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Critiques de Jean-Baptiste Del Amo (465)
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Le fils de l'homme

En commençant son roman avec un témoignage ancestral sur l’errance d’une tribu primaire, Jean-Baptiste del Amo plante son décor au coeur d’une nature violente et implacable. Avec cette mélopée, l’insignifiance de l’homme s’inscrit dans la majesté de la nature.

Lorsque le père débarque après six ans d’absence au domicile de sa femme et son fils, l’instinct de prédation hante encore mon esprit. Et pourtant, le père parvient à convaincre sa femme d’un possible renouveau en passant l’été aux Roches, une maison en pleine forêt appartenant autrefois au grand-père.

L’enfant est très proche de sa mère, aimante et douce malgré les fortes migraines qui parfois la terrassent.

Il garde certaines réserves envers ce père retrouvé. L’homme tente pourtant de lui faire plaisir en l’emmenant à la fête foraine, en lui faisant découvrir des fossiles, en lui fabriquant une fronde ou lui apprenant à tirer au pistolet.

Mais souvent, la folie semble posséder cet homme, hanté par l’éducation d’un père sauvage et autoritaire. Cet homme ne croit plus en l’amour et perpétue la violence de son enfance.

Malgré quelques pauses magiques comme ce moment de complicité entre la mère et le fils lors d’une baignade dans le torrent ou les balades en forêt jusqu’à un troupeau de chevaux sauvages, la tension est omniprésente.

Un acharnement du père à créer un potager dans un sol pierreux, un orage violent qui finit de transformer la maison en ruine sont autant de menaces impalpables comme l’annonce d’un drame imminent que rien ne pourra empêcher.

Aux côtés de cet enfant qui découvre la cruauté du monde des adultes, nous sommes plongés dans une spirale implacable. La tension monte graduellement jusqu’à l’horreur, l’indicible. Et pourtant, dans sa langue enveloppante, avec ses descriptions remarquables d’une nature belle et sauvage, l’auteur nous enchaîne à un récit puissant impossible à lâcher.

Une très belle découverte d’auteur. Et fort heureusement, j’ai deux autres titres qui attendent dans ma pile à lire.
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Une éducation libertine

1760, Gaspard quitte Quimper pour la capitale, y subsiste difficilement en pratiquant des petits boulots dont celui d’apprenti perruquier et rêve de sortir de sa condition misérable en côtoyant de riches bourgeois. Il y parvient grâce au comte Etienne de V et en devenant lui même un libertin roué et impitoyable pour parvenir à ses fins. Ce roman est dur, la description de la vie à Paris, de ses odeurs, ses couleurs, sa pauvreté, sa crasse, ses maladies sont longuement et magistralement évoqués dans un style brillant, un vocabulaire d’une grande richesse qui rendent le lecteur mal à l’aise. Une sensation oppressante de malheur, de mort, sans la moindre parcelle d’optimisme irrigue le texte de façon constante et l’émancipation de Gaspard parvient à le faire changer d’univers au prix élevé d’un renoncement à son humanité. La grande qualité de l’écriture de l’auteur transcende le noirceur du contenu de l’ouvrage en restituant une vision de Paris qui si elle est réaliste est bien triste !
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Le fils de l'homme

Je connaissais de nom l’auteur, mais je ne l’avais encore jamais lu (le thème de son dernier roman ne me disait, il est vrai rien du tout). Cette fois, le sujet ne sortait pas de ″ma zone de confort‶ je pouvais donc pousser la porte sans trop d’à priori !

Je ne le regrette absolument pas. J’ai autant apprécié la thématique, que la manière de l’aborder, et l’écriture.

Il règne dans ce roman une ambiance singulière, lourde, énigmatique, et presque fantomatique. Trois personnages dominent cette histoire ; trois personnages dont on ne connaitra jamais les noms. Tout juste savons- nous quelle place ils occupent : le père, la mère et le fils. Nous n’en saurons pas plus.

Tout comme nous ne savons pas précisément à quelle époque l’auteur situe son propos ; Deux temporalités, cependant, à peine distinctes l’une de l’autres par une ponctuation en milieu de ligne séparant deux paragraphes ; pas de chapitres… un texte d’un seul tenant, en apnée…

Après une longue absence, le père entraine la mère et leur fils dans une vielle bicoque isolée en montagne. D’emblée, le lecteur imagine assez bien que la vie ne sera guère paisible pour eux.

