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Critiques de James Graham Ballard (219)
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L'île de béton

Cela faisait plusieurs années que je possédais ce livre et que je repoussais régulièrement le moment de le lire, craignant d’être déçu. A tort.

Bien qu’écrit en 1974, « l’île de béton » n’a pas pris une ride. J’ai énormément apprécié ce court roman de J.G. Ballard. J’en ai trouvé la lecture facile et prenante. On se laisse rapidement happer par l’absurdité de la situation dans laquelle se trouve un homme suite à un accident de voiture. De la SF ? Pas sûr. Je dirais plutôt une vision assez pessimiste du monde dans lequel on vit et de ses dérives potentielles.
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L'île de béton

« L’île de béton », comme les autres œuvres de Ballard, est classé en science-fiction. Il n’y a pourtant pas véritablement d’ingrédient SF dans le roman. Mais le ton, le traitement et le style du roman le rattachent indéniablement à ce registre. Le terme qui me vient pour qualifier cette œuvre déconcertante et étrange est roman d’anticipation du présent.



« L’île de béton » est une robinsonnade, il propose une variation urbaine autour du roman matriciel de Defoe. Maitland, un homme tout ce qu’il y a de plus banal, petit bourgeois, une femme, une maîtresse… a un accident de voiture et échoue sur un terrain vague à la jonction de plusieurs voies d’autoroute. Il ne parvient pas à attirer l’attention des automobilistes et doit donc subsister sur cet îlot au milieu de la jungle urbaine.

« L’île de béton » reprend bien les quatre temps forts de la structure d’une robinsonnade. Il y a d’abord le naufrage, la prise de possession de l’île, la rencontre avec les autochtones et le sauvetage final. Ballard a une façon très personnelle de traiter ces passages obligés. Le résultat est passionnant, riche mais très bizarre. Cette lecture, par son étrangeté, met un tantinet mal à l’aise. A travers l’histoire de cet homme Ballard évoque la déshumanisation de la société, déshumanisation qui trouve son illustration paroxystique dans cet entrelacs de routes sur lesquelles des flots de véhicules ne font que passer. D’ailleurs, ces voitures qui se succèdent sur ces voies semblent conduites par des automates aveugles et sourds à ce qui les entoure, presque sans vie. Ainsi Ballard évoque également subtilement l’indifférence croissante dans nos sociétés modernes. Finalement, les derniers vestiges de la véritable humanité, pas encore totalement lobotomisée ni entièrement asservie au dieu pognon, elle se trouve peut-être là sur ces terrains vagues peuplée de marginaux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, s’adapter.



Ballard use d’un style réaliste froid mais il y ajoute une bonne dose d’absurde poussé à l’extrême qui emmène le récit vers quelque chose de très étrange et lui donne son côté anticipation. Il n’y a rien qui permet de dire que le récit se passe dans le futur, rien qui permette d’affirmer que ça ne se passe pas de nos jours. Et pourtant, tout au long de ma lecture j’ai ressenti une impression d’irréalité qui se superposait au réalisme de l’œuvre. Comme si l’auteur disait « ce demain que tu crains, il est déjà là et tu ne le vois pas ».



De Ballard, je n’ai lu que 2 récits, celui-ci et « sauvagerie ». Je connais donc peu cet auteur mais les lectures de ces romans ainsi que l’adaptation de « Crash » par Cronenberg me font dire qu’il est un auteur passionnant qui parvient à évoquer de manière saisissante les sociétés urbaines modernes.

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L'île de béton

In fine, la science-fiction, elle commence en contrebas du périphérique. Un No Man's Land, avec ses propres lois, sa propre géographie: un terrain vague où plus rien n'a cours et dans lequel J.G Ballard s'amuse à faire bouillir son imagination.



D'un point de vue purement pratique, j'ai eu du mal à me représenter les lieux, dans doute un petit schéma aurait permis de plus coller au récit, mais je ne sais pas si cela change beaucoup le sens profond de l'ouvrage. "L' île de béton" met une fois de plus en lumière les étonnantes capacités de Ballard qui change en un roman inédit et captivant une simple situation ubuesque presque ordinaire.
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L'île de béton

Après Crash ! (1973) la trilogie de béton se poursuit avec ce deuxième opus, l'île de béton (1974), Concrete island en VO.



Suite à un accident de voiture, Maitland se retrouve prisonnier d'un terrain vague, une "île" coincée entre deux bretelles d'autoroutes. Blessé, il est incapable de remonter les immenses remblais de terre gluante qui le séparent de la circulation. Là haut, les automobilistes n'ont pas un regard pour lui, occupés à foncer vers leurs tours de verre, dans leurs véhicules d'acier. Robinson moderne, Maitland doit alors dompter son nouvel environnement, loin du tumulte de la ville.



