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Citations de Jean Dutourd (209)


Le pouvoir d'un discours est immense, surtout sur celui qui le fait !
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C'est curieux, cette rage qu'ont les imbéciles à vous accuser d'être bête !
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Jean Dutourd
Un authentique chagrin d'amour enferme en lui-même celui qui l'éprouve ; c'est comme une seconde cristallisation, plus solide que la première, et plus durable car, dans ce domaine, contrairement au proverbe, les absents ont toujours raison. L'être aimé vous eût-il dit adieu à jamais, vous eût-il accablé des plus grandes cruautés, on ne parvient pas à lui être infidèle, on est d'autant plus enchaîné charnellement à lui qu'il est invisible.
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Finalement, j'admire ce métier, parce que, effectivement, le chant me paraît être ma plus grande passion : Ouvrez la bouche, produisez des sons mélodieux, et faites rêver le monde...
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Quoiqu'elle fît ,Julie Poissonard fleurait toujours le Brie-Coulommiers :elle était crémière .Au grand soleil de juin 1940 ,sur la route de Bordeaux où le Gouvernement l'avait précédée ,un homme qu'elle recueillit dans sa camionnette, lui dit : Tu sens le fromage,ma petite mère .Si t'es pas crémière ,moi je suis le pape .Cet homme portait l' uniforme des zouaves et buvait du vin rouge sans offrir à personne . Julie Poissonard pensa : Le monde est mauvais .
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Jean Dutourd
Les livres réveillent les idées endormies .
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Vingt-huit ans est l'âge fatal où l'on est placé devant le choix déchirant des pantoufles ou des pieds nus.
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Jean Dutourd
La seule chose dont on soit sur , en ce qui concerne l'avenir , c'est qu'il n'est jamais conforme a' nos prévisions .
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L'exactitude est la politesse des montres. (31 janvier 1965, "Proverbe".)
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Qu'est-ce qui rend le passé si captivant, si charmant, si beau, si joyeux, si facile à comprendre ? C'est qu'il n'en reste que les monuments de l'intelligence et de l'art, le propre de la bêtise (comme de la laideur) étant d'être éphémère. Dans une époque donnée, il y a quatre--vingt-quinze pour cent de laideur et de bêtise, mais cela disparaît complètement et, quarante ans plus tard, on ne voit plus que les cinq pour cent d'intelligence et de beauté qui, par un phénomène d'optique naturel, apparaissent comme les caractéristiques de cette époque-là, laquelle fut, en réalité, aussi confuse, tâtonnante, absurde que toutes les autres et en particulier celle où nous vivons.
De là, le goût des gens supérieurs pour le passé. Ils se réfugient dans une sorte de monde idéal, où ils ne voient que des passions puissantes, des chefs-d'oeuvre, des hommes de génie à qui toute justice est rendue. De là, encore, le scandale que cause toujours la destruction du passé : c'est évidemment une revanche de la bêtise actuelle sur l'intelligence éternelle. Au fond, les gardes rouges de Pékin qui cassent les statues et brûlent les livres de poésie font plus horreur que des imbéciles tuant d'autres imbéciles, car ce n'est pas la matière contre la matière, mais la matière contre l'esprit. (28 septembre 1966, "Eloge du passé".)
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Quand je dis que je suis gaulliste, que le général me plaît, que sa politique me captive, on se moque généralement de moi. Il y a quelques mois, dans le train, je bavardais avec un voyageur de rencontre. Notre conversation en vint à de Gaulle. Mon interlocuteur prit un air mélancolique, fronça les sourcils et proféra :
- Il est intelligent, mais c'est un homme dangereux.
- Ma foi, lui répondis-je, il me paraît bien moins dangereux que M. Laniel, M. Mollet et le président Lebrun.
Il me fallut un quart d'heure au moins pour lui expliquer ce que je voulais lui dire. Encore ne le convainquis-je pas.
Jusqu'au 13 mai 1958, rien n'était plus plat, plus ennuyeux, plus prévisible que la politique française. Pendant trente ans, nous avions été à la remorque du monde anglo-saxon. Trente ans ! Une génération ! Cela suffit pour prendre des habitudes, surtout de mauvaises habitudes. "La servitude abaisse les hommes jusqu'à s'en faire aimer", dit Vauvenargues. Notre servitude nous était douce, comme toutes les servitudes d'ailleurs, et toutes les abdications.
Puis de Gaulle est revenu, et il s'est mis à faire des choses imprévues, audacieuses, amusantes, il a agi en homme libre. L'opinion publique française est si habituée à la servitude qu'elle n'imagine pas qu'il pratique une politique indépendante. Lorsqu'elle le voit s'éloigner un peu de l'Amérique et s'approcher un peu de la Russie, elle croit qu'il veut changer de protecteur.
