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3.2/5 (sur 106 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Jean-Sébastien Hongre, d’écriture, a publié son premier roman "Un joueur de poker" aux Éditions Anne Carrière (12/03/2010), puis un "Père en colère" chez Max Milo

D'origine Picarde, il est entrepreneur sur internet et vit à Paris.

Il est Directeur général de Planète Interactive, agence Web fondée en 1995 (groupe Isobar) .

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Bibliographie de Jean-Sébastien Hongre   (4)Voir plus


L`entretien de Jean-Sébastien Hongre avec Babelio.com : Un père en Colère


Votre roman parle de la colère d`un père contre ses enfants et contre la société en général. Comment a-t-il pu en arriver à se révolter contre ses propres enfants ?

Ce roman est l`histoire d`une petite ville de banlieue qui se dégrade. Une usine est délocalisée en une nuit et la violence s`est installée en même temps que le trafic de drogue contrôlé par des gangs. La violence se développe dans la vie de l`école ou travaille Nathalie, mère de deux enfants et compagne de Stéphane. La dégradation de cette ville va provoquer à son tour la dégradation de cette famille. Cela va provoquer une rupture des liens à tous les niveaux. Le roman commence quand Nathalie a un accident de voiture et que le père est persuadé que ce sont ses enfants qui l`ont poussé à bout.
Le roman commence quand Nathalie a un accident de voiture et que le père est persuadé que ce sont ses enfants qui l`ont poussé à bout.



Mais comment expliquer cette coupure dans le couple puis entre le père et ses enfants ?

C`est une phrase de mon livre : « Les enfants séparent ceux qui s`aiment en silence. » Les enfants par leur intransigeance, la violence de leur propos, vont créer des dissensions dans le couple qui va finir par rompre. Les enfants vont ensuite vivre avec la mère qui va rapidement s`isoler. L`histoire de mon livre est celle d`un père qui va lutter pour reconstruire sa famille et chercher à comprendre pourquoi ses enfants sont devenus délinquants pour renouer avec eux.



Dans votre roman, le père part au combat contre ces enfants, qu`il juge responsables de l`accident de leur mère. Mais ces derniers ne sont-ils pas avant tout des victimes ?

Si et c`est en effet très important de le dire. On va rapidement comprendre dans le roman que ces enfants devenus délinquants sont effectivement des victimes de ceux que j`appelle « Ceux qui osent tout ». Ces gens-là ce sont ceux qui, en une nuit, délocalisent une usine et mettent 300 ouvriers à la rue et ce sont aussi ces minorités agissantes, une bande de délinquants, qui, à 20 ou 30 personnes, vont pourrir une ville et provoquer la peur. Ça c`est pour moi une démission du rôle de protection de la société. Ceux qui osent tout prennent le contrôle de la ville, la société n`ose plus montrer sa force et protéger les citoyens.



La colère du père s`exprime en grande partie sur un blog. Pourquoi avoir utilisé ce média ?

On voit actuellement une vraie émergence des témoignages anonymes. Quand j`ai réfléchi au roman, j`ai tout de suite pensé que le père qui se révoltait pouvait utiliser ce mur d`expression qu`est le blog. J`ai même imaginé au départ que le roman s`appellerait « le blog d`un père en colère ». Il l`utilise de manière anonyme mais d`autres parents vont se retrouver sur ce blog et se livrer, raconter leurs propres expériences. J`ai de l`empathie pour ce que j`appelle les « victimes silencieuses. » Dans notre société, on demande aux parents d`être parfaits, de souffrir en silence. Ils gardent en eux cette colère et cela peut les « bouffer ». C`est cela que j`ai voulu exprimer par ce cri du père. D`ailleurs, sur le mur facebook du roman qui réunit 5000 parents, je reçois énormément de témoignages de "parents en colère", notamment des mères seules...



J`ai trouvé intéressant que le cri de révolte vienne du père, et non de la mère. Qu`est-ce que cela dit de la société ?

