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Critiques de Jean Birnbaum (42)
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Un silence religieux

Voici un essai clair et précis qui permet au lecteur de mieux comprendre les rapports que la gauche, depuis ses racines historiques jusqu'à l'époque contemporaine entretient avec le fait religieux au sein de la société. Souvent encombrée, mal à l'aise, elle préfère l'évacuer plutôt que de considérer en face la conviction qui anime son principe même. Conviction profonde et sans frontières.

Jean Birnbaum analyse avec intelligence ce rapport complexe et ambigu au cours de l'histoire et plus particulièrement dans la période contemporaine où l'Islam et le phénomène djihadiste occupent la place que l'on connaît.
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Le courage de la nuance

Dans « Le courage de la nuance » , Jean Birnbaum a produit un bel essai sur les vertus d’une pensée éprise de nuances et de sincérité. Il offre une relecture d’auteurs phares de la pensée du 20ème siècle qui peuvent, et devrait même, nous inspirer encore aujourd’hui, alors que la pensée binaire semble de nouveau écraser toute pensée complexe.

A l’issue de la lecture de cet essai, on n’a qu’une envie : se replonger dans les œuvres de Germaine Tillion, Hannah Arendt, Camus ou Aron !
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Le courage de la nuance

un livre salutaire dans un contexte général plus que manichéen. la tendance n'est plus seulement d'être d'un "camp" ou de son opposé, mais d'être d'un "camp" et de lyncher virtuellement l'autre. L'auteur rappelle la nécessité de la nuance intellectuelle et comportementale, de l'acceptation de la pensée de l'autre. On retrouve un fil rouge avec Caroline FOUREST (génération offensée), Elisabeth ROUDINESCO (soi-même comme un roi) : le péremptoire l'emporte sur la raison, les réseaux sociaux (zéros socios?) amplifiant le phénomène. On est bien loin de "je ne pense pas comme vous, mais je me battrais pour que vous puissiez vous exprimer"
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Le courage de la nuance

Dans une société où l’on ne fait plus attention à l’autre, où l’on ne prend plus le temps de dialoguer, de peser ses mots, d’apprendre à se taire quand il le faut, nous devrions tous lire ce livre.



La nuance, c’est apprendre à douter, à se méfier de ce que l’on nous dit. C’est se remettre en question, ne pas croire que l’on sait tout, mais chercher. C’est aussi faire preuve de franchise, oser dire ce que l’on pense. La nuance c’est rire, jouer avec l’humour, prendre de la distance sur les choses, s’éloigner quand il le faut. Mais la nuance est avant tout un courage, car il est bien souvent compliqué de ne pas choisir de camp.



À l’ère des réseaux sociaux, des critiques faciles et des opinions tranchées, revenons au dialogue, pesons chacun de nos mots, usons de l’humour, abusons de la franchise. Ayons enfin, le courage de la nuance.



@lecturesauhasard
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Seuls les enfants changent le monde

J'ai pris ce livre un peu par hasard dans les rayons de la librairie, préoccupée que je suis par le bien fondé de mettre un enfant au monde... dans ce monde.



Jean Birnbaum aborde d'abord l'enfant comme objet philosophique ... ou plutôt comme objet non-philosophique puisque très peu de philosophes classiques lui ont laissé une place dans leur œuvre. d'Aristote à Rousseau, l'auteur survole les siècles de philosophie sur lesquels repose notre société et l'enfant n'y a que très peu de place en temps que tel. Peut-être est-il temps de revoir notre rapport à l'enfant ... Et c'est ce que suggère la suite : Hannah Arendt, Bernanos, Barthes,... autant de philosophes ayant envisagé l'enfant différemment. Cette partie est passionnante.



L'auteur étend ensuite sa réflexion aux milieux militants, puis à la Shoah avec cette même question : quelle est la place des enfants ? faut-il ou non en avoir? S'il ne donne jamais de réponse et qu'il n'écrit pas ici un plaidoyer, on sait d'avance que l'auteur est de parti pris - ce dont il ne se cache pas.



