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EAN : 9782080648495
310 pages
Flammarion (08/01/1992)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Vers l'âge de huit ans, je fis deux découvertes capitales : que les grandes personnes mentaient sans arrêt, mais que les livres rétablissaient la vérité. Les grandes personnes, par leurs leçons et leurs punitions, s'acharnaient à me faire voir le monde tel qu'il n'était pas. Les livres me le montraient tel qu'il était, c'est à dire comme je le voyais moi même.
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Que lire après Contre les dégoûts de la vieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Parmi les choses impossibles, l'une des plus improbables eût été qu'une publication créât pour moi une rubrique des auteurs du passé (…) Quel journal, quelle revue, m'offrirait jamais cela ? A peine parlaient-ils des écrivains vivants : qu'eussent-ils été gaspiller leur papier pour les morts ? ». Voeu de Jean Dutourd après sa démission d'un poste de conseiller littéraire qui ne lui convenait pas. Improbable peut-être, mais son voeu s'est réalisé : « Un magazine nouvellement créé, et qui réussissait, désirait ménager un peu de place aux choses de l'esprit » ; iI y a assuré pendant 2 ans une rubrique intitulée ‘'Domaine public'' pour laquelle il avait carte blanche. ‘'Contre les dégoûts de la vie'' rassemblent des articles publiés dans cette rubrique. Précision : ces articles concernaient des éditions et/ou rééditions récentes d'oeuvres des auteurs concernés.

Si certains auteurs sont connus, voire très connus (Dumas, Zola, Victor Hugo, Flaubert, etc…), d'autres sont des inconnus (pour moi, du moins) : avez-vous entendu parler de Jean Savant, Julien Benda, Martin Nadaud, Astolphe de Custine… et j'en passe ?

Auditrice de l'émission ‘'Les grosses têtes'' pendant les années 80 et 90, j'appréciais beaucoup la présence de Jean Dutourd, son érudition (1), son humour, son sens de la répartie et son mordant, voire sa grande gueule (2) ; qualités que j'ai retrouvées dans ces chroniques consacrées à des écrivains du passé. Ce sont de courts textes inspirés par une oeuvre de l'écrivain concerné ou par toute son oeuvre. Cerise sur le gâteau, ces textes sont replacés dans l'actualité de l'époque où Jean Dutourd les a écrits (exemple : https://www.babelio.com/auteur/Jean-Dutourd/11185/citations/3290698) ; l'actualité, dans certains domaines, n'a pas ou peu changé depuis…

J'ai lu ces chroniques dans le désordre en choisissant celles qui paraissaient le mieux correspondre à mon humeur du moment. Certaines m'ont peu intéressée malgré la découverte d'un inconnu ou parce qu'elles concernaient un auteur ou un genre littéraire qui ni ne font pas partie de mes favoris ; mais d'autres ont élargi mon champ de connaissance (exemple : https://www.babelio.com/auteur/Jean-Dutourd/11185/citations/3293450) et/ou m'ont bien amusée, Jean Dutourd ne prenant pas de gants pour traduire ses penchants ou ses dégoûts, mais toujours avec érudition.
J'ai apprécié ce style où une phrase ou un court paragraphe, en cours de chronique, semble en refléter le ton général (3).


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(1) il est entré à L Académie Française en 1978, laquelle n'appréciait guère sa participation à l'émission ‘'Les grosses têtes''
(2) il était président d'honneur du Club des Ronchons
(3) Cazotte, ‘'Le diable amoureux'' : « le diable amoureux'', c'est ‘'Manon Lescaut'' avec accompagnement de souffre, de prodiges et d'ordures. »
(3) Marceline Desbordes-Valmore, ‘'oeuvres poétiques'' : « Marceline est un cygne. Un de ces cygnes de 1830 qui ont l'air d'expirer à chaque instant, qui sont faibles, écorchés, vulnérables, mais qui ont une santé de fer, grâce à laquelle ils travaillent énormément et laissent une oeuvre abondante. »
(3) Alfred Assolant, ‘'Le capitaine Corcoran'' : « ‘'Corcoran'' est à une bande dessinée ce que Versailles est à une HLM »
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Lisez-vous encore Jean Dutourd ? Pas certaine.
Membre de l'Académie française, il fut journaliste, critique littéraire et aussi un bon romancier mais surtout un grand lecteur depuis son enfance.

