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Critiques de James Salter (268)
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Et rien d'autre

Je me suis vraiment ennuyée...que de poncifs ... pourtant le roman avait très bien démarré!

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Un sport et un passe temps

La pus grande réussite de James Salter est à coup sûr "Un sport et un passe temps". Un jeune couple parcourt la France des années soixante et vit une passion torride. Au delà des scènes de sexe qui ont fait le scandale, puis le succès du livre, les principaux protagonistes sont la voiture qui les transporte ("Là dans la lumière tombante, une décapotable surbaissée, sombre comme le voyage. Nous faisons le tour jusqu'à l'avant. Il y a une plaque du constructeur en émail avec des lettres bleues : Delage.") et la France profonde des villes de province. Son charme et son ennui colore les amours de ce couple que la beauté ne tire pas toujours de la médiocrité. Le regard du narrateur est décalé, insaisissable ami du couple qui les suit dans leur itinérance comme dans leurs ébats, avec un regard à la fois envieux et navré.

A la manière de Joseph Conrad Salter ajoute une introduction à son roman qui lui donne tous son sens : "hymne aux petites villes et villages de France, à Paris, à l'architecture, aux jours passés, aux détours de la France, et bien sûr au plus incandescent de tous les plaisirs terrestres."

Il dit la difficulté qu'il a eu à faire publier son livre et son faible succès. Il livre quelques clefs sur l'écart entre la réalité et la fiction, sur les lieux. Le roman a été écrit à Chaumont et non à Autun. James Salter y a passé un an comme réserviste durant la crise de Berlin (1961-63).

"C'était l'hiver et il faisait froid. Je rentrais tard du bar ou du restaurant et m'asseyais seul, ténèbres alentour, et j'écrivais. Presque tout ce que je ressens et chéris à propos de la France me vient de cette année-là - pour moi le millésime du siècle, pourrait-on dire."
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Et rien d'autre

fin de lecture de ce livre et je reste perplexe

Salter semble nous passer plusieurs messages, dont l'un pourrait etre :

n'attendez pas trop de la vie , car vous allez etre déçu

philipp ferait ici cet apprentissage , sans trop le savoir , juste de se rendre compte plus ou moins consciemment qu'il va devoir se contenter du quotidien .

peut etre aussi une critique , assez dure au final , de la société americaine (voire occidentale ) qui se perd ou s'étiole dans les petitesses du quotiden.

mais au fond , une grande partie de la littérature actuelle va dans ce sens , et ici salter en parle tres bien , à mots couverts
Lien : http://delmas.mjj@voila.fr
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Et rien d'autre

Philip Bowman a combattu dans la marine sur les côtes japonaises pendant la Guerre. Quand il rentre à New York, il cherche quelque temps du travail et devient éditeur dans une grande maison d’édition. Philip Bowman est un fils, un mari, un amant. Il est jouisseur, séducteur, amoureux de l’amour, à la poursuite d’une vie qui tantôt lui échappe, tantôt semble être maîtrisée. Il se marie jeune, divorce tout aussi jeune, et continue de s’émerveiller devant le déhanché d’un dos ou le satiné d’une peau. Les femmes, ses femmes, se succèdent dans sa vie : Vivian, riche héritière du Sud façonnée par son père, l’impressionnant George Amussen, Ernid, la maîtresse anglaise pleine de sensualité, Christine avec qui il partage enfin une vie de couple, enfin Anna, la compagne de l’âge mûr. Dans les années 50, pas facile d’être divorcé, pourtant jamais cette situation ne l’entrave. Dans son milieu intellectuel, il s’épanouit. A lui les dîners mondains, les foires du livre de Londres et Francfort, les triangles amoureux avec les agents et les auteurs, les réussites et les déceptions. La vie new yorkaise fait peu à peu place au réconfort des maisons de la côte, avec leurs feux de cheminée et leur brouillard à l’aube. Autour de lui gravitent ces figures de chair et d’os dont les vies sont esquissées à grand traits : parents, amis, collègues, auteurs. Toutes ces personnes qui sembleront être toujours là pour vous (comment assister à la mort de sa mère ?). Tous ces gens qu’on croise à un moment de notre vie et qui s’effacent dans le tourbillon de l’existence.



