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Critiques de Jean-Baptiste Del Amo (465)
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Une éducation libertine

Une ambiance à la Zola dans la crudité des scènes et de sa description sans fard de la violence sociale, l’auteur revisite la trame classique de l’arrivisme au 18ème siècle, mais son originalité est l’angle choisi de l’homosexualité, sujet rarement évoqué dans les récits libertins traditionnels –« Les liaisons dangereuses’ pour ne citer que le plus emblématique - puisqu'un des personnages semble être un hommage déguisé au grand Valmont.

Une certaine complaisance pour les corps « hors normes » ; on est loin de la bibliothèque rose !

Cela m’a rappelé l’ambiance olfactive du Parfum, mais surtout plus récemment de « L’été des Charognes » de Johannin.

C’est une écriture sensorielle et belle, le style est envoûtant.

Et c’est ça la grande force de l’auteur, que l’on retrouvera d’ailleurs dans « Pornographia ».



Même si le sujet ne nous intéresse pas outre mesure, même si les sensations conviées dès l’entame fulgurante du texte nous dégoûtent, l’hypnose opère, et on est happé par le fleuve de la narration.

Quelle prouesse de Del Amo dans ce premier roman !

L’ambiance est très « Barry Lindon », le panache en moins, car notre héros se prostitue au sens propre et fait chanter, lui, ses compagnons pour gravir les échelons.

Est-il aussi amoral que le prétend la 4ème de couverture – et c’est là toute la beauté et la fragilité du personnage – par amour, il va se perdre.

En ne se croyant jamais assez à la hauteur de son rêve et de son modèle. Le transfuge de classe n’est qu’une illusion qu’il s’est donné pour ne pas avoir à assumer qui il est réellement, sa sexualité est la bête cachée en lui qui finira par lui ouvrir le monde qu’il convoite, mais dont il n’obtiendra pas la paix, faute de l’avoir libérée.

Et pendant ce temps-là, coule la Seine comme la métaphore vivante de ses illusions perdues.

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Règne animal

Chers lecteurs, chères lectrices, votre fidèle serviteur est heureux de vous retrouver ce jour, après une très longue abscence.

Tout d'abord, tout mes vœux à chacune et chacun d'entre vous, pour cette nouvelle année, qui file telle une fusée.

Merci à celles et ceux, bien rares, qui ont pris de mes nouvelles pendant mon abscence, cela fait plaisir.



De retour donc, pour discourir un peu, sur un texte qui à laissé votre serviteur pantois.

Il en faut, croyez Ie.

Votre serviteur avait de par Ie passé, déjà fâit connaissance avec Ia prose de M.Del Amo, il n'y a donc aucune surprise relativement à la crudité de ce texte içi présent.

Pour autant, il y a crudité et crudité.

Il y a celle qui est là pour choquer dans le simple but de provoquer un choc chez le lecteur, afin d'entretenir chez celui ci, un sentiment de stress, c'est la méthode usitée par les auteurs de thriller, qui vendent leur marchandise en pourvoyant des montées d'adrénaline, et en évitant absolument toute ouverture vers une reflexion par le lecteur sur la condition humaine, sur la condition animale, ect.

L'auteur de thrillers veut abattre de la besogne, veut vendre, aucun intérêt pour lui de développer un propos ouvrant vers une reflexion quelconque.



Et il y a la crudité qui est là pour interpeller, pour faire mal, pour pointer du doigt, pour mettre le lecteur devant un fâit, et susciter en lui une interrogation, voir un questionnement existentiel....



Il est certain que M.Del Amo, n'est pas dans la logique d'un auteur de thriller, de la quantité, il s'en moque ouvertement, ce qu'il cherche c'est la qualité, il cherche en quelque sorte, à éveiller les consciences, afin qu'une fois le texte achevé, le lecteur se découvre différent, se découvre une pensée autre sur des thématiques de societe, ect.



Force est de constater que dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, M.Del Amo à atteint son but.

Votre fidèle serviteur défie quiconque à vrâiment lu ce livre, de dire qu'il n'a pas changé de perception relativement à des aspects de la vie de tout les jours, en particulier par rapport à la nourriture carnée ...



Votre serviteur à lu ce livre dans un quasi état second, non pas qu'il fut sous l'effet de substances hallucinogènes, mais le fâit est que cette oeuvre est l'une des plus belles littérairement parlant, qu'il ai plus lire depuis bien longtemps.



La plume de M.Del Amo est imprégnée d'une poesie qui ne dis pas son nom, mais qui affleure en permanence ou quasiment.

