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Citations de Jean Baubérot (22)


Les officiers et divers administrateurs coloniaux se sont, en quelque sorte, progressivement inspirés du modèle concordataire en faisant passer « le culte musulman » en Algérie sous la dépendance financière des autorités coloniales et, de ce fait, ils ont instauré une forme de Concordat avec l’islam qui ne disait simplement pas son nom.
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Certes, depuis 1998, le Centre d’action laïque (CAL) a formulé une distinction essentielle entre laïcité politique et laïcité philosophique.

La première se rapproche fortement de la laïcité à la française : elle implique « l’autonomie des pouvoirs publics » vis-à-vis des Églises et des groupements philosophiques, quels qu’ils soient, et « la garantie de l’autonomie de la sphère privée de tous les citoyens quant à leurs conceptions philosophiques et religieuses ».

La seconde implique quelque chose de plus : l’adhésion à une conception de la vie que recouvre le terme « humanisme » et qui se caractérise par « une éthique dont les fondements sont étrangers à tout principe divin ou surnaturel », tout en comportant certaines valeurs positives comme l’égalité, l’émancipation, la quête du bonheur, la solidarité… On s’aperçoit que la laïcité politique inclut les croyants (« c’est une conception non agressive à laquelle peuvent adhérer les croyants de n’importe quelle religion ainsi que les incroyants ») alors que la laïcité philosophique les exclut, car cette dernière entend promouvoir des hommes et des femmes se référant au « libre examen » et à l’« humanisme », et non « à un texte sacré, à un catéchisme ou à quelque autorité absolue » : or, dans le sens qu’utilise le CAL, « l’humaniste fait l’hypothèse ou a la conviction que l’homme est sa propre référence et non qu’il doit fonder ses valeurs sur une transcendance extérieure à l’humanité, qui le précède et le dépasse ».
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Jaurès porte alors l’estocade : historiquement, « la France n’est pas schismatique, elle est révolutionnaire ». Au xvie siècle, quand « ce grand mouvement de la Réforme » grandit en Allemagne, en Angleterre, en Hollande, la France ne suit pas : était-elle « au-dessous de la Réforme » ?

Au contraire : « C’est parce que notre génie français avait cette merveilleuse audace d’espérance et d’affirmation de la pensée libre, qu’il s’est réservé devant la Réforme afin de se conserver tout entier pour la Révolution.
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Dans le meilleur des cas, dans les dénonciations faites, c'est la répartition dite du « pâté de cheval et d'alouette » ! Ce qui est alors d'abord en jeu, c'est l'écœurant conformisme de ceux qui passent leur temps à fustiger les minoritaires et les exclus, mais ne sont que bassesse et obséquiosité à l’égard des dominants
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Au XVIIIe siècle, les pensées prélaïques se multiplient. Le juriste hollandais Grotius postule l’existence d’un contrat initial par lequel les humains ont renoncé à l’état de nature ; le droit naturel émane avant tout de la sociabilité humaine et vaudrait même si Dieu n’existait pas.

Les Traités de Westphalie se situent dans cette perspective. Selon Hobbes, observateur des troubles politico-religieux en Angleterre, pour échapper à l’état de guerre et de crainte mutuelle, les humains donnent un pouvoir artificiel, mais illimité au Prince. La fragmentation du christianisme, la diversité des opinions qui en résulte mettent fin à la distinction entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel : le Léviathan est désormais le seul souverain.

Spinoza prône la « liberté de penser » et affirme que « l’exercice du culte religieux et les formes extérieures de la piété doivent se régler sur la paix et l’utilité de l’État », source du droit civil et du droit sacré (Traité théologico-politique, 1670). Face aux persécutions liées à la révocation de l’édit de Nantes, Bayle récuse toute contrainte en religion et, aspect novateur en Europe, estime que l’athéisme ne nuit pas au lien social.
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Mais que faut-il entendre par « laïcité » ? Pour son premier théoricien, Ferdinand Buisson, celle-ci résulte du « lent travail des siècles » où les « diverses fonctions de la vie publique » se sont « peu à peu distinguées, séparées les unes des autres, affranchies de la tutelle étroite de l’Église ». Ce processus relève d’une sorte de « préhistoire » de la laïcité. Jusqu’à 1789, en effet, le clergé conserve « un droit de surveillance, de contrôle et de veto » sur les différents pouvoirs et « l’ensemble de la vie publique et privée ». La Révolution française constitue donc le point de départ de l’histoire de la laïcité en France. Avec elle apparaît « l’idée de l’État laïque, neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique ». Cela permet « l’égalité de tous les Français devant la loi, la liberté de tous les cultes, la constitution de l’état civil et du mariage civil et l’exercice de tous les droits civils, désormais assurés en dehors de toute conviction religieuse ».
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Table des matières

Chapitre premier – Réforme et protestantisme
Les trois caractéristiques de la Réforme


Chapitre II – La formation du protestantisme
Le luthéranisme
En Suisse, d’autres protestantismes
La création des Églises réformées en France
L’Angleterre ou un protestantisme tempéré
« Nouvelle religion », nouvelle culture


Chapitre III – La modernité protestante
Les Provinces-Unies et la création d’une société pluraliste
Modernité et révolution en Angleterre
Le protestantisme en Amérique anglaise
Puritanisme et capitalisme


Chapitre IV – Difficultés et renouveau
La guerre de Trente ans et ses conséquences
Orthodoxie et piétisme
En France, de l’Édit de Nantes à sa révocation


Chapitre V – Des Lumières aux Réveils
Lumières et néopiétisme
Les Réveils du XVIIIe siècle
Évolution des Réveils au XIXe siècle


