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Critiques de Janis Otsiemi (123)
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African tabloid

Rafraîchissant, voilà ce que l’on peut dire après avoir reposé African Tabloïd. Pourtant, il fait chaud à Libreville, au Gabon, et le crime sévit aussi sous l’Équateur.

En termes de romans policiers, l’Afrique est un continent encore à découvrir. Le pire, c’est qu’il a de plus en plus l’air d’un continent sacrifié. En lisant African Tabloïd, vous avez tous les clichés de la corruption et de ses effets à l’échelle d’une nation. Quant à la police, elle est sous-équipée et elle cogne dur. Et les policiers, eux, ils essayent de se concentrer sur les sujets brûlants, autrement dits ceux imposés par leur hiérarchie, et ils ne pensent qu’à leurs femmes et leurs maîtresses.

Le plus surprenant, c’est que l’ambiance n’est en rien pesante, car, et c’est peut-être le pire de tout, la situation est comme ça et tout le monde l’a intégré. On ne lira par African tabloïd pour l’enquête, mais pour l’ambiance et le foutoir incroyable que révèle ce roman.
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African tabloid

Dés les premières pages la chaleur moite de la capitale gabonaise se fait sentir. Janis Otsiemi nous plonge dans les arcanes de sa ville aux côtés Koumba et Owoua, deux policiers qui enquêtent sur le meurtre d'un journaliste d'investigation. Mais ils sont aussi confrontés à une fraude bancaire et à un délit de fuite d'un mystérieux conducteur ayant renversé une femme et son enfant, et à un réseau pédophile oeuvrant sur la toile. Les intrigues s'entrecroisent, promenant ainsi le lecteur dans les bas fonds de la ville aux quartiers bigarrés.



Dans ce roman très urbain, les chapitres sont courts, bien ciselés, donnant un aperçu global de cette villle cosmopolite gangrénée par la corruption, les injustices, les abus de pouvoir permanents. Si la vision du pays est désenchantée et pourrait être prétexte à un livre noir et plombant, le ton résolument drôle et léger permet d'équilibrer l'ensemble. Les expressions locales contribuent à apporter de la fraîcheur au récit :



Cassé le bic : arrêter les études

Avoir un long bic : avoir fait des études universitaires

Coulisser : avoir des relations sexuelles

Tenir le cerveau : réfléchir



Un humour dynamique et jubilatoire parsème les pages et permet à la fois de divertir tout en décillant les yeux du lecteur sur cette capitale riche en pétrole mais pauvre dans ses tréfonds...



Il s'agit plus d'un roman d’ambiance que d'un polar haletant, l’appellation polar ne vaut que parce que il y a un meurtre et des policiers en action ; aucun suspense ne court en ces pages...
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African tabloid

Nous sommes à Libreville, Gabon, en 2008. Cette ville réputée comme la petite Suisse de l'Afrique, policée, riche par son pétrole, stable politiquement, est une capitale qui fourmille de vices, de débauche, de corruption de meurtres. Koumba et Owoula enquêtent, avec leurs moyens limités, sur le vol de la carte bleue d'un ministre dont quelqu'un se sert impunément, l'échappée d'une voiture dont le chauffeur a pris la fuite après avoir renversé une femme et son enfant, la mise en ligne de vidéos pédophiles... Et puis, il y a cet homme, un journaliste d'investigation qui s'intéresse notamment aux magouilles du pouvoir en place, retrouvé mort d'une balle dans la gorge, deux doigts coupés, sur la plage de Libreville, près du Palais présidentiel.



African tabloid est un polar à la fois très classique, avec ses enquêtes à mener, ses policiers sur les dents avec leurs rivalités internes, ses crimes louches... Et à la fois, comme il n'est pas courant de lire un polar contemporain qui prend ses quartiers dans un contexte gabonais urbain et réaliste, on a là un roman singulier qui transpire cette moiteur africaine, ses bas-fonds où macèrent vie et mort, sa réalité sociale où la corruption a depuis longtemps étouffé les espoirs de justice, où les inégalités hommes-femmes continuent d'engendrer tant de deuxièmes bureaux... Et Janis Otsiemi, après avoir inclus une description historique du Gabon, ne se prive pas pour utiliser avec délectation les expressions locales, le vocabulaire imagé et propre au pays, ni pour faire de belles allusions à la situation politique actuelle en la transposant à demi-mots autour de ses personnages politiques (mais bien évidemment, toute ressemblance avec des personnes existantes serait fortuite).