L'île de béton, c'est ce terrain vague que l'on trouve dans à peu près toutes les villes. Ce no mans land sur lequel l'Homme a renoncé à exercer son activité. On y trouve des déchets en tout genre : emballages plastiques, décharge sauvage de gravats, de machine à laver ou de poubelles huileuses de restaurants ; ces objets vomis depuis la route par la civilisation capitaliste. Un abri idéal pour vagabonds et marginaux, qui à défaut de participer à la vie de la société, se nourrissent de ses restes.



Ballard présente une nouvelle fois sa vision pessimiste de la société de consommation, cauchemar éveillé dont les humains sont à la fois les acteurs et les victimes. Un très bon roman.



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L'île de béton

Deuxième livre de la Trilogie de Béton, suivant un Crash! qui m'avait un peu laissé sur mon appétit. Alors que dans ce dernier, l'auteur nous a pratiquement fait un monologue de 200 pages sur la description de pièces automobiles et scènes de sexe, on retrouve ici un récit plus élaboré et diversifié évoquant une réflexion sur la société et la place qu'on y a.



James Maitland, prolifique architecte, marié, père de famille et ayant une maîtresse, se retrouve sur un îlot de béton après un accident. Entourées de trois voies d’autoroute formant un triangle, seul un remblais glissant et dangereux permet d'accéder à la liberté. Maitland l'escalade mais la noirceur et la vitesse des véhicules rendent la tentative trop dangereuse. Une blessure à la jambe et la pluie auront raison de lui et il devra se résigner à attendre les secours. Mais qui remarquera son absence? Les dégâts causés par l'accident semblent avoir été réparés sans qu'on se questionne sur la cause, les quelques personnes qui le voient doivent le prendre pour un pauvre clochard, sa femme doit le croire avec sa maîtresse, sa maîtresse avec sa femme, ses collègues de travail en voyage. Son état empire au fil des jours et une rencontre fortuite réveillera en lui des souvenirs oubliés et des agissements qui le surprendront lui-même pour se sortir de là.



Une analyse figurée de la société individualiste et du chacun pour soi qui est encore plus vraie aujourd'hui. Le paradoxe de l'homme seul et en détresse alors que pourtant, des milliers de personnes passent à quelques mètres de lui sans lui porter attention. La notion de survie alors qu'on est au beau milieu de l'opulence. La manipulation et l'exploitation de la fragilité des autres pour aboutir à ses fins. Une oeuvre encore très d'actualité.
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La Course au Paradis

Le personnage principal, présentée comme protectrice de la nature détruit complétement son "sanctuaire". Amoral et désagréable. Antiécologique au final avec cette histoire loufoque.
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La Course au Paradis

Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire



Ile de Saint-Esprit, Pacifique Sud, non loin de Tahiti : une bande d'écologistes envahit les lieux en hurlant des slogans antinucléaires et des exordes à sauver les albatros, menacés par les tirs atomiques de l'armée française. A leur tête, une Anglaise nommée Barbara Rafferty, maîtresse-femme «remuante et idéaliste», radiée de l'ordre des médecins pour avoir pratiqué l'euthanasie. A ses côtés, Neil, un jeune homme de seize ans obsédé par la bombe A (son père est mort à la suite d'irradiations) et fasciné par la personnalité autoritaire du Dr Barbara. Un esclandre avec les soldats français s'ensuit, au cours duquel Neil prend une balle dans le pied. Barbara tire parti de cet incident pour lancer une campagne médiatique antifrançaise et contraindre l'armée à abandonner Saint-Esprit. Le champ est désormais libre pour son rêve : faire de l'île un sanctuaire coupé du monde, et y diriger sa propre colonie de Robinsons écologistes... «Représentez-vous Saint-Esprit comme le projet écologique ultime, s'exclame-t-elle : nous sommes en train de mettre en chantier l'écologie du paradis !» Très vite cependant, l'entreprise prend une tournure bizarre : outre la sous-alimentation chronique des habitants de l'île et les conflits avec les hippies désireux de rejoindre le sanctuaire, des actes de sabotage apparaissent ; surtout, les hommes se mettent à mourir ou à disparaître l'un après l'autre, à part Neal qui échappe à l'hécatombe. Bientôt, l'explication tombe : «Nous n'avons plus besoin d'hommes, même robustes, explique le Dr Barbara. Un seul mâle robuste et bien portant nous suffit, et nous t'avons, Neil». Voilà donc le paradis du titre : une «république féminine» peuplée de fillettes conçues par Neil avec les femmes de l'île, sous la direction bienveillante et tyrannique du Dr Barbara...



