravie et m'a aussi touchée à la fin pour cette sincérité.

J'avoue que tout ce mélange est une pure réussite.

A recommander...
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L'homme de Grand Soleil

Livre découvert dans le cadre d'une lecture commune, et j'apprends que c'est un 1er roman, ce qui m'impressionne d'autant plus.



Le Docteur Leboucher, est un médecin français parti s’exiler au Canada, pour fuir des événements douloureux vécus en France. Au Canada, son cursus n"est pas reconnu, il doit donc pour cela faire partie de "volontaires" qui parcourent les villages perdus du Canada où le froid est d'autant plus grand que la distance avec Montréal est grande.



A travers ses visites médicales, il rencontre Cléophas, homme singulier, qui a une carrure rustre mais un langage érudit, tout comme sa fille.



En voulant le soigner, il découvrira une révélation historique qui bouleversera le monde entier.



Parallèlement, il découvrira également chez eux un livre d'une ampleur mondiale qui suscitera l'intérêt des amoureux des livres.



A travers ses découvertes, ce médecin trace un portrait peu reluisant de nos sociétés actuelles, les réseaux, les avis intempestifs de tout un chacun quelque soit les sujets abordés, l'attrait de l’événementiel, ...



Son écriture est intelligente et acerbe sur nos concitoyens, c'est dur mais c'est réaliste.
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L'homme de Grand Soleil

Le docteur Leboucher, médecin français, exerce son métier à Montréal. Mais pour pouvoir exercer en tant que français, il a du s'engager à aller une fois par mois dans une contrée très reculée du pays, contrée appelée Grand Soleil. Dans ce coin, il fait régulièrement -50 degrés et la plupart des habitants sont vieux et alcooliques.

Lors d'une de ses visites, il sera appelé au chevet de Cleophas, personnage énigmatique. Ce dernier souffre atrocement et après des examens sanguins, le diagnostic tombera : cancer... Mais les examens révêleront une autre particularité de ce personnage. L'histoire est prétexte à une critique acerbe de notre société et de ses dérives, avec des personnes avides de notoriété, des médias et des réseaux sociaux à l'affût de n'importe quelle information pouvant conduire à un buzz, ou des Américains capables d'élire un président tel que Trump... Le fossé entre ce village isolé et la "ville" n'en est que plus saisissant.
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L'homme de Grand Soleil

Dépaysement total avec ce livre qui m'a fait découvrir le grand nord canadien.

Prévoyez plutôt le plaid que le chapeau de soleil !

Par moments, j'ai été un peu décontenancée par le cynisme du personnage principal, dans le sens où il m'est arrivé de ne pas savoir si c'était le héros qui s'exprimait ou l'auteur. Ou peut-être le second à travers le premier... Mais cela ne m'a pas dérangée, j'ai aimé l'histoire et les personnages, ainsi que l'intrigue et les questionnements qu'elle entraîne.



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L'homme de Grand Soleil

Peut-on vivre à moins 40 dans un hameau isolé au nord du Canada ? Eh bien c'est le cas à Grand Soleil le mal nommé.

Mieux vaut lui donner son nom indien Kisikawi, "un village de cent personnes à cinq heures de route d'une autre bourgade à peine plus grosse", un "rien enseveli sous la neige".

"Ce n'était pas un village mais un congélateur à vieux".

Le ton est donné : un humour réjouissant qui m'a fait rire.

C'est là que doit se rendre, chaque mois, un médecin de Montréal. Médecin des corps et des âmes. La routine.

Jusqu'à la découverte bouleversante d'un malade alité doté d'une ossature et une musculature hors du commun. "à côté de lui, un pilier de rugby samoan aurait une allure rachitique, ". Comment lui prélever du sang?

" Il me faudrait une seringue spéciale pour traverser ces muscles, une perceuse peut-être?"

L'analyse de sang se révélera stupéfiante.

Dès la page 41, le médecin retrouve Montréal.

Dès lors, il contacte des amis de jeunesse et nous livre sa vision désabusée du monde. Tout devient plus grave. Il se réfère à Heidegger et l'angoisse, à l'appauvrissement intellectuel de l'humanité. Appauvrissement programmé de notre quotidien par la télévision, les réseaux sociaux.

Et l'homme ? de quoi peut-il être capable face à une situation qu'il ne contrôle pas, à un élément étranger qui remet en question , croit-il, son identité, son intégrité.

On a la bêtise humaine et son rejet de la différence.

C'est un livre de réflexions profondes. D'une profondeur réconfortante : il y a toujours de très bons romans.

