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Critiques de Jean-René Van der Plaetsen (65)
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Le métier de mourir

Un check-point, à Ras-el-Bayada, au sud-Liban, pour surveiller la route de Tyr afin de créer une zone tampon entre le Hezbollah et Israël et la tension est déjà palpable.

Le Métier de mourir de Jean-René Van der Plaetsen m’a plongé dans le quotidien de ces soldats tentant de sauvegarder une paix qu’ils savent fragile, leur vie étant menacée constamment. Cela se passe en 1985, dure trois jours et deux nuits, les 6, 7 et 8 mai et, depuis, nous savons que les malheurs n’ont cessé de s’abattre sur ce pays, le Liban, décrit souvent comme un paradis terrestre, en principe.

Dès les premières lignes, j’ai senti que l’auteur connaissait parfaitement son sujet et j’apprends qu’avant de devenir journaliste, Jean-René Van der Plaetsen fut Chasseur alpin et surtout Casque bleu au Liban, faisant partie de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies pour le Liban), justement en 1985 !

Deux personnages monopolisent l’attention et découvrent peu à peu leurs origines, ce que fut leur vie jusque-là. Il y a d’abord Belleface, dit Le Vieux, chef de poste, qui ne cesse de citer L’Ecclésiaste, ce qui est plutôt lassant. Il approche de la soixantaine et possède une immense expérience acquise dans la Légion étrangère pour la guerre d’Indochine où il a côtoyé de nombreux nazis tentant de faire oublier leur passé. Puis il s’est engagé avec Tsahal, l’armée israélienne, où il avait le grade de colonel.

L’autre est bien plus jeune, se nomme Favrier. Il est Français. Il pense à sa famille, à ses parents, à sa sœur restés à Barbizon et regrette surtout Claire qu’il aime toujours. Au contact de Belleface, il retrouve un père, un modèle et plusieurs séquences les réunissent. Ce sont des hommes faits pour la guerre mais ils savent apprécier un temps de baignade, tôt le matin, dans une petite crique bien protégée. Par précaution, ils nagent chacun à leur tour puis reviennent à pied au check-point afin d’assurer une nouvelle journée pleine de tension et d’insouciance malgré tout.

C’est lorsqu’une patrouille de Tsahal fait halte que Favrier réussit à en apprendre davantage sur Belleface, grâce aux confidences du commandant Avner Yarhi qui a appris à connaître l’homme au cours de la guerre des Six jours. S’il respecte son goût pour la solitude, sa tristesse insondable, il lui parle de cette femme, Ruth, qu’il aimait et fut assassinée par un Palestinien.

Ces hommes côtoient la mort, ont pour métier de la donner aussi, si nécessaire, mais ils n’aiment pas raconter ce qu’ils ont vécu ou subi. Belleface nous ramène au temps du ghetto de Varsovie puis au camp de Treblinka. Cet homme est donc un survivant de la Shoah et c’est parce qu’un prêtre lui a sauvé la vie et lui a confié sa Bible, qu’il se réfère sans cesse à ses textes, sans négliger sa pipe d’opium, chaque soir, habitude prise en Indochine et difficile à oublier.

Prix Renaudot des Lycéens 2020 succédant au roman de Victoria Mas (Le bal des folles), Le Métier de mourir est un roman très particulier, sans beaucoup d’action. Il mérite d’abord d’être lu pour connaître un peu plus ce Moyen-Orient déchiré depuis si longtemps et ce Liban, si beau. Ensuite, grâce aux souvenirs de Belleface, il permet de prendre conscience des ravages causés par l’idéologie nazie, bien longtemps après la chute de ce régime.

Cette mort inéluctable qui rôde sans cesse finira-t-elle par avoir le dernier mot ?


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Trois jours et trois nuits

En 2020, les chanoines de l’abbaye de Lagrasse ont invité des écrivains à partager trois jours et trois nuits de leur existence.



La COVID a compliqué le scénario et finalement quatorze écrivains publient leurs témoignages. A noter que Boualem Sansal « athée en recherche de Dieu », n’a pu se rendre sur place « j’attends ce jour comme un fiancé attend de rencontrer sa promise » mais offre une belle réflexion sur l’Islam, que Michel Onfray semble avoir honoré l’invitation sans témoigner, et qu’il n’était pas nécessaire d’être chrétien ou catholique pour être sollicité comme le précise Jean-Paul Enthoven.



La préface de Nicolas Diat, les quatorze chapitres et la postface du Père Le Fébure du Bus, ont nourri durant ce mois de janvier mes médiations et certains chapitres méritent lectures et relectures. Chaque contribution est riche de la diversité des écrivains, de leur rapport à la culture, à la religion, à la vie.



M’ont particulièrement marqué « La fondation » de Camille Pascal qui restitue la chanson de Rolland et la fondation de l’abbaye par Charlemagne … une épopée lyrique contée miraculeusement par une plume savoureuse.



« Les soldats de la grâce » de Jean-René van der Plaetsen interroge notamment sur la vocation de trois Saint Cyriens devenus religieux, à l’exemple de Charles de Foucauld.



« Le refuge » de Frédéric Beigbeder, témoignage poignant d’un noceur assumé, s’échappant de l’abbaye pour suivre un match de foot au bar local … Mais pas que !



« La résurrection » de Frantz-Olivier Giesbert évoque le siège d’Hippone en 430, observe notre actualité et conclut « Laisse pousser en toi les racines de l’amour » car c’est à chacun, par son comportement, de repousser la barbarie.



« Tolle lege, tolle lege » (prends et lis) de Xavier Darcos réfléchit sur la culture latine, la civilisation romaine, sa transmission grâce aux abbayes et sa disparition décidée par les idéologues et pédagogues commettant les réformes successives de l’éducation nationale.



Certaines contributions, dont celles de Simon Liberati, sont de réelles méditations de textes bibliques et exigent une lecture attentive.



Ces chapitres illustrent des approches diverses et variées le Lagrasse. Certains ont été attentifs aux religieux et à leur ouverture à l’extérieur (écoles, hôpitaux, paroisses) , d’autres à l’abbaye, certains à la lecture des Confessions de Saint Augustin fondateur de ce ordre religieux, plusieurs à la liturgie et au rythme immémorial des offices. D’où la richesse et l’originalité de cet ouvrage.



