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Citations de Jean Galtier-Boissière (107)


La caractéristique de la Première Guerre mondiale, c'est que sur le front français, du début à la fin, il ne fut réalisé à peu près aucune manoeuvre, les attaques frontales se succédant stupidement et provoquant des massacres d'une ampleur jamais atteinte...
Les pertes françaises furent continuellement dissimulées.
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Juin 1943.
Petite histoire :

Le Fritz. - Ah ! je le retiens votre Paris ! Je sors de la gare de l'Est, je pose ma valise sur le trottoir pour allumer un cigare; j'allume, je me retourne pour prendre mon bagage : la valise avait disparu !

Le Français. - Eh bien moi, il m'est arrivé encore mieux. Je débarque à la Centralbahnhof à Berlin, je pose ma valise sur le trottoir pour allumer une cigarette; j'allume, je me retourne...
La gare avait disparu !
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Un bonhomme passait tous les jours la frontière suisse avec une valise, en faisant un amical bonjour de la main aux gabelous.
Un jour un douanier mal luné lui demande ce qu'il transporte.
" C'est pour mes lapins " , répond le bonhomme.
On ouvre la valise : elle est pleine de montres.
" Ah ah ! c'est pour vos lapins ? s'écrie le douanier.
Parfaitement, réplique le bonhomme sans se démonter, je leur donne ça, et je leur dis : " Si vous n'en voulez pas, vous n'aurez rien d'autre ! "
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Déjeunant à l'académie des arts, à côté d'une dame inconnue, Maurice Garçon lui dit, pour amorcer la conversation :
- Vous savez que Georges Suarez a été fusillé ce matin ?
La dame regarde par la fenêtre la pluie qui tombe et dit :
- Il n'a pas eu beau temps.

(Novembre 1944).
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C'est au début de 1915 que j'entendis parler pour la première fois de fraternisations. Au fond des abris on racontait que dans le secteur du fort de Brimont, entre Reims et Berry-au-Bac, la dernière nuit de Noël, fantassins français et allemands étaient sortis en masse des tranchées et s'étaient jetés dans les bras les uns des autres. Le commandement était affolé et il fallut, des deux côtés, la menace d'ordonner à l'artillerie de tirer dans le tas, pour faire réintégrer leurs tranchées aux adversaires un instant réconciliés.
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Les Boches nous envoient de grosses torpilles. De minute en minute nous voyons monter verticalement de la ligne Allemande le monstrueux engin; ayant pris de la hauteur, la torpille file horizontalement, en se dandinant; et soudain, comme un homme ivre, elle perd l'équilibre, culbute et fond sur sa proie avec un hululement terrifiant.
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(24 août 1914)

Les tirailleurs qui montaient héroïquement à l'assaut sous une grêle de mitraille, maintenant qu'ils courent vers l'arrière, sont redevenus de simples hommes, jetés dans un affreux cataclysme. Après avoir follement exposé sa peau, chacun s'est repris et veut, à tout prix, la sauver.
(...) Il n'y a que des bêtes traquées, tremblantes, haletantes, affolées, qui fuient l'effroyable fournaise, s'écroulent, se relèvent, rebondissent ; c'est la fuite éperdue, la panique, l'horrible sauve-qui-peut.
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Il me parle parfois de sa vie d'avant la guerre : elle lui apparaît comme un rêve indistinct. Je crois qu'il ne se rappelle plus très bien comment une femme est faite. Cependant il est allé une fois en permission, en remontant de seize jours de tranchées dans un secteur terrible.
A Paris, tandis qu'il se rendait d'une gare à l'autre, une dame a dit comme ça : " Oh ! ce qu'il est sale, celui-là ! Il y en a qui doivent le faire exprès ! ".
Au pays, il a fait ripaille. Comme il ne racontait rien, les gens disaient : " Il n'a pas dû être bien exposé, il n'a même pas la croix de guerre ! "
Il est revenu au front sans trop de peine, n'ayant pas eu le temps de reprendre des habitudes, et c'est plutôt au milieu des gens de l'arrière qu'il se sentait dépaysé.
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Septembre 1946
Une nouvelle expression - qui en dit long sur l'époque - :
" Les économiquement faibles".
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Henri Mondor raconte l'exécution de l'espionne Mata-Hari : elle fut placée devant le peloton, de dos, et à genoux.
On demandait à Jean-Louis Forain :
- Comment a-t-elle été fusillé ?
- En levrette, dit Forain.
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(4 septembre 1914)

(...) j’embrasse d’un regard un vaste panorama : sur la route, en avant, en arrière, je vois se dérouler l’interminable ruban des régiments en marche. A droite, à gauche, je distingue d’autres routes où d’autres colonnes avancent lentement en ondulant comme de monstrueux mille-pattes. J’aperçois aussi des régiments d’artillerie qui roulent dans un épais nuage de poussière, des convois indéfinis, des troupes de cavaliers dont le casque scintille au soleil : tous ces flots continus et parallèles s’écoulent lentement vers le même horizon, et là-bas, dans les lointains bleutés, vers la Meuse, j’imagine les innombrables colonnes ennemies dont le torrent envahit le pays que nous abandonnons...
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(7 septembre 1914)