Je cite ce qu'il dit en avant-propos : "parmi les choses impossibles, l'une des plus improbables, et que d'ailleurs je désirais à peine, eût été qu'une publication créât pour moi, pour mes beaux yeux, une rubrique des auteurs du passé. A propos de la réédition de tel de leurs ouvrages, j'aurais tenu là une sorte de journal de mes lectures, ce que je n'avais pas fait quand j'étais jeune, par paresse, haine de la cuistrerie, refus de gâter mes plaisirs par des pensums. Mais quel journal, quelle revue m'offrirait jamais cela ? ... "
Finalement cet ouvrage c'est un peu cela : il nous donne ses réflexions sur quelques oeuvres littéraires qui l'ont le plus marqué dans sa vie. Beaucoup sont tombées dans l'oubli - leurs auteurs aussi. Qui a lu "Léonard, maçon de la Creuse" de Martin Nadaud ? Et de même, qui serait capable aujourd'hui de lire les "Lettres à Madame Récamier de Benjamin Constant ?

Je cite encore la conclusion de son avant-propos : "Parler littérature est le plus charmant entretien que puisse procurer la civilisation. La critique littéraire n'est point faite pour les époques barbares. Non plus que la littérature, du reste. Les barbares ne veulent pas voir l'envers du monde, qui est gai. Rien que son apparence, qui est tragique."

Et il attaque sur un roman (peu connu et même oublié de nos contemporains) : "Le diable amoureux" de Cazotte en nous disant que "les petits auteurs ont des vies plus romanesques que les grands".
Puis il poursuit par quelques réflexions sur les oeuvres De Maupassant en débutant par cette réflexion : "Le journalisme est une bénédiction, parce qu'il faut remettre sa copie à l'heure et qu'il y ait le nombre de feuillets voulu. Si la muse est introuvable, tant pis, on doit marcher. Commencer son papier n'importe comment, continuer à l'aveuglette. Et, à la fin, on s'aperçoit avec ravissement que la muse était là quand même, que tout s'est ordonné chemin faisant, que le seul fait de s'y être mis a déclenché le petit miracle de l'écriture. Les trois cents contes De Maupassant ont été faits ainsi, parfois à la cadence de deux par semaine pour le Gil Blas et le Gaulois. Cela se voit".
Le troisième ouvrage cité est celui de Pierre Loti : "Le roman d'un spahi" publié en 1881, deux ans avant la conquête du Tonkin. L'auteur se demande : "Faut-il relire Loti ? Il vaudrait mieux relire Barrès ou Proust. Mais Loti mérite un détour." Je ne pense pas lire Loti un jour mais j'ai aimé la façon dont il en parle.
Et si je ne partage pas toujours ses enthousiasmes ne connaissant pas les auteurs dont il parle (Anka Muhlstein par exemple), c'est formidable de voir l'intérêt qu'il porte à tant d'oeuvres diverses !
J'aurais envie de lire "La Madone des spleepings" par Maurice Debroka tant il sait en parler joliment. Debroka, "un virtuose de la couleur locale. Il est allé dans les pays qu'il décrit et il les a vus avec un oeil de journaliste-poète."
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
D’Henri IV à Jules Grévy, des colporteurs ont sillonné les campagnes françaises afin de vendre aux « petites gens », à « ceux qui n’ont pas connaissance des bibliothèques », à « la classe la plus modeste et qui lit peu » des livres à couverture bleue, imprimés sur du papier à emballer les pains de sucre.
Il y a là un trésor de littérature populaire qu’on ne connaît plus, qui n’a guère été étudiée et qui est pourtant passionnante puisqu’elle a nourri les rêves du peuple français pendant trois siècles. ‘’La Bibliothèque bleue’’ a été, pour des générations de paysans, d’artisans, d’ouvriers, de bourgeois de chez nous (et de personnes de qualité, car je suis bien sûr qu’elles aussi devaient l’acheter), l’équivalent de la télévision et de la radio.
Elle leur apportait ce que ces deux inventions propagent dans les foyers : des nouvelles, des aventures, des récits édifiants, des histoires de rois ou de brigands, des prévisions météorologiques, des recettes de santé ou de bien-être, des conseils pratiques, une espèce de sagesse quotidienne roublarde ou naïve et surtout un certain « esprit d’époque ». ‘’La Bibliothèque bleue’’ c’était le monde à domicile pour des gens qui ne bougeaient pas.