Ce polar somme toute classique ne prend pas réellement aux tripes, mais il a le mérite d'intéresser, et ses personnages initient une sorte de petite fresque de la société gabonaise d'aujourd'hui. J'ai apprécié que le roman soit étoffé par la multiplication d'enquêtes parallèles qui doivent être menées par les services de police. Cela permet de balayer différents travers contemporains. Et les reprises de manchettes de journaux qui viennent souvent clore les chapitres ont eux aussi un rôle intéressant dans le brossage d'une réalité banale mais néanmoins grave.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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African tabloid

Les éditions JIGAL permettent décidément de découvrir des auteurs inattendus. C'est le cas de cet auteur gabonais, qui retranscrit finement l'ambiance de son pays, les travers des politiques et des policiers, le climat torride et la vie quotidienne qui réunit chacun. C'est bien écrit, sans chichi, ni recherche exagérée de termes locaux. Même si l'enquête (ou plutôt les enquêtes) tourne un peu court, et que le dénouement final arrive comme un cheveu sur la soupe, ce court roman policier africain vaut le détour.
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African tabloid

Dépaysement garantit, avec ce roman de Janis Otsémi, grâce d'abord à la langue employée, du français de là-bas avec pleins d'expressions cocasses, colorées. Grâce aussi à l'ambiance africaine, dans les rapports entre les protagonistes, dans le manque de moyens technologiques, la débrouille. Sinon, l'intrigue, ou les intrigues sont assez banales, on suit un peu le cours des événements comme dans le 87è district d'Ed McBain, mais transposé dans une capitale africaine. Agréable à lire.
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African tabloid

Janis Otsiémi fait partie maintenant du paysage africain du polar. Après la lecture de son "Le chasseur de lucioles", j'ai plongé dans ce 4ème livre du genre avec l'espoir que l'impression mitigée de ma découverte de son univers s'estompe. Las, ce "African Tabloïd" m'a fait l'effet d'un déjà-lu qui ne soulève pas mon enthousiasme.



Janis Otsiémi campe des agents de la Direction Générale de recherche d'un côté et de la Police Judiciaire de l'autre. Deux services de l'ordre gabonais fait de personnages assez hauts en couleur et qui suivent en parallèle des enquêtes différentes.



"Maryline ne travaillait pas. Son parcours était presque le même que celui de la plupart des jeunes filles qu'on pouvait rencontrer dans les rues grisâtres des matitis de la ville. Elle avait cassé le Bic au cours moyen première année. Elle savait à peine orthographier son nom sur un bout de papier. A vingt ans, elle avait attrapé un gosse avec un étudiant qui l'avait aussitôt abandonnée. Elle avait élevé son môme toute seule."



D'un côté, le meurtre de Roger Missang, un journaliste anti-pouvoir assez virulent et qui fait passer sur l'enquête une atmosphère de complot politique au plus haut niveau. De l'autre côté, une affaire de vol de chéquier d'un ancien ministre, qui a toujours le bras long, dont les voleurs se servent pour aller vider les comptes remplis d'argent d'origine douteuse, évidemment. En fond sonore, plusieurs petites affaires sont relatées mais ces deux enquêtes sont celles qui rythment les deux cent pages du roman.



"Rythme" est bien le mot. C'est justement son manque qui est le plus flagrant. Pour rester dans le registre policier, on a l'impression de lire un "Inspecteur Derrick" ou un "Les 5 dernières minutes" quand on a l'habitude de "Les experts" ou "NCIS". L'auteur a le souci de nous dépeindre l'environnement gabonais, de faire des apartés sur l'histoire social et politique du pays, sur les vies de – plus ou moins – luxures des flics, … et justement, ces parenthèses trop nombreuses ont eu tendances à couper mon rythme de lecture. De plus, certaines anecdotes, scandales politico-financier, semblent ne pas être de la fiction et, quand on ne connait pas le contexte gabonais, on a du mal à placer la limite entre ce qui est de l'imaginaire de l'auteur pour habiller son récit et ce qui serait une dénonciation des réalités politiques du pays.