Certes, la première partie du récit se prête bien davantage à cet aspect, de par sa configuration, sa quasi absence de dialogues, mais l'on ne peut que constater que la poesie est egalement présente par la suite, chez le personnage o combien passionant de Jérôme....



Ce petit Jérôme, peut être le personnage le plus captivant, attachant de ce récit, avec Eléonore....



Si l'on doit définir deux personnages centraux dans ces deux récits, ce sont ces deux là, qui voient le monde a leur maniere, en total décalage avec leur entourages respectifs....



La première partie est tout simplement superbe, rude, dure, méchante, mais emportée par la fougue d'une prose qui transcende le propos, qui projette le lecteur au coeur de cet univers où la parole est rare, où l'humain est rude, mais peut, comme le père, ou Marcel, faire preuve d'une humanité rare..



Car oui, cette premiere partie, c'est au fond, une plongée en apnée dans un monde d'une violence qui ne dis pas son nom, qui trouve sa source dans la bigoterie la plus extrême, et qui pourtant, au millieu de tout ce noir, voit surgir des éclairs de lumière ....



Avant que la folie humaine vienne tout broyer, et annihile tout espoir d'humanité....



Au fond, cette oeuvre, elle est proteiforme...



Et la seconde partie le confirme ...

Içi, plus de place pour la poesie, sauf avec Jérôme, ce garçon si singulier, quasi sauvage, mais qui malgré sa folie évidente, s'avère bien plus sain d'esprit au final que celles et ceux qui l'entourent...



Non pas que ce que fâit Jérôme ne soit pas grave, voir immoral, mais il y a en lui, la même lumière que l'on devine chez Eléonore, ces deux êtres qui sont projetés au coeur de la folie humaine, de la violence, et qui survivent comme ils peuvent ...



Cette seconde partie est terrifiante, car elle nous renvoie à nos comportements quotidiens, à ce que nous sommes nous êtres humains, soit disant supérieurs aux autres créatures peuplants cette planète...



Cette industrialisation qui conduit à la plus abjecte des barbaries, que l'on nous vends comme tradition d'une certaine France rurale, M.Del Amo nous la renvoie en pleine face, nous mettant devant nos responsabilités, nous interpellant, nous obligeants à ouvrir les yeux sur ce que l'on se cache ....



Cette aliénation qui est conséquence de cette industrialisation agricole, conduisant l'homme à se perdre, dans l'alcool, dans le sexe, dans la violence, dans la folie ....



Au fond, M.Del Amo, ne fâit que dresser un constat d'une lucidité implacable, dévastatrice, sur ce qu'est ce monde où la consommation à pris le dessus sur toutes les valeurs qui doivent êtres celles de l'humain, et qu'il rejette au nom de cette satanée productivité, qui le conduit à la pire des barbaries.....



Oui, mes amis es, cette oeuvre est dure, cette oeuvre est atroce sous bîen des aspects, mais n'est ce pas l'essence même de la vraie littérature, que de choquer, de bouleverser, parfois de rendre malade ?

Telle est la question qu'au fond M.Del Amo nous pose mes amis es ....



Merci pour votre attention, portez vous bien, et lisez des livres .
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Le fils de l'homme

Jamais , tout au long de ce roman, nous ne connaîtrons le nom du père, de la mère, de l'enfant. Nous savons seulement que l'enfant a 9 ans. Le père revient au foyer après une longue absence et retrouve sa femme et son fils. très vite le père emmène la famille dans une maison à peine salubre, perchée dans la montagne, au milieu d'une nature sauvage, loin de tout lieu habité.

Dès l'arrivée dans cette maison où le père a vécu, avec son propre père, des moments difficiles, l'atmosphère devient lourde, nous pressentons vite l'emprise de l'homme sur sa femme et son fils, la folie de cet individu qui maintient sa famille dans la peur et l'enfermement.

C'est un livre lourd, chargé, une histoire qui prend au ventre. le dénouement est à la mesure de l'intrigue. L'écriture est soignée, magnifique, les descriptions précises, de même que chaque geste est raconté, chaque parole mesurée. C'est le premier livre de Jean-Baptiste Del Amo que je lis, ce ne sera pas le dernier.
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Le fils de l'homme

Après un prologue qui nous renvoie aux débuts de l'Humanité, et qui trouvera l'explication de sa présence au fil du roman, nous sommes entraînés à la suite d'une famille qui décide, enfin le père, de quitter la civilisation pour se perdre aux Roches, ancienne bâtisse montagnarde en ruine "héritée" par le père à la mort de son propre père. Le but de ce retour à la nature ? Officiellement, permettre à la famille de se retrouver après un épisode compliqué ; officieusement, c'est en raison d'une rancune beaucoup plus insidieuse, qui ne demande qu'à sourdre ; dans tous les cas, les raisons, officielle comme officieuse, ne se découvriront qu'au compte-gouttes, et prépareront le dénouement, ainsi implacablement préparé.