J’ai découvert ces chanoines il y a plus de quarante ans, sur les chemins vers Compostelle, à Moissac, quand le Père Wladimir constituait un premier noyau de religieux et j’ai été séduit d’emblée par la beauté de la liturgie. Depuis nous sommes passés plusieurs fois à Lagrasse mais l’âge et les distances étant ce qu’ils sont je ne sais si nous aurons l’occasion d’y retourner.



Cet ouvrage offre une belle rencontre avec cette communauté en pleine croissance, toujours accueillante aux pèlerins et touristes parcourant les Corbières.
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Le métier de mourir

Jean-René van der Plaeten a souvent entendu son grand père, le Général Jean Crépin, Compagnon de la Libération, raconter la mort épique d'Amilakvari, à la bataille d'El Himeimat, en octobre 1942 et le souvenir de ce résistant l'a incité à s'engager dans les Chasseurs Alpins, à intervenir au Liban dans les rangs de la FINUL avant de rejoindre Le Figaro pour y mener d'autres combats et publier « Le métier de mourir » qui marquera cette rentrée littéraire.



Le dialogue entre Belleface, un soldat de métier, et Favrier un jeune étudiant, engagés tous deux dans une milice libanaise gardant la frontière d'Israel contre le Hezbollah, s'inscrit dans la lignée d'Antoine de Saint-Exupéry et sa « Lettre au Général X » et de Hélie de Saint Marc dans « L'aventure et l'espérance ». « Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir » rappelait Camus durant l'occupation nazie dans « le mythe de Sisyphe »…



Ces deux héros m'ont fascinés et m'ont semblé incarner (hypothèse toute personnelle) le Capitaine Borella et Stéphane Zanettacci tombés pour la libération du Liban.



Dominique Borella avait reçu la médaille militaire à Dien Bien Phu (plus jeune médaillé de France à 17 ans) avant de combattre en Algérie, au Cambodge puis de partir sur la trace des croisés en Terre Sainte et y mourir au combat . « L'histoire ne dressera nulle stèle à ce colonial, partisan d'une guerre sans haine, qui savait, comme Lyautey, voir dans l'adversaire d'aujourd'hui l'ami de demain  … mais Jeanne d'Arc toute armée sur le seuil du Paradis, l'étendard à la main, lui sourit et le salue avec l'épée. » rappelait Dom Gérard, Père Abbé du Barroux.



Stéphane Zanettacci « Qui des tigres rejoignit les faisceaux, Pour garder libre la Phénicie» tomba pendant l'attaque du camp retranché de Tel-al-Zaatar, une enclave palestinienne en territoire chrétien, en juillet 1976 à l'âge de 22 ans.



Il est aussi possible que l'auteur ait voulu honorer la mémoire des 58 paras français et les 241 soldats américains victimes de l'attentat de Beyrouth en octobre 1983.



« Le métier de mourir » répond au devoir de mémoire et est un magnifique acte d'espérance pour une nation défendue par des Belleface et des Favrier.



Un ouvrage à lire et à méditer. Un ouvrage incontournable.
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Le métier de mourir

Printemps 1985. Israël s’est retiré du Liban après en avoir expulsé l’OLP, gardant le contrôle d’une zone tampon avec l’aide de l’Armée Sud du Liban. L’avant-poste de Ras-el-Bayada y a été placé sous le commandement du très respecté vétéran Belleface. D’origine polonaise, ce rescapé du camp de Treblinka a passé sa vie à combattre, d’abord comme légionnaire en Indochine, puis dans l'armée israélienne où il s’est élevé au rang de colonel. A cinquante-huit ans, le voilà à la tête d’une dizaine de miliciens, à surveiller route et mer par où peuvent à tout instant survenir les attaques terroristes du Hezbollah.





Sur ce bout de territoire chauffé à blanc par le soleil, entre poussière du désert et éclat aveuglant de la mer, le temps s’écoule au ralenti d’une interminable attente, passée en alerte permanente. Chaque fois qu’il prend son tour de garde à la barrière du check-point, chacun de ces combattants sait que le pire peut arriver, caché sous les apparences les plus banales. C’est donc avec au ventre la peur de l’imprévisible et la hantise de l’imparable, que l’on se laisse enfermer dans le huis-clos d’un drame annoncé, sous la menace d’un ennemi d’autant plus terrifiant qu’invisible et impalpable.





Dans cette fournaise qui ne demande qu’à exploser, les esprits gambergent. Favrier, un jeune engagé français fasciné par l’imposante aura de Belleface, s’attire la sympathie du vieux guerrier qui se plaît bientôt à projeter en lui le fils qu’il n’a jamais eu. Peu à peu se révèle le parcours douloureux et secret de ce personnage taciturne, inspiré de l’histoire vraie racontée à l’auteur par son grand-père, lui-même militaire de carrière. Cet homme, demeuré anonyme, prend au fil du récit la dimension d’un héros digne et courageux, incroyable trompe-la-mort désespérément condamné à la solitude par son exceptionnelle longévité dans le « métier de mourir », mais aussi sage et fataliste témoin de l’éternelle et folle faiblesse humaine, tragiquement soulignée par la litanie de ses références bibliques, extraites de l’Ecclésiaste.





La narration, puissante et sobre, exsude l’amour profond de l’auteur pour le Liban et témoigne de sa connaissance fine du contexte du pays. Casque bleu dans cette zone en 1985, il a lui-même assisté à cette guerre d’usure silencieuse, qui, à force d’attaques sporadiques et terriblement meurtrières, très souvent sous la forme d’attentats à la voiture piégée, a fini par permettre au Hezbollah de récupérer le terrain abandonné par les forces armées israéliennes. Et, alors qu’il est issu d’une famille de militaires, son livre est aussi une réflexion sur les valeurs qui motivent des hommes à s’engager dans le métier de soldat, par vocation et par idéal, parce qu’à leurs yeux leur vie vaut d’être donnée pour la cause qu’ils défendent.





En mêlant les accents antiques d’une tragédie grecque aux sonorités modernes d’une guerre contemporaine, ce livre bâti tout en tension et profondeur, comme un fatidique compte à rebours vers ce que l’on devine d’emblée une dramatique explosion finale, fait résonner avec beaucoup de tristesse l’apparente infinitude des conflits qui embrasent le Proche-Orient, épicentre de nos civilisations, de nos religions, mais aussi d’une violence dont les vagues n’ont pas fini d’ébranler le monde.


