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EAN : 9791097465360
192 pages
Goater (09/01/2020)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Aux lendemains de la Grande guerre où tant de jeunes sont morts, de nouvelles aspirations pointent. À Douarnenez, les femmes, les ouvriers et les pêcheurs s’organisent. Les grèves et les mobilisations se succèdent, notamment la grande grève des sardinière en 1924.

Douarnenez est en ébullition, au point d’élire un maire communiste, le célèbre Le Flanchec, et la première femme conseillère municipale de France, Joséphine Pencalet élue en 1925. Mobilisati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Passant quelques jours de randonnée dans le Cap Sizun et la Cornouaille, rien de mieux que des lectures régionales pour un peu s'imprégner de l'histoire de la région.
La propriétaire du gîte que nous louions été originaire de Douarnenez et nous raconta succinctement l'histoire de ce port, ses conserveries de sardines au début du 20ème siècle , sa mairie communiste, ses femmes en grève en 1924 et cet esprit " rouge " toujours présent.
Un tour dans une librairie à Audierne et le libraire nous conseille le roman de Jean Michel Boulanger : Des printemps en Bretagne.
C'est un premier roman écrit par un maître de conférence en géographie et aussi un vice président du Conseil Régional de Bretagne.
C'est parfois didactique mais c'est toujours intéressant et éclairant sur Douarnenez et la Bretagne dans les années 1920.
Francois Tanguy est un jeune garçon qui vit avec sa famille paysanne près de Guingamp. La guerre de 14 aura semé l'effroi dans la famille avec des frères qui ne reviendront pas et une mère qui mourra de chagrin.
Suite à ces études à Rennes, il décroche un poste de professeur auprès des élèves de l'école de pêche de Douarnenez.
En vivant à Douarnenez il va être confronté au communisme libertaire, aux prémices du féminisme avec l'élection d'une sardiniere au conseil municipal.
Il sera confronté aussi à son propre pacifisme suite à la tragédie de la guerre, sans oublier la place du catholicisme en Bretagne.
A côté du personnage fictionnel de François, prend place un personnage haut en couleurs : Flanchec maire communiste de Douarnenez, avec ses ombres et ses lumières.
En tout cas quand vous arpentez les rues et venelles de Douarnenez, vous êtes emprunt d'une certaine gravité vis à vis du combat qu'ont mené les sardinières.
Il en reste des traces comme cette peinture sur l'une des maisons de la place du Sémaphore.
Et savez- vous qu'à Douarnenez tous les magasins sont fermés le dimanche. Souvenir d'une ville militante.

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Un petit roman régional de temps en temps, ça ne fait pas de mal surtout quand il est bien tourné, alors je suis toujours à l'affût de nouvelles plumes, qui peuvent amener un regard nouveau ou révéler des pans jusqu'alors inexplorés (par moi) de l'histoire de la Bretagne. Jean-Michel le Boulanger est un essayiste et un biographe, notamment de Daniel le Flanchec, maire rouge de Douarnenez de 1924 à 1940. C'est dire s'il connaît bien son sujet, puisqu'ici, bien que le livre commence à Guingamp, l'essentiel du propos concerne le Douarnenez des années 20. A cette époque, Douarnenez, ce n'est plus tout à fait la même Bretagne qu'alentour. Ce sont les conserveries, le début de l'industrialisation, et donc les premières luttes d'ouvrières (puisque les employées des conserveries étaient des femmes, pendant que leurs hommes étaient à la pêche pour ramener la matière première).

Dans ce roman dont le héros, François Tanguy, un jeune Guingampais professeur de français nommé à Douarnenez pour son premier poste, est surtout un spectateur, il ne se passe finalement pas grand-chose et la très mince intrigue est surtout le prétexte à une description de la situation un peu avant, pendant et un peu après l'élection du maire en 1925.
C'est un livre tout simple, qui balaie en quelques pages les différents courants alors présents dans la société bretonne. On y retrouve l'opposition entre la Bretagne de la terre et celle de la mer, entre la Bretagne bretonnante et celle qui n'a jamais parlé breton (deux oppositions rarement évoquées dans les romans régionalistes, j'ai donc beaucoup apprécié cet aspect du livre) ; on y voit aussi les mouvements de modernisation avec par exemple le début de l'abandon de la coiffe, l'ironiquement nommée penn sardin, mais en même temps la défense d'un particularisme régional qui étouffe à cause d'un pouvoir politique et culturel trop centralisé. Beaucoup de choses sont évoquées plus que détaillées, comme la mention des Seiz Breur, qui ne fait qu'une demi-ligne et à côté de laquelle on passe si on ne connaît pas déjà ce mouvement de renaissance et de modernisation culturelle, et c'est donc un roman qui s'adresse à ceux qui connaissent déjà un petit peu ces questions.