"Pavel Kurka a été découvert au petit matin dans sa voiture par une dame qui allait aux champs. C'est elle qui a alerté les gendarmes du CAP Estrias. Quand ils sont arrivés sur les lieux, ils ont découvert son identité. Ils ont tout de suite appelé le ministère de la Défense nationale qui a confié l'affaire au B2 dès les premières heures."



Cependant, Janis Otsiémi garde ce que ses lecteurs aiment ; son style. L'auteur utilise une langue vivante et proche de ce que serait la réalité de ses personnages. De nombreux néologismes qui sont surtout une restructuration de la langue française par des gens qui se sont approprié ses mots pour en faire quelque chose de propre. La langue française de Janis Otsiémi n'appartient pas à la France, elle est gabonaise, sans aucun doute. Cette lecture m'a fait penser – toutes proportions gardées – à "La reine des pommes" de Chester Himes. Même souci de coller à l'atmosphère, même irrespect pour la langue "littéraire" tout en jouant avec ses mots, avec amour.



Le choix de donner au narrateur omniscient cette "langue" particulière faite parfois de parti-pris dans les propos m'a quelque peu gêné. J'ai préféré "entendre" cette langue gabonaise de la voix des personnages alors que, de la part du narrateur, j'aurai préféré un ton plus neutre.



Ceux qui sont réellement friands de polar auront peut-être une autre impression mais le lecteur lambda que je suis aurait souhaité trouver plus de suspens, une tension qui monterait crescendo, au de-là de la violence qui, elle, existe et est parfaitement dosée. L'auteur n'en fait pas trop.



J'ai aimé les personnages, tous, flics et voyous, qui sont bien conçu et qui donnent l'impression qu'on pourrait les rencontrer dans les rues de Brazza ou d'Abidjan. Contrairement à ce que j'avais pensé du "Chasseur de Lucioles", dans cet "African Tabloïd" nous découvrons Libreville. Les descriptions faites de la capitale gabonaise permettent de la visualiser de façon assez réaliste, je pense, même pour ceux qui n'y ont jamais mis les pieds.



Au final, je garde ce sentiment mitigé que j'ai eu à la lecture du "Chasseur de Luciole". Une lecture pas déplaisante, mais les aspects "polar" m'ont laissé sur ma faim et le sentiment qu'avoir une "langue" bien à lui ne suffit pas à l'auteur pour faire adhérer complètement le lecteur lambda que je suis. Mais je vous invite tout de même à le découvrir.


Lien : http://www.loumeto.com
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African tabloid

C'est une découverte : je crois n'avoir jamais rien lu sur le Gabon et encore moins d'un écrivain gabonais.

J'ai aimé la langue et ce français qui détonne un peu parfois comme "cadeauter" quelqu'un d'une tape sur l'épaule par exemple, ou "Le soleil s'y maraboutait royalement comme une torche de résine d'okoumé".

J'ai apprécié la vision critique de l'auteur sur la Françafrique, sur la dictature et la mainmise de la famille Bongo (dont le nom n'est jamais cité) sur le pouvoir, sur la corruption à laquelle ses personnages participent, sur l'hypocrisie des policiers qui arrêtent un Français pour pédophilie (et il le mérite) mais qui engrossent des collégiennes par ailleurs.

Je me suis laissé happer par l'ambiance et le parallèle entre les enquêtes de la police et de la gendarmerie.

Une bonne lecture.
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African tabloid

Immersion totale à Libreville en 2008, avec un bref "topo" sur l'histoire ( fondation en 1472, indépendance en 1960 ) du Gabon dans un style et une écriture en langue française émaillée d'argot local et d'expressions propres aux maisons " poulaga " !

Bref, un pays pourri par le chômage, la pauvreté, le travail précaire, l'immigration mais surtout par la corruption, la drogue, les pillages et les falsifications de documents en tout genre !

