Citations de Jean-François Deniau (178)
"Il ne faut jamais se souvenir, dit le conteur. C'est encore plus dangereux qu'espérer. Avec l'espoir, on peut s'arranger. On peut lui dire : passe devant. Ou au contraire : attends un peu derrière. Avec les souvenirs, rien à faire. Ils vous tiennent par la main, la taille, la tête. Si vous faites un pas, ins font un pas. Si vous vous arrêtez, ils s'arrêtent. Il existe des jumeaux monstrueux qui niassent collés l'un à l'autre. Le souvenir est un jumeau monstrueux. Il ne vous lâche même pas la nuit. Si vous bougez dans votre sommeil, il bouge. Heureux celui qui n'a pas de passé."
Pour être un aventurier, il ne faut pas seulement rêver. Il faut agir, se prendre au mot.
La timidité est l'autre nom de la peur quand on ose pas l'appeler par son grand nom.
La responsabilité, c'est d'être capable d'apporter des réponses .
La vie, la vraie vie, est plus surprenante et passionnante que les inventions romanesques et touts les littératures.
Qui tu as tué ? Combien d'hommes tu as butés ? Avec quoi ? Quelle arme ? Pourquoi ? Le nom ? Le mobile ? Moi je ne savais même pas ce que c'était un mobile.
Elle ne le disait pas, Suzanne. Mais nous on croyait la comprendre sans qu'elle ait besoin de parler. Les mots, ça perd du temps.
Les architectes d'intérieur ne sont pas fous : la mode étant ce qui se démode, ils ne perdent jamais longtemps leurs clients.
La volonté d'espoir quand il n'y a pas d'espoir s'appelle l'espérance, au singulier.
Le bonheur n'est jamais immoral. C'est le reget qui apporte le mal.
Un attentat terroriste n'a aucun sens contre une dictature, parce qu'il n'y a pas d'opinion publique à faire basculer. Le terrorisme est une arme valable seulement contre un régime démocratique.
Tout se passe entre messieurs en habit et cravate à perle, parlant un anglais plutôt châtié, consultant d'un oeil lointain la montre en or pendue à la chaîne du gilet. De l'ancienne flibuste, seul est demeuré le décor de la mer au bleu profond bordé d'émeraude clair, puis de sable très blanc qu'éventent de leur palmes les cocotiers de la rive.
Il y a un mot qu'on n'aimait pas beaucoup employer dans la flibuste : la pendaison. Alors, on préférait dire : bénir la foule avec ses pieds...
Le tragique n'est jamais loin du comique.
Rien n'est inutile, jamais ; ni un pas, ni un geste, ni un mot. Tout est utile. Seulement, on ne peut pas savoir quand.
Si vous voulez garder le pouvoir, ne gardez pas le monopole du pouvoir.
"C'est bien, Monsieur, d'avoir des convictions. Mais méfiez-vous de la politique. Les chiffres y sont toujours très approchés et on n'est jamais sûr d'y servir la juste cause".
NDR. Il faut se souvenir que l'auteur fut, quelques années auparavant, plusieurs fois ministre (gouvernements Messmer, Chirac, Barre).
L'homme n'a qu'un ennemi, le temps.
J'accompagnais Frédéric M. au Cambodge, au Mozambique, au Salvador. Partout où il y y avait un combat armé, guérilla, réfugiés, famines ou tremblements de terre. On me reconnaît une plume, je suis devenu grand reporter. Pour sa gloire, celle des French Doctors et un peu aussi la mienne. "L'éminence rose de l'Elysée choisit le baroud humanitaire", c'était un bon titre non ?
Pour bien gouverner en ce monde, il faut toujours voir les hommes comme ils sont et les choses comme elles devraient être.