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Citations de Jean Giraudoux (597)


HÉCUBE
Ou alors que les vieillards soient les seuls guerriers. Tout pays est le pays de la jeunesse. Il meurt quand la jeunesse meurt.

HÉLÈNE
Vous ne me comprenez pas du tout, Hector. Je n’hésite pas à choisir. Ce serait trop facile de dire : je fais ceci, ou je fais cela, pour que ceci ou cela se fît. Vous avez découvert que je suis faible. Vous en êtes tout joyeux. L’homme qui découvre la faiblesse dans une femme, c’est le chasseur à midi qui découvre une source. Il s’en abreuve. Mais n’allez pourtant pas croire, parce que vous avez convaincu la plus faible des femmes, que vous avez convaincu l’avenir. Ce n’est pas en manœuvrant des enfants qu’on détermine le destin...
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ANDROMAQUE
Oh ! justement, père, vous le savez bien ! Ce sont les braves qui meurent à la guerre. Pour ne pas y être tué, il faut un grand hasard ou une grande habileté. Il faut avoir courbé la tête ou s’être agenouillé au moins une fois devant le danger. Les soldats qui défilent sous les arcs de triomphe sont ceux qui ont déserté la mort. Comment un pays pourrait-il gagner dans son honneur et dans sa force en les perdant tous les deux ?

PRIAM
Ma fille, la première lâcheté est la première ride d’un peuple.

ANDROMAQUE
Où est la pire lâcheté ? Paraître lâche vis-à-vis des autres, et assurer la paix ? Ou être lâche vis-à-vis de soi-même et provoquer la guerre ?

DEMOKOS
La lâcheté est de ne pas préférer à toute mort la mort pour son pays.
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DEMOKOS
Permets-moi de ne pas être de ton avis. Le sexe à qui je dois ma mère, je le respecterai jusqu’en ses représentantes les moins dignes.
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PÂRIS
Mon cher Hector, c’est vrai. Jusqu’ici, j’ai toujours accepté d’assez bon cœur les séparations. La séparation d’avec une femme, fût-ce la plus aimée, comporte un agrément que je sais goûter mieux que personne. La première promenade solitaire dans les rues de la ville au sortir de la dernière étreinte, la vue du premier petit visage de couturière, tout indifférent et tout frais, après le départ de l’amante adorée au nez rougi par les pleurs, le son du premier rire de blanchisseuse ou de fruitière, après les adieux enroués par le désespoir, constituent une jouissance à laquelle je sacrifie bien volontiers les autres... Un seul être vous manque, et tout est repeuplé... Toutes les femmes sont créées à nouveau pour vous, toutes sont à vous, et cela dans la liberté, la dignité, la paix de votre conscience... Oui, tu as bien raison, l’amour comporte des moments vraiment exaltants, ce sont les ruptures... Aussi ne me séparerai-je jamais d’Hélène, car avec elle, j’ai l’impression d’avoir rompu avec toutes les autres femmes, et j’ai mille libertés et mille noblesses au lieu d’une.
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ANDROMAQUE
Comment arrive-t-on à ne plus aimer ce que l’on adorait ? Raconte. Cela m’intéresse.

HECTOR
Tu sais, quand on a découvert qu’un ami est menteur ? De lui tout sonne faux, alors, même ses vérités... Cela semble étrange à dire, mais la guerre m’avait promis la bonté, la générosité, le mépris des bassesses. Je croyais lui devoir mon ardeur et mon goût à vivre, et toi-même... Et jusqu’à cette dernière campagne, pas un ennemi que je n’aie aimé...

ANDROMAQUE
Tu viens de le dire : on ne tue bien que ce qu’on aime.
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HECTOR
Puis l’adversaire arrive, écumant, terrible. On a pitié de lui, on voit en lui, derrière sa bave et ses yeux blancs, toute l’impuissance et tout le dévouement du pauvre fonctionnaire humain qu’il est, du pauvre mari et gendre, du pauvre cousin germain, du pauvre amateur de raki et d’olives qu’il est. On a de l’amour pour lui. On aime sa verrue sur sa joue, sa taie dans son œil. On l’aime... Mais il insiste... Alors on le tue.

ANDROMAQUE
Et l’on se penche en dieu sur ce pauvre corps ; mais on n’est pas dieu, on ne rend pas la vie.

HECTOR
On ne se penche pas. D’autres vous attendent. D’autres avec leur écume et leurs regards de haine. D’autres pleins de famille, d’olives, de paix.
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ANDROMAQUE
Ah ? Tu te sens un dieu, à l’instant du combat ?