Puisque je suis dans les moralistes, je citerai Chamfort : "Il est des temps où l'opinion publique est la plus mauvaise des opinions." (11 avril 1965, "Gaulliste".)
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Si j'écris ici que j'ai déjeuné avec Montherlant tout à l'heure, on dira que je fais étalage de mes relations ou que je brigue l'Académie. De celle-ci, il ne fut pas question, je l'avais complètement oubliée. Pour ce qui est des relations, ma foi, je m'enorgueillis qu'un homme comme Montherlant ne trouve pas ennuyeux de passer deux ou trois heures en tête à tête avec moi, à giberner, à rire, à parler de choses et d'autres, à taper sur le monde actuel. Fargue (encore une relation chic) me disait autrefois : "On ne peut discuter que si l'on est du même avis." Parole profonde, qui est devenue pour moi un principe. A ce point de vue-là, Montherlant est mon homme. Je suis d'accord avec tout ce qu'il me dit, comme je suis d'accord avec ses livres. Et puis, ce qu'on dit n'est pas très important, c'est la façon dont on le dit. Montherlant, comme tous les grands écrivains, parle comme il écrit (ou écrit comme il parle, si l'on préfère) et le ton de Montherlant dans ses livres, noble, plaisant, vif, cynique, si différent du ton cafard et pédantesque de notre époque, est excellent pour les oreilles sensibles.
Mon convive et moi, nous sommes deux pessimistes enragés, ce qui n'empêche pas la bonne humeur, au contraire, et nous n'aimons pas beaucoup le temps où nous vivons. "C'est parce que nous sommes des écrivains, dit Montherlant. Depuis toujours, c'est la même chose. Exemple Boileau : il n'était pas content de vivre sous Louis XIV." (26 septembre 1966, "Pessimisme".)
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Dès que j'ai su l'alphabet, je me suis jeté sur les livres. J'en ai lu des quantités. A huit ans, avec mon argent de poche, j'achetais des volumes de la bibliothèque Verte et de la collection Nelson. Tout me plaisait : il suffisait que ce fût imprimé. La persécution même ne me manquait pas. Mon père jugeait que je lisais trop, que cela prenait sur le temps des études ou sur le sommeil. La nuit, voyant de la lumière sous la porte de ma chambre, il entrait, éteignait, m'arrachait mon roman sans se soucier s'il m'interrompait au milieu d'une phrase. Pour éviter ces contrariétés, je me cachais dans mon lit comme sous une tente, avec une petite lampe électrique. Ainsi, étouffant de chaleur, à demi asphyxié, mais ne sentant rien car j'étais trop occupé à déjouer les combinaisons de Richelieu ou à causer avec Louis XI, ai-je avalé des bibliothèques. Ce n'était pas tout à fait sans plan : dès que je m'amourachais d'un auteur, je me procurais de lui tout ce qui était à ma portée, c'est-à-dire ce qui figurait dans le catalogue de la collection Nelson. J'avais écumé les bibliothèques Rose, Verte, Bleue, où fleurissaient quelques admirables écrivains, tels que la comtesse de Ségur, Gyp, Edmond About, Zénaïde Fleuriot, Magdeleine du Genestoux, Mayne-Reid, Gustace Guiches, Jean Webster, Alfred Assollant. Nul n'aurait pu m'en remontrer sur eux. Je connaissais tout de leur inspiration, de leur ton, de leurs tics, de leurs héros, de la façon si savante dont ils ménageaient l'intérêt du lecteur et jouaient de sa sensibilité. Quoique je fusse un peu choqué par leur canaillerie et leur cynisme, j'avais absorbé et réabsorbé Les Pieds nickelés, dont la dénomination a toujours été pour moi une énigme.
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On ne peut avoir l'âme grande ou l'esprit un peu pénétrant sans quelque passion pour les lettres.
Vauvenargues
Page 9
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L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé.
Montesquieu
Page 9
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C'est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule.
La Bruyère
page 25
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Jean Dutourd
J'aime recevoir des lettres anonymes parce que je n'ai pas à répondre.
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Jean Dutourd
"Le Plumier d'or"
..... Jadis on n'entendait dans les rues que le pas des piétons et des
chevaux ou les disputes des ivrognes. Cela devait être exquis.
D'ailleurs les vieilles filles ne cessaient d'épier la rue derrière leur
rideau, ce qu'elles ne font plus de nos jours, et pour cause : il n'y a plus rien à voir que des bagnoles qui roulent. De même les guerres avaient quelque chose d'écologique, avant l'invention de la poudre.