J'ai bien aimé cet essai qui a le mérite d'être très documenté et de permettre d'ouvrir la réflexion au-delà du débat "ceux qui veulent des enfants sont égoïstes / ceux qui n'en veulent pas sont tout aussi égoïstes".



J'ai toutefois un ou deux bémols : sa complexité, à plusieurs égards. Ce n'est pas un livre très accessible pour qui serait rouillé en philo... et pour qui vient de mettre un bébé au monde. L'auteur y retranscrit des témoignages de survivants de la Shoah, entre autres, particulièrement durs à supporter. Bien qu'ils soient autant de piqûres de rappel souvent nécessaires, je ne m'y attendais pas et je les ai trouvé pénibles à lire.



Enfin... voilà une bibliographie bien masculine pour parler d'enfants et d'enfantement. On ne peut pas enlever à l'auteur ses efforts pour féminiser sa liste de philosophes, mais une grande place est accordée aux auteurs ici, et si peu aux femmes - aux mères - pour parler des enfants. C'est bien souvent sous la plume d'un homme qu'est décrite la relation mère - enfant. Et c'est dommage, cela aurait pu donner un tout autre livre ...
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Le courage de la nuance

L’idée défendue dans « Le courage de la nuance » est,comme son titre l’indique, d’oser la nuance dans un monde où il est désormais difficile de s’exprimer librement, avec nos doutes et nos contradictions.Birnbaum reprendra à plusieurs reprises la sentence d’Albert Camus qu’il fera sienne : « Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison ».

Nous ne pouvons être que d’accord avec le constat de l’essayiste : Il est désormais difficile de débattre en public. D’un côté, on n’ose plus critiquer « ceux de son clan » et de l’autre, on charge à bout portant sur l’adversaire avec l’objectif d’enterrer l’ennemi vivant, avant même qu’il ait pu ouvrir la bouche. Il s'ensuit une polarisation des débats où les extrêmes obtiennent la parole, la rendant par le fait même homogène. L’un des objectifs du livre, il me semble, est de nous inviter à la discussion, à réinvestir le débat !

À suivre son propos, ce n’est pas parce que nous sommes d’accord avec son idée, avec son constat que l’on doit s’accorder avec tout ce qu’il affirme, au contraire. Je prends alors la balle au bond pour soulever certains questionnements qui me sont apparus lors de cette lecture, somme toute très bien menée, agréable lors de la lecture. D’abord, nous pouvons nous questionner sur le choix des auteurs présentés, grandes figures d’intellectuels que sont Camus, Orwell, Arendt, etc. S’il est effectivement réconfortant de retrouver ces grandes figures, il me semble que la prise de risque (le courage!) aurait pu être plus grande afin de mieux asseoir le propos. Parler de Woody Allen, de Peter Handke aurait certainement donné une autre saveur à la nuance, l’aurait du moins porté à un autre niveau. Critiqué Camus, ou Hugo, comme l’avait fait Calaferte dans ces carnets, voilà qui nécessite de la précision, de la nuance. En fait, j’aurais aimé connaître les auteurs, polémiques, contemporains, que l’essayiste aurait secrètement aimé présenter, ceux qui ne font pas l’unanimité, les marginaux,les nuancés (si cela est encore possible), d’aujourd’hui. 