Paru en 1994, Rushing to Paradise est une anti-robinsonnade sur le fanatisme progressiste, les comportements de groupe et la logique totalitaire d'une certaine radicalité militante. Littérairement, c'est sans doute un Ballard de second ordre : la mise en place est un peu lente, les personnages secondaires sans chair et les péripéties brouillonnes - le roman ne décolle en fait que dans la deuxième partie, une fois le décor en place pour le projet démiurgique et criminel du Dr Barbara. Il n'en reste pas moins que cette Course au paradis, outre qu'on y retrouve l'humour habituel du romancier (est-ce vraiment par hasard que le VRP français du Club Med venu évaluer le potentiel touristique de Saint-Esprit s'appelle Kouchner ?), offre une satire grinçante et brasse la plupart des thèmes de prédilection du Ballard des années 1990 et 2000, celui de Cocaine Nights, de Super Cannes ou de Millenium People : la société close repliée sur elle-même, l'inversion de l'utopisme (l'île, décor-type des utopies politiques façon Thomas More, devient ici le lieu du cauchemar), la manipulation des médias, les dérives totalitaires de la bien-pensance et la figure du leader charismatique qui subjugue toute une communauté jusqu'à la folie - ici l'inquiétante Dr Barbara, «cruelle et généreuse». Même en le rangeant parmi les romans mineurs de son auteur, La Course au paradis, quinze ans après sa parution, conserve une causticité qui mérite d'emporter ce roman sur un île déserte.
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La face cachée du soleil

Traçant d'abord le parcours d'une investigation policière de stricte observance, "La Face cachée du soleil" bifurque assez tôt vers une obscure comédie de masques. Sous ses dehors de fête et de loisirs permanents, Estrella de Mar héberge toutes les physionomies du crime. Initiés par Bobby Crawford, les pensionnaires complotent, se coalisent ou désignent une victime expiatoire dans leur doctrine cachée d'exploit criminel. Engourdis dans leurs transats, ils méditent sur la beauté d'un incendie meurtrier. Le vernis des consciences se fissure. Ils naviguent entre admiration de viols et pornos pour fuir un ennui vide de sens, une vacuité finalement si proche de nos vies que nous cherchons parfois à combler par le vice et la perversion.



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La face cachée du soleil

Un gros livre décevant, qui traîne en longueur par une multitude de détails, on s'accroche pour découvrir le nom de l'assassin et on reste déçu même par la fin...
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La foire aux atrocités

Un sommet de littérature expérimentale. L'écrivain nous livre ses obsessions récurrentes sous la forme d'une suite d'histoires étrangement semblables tout en étant bien différentes. C'est d'une étrangeté radicale. Un mauvais rêve. En faire de la littérature est un tour de force.
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La forêt de cristal

Ce n'est pas le roman à lire pour se lancer dans l'oeuvre de Ballard. J'ai le souvenir d'une écriture datée, avec des longueurs. A lire pourquoi pas, mais Ballard mérite mieux.
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La forêt de cristal

Parmi les thèmes classiques de science-fiction, la fin du monde figure en bonne place et c'est un thème – je crois – qu'affectionne particulièrement les auteurs britanniques. James Graham Ballard en a fait sa spécialité durant la première partie de sa carrière : Sécheresse, Le Vent de nul part, Le Monde englouti, etc. et bien sûr : La Forêt de cristal. Tous – excepté peut-être du Vent de nul part – possèdent la même caractéristique : le personnage principal ne lutte pas. L'humanité est en train de disparaître sans le moindre espoir de survie, et un homme – ici le docteur Sanders – assiste à sa perte qui le perturbe peu au fond, car elle se juxtapose à son mal-être personnel...

Pourtant, La Forêt de cristal n'est pas un roman désespéré. De tous les romans catastrophe de Ballard, c'est, avec Le Monde englouti, le plus abouti et sans conteste le plus poétique.

Après la veine des romans catastrophes, Ballard entamera un cycle plus noir encore dans lequel l'homme est soumis sans qu'il s'en rende compte au règne obscur des machines et dont Crash, le roman le plus connu de l'auteur, fait parti.

