Extrait du livre audio « Tokyo Detective » de Jake Adelstein, traduit par Doug Headline, lu par Benjamin Jungers. Parution numérique le 5 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/tokyo-detective-9791035414894/
« Tu as fait la seule chose que tu pouvais faire. Tu as pris la bonne décision. Aucun article ne vaut la peine de mourir, aucun article ne mérite non plus que ta famille meure. Les héros sont simplement ceux qui n’ont plus le choix. Tu avais encore le choix. Tu as fait le bon. »
Le bar où il m’avait donné rendez-vous était un troquet sordide. Microscopique. Ça ressemblait plus à un placard. Un comptoir en pierre de lave traversait la pièce. Il n’y avait ni fenêtre ni table à laquelle s’asseoir. Il faisait si noir que chaque fois que j’allumais une cigarette j’avais l’impression de déclencher un incendie.
Le journalisme est toujours une question de résultats et non d'efforts.
Au Japon, tout est un art, même le vol. L'attaque est un art. Judo, aïkido et kendo, tout ceci est bien plus que de savoir anéantir votre adversaire, car il est question de maîtrise de soi.
Lorsqu’il débute dans le métier, un « ancien » lui donne huit conseils pour être un bon journaliste :
1. Ne grille jamais tes sources
2. Utilise rapidement tes infos. Leur durée de vie est courte.
3. N’aie confiance en personne. Pars du principe que l’on te raconte des craques et avance avec précaution.
4. Récupère la moindre information. Peu importe qui te la donne. C’est la qualité, la véracité de l’info qui importent.
5. Souviens-toi et persiste. Ce qui semble insignifiant peut se révéler majeur.
6. Recoupe tes infos. Si tu peux trouver trois sources différentes, il y a de bonnes chances qu’elle soit bonne.
7. Note tout en pyramide inversée : le plus important en haut et les détails en bas. On oublie plus rapidement ces derniers.
8. N’y met jamais d’opinions personnelles. Laisse les autres s’en charge. L’objectivité esr affaire de subjectivité.
C'est quoi le yarusenai ?
C'est cet e-mail auquel vous ne répondrez jamais et que vous n'ouvrirez pas. C'est le mauvais conseil que vous avez donné et le coup de fil que vous auriez dû donner, et tout ce qui en découle. C'est le fait de penser aux amis dont vous croyez que vous auriez pu les sauver.
J'étais sur le point de sortir quand il posa fermement sa main sur mon épaule pour m'arrêter. Je me retournai. Avais-je fais un terrible faux-pas ?
Il me regarda dans les yeux et montra mes pieds du doigt. "Vos chaussettes sont dépareillées, vous le saviez ?"
Aux Etats-Unis, on paye des psychiatres, des thérapeutes, des conseillers, des coachs personnels qui écoutent nos problèmes, redressent notre amour propre, prétendent nous apprécier et nous donnent de bons conseils. Les amis font tout ça gratuitement, mais il est notoire qu’ils se font la malle quand les choses se compliquent.
Les yakuzas aiment les banques étrangères, ils trouvent ça pratique. Le Crédit suisse n'était pas la première institution financière à être impliquée dans le blanchiment d'argent. Citibank a perdu sa licence au Japon en 2004, en partie parce qu'il apparaissait que les yakuzas s'en servaient pour blanchir de l'argent.
Comme il était en train de devenir chauve, il se laissait pousser les cheveux sur le côté qu’il rabattait sur le dessus de son crâne, ce qui donnait cette « coiffure en code-barres », comme on l’appelle au Japon.