AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jacques Tournier (48)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Zelda

Zelda et Francis Scott Fitzgerald incarnent à eux seuls une époque. Nul ne pourra affirmer le contraire s’il a un peu lu sur les années 20 et les figures marquantes de celles-ci.



Et si l’auteur de Gatsby le magnifique, celui qu’on désigne comme étant le chef de file de la Génération perdue, un courant littéraire auquel Gertrude Stein a donné le nom, est bien davantage connu que son épouse en tant qu’écrivain, elle n’a pas moins mené une carrière parallèle dans l’ombre de celui-ci. Moins éblouissante, il est vrai. Toute femme, si belle, si talentueuse, et tel était le cas de Zelda, n’aurait pu prendre le devant de la scène avec un mari tel que Fitzgerald, dont l’alcoolisme brûlera le restant de génie qu’il possédait encore aux dernières heures de sa vie alors qu’il tentait de gagner sa vie comme scénariste à Hollywood.



À cette époque, Zelda avait perdu la raison depuis longtemps, ou du moins ne la possédait plus assez souvent pour être en mesure de vivre au cœur de la société. C’est en effet en 1926, alors qu’elle a 26 ans, qu’elle commence à être rongée par la maladie qui aura de plus en plus d’emprise sur elle : la schizophrénie. Alors que Scott publie sous son nom les nouvelles qu’elle a écrites, elle tente de se réfugier dans un monde où il ne pourra entrer en compétition avec elle, le ballet. Puis, ce sera la peinture pour laquelle elle semble assez posséder un œil et une main sûrs. En fait, Zelda était douée pour tout. Et le grand écrivain des années folles, malgré tout l’amour qu’il éprouvait pour Zelda, ne pouvait accepter qu’elle soit son égale, et encore moins qu’elle le dépasse.



C’est cela que raconte Jacques Tournier, connu aussi sous le nom de Dominique Saint-Alban, traducteur de Fitzgerald, dans ce récit intimiste où l’on s’attache à ces héros que la vie, l’amour, la maladie, l’alcool et les rêves finiront par briser tout en faisant d’eux des icônes qui avaient inspiré à la dramaturge québécoise Johanne Beaudry une pièce créée en 1984 dont je me souviens encore. Un très beau récit, comme un constat, sans jugement, juste éclairé avec pudeur par les souvenirs de Scottie, la fille de Zelda et Scott, relayés par l’auteur qui a eu l’occasion de la rencontrer.



Zelda, une femme brisée par la maladie et par celui qui l’aimait.


Lien : http://lalitoutsimplement.co..
Commenter  J’apprécie          40
A la recherche de Carson McCullers

En empathie avec Carson McCullers, Jacques Tournier s'attache à décrire le processus de création étroitement lié avec la vie même de l'auteur, avec le besoin qu'elle avait de s'identifier, de fusionner avec autrui. Il choisit comme fil conducteur la relation forte et ambivalente qu'elle entretenait avec son mari Reeves, tourmenté lui aussi par le désir d'écrire. Oscillant entre présent du biographe et passé de l'écrivaine, Jacques Tournier évoque la richesse des années quarante à travers notamment la communauté de Middagh Street à Brooklyn qui rassemblait écrivains et musiciens, - Wynstan Auden, Klaus Mann, Anne-Marie Schwartzenbach -, puis les voyages vers l'Europe et surtout la France perçue comme un refuge et un lieu de liberté. Quête de la beauté du quotidien, mélancolie et perte, déchéance et exaltation sont présents tout au long de ce texte émouvant.
Commenter  J’apprécie          40
Francesca de Rimini

Le gouverneur de Ravenne, inquiet des ambitions de son voisin, marie sa fille au fils aîné de son adversaire. Boiteux dès la naissance, son infirmité ne fut qu’une source de complexe. Formé pour la guerre, n’ayant connu que les batailles, il connaît peu les femmes et encore moins les manières de l’amour courtois. Dès lors, la jeune femme ne pourra réprimer son attirance pour le frère plus délicat, a peine entr’aperçu, de ce mari trop brutal…



L’histoire semble connue. C’est le style de l’auteur qui m’a touché. Il séduit par sa capacité à évoquer des images fortes ou poétiques avec un minimum de mots. Les phrases sont simples et fluides. Tantôt délicates et subtiles, parfois brutales ou violentes. Les dialogues sont courts. Malgré la brièveté de l’ensemble, pas un des personnages n’est délaissé, tous les aspects de l’histoire sont évoqués. Les nécessités politiques, le passé des personnages et surtout l’évolution de leur sentiments et de leurs émotions dans le temps, tout cela dans une extrême concision. Beaucoup d’émotions dans un court roman.