HECTOR
Très souvent moins qu’un homme... Mais parfois, à certains matins, on se relève du sol allégé, étonné, mué. Le corps, les armes ont un autre poids, sont d’un autre alliage. On est invulnérable. Une tendresse vous envahit, vous submerge, la variété de tendresse des batailles : on est tendre parce qu’on est impitoyable ; ce doit être en effet la tendresse des dieux. On avance vers l’ennemi lentement, presque distraitement, mais tendrement. Et l’on évite aussi d’écraser le scarabée. Et l’on chasse le moustique sans l’abattre. Jamais l’homme n’a plus respecté la vie sur son passage.
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ANDROMAQUE

Le tien seul m’intéresse. C’est parce qu’il est de toi, c’est parce qu’il est toi que j’ai peur. Tu ne peux t’imaginer combien il te ressemble. Dans ce néant où il est encore, il a déjà apporté tout ce que tu as mis dans notre vie courante. Il y a tes tendresses, tes silences. Si tu aimes la guerre, il l’aimera... Aimes-tu la guerre ?
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HECTOR
Si toutes les mères coupent l’index droit de leur fils, les armées de l’univers se feront la guerre sans index... Et si elles lui coupent la jambe droite, les armées seront unijambistes... Et si elles lui crèvent les yeux, les armées seront aveugles, mais il y aura des armées, et dans la mêlée elles se chercheront le défaut de l’aine, ou la gorge, à tâtons...

ANDROMAQUE
Je le tuerai plutôt.

HECTOR
Voilà la vraie solution maternelle des guerres.
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Tout à l’heure, en te quittant, je vais solennellement, sur la place, fermer les portes de la guerre. Elles ne s’ouvriront plus.
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ANDROMAQUE
Je ne sais pas ce qu’est le destin.

CASSANDRE
Je vais te le dire. C’est simplement la forme accélérée du temps. C’est épouvantable.
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Qu’as-tu vu dans ton exil ?
Disait à Spencer sa femme,
À Rome, à Vienne, à Pergame,
À Calcutta ? Rien !… fît-il…
Veux-tu découvrir le monde
Ferme tes yeux, Rosemonde
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Jean Giraudoux
Tout irait mal,mais il y a le Théâtre.
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Hector : Comment l'as-tu enlevée ? Consentement ou contrainte ?
Pâris : Voyons, Hector ! Tu connais les femmes aussi bien que moi. Elles ne consentent qu'à la contrainte. Mais alors avec enthousiasme.
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Électre
Les yeux peuvent pleurer tout seuls. Ils sont là pour cela.
Clytemnestre
Oui, et même les tiens, qui ont l’air de deux pierres. Un jour les pleurs les noieront.
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Le bonheur n’a jamais été le lot de ceux qui s’acharnent. Une famille heureuse, c’est une reddition locale. Une époque heureuse, c’est l’unanime capitulation.
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Le Chevalier
Quel jeu jouez-vous maintenant ? Que voulez-vous ?

Bertha
Ne serrez pas ma main. Elle tient un oiseau.

Le Chevalier
J'aime ma femme. Et rien ne me séparera d'elle.

Bertha
C'est un bouvreuil. Vous allez l'étouffer !

Le Chevalier
Si la forêt m'avait englouti, vous n'auriez pas pour moi un souvenir. Je reviens heureux et mon bonheur vous est insupportable... Lâchez cet oiseau !

Bertha
Non. Son coeur bat. A côté du mien, j'ai besoin en cette minute de ce petit coeur.

Le Chevalier
Quel est votre secret ? Avouez-le !

Bertha, lui montrant l'oiseau mort.
Voilà... Vous l'avez tué.

Le Chevalier
Pardon, Bertha !

[...]

Le Roi
Bertha est une fille douce, loyale et qui ne demande qu'à t'aimer

Ondine
Ah non ! erreur complète !

Le Chevalier
Je te prie de te taire.

Ondine
Toi, tu appelles douce une fille qui tue des bouvreuils ?

Le Roi
Quelle est cette histoire de bouvreuils ? Pourquoi Bertha irait-elle tuer des bouvreuils ?

Ondine
Pour troubler Hans.

[...]

Le Chevalier
Ne me touche pas.

Ondine
Embrasse-moi devant elle ! J'ai ressuscité le bouvreuil. Il est vivant maintenant dans sa cage.
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Chevalière, la Cour est un lieu sacré où l'homme doit tenir sous son contrôle les deux traîtres dont il ne peut se défaire: sa parole et son visage. S'il a peur, ils doivent exprimer le courage. S' il ment, la franchise.
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Je ne vois rien Andromaque. Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes, et celle des éléments.
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Demokos.- permets-moi de ne pas être de ton avis. Le sexe à qui je dois ma mère, je le respecterai jusqu'en ses représentantes les moins dignes.
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