Il est vrai cependant que les propos de ces écrivains et intellectuels,à leur époque respective, n’étaient peut-être pas si évidents à tenir, mais avec les années, ces mêmes propos me semblent avoir perdu de leurs mordants. Si ce choix peut être défendu selon d’autres critères, comme celui de« recouvrer l’espoir » ce recours fait surgir une autre question, plus profonde sur notre époque. À plusieurs moments, Jean Birnbaum relate les disputes, querelles, que ces différents auteurs ont dû essuyer, pour montrer que la nuance, ne veut pas dire effacement, dérobade, mais qu’elle est radicale à un point qu’elle peut entraîner des ruptures, des isolements, des solitudes. Les propos sont parfois virulents, parce que exigeants. Si l’on est d’accord sur le fond, à plusieurs reprises, les citations présentées dans l’essai, retirées de leur contexte, semblent parfois bien près des reproches adressés par l’auteur à la haine, ou la méfiance, qui déferlent sur les réseaux sociaux. C’est devant les énervements de Camus, de Arendt que les questionnements apparaissent : Pourquoi lorsque Barthes lance « ce film est de la merde », il y a courage, alors que lorsqu’il s’agit d’un internaute cela s’appelle de la brutalité ? Pourquoi les auteurs mobilisés, d’ailleurs, proviennent-ils tous de l’époque avant la fin des grands récits pour reprendre l’expression de Lyotard ? Cette question en soulève une autre, plus fondamentale, il me semble, celle de l’autorité. Qui a autorité pour dire son opinion, aujourd’hui ? Qui est légitime, au moment où tous peuvent émettre leur opinion ? Il me semble que ce soit l’un des enjeux centraux que soulève les réseaux sociaux autant que les média en général. Qui a autorité lorsque tous ont droit à la parole ? C’est cette question que j’aurais aimé voir formulée (et développée) par l'auteur du «  courage de la nuance ».
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Le courage de la nuance

Un livre passionnant et tellement d'actualité tellement la nuance n'est plus à la mode.

Je n'ai pas le talent de l'auteur pour écrire (même un résumé) sur le sujet sans laisser transparaitre mon avis.

Donc je ne peux que vous conseillez de lire et faire lire ce livre.
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Le courage de la nuance

Le journaliste et critique littéraire Jean Birnbaum nous invite à renouer avec la nuance à l’heure des oppositions binaires et sans issues.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Les maoccidents

Birnbaum Jean - "Les maoccidents : un néoconservatisme à la française" Stock, 2009 collection "parti pris" (ISBN 978-2-234-06347-1).



Encore un de ces écrits hâtifs et superficiels émanant de la plume d'un journaliste «fils de». Comme l’indique la quatrième de couverture, l'auteur a 35 ans, il est donc né aux environs de 1974, et son papa a veillé à ce qu’il reçoive une «brillante» éducation.

Le voilà bien armé pour écrire sur une période qu'il ne connaît pas (les années d'après-mai-1968), sur un mouvement qu'il n'a pas pu connaître (la "gauche prolétarienne") et exposer de façon aussi tendancieuse que possible ce que les initiateurs de ce mouvement sont aujourd'hui devenus. On se demande bien en quoi cela peut le concerner ! S'il prend tant de plaisir à dévoiler la vie privée et publique de ses victimes, il ferait bien de préciser la sienne, ça nous ferait rire un peu.



En fait, son objectif est simplet : il tient à tout prix à enfermer ces gens dans un bocal étiqueté "néoconservatisme" et à exhiber son appellation "maoccident" dont il est visiblement très fier (p. 122) : comme la plupart de ses homologues plumitifs, il rayonne d’auto-satisfaction. Dès les premiers feuillets, il atteint d'emblée au comble du ridicule par sa dédicace "pour Judith, ma femme, qui transmet la vie comme elle porte le texte" : en matière de conservatisme, l’expression «ma femme» (ma voiture, mon chien, mon boulot) en dénote déjà une bonne dose...



Sur un tel sujet, mieux vaut – et de loin – lire les témoignages de celles et ceux qui en furent les témoins directs (Linhardt père et son «établi», ainsi que le bel hommage rendu par sa fille, Benny Lévy, Rotman et Hamon, Jean-Claude Milner etc. la liste est fort longue, sans oublier la vue trotskyste de Thierry Jonquet…).