J’ai d’abord eu du mal à comprendre le propos de ce roman, l’objectivité perpétuelle de l’auteur, l’économie de style et de sentiments semblaient être la marque d’une froideur calculée. Puis, peu à peu, on s’attache à ce personnage, qui suit son chemin, éternel adolescent en quête de bonheur, éternel soldat face à l’ennemi, éternel amant devant la beauté des femmes. Contrôle-t-il vraiment sa vie ou se laisse-t-il simplement porter par les courants ? Chaque nouvel âge de la vie lui apporte ses promesses et ses espoirs. Une certaine mélancolie se dégage de ce roman, et en même temps, l’auteur nous offre de temps en temps des instantanés de pur bonheur ou de douleur. D’une certaine manière, c’est un roman slow life.



Chacun a son histoire. Et ses souvenirs. C’est la vie. Et rien d’autre.
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L'Homme des hautes solitudes

Je dois avouer que j'ai profité d'un séjour aux Gets (Haute-Savoie) cet été pour lire un livre sur la montagne... et ce fut réussi car effectivement, James Salter trouve les mots justes pour nous faire vivre les ascensions les plus impressionnantes: on sent la roche, ses aspérités, ses creux, ses crevasses mais aussi le froid, le gel, la faim et parfois la mort. Et puis, arrivé là-haut, au sommet, on est le dieu du monde, limite si on ne veut plus redescendre parmi les hommes...

C'est donc un livre qui parle d'une passion: l'alpinisme et qui nous la communique vraiment !

Même moi qui ai du mal à suivre un petit groupe de randonneurs composé de nombreux enfants, je partirais pour Chamonix ce soir même... pour prendre le train jusqu'au Montenvers!


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Chaque jour est un festin

Lors de la dernière édition de Masse Critique, mon choix s’est immédiatement porté sur ce livre parmi la longue liste de titres proposés. Pour moi qui aime en effet la littérature et la cuisine, le menu de cet ouvrage rédigé par James Salter et son épouse Kay était en effet très alléchant, et la quatrième de couverture promettait des anecdotes savoureuses.



La suite sur mon blog...
Lien : http://tassedethe.unblog.fr/..
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Et rien d'autre

J'abandonne la lecture de ce livre. Impossible de le lire. Je n'ai aucune accroche sauf le premier chapitre. Donc pas une étoile de notation.
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Chaque jour est un festin

«Chaque jour est un festin» de James et Kay Salter.

Quelle bonne idée que cet almanach qui réunit le temps qui passe, l'histoire et la cuisine. Le titre donne l'eau à la bouche mais malheureusement le contenu est loin du festin attendu.



Un grand mélange de tout et de n'importe quoi.

Et les jours se suivent mais ne se ressemblent pas… Certains sont riches d'informations pertinentes et d'autres de platitudes navrantes.

Entre de nombreuses répétitions (comment organiser un dîner ou encore la cuisine chinoise), notions classiques de cuisine, règles de savoir-vivre parfois erronées (ainsi les Américains qui attendent poliment que tous soient servis pour commencer à manger alors que les Européens bâfrent de suite…), souvenirs personnels, anecdotes historiques et de nombreux « clichés », on trouve quand même quelques recettes au détour des pages.

Bizarre aussi ces auteurs qui prennent leur propre livre de cuisine quand ils partent en gîte… et c'est une recommandation faite au lecteur pour passer un bon séjour.

Sur le fromage : « Les Français mangent souvent, par exemple, la croûte du camembert, du roquefort... », c'est peut-être parce que je suis belge mais je ne savais pas que ces deux fromages avaient une croûte :-p

Beaucoup d'erreurs demeurent, même si la traductrice en a corrigé quelques-unes (notes en bas de page), ainsi mettre du sel sur une tache de vin rouge est le meilleur moyen pour qu'elle s'imprime à demeure et non l'inverse.