C’est tout le talent de Jean-Baptiste Del Amo que ne nous amener inéluctablement à une issue tragique non sans prendre le soin de nous éclairer sur la personnalité du père conditionnée par sa propre relation avec son père dans cette même bicoque au milieu de nulle part.

J’ai particulièrement apprécié la précision des descriptions, autant des lieux que celle des protagonistes. La langue est riche, travaillée, ciselée ; souvent les phrases s’étirent.

La violence est omniprésente, latente ; tantôt suggérée, tantôt assénée au lecteur qui se la prend de plein fouet.

Un grand roman de cette rentrée, que les lecteurs Fnac ont choisi pour succéder à Betty ! Ils ont bon goût les jurés Fnac !!


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Le fils de l'homme

Un homme revient après plusieurs années d'absence au sein de son foyer, retrouver sa femme, enceinte d'un autre, et son fils, qu'il connaît peu. Il décide alors de les emmener aux Roches, endroit dans lequel il a grandi avec son père, homme sombre et solitaire. Se retrouver tous les trois seuls, dans cette cabane délabrée, perdue dans la forêt, a pour but de se retrouver et de tisser un lien familial inexistant.

Les personnages n'ont pas de nom, l'époque n'est pas citée, la géographie est inexistante, si ce n'est "Les Roches", personnage principal de ce récit oppressant, dont la nature est sauvage et hostile.

L'ambiance est pesante, les relations des uns envers les autres sont teintées de méfiance, les souvenirs se révèlent douloureux et les silences plus que douteux.

L'écriture dense et le peu de dialogue renforcent cet effet d'apnée et personnifient cette nature omniprésente, actrice à part entière de ce qui se joue entre eux, témoin de l'héritage du père et de la transmission aux générations à venir, de la folie qui rôde et du drame pressenti...



Ce fut une lecture éprouvante, angoissante, épuisante... Très lent au début, le rythme s'accélère ensuite et la pression augmente au fur et à mesure que les pages se tournent. On imagine alors aisément que les dernières pages seront tragiques. Une belle lecture, noire et difficile.

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Le fils de l'homme

La violence et la folie sont-elles héréditaires ?

Qui est le fils de l'homme ? le petit garçon ou le père ?



Un père ressurgit dans la vie de son fils de 9 ans et de sa compagne. Cet inconnu, dont le garçon n'a aucun souvenirs, va bouleverser le lien et le climat passionnel qui existe entre lui et sa mère.



Le père décide d'emmener toute la famille aux roches, maison en ruine isolée dan,s la montagne où ce dernier a passé son enfance.



Un aller sans retour ?



Roman agréable à lire avec une bonne intrigue même si le lecteur n'apprend jamais les prénoms des protagonistes (hormis l'oncle Tony)

Je suis un peu déçu de la fin du récit qui ouvre plus de portes qu'elle n'en referme. le lecteur reste un peu sur sa fin c'est dommage !
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Règne animal

Si l'histoire d'une exploitation agricole qui se déploie sur presque un siècle et 4 générations peut vous intéresser, alors commencez à repérer ce livre. Mais attention, n'imaginez pas avoir à faire à un pittoresque roman de terroir.

Si le rapport des hommes aux bêtes vous interpelle quelque peu, même sans être militant, simplement pour voir comment on peut l'aborder en littérature, alors approchez de ce livre. Mais je préfère mettre en garde, ce rapport est montré sous les formes de violence les plus crues, longuement décrites, avec minutie, avec obstination par l'auteur. Sa plume donne à voir et à sentir : sang, déjections, castrations, rien ne sera occulté ou le moins du monde édulcoré. Alors si vous n'avez pas peur d'avoir le cœur au bord des lèvres, continuez d'approcher. D'une économie rurale où les bêtes ont toujours fait partie du quotidien de la ferme, l'exploitation se mue en porcherie au productivisme le plus acharné, entraînant dans sa quête frénétique, la folie des hommes. A moins que la folie n'ait toujours été là, du temps de l'aïeule déjà ?

Si vous avez surmonté la nausée qui peut naître à la lecture de certains passages, vous avez cependant fait la rencontre avec des personnages singuliers dont la psychologie est décrite avec finesse. Vous avez mesuré la force de caractère d’Éléonore, jaugé son amour pour Marcel, "gueule cassée" par la guerre, vous avez frémi de l’opiniâtreté d'Henri, le fils, obsédé par ce verrat énorme, ce champion qui s'échappe dans une fuite qui devient métaphorique et vous avez compris la différence et la poésie de Jérôme, l'arrière petit-fils, le fils de l'oncle...