Je termine sur cette phrase de Tim Cook, le patron d'Apple :"Nous allons vous donner des choses sans lesquelles vous ne pourrez pas vivre, mais dont vous ne ressentez pas le besoin aujourd'hui".

NB J'ai oublié d'ajouter ma note sur la perfection de l'écriture.
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L'homme de Grand Soleil

Je m'attendais à un roman policier dans le grand nord du Canada...pas du tout !



On est bien dans le grand nord, là où il fait "frette", on y suit un médecin qui doit passer régulièrement dans le village de Grand Soleil pour fournir des soins aux habitants. C'est dans ce village que le médecin va faire deux découvertes, un livre ancien très rare et un homme étrange. Le livre s'avérera être une bible ayant parcouru un long voyage à travers le temps et l'espace pour arriver à Grand Soleil et l'homme, un néandertalien.



A partir de là, notre société avide de spectacle et de spectaculaire se met en branle et notre médecin nous livre ses réflexions philisophico-sociétales qui font souvent mouche !



C'est drôle, caustique, ça gratouille un peu et mine de rien on en arrive à se poser quelques questions sur ce qui fait l'humanité. Ca reste un livre léger, au rythme rapide qui offre une lecture pas inoubliable mais loin d'être inintéressante
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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L'homme de Grand Soleil

Installé au Canada depuis quelques années, un médecin accepte d’aller soigner les habitants du village de Grand Soleil, au Québec, à quelques heures de Montréal. Là où il fait toujours si frette comme on dit chez nos cousins, mais la chaleur est dans les mots, dans les gestes, des hommes entre eux. A Grand Soleil, il y a peu de choses à soigner, mais il faut beaucoup écouter, porter les médicaments, être l’oreille et le soutien attentif des villageois.

Une jeune femme l’appelle pour lui demander de soigner Cléophas, un géant mutique et solitaire. Chez elle, il découvre une immense bibliothèque et un livre ancien aux riches enluminures. De contrôles en examens médicaux, le docteur Leboucher n’est pas au bout de ses surprises. Surtout lorsque se pose la question de la persistance d’un sang proche de Neandertal coulant dans les veines de Cléophas. Mais ces deux trouvailles aussi extraordinaires l’une que l’autre ne vont-elles pas perturber l’équilibre de Grand Soleil ?

L’auteur nous fait naviguer d’une ville urbanisée à un espace vierge de toute civilisation comme une évidence face à nos vies si polluées par les technologies, au point de nous faire oublier l’essentiel : l’humain qui réside au plus profond de nous.

Chronique complète ici : https://domiclire.wordpress.com/2018/06/11/lhomme-de-grand-soleil-jacques-gaubil/


Lien : https://domiclire.wordpress...
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L'homme de Grand Soleil

Médecin à Montréal, Jacques Leboucher mène une vie simple : consultations, Netflix, dîner avec son compatriote Julien, auteur de romans à l’eau de rose. Seul son voyage mensuel à Grand Soleil trouble ce quotidien apathique : isolé au milieu du grand nord canadien, ce village difficile d’accès constitue un dépaysement total. Il pensait avoir dompté cette contrée hostile, mais c’était sans compter les surprises que peuvent réserver les confins du continent…

Formidablement intelligent, cynique et drôle, ce livre est une pépite. Je l’ai reçu dans le cadre des 68 premières fois, avec une carte recommandant de prendre le temps de laisser cette lecture « infuser et distiller pour siroter encore longtemps cette belle langue » : un conseil avisé ! Non seulement le style est admirable mais le récit est truffé de références culturelles merveilleusement incorporées à la trame de l’histoire, des discrétions nécessaires qui donnent au roman tout son charme et donnent au lecteur une incroyable impression d’enrichissement personnel. L’intrigue ici n’est qu’un prétexte pour explorer notre monde d’aujourd’hui, ses principes absurdes et ses dérives. L’auteur explore l’âme humaine, ses réflexes animaux et ses nouvelles habitudes de consommateur capitaliste. Isolé des médias, nourri par la lecture et ses réflexions personnelles, le narrateur est sans pitié pour ses semblables, il les tourne en ridicule avec un humour délicieux, une ironie délicate. C’est un roman d’une richesse indéniable, comme on en trouve peu aujourd’hui. Par une procédé romanesque inhabituel, Jaques Baubil nous rend le narrateur sympathique, humain et vulnérable. Par une histoire fouillée et documentée, il nous rend possible l’impossible, il nous permet de nous projeter vers cette découverte incroyable et inattendue. Par sa plume incomparable et son génie littéraire, il mixe les genres, les styles d’écriture, il joue avec les mots et balade la langue pour notre plus grand plaisir. Un premier roman incomparable – j’attends déjà le prochain !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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