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Seuls les enfants changent le monde

Après son populaire essai «Le Courage de la nuance», Jean Birnbaum s’attaque à un tout autre sujet et propose avec «Seuls les enfants changent le monde» un petit éloge intime et philosophique des enfants. En réaction à la nouvelle tendance des «No kids» qui croient que fonder une famille relèverait d’une catastrophe intime ou écologique, il répond plutôt qu’il n’y a pas d’espoir sans bambin. Les nouvelles générations permettraient aussi de douter de nos propres convictions et parfois même de modifier les mœurs d'une société. La philosophie occidentale a très peu pensé aux jeunes gens, comme si ces humains en formation n’étaient pas un objet digne de penser. En faisant dialoguer des penseuses et penseurs (Hannah Arendt, Roland Barthes ou Rosa Luxemburg...), le journaliste nouvellement papa fouille très bien la thématique fondamentale de nos existences.
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Seuls les enfants changent le monde

Le livre “Seuls les enfants changent le monde” de Jean Birnbaum se penche sur l’enfance et montre comment la naissance d’un enfant remet en question nos certitudes. L’auteur explore cette expérience banale mais peu étudiée par les penseurs : devenir parent. Comment cela affecte-t-il notre relation aux autres et notre vision du monde ?

Sur un plan historique et littéraire, il souligne que peu de philosophes classiques (y compris Rousseau) lui ont accordé une place dans leurs œuvres. D’autres penseurs plus contemporains, tels qu’Hannah Arendt, Georges Bernanos ou Roland Barthes, ont envisagé l’enfant différemment et lui donnent plus de place.

Comment ces idées ont impacté notre rapport à l’enfant ? Il prend trois cas : les militants de Lutte Ouvrière qui ne doivent pas avoir d’enfant pour mieux se consacrer à leur cause, les adultes qui ont vécu la Shoah et remettent parfois en cause le fait d’avoir ou non et les partisans du « No Kids » qui regroupent toutes sortes de raisons.

Bien qu’il ne donne pas de réponse tranchée, Birnbaum exprime clairement son parti pris. Ce livre documenté invite à repenser notre rapport à l’enfance et à considérer la solidarité entre l’espoir d’une société meilleure et la promesse de la vie transmise.

En somme, “Seuls les enfants changent le monde” nous incite à réfléchir sur l’avenir, la fraternité et l’émancipation, en reconnaissant que les générations futures jouent un rôle crucial dans notre destin collectif.

Trois idées que j’ai retenues :

1. L'enfant est un philosophe subversif : l'enfant, depuis sa naissance, remet en question nos certitudes et nos préjugés. Sa simple existence nous invite à réfléchir sur notre rapport aux autres et à notre vision politique du monde.

2. Solidarité entre espoir et promesse de la vie : malgré les débats contemporains sur la procréation et l'écologie, il affirme qu'il n'y a pas d'émancipation sans générations, pas d'avenir sans enfants, et pas de fraternité sans bébés.

3. Exploration des auteurs et expérience personnelle : L'auteur puise dans sa propre expérience en complément de divers auteurs.

Trois limites à prendre en compte:

1. Simplification des expériences parentales : Le livre peut sembler généraliser l'expérience de devenir parent. Cependant, chaque parent vit cette expérience de manière unique, et les effets sur le rapport aux autres et la vision politique peuvent varier considérablement.

2. Omission des aspects négatifs de la parentalité : il ne traite peut-être pas suffisamment des défis, des sacrifices et des moments difficiles que la parentalité peut entraîner. La réalité de l'éducation des enfants est complexe et nuancée.

3. Manque de prise en compte des contextes sociaux et économiques : Les inégalités, les politiques familiales et les ressources disponibles ont un impact significatif sur la façon dont les parents perçoivent leur rôle et leur relation aux enfants.

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Seuls les enfants changent le monde

Jean Birnbaum dissèque la façon dont la parentalité vient bousculer notre rapport au monde. Et pour le meilleur ! Se refusant à voir la procréation comme une catastrophe écologique, l’essayiste assure, au contraire, que « l’enfant maintient ouvert la pluralité des mondes ».
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
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Être humain ?