Jean-Baptiste Del Amo fait partie de ces auteurs découverts totalement par hasard, en flânant en librairie ; à l'époque, c'était un titre, Une éducation libertine, qui m'avait interpellée. J'ai depuis suivi ses récits, ses cheminements empreints de sensibilité vive, très charnelle, face à la nature, et à l'être humain, qui racontent avec une certaine poésie, notamment des corps, les transformations que l'un incombe à l'autre, et inversement. J'ai été, pour la première fois, moins convaincue par ce Fils de l'homme que par le reste de ses écrits : certes, l'aspect désincarné des personnages fait sens ici, le père, la mère, le fils - puisqu'ils ne seront qualifiés qu'ainsi - n'étant qu'une incarnation d'autres pères, mères, fils... semblables au fil des millénaires - et c'est ici que se trouve l'intérêt du prologue. Certes, les passages qui dépeignent la nature, les Roches au centre de celle-ci, décrépitude architecturale symbole de la décrépitude familiale, renvoient toujours à une forme de poésie qui décrit tout en mettant en éveil les sens. Mais le style plus sec, plus saccadé, plus rude, de la syntaxe, formée de phrases courtes, incisives, souvent rudimentaires, m'a davantage laissée au bord du chemin, l'ayant trouvé par trop artificiel, comme un exercice de style qui fait, à mon sens, perdre du cœur et du corps à l'ensemble - alors que c'est ce que j'appréciais le plus chez cet auteur.
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Règne animal

1898. le Père, La génitrice et Eléonore, âgée de 5 ans, cohabitent dans une petite ferme au fin fond de la campagne française. La culture de la terre, l'élevage des bêtes, seuls moyens de subsistance, rythment la vie des protagonistes. le Père s'épuise aux champs tandis que la génitrice use d'un droit de vie ou de mort sur tout être vivant dans les lieux. L'homme malade et fatigué, fait alors appel à un neveu, Marcel, pour le seconder puis très rapidement le remplacer. Eléonore, auprès de l'adolescent, grandit en harmonie avec la nature, les saisons, les animaux et vit, enfin, de rares et précieux moments d'insouciance. Mais la guerre éclate. Marcel part au front. Contre toute attente, Marcel en revient, métamorphosé par l'horreur et la violence. Eléonore et Marcel bâtissent, sur ces bases fragiles, une exploitation porcine devenant au fil des décennies, un élevage industriel.



Je découvre Jean-Baptiste del Amo avec Règne Animal qui m'a été judicieusement conseillé. La puissance de l'écriture est impressionnante. La richesse du vocabulaire, les descriptions détaillées, s'appuyant sur une documentation évidente, ainsi que l'équilibre narratif en trois parties, donnent au fond, riche et dense, une envergure exceptionnelle.

L'auteur aborde à travers ce 4ème roman de multiples problématiques, la principale étant celle du déséquilibre que l'Homme impose constamment à la nature. Il transpire du texte, le dégoût de del Amo pour une humanité qui s'obstine à détruire, dans une totale illusion du « toujours mieux, toujours plus », jusqu'à en oublier l'existence de ce processus formidable de création qu'est la Vie. Si la création et la destruction se déchirent dès les premières pages, c'est cette dernière qui sera à l'origine d'une certaine libération.

Les événements, terribles, sont relatés en usant d'un vocabulaire redondant, abusant de synonymes en cascade, renforçant l'aspect glauque des situations, ce qui permet d'en mesurer toute l'horreur.

Le roman est sombre, triste, noir.

La nausée saisit parfois.

Les pages laissent dégueuler toute l'ignominie dont est capable l'être humain envers la faune mais aussi envers lui-même.

Si Del Amo a choisi le cochon comme l'animal dominant de son histoire (jusqu'à ériger l'un deux en un personnage-clé en 2ème et 3ème parties), ce n'est pas pour rien. L'animal est réputé intelligent, pourvu d'une conscience de soi. Tout ce qui le caractérise et fait sa force à l'état sauvage est incompatible avec un élevage industriel. Les convois d'animaux, dans des conditions ignobles, évoqués lors du récit de la guerre 14-18, rappellent ceux de la déportation du conflit mondial suivant. le départ des porcs pour l'abattoir ne peut faire penser qu'aux conditions de l'extermination dans les chambres à gaz. C'est là la volonté de l'auteur de créer un perpétuel parallèle entre maltraitance animale et folie meurtrière humaine. Et ce sera le cas jusqu'à l'issue de l'histoire.