Le roman demeure intéressant par le fait que, dans les yeux finalement assez rêveurs et naïfs de François Tanguy, toutes les options sont intéressantes à écouter et à voir se développer (à condition qu'elles soient plutôt ancrées à gauche, soyons honnêtes), et cela donne un panorama de la situation à l'époque plutôt intéressant de par son caractère diversifié et relativement exhaustif. Il est intéressant de voir tout cela rassemblé, juxtaposé, dans tout juste 200 pages. Et puis la situation de Douarnenez la rouge a été bien intéressante à découvrir aussi, avec son maire flamboyant, mais d'autres personnages hauts en couleurs aussi, parmi lesquels Joséphine Pencallet (je ne sais pas comment cela se prononce, mais si c'est à la bretonne, penn kalet, cela veut dire littéralement « tête dure », « têtu », un qualificatif qui colle aux Bretons et donc un patronyme intéressant pour une des premières femmes de France élue conseillère municipale, et ce deux décennies avant que le droit de vote ne soit accordé aux femmes, cherchez l'erreur…).
Un livre à conseiller aux mordus de la Bretagne, qu'ils soient Bretons ou non, pour replonger dans l'effervescence d'une période pleine de changements. J'ai pour ma part beaucoup apprécié ce moment de lecture rafraîchissant comme une bolée d'embruns venus du large.
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Un livre sur la Bretagne avec une telle couverture, voilà qui commençait déjà bien. Ajoutez une amitié entre deux jeunes bretons dont l'un est revenu Vivant de la grande guerre tandis que l'autre y a perdu 3 frères et sa mère ; le printemps du communisme breton à Douarnenez ; le début des revendications et de l'émancipation féminine. Je me suis plongée avec beaucoup de plaisir dans cet univers breton cher à mon coeur de melgvinoise d'adoption (à quelques encablures de Concarneau).
Cette manière d'incarner L Histoire à travers une tranche de vie de personnages me convient parfaitement. Cela me replonge dans des lectures précédentes, mes souvenirs de cours d'histoire. Je me dis que je vais regarder la Bretagne différemment car je suis enrichie de la connaissance d'une partie de son histoire. Je vais prêter ce livre à certains de mes proches afin de partager avec eux mon plaisir de lecture.
Merci à Babelio et son opération Masse critique de m'avoir permis de découvrir cet auteur et cette maison d'édition dont je célèbre le papier.
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Le printemps est une saison d'espoir et il en est ainsi en 1924 et 1925 en Bretagne. François Tanguy est un Breton de la campagne, le plus jeune et le seul de 4 frères qui n'ait connu ou qui ne soit victime de la Grande Guerre. Il porte l'identité de son pays la Bretagne qui est à cette époque là à un tournant dans son histoire. A Guingamp, dont il est originaire, et à Douarnenez, où il est nommé professeur, François observe une région qui change et qui commence à tourner le dos, et à l'autorité et, enfin, à l'église. En Basse Bretagne à cette époque, tout le monde est bilingue et Le Breton reste la langue de tous les jours.
Si Guingamp représente ici la vieille Bretagne, la nouvelle qui semble émerger est la remuante ville de Douarnenez, avec ses conserveries de sardines et leurs employées en révolte. La ville, unique en son genre, élit un maire communiste et semble, en ces années là, au bord de l'explosion. Des grèves historiques, et à succès, vont se déclarer.
Au milieu de ce ferment, François Tanguy trouve l'amour et sa raison d'être car, malgré le poids de tristesse laissé par la guerre et les combats pour survivre en bord de mer, ‘faut aimer la vie'. François réapprend à aimer la vie avec la belle Anne et avec ses amis écrivains en herbe et hérauts de la culture et de la littérature bretonnes. le pays revit, c'est le regain de la Bretagne.
Voici donc un roman étonnant qu'on imagine écrit par un Louis Aragon d'antan dans le style de la doctrine littéraire du réalisme socialiste et notamment son ‘Les Beaux Quartiers' de 1936. Sauf qu'ici nous sommes dans un autre monde et l'oeuvre de Jean-Michel le Boulanger vient de sortir en 2019. La Bretagne de toujours semble moins complexe que l'univers d'Aragon. Elle a commencé à revivre dans l'entre-guerre puis aura pris son envol à partir des années 1960. Elle n'aura jamais été communiste, mais, longtemps sage et assoupie, elle est devenue rebelle et le reste. Elle va continuer à se réinventer et notre auteur y joue plusieurs partitions, à notre époque actuelle, en tant qu'écrivain, enseignant d'université et homme politique avec des responsabilités importantes au niveau de la région.
