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Citations de Jean Molla (162)


Quentin se pencha sur le puits et perçut sous la surface frémissante d'une eau lointaine et noire une lente pulsation. On aurait dit un coeur battant au ralenti. A cet instant, un coup plus puissant que les autres retenti.

De longs doigts avides s'insinuèrent dans l'esprit de Quentin. Sa vue se brouilla et il se sentit glisser...
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Jean Molla
Les livres mangent la vie, méfie-toi d'eux.
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- Mais tu aimes lire, au moins?
Georges-Louis s'immobilisa. Ses yeux fixaient un point indéfini, très haut dans le ciel.
- Pas du tout! Les livres mangent la vie, méfie-toi d'eux.
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J'ai entendu un jour, aux informations, que près de neuf mille personnes s'évaporent dans la nature chaque année. La plupart quittent leur ville, leurs proches, changent d'identité et repartent à zéro.
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Quel crime avaient-ils commis pour mériter de mourir comme ça ? Dis-moi quel intérêt il y avait à déporter ces vieillards, ces femmes, ces enfants que vous êtes allés chercher un peu partout ? Parce qu'ils étaient dangereux ? Non. Leur seul crime, c'était d'être juifs, et rien d'autre ! Comme si on pouvait naître coupable...
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Ce tiraillement constant du côté de mon estomac était devenu une véritable présence, un vide consenti, une brèche que j'ouvrais dans mon corps, avec le sentiment aigu de tout dominer, de savoir exactement ce que je faisais et où j'allais. Ne plus manger ou manger moins me procurait une brûlure exquise au ventre, comme une attente que je savais pouvoir combler quand j'en aurais le désir. Bientôt, la brûlure m'est devenue plus délicieuse que la satisfaction. J'avais le sentiment d'être habitée. Je n'étais plus du plein recouvert de peau. Je découvrais en moi des abîmes inexplorés, tout un monde d'attentes, d'espaces infinis qui ne m'effrayaient pas le moins du monde, peuplés qu'ils étaient par d'obscurs gargouillis, des protestations de viscères à qui j'apprenais ma loi.
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Sa voix n’avait été qu’un murmure mais il avait parlé. Je l’avais contraint à parler pour tous ceux qu’il avait voulu condamner à l’oubli. Un oubli pire que celui que le temps lisse. Un oubli fait de cendres et de sang.
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Parfois, je parviens à me représenter avec une acuité qui me laisse exsangue leur crainte, leur douleur, leur humiliation.
Mais la plupart du temps, mon esprit devient de glace et reste à la surface des mots. Je peux réciter mais je ne comprends rien.
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Bien sûr que ma maigreur fait peur ! Ce n'est pas une maigreur élégante. Une maigreur de papier glacé, une maigreur abondante, une maigreur désirable. La mienne est obscène, cauchemardesque. Menaçante au fond. Elle évoque pêle-mêle, les squelettes de peintures médiévales, les malades à l'agonie, les silhouettes faméliques d'un peu partout, celles des rescapés de tous les camps de la terre, celles de tous ceux qu'on essaie d'oublier.
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- En d'autres termes, tu me demandes si je pourrais tuer de sang-froid ?
Mon ami a éclaté de rire.
- Non, cela tu le fais depuis des mois, même si tu prends garde à ne pas te salir les doigts. Je te demande plus simplement si tu aurais le courage de transformer une idée en acte et de tuer, non par procuration, mais, comment dire, de tes propres mains ? (...)