Chapitre VI – Le protestantisme contemporain
L’expansion par les missions et ses suites au XXe siècle
Pluralisme et laïcisation
Critique biblique, libéralisme, christianisme social
Recherches théologiques et essor du courant évangélique
Développement de l’œcuménisme
Nouveaux défis
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Tenter de se faire historien de soi-même dans le souci non pas de l’exceptionnel, mais du commun : ce qui se partage, ce qui s’échange, ce qui rapproche
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"Gratuite, laïque et obligatoire", telle serait l’école depuis Jules Ferry. L’affirmation est fausse. L’instruction est obligatoire, l’école publique est gratuite et laïque. Précision capitale : jamais la liberté de l’enseignement n’a été abolie ni même le droit d’une instruction à domicile. Cependant un certain lien unit obligation et laïcité. Ferry s’est demandé comment respecter la liberté de conscience quand on rend l’instruction obligatoire. La solution fut la création de l’école publique laïque, une des réformes les plus fondamentales réalisées de façon démocratique en France.
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Hérétique face aux politiciens et aux adultes, englués dans la guerre d’Algérie ; hérétique face à la distribution des rôles entre garçons et filles ; hérétique, enfin, face au nouveau pasteur et au conseil presbytéral, ensemble de laïcs qui, en protestantisme, dirigent une paroisse
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Au vu de la diversité des situations et de la difficulté à appliquer le principe de laïcité dans l'enseignement secondaire, il nous a semblé nécessaire d'apporter un certain nombre d'éclairages sur des questions, tant théoriques que pratiques, qui peuvent se poser à l'ensemble de la communauté éducative (personnels, élèves, familles).
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Le protestantisme fait émerger dans l'histoire du monde occidental un doute sur l'origine divine de toute autorité humaine.
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Une partie des textes de l'Encyclopédie est, en fait, une paraphrase d'écrits de huguenots du Refuge qui diffusent ce que l'Europe protestante a produit d'important en matière de droit, de science et de philosophie.
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La mise en cause radicale de l'autorité ecclésiastique s'effectue au nom de trois folies spirituelles : « Dieu seul », « l'Écriture seule », « la grâce seule ». (...) éléments prédicatifs essentiels, créateurs de tensions avec les contraintes de la vie de chaque jour, de l'action historique et rappels d'une « vocation particulière ». Chaque « seul » est en lui-même lourd de potentialités de ruptures : ruptures permanentes, ruptures nouvelles en fonction de l'environnement historique.
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Le terme de « protestantisme » est donc né de façon circonstancielle. Souvent des protestants se montrent un peu gênés de la composante politique alors présente. Ils interprètent le terme de « protestant » dans un sens purement religieux : la protestation contre certaines coutumes, traditions ou structures de l'Église catholique romaine au nom du droit que possède chaque chrétien de répondre librement aux éxigences de la Parole de Dieu telle qu'il la reçoit par la foi et le témoignage intérieur du Saint-Esprit.
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La laïcité française semble familière aux Français. Ce qui s’est passé est notoire : tant de récits mettent en scène la querelle entre l’instituteur et le curé…Hors de l’Hexagone, quand on s’y intéresse, on dépend souvent de la version donnée par les Français de « leur » laïcité.
Cette familiarité, voire cette passion constituent des écrans à une connaissance de la laïcité. L’affirmation a de quoi surprendre. Pourtant, depuis quelques décennies, l’écart s’est creusé entre le savoir historique d’une part, la mémoire et la réputation de l’autre.
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Le gallicanisme est issu de la politique religieuse des rois de France. On peut le définir par trois éléments : d'abord le droit de l'État d'intervenir dans les affaires religieuses ; ensuite ce droit s'accompagne d'un devoir de protection envers la religion d'État, le catholicisme ; enfin conséquence des liens étroits entre l'État et cette religion, l'autonomie du catholicisme français par rapport à Rome.
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Jusqu’à la « nouvelle laïcité », la xénophobie cependant ne prend guère le masque de la laïcité. Et pourtant les prétextes n’auraient pas manqué. Après la laïcisation de l’école publique en 1882, dans de nombreux villages et villes du Nord, beaucoup d’« ouvriers belges flamands montraient une certaine “fidélité” au catholicisme ». La laïcité se montre alors accommodante : les fonctionnaires de l’Académie « tolèrent le maintien des crucifix et des prières dans les classes [de l’école laïque], et l’accompagnement [par les instituteurs] des enfants à la messe. Même si le catéchisme est récité [à l’école laïque], ils s’abstiennent de sévir ». La situation évolue seulement au tournant du siècle avec le développement du socialisme et le changement de mentalité des immigrés. Donner du temps au temps, respecter le rythme de chacun, compter sur la dynamique sociale, c’est ce que la « nouvelle laïcité » ne veut et ne sait pas faire. Manque d’intelligence pour certains, hostilité consciente ou non à l’étranger pour d’autres. Un peu des deux pour beaucoup.
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Comme le souligne le Strasbourg Consortium [on] Freedom of Conscience and Religion at the European Court of Human Rights, la distinction entre laïcité et laïcisme, entre secularity et secularism est essentielle : “[…] Le premier est un composant fondamental du pluralisme libéral et un bastion contre l’extrémisme religieux, le second est une idéologie égarée voire dangereuse qui peut dégénérer en son propre fondamentalisme dystopique”.

Jean-Paul Willaime
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Jules Ferry était partisan de la liberté d’enseignement.Il expliqua clairement pourquoi au Sénat. […] Par ailleurs, ajouta-t-il, il ne faut pas aboutir, au plan des principes, « à une sorte de religion laïque d’État », ni « imposer aux consciences une foi philosophique » comme d’autres ont voulu par le passé « imposer une foi religieuse ».
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