Et pourtant.

L'amour de Del Amo pour la Vie est présent partout. L'amour, la tendresse, l'indulgence, la compassion, la compréhension, la solidarité s'entendent à l'évocation de l'enfance et de l'adolescence des protagonistes. L'enfance, cette période où l'insouciance règne encore, où tout est encore possible, où l'Homme est capable du meilleur. A chaque page, l'animal, l'insecte, la fleur, la céréale, les éléments, investissent les lieux, flirtent avec la jeunesse, donnent à la vie tout son intérêt et sa force. L'amour s'exprime par une caresse sur la tête d'un chien, par la fidélité d'un oiseau pour un personnage, par le corps à corps d'un enfant et d'une couleuvre. Ces instants-là, poétiques, renforcent d'autant plus la noirceur du récit.



Du roman, émerge également la quête d'identité, thème prédominant dans l'oeuvre de l'auteur. Parce que ce roman, c'est aussi l'histoire de personnages au passé compliqué, marqués par les événements, rongés par les secrets, prisonniers de leur condition, écrasés par la filiation. Cette approche psychologique terriblement humaine, essentielle pour comprendre le déroulement des événements, fait de Règne Animal un roman magistral.



En conclusion, je ne voudrais pas réduire Règne Animal à une propagande pour des mouvements de lutte contre la maltraitance animale (Jean-Baptiste Del Amo ayant rejoint en mars 2016 la L214) parce qu'il est bien plus que cela. C'est une histoire d'Hommes, avec toute ses attentes, ses errances, ses contradictions, bref sa complexité face à une nature fragile qu'il nous faut impérativement laisser libre…au risque de nous perdre.

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A nous la Terre !

En lisant cette anthologie qui rassemble neuf textes d'auteurs connus, on participe à une bonne œuvre puisque les bénéfices du livre sont totalement reversés au WWF France.

Certaines nouvelles sont plus passionnantes que d'autres, mais chacun y trouvera son plaisir. Il y a de simples récits et des histoires avec de véritables intrigues. Celle qui m'a le plus ravie, c'est "le sansonnet", un conte de Carole Martinez.

Ce recueil a une jolie couverture que l'on doit à Sempé et cet homme seul face à la mer qu'il salue raconte déjà une histoire.
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Le fils de l'homme

Il est incontestablement l’un des grands favoris de cette rentrée littéraire, ce roman qui marche bien en librairie et qu’on retrouve dans la plupart des sélections des prix littéraires. Onze ans après ma découverte de Jean-Baptiste Del Amo avec son roman Le sel, c’est avec grand plaisir que je me suis plongé dans le nouveau roman de cet auteur avec l’espoir secret de vivre les mêmes émotions que les lectrices qui l’avaient lu avant moi.



Un jour que l’enfant joue devant la maison qu’il habite avec sa mère, arrive un homme qui n’était qu’un souvenir mais dont la posture ne laisse aucun doute : le père est de retour. On ne sait pas vraiment d’où, on hésitera entre la cavale et la prison, mais le fait est qu’il est de retour comme s’il n’était jamais parti, peut-être même pire encore, parce qu’il veut rattraper le temps perdu et reprendre ce qu’il estime être à lui. Sa femme. Son fils.



Très vite, il les emmène aux Roches pour ce qui est censé être un séjour temporaire, cette ruine perdue dans la montagne que son propre père n’avait jamais terminée de retaper et où il se réfugia jusqu’à ce qu’on retrouve son cadavre à moitié dévoré par la faune locale, bien après que la légende de sa folie ne parvint jusqu’à la vallée.



Dans ce huis clos survivaliste, le repli et l’isolement répriment toute tentative de retour à une vie normale et on assiste alors, pauvre lecteur impuissant, à la lente agonie du bon sens et à l’approche d’un drame qu’on comprend être inéluctable. Un roman sombre et radical qui s’ouvre par un prologue inattendu qui donne le ton et dont la suite du récit étouffe toute lueur d’espoir, jusqu’à nous laisser le souffle coupé sur les dernières pages. Bravo !
Lien : https://www.hql.fr/le-fils-d..
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Le fils de l'homme

Je ne note pas car je l'ai abandonné.

C'est une écriture prétentieuse, un vocabulaire avec des termes abscons, volontairement je pense, par snobisme littéraire.

Voilà un auteur qui s'écoute écrire.