Mais pour assurer l'ordre, la sécurité, la sureté se trouvent :

d'une part : à la direction des recherches avec la gendarmerie : 2 officiers : Louis Boukinda et Hervé Envame qui s'occupent des affaires politiques, judiciaires et intérieures.

d'autre part : dans les services du département des Affaires Criminelles de la P.J : il y a les capitaines : Louis Koumba et Jacques Owoulo et le directeur : le colonel Essono.

Boukinda et Envame sont appelés pour un crime commis sur la plage à coté du Palais présidentiel : il s'agit d'un journaliste d'investigation aux Echos du Sud qui a été trouvé pieds nus, avec une balle dans la gorge, avec 2 doigts de la main gauche sectionnés et surtout une douille provenant du même calibre que celui qui a éliminé, quelques années auparavant un soldat tchèque : Pavel Kurka ! Cette enquête s'annonce difficile car elle touche le pouvoir politique, et dans 1 an, auront lieu les élections présidentielles.

Au niveau de la P.J : Koumba et Owoulo ont 3 affaires à régler : à savoir

La mort de 2 adolescentes suite à la mise en ligne de vidéos compromettantes ! Ils recherchent un globetrotteur pédophile.

Un vol de chéquier dans l'auto du ministre Mébalé avec le retrait de 2 millions de francs CFA..

Un accident mortel sur une femme et son bébé renversés par un chauffard au volant d'une vieille Toyota.

La routine en quelque sorte, si ce n'était que le bureau des flics est un cagibi, ils n'ont pas de moyens matériels et même pas d'ordinateur pour leurs investigations : à part la débrouille Gabonaise et leur expérience du métier !

Un polar réaliste, dépaysant, facile à lire avec un clin d'oeil à James Ellroy que Janis Otsiemi admire !

L.C thématique : polar de juillet/août 2022 : AFRICAIN.





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African tabloid

Livre lu dans le card de l'opération "Masse Critique" Rentrée 2013. Merci à Babélio et aux éditions Jugal

Très bon polar réaliste et avec une très bonne ambiance.

J'avais l'impression de me retrouver à Libreville avec le style de l'auteur qui fait la part belle au langage argotique utilisé au Gabon avec des expressions qui m'étaient totalement inconnues. Il y a beaucoup de renvois en bas de page pour expliquer tout cela.

L'histoire est prenante, sans temps mort, réaliste avec des personnages que l'on suit avec intérêt.

Un pur polar noir à la sauce africaine.
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African tabloid

Libreville, Gabon. Si loin, si proche.



Le Gabon a un long et lourd passé avec la France, la Françafrique y a pris tout son sens à une certaine époque.



Janis Otsiemi nous plonge dans le Gabon d’aujourd’hui, mélange de tradition et de modernité, si loin, si proche comme je le disais.



Une langue officielle commune à nous, elle aussi si proche et si lointaine. Parce que le grand intérêt de ce roman est avant tout la langue de l’auteur. Oui du français, mais du français qui sent la terre d’Afrique, la terre du ghetto. Une prose pleine de (bons) mots de là-bas, d’expressions fleuries et imagées.



Des expressions savoureuses, drôles ou désespérées, qui donnent un cachet authentique au roman. Otsiemi parle de ce qu’il connaît par cœur et ça sonne terriblement juste.



Le nom du roman décrit bien ce qui attend le lecteur (hommage au roman American Tabloïd de Ellroy) : une descente dans les coulisses de la police gabonaise et du pouvoir en place.



Méthodes policières où la violence et la corruption sont monnaie courante, inscrites dans les mœurs et où l’abus est ancré dans les gènes du pouvoir.



Une Afrique désenchantée où il ne fait pas bon faire partie des minorités visibles.



La peinture sociale du pays est donc imagée et vraiment très intéressante. Un peu dommage que l’intrigue soit convenue et qu’elle n’arrive pas au niveau du reste.