Commenter  J’apprécie          40
La maison déserte

Comme un rituel, comme pour un rendez-vous habituel... Elle choisit le prochain lieu, leur prochain point de rencontre... Elle déambule entre les murs, essaie d'apprivoiser cette maison. Un jardin qui l'inspire et parfois l'aspire. Une cohabitation, une ouverture vers les autres, lente et progressive. Une attente. L'attente d'un homme, qui ne viendra jamais, à part dans son imagination. Le total déni de la disparition d'un être cher, voilà ce que nous raconte ce formidable roman (court), très profond, traitant des sentiments, du manque affectif de cette femme désemparée. Sa désolation, sa détresse, sa tristesse refoulée...
Commenter  J’apprécie          30
Zelda

Depuis ma lecture de Z, Le roman de Zelda de Therese Anne Fowler et Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald, j’ai envie d’en savoir plus sur ce couple mythique de la première moitié du XXe siècle. Leur histoire romanesque faite d’amour, d’insouciance puis d’une relation parfois malsaine m’a tout de suite intéressé. Ce condensé écrit par le traducteur de Gatsby le Magnifique entre autres retrace les dix dernières années de la vie de Zelda passées en sanatorium et autres hôpitaux psychiatriques. Je vais donc vous faire une petite chronique pour un petit livre (178 p.).



Cette histoire a été pour moi poignante et émouvante. Nous suivons les allers-retours de cette femme entre un domicile (qui change sans arrêt) et les hôpitaux. Elle a du mal à se réadapter à une vie normale. Elle semble toujours lointaine et enfermée dans le passé et ses souvenirs. A peine Zelda reprend pied qu’une nouvelle rechute survient à cause d’évènements comme la mort de son père, l’écriture de Tendre est la nuit où Scott retranscrit mot pour mot leurs lettres ou encore la mort de Scott lui-même. Les symptômes sont assez impressionnants. Elle entend des voix d’abord celle de Scott puis de Dieu et de Jésus-Christ. Elle fait également et régulièrement des crises d’eczéma.



Je vais maintenant vous parler de la forme. L’auteur s’appuie sur la correspondance entre F. Scott Fitzgerald et Zelda. Jacques Tournier retranscrit également sa rencontre avec leur fille Frances Scott Fitzgerald (1921 – 1986) dite Scottie. J’ai vraiment aimé ces parties où nous découvrons carrément leurs pensées et ce qu’ils se confient. D’ailleurs, la franchise brutale de Scott envers Zelda m’a beaucoup marqué. Il est parfois à la limite de la manipulation et de la méchanceté. Mais la tendresse qui transparait de ces écrits reste indéniable. Ils semblent s’aimer sans se comprendre. Zelda a toujours rêvé d’obtenir une reconnaissance pour ces multiples talents (écriture, peinture et danse) mais c’était sans compter par les multiples entraves que Scott lui imposait. Deux égo qui se sont rencontrés pour finalement se détruire : Zelda en sombrant dans la folie et Scott en se noyant dans le gin. Ce couple représente le reflet d’une époque désenchantée. Jacques Tournier fait de nombreux rapprochements entre la vie du couple et les romans qu’écrit Scott ou celui qu’a écrit Zelda. Un gros bémol est venu ternir ma lecture. L’auteur nous expose des faits sans apporter d’explication. Pourquoi Zelda sombre-t-elle dans cette folie? J’aurais apprécié qu’il aille plus loin.