Allez, un en-cas pour la route : page 71, Rossini en tant que gourmand gourmet invente son propre tournedos mais page 311, l'histoire est tout autre et c'est alors Escoffier qui crée la recette en hommage au grand compositeur…

Et les pages se suivent, comme les jours et les inepties aussi ; ainsi, « En France, le meilleur foie gras est servi cru... », j'ai un peu de mal à croire que personne n'a jugé bon de donner aux auteurs gastronomes la recette du foie gras…

On n'est pas à une indigestion près quand on lit « La simple mention 'croissants' indique qu'ils contiennent moins de beurre ou seulement de la margarine» alors que juste avant l'auteur précise que cette viennoiserie est riche en beurre…

Un livre qui parle beaucoup des vins, et les plus chers ne sont pas oubliés ; qui cite de nombreux restaurants, et comme de juste, les plus chics et donc les plus chers s'y retrouvent ; qui voit défiler les membres d'une société bcbg bien connue des auteurs mais qui ne nous parle pas…

Pas de littérature ici, certains jours sont aussi inspirants qu'une simple liste de courses et d'autres semblent tout droit sortis d'un dictionnaire ou autre livre de référence. Les jours tirés du livre de raison des auteurs sont quant à eux juste des impressions, des anecdotes ou des compositions de repas jetées sur la page sans plus de raffinement. Pas vraiment beaucoup de cœur ni d'humour dans cet almanach consacré aux plaisirs de la table.

Néanmoins, la lecture de cet ouvrage m'a permis d'enrichir ma collection d'aphorismes culinaires ainsi que de découvrir quelques curiosités historiques du monde de la cuisine que je prendrai plaisir à approfondir.

Conclusion, un livre écrit par des Américains pour des Américains qui peuvent y puiser quelques bons mots pour bien paraître en société !
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Et rien d'autre

C'est par défaut (dans une librairie d'aéroport de province) et sans connaitre l'auteur, que j'ai acheté ce roman. Il m'a semblé que ce serait un compagnon de vol très acceptable. Et il l'a été. Je ne reviendrai pas sur l'histoire ni sur les personnages car les critiques précédemment postées le font très bien et dans l'ensemble je souscris à ce qui est dit. J'ajouterais volontiers un commentaire sur le style. Je le trouve fluide, agréable, descriptif évocateur, capable de faire vivre aussi bien une terrifiante bataille navale, qu'un beau voyage en Andalousie, une scène d'amour, la dérive d'un couple ou la perte d'un etre cher. L'Amérique dépeinte par le narrateur est celle des blancs d'origine anglo-saxonne, de culture protestante, aisés, cultivés pour la plupart, un tantinet racistes, pas antipathiques mais pas non plus très attachants. Ils ont du mal à faire vivre l'amour dans la durée, ils ont souvent des problèmes de dépendance à l'alcool, ils n'ont pas l'air de chercher autre chose qu'une existence agréable de privilégiés. Les femmes surtout. Mais tout cela est bien dit et en tant que lectrice, c'est avec plaisir que j'ai cheminé auprès de Bowman et des nombreux personnages de son entourage.
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L'Homme des hautes solitudes

Sympathique et dépaysant. Vous sentez surement mon embarras pour ne pas dire de mal du grand Salter. Les amateurs d'escalade seront comblés, pour ma part j'ai gardé un souvenir ému de "premier de cordée". Sans plus.
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Chaque jour est un festin

"Chaque jour est un festin" de James Salter est un agenda original, proposant 365 anecdotes littéraires, historiques, ou personnelles sur la nourriture. Une véritable plongée dans la vie de James Salter et de sa femme Kay, deux amoureux des plaisirs de la table. Ils racontent leurs dîners, donnent des conseils pour recevoir avec élégance, partagent des recettes qui sentent bon l'Amérique. Des anecdotes nous en apprennent plus sur la soupe préférée de Beckett, nous font découvrir des réflexions culinaire du Président Kennedy, ou nous racontent en détail l'histoire de la fourchette.

Un livre pour les amoureux de la nourriture, à garder dans sa cuisine ou sur sa table de chevet !



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Un sport et un passe temps

A mes yeux le meilleur roman de James Salter, qui se trouve être un des meilleurs écrivains américains.

Une narration originale par un personnage à la fois omniscient et intégré à l'histoire, le sublime talent de Salter pour l'écriture érotique lors de fugaces moments d'une rare subtilité, d'autant plus lorsqu'on jette un oeil à la façon dont d'autres écrivains contemporains évoquent l'amour physique.

Trop d'adjectifs restent insuffisants pour décrire la qualité stylistique de ce roman.