(Chapitre : LA SAGESSE DE LA NATION - Geneviève Bollème, ''La Bible bleue)
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Dès que j'ai su l'alphabet, je me suis jeté sur les livres. J'en ai lu des quantités. A huit ans, avec mon argent de poche, j'achetais des volumes de la bibliothèque Verte et de la collection Nelson. Tout me plaisait : il suffisait que ce fût imprimé. La persécution même ne me manquait pas. Mon père jugeait que je lisais trop, que cela prenait sur le temps des études ou sur le sommeil. La nuit, voyant de la lumière sous la porte de ma chambre, il entrait, éteignait, m'arrachait mon roman sans se soucier s'il m'interrompait au milieu d'une phrase. Pour éviter ces contrariétés, je me cachais dans mon lit comme sous une tente, avec une petite lampe électrique. Ainsi, étouffant de chaleur, à demi asphyxié, mais ne sentant rien car j'étais trop occupé à déjouer les combinaisons de Richelieu ou à causer avec Louis XI, ai-je avalé des bibliothèques. Ce n'était pas tout à fait sans plan : dès que je m'amourachais d'un auteur, je me procurais de lui tout ce qui était à ma portée, c'est-à-dire ce qui figurait dans le catalogue de la collection Nelson. J'avais écumé les bibliothèques Rose, Verte, Bleue, où fleurissaient quelques admirables écrivains, tels que la comtesse de Ségur, Gyp, Edmond About, Zénaïde Fleuriot, Magdeleine du Genestoux, Mayne-Reid, Gustace Guiches, Jean Webster, Alfred Assollant. Nul n'aurait pu m'en remontrer sur eux. Je connaissais tout de leur inspiration, de leur ton, de leurs tics, de leurs héros, de la façon si savante dont ils ménageaient l'intérêt du lecteur et jouaient de sa sensibilité. Quoique je fusse un peu choqué par leur canaillerie et leur cynisme, j'avais absorbé et réabsorbé Les Pieds nickelés, dont la dénomination a toujours été pour moi une énigme.
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Il n’y a pas de jour dans toute ma vie où je n’aie lu quelques lignes au moins. Une journée sans la perspective d’aucune lecture me paraît aussi redoutable que la traversée du désert sans points d’eau pour le bédouin.

(dans la préface intitulée ''la critique des beautés'')
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Il est arrivé à Custine en 1839 la même aventure qu'à Gide en 1935. L'un et l'autre étaient partis (en Russie) pour admirer. Custine, royaliste, légitimiste, faisait une sorte de pèlerinage au pays du pouvoir absolu, bien décidé à en décrire les beautés pour l'édification des Français. Gide, qui inclinait vers le communisme, allait là-bas constater que la meilleure des sociétés humaine était enfin née. L'un et l'autre sont revenus glacés de leur voyage, convertis au libéralisme occidental, épouvantés par l'oppression, le despotisme, la tristesse, le mensonge généralisé, la résignation du peuple, le goût de la servitudes qu'ont les Russes, etc. (...) La Russie de Custine, si pareille à celle d'aujourd'hui, montre qu'il ne pouvait pas arriver de plus grand malheur au socialisme que de s'installer dans cette nation. Le tempérament russe en a fait un tsarisme déguisé.
(Chapitre : ''LES RETOURS DE RUSSIE : Astolphe de Custine, Lettres de Russie)
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Saint-Exupéry est un bon compagnon pour l'homme d'aujourd'hui qui refuse la triste civilisation matérialiste de l'Occident et à qui le totalitarisme communiste fait horreur. Il lui rappelle cette vieille vérité si oubliée que, pour s'accomplir, il faut être un ''individu'', c'est-à-dire quelqu'un qui a pour guide sa propre conscience, et non pas les mots d'ordre qu'on donne aux ''masses''.