Peut-être pour apprécier pleinement l’œuvre de J-G Ballard, faut-il connaître un peu la vie de l'auteur. Je crois que James Graham Ballard a commencé à écrire de la science-fiction à cause du traumatisme qu'il a vécu durant la guerre. Et qu'il lui a fallu écrire de nombreux romans avant de réussir à mettre en mots sa propre histoire avec Empire du Soleil.
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La forêt de cristal

Le docteur Edward Sanders est directeur adjoint en léproserie. Il veut se rendre à Mont Royal pour retrouver des amis mais à cause d'une fuite temporelle la forêt par laquelle il doit passer est complètement cristallisée par une sorte de neige de microcristaux qui tombe du ciel et qui ne cesse de se propager. Dès que quelque chose ou quelqu'un en est recouvert il se retrouve coincé dans l'anti-temps et pour lui le temps s'arrête. Le docteur Sanders va devoir mener l'enquête pour revoir ses amis.



On est vite pris dans l'histoire et on a du mal à s'arrêter, mais la fin est un peu brutale.
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La forêt de cristal

Bien qu'originale, j'ai eu quelques difficultés à me plonger tout de go dans cette histoire qui m'a parue quelque peu décousue au début. J'ai néanmoins continué à m'accrocher et le style de l'auteur a probablement contribué à la beauté des images que j'ai pu finalement m'en faire.
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La forêt de cristal

Le Docteur Edward Sanders a perdu trace de ses amis et collègues, Max et Suzanne Clair. D’après leur dernier message, ils étaient à Mont Royal. Or, l’accès à la région est interdit par l’armée car il s’y passe un phénomène bien étrange : peu à peu, la forêt se cristallise, emprisonnant dans une gangue de lumière figée toute vie, qu’elle soit végétale, animale ou humaine. Pour autant, le Docteur Sanders, mû par l’amour qu’il porte à Suzanne, brave les interdits, fasciné également par la beauté étrange et comminatoire des lieux. Derrière la forêt de cristal, d’autres secrets se cachent, entre ombres et lumières…



« La Forêt de Cristal » est l’une des quatre apocalypses écrites entre 1961 et 1966 par J.G. Ballard. Il s’agit d’une intrigue qui joue sur les clairs-obscurs d’une nature déliquescente, en écho à l’ambivalence des sentiments humains. Les descriptions sont fascinantes, l’auteur venant souligner la beauté trop artificielle et menaçante d’un paysage à l’apparence pourtant féérique :

« Les arbres dressés au-dessus de l’eau en un long arc de cercle semblaient étinceler d’une myriade de prismes liquides : des barres de lumière jaune et carmin gainaient leurs troncs et leurs branches saignant dans l’eau, comme si toute la scène avait été reproduite à l’aide d’un Technicolor trop poussé. Toute la rive opposée étincelait de ce kaléidoscope flou. Les bandes colorées, en se chevauchant, augmentaient la densité de la végétation, si bien qu’il était impossible de voir à plus de quelques pas entre les premiers troncs. » (p. 74.)

Le rythme est lent, le style parfois un peu désuet. L’intrigue souffre d’ailleurs peut-être de quelques longueurs, notamment avant la découverte du monde cristallisé. Pour autant, ce cauchemar cristallin, cette apocalypse de lumière, ne peuvent laisser indifférent. L’éblouissement de cette pérégrination fantastique n’est pas sans occasionner quelques persistances rétiniennes bien après la lecture…
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La forêt de cristal

En dehors d'une forêt de cristal, mystérieuse, le scénario est laborieux. Nous subissons un enchaînement redondant de coup de fusil, revolver, couteau entre les mêmes personnages! Il y a bien quelques dialogues ou quelques hypothèses d'explication mais à la fin, je ne savais plus vraiment les motivations des uns et des autres. Livre confus dans lequel les rares personnages féminins sont très peu développés.
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La forêt de cristal

isbn:9782207300985
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La forêt de cristal

La Forêt de cristal est un roman de SF postapocalyptique de J. G. Ballard, dans lequel l’auteur décrit un monde peu à peu contaminé par la cristallisation des espèces animales et végétales, qui les fige ou les transforme en hybrides de vie et de pierres précieuses. Cette apocalypse est alors placée sous le signe de l’étrange et des métamorphoses radicales, ce qui rapproche le roman de la Weird Fiction.

On suit le personnage d’Edward Sanders, un médecin parti sur les traces de sa maîtresse, Suzanne Clair, ce qui le pousse à explorer un environnement profondément modifié, qui exerce une attraction de plus en plus forte sur lui.

Des apocalypses de Ballard que j’ai lues, La Forêt de cristal sera sans doute mon préféré de par son étrangeté !