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Trois jours et trois nuits

Une envie de sérénité avant les vacances : je me suis offert trois jours et trois nuits… dans un monastère ! Bon en vrai, j'aurais bien aimé mais par manque de temps, je me suis offert cette retraite par procuration, grâce à la littérature. Avec moi, une quinzaine d'auteurs a été invité à vivre une retraite de trois jours et trois nuits au coeur de l'abbaye de Lagrasse, en clôture, c'est-à-dire dans le carré VIP avec les chanoines. En retour, chacun d'eux a offert un texte que leur a inspiré cette expérience. A mon tour d'en commettre un retour.





La liste des auteurs est variée mais étonnamment, l'ensemble des écrits est plutôt homogène, et leur complémentarité rend l'ensemble harmonieux. Sur les quinze, seuls trois ou quatre m'ont paru plus hermétiques, principalement ceux qui décryptaient le plus précisément certaines paroles ou histoires bibliques. Je les ai trouvé moins accessibles et moins intéressantes car moins focalisées sur l'expérience personnelle de leur auteur. J'ai apprécié en revanche les contributions où les auteurs livraient beaucoup d'eux-mêmes, soit en anecdotes personnelles, soit en réflexions, émotions, observations et descriptions de leur expérience à Lagrasse. C'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant parce que le plus généreux, le plus humain… Des qualités qui sont à l'origine de ce livre, puisqu'en échange de cette expérience, les auteurs reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse, pour la restauration de leur abbaye. Cette fois, vous ne culpabiliserez pas d'ajouter un livre à vos PAL !





Même si l'ensemble est homogène, je ne me suis pas ennuyée parce que chaque récit étant personnel, ils sont tous différents, évoquent un vécu et/ou un ressenti différent. Et puis les plumes et anecdotes sont savoureuses selon les auteurs. Allez, je le confesse ici : je connaissais très peu d'auteurs dans ce panel, mais avec certains je me suis régalée. J'ai trouvé Beigbeder particulièrement émouvant et drôle, dans son texte, alors même que je connais très peu l'auteur et encore moins la personne. On y retrouve aussi Sylvain Tesson, qui ne pourra s'empêcher de descendre le clocher en rappel, entrainant avec lui une poignée de frères ! Même le récit totalement historique de Camille Pascal, que je craignais de moins apprécier, est en réalité hyper enrichissant et joue un rôle très important dans l'enchainement des textes.





Mais si l'approche est différente selon les personnalités, on retrouve dans la plupart des textes des thèmes récurrents : la beauté de l'endroit et la sérénité que l'on y ressent, la crainte d'attaques terroristes, la bonté des chanoines, leur bonne humeur, le silence comme espace de pensée, l'importance de la liturgie et du mystère (du cérémonial comme de la langue utilisée pour les messes) dans l'attractivité de la foi, la langue latine comme approche poétique de la religion, des rapprochements avec la vie militaire, à laquelle ont d'ailleurs goûté certains auteurs comme certains chanoines ; le côté rassurant d'une vie bien réglée, et son efficacité pour retrouver du temps. Les confidences entremêlées sont intéressantes et donnent envie de faire l'expérience de cette humanité qui fait du bien, loin de l'agitation mercantile et de la course à l'individualisme du siècle. Et l'on y trouve quelques références littéraires à explorer.





Le calme, ainsi que la paix intérieure qui m'envahit dans ces lieux, m'ont toujours attirée. le silence m'y remplit, et je peux enfin entendre et ressentir toutes les émotions qui souvent crient et se bousculent, ignorées, remises à plus tard, quand on aura enfin ce temps qu'on ne prend jamais. C'est souvent un moment très intense, que j'ai éprouvé de nombreuses fois en m'arrêtant dans de tels lieux sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Je me suis toujours dit qu'un jour je m'offrirai ce genre de retraite même si, pour l'instant, l'occasion ne s'est pas encore présentée.





Pour l'anecdote, elle s'est en revanche présentée de manière inattendue pour l'une de mes meilleures amies : Très croyante, et ayant organisé son mariage presque entièrement, elle a laissé le soin à son mari d'organiser le voyage de noces contenant la FAMEUSE nuit de noces ; Depuis des mois elle me confiait, avec les yeux qui pétillent, ses tentatives de deviner où l'homme de sa vie avait décidé de l'emmener passer cette folle nuit… Vint enfin le moment fatidique de vérité et là… SURPRIIIIIISE !! Voyage de noce dans un… Monastèèèèère !!! Incompréhension de mon amie qui rêvait de sa nuit de noces, tandis que son mari était absolument convaincu de lui faire plaisir !! Résultat : nuit de noces en cellules, et dans le silence… L'histoire ne dit pas s'ils y sont restés trois jours et trois nuit, mais peut-être que vous, vous aurez envie d'en faire l'expérience avec ce livre ! L'avez-vous faite en vrai ?
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Trois jours et trois nuits



« Quand chacun des interlocuteurs vient de si loin, il faut du temps pour se comprendre. On s’écoute, mais on ne s’entend pas, ne fût-ce sur le plan du vocabulaire. Sauf pour ce qui touche les points sensibles en chacun de nous. En fin de compte, une rencontre authentique se situe toujours à un niveau plus profond ou plus élevé, ouverte sur l’infini. Par-delà les paroles, un regard, un sourire suffit pour que chacun s’ouvre au mystère de l’autre, au mystère toute autre. » François Cheng « L’Eternité n’est pas de trop »



Suis-je agnostique ou athée ? A mes yeux, cela n’a pas d’importance. Je suis une mécréante qui cherche la Lumière et ce n’est pas faute d’avoir prospecté. De temps en temps, mes pas me ramènent vers cette quête, j’éprouve toujours une attirance pour les lieux consacrés quels qu’ils soient, qu’importe l’Obédience, ils m’apaisent. Je me sens en communion avec ceux qui m’ont précédée, le temps n’existe pas. Etre touché par la grâce tel Eric-Emmanuel Schmitt dans Sa Nuit de Feu m’interpelle. Il se veut sans église, sans dogme, une très belle expérience.