C`est un point qui interpelle beaucoup de lecteurs et même de lectrices. Stéphane cherche à comprendre comment il en est arrivé là. Il se rend compte que la société joue contre lui et contre les pères et les parents en général. Il écrit dans son blog que jamais la société n`avait été autant l`ennemie des parents et des valeurs éducatives. La situation économique rend en effet les devoirs de bases de la famille comme se loger ou se nourrir compliqués et la société est en permanence en train d`emmener les enfants vers des valeurs non humanistes : c`est la société de consommation. Ainsi l`enfant veut le dernier smartphone, la dernière paire de basket à la mode... D`autre part, il y a de plus en plus ce que j`appelle une culture « par défaut », qui est une culture née en Amérique du Nord et qui est très violente. Si vous regardez les chaines de télévision, vous vous rendrez compte qu`on est en permanence dans la violence, la brutalité ou la vulgarité (téléréalité)... De même, il n`y a pas une affiche de film où il n`y a pas une arme ou une explosion. Tout ce que les enfants regardent véhicule l`idée que la fin justifie les moyens. Cela forme une sorte de culture « par défaut » qui les rend beaucoup plus durs. Et on se demande où et comment les valeurs humanistes comme la compassion, la bienveillance ou l`attention aux autres peuvent leur être inculquées. Dans le roman, Stéphane parle de ces mots -ce sont les mêmes : la compassion, la bienveillance- qui ont disparu et qui rendent bien compte des nouvelles valeurs ou de l`absence de valeurs de notre société actuelle.

Comment expliquer le mutisme, voire le déni de la mère ?

Elle est issue d`une génération qui a du mal à comprendre la violence qui a émergé et qui ne sait pas par quel bout la prendre. le père essaie de trouver des voies de sortie et de recréer des liens d`amour et de tendresse avec ses enfants et sa femme. C`est une lutte envers la société contemporaine et cette "décivilisation" qui nait du laxisme, de l`indifférence, et de l`individualisme. La société a été castratrice, elle a été autrefois du côté des parents, et sans doute de manière excessive mais aujourd`hui on est passé dans un sens totalement inverse.



A quel moment situez-vous ce changement, cette inversion des valeurs ?

Je vois un changement avec les années 1970 et sa doxa du « jouir tout de suite ». La dérive économique née de la société de consommation et son matérialisme ont engendré ce changement de valeurs. Mais nous sommes peut-être aujourd`hui à l`aube de nouveaux changements : on voit de plus en plus de pédagogues qui disent et écrivent qu`il faut donner des cadres, des structures à l`enfant et qu`il n`est pas interdit de le frustrer. On peut donner de l`amour à l`enfant tout en l`encadrant. On n`est pas obligé d`être dans l`antagonisme. On peut aussi être dans la complémentarité. Il faut de l`amour ET de l`autorité.



Le personnage de Kamel incarne cette double éducation...

Tout à fait. C`est un enfant qui représente une voie d`espoir. C`est un enfant de la cité doué en mathématique et qui va pouvoir sortir de sa condition, la sublimer grâce à l`école de la République. Kamel est un personnage attachant car ses conditions pour s`en sortir sont beaucoup plus dures que pour d`autres, mais, lui il travaille. Il fait ce qu`il faut faire pour s`en sortir.



Cette ville de Saugny où se déroule l`essentiel de l`action, est-elle réelle ?

Non, elle est complètement fictive ! Il n`y a pas de ville de ce nom là en île de France. C`est une ville qui n`est pas un symbole de la banlieue mais qui concentre tous les problèmes qu`on peut retrouver ici et là. Mon livre n`est en aucun cas une stigmatisation de la banlieue.



Votre roman peut être lu comme un vrai thriller. Pourquoi avoir choisi cette forme et ne pas avoir écrit un essai ?

