Citations de Jean d` Ormesson (2583)
Il y aura des hommes pour soutenir que l'histoire n'est que bruit et fureur et qu'elle n'a pas de sens : ils auront tort. D'autres au contraire, prétendront connaître le sens caché de l'histoire et ils tenteront de l'imposer par la violence et au prix de grandes souffrances : ce seront des imposteurs. La nécessité de l'histoire n'apparaîtra jamais que dans le passé.
Moins sans doute que la vie ou la pensée, mais avec brutalité et puissance, l'écriture change le cours des choses, accélère le rythme des changements longtemps resté si lent, ouvre aux esprits éblouis une carrière presque sans bornes, fonde l'histoire qu'elle relate et préserve, nous transmet les rêves, les craintes, les attentes des civilisations disparues.
Ce qu'il y a de mieux dans ce monde, de plus beau, de plus excitant, ce sont les commencements. L'enfance et les matins ont la splendeur des choses neuves. L'existence est souvent terne. Naître est toujours un bonheur. Il y a dans tout début une surprise et une attente qui seront peut-être déçues mais qui donnent au temps qui passe sa couleur et sa vigueur. Connaître, c'est connaître par les causes. Comprendre, c'est remonter aux origines. Dans la forêt, dans la savane, sur la mer, dans les sables du désert, le commencement des commencements, le début de toutes choses est le mythe majeur des hommes.
- Il y a des choses chez vous que je n'aime pas du tout.
- Moi non plus.
-Vous savez quoi ?
- Ma taille, peut-être ? Elle n'est pas haute. Ou peut-être mon nez ? Il est gros.
" Qu'ai-je donc fait ? J'ai été heureux dans un monde cruel dont j'ai admiré presque tout jusque dans les chagrins. "
J'aimais beaucoup ces journées vides où les heures toujours en train de couler qui se gardaient bien de s'encombrer de ces choses inutiles qui relèvent de l'action ou de la passion et qui s'emparent de nous. Je dormais beaucoup. J'oubliais. Je passais le temps qui passe.
« Vous savez quoi ? Tout change. Le climat, à ce qu’on dit. Ou la taille des jeunes gens. Les régimes, es frontières, les monnaies, les vêtements, les idées et les meurs. Une rumeur court : le livre se meurt… »
Même prodigues, les gens riches n’aiment pas prêter. Ils savent peut-être que, parce qu’ils sont riches, prêter, pour eux, c’est donner. Et l’égoïsme, autant que l’avarice, est ennemi de la générosité.
Ces étés de nos jeunesses étaient marqués par les guerres, par la peur et par les déchirements. Tout le problème était de savoir si les petites guerres des quatre coins du monde allaient se rejoindre un jour pour finir par faire une grande guerre.
L’amour est désormais, avec l’argent et beaucoup plus que la puissance, la préoccupation majeure des hommes et des femmes des temps modernes. Leur santé, leur bonheur, leur place dans le monde, leurs rêves, leur opinion sur eux-mêmes, leur vie entière en dépend. Leurs plaisirs et leurs loisirs ne prennent de sens que par lui. Leur travail ne mène qu’à lui. Le cinéma qui a sans doute contribué beaucoup à l’avènement de l’amour moderne lui doit maintenant à son tour son existence et son pouvoir.
L’amour tout entier n’est peut-être qu’une imposture née de notre ennui et de nos grandes espérances. Tant de pièces, tant de romans, toutes les conversations du monde tournent autour de lui comme des mouches insatiables : il a pu en surgir une passion artificielle et construite de toutes pièces.
La littérature, le cinéma surtout ont fait pour nous du baiser comme l’image visible de l’amour, le délicieux et déchirant symbole de la reddition des cœurs. Si le baiser est un mythe, je l’accepte d’une foi soumise.
L’amour le plus banal et le plus médiocre est un peu plus compliqué que la physique la plus ardue : c’est qu’il relève d’un autre ordre où les corps et l’esprit dansent les plus étranges ballets et dont la nécessité est toute faite d’imprévu.
Rome, pour moi, n’était encore qu’un nom, avec d’autres noms dedans qui n’avaient pas encore leur lieu, comme des numéros d’ordre en vrac dans un chapeau.
Les chagrins du cœur fixent souvent sur eux les mélancolies sans cause qui trouvent ainsi des motifs peut-être trompeurs mais enfin clairs et une signification simple. Et les illusions de l’amour, en balayant ces chagrins, ne rendent sans doute si heureux que parce qu’elles balaient en même temps tout ce qu’ils avaient drainé d’amer et d’innommable.
La jalousie surmontée par l’amour rend sa solidité à un monde ébranlé.
Parce qu’il faut changer d’air. L’air, pour Françoise, c’étaient les hommes. Ce goût chez elle des hommes et de leur succession m’amusait et m’irritait. La consommation qu’elle faisait des êtres était proprement incroyable.
L’ennui de l’Italie, c’est que les plus sots s’y épanouissent sans trop de peine, menés comme par la main par tant de souvenirs et par tant d’espérances. Derrière les petits cireurs et les marchands de gelati, je voyais des collines naître sous les portiques, des madones aux rochers, des Naples aux baisers de feu et des amours violentes, un peu espagnoles parfois, sans doute à cause des Borgia, et suaves aussi à cause de François d’Assise. Je n’avais ni scrupules ni remords, j’avais le cœur pur et la tête enfiévrée
L’Italie était pour moi cette patrie où l’on aime à cause du soleil. Quand je me réveillai en Italie, dans le coin du wagon où j’avais dormi toute la nuit, je sentis quelque chose en moi naître sous les courbatures : c’était une allégresse qui devait beaucoup à la littérature ; à mon âge, pour moi, c’était le bonheur tout court.
mon prmeir Jean d'Ormesson , de chapitres en chapitres l'auteur revient sur sa vie , c'est bien écrit , on a bien affaire à un érudit ... mais on ne sait pas ou on va .Il n'y a pas d'intention réelle , on a l'impression que sont couchées sur le papier les idées telles qu'elles sortent de sa tête , pêle mêles et souvent répétées.
Bizarre , ça ne me donne pas spécialement envie de renouveler l'expérience.