Que contient donc la mallette nucléaire, cette petite valise noire que porte l?aide de camp qui accompagne partout le président de la République ? Comment, à chaque passation du pouvoir présidentiel, s?effectue le rituel le plus secret de la Ve République, la transmission des codes d?engagement de l?arme nucléaire ?
Riche de nombreuses révélations historiques surprenantes, fourmillant de détails techniques inédits, ce livre nous fait pénétrer au c?ur du pouvoir, là où la responsabilité du feu nucléaire façonne la politique française, à l?intérieur comme à l?extérieur.
Depuis 1958, chacun des présidents qui se sont succédé a entretenu une relation intime à la « Bombe ». Passionné, converti, dubitatif, réformateur ou apaisé, mais jamais indifférent, le président français est « Jupiter à l?Élysée ».
Est-il légitime pour la France de continuer à disposer de cette arme ? Que nous apporte-t-elle ? Ne s?agit-il pas d?un luxe à l?heure des restrictions budgétaires ? Aucune de ces questions ne doit demeurer taboue à l?heure où la France s?apprête à entamer un nouveau cycle de renouvellement de ses moyens nucléaires.
Les deux spécialistes réunis ici ont puisé aux meilleures sources ? archives nouvelles, entretiens personnels avec les acteurs et les témoins ? pour livrer le panorama le plus complet de la dissuasion française et permettre ainsi aux citoyens de se forger un avis informé sur un sujet qui engage l?avenir de la nation.
Jean Guisnel est journaliste.
Bruno Tertrais est politologue, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
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Quand aux Américains, qui avaient avertis par le directeur de la DST, il ont été également informés au plus haut niveau. Lors d'un tête-à-tête avec le président Ronald Reagan, François Mitterand a essayé d'aborder l'affaire Farewell. Je n'étais pas présent, mais j'ai eu le retour de cette rencontre par la CIA. Et il parait que Mitterand a dit : "Farewell", ce qui veut dire : "Portez-vous bien", et Ronald Reagan n'a pas du tout compris...
Et pourtant ! Internet et les réseaux sont désormais le cadre dans lequel se développent de nouveaux conflits, inimaginables il y a quelques années. On y espionne et on y dérobe des informations, on peut y violer l'intimité des citoyens et dissimuler des entreprises criminelles. On peut aussi, tout simplement, s'y faire la guerre.

Le terrorisme est un épiphénomène. C'est une maladie, mais pas mortelle. Aucun régime n'a été renversé, aucun État n'a été déstabilisé, même provisoirement, par lui. Après le 11 Septembre 2001, les États-Unis n'ont pas changé. La démocratie américaine n'a pas été mise en danger du point de vue de l'État. Le vol d'une technologie particulièrement pointue est aussi grave qu'un attentat provoquant la mort d'hommes. Le problème, c'est que l'un éclate au grand jour, et que l'autre, la plupart du temps, reste strictement confidentiel. Est-il plus périlleux d'avoir 500 morts à la Gare Saint-Charles [à Marseille], ou de se faire voler la technologie des têtes multiples qui sont contenues dans une ogive nucléaire ? Le terrorisme, ce n'est rien d'autre qu'une violence qui s'en prend à des innocents, ou qui oublie la notion de territorialité. Nous avons connu, pendant un certain nombre d'années, un terrorisme identitaire : irlandais, espagnol, corse dans une certaine mesure, palestinien. À ce dernier va succéder, au début des années 1990, un terrorisme d'une tout autre nature qui ne revendique pas une liberté ou la disposition d'un territoire, mais l'expansion d'une forme de pensée, en l'occurrence d'une religion : c'est un terrorisme messianique, forme moderne de terrorisme beaucoup plus inquiétante que la forme identitaire, parce qu'elle est universelle.
On me demande: Avez-vous rencontré des espions? Si je réponds oui, je dévalue la DGSE. Si je réponds non, c'est moi que je dévalorise. Si je les ai rencontrés, ils ne m'ont rien dit. J'ai appris d'eux à désinformer. Et quand ils me parlent, j'apprends à vous désinformer.
A Ploufragan (Côtes-d'Armor), au bord d'une banale route à quatre voies longeant Saint-Brieuc, la préfecture départementale, bâtiment neuf, encore en travaux, a des airs de petit siège social d'une coopérative agricole, d'une compagnie d'assurance... ou de n'importe quoi. En réalité, c'est une pouponnière de la DGSE.
Je n'ai pas envie que la DGSE parle de ce qu'elle fait. Je la veux sérieuse, excellente, secrète et impitoyable.
Il ne s'agit pas de les [les services de renseignement] gêner, ni d'exercer une curiosité malsaine, mais de donner corps à ce qui constitue un des fondements de la démocratie : le contrôle de ceux qui ont le pouvoir et des moyens qu'utilise l'exécutif dans un domaine aussi crucial que celui-ci.
Avec ces diables d'Américains, on ne peut jamais jurer de rien. Et la Direction technique de la DGSE fait oeuvre de salubrité publique quand elle ferme la porte, avant la prise de fonction de François Hollande, à une nouvelle attaque de la NSA.