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Chaque jour est un festin

Chaque jour est un festin qui lui ressemble: élégant, nostalgique et savoureux.
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Un sport et un passe temps

Kindle HS et stock de nouveaux livres épuisés, je n’avais plus rien à lire. Heureusement nous avons une bibliothèque à la maison. James Salter était mort quelques jours plus tôt et, même s’il me semblait avoir lu cet ouvrage il y a longtemps, je n’en gardai qu’un très vague souvenir, sauf le magnifique titre, issu d’une phrase non moins merveilleuse du Coran : N’oublie pas que la vie en ce monde n’est qu’un sport et un passe-temps.



Alors pourquoi pas ? Me suis-je dis, lisons ou plutôt relisons cet ouvrage culte du grand écrivain américain, dont les journaux chantent les louanges depuis qu’il s’est éteint.



L’histoire se résume en une phrase : un jeune américain et une jeune française s’aiment dans la France des années 60, qu’ils parcourent au gré de leurs envies.



Dès les premières pages, j’ai compris pourquoi je ne gardais qu’un souvenir lointain de ce livre. Un sport et un passe-temps est un livre flou, impressionniste. Je m’explique : Il ne raconte pas vraiment d’histoire, ou plutôt le cœur du roman n’est pas tant dans l’histoire que dans la façon de la raconter. Il s’attache ainsi plus à décrire les sensations que les actions des protagonistes ou le décor dans lequel ils évoluent. Rien n’est clairement posé, tout est esquissé par petites touches sensibles. L’écriture n’est pourtant pas complexe. Au contraire, des phrases courtes, des mots simples pour être, sans artifice, au plus près de la vérité et de l’émotion des personnages ou de l’atmosphère d’un lieu.



On peut se délecter de cette quête de l’émotion juste, de cette simplicité poétique, comme de la crudité des nombreuses scènes érotiques. On peut être aussi vite lassé par cette tentative très personnelle de rendre compte du réel, se fatiguer des galipettes et de l’errance des deux héros, et surtout du prisme opaque par lequel nous les regardons.



A être trop flou, à ne travailler que l’allusif, on peut perdre son lecteur. C’est un peu ce qui m’est arrivé. Même si la poésie et l’originalité du monsieur m’ont touché, il me manquait un peu de corps, un peu de concret pour véritablement vivre cette histoire.



Ce roman raconté (ou non) par un ami du héros, qui invente (ou non) une partie de leur histoire d’amour (ou juste de fesses) laisse ainsi continuellement planer le doute et le non-dit sur le récit, c’est un parti pris intéressant et original, mais je ne suis convaincu que cela fonctionne totalement.



On dit souvent que les écrivains américains sont des conteurs avant d’être des stylistes. James Salter prouve tout le contraire dans ce livre. Manque de bol, je préfère les conteurs…



Mais si vous aimez les atmosphères éthérées, les récits poétiques et les ambiances coquines, ce livre est pour vous.



CONCLUSION : Un sport et un passe-temps a sa petite musique propre à laquelle on adhère ou non.
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Et rien d'autre

Je viens d'abandonner ce livre à la page 147.Pour ma part il n'y à pas d'histoire et c'est un livre ennuyeux.

Je ne comprends pas le commentaire de François Busnel qui dit au dos du livre "Un très grand livre sur les souvenirs et l'oubli"....

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Cassada

Précis comme un documentaire et profondément mélancolique, Cassada a la beauté d'une tragédie.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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L'Homme des hautes solitudes