Un court roman de 200 pages, dépaysant et véritablement instructif à défaut d’être totalement prenant. A vous de voir ce qui compte le plus dans votre envie de lecture.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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African tabloid

Depuis que j’ai fait la connaissance de Janis OTSIEMI avec son roman « Le chasseur de lucioles », j’avoue avoir une affection toute particulière pour cet écrivain. Le genre d’auteur dont je me passerai facilement de l’énigme de ses histoires, pour ne m’intéresser qu’à ses mots, à la sonorité de ses phrases, à la magie des atmosphères africaines qu’il esquisse du bout de sa plume. L’homme à cette faculté a vous envoûter et de vous transporter jusque sur son continent, où vous vous réveillez soudain au milieu des rues gorgées de chaleur d’une ville d’Afrique.



Si vous vous laissez porter par son texte, si vous prêtez l’oreille, vous entendrez les bruits de moteurs de ces vieilles bagnoles qui brinquebalent sur des routes cabossées par le temps, vous verrez les fumées s’échappant des pots de vieilles mobylettes qui surgissent devant vous avant de disparaître dans les artères de la ville, en slalomant au milieu des bus et des camions poussifs. Sans doute serez vous bousculé par quelques piétons qui tiennent en équilibre sur des trottoirs trop étroits, peut être même serez vous éblouis par les couleurs de la ville hurlante et mouvante. Vous êtes bien à Libreville ! Capitale du Gabon, capitale de la débrouille.



La débrouille, le capitaine Koumba et son adjoint Owoula tous deux flics à la P.J, connaissent bien et la pratique avec un art consommé. Et il faut bien déployer des talents d’ingéniosité pour rendre les locaux décrépis , les vieilles machines à écrire qui n’en finissent pas de mourir, et le manque criant de moyens, supportables. Heureusement pour eux le travail ne manque pas, entre une affaire de vol de chéquier dans les poches d’un ministre, celle d’un accident qui à coûte la vie à une mère et son enfant dont l’auteur à pris la fuite, et une sordide affaire de pédophilie, les voilà toujours par monts et par vaux.



Plus loin dans la ville, le corps d’un homme est retrouvé sur une plage, aux abord du palais présidentiel. La victime a été abattue de deux balles dans la gorge et deux doigts de sa main gauche ont été sectionnés. Spécialistes des affaires sensibles touchant à la sécurité nationale ou à la stabilité de l’Etat, les gendarmes Louis Boukinda et Hervé Envame se voient confier par le procureur de la République, cette délicate affaire.



Car la victime s’avère rapidement être un reporter, de l’espèce la plus redoutable qui soit, celle du journalisme d’investigation. Un fouineur qui avait donc l’habitude de fourrer son nez dans les affaires nauséabondes. Or dans sa poche on retrouve la douille d’une balle issue d’une arme ayant servi à un autre meurtre impliquant le ministre de l’Intérieur, fils du président en personne.



Dès lors la presse flaire le scandale, la présidence s’inquiète des répercussions politiques à un an de nouvelles élections. C’est avec cette pression sur les épaules que les deux hommes essayent de démêler les fils de cette histoire. Tout à leur enquête ils vont finir par croiser la route des deux officiers de la P.J. Car les petites affaires s’emboîtent parfois dans les grandes.



Janis OTSIEMI est un témoin de son temps. Avec un regard acide mais réaliste, il dresse un portrait sans concession de l’Afrique et de son pays le Gabon, rongés par la corruption la magouille, le népotisme et la compromission. Tête de pont de la françafrique sur le continent, le pays voit ses richesses s’évaporer sous son nez au profit de quelques élites corrompues tandis que le reste du pays vit de la débrouille.



Si ce roman est moins poétique que le précédent, en plongeant le regard de son lecteur dans les poubelle politiques de son pays, l’auteur en livre une vision sociale encore plus exacerbée de la réalité gabonaise. Une société où chacun survit comme il peut, où les flics font avec les moyens du bord, n’hésitant pas à pratiquer le « mange-mille » (racket) pour arrondir les fins de mois, tout en mettant toute leur opiniâtreté et la conviction de leur fonction pour résoudre des affaires criminelles.



Dans à ce contexte de fin de règne ( « Baby Zeus », s’apprête à succéder à son père Omar Bongo après 40 ans à la tête du pays) , Janis OTSIEMI souligne aussi le délicat et complexe jeu d’équilibre que commande le melting-pot tribal pour maintenir à la ville et au pays sa cohésion. Une tambouille maison qui a fait ses preuve, qui passe par des postes réservés en fonction de l’appartenance ethnique, mais qui suscite aussi beaucoup de frustration tant elle laisse de côté le mérite des gens qui peuvent y prétendre.