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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La forêt de cristal

James Graham Ballard est un écrivain de science-fiction et d'anticipation sociale anglais né en 1930 à Shanghai et mort en 2009 des suites d'un cancer de la prostate à Londres. Son père est PDG de la filiale chinoise d'une grande entreprise de textile de Manchester. Après l'invasion de la Chine par le Japon, il est emprisonné en 1942 dans un camp de détention pour civils où il restera jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a décrit cette expérience dans son livre semi-autobiographique Empire du soleil, qui a été adapté au cinéma par Steven Spielberg. Il part en 1946 pour l'Angleterre et commence des études de médecine puis de littérature anglaise mais sans succès. Il découvre à cette époque la psychanalyse et le surréalisme qui le fascineront toute sa vie. Après une suite de petits boulots, il s'engage sur un coup de tête dans l'armée de l'air et part faire son entraînement au Canada. Il écrit alors sa première nouvelle de science-fiction et sera publié pour la première fois en 1956. Il deviendra peu à peu l'un des romanciers phares de la nouvelle vague de SF britannique aux côtés de Brian Aldiss ou John Brunner, qui abordent de nouveaux thèmes en soignant particulièrement le style.

Quatrième roman de l’auteur, La forêt de cristal (1967), dernière des quatre apocalypses, après Le vent de nulle part (1962), Le monde englouti (1962) et Sécheresse (1965), vient d’être réédité.

« Afin de retrouver son collègue, Max Clair, et la femme de ce dernier, Suzanne, qui fut sa maîtresse, le Dr Edward Sanders, directeur adjoint d'une léproserie, se rend à Mont Royal, au Cameroun. A peine arrivé, il constate que la forêt qui borde la ville est entourée d’une aura de mystère. En outre, d’étranges objets de cristal sont vendus discrètement sur la place du marché. Quel est le lien entre ces bibelots, la forêt et la sombre lumière qui en émane ? »

Que retenir de ce roman qui m’a un peu déçu je dois l’avouer car j’avais de meilleurs souvenirs flous de J.G. Ballard. Souvenirs flous, conséquence de mon désintérêt pour la SF depuis la fin des années soixante-dix (constatant que la réalité égalait ou dépassait la fiction), époque où je me régalais des meilleurs jamais surpassés, de A.E. Van Vogt à Philip K. Dick (qui reste le maître de ce château) pour ne citer qu’eux.

Le roman commence très bien, le mystère s’épaississant de plus en plus à chaque page, à suivre le Dr Sanders s’approchant d’une zone qu’on devine sujette à une sorte de menace non identifiée. Les acteurs entrent en scène sans que l’on comprenne très bien les motivations des uns et des autres, sachant néanmoins qu’ils ont des points en commun et que des échos renvoient l’un vers l’autre, Sanders a été l’amant de Suzanne, femme de son ami Max ; l’énigmatique architecte, Ventresse, recherche Serena qui est avec Thorenson, un propriétaire minier local ; Louise Perret, une journaliste venue enquêter sur les lieux tombe dans les bras de Sanders ; le capitaine Aragon mène sa barque en silence sur le fleuve et le père Balthus fiche un peu la trouille dans sa soutane…

C’est plutôt bien écrit, il n’y a pas de créatures étranges ou de catastrophes bruyantes, au contraire Ballard joue plus sur la menace diffuse et silencieuse, pour ainsi dire naturelle, une cristallisation de la forêt qui touche la flore et la faune, gagnant chaque jour du terrain. J’avoue que je n’ai rien compris à l’explication « scientifique » avancée mais je me rassure en constatant que je ne suis pas le seul, « J’ai peur que Max ne comprenne pas ce qui arrive dans la forêt – je veux dire au sens large – à toutes nos idées concernant le temps et la mortalité. »

Je pensais trouver dans ce roman, une sorte de fable écologique, en fait – mais peut-être suis-je passé à côté ? – je n’en retiens que des sensations, une sorte de froideur générale, compréhensible puisque la minéralité est au cœur du roman, et des images mentales de jungle cristallisée comme une cathédrale de lumière pixellisée. Et cette beauté, pourtant mortelle, qui attire en son sein les humains, réunis « dans l’ultime mariage de l’espace et du temps. »

Bon, ben voilà, maintenant c’est vous qui voyez…

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La forêt de cristal

La plus résignée, la plus étonnante et la plus belle, sans doute, des quatre apocalypses de Ballard.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/02/10/note-de-lecture-la-foret-de-cristal-james-graham-ballard/

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