Ce sont souvent des livres qui croisent mon chemin comme celui-ci qui, eu égard à mes lectures, me fut recommandé par Babelio. Les commentaires d’Aquilon62 et de Migdal m’ont motivée à partir en compagnie de ces quatorze écrivains et des moines sur les chemins de l’Abbaye de Lagrasse. Abbaye du pays cathare, née de la volonté de Charlemagne, j’entends « La Grâce », elle en a connu des vicissitudes, des destructions et des reconstructions jusqu’à l’arrivée de quelques chanoines qui mènent, entre ses murs, une vie de prière sous l’égide de la Règle de Saint-Augustin. La restauration a démarré en 2014 et comme pour toute rénovation, il faut de l’argent. Il a été convenu que le produit de la vente de ce livre reviendrait à l’Abbaye.



N’avez-vous jamais ressenti le besoin de vous isoler, loin de l’agitation extérieure et de ses tourments, l’impérieuse nécessité de vous retrouver face à vous-même, ce n’est pas une fuite mais plutôt un besoin de reprendre contact avec votre moi intime, de se recentrer. Il y a de très beaux endroits où se ressourcer mais pour avoir été en plein hiver, au moment des grandes marées, le Mont-Saint-Michel reste pour moi la halte idéale, propice à la méditation, pour demeurer seule avec moi-même.



Nicolas Diat nous offre une belle préface et le Père Abbé, Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, conclut cette insolite mais féconde expérience qui a réuni une quarantaine de moines et quatorze écrivains aux croyances et sensibilités tellement différentes.



Les hôtes comme les invités ont tout partagé dans le silence de ce lieu consacré. Imaginez les moines glissant sur le sol carrelé au petit matin pour se rendre à l’office, tous vêtus de blanc, psalmodiant les prières, entonnant les chants grégoriens, la liturgie latine reprenant toute son épaisseur et son mystère, imaginez les invités, basculant dans un monde qui leur est tellement étranger, déjeunant d’un modeste repas, partageant le pain qu’il soit celui de l’officiant à la messe ou celui du réfectoire, sans un mot, concentrés sur la lecture du jour , attendant patiemment les échanges qui se font autour du café. Ils ne rencontreront que la Paix, l’amitié, l’écoute, des contraintes aussi qui viennent rompre avec l’immédiateté de notre vie moderne mais qui donnent toute l’intensité aux instants vécus.



Bien évidemment, certains d’entre les écrivains se questionneront sur la vie en communauté, après tout, les moines sont des êtres humains même s’ils sont parvenus à domestiquer leur égo, si leur être tout entier semble porter la lumière, il n’en reste pas moins qu’ils sont des hommes. Leur emploi du temps est intense et laisse peu de place aux aspérités, le rituel les relie. Les journées sont rythmées par les Offices (sept), la prière, l’étude, le travail manuel, le jardinage – j’ai beaucoup aimé la description du jardin et des essences diverses - les visites aux malades, les hôpitaux dans les services de soins palliatifs. Saint-Augustin veille sur eux, dans chaque cellule, ses confessions les rappellent à l’ordre. Il guide les frères dans sa vision de l’amour fraternel.



Ce livre représente la somme des différents dialogues ou écrits de chaque écrivain. Ils y ont apporté une part d’eux-mêmes, que ce soit l’athée qui humblement parle de son questionnement, que ce soit celui qui se réfugie derrière l’histoire de l’Abbaye pour éviter de se livrer, que ce soit le tourmenté comme Beigbeder ou Liberati ou la lucidité de Boualem Sansal, ce livre est très beau ! C’est le cheminement pendant trois jours d’hommes différents qui ne cherchent que la bienveillance en toute simplicité, dépouillés de leurs préjugés, sans jamais chercher à convaincre, C’est le dialogue – dias logoi – deux visions différentes qui se complètent et non qui se censurent, s’interdisent. Toutes les réflexions sont à savourer, à relire aussi. Certaines pensées m’ont particulièrement émue que ce soit par la beauté ou par l’humilité.



« Et penser à ces hommes agenouillés, m’aide à tenir debout » Frédéric Beigbeder



NdL : Pour @afriqueah, notre Francine dont je lis les mémoires, une page du livre s'ouvre sur une pensée de Saint-Augustin. J'aime ces clins d'œil de l'Univers.

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Le métier de mourir

Le choix des lycéens de primer un livre portant un tel titre avait éveillé ma curiosité. Le métier de mourir est un ouvrage qui sort de l'ordinaire, comme d'ailleurs son auteur, dont c'est le deuxième roman. Jean-René van der Plaetsen a mené une longue carrière de journaliste au Figaro, après avoir été, dans sa jeunesse, soldat en mission au Sud-Liban, en tant que Casque Bleu. Une expérience personnelle qui l'aura inspiré.



Quand ils évoquent le personnage principal d'un roman, les gens disent parfois « le héros », un terme souvent injustifié. Dans le métier de mourir, il serait légitime de l'employer pour Belleface. C'est en tout cas clair dans l'intention de l'auteur. Celui que ses hommes appellent le Vieux est un militaire de carrière juste et courageux, une personne de bonne moralité, qui a crapahuté en Indochine dans la Légion étrangère, participé aux campagnes de Tsahal, où il accède au grade de colonel, avant de prendre, à l'âge de la retraite, un poste dans l'Armée du Liban-Sud. En 1985, il est assigné à la surveillance du check-point de Ras-el-Bayada, à l'entrée d'une zone franche entre Israël et le Liban. Un endroit stratégique, susceptible d'être attaqué par le Hezbollah.



J'ai été impressionné par la table des matières, strictement cadrée : premier jour, deuxième jour, troisième jour. L'attente d'une hypothétique attaque terroriste rappelle un peu celle du roman culte de Dino Buzatti, le Désert des Tartares. Dans le métier de mourir, l'attente ne dure que trois jours, mais son intensité dramatique est d'autant plus forte. le dénouement est fracassant.