Une petite lecture vraiment enrichissante et intéressante qui ne fait qu’attiser ma curiosité. L’auteur a su m’émouvoir. Mais il ne s’agit pas d’un coup de cœur car il manque une partie explicative sur le pourquoi de la chute vertigineuse de Zelda vers la folie.
Lien : http://netherfieldpark.wordp..
Commenter  J’apprécie          30
Francesca de Rimini

[...]Francesca est une jeune femme médiévale. Je ne veux pas dire par là qu’elle s’habille en noir et porte des piercings un peu partout, mais qu’elle vit à une époque on on parle encore de Guelfes et de Gibelins, et pas encore d’Elfes et de Gobelins. Elle est donnée en mariage par son père, un seigneur italien, au fils de l’un de ses ennemis afin de sceller une alliance et va, grâce ou à cause de cette décision, changer de vie.[...]
Lien : http://www.readingintherain...
Commenter  J’apprécie          30
La maison de thé

Etrange maison du thé aux toiles tendues sur des cadres de bois, susceptible de s'envoler à la moindre tempête!

Etrange confessionnal, où l'auteur s'épanche et conte ses souvenirs au petit Hugo de six ans!

Etrange choix glané ici et là dans une vie déjà fort longue d'un homme désirant s'orienter sur la voie ultime de la sagesse!

Pourquoi étrange?

Est ce le mystère de la mort, ou la question que va t il se passer, ou qu 'y a t il après qui planent au fil des pages? A moins que ce ne soit l'acceptation du sort imparti à chacun?

Jacques Tournier, auteur contemporain connu, qui a notamment traduit deux livres de Scott Fitzgérald et écrit un certain nombre de romans, nous livre ici son chemin initiatique. Réminiscences d'un père perdu jeune rejoint sur le tard par sa femme aimante, créant dans un semi délire un patchwork de bouts de vie prélevés dans sa robe de mariée ou les costumes de son mari, vêtement dont elle drape ses épaules en murmurant "j'ai froid".

Et les autres, tous les autres?

Que sont ils donc devenus?

Thérésa Berganza qui chantait Didon de Purcell pleurait, à la fin, sur sa jeunesse perdue. Suzanne Flon, talentueuse toujours souriante tombait à tout va. Gérard Philipe est mort d'un cancer. Barbara, chanteuse sublime a fini par perdre sa voix... et tant d'autres grands.. si petits devenus.. ou cendres ou poussières d'étoiles..

Hugo l'adoube grand père. Jacques Tournier le prend pour petit fils.

"-Hugo c'est l'heure. Il faut rentrer.

-Tu seras triste d'être mort?"

Et là tout est dit, cette espérance vive chantée par un enfant, celle qui tarabuste le simple vivant, celle paradoxale du sage immortel.

Commenter  J’apprécie          30
Le dernier des Mozart

Mozart la suite, la vie de ses deux fils, un en particulier que l'on suit dans les rails que lui a laissés son père, des rails glissants quand on veut soi-même être musicien. Les personnages gravitent, la mère, la tante, le frère, la sœur et le Maître Gotlieb plus connu sous le nom de Wolfgang. Une chronique des endroits visités, redoutés, recherchés par un fils en quête de lui-même, encore trop écrasé par l'ombre du génie paternel, d'autant que Constance (Weber), la mère, l'appelle Wolfi 2. J'ai bien aimé retrouver cette biographie (?), sentir par touches interposées qui était Wolfgang Amadeus Mozart. Tout ce qui lui est attaché n'existe qu'en fonction de cette attache. L'ombre est tentaculaire et i l faut une vie pour s'en détacher et espérer exister par soi-même. L'ombre des génies.
Commenter  J’apprécie          20
Noële aux quatre vents, tome 1 : Les Quatre V..

J'ai été heureuse de pouvoir lire cette saga que j'avais vue, enfant, à la télévision en feuilleton : ça passait avant 20 heures. Une histoire touchante, où l'on suit la vie de Noëlle et de ses parents, de l'amour de sa vie Hugo (célèbre pianiste), de son fils.
Commenter  J’apprécie          21
Anne, jour après jour, tome 2 : Le château de l..