Un fil rouge traverse ainsi l’ensemble de l’ouvrage : l’exploration du visage de l’Autre — ou des visages pluriels de l’humain. Il nous invite à mesurer la fragilité de nos définitions de l’humanité et ainsi à admettre la vulnérabilité des humains qui la composent.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le courage de la nuance

Jean Birnbaum a fait oeuvre utile, indispensable même. Aussi surprenant que cela puisse apparaitre, ou du moins, pouvait apparaitre, il y a dix ans encore, prendre part au débat avec nuance demande désormais du courage. Notre société a glissé dans une épouvantable polarisation, du fait notamment des réseaux sociaux, mais uniquement de ce fait et il n'est plus que des positions radicales, drapées de grandes certitudes et d'un dédain marqué pour tout qui ne partage pas pleinement ces positions. Les autodafés pourraient rapidement revenir. Dans ce contexte, quel bonheur de voir un auteur rappeler à la barre, les grands esprits nuancés du passé : Albert Camus, Raymond Aron, Hannah Arendt parmi d'autres. Comme il le dit dans son introduction, ces certitudes sans nuances nous oppressent. Ces penseurs apportent un vent frais mais il est à espérer que leurs contemporains puissent prendre la relève au plus, ici, en Europe. Lecture bienfaisante.
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Le courage de la nuance

Contre la pensée dogmatique et l’esprit de meute, le journaliste et essayiste propose «Le courage de la nuance».
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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Le courage de la nuance

Un essai assez court (voire trop court) qui revient sur plusieurs écrivains ou philosophes qui défendaient le choix de la nuance comme une capacité au dialogue et un refus du sectarisme, de l’affrontement obtus, du jusqu’au boutisme - certains comme Germaine Tillion ont été critiqués (par Simone de Beauvoir par exemple) pour leur tiédeur voire leur lâcheté là où ils étaient simplement dans la recherche de la compréhension mutuelle.
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Le courage de la nuance

Dans notre époque actuelle ou c’est celui qui crie le plus fort qui se fait entendre ou les jugements se font en meute il est bon de lire la parole des sages comme Camus, Raymond Aron’ George Bernanos , Orwell , Hannah Arendt’ Germaine Tillion et Roland Barthés. Dans ce monde où personne ne s’écoutent que de sages paroles.

Un livre à lire absolument, indispensable
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Le courage de la nuance

Al’heure où les réseaux sociaux et les débats audiovisuels véhiculent haine et crispations identitaires, le journaliste au Monde prône un retour au “Courage de la nuance”.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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L'identité, pour quoi faire ?

En trois ouvrages, chacun selon un axe différent, la notion d’identité se trouve établie, critiquée et enfin détournée de l’intérieur par un jeu de résistance qui la désarticule.




Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Tous philosophes ?

Tombé dessus par hasard dans une librairie, alléché par le titre « Tous philosophes », cet ouvrage reprend certaines contributions au 30ème Forum Philo Le Monde / Le Mans de novembre 2018.



Première chose qui saute aux yeux, le nombre important de femmes philosophes présentes. Notamment Elsa Dorlin, Cynthia Fleury, Nadia Yala Kisukidi et d'autres peut-être moins connues.



La thématique choisie comporte deux simples termes qui ne manqueront pas de soulever de fécondes questions : En premier lieu : Tous comprend-il tout le monde ? les classes les plus pauvres ? les cultures non occidentales ? les femmes ?



Sur ce dernier point, c'est tout à l'honneur du comité d'organisation d'avoir anticipé cela en invitant quasiment autant de femmes philosophes que d'hommes.



Dans l'ensemble, le fameux Tous suggère en creux de nombreux impensés :

Anne Cheng se demande si Tous comprend la philosophie orientale, et notamment chinoise. Anoush Ganjipour fait à peu près le même discours à propos de la Perse et Nadia Yala Kisukidi pour l'Afrique. Juliette Morice, elle, rappelle à la mémoire des auditeurs un autre continent oublié de la philosophie : la philosophie analytique.

