Jean Galtier-Boissière

A la cour civique, un inculpé proteste qu'il n'a pas collaboré et même qu'il a fait de la Résistance...
- Alors, dit le président, vous devez bien vous êtes procuré un certificat?
- Non, monsieur le président, répond naïvement l'inculpé, mes moyens ne me le permettent pas...

Jean Galtier-Boissière, avec verve et précision, relate ce début de la grande guerre et les tragiques et meurtriers combats du début du conflit. Un des meilleurs livre sur les premières batailles de la première guerre mondiale de mon point de vue.

1947.
Histoire juive raconté par Dubois d'Adam.
Accident de chemin de fer ; il y a de nombreux blessés. Lévy s'en tire sans une égratignure :
- Tu n'as pas de chance, lui dit Jacob, tu ne toucheras pas d'indemnité !
Lévy se sent aussitôt pris d'une paralysie de l'épaule...et touche la forte somme.
Quelques semaines plus tard, il s'attire cette remarque ironique de Jacob :
- Alors, mon pauvre ami, tu vas jouer les paralysés toute ta vie ?
Mais lévy, clignant de l'oeil, murmure :
- Heureusement...il y a Lourdes...

1 Novembre 1942.
Je retrouve un numéro de Match du printemps 39 où Monzie déclare : "La Pologne, c'est du solide".

7 Novembre 1942.
De la France Socialiste, le plus beau titre de toute la guerre, pour expliquer la défaite et le recul de l'Africa-Korps en Egypte :
" Devant la supériorité numérique croissante des Anglo-Américains en hommes et en matériel le Maréchal Rommel restitue à la bataille égyptienne le caractère de guerre de mouvement".

J'ai trouvé la solution de la question juive : après la défaite allemande, on donne tout simplement l'Allemagne aux juifs.

26 décembre 1941.

Pétain : Le connétable du Déclin.

Nous passons la journée à fumer des pipes, les genoux au menton, à essayer de dormir, à regarder les gros obus éclater au loin et à manger un mélange de pain et de boue. La pluie fait rage, nous sommes trempés. Chaffot, mélancolique, soupire :
- On les aura...les pieds gelés !

Darlan parcourt l'Afrique du Nord pour organiser la défense ; il approuve l'ordre d'ouvrir le feu contre les Anglo-Américains, fait tuer des milliers de marins au Maroc, puis négocie et passe à la dissidence ...

- Où allons-nous, déclare René Lefèvre, si nous ne pouvons plus avoir confiance dans nos traitres ?

Béatitude de Cassandre.
Pétain croyait fermement à la défaite française en 1918 et c'est pourquoi il n'a pas présidé à la victoire. Il n'a jamais digéré le triomphe de Foch. Vingt ans après, ayant vécu assez vieux pour enterrer son rival heureux, il vit enfin la réalisation à retardement de ses sinistres prophéties : l'effondrement militaire de la France. "Je l'avais bien dit !" s'écria-t-il, et depuis il se vautre avec béatitude dans la défaite.

19 mars 1947.
Grandioses funérailles de Jean-Richard Bloch.
C'est ce médiocre écrivain, ex-directeur de Ce Soir, qui, encore que Juif et communiste, voyagea sans aucune difficulté entre Paris et Moscou via Berlin au printemps de 1941, alors que Staline était encore l'allié de Hitler et publia un récit de son voyage en Allemagne après l'attaque de l'U.R.S.S. par la Wehrmacht.
Vingt jeunes vierges communistes, précédant le corbillard, portaient sur des coussinets cramoisis, ainsi que des reliques, les volumes N.R.F. du "génial" écrivain, de même qu'en régime capitaliste aux obsèques d'un quelconque traîneur de sabre sont présentées aux badauds ses innombrables décorations...

Célimène et "petite secousse".
Cécile Sorel aurait raconté à H... qu'elle avait couché avec Maurice Barrès ; ce fut pour elle un événement considérable :
- Je me suis dit : " Cécile, ma petite, ce soir il ne s'agit pas de jouir. Il s'agit d'observer ! "

28 août 1944

Des poêtes qui ont fait passer sous un pseudonyme un quatrain sur Hitler dans une feuille confidentielle - baptisée clandestine - croient sincèrement avoir sauvé la France.

13 février 1941.