Dans un récent entretien avec Nicolas Truong publié par Le Monde, Alain Badiou oppose la satisfaction au bonheur. " La satisfaction, dit-il, n'est pas dépendante de la rencontre ou de la décision. Elle survient quand on a trouvé dans le monde une bonne place, un bon travail, une jolie voiture et de belles vacances à l'étranger". Badiou souligne à quel point le système consumériste incite à confondre satisfaction et bonheur, à réduire le second à la première : " le monde d'aujourd'hui, déclare-t-il, a un modèle fondamental de l'altérité et de l'échange, qui est le paradigme commercial. Nous sommes tentés de ramener tous les rapports à l'autre à une dimension contractuelle d'intérêts réciproques bien compris [...] le consommateur est la figure objective dominante, celle qui fait tourner le monde. Nos maîtres suivent avec angoisse le niveau d'achat de marchandises par les gens. Si, tout à coup, plus personne n'achetait, le système s'effondrerait comme un jeu de quilles. Donc nous sommes enchaînés à la nécessité d'acheter les choses dans leur surgissement, leur nouveauté, leur inutilité foncière ou leur laideur criminelle. " Le bonheur, pour Badiou, c'est autre chose : " C'est lorsque l'on découvre que l'on est capable de quelque chose dont on on ne se savait pas capable". Se référant aux sagesses antiques, Badiou oppose au stoïcisme et à l'épicurisme, où il décèle "un élément d'égoïsme foncier", le platonisme qui, commente Nicolas Truong, "affirme qu'un soleil brille au-dessus du théâtre d'ombres de notre caverne, puisque, comme le dit Rimbaud, "la vraie vie est absente ". " Tu peux, donc tu dois ", telle est la devise d'Alain Badiou. "Aie le courage de te servir de ta volonté pour qu'advienne cette puissance dont tu ne te sentais pas capable." Quelles que soient les circonstances, "ce que l'on a voulu et décidé a une importance capitale. Depuis, j'ai presque toujours été rebelle aux opinions dominantes parce qu'elle sont presque toujours conservatrices".



Indépendamment du lien que Badiou établit entre bonheur et altruisme, l'importance qu'il attache à l'expérience bouleversante de la rencontre amoureuse, qui est pour lui le paradigme de l'expérience décisive qui change notre vie sans recours, on peut noter que sa conception du bonheur a aussi à voir avec la découverte par un individu de sa vocation personnelle. Lui-même évoque avec émotion sa découverte du théâtre, grâce à la rencontre avec un de ses profs de français au collège. "Dans l'acte du comédien, il y a la décision miraculeuse d'assumer le risque d'une exposition intégrale de soi. Grâce à mon professeur de 4e, j'ai rencontré tout cela. Le théâtre a été ma vocation première. Et j'y reviens toujours. "



Tu peux, donc tu dois ? Ou bien tu dois, donc tu peux ? On pourrait le dire d'autres manières encore. J'opterais pour ma part, pour un "Tu veux passionnément, donc tu peux ". Mais ne renonce jamais à ce qui, pour toi, est la merveille de la vie, à tout cela qui, dit encore Badiou, " vous met dans une situation vitale magnifique et périlleuse". Ne cesse pas de vouloir ce que tu veux.



C'est à quoi je songeais en feuilletant le beau roman de James Salter, L'Homme des hautes solitudes ( Solo Faces ) . Nous faisons la connaissance de Rand, le héros du récit au premier chapitre où, pour une poignée de dollars (trois de l'heure exactement), il remplace, avec un copain les voliges du toit d'une église californienne. Jusqu'au moment où le copain glisse sans pouvoir se retenir mais : " Il sentit quelque chose sur son bras. Une main. Elle s'immobilisa à la hauteur de son poignet.

-- Tiens bon. "



Rand vit dans un quartier excentrique plutôt miteux de Los Angeles avec Louise. Ce n'est pas l'amour toujours, ça durera ce que ça durera, jusqu'au jour où ils se seront lassés l'un de l'autre :



" Oui, en ce temps-là,il l'aimait bien. Elle était caustique, elle était pâle. Elle désirait être heureuse mais ce n'était pas possible car cela l'aurait dépouillée de son être -- ou de ce qui resterait quand Rand serait parti comme les autres. ". Louise a un fils, Lane, qui, selon elle, "n'arrivera jamais à grand-chose", un garçon "lent et indéchiffrable comme s'il vivait dans un rêve". Comme nous tous, peut être.



Puis, un petit matin, Rand réveille Lane. " -- Viens ".



Dans le coffre de la voiture, des chaussures de marche, des cordes, un sac à dos.



Je ne suis jamais allé en Californie. Mais j'ai appris sur Internet que Banning, à quelque distance de Los Angeles, est une ville située dans le San Bernardino Pass, qui donne accès à de hautes chaînes de montagnes, culminant à plus de 3500 m au mont San Bernardino. Il n'y a pas que la vallée de Chamonix au monde, ni l'Himalaya. Mais les montagnes qui surplombent Chamonix, ou le massif de l'Everest, sont des montagnes mythiques pour tous les alpinistes du monde ; le mont San Bernardino , non. Tous les alpinistes du monde sont fascinés par les Drus, Rand comme tous les autres.



