Jean-Philippe Depotte

Parce qu’en cet instant précis, les deux lutteurs respiraient à l’unisson. Il y voyait le signe qu’ils comprendraient ensemble le moment juste de commencer le combat. Au sumô, la beauté du duel réside dans la perfection de cet instant.

La beauté, ici, naît de la singularité.

Et je pensais que, décidément, la vie d'un homme ne pèse pas grand-chose.
Seule importe la vie des idées. Les faits surviennent, les événements se produisent, et puis l'instant d'après ils n'existent plus. Mais l'idée qui en reste, elle, est immortelle.

La beauté réside dans l'impermanence.
La lune, quand elle disparaît derrière les nuages. Le son de la cloche, quand il s'éteint graduellement vers le silence.

La grandeur n'existe que par comparaison. Il n'y a pas de beauté sans laideur, pas de grâce sans difformité.

On dit que seul le déséquilibre peut guider le regard vers la perfection

Il aimait le Japon avec excès, comme l’aiment les étrangers.

Au sumô, peu importe de tomber, tant que l’on tombe en dernier.

Les morts et les vivants, quoiqu’on en pense, ça n’est pas fait pour se mélanger.

La descente de police s’éternisa alors même qu’il n’y avait rien à trouver. Ces gens-là se complaisent dans le temps perdu, les procédures inutiles et le langage alambiqué. Des termes comme « absence notable de pièces à conviction », par exemple.

La créature ne répondit pas. On imaginait fort bien les instructions de la gouvernante : ne rien dire, ni remarque ni question. Un bras armé, ça n'a pas de langue, ça n'a même pas d'idée. Alors Félicie s'efforçait de jouer le mégalithe, malgré un air bienheureux qu'elle ne parvenait pas à effacer.

Il se frotta les mains comme un charcutier :
- T'as raison, Marie, faut pas se laisser abattre !
- Marie-Antoinette , je te prie. Je t'ai déjà dit de m'appeler en entier. J'ai un prénom qui n'aime pas qu'on lui coupe la tête !

Il n'y a pas de bien, il n'y a pas de mal. Il n'y a que la beauté.

On n’imagine pas le plaisir de respirer l’air de la rue. Le ciel bleu roi et l’horizon un peu rose de l’aube qui monte. Marie-Antoinette agitait les bras pour se dégourdir. La pavé sentait le crottin ravivé par la rosée du matin.

Les pistolets, en général, ça ne fait pas des dénouements bien gais.

- Un polytechnicien – vous pensez ! - ces gens-là réfléchissent plus vite que le commun des mortels.

Tous les fantômes ne sont pas des monstres. Toutes les âmes ne sont pas la vengeance incarnée.

Les choses doivent mourir pour qu’on se souvienne de leur beauté

間 Ma, l’intervalle
Entre toutes choses, il existe un intervalle.
Entre les événements, aussi, entre les mots.
Et c’est là, souvent, que se loge l’essentiel.

Les morts n’ont rien à faire chez les vivants.