Un livre lu à l'adolescence qui m'a laissé un très bon souvenir.
Commenter  J’apprécie          20
La maison de thé

Que dire ? Je n'ai pas du tout aimé ce livre. La mort est l'aboutissement de la vie, mais dans la vie, avant la mort, il y a eu des moments fabuleux qui font penser à la mort d'une façon plus "gaie", même à 80 ans.

A ne pas lire dans un moment de dépression, pensant se remonter le moral !
Commenter  J’apprécie          20
Jeanne de Luynes, comtesse de Verue

un livre en petite touches, qui va crescendo par petites touches mais inexorablement

majestueux
Commenter  J’apprécie          20
Zelda

Biographie partielle de Zelda Fitzgerald : danseuse, peintre, écrivain et schizophrène, l'amour profond et tourmenté qu'elle partage avec Scott. Jacques Tournier a été le traducteur de Scott pour "Gatsby le magnifique". La fille du couple lui a confié les lettres de correspondance de ses parents quelques mois avant de succomber à un cancer.
Commenter  J’apprécie          20
La maison de thé

La maison de thé est un lieu de sérénité que l'on atteint au crépuscule de sa vie, après être sorti de la " grotte de la naissance ", avoir traversé, " les sentiers de l'enfance, l'impasse du plaisir, la colline des ambitions, le désert de la solitude ". Le narrateur (l'auteur) s'y retrouve accompagné d'un enfant, est-ce son petit fils, son petit neveu?. Peut-être est-ce, lui, lorsqu'il était enfant? Pendant que l'enfant plonge son regard sous la surface de l'eau d'un lac pour y découvrir des monstres mythologiques, Jacques Tournier fait une plongée dans ses souvenirs. Par petites touches, il évoque les lieux qu'il a aimés, Paris, Venise... Les rencontres qui ont jalonné sa vie, Gérard Philippe, Pierre Fresnay, Barbara, Albert Camus... Les auteurs qu'il a traduit, Francis Scott Fitzgerald, Carson McCullers, les arts qui l'ont passionné, la peinture, la musique, la littérature, le théâtre . Ce petit livre, 85 pages, est un concentré de culture, de beauté, et de vie, fin , délicat, précieux: un pur délice.
Commenter  J’apprécie          10
Anne, jour après jour, tome 1

Vu la serie quand j'avais une dizaine d'années, j'avais adoré. J'ai lu quelques années après le roman, trés sentimental mais j'avais retrouvé les sensations eprouvées lors de ma première vision. Aujourd'hui, cela risque d'être plus compliqué.
Commenter  J’apprécie          10
Anne, jour après jour, tome 2 : Le château de l..

Suite d'"Anne, jour après jour", "Le château de la mer" reste dans la même lignée, romanesque à souhait. Je ne pense pas cependant que la trilogie passera à la postérité, mais cela reste une belle lecture d'été.
Commenter  J’apprécie          10
Anne, jour après jour, tome 1

Un bon gros mélo pas bien méchant digne des lectures d'été, avec ce qu'il faut de romanesque pour captiver l'attention d'une jeune fille de 13 ans, sans trop tomber dans "l'Arlequin" non plus. Je crois même que le roman et ses suites ont été adaptées pour la télévision au début des années 80.
Commenter  J’apprécie          10
Jeanne de Luynes, comtesse de Verue

L'histoire véridique d'une "héroine" peu (pour ne pas dire pas) connue. L'histoire d'une femme sans réelle destinée et qui pourtant connaîtra une belle histoire d'amour avant d'être trahie par son propre époux. L'histoire d'une femme qui aura fortune et pouvoir mais qui ne cherchera en réalité qu'à s'échapper de tout cela!

Livre très bien écrit qui se lit très vite, avec plaisir et étonnement à forciori quand on réalise qu'il relate une histoire vraie.

Commenter  J’apprécie          10
Zelda

Ce livre nous raconte avec une grande sensibilité l'histoire d'un des couples les plus mythique de la littérature américaine : Les Fitzgerald. Un amour incandescent et tragique que Jacques Tournier nous décrit à l'aide d'extrait de la correspondance de Zelda et Scott.