Vous avez aussi fait la connaissance avec l'un des styles les plus travaillés, les plus puissants qu'il m'ait été donné de lire en littérature contemporaine. L'incipit où les personnages sont tour à tour présentés par un jeu d'ombres projetées sur les murs d'une modeste cuisine de ferme de la fin du XIXème, est un petit bijou, tout comme la description du vieux banc où le père s’assoit tous les soirs pour fumer sa pipe et méditer sur sa journée. Car c'est cela la plume de Jean-Baptiste Del Amo : il a les mots et ce talent inouï pour tout faire ressentir, tout évoquer, le sordide, l'abject, la folie des hommes mais aussi leurs poésies secrètes, leurs sentiments indicibles et leurs forces profondes.


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Une éducation libertine

Mon libraire n'emploie pas les superlatifs à la légère. Alors que je lorgnais du côté des nouveautés et en particulier sur Règne animal de Jean-Baptiste del Amo, il est allé me dénicher Une éducation libertine du même auteur, me conseillant de commencer par cet ouvrage, « l'un des tout meilleurs qu'il ait lus ».

A l'image d'un roman de type classique, l'incipit joue parfaitement son rôle et nous dévoile le décor du roman, Paris sous le règne de Louis XV, un Paris sale, suintant sous le soleil d'été, le Paris grouillant et affairé du peuple qui cherche abri et pitance. C'est dans cette puanteur décrite avec une richesse de style prodigieuse qu'évolue Gaspard, une jeune homme tout juste débarqué de sa ferme quimpéroise. On devine (l'auteur s'emploie à distiller les informations tout au long du roman) qu'il s'agit davantage d'une fuite que d'une volonté de tenter sa chance à Paris. Gaspard, presque absent de lui-même, accepte un travail particulièrement ingrat, débarder des grumes transportées par la Seine. le jeune homme trouve l'aide d'un compagnon de besogne ainsi qu'un logis et survit tant bien que mal. Mais les plongées au coeur du fleuve, de ses eaux nauséabondes semblent raviver chez Gaspard un profond mal-être. Vite, il fuit et trouve un emploi d'apprenti chez un perruquier dont il doit repousser les avances. Gaspard fait alors la rencontre du mystérieux comte Etienne de V. dont la réputation sulfureuse est longuement détaillée par le perruquier, un peu jaloux de l'attirance qu'il a immédiatement décelée entre le libertin et le jeune apprenti. Gaspard est en effet très troublé par cet homme à la séduction magnétique. Il accepte des rendez-vous pour de simples promenades puis grimé en gentilhomme se fait passer pour un ami du comte et évolue parmi la noblesse. le comte peut-il l'extraire de sa condition ?

On pense alors que le titre du roman va prendre tout son sens mais en fait, je n'ai pas trouvé qu'il s'agissait vraiment de libertinage. Ce titre suggère la séduction mais aussi la légèreté, la frivolité, une forme de consentement également. Ce n'est pas l'histoire racontée dans ce roman. Il est surtout question ici d'amour, d'amour déçu et de meurtrissures (au sens figuré comme au sens propre). Gaspard est davantage arriviste par dépit que par ambition personnelle. Une seule parcelle d'amour aurait pu le faire renoncer à son ambition.

Nonobstant cette question du titre qui a tout de même son importance car je ne l'aurais pas choisi si le libraire ne me l'avait pas conseillé, ce premier roman (récompensé par le Goncourt du premier roman en 2009) impressionne par la qualité de son vocabulaire, la richesse de son style et par la maîtrise de sa structure narrative.




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Le sel

Un roman au style d'une fluidité qui vous berce de page en page. Le sujet est simple, c'est une chronique familiale, mettant en scène des personnages typés et contrastés.

Le sel, c'est la référence à la mer, car cette famille d'origine italienne habite à Sète; et c'est aussi les larmes car cette famille va connaître sa part de malheurs: mort d'une enfant, mort du compagnon de l'un des fils..

