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Version longue de la rencontre avec Jean-Michel le Boulanger, qui a eu lieu le 27 octobre 2016 à la librairie dialogues à Brest, à l'occasion de la parution du livre Manifeste pour une France de la diversité (éditions Dialogues).
Entretien mené par Charles Kermarec.
Réalisation : Ronan Loup.
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On apprend, en 1913, que Bécassine s’appelle Annaïck Labornez et qu’elle est originaire du Finistère. On se moque alors dans la bourgeoisie parisienne, avec mépris parfois, de ces domestiques incultes qui ne connaissent pas les pratiques et les codes de la vie parisienne. Bécassine est tout à la fois « bécasse » et « bornée ». Elles sont si nombreuses alors les bonnes venues de Bretagne… Le succès populaire de Bécassine (née trois ans avant les Pieds nickelés), sera tel que son nom deviendra nom commun désignant une fille sotte et naïve… Ce succès participe à l’image de la Bretagne et des Bretons. Des « ploucs » travailleurs, un peu frustes, un peu bornés, sympathiques évidemment, mais si arriérés. Illustration par le dessin, et un personnage populaire, de propos écrits plusieurs décennies auparavant par ces voyageurs écrivains venus en Basse-Bretagne le temps d’un été.
Avec « Les Bretons », édité en 1845, Auguste Brizeux tente d’écrire la somme poétique, l’œuvre synthèse sur la Bretagne, avec ses sols et ses métiers, ses ambiances et sa culture. Offrir à ses lecteurs le tableau complet de l’existence rude, patiente, religieuse aussi du paysan, de l’artisan ou du marin breton.
« Ô landes ! Ô forêts ! Pierres sombres et hautes,
Bois qui couvrez nos champs, mers qui battez nos côtes,
Villages où les morts errent avec les vents,
Bretagne ! D’où te vient l’amour de tes enfants ?
Des villes d’Italie, où j’osai, jeune et svelte,
Parmi ces hommes bruns montrer l’œil bleu d’un celte ;
J’arrivais, plein des feux de leur volcan sacré,
Mûri par leur soleil, de leur arts enivrés ;
Mais dès que je sentis, ô ma terre natale,
L’odeur qui des genêts et des landes s’exhale,
Lorsque je vis le flux et reflux de la mer
Et les tristes sapins se balancer dans l’air,
Adieux les orangers, les marbres de Carrare !
Mon instinct l’emporta, je redevins barbare,
Et j’oubliai les noms des antiques héros
Pour chanter les combats des loups et des taureaux ! »
Oui, Brizeux, après l’Italie visitée, après la Divine Comédie traduite, redevient barbare…
Il n’y aura pas de « sortie de crise ». La crise ne fait que commencer. Et d’ailleurs ce n’est pas une crise, mais une formidable transformation. Avec un choix : soit nous allons vers une société humaine adaptée aux potentialités terrestres, soit nous restons dans le vieux schéma de la croissance quantitative et nous courrons à la perte. Le temps du monde fini est bel et bien commencé.
Se méfier toujours des prétendues puretés, des illusions de l'authenticité, des fermetures et des essentialismes. Notre Bretagne - comme notre France - n'a aucune originelle pureté à présenter. elle est faite de rencontres et de dialogues, elle est faite de hasards et de relations.
Ne permettons pas à la haine d'exacerber les différences et d'ériger des murs.
"Vous savez, jeune homme, faut aimer la vie", cette phrase si simple pourtant, résonnait en lui brutalement. Aimer la vie, oui, évidemment. Aimer la vie, c'est aimer l'avenir. C'est se projeter. C'est tourner le dos au passé. Ne pas le renier, non, ne rien oublier, ne rien renier, mais avancer et s'éloigner des temps maudits. Trouver la force. C'est le serment de la Pointe de la Jument et la fin d'une éclipse ! Aimer la vie, c'est renaître. Être soi. Oser. Ne pas se dégonfler. Aimer la vie, c'est si simple. p.166
Ce n'est pas à l'Allemagne qu'il faut faire la guerre, c'est à la guerre ! On compte les morts et les blessés et on parle d'héroïsme, mais combien de vies brisées, combien de fractures au cœur des vivants ? Combien ? On parle de victoires des uns et des défaites des autres, mais quand dira-t-on enfin que chez les uns comme chez les autres, les cicatrices ne se refermeront jamais ? Qu’il n'y a que des vaincus ! Que des vaincus ! p.97
Le Flanchec, boxeur, avait appris l’art de l’esquive. Le Flanchec, maire d’un grand port de pêche, apprend à godiller, en fonction des marées, des courants et des vents.
Je suis déjà tombé dans un fossé, tu sais, incapable de me relever. Et je reste là. Dans l'herbe. Avec l'envie de crever. D'en finir. Tu sais, les Boches ils m'ont eu, moi aussi. Mais moi je ne suis pas Mort pour la France, je suis Vivant pour la France ! Mort vivant ! Ils m'ont eu. Ils m'ont eu vivant, mais ils m'ont eu. Faudrait que j'arrive à arrêter de boire. Faudrait. Pour ça, il faudrait que j'arrête de vivre dans le fond de la tranchée. Que j'en sorte. Que je revienne enfin du front et des trous à rats. p.72
Qui ne s'est pas senti un jour comme agrandi, ému, transporté, bouleversé, à l'écoute d'une œuvre musicale, devant une peinture, ou à la lecture d'un poème ? L'œuvre d'art est ce qui nous rappelle, obstinément, contre tout ce qui prétend nous réduire à l'ordinaire des jours, que nous sommes plus grands que nous.