Passionnant
Commenter  J’apprécie          10
Zelda

"Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, renvoyés sans fin au passé." Ce sont les mots que Zelda à fait graver sur la tombe de Scott avant de le rejoindre pour l'éternité.



Gilles Leroy puis Jacques Tournier ont à nouveau mis le feu aux poudres l'un avec Alabama song (2007) et l'autre avec Zelda (2008). L'énigmatique histoire de Scott et Zelda fait encore couler de l'encre bien que nous ne saurons sans doute jamais la vérité. Leurs vies d'écrivains restent un mystère, qui des deux avaient le talent ? Scott et Zelda sont à la fois un mythe et une histoire d'amour dans lesquels se mêlent folie et alcoolisme.







Jacques Tournier, traducteur des deux romans de Francis Scott Fitzgerald : Gatsby le magnifique et Tendre est la nuit a rencontré à Paris Frances alias Scottie, fille de Zelda et Scott, peu avant qu'elle ne décède d'un cancer en 1986. Lors de cet entretien, Scottie annonce qu'elle enverra une partie de la correspondance de ses parents, dès son retour aux États-Unis. Tournier la recevra après avoir appris son décès. Cette correspondance sert d'architecture à ce roman.







Zelda est née à Montgomery en Alabama, troisième des filles du juge Sayre, qui a baissé les bras sur son éducation. Zelda est une frondeuse. C'est en 1918, à l'âge de 18 ans qu'elle rencontre le lieutenant Francis Scott Key Fitzgerald jeune recrue au camp de Shéridan : très vite ils seront amants, très vite ils seront fiancés. Alors que plus tard, admise à la clinique de Prangins (Suisse), elle écrira "Me serrer contre lui, glisser ma tête entre son oreille et son col d'officier, c'était comme plonger vers les réserves souterraines d'un luxueux magasin d'étoffes…"



Après deux romans à succès Scott et Zelda en pleine gloire, quittent l'Amérique pour la France. Les fêtes et l'alcool coulent à flots, leur folie dépensière, obligent Scott à écrire encore et encore. Mais il boit comme un trou persuadé que l'alcool l'aide. Zelda malgré son âge, se met à la danse, sous l'égide d'une ballerine russe, avec le rêve de devenir une étoile de renommée internationale. À force de travail et de souffrance elle décrochera un engagement en Italie et aura un succès d'estime le temps d'une première. Tandis que Lui écrit pour subvenir à leurs dépenses, tandis que sa dépendance à l'alcool est proportionnelle à la production de ses nouvelles, persuadé qu'il trouve l'inspiration dans le Gin qu'il absorbe, Zelda sombre peu a peu dans la schizophrénie. L'un et l'autre supportent mal d'être séparés comme ils supportent mal de vivre ensemble leurs échanges épistolaires sont poignants, irréels. Alors qu'elle est internée à la clinique psychiatrique de Prangins (Suisse) et que lui n'a pas l'autorisation de lui rendre visite leur correspondance s'étoffe.



L'avortement de Zelda, enceinte d'Édouard Josan, pilote français rencontré sur la riviera est sûrement une pierre à l'édifice de sa folie. Scott est jaloux et vit très mal cette aventure, non seulement il l'oblige mais commandite l'avortement envers et contre son avis.



De retour aux États-Unis, Zelda va vivre désormais entre la clinique et sa mère dans la maison de son père, décédé. C'est dans cet établissement psychiatrique qu'elle écrit son seul roman Accordez-moi cette valse. Lorsque Scott l'apprend, il a une peur bleue car lui aussi écrit son quatrième livre Tendre est la nuit, qui commence à voir le jour. Leurs sources sont leurs propres existences et le risque qu'elle lui fasse de l'ombre, l'affole. C'est pourquoi il demande à l'éditeur de lui retourner le manuscrit pour le modifier, le tronquer.



Scott s'éteindra en 1940 dans la misère à Hollywood, Zelda vivra jusqu'en 1948 date à laquelle elle périra dans l'incendie de l'hôpital psychiatrique dans lequel elle résidait.