Mais c'est dans le secteur du mont San Bernardino que Rand, renouant, une fois de plus avec son irrépressible vocation, a emmené Lane, pour escalader, par une voie très raide, une haute crête du coin. Pour y retrouver, par hasard un ami, un type dans son genre, Jack Cabot, un premier de cordée, comme lui. Les esprits taillés sur le même patron sont faits pour se rencontrer dans des lieux d'élection.



Le roman de James Salter n'est pas un roman réaliste, au sens où on l'entend généralement. Par exemple, un autre romancier que lui se serait attaché à nous donner des précisions sur les moyens d'existence de Rand. parce que, remplacer les voliges d'un toit d'église à trois dollars de l'heure, ça n'est pas le Pérou. On a un peu l'impression qu'il vit aussi aux crochets des femmes qui, l'une après l'autre, partagent sa vie. On se dit aussi qu'il doit toucher une petite pension d'ancien marine ( s'il est vrai que, comme il le raconte à Louise, il a été dans les Marines, mais peut-être a-t-il inventé cet épisode de sa vie, au lieu de lui raconter comment il a vraiment vécu, avant de la rencontrer, quels autres combats il a menés, sur lesquels il restera étrangement muet, comme si cela ne concernait que lui, comme si c'était un expérience trop intime, presque indicible, pour être racontée). Mais les ressources financières de Rand, on s'en fiche un peu, et Rand s'en fiche aussi, parce qu'au fond on finit par trouver de l'argent, quand on veut vraiment quelque chose, qui seul compte. Tu veux, donc tu peux. Le roman de James Salter nous parle de la puissance irrépressible du désir, qui ne renverse pas les montagnes, certes, mais qui vous les fait gravir.



C'est ainsi que, sans que le romancier daigne nous donner des explications sur les péripéties qui l'y ont amené, Rand se retrouve dans la vallée de Chamonix, et c'est là que, pour lui, les choses sérieuses vont commencer -- ou recommencer . Et les choses sérieuses s'appellent la pointe Lachenal, le pilier du Frêney, le Triolet, les Droites, l'aiguille de Blaitière et, bien sûr, les Drus, en attendant l'éperon Walker des Grandes Jorasses.



Je ne sais pas si James Walker a pratiqué lui-même l'alpinisme dans les conditions extrêmes qu'affectionne son personnage ; en tout cas la description de ces escalades où la moindre erreur ne pardonne pas est d'une vérité et d'une intensité fascinantes. Pendant que Rand gagne une célébrité passagère en sauvant une cordée d'Italiens en perdition dans les Drus, son ami Cabot manque de se tuer à l'Eiger.



Tu veux, donc tu peux. De cette joie dont parle Alain Badiou et qui naît d'atteindre ce qu'on a toujours voulu atteindre, James Salter nous donne sa version . Dans la face Nord glacée du Triolet, Rand " progressait méthodiquement, un piolet à chaque main, bientôt prisonnier du rythme de ses gestes. L'idée qu'il pourrait glisser -- et il aurait alors dévalé la pente lisse comme une surface de verre -- ne lui vint à l'esprit qu'au sommet où il avait déjà atteint une altitude élevée. Et lui vint d'une étrange manière. Il faisait une pause, les pointes avant de ses crampons enfoncées d'un bon centimètres dans la glace. Un centimètre d'assurance suffisante. Quand il en prit soudain conscience, il fut envahi d'une sorte de félicité. Jamais il ne s'était senti aussi invulnérable. comme si la montagne l'avait ordonné et qu'il eût accepté le sacrement.

Tenu par une dérisoire pointe de métal, il se sentait heureux, maître de toutes les difficultés, de toutes les terreurs."



Toujours plus haut. Toujours plus difficile. A l'extrême limite. En solitaire ou en duo. Lorsqu'à l'éperon Walker, Rand échoue à atteindre le sommet, l'heure du retour en Californie a sonné . Tu veux, mais tu as beau te dire que tu peux, cette fois la montagne a été la plus forte.