Des descriptions à n'en plus finir.

Et puis cette violence tout le temps.

Je n'ai pas aimé.
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Le fils de l'homme

Cela me tentait bien de passer un moment dans la montagne, coupée du monde en mode survivaliste, avec pour seule compagnie un enfant, sa mère et son père. Cependant à peine arrivée à la vieille grange à moitié en ruines dans laquelle la famille s'isole, j'ai failli abandonner l'aventure tant l'afféterie du style adopté par l'auteur m'a agacée. Je n'en pouvais plus des descriptions à n'en plus finir, de la surabondance d'adjectifs, du vocabulaire trop recherché pour coller au sujet (ex: "ouverture fenière" pour dire fenêtre ou lucarne) qui donnent au texte lourdeur et air artificiel. Ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais ni ce dont j'avais envie ! Pendant quelques pages je n'ai pu lire qu'en relevant le nombre d'adjectifs ou en imaginant l'auteur plongé dans un manuel de botanique à la recherche de noms et descriptions de végétaux.

Par pure paresse j'ai quand même continué ma lecture en abandonnant tout esprit critique, et bien m'en a pris car petit à petit j'ai réussi à m'adapter en ayant même eu l'impression que plus l'histoire avançait et que l'atmosphère devenait pesante, plus le style s'allégeait de ses encombrantes prétentions esthétiques. En calmant les ardeurs de sa plume, l'auteur revient à l'essentiel avec une écriture plus sobre, donc plus proche de la détresse de ses personnages.

Finalement, un bon moment de lecture...
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Pornographia

Après une lecture du prix Fnac roman 2021 de l’auteur, je découvre une œuvre antérieure de l’auteur, Jean-Baptiste Del Amo, « Pornographia », elle aussi couronnée par le prix Sade 2013.

Un roman court, je dirais plutôt une nouvelle, d’une certaine puissance, qui dérange dans sa description sans fard de la prostitution sous-prolétarienne de La Havane, et de la corruption des corps et des âmes.

Certains passages m’ont rappelé la description de Londres de Paul Morand.

Dans le style « anachronique », propre à l’auteur, et déjà à l’œuvre dès son premier roman : « Une éducation libertine ».

A ne pas mettre dans toutes les mains.

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Le fils de l'homme

Avant de commencer le livre, le titre et la quatrième de couverture m'avaient un peu inquiété. Nouvelle variation autour du thème « la nature rend fou » ? Mais dans une version mystique car « Le Fils de l'Homme » c'est le Christ ? Sauf que là, l'homme n'a pas de majuscule ! L'introduction du roman lève le doute « Le Fils de l'homme » est à comprendre dans le sens « Rahan, fils de Crao ». le roman interroge la transmission de la violence, dont les racines remontent aux âges farouches chers à Rosny Aîné en passant par l'Antiquité puisque Sénèque est également convoqué et sert d'incipit « Et la rage des pères revivra chez les fils à chaque génération ». Dès ce chapitre introductif tout le talent de Jean-Baptiste del Amo est exposé : le vocabulaire est riche mais jamais pédant, les descriptions sont précises. La préhistoire quittée, nous entrons dans l'histoire. L'enchaînement des actions toujours fluide maintient dans une tension permanente. Et le lecteur est toujours au plus près des lieux, cette montagne isolée qui est décrite sans détails inutiles mais toujours avec précision. L'évolution des différents personnages, et notamment du père répond à la même préoccupation. Ce roman ressemble, sous bien des aspects, à celui d'un ethnographe, qui, sur le terrain, observe, recueille des informations. Del Amo, se garde bien d'émettre des jugements. Lorsque les scènes deviennent tragiques, le romancier s'efforce de conserver sa neutralité. Tout autant scientifique que romancier, del Amo n'expose pas ses conclusions et laisse le lecteur se forger sa propre opinion. La seule petite lourdeur est ce rappel de la préhistoire et une « découverte » pariétale qui paraît peu crédible. Néanmoins, cet épisode contestable est vite oublié. Quand le roman se termine, il reste un goût de terre dans la bouche, preuve que l'auteur a su émouvoir… Vient alors le besoin irrépressible de penser à autre chose, en cuisinant, en jardinant, en bricolant. Loin des Roches, loin des hommes et de leur violence.
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Le fils de l'homme

Roman noir qui ne m'a pas emporté comme d'autres ont su le faire. J'ai beaucoup pensé à Maud Mayeras avec les monstres, et Cécile Coulon avec cette maison isolée de tout où se joue le pire. le décor est bien "planté", la nature et les détails parfois très précisément peints, la tension, la pesanteur se font sentir bien avant de découvrir des bribes de vies du père et de la mère.