Un Allemand dans la quartier Molitor demande :
- Pouvez-vous m'indiquer une piscine ?
- Mais oui, entre Douvres et Calais...

Janvier1945

Libération.
La Varende qui publiait ses romans dans Je Suis Partout envoie, de son château, sa démission à l'académie Goncourt, en déclarant que " la joie qu'il éprouve à se Libérer lui montre combien il se fourvoyait dans ces hauts milieux littéraire".

Janvier 1945
L' ex commandant Chack a été fusillé. Les journaux racontent qu'il a appelé Béraud en passant devant sa cellule et lui a crié : " Adieu Béraud, priez pour moi ! " et il aurait ajouté : " Je meurs pour mon idéal ."
Un idéal vert-de-gris.

La Loterie.
Une infâme délatrice, Suzanne Goguel, qui livrait à l'ennemi les gens qu'elle avait détroussés n'est condamnée qu'à Dix ans de prison.

Madeleine Jacob notait dans un récent article la présence d'un nerf de boeuf sur la table d'un commissaire enquêteur. Le nerf de boeuf a-t-il changé de main ? Ce n'est pas sûr. Il n'y a peut-être que les victimes qui ont changé de camp.

Au procès de Zucarelli, des 'Nouveaux Temps', le défenseur, Me Gruny eut la mauvais goût de dire au président:
-Monsieur le Président, vous avez prêté serment au maréchal Pétain, moi aussi; par conséquent, acquittez Zucarelli qui en a fait autant.
Mais le jury ne suivit pas le raisonnement de l'avocat.
24 janvier 1945

L'ex-commandant et pisse-copie tricolore Chack, lamentable avec sa face ravinée et ses fanons de vieux lézard, a demandé pardon à la Cour et s'est abaissé jusqu'à proposer d'écrire un livre à la gloire du général de Gaulle. Les jurés, écoeurés, l'ont condamné à la peine capitale.
Cet officier de marine était le gendelettre type, pourri de vanité.
19 décembre 1944

Malheureux Drieu! Lorsqu'il m'exposa ses vues, dînant chez moi en novembre 1940, je lui dis: "Je te parie que tu seras fusillé." Le malheureux s'est fusillé lui-même.
"Le traître s'est suicidé", écrit L'Humanité. "Cette fois, l'auto-épuration s'est accomplie", dit Le Populaire.
Dans Le Figaro, Mauriac se penche sur le cadavre de son ennemi, "ce grand garçon nonchalant et cynique", avec une amère pitié :
"Je pense à lui, ce soir, à l'écolier qu'il fut à Sainte-Marie-de-Monceau (les mêmes religieux nous ont élevés), au vaillant soldat de la Grande Guerre, au prince d'une jeunesse maudite durant ces troubles années, aux premiers égarements de la politique, à sa rencontre avec Doriot - comment a-t-il pu être séduit par Doriot? - et voilà l'horrible épilogue et cette fin de bête traquée."
J'ai connu Drieu pendant la guerre de 1914 où il fut blessé 3 fois; il donna un poème cubiste dans le premier numéro du Crapouillot et je me souviens de son intervention pendant l'un de nos premiers dîners, en 1920, dans un désuet cabinet particulier de Véfour, au Palais Royal: la révolution bolchevique paraissait imminente en France et chacun demandait des tuyaux à Vaillant-Couturier. "Dans la société nouvelle, disait Paul, chacun sera astreint à un travail manuel; mais une fois votre tâche achevée vous pourrez écrire vos poèmes et vos proses en toute liberté. - Je m'accomoderai fort bien de ton régime, s'écria Francis Carco, je serai typo; je connais le métier, et le soir, j'écrirai des vers." A ce moment, Drieu se dressa. "Eh bien non! Moi, je refuse de travailler de mes mains! Je veux écrire des chefs-d'oeuvre à mon heure et à mon idée! Je suis un aristocrate de la pensée et je rejette votre régime."

Breffort raconte l'histoire du couple à l'étroit dans un logement avec un petit garçon et qui a envie de faire l'amour. Le papa dit au gosse: "Regarde par la fenêtre; chaque fois que tu verras un chapeau melon, tu l'annonceras sans te retourner et tu auras droit à vingt sous."

Le petit garçon se met à la fenêtre et soudain s'écrie: "Ah! mes amis! Cette petite partie de trou du c... va vous coûter cher: v'là un enterrement!"