Citations de Jean-Christophe Grangé (1625)
Le pire de tout ,c'était la chaleur .Elle brûlait la moindre molécule de vie , la faisant grésiller comme un lardon au fond d'une poêle.
Les conducteurs italiens avaient du style, mais c'était un style dont il fallait se méfier. Les camions passaient si près d'eux qu'à chaque fois la Dauphine décollait du sol, happée par l'appel d'air. Quant aux klaxons "cucaracha", il s'insinuaient sous la peau, dans les veines, telle l'aiguille d'une perfusion. Nicole se cramponnait, passant ses vitesses comme on réarme une Winchester. Côté mécanique, la Dauphine tenait le coup, mais il fallait régulièrement s'arrêter pour que mademoiselle refroidisse.
On vit, on agit, et chacun de nos actes a une répercussion sur nos vies ultérieures.
- Et toi, fit-elle par pure curiosité. Qu'est-ce que t'en penses ?
- De quoi ?
- De Dieu ?
Il eut un rire sincère, d'une fraîcheur désarmante.
- Dieu se lave les mains à l'eau bénite. Ici, on se lave les mains avec du sable. C'est toute la différence entre la théorie et la pratique. Je préfère la pratique.
N'en déplaise à ceux qui pensaient que le mal était partout, on trouvait plus facilement un tueur chez les trafiquants de drogue que chez les philatélistes.
Rue des Petits-Champs, ils tournèrent à gauche, puis revinrent sur leurs pas. Trivard s'emmêlait les pinceaux. Vraiment, leur révolution avait une drôle de gueule... Plutôt Groucho que Karl Marx.
Mais Hervé savourait : ce quartier fleurait bon le siècle passé, avec ses galeries couvertes et ses cabarets vieillots. Un peu d'imagination, et on se serait cru à l'époque de Flaubert, de Maupassant, celle des théâtres lyriques et des hauts-de-forme... Il ne restait plus ici qu'un goût de poussière lais aussi quelque chose de réconfortant, chaleureux. Vous prendrez bien un fiacre ?
- La police française est au courant de votre... enquête ?
- Non. J'ai pris des congés sans solde.
- Des congés sans solde... répèta l'Indien en souriant. Chez nous, ce sont les semaines de boulot qui sont sans solde...
« Les représentants de la vieille gare de prussienne, avec leur monocle et leur menton hautain. Les hommes d’affaires en noir, nerveux, souriants électriques. Et bien sûr les nazis, avec leurs uniformes couleur de diarrhée et leurs ceintures qui n’arrêtaient pas de couiner comme un garrot de cuir autour de votre cou.
Heureusement, il y avait les femmes. Elles étaient aussi souples que leurs maris étaient raides, aussi souriante qu’ils étaient figés, aussi légères qu’ils étaient lourds. Au sens propre, elles étaient la vie, ils étaient la mort. » page 29
Il faut bien comprendre l'envie de boire des alcooliques. Ce n'est ni un désir, ni une attirance - plutôt un juste retour des choses. Le poivrot appartient à l'alcool, au sens organique du terme. Les atomes peuvent établir entre eux des liaisons immatérielles, séparez-les, ils reviendront à une connexion primordiale. Pour Minna, c'était pareil. D"une certaine façon, avant même de s'enfiler le premier verre, le matin, elle était déjà l'alcool. Sans cette substance, elle était incomplète. A sec, elle allait contre sa nature. Ce magnétisme qui l'attachait irréversiblement au poison, elle l'éprouvait dès qu'elle ouvrait un oeil. C'était pour ainsi dire l'essence de sa conscience.
Leurs voix étaient à la fois bouleversantes et insupportables. Un espèce de tire-larmes qui vous écorchait le cœur et qui, sans qu'on puisse en expliquer la raison, vous faisait aussi du bien. Des voix rauques, étranglées, qui allaient vous chercher au fond de vous-même et vous arrachaient des émotions en forme de crachats sanglants.
Il croisa des mendiants à croix de guerre et un gros bonhomme en costume bavarois - culotte de peau et galère à plumeau. Simon sourit. Ce genre de silhouette lui démontrait encore que Freud avait raison; La culture allemande était une culture régressive, un rêve de scout où tout le monde aspirait à gambader dans la montagne en culotte courte;
Mao aux cheveux teints
façon Tino Rossi.
Côté poitrine,
elle n'avait pas plus de relief
qu'un passage clouté
Mère a créé un nouveau yoga, presque uniquement mental, qui vise à réveiller la parcelle divine au sein de chacun d’nous. Grâce à cette pratique, l’homme peut dev’nir lumière, fusionner avec la vérité absolue et initier une nouvelle race, l’Homme Nouveau si vous voulez.
Il se trompait. Il s'était toujours trompé. Il était un passager éternel. Il n'y avait pas de destination finale.
Prendre les événements comme ils viennent et surtout, bien saisir le sens du périple : c'est l'Afrique qui vous roulait dessus et non l'inverse.
Au japon, on dit : les fleurs d'hier sont les rêves d'aujourd'hui. Elle pouvait ajouter; les fautes d'hier sont les cauchemars d'aujourd'hui."
Nous œuvrons pour un autre Führer, ma chérie, beaucoup plus puissant que l'homme à la moustache. Un dieu qui dépasse toutes ces pathétiques tentatives pour changer le cours de l'histoire : l'argent. Le monde est fondé sur le premier capitalisme de l'histoire : l'homme. C'est la meilleure valeur, jamais en baisse, jamais déficiente : l'égoïsme forcené de l'être humain.
Il régnait ici une atmosphère légèrement morbide, comme toujours à la campagne lorsque le paysage ne parvient plus à masquer sa solitude profonde par la seule beauté de ses sites.
Elle venait d'agripper des deux mains le bord gauche de la plaie centrale, s'appuyant solidement sur l'os du sternum. Les nerfs à blanc, je fis de même, à droite, et, ensemble, nous tirâmes chacun de notre côté. Lorsque la fissure fut ouverte, la sœur glissa le cric, en prenant soin de coincer ses deux extrémités contre les bords osseux. Aussitôt après elle se mit à tourner la crémaillère - et je vis le petit torse s'ouvrir sur l'abîme organique.