C’est le même sentiment qu’à la caserne, lorsqu’un gradé veut retenir les hommes, alors que la soupe est sonnée. En campagne, lorsqu’on est engagé depuis le matin et que le soir tombe, et lorsque les pertes ont été grandes, les rescapés disent brusquement : « Ah ! dis donc, vieux ! C’est marre pour aujourd’hui... » Et tous abandonnent le gros capitaine qui s’éponge le front, consterné.
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­— À mort ! À mort ! Achevez-le !
Et je vois un individu se débattre avec acharnement contre cinq ou six énergumènes qui le rouent de coup.
— Qu'est-ce qu'il a encore fait celui-là ?
La figure en compote, l'homme supplie :
— /Per madona, ié souis italien, de Milano/ !
— C'est un prussien ! À preuve qu'il cause allemand ! Achevez-le ! hurle la foule. À mort l'espion !
Avec quelques coups de crosse, je dégage le type, assez amoché : il a le crâne ouvert, son œil gauche pend lamentablement sur sa joue, et son nez pisse le sang comme une fontaine.
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Au cantonnement, nous avons bien ri : un sergent, en bras de chemise, est surpris en train de gauler des prunes par le propriétaire. Furieux, le paysan déclare qu'il va quérir un gradé pour constater le délit. Le sous-officier s'éclipse, court à la grange, enfile sa capote galonnée et, réapparaissant, se met à vociférer contre les maraudeurs, à la grande satisfaction du péquenot !
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1947.

Un autre pet-de-loup, nommé Roger Boussinot, se déchaîne contre moi dans ACTION, hebdomadaire confidentiel communiste, et me traite successivement d'anarcho-boulangiste, d'imposteur, d'escroc au sentiment, d'adjudant refoulé et même d' "un des petits louis XV de notre temps".
Que faisait cet individu "sous la botte nazie" ? Le Boussinot était tout simplement employé au poste de télévision ALLEMAND de la rue Cognaq-Jay !
Double jeu évidemment !
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15 mars 1941.

Dans son cabaret, Martini aurait crié à un Fritz qui n'arrivait pas à enfiler la manche de sa capote : " Hein ? c'est difficile à passer, la Manche ! "
Il entre en scène en faisant le salut hitlérien. Puis, le bras toujours tendu, il déclare : " Jusque-là ! Jusque-là ! Nous sommes dans la merde jusque-là !"
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(21 août 1914 – après plusieurs jours de marche harassante vers le front)

En haut de la côte, un spectacle d’une beauté tragique nous cloue sur place : tout l’horizon est embrasé. Une immense torche écarlate se tord flamboyante, dans le ciel noir comme de la suie. C’est Longwy qui brûle. On entend le grondement sourd de la canonnade comme un roulement lointain de tambour... Un cheval démonté, crinière au vent, passe au grand galop, semant le désordre dans la colonne. Dans les champs, des chiens courent affolés, hurlant à la mort.
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(3 août 1914)

Toutes ces scènes d’émeutes m’ahurissent et me peinent. J’ai l’impression que la déclaration de guerre a provoqué une sorte de folie collective : la lie de la population est brusquement remontée à la surface, mais d’honnêtes travailleurs aussi se transforment brusquement en énergumènes, se jettent au pillage, ou, faute d’ennemis à trucider, en imaginent à tous les coins de rue ; dans ce quartier populaire, les femmes semblent prises de frénésie ; certaines s’offrent au premier pantalon rouge. Quant à la police, elle a complètement perdu la tête et donne l’exemple du plus évident manque de sang-froid.
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Nous partons. Girard rit sans arrêt. Il ne trouve que le rire pour exprimer l'énormité de la situation :
— Ah dis donc répète-t-il, ah ! dis donc !
Et il éclate.
Je le questionne :
— Le capitaine?
— Il est tué. Il a effacé un obus en plein pêche ; j'ai vu rouler sa tête sur la route. Le lieutenant, lui, c'est une balle au cœur. Ah ! dis donc ! Et Donneau, le cabot, le bras arraché, et Calvados, deux balles dans la tête. Ah ! dis ! tu parles d'un massacre, alors !
Et il se tore de rire.
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Fait divers.
"La couturière lingère Maria Mathia, née Dubosc, a perdu aux Galeries Lafayette la lettre où elle proposait à une agence allemande, pour 200 francs par tête, la déportation de son mari chaudronnier, et d'autres ouvriers. Elle a déclaré au juge d'instruction :
"Je faisais ça seulement pour gagner de l'argent !"
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