J'avais du mal à avaler ma salive. Konrad avait parfaitement perçu mon trouble. Il m'a invité du regard à répondre.
De ma vie je n'ai tué, pas même un animal. (...)
Konrad avait semé le doute dans mon esprit en affirmant que je savais tuer de sang-froid. Depuis plus d'un an, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants étaient morts ici, mais je me sentais à mille lieux d'eux. Je déclinais toute responsabilité. J'exerçais une fonction, j'obéissais à des ordres. Rien de plus. Je ne me considérais pas comme un meurtrier.
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"Le mien est une histoire de squelette remisé au placard, comme il y en a dans tant de familles.
Il se trouve qu'un vilain jour le placard s'est entrouvert.
Pas suffisamment pour que j'en voie le contenu, suffisamment cependant pour que j'y entrevoie une silhouette malingre, la silhouette d'une jeune femme amaigrie par les souffrances et les privations .
Une jeune femme qu'on a fait voyager dans un wagon dans des conditions indignes d'un être humain.
Qui a vu son mari s'éteindre sous ses yeux.
Qui a dû rester à côté du cadavre jusqu'à ce que l'on s'en débarrasse comme d'une charogne .------une femme que l'on a privée de tout espoir, de toute dignité de toute espérance ..--------.et tant d'autres comme elle ! ..
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Je peux lire svp
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Le maître appeleur entonna un chant que les quatre sorciers reprirent en chœur. Là-haut, les Assoupis tourbillonnèrent de plus belle. Colin fut gagné par le vertige tandis que les lignes à ses pieds s'entremêlaient dans un tourbillon furieux.
Soudain, ses perceptions lui firent défaut. Il n'entendait plus, il ne voyait plus. Colin voulut crier mais aucun son ne franchit ses lèvres.
Avant de s'évanouir, il eut l'impression de tomber dans un précipice.
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- Et tu as prononcé un nom bizarre aussi. Un truc comme Sobibor. Tu as dit: Emmène-moi loin de Sobibor. C'est où ?
Ses épaules se sont voûtées. Elle a baissé la tête, s'est refermée comme une huître. Le gouffre s'était ouvert entre nous. Un abîme infranchissable. J'ai su à cet instant que ma grand-mère allait me mentir, parce que j'avais entrevu un territoire de son passé auquel elle ne souhaitait pas que j'aie accès.
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Je n'avais pas encore compris que ne plus manger signifie très exactement souhaiter se mette à l'écart . C'est une sorte de ghetto que l'on s'invente pour soi seul et dans lequel on s'enferme avec un melange pervers d'aveuglement et de ravissement.
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Peut-être vais-je essayer de vomir en mots ce que j'ai des mois durant vomi en silence. Nourritures à peine digérées, me lacérant la gorge, me laissant épuisée, douloureuse. Nourritures avalées comme une forcenée, pour me faire taire, ou pour remplir ce vide immense au-dedans de moi. Vide trop grand pour mon corps de jeune femme.
Vide qui me mangeait de l'intérieur, qui menaçait de m'engloutir.
Vide qui creusait mes joues et mes côtes.
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Je me suis sentie glisser. Une fois de plus j'allais me ramasser. Il m'a scruté à nouveau. Longtemps, en silence, mais avec une intensité qui m'a mise mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il me voulait ce type ? Je ne suis pas intéressante. Je suis mal dans ma peau. Je suis moche. Je n'ai rien à donner. J'ai tout foiré : Thomas, mes études. Ma mort.
Et j'ai la trouille. La trouille de ce qu'il reste à faire.
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Il ne sert à rien de s'encombrer du passé. Un monde nouveau renaîtra des cendres du nôtre. Un monde jeune, plus fort, plus sain, épuré de ce qui le souille. Y aurai-je ma part ? Serai-je de ceux qui contribueront à sa naissance ?
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Un jour, j'ai découvert dans mon miroir le reflet d'une fille trop grosse à mon goût. J'ai décidé de reprendre les rênes en main. Je me suis privée de tout ce que j'aimais : sucreries, gâteaux, chocolat, pain, charcuterie, fromage. J'ai entrepris un régime sauvage et désordonné.
Je ne tolérais désormais que les crudités, les légumes verts, les fruits, traquant les calories, les bannissant sans pitié de mon assiette.
Le soir, je boudais le dîner, prétextant d'abondants goûters.
J'ai maigri. Beaucoup. Très vite. Trop peut-être. J'étais constamment fatiguée, facilement irritable. Mon régime a tourné à la catastrophe.
J'étais désespérée. Je ne supportais plus mon corps, je me trouvais laide, détestable.
J'aurais voulu mourir.
Je me suis mise à manger comme quatre, alignant crise de boulimie sur crise de boulimie. Je ne contrôlais plus rien.
J'ai de nouveau grossi. J'avais honte de moi.
J'étais mal dans ma peau, ironique ou distante avec mes camarades, souvent angoissée. Je me réfugiais dans le travail scolaire pour oublier la petite musique triste et monotone qui résonnait dans ma tête.
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Je suis devenue svelte, conforme à l'image de celle que j'avais rêvée.
J'étais enfin cette autre que je poursuivais depuis longtemps.
J'éprouvais un plaisir indicible à maîtriser mon appétit et, à mon grand étonnement, j'expérimentais des sensations nouvelles, inhabituelles, clandestines.
Ce tiraillement constant du côté de mon estomac était devenu une véritable présence, un vide consenti, une brèche que j'ouvrais dans mon corps, avec le sentiment aigu de tout dominer, de savoir exactement ce que je faisais et où j'allais.
Rapidement, c'est devenue ma drogue : j'avais besoin de manger rien.
Un rien qui devenait la chose la plus essentielle à consommer. Un rien désirable. Et j'éprouvais une jouissance démesurée à me laisse remplir de cette absence. Mon estomac vide était le signe de ma liberté. Je n'étais plus asservie à cette dépendance animale qui me faisait horreur.
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