Mais. Les phrases longues de 8 lignes ne m'ont pas fait soufflé de bonheur, ni le vocabulaire copieux, ni tous ces mots que je ne connaissais pas! Et parfois des descriptifs beaucoup moins travaillés, un peu hasardeux, qui m'a fait ressentir comme une inconstance dans la forme. Des passages très aboutis et d'autres beaucoup moins. Des prénoms qui ne se donnent pas, une fin tragique très attendue, une chasse à l'homme comme on en lit chez d'autres contemporains.

Pour moi, une lecture qui n'a franchi ni les émotions (mais surement un parti pris), ni l'admiration d'écriture.
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Le fils de l'homme

Dans ce huis-clos montagnard, Jean-Baptiste Del Amo, servi par une écriture véritablement dense, explore à nouveau la violence des rapports familiaux chez ceux qui n'ont pas connu la quiétude de la cellule familiale.

Comme dans "Règne animal", la brutalité est le seul mode de fonctionnement, comme calquée sur la rudesse de la nature. Peu de place pour la tendresse, l'échange et l'amour.



Les trois personnages sont seulement nommés par leur place dans la famille, et aucune relation d'affection ne peut les réunir, dès l'instant où le Père fait irruption dans la relation fusionnelle entre la Mère et le Fils. Car cet homme, mystérieusement disparu pendant plusieurs années, porte en lui le lourd heritage d'un père despotique et d'une mère disparue. Ses efforts pour réunir sa famille dans un lieu isolé, en mode quasi survivaliste, sont, on le devine rapidement, voués à l'échec tant l'auteur nous met d'emblée face à son incapacité à communiquer.



Le prologue préhistorique concourt à cette vision pessimiste de l'humanité : il faut tout mettre en œuvre pour survivre dans la solitude et la souffrance, l'Homme n'obéit qu'à ses instincts et l'enfance ne peut durer que le temps d'une fusion avec la mère protectrice avant de se confronter à la brutalité du monde des adultes.
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Règne animal

Je lis beaucoup, beaucoup de romans superbes, mais je suis rarement touchée par un livre comme je l'ai été avec Règne animal.

Il me semble qu'on ne peut pas sortir indemne après la lecture d'un tel livre ! Je ne mangerai plus une côte de porc ou une tranche de jambon sans penser à ce bouquin ! Mais ça ne s'arrête pas là, l'écriture est dense, riche et nous étreint tout au long de ce roman qui couvre une période de la vie d'une famille paysanne de 1898 à nos jours et si la vie a bien évolué, il n'est pas sûr que l'homme soit plus heureux et les animaux non plus.

La vie au début du XXe siècle est décrite de telle manière qu'il nous semble être dans cette masure et partager la vie de la petite Éléonore que nous allons continuer à accompagner pendant la guerre de 1914 – 1918, guerre que l'auteur va dépeindre de manière exceptionnelle avec le rôle des femmes et le retour de quelques rescapés de l'horreur, horreur qu'ils ramènent avec eux.

Enfin, dans la seconde et la troisième partie, nous retrouvons Éléonore et sa descendance dans cette nouvelle ferme et surtout ce nouveau bâtiment tout neuf construit pour l'élevage des cochons. Cette porcherie va devenir quasiment le lieu de vie de ces agriculteurs. Un film, des images, seraient moins parlants que ces magnifiques lignes nous décrivant l'enfer dans lequel vivent ces animaux, ces hommes et ces femmes. Seul Jérôme semble épargné en vivant dans son monde à lui. Beaucoup de philosophie dans ce roman.

Pourquoi ce livre n'a-t-il pas figuré sur la liste des goncourables ? Il le méritait certainement. Aucun prix, rien ! Dérangerait-il trop nos consciences ?
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Règne animal

Qui sont les animaux, qui sont les humains. Préparez vos mouchoirs, non pas pour sécher vos larmes au cours d’une bluette sentimentale à l’eau de rose, mais pour survivre à la puanteur de l’histoire d’une ferme sur un siècle.

Et comme dans Le Parfum de Suskind, c’est le festival des odeurs brutes, sans filtre. Les foins, les cochons parqués, les chiens, les corps humains qui suent, qui luttent contre la maladie, la mort, et accessoirement contre la saleté et l’ignorance. Les pièces empuanties et assombries par des années de feu de cheminée, de soupe pauvre, de sécrétions humaines concentrées pour garder la chaleur. On étouffe dans cette atmosphère étriquée, sèche, sans amour, sans espoir, sans générosité, où les adultes enchaînés à leur tâche, se préoccupent plus des animaux que des autres humains. A se contenter de survivre un jour après l’autre, guidés par l’instinct de survie, de reproduction, dans un obscurantisme fermement enraciné de génération en génération.