Roger Pol-Droit disserte assez scolairement – et en accumulant un nombre improbable de poncifs philosophiques dans une si courte intervention ! – sur le caractère élitiste ou ouvert du questionnement philosophique. Le sociologue Jean-Louis Fabiani reconnaît, avec une grande modestie, que la sociologie n'a pas enterré ce questionnement pluri-millénaire et choisit d'orienter sa réflexion sur l'intellectuel médiatique.

Elsa Dorlin se cantonne pour sa part à un registre historiographique : où sont passées les femmes philosophes ? Ce n'est pas tant qu'il n'y a pas eu de femmes philosophes que l'on ne s'est efforcé à en faire disparaître toutes traces. Lors de ses recherches, la philosophe a effectivement su exhumer plusieurs noms de femmes philosophes parfaitement inconnues, même par ceux d'entre nous qui pourraient être sensibles à ces questions.



Il serait difficile de développer ici chacune de ces interventions. Mais, par leurs propos extrêmement directs, audacieux et francs, surtout pour ce genre de manifestation grand public, je voudrais détailler un peu les interventions des philosophes Valérie Gérard et Catherine Malabou.





Catherine Malabou



Tous philosophes ? Dès le début de son intervention, Catherine Malabou renverse la table et souligne le paradoxe qu'il y a à poser cette question aujourd'hui.

Dans la tradition française, l'enseignement de la philosophie a une prétention universaliste inspirée des Lumières. De fait, l'enseignement de la philosophie est obligatoire dans les classes terminales depuis Napoléon !

« Si nous devions en effet être tous philosophes, dans un pays comme la France où la philosophie est obligatoire en terminale, philosophes, nous le serions déjà devenus. »



Nous n'avons pas encore trouvé la voie... C'est manifestement un échec.



La philosophe identifie en Sartre une première brèche entre la philosophie scolaire et universitaire et la philosophie que l'on nomme aujourd'hui populaire.

Sartre posa comme nécessaire le passage du professeur de philosophie au philosophe intellectuel. L'intellectuel est celui qui a pour fonction de « se mêler de ce qui ne le regarde pas ». Tandis que le professeur se cantonne à un rôle de technicien du savoir.

Être un intellectuel est plus une histoire d'attitude que de métier. En déclarant cela, Sartre faite évidemment de la philosophie une affaire politique et insiste sur la nécessité de s'engager.



Cette nécessité est d'ailleurs plus un état de fait, selon Catherine Malabou :

« Nous sommes condamnés à l'engagement de la même façon que nous sommes condamnés à être libres […] Je ne décide pas d'être ou non engagée car je suis toujours déjà engagée, comme je suis jetée dans le monde. »



Cependant, Catherine Malabou ne peut que déplorer le semi-échec de cette tentative de rendre la philosophie populaire. Si Sartre inaugure « la grande aventure des intellectuels médiatisés et de la philosophie 'produit de consommation' », le dernier avatar en date, Michel Onfray, lui semble tout autant victime de son succès. Pendant ce temps, la philosophie scolaire reste engluée dans le carcan de l'académisme universitaire. La philosophie est encore loin d'avoir trouvé la voix pour devenir véritablement populaire.





Valérie Gérard



Dans la même optique, alors que certains intervenants prennent le sujet comme une injonction du genre « comment faire pour que l'on devienne tous philosophes ? », Valérie Gérard2 rejette explicitement cette tentation de « faire un truc un peu démago : tout le monde peut-être philosophe... » et dénonce la fausseté de cette alliance entre Tous et Philosophes.

Comme celle de Catherine Malabou, l'intervention de Valérie Gérard est une véritable surprise. Elle tranche radicalement par sa franchise.



Valérie Gérard développe un questionnement et une réflexion des plus audacieuses, remettant en cause le statut même de philosophe dans sa masculinité.



D'une manière très humaine, Valérie Gérard évoque ses années estudiantines où ses amis masculins tenaient un groupe de réflexion en philosophie politique, à laquelle elle était bien sûr invitée mais ne se sentait pas d'y participer car de fait non mixte.