Un roman moins poétique donc, parce que sans doute aussi plus politique. On aurait peut être aimé justement que l’auteur approfondisse un peu plus ce sujet.Il n’en reste pas moins que cela reste un roman efficace, où l’on retrouve avec délice ces pages qui dépeignent cette population de Libreville pleine d’ingéniosité, avec des personnages aux pratiques parfois déroutantes, mais que l’on dévore toujours avec autant de gourmandise. Encore une fois la magie de l’auteur opère.
Lien : http://www.passion-polar.com/
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African tabloid

Livre fourre tout qui ne séduit que par son style d'écriture original : il tient du langage parlé avec son argot africain.

Mais à part cela l'intrigue n'est pas passionnante, il n'y a pas d'enquête et la personnalité des intervenants est à peine esquissée.

Certes il y a une description assez précise de la vision de l'auteur sur la société gabonaise et ses hommes politiques. Mais là on tombe dans le lieu commun, et cela doit-il être le seul intérêt d'un polar?
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African tabloid

Après « Le chasseur de lucioles », c’est avec gourmandise que je me suis plongé dans « African tabloïd », avec toujours le secret espoir d’y retrouver mon passé. Janis Otsiemi, par le biais de trois enquêtes distinctes, menées par la PJ et la gendarmerie, nous brosse un tableau sans concession du Gabon et de sa capitale Libreville, où les bâtiments ultramodernes voisinent avec les « matitis », bidonvilles sans eau ni électricité, desservis par des pistes de terre, à un jet de pierre du centre-ville. Ce Gabon qui malgré tous les atouts dont il est doté, peine encore à entrer dans le XXIème siècle. L’intrigue en elle-même n’a rien de particulièrement palpitant, ce qui fait l’intérêt de ce roman est la peinture qu’Otsiemi fait de la société Gabonaise, de ce pays peuplé par des dizaines d’ethnies différentes, de la corruption endémique qui y sévit à tous les étages de l’administration, et même les policiers de base tout en accomplissant leur mission de manière efficace, cèdent régulièrement à la tentation du racket et des brutalités policières. Les pratiques héritées de la Françafrique ont laissé des traces profondes dans ce pays, dont on ne sait si elles pourront s’effacer un jour, étant tellement ancrées dans les mentalités. Ensuite, il y a le style, cet humour désabusé et ce talent de conteur, de griot, dans ce texte, pimenté d’expressions du cru qui renouvellent la langue française, qui m’ont fait sourire tant elles sont explicites dans leur originalité.

Un bon polar, ancré dans une Afrique désenchantée, qui ravira tous ses amoureux.
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African tabloid

African tabloïd est pour moi le plus achevé des romans de Janis Otsiemi à ce jour (je n’ai pas encore lu Le festin de l’aube). Parce que c’est d’abord une excellente intrigue, ce qui est primordial dans le genre, et parce qu’il s’inscrit dans un genre que j’affectionne, le polar urbain. Aussi parce que les relations entre les inspecteurs Koumba et Owoula (Police judiciaire) et le lieutenant Boukinda et son adjoint Envame (Direction générale des recherches, donc la gendarmerie), qui constituent l’épine dorsale de plusieurs romans d’Otsiemi, sont un bel exemple des relations entre services gabonais d’investigation… relations placés sous le signe du je t’aime, moi non plus…



C’est enlevé, superbement construit et très drôle. Comme dans tous les romans de Janis Otsiemi, blanchiment, chantage, violences conjugales, braquages, etc. sont au rendez-vous. Ce qui fait les affaires des quatre enquêteurs, attachés tant à défendre le prestige de leurs services respectifs qu’à chercher ce qui peut rapporter en termes de gains aussi juteux qu'illégaux. Car tout se monnaye et tout s’achète ici, y compris le silence de ceux censés faire respecter la loi.