J`ai voulu avant tout écrire un roman avec un suspense. Ce n`est en aucun cas un essai. Il y a une vraie histoire. Après, il est vrai que j`aime la littérature qui s`inscrit dans la réalité sociale. Il y a des livres dans lesquels on ne sait pas si les protagonistes ont vraiment un "vrai" travail et des soucis qui correspondent à notre époque. Moi, j`ai envie d`écrire des romans qui se déroulent dans le monde d`aujourd`hui, qui soient ancrés dans la réalité et avec des personnages qui évoluent dans des endroits où on a moins l`habitude de les voir comme la banlieue. Ce qui m`intéresse ce sont les lames de fond qui transforment la société sur trente ou quarante ans. Par exemple, je suis fan de Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski. La grande différence entre le héros de « Crime et châtiment » et le même héros aujourd`hui, c`est qu`aujourd`hui il ne se dénoncerait pas. La notion de remord, de culpabilité, la notion de « main retenue » n`existent plus. Rien, aujourd`hui, ne retient plus rien. C`est un mouvement de fond fondamental. On a tué Dieu mais on ne l`a pas remplacé. Aujourd`hui la torture, au cinéma, peut être sympathique comme dans « Réservoir Dog » de Quentin Tarantino. Dans les films de Tarantino on achève les ennemis.
On a connu un virage très important dans la représentation de la violence. C`est assez significatif. le temps n`est plus à la compassion, au dialogue. Cela pose une question importante : comment va-t-on construire la société de demain ? Va-ton inculquer les bonnes valeurs à nos enfants ?



Vous-même, répondriez-vous positivement à cette question ?

Le combat du père dans mon roman et celui de tous les parents est difficile mais je crois que tout est possible car on arrive à une période où l`on peut tous s`entendre sur le diagnostic pour parler enfin des solutions. Ce n`était pas forcément le cas avant. Il y a des voies d`espérance.



Découvrez le livre Un père en Colère aux éditions Max Milo

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Jean-Sébastien Hongre, Un amour au long cours. Existe-t-il une formule magique pour qu’un couple résiste au temps qui passe, à la pression du quotidien ? Anaïs et Franck y croient, ils ont décidé de tenir bon contre vents et marées. Au fil des années, ils ont forgé des règles de vie qu’ils ont écrites et affichées sur leur frigidaire. Ainsi est née la « Constitution du couple » qu’ils ont établie pour tenter de traverser ensemble les grandes étapes de toute vie conjugale : l’éducation des enfants, la pression au travail, l’érosion du désir et des sentiments, la tentation de l’infidélité… Leurs filles devenues grandes, Anaïs et Franck engagent un dialogue risqué. Ont-ils réussi leur pari ? Dix articles d’une « constitution » suffisent-ils pour qu’une vie de couple perdure ? L’amour peut-il réellement se décider ? Un livre dans lequel tout le monde pourra se reconnaître, une histoire touchante qui pourrait aussi s’avérer utile !