Entre deux escalades, le retour au plancher des vaches est le retour à la médiocrité, à l'insignifiance. Célébrité de quelques jours, virée à Paris, bavardages, aventures sans lendemain. Les femmes n'auront été dans l'existence de Rand que des distractions, agréables, certes, mais passagères. La passion est réservée à la montagne. Passion d'hommes. C'est là que l'altruisme de Badiou en prend un coup. L'étroite fraternité sacerdotale des grimpeurs n'admet que de rares égaux, qu'ils soient redescendus vivants, ou qu'ils aient péri au pied de quelque paroi, ou qu'ils en soient sortis paraplégiques, comme Cabot, à qui Rand un soir, propose une partie de roulette russe passablement désespérée, avant de reprendre, dans les Rocheuses, ses expéditions solitaires. Comme si la montagne n'adoubait que les aventuriers solitaires.



Solitaires toujours ? Voire. Le rôle de premier de cordée n'est pas mal non plus. A la fin du livre, sa plus récente compagne lui dit :



" -- J'ai besoin de quelqu'un en qui je puisse avoir confiance. ( Elle ne le regardait pas, elle contemplait fixement le plancher. ) Besoin d'éprouver quelque chose. Mais, avec toi, on a un peu l'impression d'être suspendu dans le vide.

-- Suspendu dans le vide, répéta-t-il.

-- Oui.

-- Dans ce cas, ce qu'il faut faire, c'est se cramponner. ne pas avoir peur.

-- Tu crois ?

-- Je ne peux pas t'en dire plus.

-- Se cramponner...

-- C'est ça. "



L'escalade extrême comme leçon de vie ? Modèle à suivre? Pourquoi pas ? Il en vaut bien d'autres. Je crois qu'il plairait à Badiou, bien que cette façon d'envisager le bonheur paraisse peu altruiste et assez indifférente aux injustices du monde. Conservatrice même : a-t-on jamais vu un alpiniste souhaiter que changent ses chères montagnes ? Mais la passion peinte par James Salter n'est pas, en tout cas, une de ces passions tristes dont parlait, je crois, Spinoza.



Quand même, ils nous piquent tout. Depuis le Premier de cordée, de Frison-Roche, nous pensions que le massif du Mont-Blanc était notre propriété littéraire. Et voilà que cet Américain (qui vient de mourir) signe un des romans sur l'alpinisme les plus beaux, les plus intenses, les plus poignants qui soient. Décidément ces romanciers américains nous font mesurer la petite médiocrité franco-française de notre production littéraire hexagonale (j'en excepte un Houellebecq, un Michon, une Angot, un Patrick Deville). Quelle extraordinaire floraison de chefs-d'oeuvre ! Quelle vitalité ! Quel souffle ! Prête-moi ce Salter que je n'ai pas lu. Moi je te prêterai ce Russell Banks que tu ne connais pas, et ainsi de suite. Vive le roman américain !





James Salter , L'Homme des hautes solitudes, traduit par Antoine Deseix ( Editions de l'Olivier / Points )
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Un sport et un passe temps

Ce roman est à la fois plein de fraîcheur (la province française, la passion charnelle). Et plein de perversité ; comme les héros de Fitzgerald, celui de Salter (c'est en partie autobiographique) se "regarde vivre" et garde toujours une distance avec la relation qu'il entretient avec cette jeune femme. "Toute la joie d'Anne-Marie vient de ce qu'elle espère qu'ils n'en sont qu'au commencement, que ce qui les attend c'est le mariage, et adieu Autun ; alors qu'il se figure exactement l'inverse, comme le négatif à partir duquel ses rêves à elle sont tirés. Pour Dean, chaque heure est bouleversante parce qu'elle le rapproche de la fin".



Fraîcheur, perversité, mais surtout mélancolie et solitude profonde.
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Pour la gloire

Oeuvre de jeunesse de Salter, pour la première fois éditée en France, je me suis régalé à la lecture de Pour la gloire.



D’abord pour l’histoire de ces pilotes de jet US engagés dans la guerre de Corée, disputant avec leurs compagnons d’escadrille la bataille pour le contrôle du ciel face aux Mig ennemis. Combats, rivalités, camaraderie, honneurs, doutes, attente, mort… Tous les ingrédients d’un bon livre du genre y sont et – avec un énorme plaisir nostalgique non dissimulé – je me suis souvent vu replongé dans tant de lectures de jeunesse : la série des Buck Danny dont j’ai lu et tant relu les différents opus il y a vingt ans, mais également toute l’ambiance de ces livres de guerre que j’ai un moment dévorés (ça m’a un peu passé…).