(Chapitre ''UN TYPE EPATANT : Saint-Exupéry, Oeuvres complètes)
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Videos de Jean Dutourd (33) Voir plusAjouter une vidéo
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
C : 0:06 - CRÉATION - Paul Bourget 0:17 - CRÉATION DE L'HOMME - Jean Dutourd 0:28 - CROIRE - Comte de Las Cases
D : 0:38 - DÉBAUCHE - Restif de la Bretonne 0:51 - DÉCEPTION - Fréron 1:04 - DÉLUGE - Jean-François Ducis 1:15 - DÉMOCRATE - Georges Clemenceau 1:26 - DERRIÈRE - Montaigne 1:36 - DOCTRINE - Édouard Herriot 1:46 - DOULEUR - Honoré de Balzac 1:58 - DOUTE - Henri Poincaré
E : 2:11 - ÉCHAFAUD - Émile Pontich 2:23 - ÉCOUTER - Rohan-Chabot 2:33 - ÉGALITÉ - Ernest Jaubert 2:43 - ÉGOCENTRISME - René Bruyez 3:00 - ÉGOÏSME - Comte d'Houdetot 3:10 - ÉLECTION - Yves Mirande 3:21 - ENFANT - Remy de Gourmont 3:33 - ENNUI - Emil Cioran 3:41 - ENSEIGNER - Jacques Cazotte 3:53 - ENTENTE - Gilbert Cesbron 4:05 - ENTERREMENT - Jean-Jacques Rousseau 4:14 - ÉPOUSE - André Maurois 4:37 - ÉPOUSER UNE FEMME - Maurice Blondel 4:48 - ESPOIR - Paul Valéry 4:57 - ESPRIT - Vicomte de Freissinet de Valady 5:07 - EXPÉRIENCE - Barbey d'Aurevilly
F : 5:18 - FATALITÉ - Anne-Marie Swetchine 5:27 - FIDÉLITÉ - Rivarol
5:41 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Paul Bourget : https://en.wikipedia.org/wiki/Paul_Bourget#/media/File:Paul_Bourget_7.jpg Jean Dutourd : https://www.purepeople.com/media/jean-dutourd-est-mort-a-l-age-de-91_m544292 Comte de Las Cases : https://www.babelio.com/auteur/Emmanuel-de-Las-Cases/169833 Restif de la Bretonne : https://fr.wikiquote.org/wiki/Nicolas_Edme_Restif_de_La_Bretonne#/media/Fichier:NicolasRestifdeLaBretonne.jpg Fréron : https://www.musicologie.org/Biographies/f/freron_elie_catherine.html Jean-François Ducis : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Ducis#/media/Fichier:Jean-François_Ducis_par_le_baron_Gérard.jpg Georges Clemenceau : https://www.lareorthe.fr/Georges-Clemenceau_a58.html Montaigne : https://www.walmart.ca/fr/ip/Michel-Eyquem-De-Montaigne-N-1533-1592-French-Essayist-And-Courtier-Line-Engraving-After-A-Painting-By-An-Unknown-16Th-Century-Artist-Poster-Print-18/1T9RWV8P5A9D Édouard Herriot : https://www.babelio.com/auteur/Edouard-Herriot/78775 Honoré de Balzac : https://www.hachettebnf.fr/sites/default/files/images/intervenants/000000000042_L_Honor%25E9_de_Balzac___%255Bphotographie_%255B...%255DAtelier_Nadar_btv1b53118945v.JPEG Henri Poincaré : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/be/Henri_Poincaré_-_Dernières_pensées%2C_1920_%28page_16_crop%29.jpg René Bruyez : https://aaslan.com/english/gallery/sculpture/Bruyez.html Yves Mirande : https://www.abebooks.com/photographs/Yves-MIRANDE-auteur-superviseur-film-CHANCE/31267933297/bd#&gid=1&pid=1 Remy de Gourmont : https://www.editionsdelherne.com/publication/cahier-gourmont/ Emil Cioran : https://www.penguin.com.au/books/the-trouble-with
+ Lire la suite
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