Un personnage fascinant de ce roman est justement celui de l'homme politique Daniel le Flanchec, maire communiste de Douarnenez de 1924 à 1940, exclu du parti en 1937, mais finalement déporté à Buchenwald en tant que militant communiste. Il y meurt le 11 mars 1944. François Tanguy de Guingamp est fasciné par Le Flanchec et il en est de même pour Jean-Michel le Boulanger qui lui a consacré une biographie. J'ai, pour ma part, une pensée pour un autre personnage mineur, Joséphine Pencalet, ouvrière de conserverie, mais aussi une des premières femmes élues à un conseil municipal sans avoir le droit de vote. Je pense qu'elle pourrait bien être ancêtre d'une branche de ma famille.
Mais les communistes Le Flanchec et Pencalet ne sont pas les seuls personnages du livre ayant vécu. On y croise aussi l'icône Max Jacob, mort comme Le Flanchec dans les camps et qui a laissé une oeuvre et des souvenirs. Tous ces personnages ont laissé leur empreinte à cette oeuvre, qui en appelle d'autres tant le destin de la Bretagne est singulière et riche. D'autres printemps sont à venir en Bretagne. Jean-Michel le Boulanger pourra en être le chantre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Vous savez, jeune homme, faut aimer la vie", cette phrase si simple pourtant, résonnait en lui brutalement. Aimer la vie, oui, évidemment. Aimer la vie, c'est aimer l'avenir. C'est se projeter. C'est tourner le dos au passé. Ne pas le renier, non, ne rien oublier, ne rien renier, mais avancer et s'éloigner des temps maudits. Trouver la force. C'est le serment de la Pointe de la Jument et la fin d'une éclipse ! Aimer la vie, c'est renaître. Être soi. Oser. Ne pas se dégonfler. Aimer la vie, c'est si simple. p.166
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Ce n'est pas à l'Allemagne qu'il faut faire la guerre, c'est à la guerre ! On compte les morts et les blessés et on parle d'héroïsme, mais combien de vies brisées, combien de fractures au cœur des vivants ? Combien ? On parle de victoires des uns et des défaites des autres, mais quand dira-t-on enfin que chez les uns comme chez les autres, les cicatrices ne se refermeront jamais ? Qu’il n'y a que des vaincus ! Que des vaincus ! p.97
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Je suis déjà tombé dans un fossé, tu sais, incapable de me relever. Et je reste là. Dans l'herbe. Avec l'envie de crever. D'en finir. Tu sais, les Boches ils m'ont eu, moi aussi. Mais moi je ne suis pas Mort pour la France, je suis Vivant pour la France ! Mort vivant ! Ils m'ont eu. Ils m'ont eu vivant, mais ils m'ont eu. Faudrait que j'arrive à arrêter de boire. Faudrait. Pour ça, il faudrait que j'arrête de vivre dans le fond de la tranchée. Que j'en sorte. Que je revienne enfin du front et des trous à rats. p.72
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Tu vois, mignon, ils vont tout casser. On a fait pareil, dans le temps, avec les sertisseuses. On les a cassées. Mais elles sont revenues. Maintenant elles sont partout. Et les soudeurs, y'en a presque plus. Casser les machines, casser les maisons, ça ne sert pas à grand chose. On fait de la taule. On a des amendes. Et puis tout continue. C'est nous qu'on perd à tous les coups. Mais va faire comprendre ça aux jeunes. p.118 et 119
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C’est sûr, jeune homme, une forte personnalité. Mais n’oubliez jamais que si cette ville crie, fait la fête, chante, danse, gueule, fait la révolution, vote communiste, c’est d’abord pour oublier la mort. C’est aussi pour ça que les hommes boivent, ici. Ils ne savent jamais si demain ils seront encore là. Il est là le secret de cette ville, les paysans ne peuvent pas comprendre ça !
(p. 130-131, Chapitre 8).
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Vidéo de Jean-Michel Le Boulanger
https://www.librairiedialogues.fr/livre/9898379-manifeste-pour-une-france-de-la-diversite-de--jean-michel-le-boulanger-editions-dialogues Version longue de la rencontre avec Jean-Michel le Boulanger, qui a eu lieu le 27 octobre 2016 à la librairie dialogues à Brest, à l'occasion de la parution du livre Manifeste pour une France de la diversité (éditions Dialogues). Entretien mené par Charles Kermarec. Réalisation : Ronan Loup.
Retrouvez nous aussi sur : Facebook : https://www.facebook.com/librairie.dialogues Twitter : https://twitter.com/dialogues Instagram : https://www.instagram.com/librairiedialogues
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