Le sujet du livre dépasse largement ces trois journées d'expectative, vécues sous un soleil de plomb, dans un paysage grandiose de premier matin du monde et dans un contexte politique conflictuel qui ne surprend plus personne. le roman restitue en effet toute la vie du héros, sous forme de témoignages indirects et de souvenirs qui lui reviennent, traînant avec eux leurs lots de nostalgie, de tristesse et de colère : l'enfance heureuse dans une famille juive aisée de Varsovie, la déportation et l'extermination des siens à Treblinka, le sacrifice d'un prêtre lui ayant permis d'en réchapper miraculeusement…



S'en est suivi un long parcours de baroudeur, au cours duquel Belleface a construit sa morale de soldat, une démarche nourrie aussi par la lecture de l'Ecclésiaste, ce livre de l'Ancien Testament constitué d'aphorismes sur le sens de la vie. Tout ne serait que vanité, il n'y aurait rien de nouveau sous le soleil… Faut-il alors se résoudre à ne rien transmettre de ce qu'on a appris ? Et si Favrier, le jeune soldat français présent aux côtés de Belleface, pouvait lui tenir lieu de fils spirituel et entendre le secret qui hante le vieux militaire ?



J'ai beaucoup aimé ma lecture… pendant les deux tiers du livre. Je l'ai trouvé superbement écrit, car j'apprécie les phrases longues à la syntaxe grammaticale impeccable. Les paysages sont rendus avec un lyrisme de bon aloi, les environnements sont décrits avec un sens du détail qui dénote des qualités d'observation et d'expression hors du commun. Les parcours familiaux et les configurations psychologiques des personnages sont captivants.



Mais j'ai fini par me lasser de l'immobilité de la narration, de son rythme ralenti par l'abus de détails et de son basculement vers le prêche philosophique, ponctué de révélations métaphysiques. Quant au grand secret inavouable, il ferait sourire les lecteurs de thrillers.



Le livre a cependant le mérite de rappeler certaines problématiques géopolitiques, dans un Liban multiculturel où ce sont les religions qui régissent les comportements. Un monde magnifique, mais désespérant. Car là où l'humanité s'est jadis civilisée, les fous de Dieu ont pris un avantage sur les sages qui doutent. Parmi les citations en exergue, un extrait d'une sourate m'a fait froid dans le dos.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le métier de mourir

Nous sommes le 6 mai 1985. L’avant-poste que commande Belleface, cet officier reconnu de l’armée israélienne, est situé dans un lieu improbable, perdu sur la frontière entre le Liban et Israël. Le paysage est sublime, au loin s’étale la ville blanche de Tyr tandis que la méditerranée miroite sous un soleil féroce. Il semble que rien ne peut arriver et pourtant Belleface maintient la vigilance de ses soldats car il sait, en militaire expérimenté, que les attaques du Hezbollah peuvent surgir à tout moment et qu’il ne peut malheureusement pas grand-chose contre l’explosion d’une voiture piégée.

Tout n’est que lenteur le long de ces journées brulantes rythmées par les tours de garde. Ceci n’est pas sans évoquer le roman de Buzzati « Le désert des Tartares » où il est aussi question d’un combat qui n’arrive pas tandis que tout s’enlise dans l’attente.

Face à lui-même, Belleface a tout loisir pour se pencher sur sa vie. Ainsi on découvre son vrai patronyme, la disparition de sa famille dans l’enfer de Treblinka, et son amour pour Ruth. Ses pensées sont ponctuées de citations de « L’ecclésiaste » cette bible qui ne le quitte jamais et dont il partage la vision fataliste.

Peu à peu, à partir de fragments de son passé, le destin de Belleface se révèle au lecteur par le truchement de Favrier, ce jeune français admirateur de son chef. Favier est aussi le fils que Belleface n’a jamais eu et à qui il aimerait confier ses secrets pour qu’ils lui survivent.

Ce récit ne couvre que trois jours décrits avec minutie dans un huis-clos dense et oppressant.

Le personnage de Belleface intrigue, séduit et questionne le lecteur, qui est-il vraiment et le sait-il lui-même ?

Outre le conflit entre Israël et le Hezbollah, le roman aborde de nombreux sujets comme la vie après l’holocauste, la religion et sa radicalisation, la filiation. Beaucoup de thèmes en seulement 270 pages et parfois on a l’impression de s’égarer un peu. Peut-être certains sujets auraient nécessité plus de réflexion. Néanmoins, « Le métier de mourir » est un très bon roman qui se lit d’une traite et que je recommande.



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La nostalgie de l'honneur

Dans cet essai, l’auteur, petit-fils du général d’armée Jean Crépin (1908-1996), retrace avec émotion et sensibilité la vie de son grand-père, et rend hommage au militaire: gaulliste de la première heure, héros de Bir Hakeim, il fut le compagnon du maréchal Leclerc pour la libération de la France. C'est d'ailleurs le maréchal Leclerc et son épouse qui

veilleront sur la mère de l'écrivain, orpheline très jeune.

Jean-René Van der Plaetsen (né en 1962) fut lui-même soldat au 7e Bataillon de Chasseurs alpins, puis Casque bleu au Liban, dans le cadre des missions dévolues à la FINUL . Le monde militaire, il connait et c’est donc en parfaite connaissance, qu’il évoque aussi quelques fameux stratèges quelques batailles mémorables.

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Trois jours et trois nuits

Livre lu en 3 jours, coïncidence ? Peut-être ou peut-être pas ?



Tolle legge, tolle lege (Prends, lis ! Prends, lis !)

Saint Augustin (Confessions, VIII, 29) : "Je disais, et je pleurais dans toute l’amertume de mon cœur broyé. Et tout à coup j’entends une voix partie de la maison voisine, voix de garçon ou de jeune fille, je ne sais, qui chantait et répétait à diverses reprises : « Prends, lis ! Prends, lis ! » Et aussitôt, changeant de visage, je cherchai très attentivement à me rappeler si c’était un refrain en usage dans quelque jeu d’enfant ; et rien de tel ne me revint à la mémoire. Réprimant la violence de mes larmes, je me levai ; la seule interprétation que j’entrevoyais, c’est qu’un ordre divin m’enjoignait d’ouvrir le livre de l’Apôtre, et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais"



Intrigué par la couverture et le sous-titre de ce livre et de ce projet fou, j'ai pris et j'ai lu...



Tout d'abord pourquoi une citation de Saint Augustin car c'est dans le monastère de Lagrasse qu'une communauté des chanoines vivent sous la règle de Saint Augustin.

Une abbaye de 1200 ans bâtie avant Charlemagne et dominée par un clocher du XVIeme avec ses 4 gargouilles d'angle représentant la cupidité, l'orgueil, la concupiscence et le désunion. Les quatre tentations auxquelles on renoncé les chanoines en entrant à Lagrasse et qu'ils contemplent tous les jours comme pour se mesurer à elles.