Une atmosphère de tension très bien rendue: tension due à la personnalité écrasante du père-patriarche qui n'arrive pas à accepter l'homosexualité d'un de ses fils; tension due aussi par les non-dits, par les silences, les tendances à cacher, à éviter les conflits.

Des longueurs certes mais l'ensemble résonne comme une musique.

On sent l'influence de Virginia Woolf et notamment ce livre me fait repenser à l'une des oeuvres de Virginia Woolf "To the lighthouse" ("Promenade au phare") qui met en scène également une mère de famille nombreuse.



C'est le deuxième roman de Jean-Baptiste del Almo, pensionnaire de la Villa Médicis à Rome et qui avait obtenu le prix Goncourt du Premier Roman.
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Le sel

Je n'ai pas aimé ce livre !!



Voici ma critique :

http://www.bibliolingus.fr/le-sel-jean-baptiste-del-amo-a80136676
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Le fils de l'homme

Une plume originale, dépouillée mais tranchante, qui vrille l'humain en tant que descendant des hommes préhistoriques chasseurs, cueilleurs, obligés à la survie dans une nature souvent hostile, avec des bêtes féroces, des catastrophes imprévisibles, d'autres humains pas vraiment fraternels qui pillent, volent...

L'histoire se réduit à 3 personnages principaux, le père, la mère, le fils, auxquels s'ajoutent un intrus Tony et un fonctionnaire territorial.

Seuls 2 lieux sont montrés : un appartement en ville puis une cabane de berger perdue dans une forêt de montagne avec ours et nature sauvage.

Un évènement particulier survient avec le retour du père qui avait abandonné femme et enfant depuis 6 ans et les emmène loin de toute civilisation un beau jour pour se donner une chance de repartir à zéro dans l'endroit où son propre père avait vécu avec lui avant.

Une tension énorme survient entre eux d'autant plus que la femme est enceinte à ce moment.

Toutes les composantes d'une tragédie annoncée sont là et l'on suit l'enchaînement des faits avec la violence inévitable qui survient.

La transmission des pères ne se fait-t -elle que dans ce funeste destin ancré depuis des temps immémoriaux ?

C'est une question que pose cette fiction.
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Le fils de l'homme

C'est un roman que je trouve violent dans l'intensité de son écriture, j'ai plusieurs fois été heurtée et malmenée par un mot, un geste, un regard, un rien qui ne peut laisser indifférent. Toute la force du texte réside là dans cette capacité à secouer le lecteur, à le mettre devant une réalité dérangeante, à l'inciter peut-être à réagir ou à fuir ? La nature omniprésente y est pour quelque chose, elle happe et dévore en son sein. Mais, c'est bien entendu la relation entre le père et le fils qui donne parfois la chair de poule. A noter que c'est merveilleusement bien écrit, l'auteur manie la langue française avec une habileté remarquable. Certaines phrases ressemblent à des lianes qui grimpent le long des arbres, s'enroulent, changent de cap et reviennent mourir là où on ne les attendait pas. Une lecture qui remue et laisse des traces dans notre inconscient.
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L214 Une voix pour les animaux

Noire est la couverture sur laquelle se détache le titre, nom de l'association : L214, référence au numéro de l'article du code rural qui affirme «Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce » le noir est la couleur du deuil, alors pas de surprise, c'est bien un livre qui parle d'assassinat et je ne choisis pas ce mot à la légère. « Un crime dont la particularité est qu'il le fruit d'une préméditation. » (Avocat-service, 2018).L214 lutte contre le crime organisé. L'auteur de Règne animal relate l'histoire de cette association, le parcours de certains de ces membres et insiste sur leurs missions :' mener des enquêtes, des actions en justices ou alerter l'opinion publique sur la manière dont les animaux sont traités dans les élevages. Si ce documentaire est parfois fastidieux à lire, il n'en est pas moins édifiant et les faits sont décrits avec minutie, chiffres et noms à l'appui. À la fin de cette lecture, je me suis inscrite à la lettre d'information de l'association L214. Bravo Jean-Baptiste del Amo, contrat rempli.
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Règne animal

Ames sensibles d'abstenir. Du sang, des larmes, des viscères, des porcs, des hommes et des femmes qui souffrent, toute une famille, cinq générations d'agriculteurs français qui, vouant s'extirper de la fange, en créent une nouvelle, à base de pesticides, de lisier aux antibiotiques, et de folie familiale...