Alors que le roman noir africain tient essentiellement sa notoriété de l’Afrique du Sud, le polar francophone reste trop rare. Avec African tabloïd, il prend une dimension sombre tant par la nature des crimes que par l’image qu’il donne de la société gabonaise et de ses tares. Car chez Janis Otsiemi, on ne se préoccupe pas de séparer le bien du mal : seule la réalité l’emporte, crue, amère, sordide, dégueulasse, tristement réelle.

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African tabloid

Lorsque je suis allée flâner dans le rayon polar de ma bibliothèque, je me suis rendue compte que le continent africain était sous représenté. Pourtant, la littérature africaine est foisonnante. C’est dommage.

« African Tabloïd » est un polar qui se déroule au Gabon. Le Gabon est un pays d’Afrique centrale, coincé entre la Guinée équatoriale et la République du Congo avec un accès à l’Océan atlantique. Actuellement, la diplomatie française informe le voyage de la circulation d’infection pulmonaire (Covid-19) et du risque élevé d’attentat. « African Tabloïd a été édité en 2013. Il met en action deux services, la PJ dirigée par le colonel Lambert Essono et la gendarmerie. Boukinda et Envame, officiers de la gendarmerie sont rattachés à la Direction générale des recherches. Après avoir déposé sa fille à l’école, Boukinda se rend à son travail, dans un Libreville embouteillé. Il est tôt ; il fait déjà une chaleur torride. Sur le chemin, il voit un attroupement. Il s’arrête et découvre sur la plage un cadavre tué par balle et avec deux doigts en moins à la main gauche. Un règlement de compte à première vue. Il s’agit d’un journaliste indépendant, Roger Missang. L’enquête devient politique à quelques mois d’élections présidentielles. L’opposition tire à boulets rouges sur le fils du président actuel qui est désigné comme le commanditaire du meurtre. D’ailleurs une douille a été retrouvée sur le corps, du même calibre que celui qui a tué le chef de la sécurité du ministre de la défense nationale quelques années plus tôt.

Comme chaque lundi, le colonel Essono convoque ses deux lieutenants Koumba et Owoula. Il procédait ainsi à l’inventaire de l’actualité criminelle de la semaine écoulée. Deux affaires qui les occupent : celle concernant le vol d’un chéquier de l’ancien ministre des Mines et du Pétrole, Odilon Mébalé. Déjà, plusieurs millions ont été subtilisés. Et un délit de fuite d’un chauffard ayant renversé une femme et son bébé, tous les deux morts sur le coup. Et ce meurtre qui arrive comme un cheveu dans la soupe. Il y a aussi le suicide de deux adolescentes suite à la diffusion de vidéo où elles sont dévêtues.

Au Gabon, le tribalisme est ancré dans la conscience collective, comme les combines, le racket, la corruption, la violence policière, l’adultère, la franc-maçonnerie. J’ai trouvé intéressant le rythme des phrases, sa couleur locale avec des idiomes linguistiques (ex. la cuisse tarifée, gâteau national – richesses dont regorge le sous-sol du pays). Chaque partie du roman est inaugurée par la une des journaux. Mais, je n’ai pas été séduite par les rebondissements. Le dénouement m’a convaincu, pourtant. C’est un roman ancré dans le réel de l’Afrique. Je pense qu’après une seconde lecture, j’en apprécierais la substantifique moelle.

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African tabloid

Ca n'engage que moi : Un polar haut en couleurs. Dans les rues très animées mais pas forcément rassurantes de Libreville, la police essaye, tant bien que mal, de faire régner un semblant d'ordre. Corruption, excès, violence, pauvreté, trafics sont le quotidien des policiers. Le ton est donné et les pratiques dénoncées.

Grâce à un humour purement local, la rigolade est aussi au rendez-vous.

En résumé, entre crimes, abus de pouvoirs, tromperies et éclats de rire, j'ai pris un réel plaisir à découvrir cet univers que l'auteur connaît et décrit si bien.
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Au ras des hommes

Au ras des hommes marque le retour du capitaine Koumba et de son adjoint Owoula, les deux brillants éléments de la section criminelle de la Police judiciaire de Libreville. On les avait quittés dans Le Festin de l’aube, où, en liaison avec leurs meilleurs ennemis de la Gendarmerie, ils menaient une enquête sur un vol d’armes et de munitions dans un dépôt de l’armée.