Et c'est dans ce lieu que 14 écrivains tous aussi différents les uns que les autres ont accepté de passer 3 jours et 3 nuits venus chacun à leur tour.



Et il ressort 14 expériences différentes, des rencontres fortes,, des anecdotes savoureuses (celle de Sylvain Tesson est à son image) et pourtant :

Chacun a séjourné dans une cellule aux côtés des moines ;

Chacun a mangé avec les moines, en silence, à l'écoute de la lecture depuis un pupitre Chacun a participé au chapitre ;

Chacun a participé aux promenades, aux récréations, aux travaux ;



Et pourtant chacun livre un récit différent mais avec un point commun chacun de ces. textes reflètent des interrogations.

C'est certainement le point commun qui relie les auteurs à ces expériences vécues différemment.



Le parallèle entre le monde des écrivains et celui des chanoines est souligné par Xavier Darcos pour qui il existe une parenté invisible entre la fréquentation d'une abbaye et le miracle de la lecture. Un monastère est comme un livre. Sa porte d'entrée pivote sur des gonds, et nous passons d'un monde à un autre, comme la couverture d'un livre plie suivant la reliure, ouvrant à l'esprit de nouvelles perspectives.



Et d'ajouter : "Un monastère est comme un livre, car l'un et l'autre n'ont pas été écrits ou construits pour nous. Nous ne connaissons pas personnellement leurs auteurs ou leurs bâtisseurs, qui ont souvent vécu il y a des siècles. Et pourtant nous allons vivre, en séjournant dans un monastère comme en lisant un livre, une expérience personnelle et unique, qui ne ressemblera pas à celle d'un autre visiteur, comme ma lecture d'un livre pourra n'avoir rien de commun avec la lecture de mon voisin. L'ancienneté du livre n'est pas un obstacle, bien au contraire. Les plus grands et les plus vieux classiques sont les lectures qui peuvent le plus abreuver notre esprit d'aujourd'hui"



Et on referme ce livre avec le sentiment d'avoir vécu par procuration une expérience forte, inédite, et oh combien enrichissante...

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Le métier de mourir

Belle découverte ! Un beau récit ! Une histoire très touchante ! En quelques jours, l'auteur nous fait vivre la vie d'un check-point à la frontière entre le Liban et l' Israël, tenu sous la garde de Belleface, un militaire toute fois rescapé des atrocités des guerres, commençant par la Shoah, lors de l'extermination des peuples juifs en Allemagne, où il réussit à échapper au massacre dans un camp de concentration. C'est autour de Belleface et de ses hommes qu'on découvre le véritable métier de mourir, le métier de soldat. Au départ, ce titre m'a fait penser à un polar, auquel on s'attendrait à un véritable psychopathe qui sème la terreur, la psychose , la peur de mourir, mais le métier de mourir, c'est un vibrant témoignage sur la personne du soldat, et toute la philosophie qui enrobé son métier, et bien forcément le dispose à une mentalité peu ordinaire....
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Le métier de mourir

Voici une de mes découvertes de la rentrée littéraire, à une époque où la littérature semblait encore indispensable à notre société dans une période troublée. Hélas, l'actualité nous montre aujourd'hui que certains pensent différemment, mais cela est un autre débat.

J'ai donc eu l'occasion, sur un salon, de rencontrer et d'échanger avec Jean-René Van Der Plaetsen l'auteur de ce roman qui a su, lors de notre conversation, éveiller ma curiosité.

Le métier de mourir, un titre qui suscite bien des interrogations, en tout cas, pour ma part, je me demandais bien à quoi il faisait allusion.

Van Der Plaetsen nous éclaire bien vite, son "héros " est un soldat.

Oh, lui, ne se prend pas pour un héros, plutôt pour un survivant.

Adolescent il a échappé à la mort dans un camp de concentration, puis il a connu la légion en Indochine, il fut soldat de Tsahal (l'armée israélienne) et aujourd'hui (enfin, en 1985), il se retrouve commandant d'une poignée d'hommes pour l'Armée du Liban-Sud  sur un check-point,  à Ras-el-Bayada à la frontière avec Israël.

L'auteur va nous faire passer trois jours dans l'ombre de cet homme mystérieux qui semble avoir un lourd secret.

Un jeune soldat français, fraîchement arrivé, va tenter de savoir qui est ce Belleface qu'il admire. Le vieux, c'est ainsi qu'il l'appelle, prend cette jeune recrue sous son aile et à bien l'intention de lui enseigner l'art de la guerre et surtout le mettre en garde sur les dangers qui les entourent.

Sous la plume de Van Der Plaetsen, les personnages vont se dévoiler. Lentement, mais ça, c'est la chaleur, il sait nous la faire ressentir, comme il sait faire monter la tension du lecteur.

Il y les personnages, bien sûr, mais il y a aussi l'ambiance. Nous sommes dans une région particulière. La mort rôde,  c'est palpable.

On sent bien qu'il va se passer quelque chose, mais comme dans la vraie vie, on ne sait pas quoi, ni quand.

Certes, le rythme de la narration peut perturber, mais encore une fois, c'est parce que l'écrivain tient compte du contexte et du climat. Une région isolée, un soleil de plomb, la Méditerranée, quelques hommes armés, une atmosphère presque trop calme....

L'auteur, dont l'expérience de casque bleu a certainement nourri ce récit, raconte ici, quelques jours de la vie d'un homme qui, me l'a-t-il avoué, a réellement existé.

De ces lectures que l'on n'attend pas forcément mais qui viennent enrichir votre bibliothèque.









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Le métier de mourir

Un roman que je voulais lire depuis sa parution, intriguée par son sujet. L’histoire se déroule sur un temps très court, dans un lieu désertique et inhospitalier avec peu de protagonistes.



1985 dans le sud Liban, un vétéran, polonais, rescapé de Tréblinka et ancien légionnaire est le commandant d’un avant-poste israélien pour protéger la frontière des attaques du Hezbollah. Il est rejoint par un jeune français idéaliste.



Pendant 3 jours nous allons les suivre dans leurs actes et leurs pensées, leur passé et leur vision de l’avenir. Ce roman est un huis-clos où les hommes se dévoilent petit à petit faisant entrevoir le dénouement, inéluctable !