Bon, ce roman est tout simplement hallucinant, et dans le sujet et dans l'écriture. Certaines descriptions sont tout bonnement insoutenables, et pourtant, on sent bien que c'est hurlant de vérité, sauf que parfois, on n'a pas envie de le savoir... Comment les animaux ont été emmenés à la boucherie en 14-18, comment l'élevage intensif vomit partout ses excréments, comment le repli familial conduit à l'alcoolisme et au mutisme. Schématique me direz-vous, sauf que non : grâce à une écriture très littéraire, brillante, vibrante, fouillée, incroyable, on évite l'écueil de la facilité, du schématique, etc...

Par contre, on ressort de ce roman totalement chamboulé, crotté, asphyxié. Il m'a fallu des semaines pour arriver à lire ce roman, car des respirations étaient nécessaires. J'hésitais à mettre une excellente note à ce roman, qui méritait un prix littéraire sans aucun doute de par son style, mais au final il est tellement rude que je ne peux le mettre au panthéon de mes lectures...
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Règne animal

Règne Animal de Jean-Baptiste Del Amo est un roman magnifique, violent et exact en dépit d'un pessimisme affiché, d'afféterie parfois pesantes et surtout d'une fascination pour les déjections de toutes sortes. À travers le récit de la vie dans une exploitation porcine, Del Amo livre un superbe portrait d'une humanité dont il excelle à rendre les hésitations, les peurs et la bestialité d'une humanité fruste mais toujours finement saisie.
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Règne animal

Un livre inoubliable!

Ce roman relate l'histoire d'une famille de paysans dans la première partie du vingtième siècle puis nous transporte en mille-neuf-cent-quatre-vingt-un, à l'époque de l'agriculture intensive,

Le livre est très travaillé, le mvocabulaire riche et les personnages masculins «âpres».

L'auteur nous promène dans la nature en nous faisant respirer ses merveilleuses odeurs, puis nous plonge dans celles immondes, de la porcherie industrielle.

Je tire mon chapeau à Jean-Baptiste. Délices Amo qui par cemtte lecture rugueuse m'a rappelé «La Terre» d'Émile Zola.
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Règne animal

D'une barbarie à une autre, le "règne animal" est celui de la domination de l'homme sur sur l'homme et la nature. Au travers du récit d'une famille de paysans français, Del Amo nous décrit la transformation du monde paysan et sa destruction. En quelques décennies, la petite ferme entourée de champs de blé, élevant quelques cochons, poules et canards en liberté va muter en élevage industriel de porcs, un univers concentrationnaire empli de cris et d'excréments qui fait écho aux boucheries de la guerre de 14.