J'ai évidemment apprécié cette lecture, plus que je ne l'aurai cru. J'ai tardé à faire ce billet ce qui le rend sûrement un peu décousu, un peu trop bref. En lisant, j'ai placé des morceaux de papier (ouate fine et légère) entre de nombreuses pages voulant citer cet endroit et puis cet autre et le livre est tombé de la table essaimant tous mes marques pages improvisés.







Zelda écrit à Scott :



À Paris, tu buvais trop et tu le savais, tu te plaignais du bruit de l'appartement, des domestiques qui faisaient mal leur travail, tu voulais que je leur apprenne à te respecter, mais ils savaient que tu sortais toutes les nuits, que les chauffeurs de taxi devaient te porter jusqu'à dans l'escalier quand tu consentais à rentrer, tu dormais tout habillé, tu ne te levais que pour déjeuner, tu pouvais à peine t'asseoir à table, alors comment veux-tu ? Moi, il fallait que je m'occupe et j'ai pris des leçons de danse avec madame Egorova. Elle ressemblait à un gardénia. Elle avait des images de beauté dans la tête, et je voulais qu'elle se serve de moi pour donner vie à ces images de beauté



Je passe l'après-midi à regarder la pluie, en griffonnant des phrases creuses et en pensant à toi. Quand quelqu'un force ainsi la porte de votre front et glisse ainsi jusqu'à vos lèvres à travers les douces sinuosités du cerveau, c'est comme Hannibal franchissant les Alpes — je t'aime chéri.







Je n'existe que quand tu es là, je ne vois qu'à travers tes yeux, je suis comme enfermée à l'intérieur de toi.







Scott écrit à son éditeur à propos de : Tendre est la nuit.



— Henri, j'hésite entre plusieurs sujets, mais celui qui me tente serait l'histoire d'une femme qui aime un homme avec excès. Par peur de le perdre, elle décide de le détruire. Elle n'a pas peur d'une rivale, mais d'elle-même, peur de trop l'aimer. Pour parvenir à le détruire, elle l'épouse. Contrairement à ce qu'elle espérait, elle l'en aime davantage. Elle devient également jalouse de la réussite de cet homme sur le plan professionnel et cherche à l'égaler. └ partir de là, c'est encore assez flou. Je pense qu'elle va se suicider, mais lentement, comme le font les femmes, en buvant trop, en couchant à droite et à gauche, en faisant le vide autour d'elle. Voilà mon sujet. Qu'en pensez-vous ?



Zelda écrit à Scott à propos de : Accordez-moi une valse.



Bien sûr, mon doux cœur, je me soumets avec bonheur à tout ce que tu proposes. Je savais que j'avais entassé trop trop d'évènements les uns sur les autres, que j'avais perdu le fil du récit. Je te demande simplement de comprendre ceci : les corrections que je vais faire seront purement formelles, car le matériau que j'emploie m'appartient et m'a beaucoup coûté en émotion, et j'ai le droit de m'en servir pour raconter l'histoire de moi-même contre moi-même, la seule que j'ai envie de raconter.



Scott dit de Zelda :



Tout le monde l'admirait et elle pouvait tout se permettre. Mais elle a tout perdu en perdant la tête. Elle est devenue folle. Et j'en suis passionnément amoureux.



Scottie :



On a beaucoup écrit sur mes parents depuis toutes ces années, beaucoup rêvé et fantasmé, formulé beaucoup d'hypothèses. Pour les uns, par exemple, c'est l'alcoolisme de mon père qui aurait rendu ma mère folle. Pour d'autres, c'est l'inverse : mon père s'est mis à boire parce que ma mère était folle. Si on me pose la question, je réponds que je n'en sais rien. Ça reste pour moi une énigme. Et c'est en partie cette énigme qui a fait d'eux un couple mythique.



Et vous qu'en pensez-vous ?
Lien : http://hisvelles.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacques Tournier (290)Voir plus

Quiz Voir plus

Récits de voyage

Il a écrit en 1830 "Voyage à Tombouctou". Il fut le premier Européen à découvrir cette ville.

Pierre Savorgnan de Brazza
René Caillié
Charles Gordon

12 questions
142 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}