On n'entendait que les cris de Peaux-Rouges des guerriers, le
cliquetis des rapières, les sonneries de trompettes, le roulement des
tambours. Ah ! les belles guerres silencieuses, humaines oserai-je dire ! Et assez économiques, à ce qu'il semble. Elles faisaient beaucoup moins de victimes que nos guerres actuelles, mondiales et autres, où les bombes démolissent tout, peuples et pays.
Bref, mes enfants, il faut en prendre votre parti : le silence n'existe plus. C'est une pièce de musée. Ou alors il faut faire comme Alceste : aller se réfugier dans un désert. Et encore : on risque d'y rencontrer un Bédouin muni d'un transistor.
Jean Dutourt

Texte en entier
Invités à l'Hôtel de Ville de Paris, le 5 mai, pour la remise des prix de notre concours de langue française, "Le Plumier d'or" (cf. DLF 192, p. XI), les lauréats ont eu la joie d'entendre notre président traiter à son tour le sujet de rédaction de la finale :

Le silence est-il pour vous un ennui, un besoin, une angoisse, un bonheur ?
Mesdemoiselles, Messieurs, ou plutôt mes chers enfants, vous vous êtes donné un tintouin du diable pour traiter un sujet très difficile, quasiment un problème philosophique. Il m'a semblé que la moindre des choses que je pouvais faire pour vous féliciter de votre bravoure était de le traiter à mon tour . Ou sinon de le traiter d'essayer de l'éclairer par un ou deux côtés auxquels vous n'aviez peut-être pas songé.
Le prix du silence en tant que rareté ou denrée de luxe est une notion toute récente. Elle n'a pas un siècle d'âge. Avant cela le silence était naturel à l'homme. Il ne coûtait rien, on vivait dans le silence sans y faire attention comme le Bourgeois gentilhomme parlait en prose. Dès que l'on ne faisait plus la conversation avec ses amis ou ses proches, le silence était là. On n'avait que trop de silence. Car c'en était bel et bien, même s'il était tout plein de petits bruits : tic-tac d'une horloge, pétillement d'un feu de bois, bourdonnement d'une mouche, craquement d'un vieux meuble, cri d'un chien dans le lointain, etc.
Aujourd'hui c'est tout le contraire, il n'y a plus de silence nulle part. Le solitaire qui rentre chez lui s'empresse d'allumer la radio ou la télé qui lui rabâchent une foule de sottises et qui apprennent au pauvre peuple à mal parler .
Le silence est un produit de la société industrielle et scientifique dans laquelle nous sommes entrés depuis cinquante ans. Le progrès technique se manifeste par un bruit incessant. Et non pas n'importe quel bruit, hélas ! Mais un vilain bruit discordant, assourdissant, écœurant, exténuant. Le mot de pollution, si à la mode, est tout à fait de mise ici : nos oreilles sont polluées par le bruit moderne, comme nos poumons par les gaz d'échappement des voitures.
Jadis on n'entendait dans les rues que le pas des piétons et des chevaux ou les disputes des ivrognes. Cela devait être exquis. D'ailleurs les vieilles filles ne cessaient d'épier la rue derrière leur rideau, ce qu'elles ne font plus de nos jours, et pour cause : il n'y a plus rien à voir que des bagnoles qui roulent. De même les guerres avaient quelque chose d'écologique, avant l'invention de la poudre. On n'entendait que les cris de Peaux-Rouges des guerriers, le cliquetis des rapières, les sonneries de trompettes, le roulement des tambours.
Ah ! les belles guerres silencieuses, humaines oserai-je dire ! Et assez économiques, à ce qu'il semble. Elles faisaient beaucoup moins de victimes que nos guerres actuelles, mondiales et autres, où les bombes démolissent tout, peuples et pays.
Bref, mes enfants, il faut en prendre votre parti : le silence n'existe plus. C'est une pièce de musée. Ou alors il faut faire comme Alceste : aller se réfugier dans un désert. Et encore : on risque d'y rencontrer un Bédouin muni d'un transistor.
Jean Dutourt

http://www.langue-francaise.org/dlf193.PDF
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La proportionnelle est la planche de salut des incapables, des nullots, des gens qui, pendant les années qu’ils étaient au pouvoir n’ont fait que des stupidités, sans parler de ceux qui se sont mis un peu d’argent dans les poches
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Sans 14 juillet, pas de Révolution, pas de Terreur, pas de Premier Empire, pas de Second Empire, pas de République. Il n’y aurait pas eu de guerre en 1870, 1914 et 1939, car les Bourbons, fidèles à l’esprit de Richelieu, n’auraient jamais inventé l’inepte politique des nationalités qui a donné toutes les Allemagnes à la Prusse.
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