L'ouvrage est captivant bien que les perspectives soient funestes. Nous sommes dans une ferme comme il en existait tant avant la guerre de 14-18. L'épouse, appelée aussi la génitrice est une "femme sèche à la nuque rouge et aux mains laborieuses, n'a pour sa fille pas d'attention superflue" elle s'occupe des bêtes de la même façon : sans rien de superflu. Elle engraisse les truies, les nourrit et leur jette ses accouchements non désirés. Le père va au champ, taiseux, il s'accouple à son épouse en silence une fois par semaine. De cette union rêche va naître Eléonore qui grandit avec les bêtes, la nature. La maladie du père va obliger la génitrice à accueillir un neveu Marcel pour aider au champ. Rude à la tâche, sans exigence particulière, il va savoir remplacer le père à la mort de celui-ci. Mais un jour tombe la nouvelle de la guerre. Pour ces hommes et des femmes cela ne signifie pas grand chose. Ils vivent dans un monde épuisé de labeur avec très peu de sentiments et encore moins de mots. Les hommes s'en vont, pensant qu'en quelques mois l'affaire sera réglée. Marcel part aussi. Il était le seul à prodiguer un peu de bienveillance à Eléonore qui, se retrouvant seule avec une mère rigide et presque perverse, s'effondre. Cette guerre c'est la première barbarie, une horrible boucherie que les hommes ne comprennent pas. Ces paysans laborieux qui se retrouvent dans la boue, les tripes dans les mains, la terreur dans la tête ignorent tout du pourquoi et du comment, ils meurent pour rien. Décrite avec une précision chirurgicale, le passage est terrifiant et encore plus car on mesure le non-sens de toute cette frayeur avant la mort... comme des bêtes à l'abattoir. De ces charniers Marcel reviendra avec la gueule cassée, défiguré. Il reprend sa place toujours sans un mot mais désormais il boit beaucoup et fume autant : Il souffre. Il épouse Eléonore, on ne sait pas s'il s'aime, c'est comme ça, un cycle de vie. La ferme se transforme Marcel développe l'élevage des cochons mais c'est Henri son fils qui en fera une énorme exploitation. Ses deux fils Serge et Joël deviendront les bras de cette usine à viande qui va engloutir la famille. La barbarie de l'élevage industriel n'a rien à envier à la guerre de 14-18. Les hommes nagent dans la merde et les pesticides, les hurlements des bêtes, leur masse stressée submerge le récit. Les hommes frappent des bêtes terrifiées, fracassent les petits contre les murs. Henri entraine ses fils encore enfants à l'égorgement des bêtes sur de petits cochons. Les femmes deviennent folles, les enfants nagent dans la brutalité, seul Jérôme arrière petit fils d'Eléonore qui semble autiste, porte un regard différent sur ce qui l'entoure. Tout sent mauvais, Serge est alcoolique, sa femme Catherine dépressive, Joël dénigré. Le récit s'avance vers une fin désastreuse. Pourtant, j'ai perçu une lueur d'espérance dans l'évasion d'un verrat, "La bête", le reproducteur star de l'exploitation "quatre cent soixante-dix kilos, toise un mètre quarante au garrot pour quatre mètres de long", Henri se tuera en vain à le retrouver et lui (le porc) découvrira enfin ce que signifie courir sur la terre, la vraie. Une autre fuite paraîtra salvatrice, deux minces lueurs dans un récit qui ne donne aucune chance à ce monde fait de brutalité envers les hommes et les bêtes. La violence que les hommes exercent contre les bêtes est la même que celle qui les conduit à s'entre-tuer. Des personnages pas sympathiques, un récit glaçant mais que l'on dévore d'une traite, peut-être parce qu'il dit la vérité sur la nature de l'homme et c'est toujours bien d'y voir clair.

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Une éducation libertine

Une éducation libertine rappelle bon nombre de classiques des XVIIIe et XIXe siècles, mettant en scène un jeune homme prêt à tout pour conquérir sa place dans la haute société. Parti de rien, Gaspard a quitté Quimper et la ferme familiale pour Paris : de la Seine à l’atelier d’un perruquier, des bordels aux meilleurs salons parisiens, il gravit rapidement les échelons de la société.



Il rencontre tout au long de son parcours plusieurs personnages qui joueront un rôle clef, influençant sa réussite ou déterminant les changements qui s’opèrent en lui. Parmi eux: Lucas, qui lui trouve un premier métier ; Billod, maître perruquier émoustillé par le jeune provincial ; le comte de V., amoral et qui, sans avoir la prestance d’un Valmont, est le personnage qui m’a le plus séduite ; Emma, la prostituée au grand cœur ; les d’Annovres, sans autre intérêt que leur fortune et leur cercle d’habitués ; Adeline, leur fille, qui devine l’imposture de Gaspard ; enfin le baron de Raynaud, décati mais plein d’ardeur.



D’abord un peu trop simple, trop grossier pour le raffinement de la vie qu’il ambitionne, Gaspard apprend l’art et la manière de s’exprimer et de se comporter en société. Il découvre à ses dépens que les hommes ne sont pas toujours fiables et, avant d’atteindre son but, passe à plusieurs reprises de l’espoir à la déchéance avant de décider de prendre son destin en main.



Personnage ambitieux, Gaspard évoque Rastignac, dans un roman aux influences littéraires multiples – et lorsqu’il n’y a peut-être pas de rapport direct, on peut malgré tout faire quelques rapprochements : Balzac, mais aussi Maupassant et son Bel-Ami ; Zola avec l’expression récurrente « ventre de Paris » et des scènes évoquant les parvenus des Rougon-Macquart ; Le Parfum de Süskind, notamment avec l’introduction de Paris, personnage à part entière, ville monstrueuse, bassement humaine, éructant, exhalant un remugle immonde ; évidemment Laclos et Sade, dont les Infortunes sont vendues sous le manteau, tandis que le comte Etienne de V. semble issu d’un accouplement sulfureux entre Valmont et Dolmancé. J’ai aussi pensé à Ambre, l’héroïne du roman éponyme de Katrin Winsor qui évoque la détermination d’une jeune campagnarde prête à tout pour conquérir titre et fortune dans l’Angleterre de Charles II. Peut-être y a-t-il également dans ce roman une influence de Jean Teulé, d’après ce que j’ai pu lire de son récit sur François Villon.