Alors, faut-il le lire ? Oui. C’est très réussi. Si vous aimez Émile Zola, vous ne faites pas fausse route. C’est encore plus brut. Si on compare à des peintres, on est plus dans l’univers d’Edvard Munch que de Vincent Van Gogh. Heureusement, l’élevage et l’agriculture sont peuplés de personnes nettement plus accueillantes et de vraies bonnes gens. Moi je vais aller me regarder un épisode de la Petite Maison dans la prairie, pour remettre mon compteur de bons sentiments en positif.
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Le fils de l'homme

Un style sobre, précis et incisif qui me fait penser à celui d'Alessandro Baricco dans "sans sang".

Une construction cinématographique maîtrisée avec des "flash-backs" qui éclairent petit à petit, par touches, par scénettes, le triangle familial avec le déplacement du projecteur narratif.

En particulier l'évolution des sentiments de l'enfant (que le lecteur reconstitue dans son coeur à lui à partir de la narration), face à son père qu'il découvre.

Qu'il re-découvre; face à la folie de ce dernier qui met le feu...

Un triangle familial qui tente sa chance, encerclé par une Nature, actrice à part entière et décrite comme des tableaux.

L'auteur laisse au soin du lecteur d'imaginer la fin...

Et là, on se prend à espérer le meilleur,... enfin le moins pire, sous le poids de ce transgénérationnel en souffrance...



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Le fils de l'homme

Ennuyeux, malgré un scénario bien pensé. Le fils de l'homme de jean-Baptiste Del Amo est un roman à huit clos familial.

Un père, un fils, une mère. Une histoire de transmission. Oppressante, isolé, ce roman était d'un ennuie mortel. Je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages. Des descriptions , des rallonges à souhait.

Déçu.
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Comme toi

Décidément j'aime beaucoup Pauline Martin, l'illustratrice des histoires d'Archibald. Ici, ses illustrations emplies de tendresse forment un duo avec le texte assez engagé de Jean-Baptiste Del Amo.



Chaque double page permet de lier l'enfant au monde animal : sur la page de gauche un animal qui vit la même situation que l'enfant, sur la page de droite. Il y a beaucoup d'empathie dans cet album dont le but assumé est de soutenir la cause animale, qu'il s'agisse d'animaux sauvages ou d'animaux domestiqués.



Nature, tendresse, douceur, peur, émotions sont au rendez-vous. Si vous n'étiez pas convaincus, nul doute que vous le deviendrez !
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Règne animal

Pour son quatrième roman, Jean-Baptiste del Amo a frappé très fort et sûrement dérangé beaucoup de consciences car, contrairement, à ses ouvrages précédents qui avaient été salués par la critique, Règne animal n'avait jamais été cité pour une récompense quelconque… jusqu'à ce que le Prix du Livre Inter lui soit attribué car ce livre est remarquablement écrit avec un souci du détail digne des tableaux de Brueghel.



Toute l'action se déroule dans une ferme, près du village fictif de Puy-Larroque, au coeur du Gers. le XIXe siècle se termine dans cette « campagne hostile, terre rétive qui finira bien par avoir leur peau. » le père et la mère, nommée la génitrice avant de devenir la veuve, élèvent des cochons, plus quelques vaches et une jument pour les labours. Après plusieurs fausses couches, Éléonore est venue au monde. Elle tente de faire sa place, mène et garde les porcs dans la chênaie. le père étant malade, le cousin Marcel vient vivre chez eux. Il va avoir 19 ans.

Au fil des pages, nous sommes plongés dans le quotidien de cette ferme et les diverses tâches accomplies sont décrites avec une précision remarquable. le cimetière du village est important et revient souvent, semblant animé d'une vie souterraine.

Hélas, l'été 1914 arrive. Les femmes ont fait la grande lessive, les hommes commencent à faucher. « le jour de sa communion solennelle, Éléonore fait en secret le voeu de bannir tout sentiment, toute inclinaison religieuse. » Il faut dire que le comportement du Père Antoine, curé du village, n'est pas favorable à cela. La vie des paysans est rude : « Aucun d'eux ne peut traverser la vie sans sacrifier un membre, un oeil, un fils ou une épouse, un morceau de chair… »

C'est la guerre ! Tous les hommes de 18 à 40 ans sont mobilisés mais qui fera les moissons ? « Mis à part ceux qui gardent le souvenir de 70, la guerre est une abstraction… et ils agitent leur main pour saluer la soeur, la mère, l'amante qui pleure sur la place de Puy-Larroque. » Alors, les femmes… « Elles apprennent à aiguiser la lame des faux, elles empruntent le chemin des champs, le manche des outils sur l'épaule, vêtues de leurs robes grises… » L'auteur réussit des pages magnifiques sur le rôle de celles qui ont tout assuré pendant l'absence des hommes… à lire absolument.