Mais Pour la gloire est bien plus riche que cette version romancée des Têtes brûlées de Papy Boyington (et hop, un 2e service de nostalgie…) car sous Salter perçait déjà Salter ! Et son habileté à décrire et étudier ses personnages. Au premier rang celui de Cleve, pilote expérimenté destiné aux plus grands honneurs et qui ne va rencontrer en Corée que doutes, désillusions, interrogations, se trouver confronté à sa « tentation de Venise » dans un atelier d’artiste à Tokyo et reprendre le manche à la fin.



J’ai aussi particulièrement apprécié le rythme de ce livre, ou plutôt, l’alternance de rythmes, passant de phases de dialogues courts et enlevés à quelques digressions bienvenues, du suspense des batailles de jets à la lenteur du repos des guerriers dans un bordel de luxe japonais, de cette course effrénée pour abattre des Mig et atteindre la gloire aux périodes de doutes où l’on ne partage plus la même définition de cette gloire. Quant au twist final, sans être inoubliable, il termine plaisamment le livre sur un tempo relevé.



Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas boudé mon plaisir, ce qui m’a fait pardonner sans grande difficulté un style qui aurait gagné à être un peu plus travaillé, en début de livre notamment.

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Cassada

J’ai beaucoup apprécié Cassada, notamment pour la plume de l’auteur.



Ce roman raconte une tranche de vie de pilotes de chasses. Inspirée d’une histoire réelle, nous faisons face aux dangers liés à ce métier, ainsi qu’à la passion intense qui anime ces hommes volants.



Lire un roman sur l’armée de l’air, l’aéronautique et tutti quanti, c’est une première pour moi ! Mais j’ai été irrésistiblement attirée par le résumé, sans savoir pourquoi, sans savoir dans quoi je me lançais, je me suis simplement dit qu’il fallait que je le lise. J’ai bien fait puisque je l’ai adoré.



Cassada. Un titre qui m’a inspirée dès le commencement, un titre intrigant qui a joué en la faveur de mon envie de lecture.



Cassada, Robert de son prénom, c’est le petit nouveau dans la « famille » des pilotes de chasse. Lieutenant jeune et ambitieux, il a bien du mal à se faire respecter de ses pairs et surtout de ses supérieurs. Il ne baisse pourtant pas les bras. Téméraire jusqu’à la fin, il suit ses instincts pour devenir le meilleur pilote de chasse qui soit et obtenir le respect escompté, quitte à faire face à la mort.



Beau, avec « une forme d’élégance, de supériorité », il réussit à obtenir la confiance du Capitaine Isbell qui voit en lui quelque chose d’unique, d’insoupçonnable pour les autres. Au contraire, certains n’en veulent pas. Wickenden, lui, voit en Cassada la couleur de la mort et souhaite qu’il rejoigne une autre escadrille que la sienne.



Chaque lieutenant, capitaine, officier, a un rôle défini. Celui de rendre une impression de réalisme. L’immersion au sein de cette unité a été totale. On alterne entre les officiers et leurs femmes, on s’aperçoit du manque de fidélité de chacun et l’on ressent, comme il est écrit dans la préface, que l’auteur a une belle inclination pour les jolies femmes.



L’écriture est soignée, agréable. Certaines phrases viennent vous foudroyer et rester ancrées le temps de quelques heures. Les descriptions sont justes, les émotions des personnages identiques. La fin m’a bouleversée par la manière dont elle est narrée. Le réalisme du roman est parfait.



La seule chose que j’ai regrettée, que je ne peux pourtant pas reprocher au roman, est que beaucoup de termes sont techniques et hors de portée de néophytes tels que moi. J’ai du chercher pas mal de définitions pour comprendre exactement ce que je lisais.



En bref, Cassada offre une immersion intégrale dans un clan de pilotes de chasse à travers une écriture magnifique qui sublime très largement le fond. Tout est juste. Ce roman saura satisfaire les amateurs d’aviation comme intriguer ceux qui n’y connaissent rien. (Mention spéciale pour la préface qui est vraiment superbe!)
Lien : http://www.casscrouton.fr/ca..
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