Le pourquoi de la notation si faible, est que j’ai été passablement irritée par la niaiserie des dialogues, non par leur teneur mais par leur forme ! J’ai trouvé très désagréable d’être sortie de l’ambiance de ce roman avec la tension grandissante au fil des pages. Dommage



Challenge 50 Objets 2022/2023

Challenge Multi-Défis 2022 : Défi été

Pioche PAL juillet 2022 : Nathalou93
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Le métier de mourir

"Le métier de mourir" est un ouvrage exceptionnel de justesse mettant en scène un baroudeur d’origine polonaise, rescapé du camp de Treblinka, a servi dans la Légion étrangère en Indochine avant de rejoindre, comme colonel, l’armée israélienne avec laquelle il a fait toutes les guerres de l’État hébreu.



Cet officier supérieur, qui n’a pas eu d’enfant, se prend d’amitié pour Favrier, un jeune volontaire français enrôlé dans l'Armée du Liban Sud (ALS) et qui pourrait être son fils. Le colonel Belleface souhaite lui transmettre son expérience, son savoir, et il sait que cela passe par l’exemple et la générosité. De son côté, fasciné et intrigué par le « vieux », Favrier parvient peu à peu à le faire parler, devinant que derrière sa force et sa sagesse se cache un secret douloureux.



Au fil du roman, l’énigme de la vie de Belleface va se dévoiler, Quant à Favrier le catholique, s’il sait que cette région est le berceau des trois religions révélées et qu’il en cherche des traces – à l’instar des versets bibliques qui parsèment ce roman –, il n’en trouvera pas d’autres que la sienne, à jamais gravé dans le sable de l’enclave.



Honnêtement, je n'ai pas pu décrocher un instant du huis clos mettant face à face des hommes différents mais si semblable quelques part. Jean-René VAN DER PLAETSEN utilise des mots toujours justes pour décrire des personnages on ne peut plus vrais et intérieurement tourmenté par une quête intérieure. Des hommes seuls et épris d'idéaux. Des combattants sachant trouver Dieu chacun dans sa foi mais sur un même chemin transverse qui leur permet de vivre l'âme du Liban, terre merveilleusement empreinte de Sacré.



La guerre du Liban décrite transcende l'approche que l'Occident lui a toujours accordée. On le perçoit nettement lorsqu'on entend le colonel Belleface dire« En France, vous ne pouvez concevoir ce qui se trame ici car vous ne savez pas de quoi sont capables les Palestiniens ni les chiites du Hezbollah » sans que le jeune Favrier ne puisse répondre. « Le Hezbollah n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend. Nous sommes là pour protéger les frontières du monde occidental en attendant que les nôtres ouvrent les yeux », lui confie, comme en écho, Belleface.



A lire d'urgence
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Le métier de mourir

Dans « L’Exposition coloniale », Erik Orsenna disait que les hommes partaient à la guerre pour parler des femmes sans être dérangés. Entre autres. Le vieux Belleface, ancien légionnaire fidèle à Tsahal et le jeune Favrier, engagé dans l’ALS par curiosité et par conviction, font face à cette menace qui les harcelle de sa présence fantôme. Dès le début, on ne peut s’empêcher de penser au « Désert des tartares » de Buzzati, que l’auteur citera finalement page 162.

Il y a l’attente, cet ennemi qui tarde à venir et l’inévitable grand point d’interrogation : mais qu’est-ce qu’on fout là ? Si la réponse de Favrier est peu convaincante (être maître de son existence ?), celle de Belleface est limpide : faire la guerre, ça empêche de vieillir lamentablement, ça donne un sens à la mort, et donc à la vie. Et de s’appuyer sur L’Écclésiaste pour étayer son propos. Je veux bien que le Levant soit le berceau des religions monothéistes mais la référence à la bible est trop systématique – comme une caution.

Ceux qui méconnaissent la guerre du Liban apprendront des choses. Pour les autres, certaines pages seront d’insupportables leçons de géopolitique « a posteriori ». Un exemple ? L’auteur affirme qu’en 1985, le Hezbollah s’annonçait comme une force pleine d’avenir. C’est vite écrit. Si « le parti de dieu » a été pris au sérieux dès 1983 (notamment après l’attentat du « Drakkar » à Beyrouth), il est alors impossible de lui prédire son destin actuel.

Quant à l’intrigue… Même si l’histoire s’inspire d’un personnage existant, les incroyables évènements dont Belleface est l’acteur paraissent moins crédibles/ancrés que ceux d’Incendies de Wajdi Mouawad – par exemple.

C’est un livre pour les garçons, avec un peu de réflexion, des cigarettes qu’on fume et des faits de guerre qu’on se raconte en bombant le torse. Un roman qui veut de cocher toutes les cases, mais c’est un peu trop voyant.

Bilan : 🔪

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La nostalgie de l'honneur

Jean-René Van Der Plaetsen rempli dans ce livre un double-devoir. Tout d'abord, un devoir de mémoire envers son grand-père, le général Crépin, qui compte parmi les hommes qui eurent à faire un choix crucial lors du conflit qui embrasa le monde pour la seconde fois au XX ème siècle, choix qui les engageait totalement. Le général Crépin est de ces hommes qui restèrent toute leur vie fidèle à leurs engagements premiers. L'auteur délivre ici un bel hommage de piété filiale à cet être qu'il a profondément aimé et qui incarne pour lui une petite parcelle de l'Histoire de la France.



Le deuxième devoir qu'accompli de plus Jean-René Van Der Plaetsen est de rendre justice à une certaine idée de la France, à reconnaître et à mettre en valeur sa grandeur, à une époque où il est de bon ton de labourer son passé pour n'y chercher que l'ivraie.



On ne peut qu'être touché par la sincérité des sentiments qui animent l'auteur envers la figure hiératique de son aïeul, et l'on perçoit dans ces pages, qui évoquent si bien cette « France qui s'en va », une certaine nostalgie qui se veut l'expression d'un amour véritable pour son pays.
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Le métier de mourir

Le parcours de deux hommes enrôlés au Liban, en 1985. Deux hommes au parcours différents, tout comme les raisons qui les ont menés au front.

Un combat qui se traduit en fait par une longue attente, interminable. Mais plus que d'un front meurtrier et combatif, il s'agit en fait d'une attente pernicieuse, le danger pouvant survenir à tout moment, inattendu.