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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
C'est l'affaire des lâches que de relativiser.
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Je m'appelle Stéphane. Je suis père de deux enfants. Il y a quelques jours, ma femme a lancé sa voiture contre un mur. Elle a survécu, égarée dans un coma dont elle n'est toujours pas sortie. Ce sont ses propres enfants qui l'ont poussée à bout. [...] Deux ingrats, deux égoïstes sans conscience morale. Peut-être sans âme. Une maladie ? Alors c'est une épidémie, car ils sont les enfants de notre époque, le résultat de mon aveuglement, peut-être, mais d'une démission générale aussi.
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Trois individus sortent d’une BMW, stationnée en double file, le poussent violemment dans l’entrée, et, d’une balayette, l’étendent à terre. Pour Stéphane, c’est une fraction de seconde, un cauchemar instantané dans lequel on se met à le frapper. Combien de temps cela dure-t-il ? Il ne le sait pas, un instant et une éternité à la fois : un instant pour basculer du calme à la brutalité féroce, une éternité dès les premiers coups, dans les côtes et sur le visage, avec des douleurs intenses, une sensation de brûlure insupportable, et le sentiment terrible d’être si vulnérable, totalement dépendant de ces brutes. Il sent la frayeur dans sa chair, la terreur dans son esprit, ce plaisir qu’ils éprouvent à jouir du pouvoir de l’arbitraire. Il jette un hurlement de survie, car il croit entendre ses os craquer sous leurs coups. Eux lui crient qu’ils vont le finir, l’achever, qu’il va mourir comme un chien. L’histoire toute entière des barbaries humaines défile en lui, les femmes battues, les enfants frappés, les innocents torturés, il comprend tout. Il vient d’entrer dans la vaste et silencieuse famille des victimes. Celle dont on parle abstraitement, celle qu’on évite, par superstition, par peur de la main noire, de la contagion, peur de la tristesse, du désenchantement. Après tout, ces trois-là, ils ont sûrement une bonne raison de le taper…
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Droit comme un i, il marche une bonne demi-heure le long de la route jusqu’à une épicerie pakistanaise. De retour, il débouche la première bouteille de whisky, qu’il boit en quelques minutes. Une heure plus tard, il vomit brutalement, recouvrant la moquette et la carrelage de la salle de bains. Sans rien nettoyer, il s’installe avec son stock à côté de la cuvette des toilettes, et toute la nuit, il se force ainsi à boire, les yeux rougis, l’estomac en feu, vomissant du sang à l’aube, le corps trempé, grelottant.
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- Ho, arrête avec ton discours de facho !
- Facho ? Moi ! Mais qui sont les fachos de nos jours ? C'est quoi des valeurs de fachos ? Ce n'est pas la religion de la force ? La puissance du groupe devant l'individu ? Le culte du corps musclé, de la dureté et de l'agressivité en tout ? Le mépris de la femme ravalée au rang de pouliche ou de prostituée ? L'homophobie ? La haine de l'autre ? Ce que je te décris, crois-moi, ce sont les valeurs de [mon fils] et de ses potes, ceux qu'on nomme les "Gremlins", ce nom ridicule qui ne dit pas assez les monstres qu'ils sont.
- Tu fais des amalgames.
- Et le contrôle du territoire ? Ce n'est pas une autre valeur de facho ?
(...) L'amour de la race a été remplacé par le dieu fric, c'est tout. Mon fils et ses copains, ils rêvent de BMW, de putes et de chaînes en or. Mais au fond, ce sont les mêmes que les Sections d'assaut des années 30 quand il s'agit d'être brutaux. (...) C'est l'ultra-minorité qui impose sa loi par la force et l'intimidation, au prétexte qu'ils seraient les victimes du système.
(p. 60-61)
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L'excuse sociale nous est servie depuis trente ans et justifie l'inaction, au fond.
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Il y a du merveilleux à avoir donné la vie, mais avec le temps ne sont demeurés que les devoirs, sans aucune compensation.
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[Une mère d'enfants en bas âge]
- Tu sais, je crois que malgré eux, les enfants séparent les parents en silence. C'est une tendance naturelle contre laquelle il faudrait lutter. Ils remplissent nos vies de logistique, d'intendance, de devoirs de toute sorte, de culpabilité aussi et nous deux, après, on n'existe plus que pour eux. Des ogres...
(p. 21)
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Ici, la politesse, c’est être indifférent.
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Ce soir, Pascale lui impose à nouveau un de ces dîners de couples où les enfants, le prix du mètre carré à Paris et l’évolution professionnelle vont occuper le temps qu’il faut pour se soûler. Abattu à la seule idée
de devoir affronter sa compagne, Antoine obéit, comme toujours. Vers 21 heures, ils se retrouvent chez Nicolas, le meilleur ami de promotion de Pascale, avec d’autres anciens de leur école de commerce. Il n’y a bien qu’Antoine qui ne soit d’aucune promotion, lui, l’autodidacte, informaticien de surcroît, à qui, par un curieux préjugé, les amis de Pascale ne savent jamais trop quoi dire. Ça l’arrange plutôt. Le nez dans son assiette, il boit verre après verre tandis que les autres se racontent leurs souvenirs d’étudiants ou comparent leurs carrières respectives.
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