Le roman commence par un massacre, quand un tireur fou tue plus de dix personnes et en blesse encore plus en plein centre de Libreville avant de tenter de se suicider. L’affaire, qui traumatise la population, laisse la police perplexe car, une fois identifié, l’assassin se révèle être un homme simple et tranquille, employé comme surveillant dans un orphelinat. Quelques jours plus tard, un jeune homme s’en prend à des lycéens avant lui aussi de mettre fin à ses jours. L’enquête montrera que la vengeance et la politique sont derrière ces deux affaires.

Au ras des hommes est un bon exemple de ce roman policier africain que j’ai essayé de le définir dans Le roman policier africain – Regards critiques sur des sociétés en mutation : une littérature de dénonciation qui, à partir de faits-divers apparemment déconnectés, permet aux auteurs « de parler de l’Afrique telle qu’elle est, de donner à voir sans fard la réalité du Continent, dans toutes ses composantes politiques, sociales, économiques, religieuses, culturelles, etc. » Chez Janis Otsiemi, l’un des rares écrivains africains francophones à avoir choisi quasiment exclusivement le genre policier, cela passe par l’évocation des luttes politiques et du désenchantement qui succède souvent à la victoire,

« Koumba était fier d’avoir participé à un pan de l’histoire de son pays, même s’il avait fini par déchanter par la suite. » (2024 : 25)

de la corruption à tous les niveaux, des scandales touchant le clergé… Cela avec pour en toile de fond les campagnes électorales gabonaises, passées comme celle qui vit la défaite de Jean Ping en 2016, ou futures :

- « Attendez-vous à d’autres tentatives de libération d’ci peu. Nous sommes plus nombreux que vous. » (20224 : 100)

Le lecteur aura plaisir à retrouver dans ce court roman au rythme soutenu et au vocabulaire toujours imagé les deux enquêteurs de la PJ, même si depuis African Tabloïd, ils se sont assagis et se comportent plus en véritables professionnels qu’en ripoux notoires. Leurs enquêtes sont précises et le travail de procédure – rappel des faits, mobilisation des différents services de la PJ, interrogatoires – est clairement décrit. On peut toutefois regretter qu’après une longue introduction le dénouement soit amené brièvement et un peu trop facilement. Mais c’est un reproche qui s’applique souvent au roman policier.

Otsiemi, qui a publié plusieurs fois chez Jigal, l’éditeur marseillais de romans policiers aujourd’hui malheureusement disparu, a choisi pour Au ras des hommes Les lettres mouchetées, un éditeur congolais de Pointe Noire. L’impression est de qualité et la couverture attrayante. On ne peut que souhaiter que d’autres maisons d’éditions d’Afrique s’intéressent au roman policier.


Lien : https://www.polars-africains..
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La bouche qui mange ne parle pas

Voyous, flics ripoux, baises tarifées... aucun personnage auquel m'attacher et une histoire qui fait un inventaire des trafics et embrouilles le tout finissant pareil. Et la langue inventive m'a paru forcée, et répétitive. Reste le Gabon. Bref, ce polar noir confirme que je ne suis pas une lectrice pour ce genre-là.
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La bouche qui mange ne parle pas

Libreville , la corruption de sa police , ses quartiers chauds , ses délinquants en tout genre , ceux qui volent les banques , ceux qui volent des voitures ... et tous les trafics possibles vente de cannabis, chantage etc... La vie quoi !



Ces derniers temps pourtant , de nouveaux crimes apparaissent , des enfants raptés sont retrouvés morts, monstrueusement mutilés . La police doit donc retrouver à tout prix ceux qui agissent ainsi
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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La bouche qui mange ne parle pas

Voici donc un polar gabonais. C’est avant tout un instantané de vie à Libreville autour d’une poignée de losers, de bandits pas de grand chemin oh non, des braqueurs, des escrocs, des maîtres chanteurs… mais aussi des flics brutaux et ripoux, du patron (le colonel Tchicot) à ses subalternes.
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