Au fil de la lecture, j'ai partagé les trois longues journées de ces deux soldats, Belleface et Favrier. J'ai appris à les connaître en même temps qu'eux-mêmes se découvrent l'un l'autre, bien qu'il leur soit difficile de se livrer sur leur passé. Leur histoire nous permet de nous évader du Liban et de passer par l'Indochine ou les campagnes du Tsahal.

Une lecture poignante et empreinte d'une intensité dramatique prégnante où la mort est omniprésente. Bien que l'on sache pertinemment qu'elle emportera l'un ou l'autre, c'est une évidence et une fatalité (je n'en dévoilerai pas plus volontairement), la tristesse nous atteint malgré tout.

Un livre orignal qui mérite d'être découvert.
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Le métier de mourir

Coup de coeur pour ce roman qui relate la relation entre Belleface, la cinquantaine, militaire de carrière, célibataire, sans enfant, sans famille et Favrier, 22 ans. Ce roman nous parle de la guerre, des militaires, pourquoi ce choix, quels combats mènent-ils ? Que cache leur engagement ? Dans une belle écriture, je découvre cet univers et me plonge dans cette guerre du Liban. Je vous le recommande



#netgalleyfrance #lemetierdemourir
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Trois jours et trois nuits

Nouvelle proposition de lecture que ce livre improbable réunissant 14 écrivains

athées, agnostiques, ou de confession chrétienne lointaine ou enfin rapprochée. C’est dire le pari des deux éditeurs lancé à ces hommes de vivre cloîtrés trois jours à l’abbaye de Lagrasse dans l’Aude !

J’achète le livre, car je vois que les droits d’auteur sont reversés à l’ordre pour la restauration de l’abbaye, bâtiment sublime abandonné par les hommes et réhabilités en 2004 par ces chanoines devenus plâtriers, électriciens, plombiers…

Je ne m’attends pas à grand chose de nourrissant, j’y vois une simple retranscription de bavardages germanopratins.

En fait, j’ai été détrompée très rapidement : chaque auteur a quelque chose d’intelligent à nous dire, de sérieux, de profond, de drôle aussi. Chacun expose ses vues sur le mode de vie de ces 42 chanoines hors du temps. Cela les questionne tout comme le monde qu’ils maintiennent. Pas de préjugés ni de conversions, mais un éclairage particulier en fonction de la sensibilité de chacun. C’est formidable !

Mention spéciale à Pascal Bruckner, Jean-René Van der Plaetsen, Boualem Sansal et à Simon Liberati qui, dans leur genre bien différent, expriment une sensibilité au fait religieux qui interroge profondément l’homme moderne dans ce monde si vide de sens.

La dernière controverse sur ce livre tombe à plat lorsqu’on le lit vraiment : il n’y a pas d’apologie de la religion ni du rite tridentin… il se trouve juste que c’est la règle de la communauté…



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Le métier de mourir

Mais qui est donc ce soldat qui surveille un check-point dans le Sud-Liban pendant la guerre civile ? Sibyllin, il porte le nom d’une montagne de la vallée d’Aoste et semble vouloir garder tous ses secrets au plus profond de son âme. Seuls, quelques anciens collègues du temps de l’Indochine ou de ses fonctions dans l’armée israélienne ont quelques éléments de sa vie. Né en Pologne, il est un survivant du camp d’extermination de Treblinka, personne ne sait comment il a survécu car toute sa famille y a péri. Sa vie consacrée à la guerre est une succession de « déchirures, de ruptures, de cassures ». Seul au monde il continue pourtant de croire en la vie. Il sait pourtant qu’il peut disparaître à tout moment et l’arrivée d’un jeune volontaire français, Favrier, lui fait espérer un espoir de transmission : sans enfant il se dit que ce jeune homme pourrait devenir le fils qu’il n’a pas eu.



Belleface est un bon chef, dur mais juste. Un baroudeur hors norme qui pourrait avoir vécu toutes les époques, de la traversée des Alpes avec Jules César jusqu’à l’Indochine. Intuitif, il est avare de paroles et de gestes, attache de l’importance aux détails et semble ne s’émouvoir de rien. Pourtant, le soir sous sa tente, une certaine mélancolie l’accapare et seul l’opium lui procure un apaisement lorsqu’il repense à sa tendre enfance entre un père médecin et une mère violoncelliste ou à la femme, Ruth, qu’il a aimé de tout son cœur et qui a été assassinée par un terroriste alors qu’elle rentrait chez elle. Seul ou avec ses hommes, maintes fois il fait référence à son livre de chevet, L’Ecclésiaste, mais l’ouvrage auquel il tient le plus est une vieille bible qui a appartenu au Père Tarkowski.



Ce roman a des accents de « Désert des Tartares » ? Belleface aussi seul que l’officier Giovanni Drogo, même s’il a vu maintes fois les ennemis arriver et les verra encore. Mais son combat est la mort, cette grande faucheuse qui sévit autour de ses proches comme une malédiction. Tourmenté entre sa décision de ne pas avoir eu d’enfant dans ce monde sanguinaire et l’absence de descendance, le soldat fonde des espoirs de survie après la mort, de son histoire, de son expérience à travers ce jeune Favrier. Il a cette préscience de deviner qu’il fera un excellent militaire. Pour cela il va le former et il passe du temps avec lui, aussi bien pour des conseils stratégiques que pour lui confier quelques secrets, même si à dose homéopathique. C’est là, tout le tragique des personnes qui se retrouvent seules au monde et qui voient la mort inéluctable effacer, non seulement toute trace familiale génétique mais également le patrimoine historique personnel fait de peines et de joies, de succès et d’échecs, de sentiments et de convictions.



Par une narration qui vous prend aux tripes, ce récit noble et admirable sur la dignité humaine baigne dans une atmosphère terriblement romantique, entre des amours perdues, des histoires de transmission et la magnificence d’un paysage baigné entre rayons solaires et balles dévastatrices. Vaste réflexion sur le métier de soldat, de ceux qui s’engagent sachant que servir c’est aussi mourir et sur les affres d’un homme qui, malgré son métier de dureté, ne reste pas insensible à son sort, à ceux des autres. A celui du monde aussi.



Un roman à vous faire mettre au garde à vous.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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