Les premiers avis de décès arrivent. Éléonore vit dans le souvenir de Marcel. « La guerre ravive la foi vacillante. » On réquisitionne le bétail et nous voici dans les trains puis à l'arrivée où quinze équipes de bouchers doivent fournir 2 000 kg de viande pour un régiment d'infanterie, une apocalypse aussi pour les animaux massacrés… Quelle description de la guerre avec Marcel en plein champ de bataille !

Quand le cauchemar est terminé, « la peur, la douleur et la honte ont saccagé le désir… » mais la vie doit continuer pour passer subitement à 1981, toujours dans la même ferme où Henri, le patriarche, avec Serge et Joël, ses deux fils, a monté une porcherie hors-sol grâce aux crédits de la Politique Agricole Commune… Quelle débauche de traitements pour pallier carences et déficiences volontairement créées par l'homme ! Les porcs n'ont plus de défenses immunitaires pour donner toujours plus de viande et le lisier envahit tout… Après avoir lu des pages aussi fantastiques où rien ne manque, odeurs comprises, peut-on encore se délecter de cette viande qui envahit les bacs des super et hypermarchés ?



Jusqu'au bout, Jean-Baptiste del Amo est passionnant sur les pas de ces paysans devenus exploitants agricoles ne respectant plus ces animaux élevés pour l'abattage alors qu'enfin « la Bête, le Règne animal, reprend sa Liberté, échappe aux hommes et à leur folie. »




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Règne animal

Récit de la nature – végétale et animale – et de la propension de l'homme à vouloir la dominer jusqu'à la rendre monstrueuse, « Règne animal » est un roman qui nous ramène à nos racines, celles de nos aïeux et de la terre nourricière, et qui nous renvoie en pleine face toute la sauvagerie propre à l'humain.



De la fin du 19e siècle jusqu‘aux années 1980, dans la commune de Puy-Larroque, nous suivons la destinée d'une famille paysanne, celle d'Eléonore, l'aïeule. Tout d'abord tournée vers les cultures de la terre, l'exploitation familiale va progressivement se spécialiser dans l'élevage intensif des porcs. Lorsque la folie de la Première guerre mondiale annonce la fin d'une époque pour les hommes, elle entraîne également avec elle un bouleversement du monde paysan qui s'industrialise et se déshumanise. Ainsi, si la première partie du roman fait la part belle à une nature encore sauvage et au labeur d'une famille qui cultive la terre avec douleur mais respect, la seconde nous plonge dans une violence inouïe où l'homme bataille à en devenir fou pour dompter les lois naturelles. La course effrénée vers toujours plus de rendement révèle toute la bestialité et la folie de l'homme qui ne voit plus aucune limite dans le traitement barbare des bêtes, quitte à le mener à sa propre perte.



Le style de Jean-Baptiste del Amo est âpre et dur, poétique et beau, à l'image du monde qu'il décrit. Avec des descriptions denses et un vocabulaire très riche, l'auteur ne raconte pas seulement une histoire, il donne corps et sens à son récit en travaillant chaque phrase. Les termes recherchés et l'écriture lyrique nous donnent à voir des images d'une acuité limpide, telle une caméra qui suit l'envolée d'un oiseau ou le mouvement de la main qui défroisse les plis d'une étoffe. de même, les scènes ultra réalistes et extrêmement violentes qui nous décrivent l'élevage des porcs nous apportent la nausée au bord des lèvres. La "merde", il faut bien le dire, celle des bêtes comme celle des hommes, on y est jusqu'au cou.



L'auteur, végétalien et défenseur de la cause animale, dénonce donc dans ce roman toute la violence des hommes à l'encontre des bêtes, une barbarie telle qu'elle déshumanise l'être humain lui-même. Il montre également, avec cette histoire familiale très forte qui fonctionne de manière clanique, hors « des autres », la folie et les blessures qui se transmettent de génération en génération.



Nul doute pour moi que le « Règne animal » de Jean-Baptiste del Amo (un auteur que je découvre et que je suivrai), roman puissant et brillant, peut être célébré par le Goncourt. Il en a tous les droits.

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