Ces discussions, elle les a fuit.

On a tendance à penser qu'il ne s'agit là que de timidité, de manque de confiance en soi, et que, dans un monde idéal, le groupe devrait tout faire pour que la femme se sente en confiance et puisse s'exprimer.



Valérie Gérard rejette cette énième condescendance. Fuir ces assemblées de discussion où il n'y a que des hommes ne relève pas d'un problème féminin de confiance en soi. C'est une manière de signifier qu'on ne se reconnaît pas dans cette pratique. Ce n'est pas une faiblesse mais un choix.

L'attitude adéquate n'est pas de faire plus de place pour que la femme se sente en confiance mais de tout changer pour que celles-ci aient envie de s'y exprimer.



Si l'expression « Tous philosophes » n'est pas neutre mais au masculin, ce n'est pas un hasard selon Valérie Gérard.

S'affirmer Philosophe, c'est quelque part revendiquer un statut qui donnerait une forme d'autorité pour s'exprimer dans l'espace politique.



La philosophe fait toutefois remarquer que « le fait que tout le monde ne soit pas philosophe n'implique pas que tout le monde ne pense pas et ne soit pas digne d'être entendu dans l'espace public. Que tout le monde ne soit pas philosophe ne fais pas de l'intelligence et de la pertinence l'affaire de spécialistes : les philosophes. Encore heureux ! »



Et de renchérir vertement :

« Outre que c'est souvent assez usurpé, encore une fois ce n'est pas parce qu'on pense avoir une opinion à infliger au monde, assorti de trois arguments, qu'on est philosophe... »



Valérie Gérard rappelle à nos souvenirs la position de Virginia Woolf sur le monopole masculin du discours théorique qui transforme la politique en chasse gardée. Un discours qui a besoin de tenir la femme pour inférieure.



La philosophe y décèle un lien intrinsèque entre l'exclusion de la femme du discours et la prétention à normer le monde à partir de la théorie.

Il y a un lien entre la pratique d'une raison désincarnée (rejet des nuances sensibles) et la prétention à légiférer et à uniformiser le monde, à le plier à ses déductions.

Ce passage du discours théorique à la prescription et au jugement est crucial.



Valérie Gérard fait le lien avec la prédication qui repose sur l'emploi du verbe être. Or, elle relève que « la philosophie naît en Grèce quand précisément on se met à réfléchir à ce que ça veut dire employer le verbe être ».

On a là un emploi oppressif du verbe être dans le discours qui s'oppose à la vie dans son mouvement, sa diversité, sa contingence, ses contradictions, etc.



Valérie Gérard continue sa critique du statut de « philosophe », en se référant à Hannah Arendt, et rejette cette idée un peu dingue de vouloir « se présenter dans le champ politique en tant que le philosophe, dans l'idée que les pensées qu'on aurait élaboré seule, à l'écart de l'échange des perspectives, auraient plus de valeur que celles des autres car elles seraient mieux fondées en raison »



Penser seul la coexistence est en soi une contradiction. C'est juste nier une donnée essentielle de la politique : les êtres humains existent à plusieurs et par conséquent doivent organiser leur coexistence ensemble.

Penser seul révèle même plutôt une volonté d'imposer ses idées au reste du monde.



La philosophe estime qu'affirmer l'égalité, par exemple, ce n'est pas se soumettre à une théorie élaborée à l'extérieur du champ politique mais prendre position sur la forme de coexistence politique que l'on désire.



Elle estime que cela doit rester une croyance, un principe parmi d'autres, au statut infondable. Elle nous enjoint donc à refuser de soumettre l'organisation de la coexistence aux prescriptions déduites à partir d'une théorie. La politique n'a pas et ne peut avoir de fondement transcendant.



Dans ce sens, la politique n'est pas affaire de vérité mais d'auto-organisation à plusieurs et de choix de manière de vivre ensemble.



Une invitation à faire de la politique autrement.





Article complet sur le Blog Philo-Analysis
Lien : http://philo-analysis.over-b..
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