J’ai beaucoup apprécié l’aspect ambitieux de ce texte à l’écriture soignée, au langage savamment travaillé, au vocabulaire assez riche (malgré un champ lexical du corps et de ses sécrétions peut-être trop récurrent), aux métaphores nombreuses. C’est un roman fleuve comme on en trouve finalement assez peu aujourd’hui dans la littérature française – du moins c’est mon impression. Moins de poésie, d’introspection. Plus de narration, dans la tradition des grands classiques. J’ai vraiment savouré ce choix qui confère un caractère assez inédit à ce roman. A noter que quelques personnages évoluent en marge du récit, le temps de quelques pages. Ce focus sur d’autres habitants de la capitale tentaculaire suscite la curiosité du lecteur et relance parfois l’action en observant la scène sous un angle inattendu.



Pourtant je ne suis pas totalement convaincue : Une éducation libertine rappelle énormément Le Parfum par son introduction (voire même en général, par le caractère vampirique et autodestructeur de Gaspard). Il peine à s’affranchir de ses nombreuses influences. Les personnages sont à mon avis un peu stéréotypés et ont pour beaucoup un petit air de déjà vu. Antipathique au possible, Gaspard m’a fait mourir d’ennui avant de jouer les arrivistes. Et c’est au final cette première partie (environ 200 p) que j’ai trouvée très longue, en particulier lors de l’apprentissage de Gaspard et de sa relation avec Etienne, avec des descriptions qui me semblaient redondantes et un héros qui ramait, brassait de l’air mais n’avançait certainement pas. Plus séduite par d’autres personnages que l’on ne connaît que superficiellement, j’ai mis trop de temps à m’intéresser au destin de Gaspard, malgré une deuxième partie lue d’une traite et vraiment appréciée (à part les descriptions de la chair mutilée du héros, qui m’ont finalement donné la nausée – mais cela ne m’était jamais arrivé lors d’une lecture et doit très certainement compter parmi les réussites du roman).



J’attendais peut-être un peu trop de ce roman mais Jean-Baptiste del Amo est sans aucun doute un écrivain prometteur que je serais curieuse de relire un jour. Et, malgré mes réserves, Une éducation libertine est un bon roman, voire plus encore.



Merci beaucoup à Gallimard et à Guillaume Teisseire, chef d’orchestre organisé et toujours très sympathique !
Lien : http://www.myloubook.com/arc..
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Le fils de l'homme

Je ne vais certainement pas raconter tout ou partie de l’histoire ; d’autres s’en sont très bien chargés. Mon propos est simplement de faire part de mon ressenti.

J’ai le sentiment d’avoir lu un livre puissant. A certains moments, j’ai pensé à Giono : la nature est exaltée, le vocabulaire est très choisi ; par instants, nous sommes dans de la pure poésie.



D’après moi, c’est un livre à ne pas rater

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Le fils de l'homme

Si la quatrième de couverture résume parfaitement l'histoire (sans révéler le dénouement bien sûr), elle ne dit pas ce qui fait la force de ce roman, les choix narratifs et le style de l'auteur.

Curieusement le récit commence à la préhistoire : un fils fait auprès du père l'apprentissage de la chasse, scène violente reprise à la fin du roman quand l'enfant, personnage principal, la découvre peinte sur les parois d'une grotte où il se réfugie pour fuir le père devenu fou.

L'auteur choisit le point de vue de l'enfant d'une dizaine d'années qui note, observe tous les détails des comportements des adultes, ce qui permet au lecteur d'anticiper le drame à venir.

Le roman est aussi un hymne à la nature et au vivant sous toutes ses formes, au lien puissant qui relie la mère à l'enfant.

Il montre enfin comment, par une sorte de fatalité, l'être humain reproduit les mêmes violences de génération en génération.

Une histoire poignante, une très belle plume que je découvre.

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Le fils de l'homme

deux étoiles pour la beauté du texte uniquement car je l ai fini en diagonale. lu comme un beau tableau que l on regarde en apercevant toutes les petites touches. mais lent, si lent et contemplatif et de fait si long.... j avais adore son roman le sel . j essayerai règne animal.
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