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Citations de Jean de La Ville de Mirmont (68)


Oui, de ton cœur j’ai fait le tour;
Ce fut un jeu sans importance.
Tu peux reprendre ton amour,
Je garde mon indifférence.
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Je me suis embarqué sur un vaisseau qui danse
Et roule bord sur bord et tangue et se balance.
Mes pieds ont oublié la terre et ses chemins ;
Les vagues souples m’ont appris d’autres cadences
Plus belles que le rythme las des chants humains.

À vivre parmi vous, hélas ! avais-je une âme ?
Mes frères, j’ai souffert sur tous vos continents.
Je ne veux que la mer, je ne veux que le vent
Pour me bercer, comme un enfant, au creux des lames.

Hors du port qui n’est plus qu’une image effacée,
Les larmes du départ ne brûlent plus mes yeux.
Je ne me souviens pas de mes derniers adieux…
Ô ma peine, ma peine, où vous ai-je laissée ?

Voilà ! Je suis parti plus loin que les Antilles,
Vers des pays nouveaux, lumineux et subtils.
Je n’emporte avec moi, pour toute pacotille,
Que mon cœur… Mais les sauvages, en voudront-ils ?

(chanté par Julien Clerc :
https://www.youtube.com/watch?v=cRECaHafr3A)
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Lorsque Jean Dézert résolut de se suicider, il choisit un dimanche afin de ne pas manquer son bureau.
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- Elvire, Elvire ! Saurez-vous jamais tout ce qui s'étonne en moi de m'entendre prononcer ce nom d'Elvire, célébré jadis par des bouches beaucoup plus autorisées que la mienne. Des siècles d'ennui, Elvire, des siècles de bureau, s'exaltent devant la fantaisie que tu représentes à mon âme d'employé de ministère.
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Mais surtout, Jean Dézert a fait sienne une grande vertu : il sait attendre. Toute la semaine, il attend le dimanche. A son ministère, il attend de l'avancement, en attendant la retraite. Une fois retraité, il attendra la mort. Il considère la vie comme une salle d'attente pour voyageurs de troisième classe.
Du moment qu'il a pris son billet, il ne lui reste plus, sans bouger davantage, qu'à regarder passer les hommes d'équipe sur le quai. Un employé l'avertira lorsque le convoi partira ; mais il ne sait pas encore vers quelle autre station.
Jean Dézert n'est pas ambitieux. Il a compris que les étoiles sont innombrables. Aussi se borne-t-il, faute de mieux, à compter les réverbères des quais, les soirs d'ennui.
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Voyez-vous, je suis fonctionnaire et j'ai beaucoup de lecture.
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Conscient de mon rôle obscur, jusqu'à la mort,
J'écrirai des projets, des notes, des rapports...
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Jean de La Ville de Mirmont
I

Je suis né dans un port et depuis mon enfance
J’ai vu passer par là des pays bien divers.
Attentif à la brise et toujours en partance,
Mon cœur n’a jamais pris le chemin de la mer.

Je connais tous les noms des agrès et des mâts,
La nostalgie et les jurons des capitaines,
Le tonnage et le fret des vaisseaux qui reviennent
Et le sort des vaisseaux qui ne reviendront pas.

Je présume le temps qu’il fera dès l’aurore,
La vitesse du vent et l’orage certain,
Car mon âme est un peu celle des sémaphores,
Des balises, leurs sœurs, et des phares éteints.


Les ports ont un parfum dangereux pour les hommes
Et si mon cœur est faible et las devant l’effort,
S’il préfère dormir dans de lointains arômes,
Mon Dieu, vous le vouliez, je suis né dans un port.
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Jean de La Ville de Mirmont
Cette fois mon cœur, c’est le grand voyage.
Nous ne savons pas quand nous reviendrons.
Serons-nous plus fiers, plus fous ou plus sages ?
Qu’importe, mon cœur, puisque nous partons !

Avant de partir, mets dans ton bagage
Les plus beaux désirs que nous offrirons
Ne regrette rien, car d’autres visages
Et d’autres amours nous consoleront.

Cette fois, mon cœur, c’est le grand voyage.
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II. JEUX


I

O mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles,
Qu’est-ce que l’on a fait de vos âmes de toile ?
Que reste-t-il de vous, hors ces tristes pontons,
Mes frégates, mes avisos et mes corvettes ?
À quel souffle divin, vieux moulins, vous voit-on
Tourner comme ici-bas dans le ciel où vous êtes ?

On a tué bien trop de choses que j’aimais,
Desquelles c’est fini, maintenant, à jamais.
Le « mare ignotum » des vieilles mappemondes
Hante encor mon esprit à travers tous les temps.
Je songe à des marins sur les mers du levant
Qui voguaient sans savoir que la terre était ronde.

Je regrette des paysages de coteaux
Aux fleuves traversés par des ponts à dos d’âne.
La route poudroyait, comme disait sœur Anne ;
Les moulins agitaient leurs quatre bras égaux.
Qu’est-ce que l’on a fait de vos âmes de toile,
O mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles ?
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I. l'horizon chimérique


X

Mon désir a suivi la route des steamers
Qui labourent les flots d’une proue obstinée
Dans leur hâte d’atteindre à l’horizon des mers
Où ne persiste d’eux qu’une vaine fumée.

Longtemps il s’attarda, compagnon des voiliers
Indolents et déchus, qu’un souffle d’aventure
Ranime par instants en faisant osciller
Le fragile appareil de leur haute mâture.

Mais la nuit vient trop vite et ne me laisse plus,
Pour consoler encor mon âme à jamais lasse,
Que les cris de dispute et les chants éperdus
Des marins enivrés dans les auberges basses.
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- C'est la première fois que je ne sais pas où je vais. L'imprévu du chemin me réserve sans doute bien des surprises. Enfin, je suis fiancée. De cette façon j'occuperai mes vacances ; le tout est d'avoir un prétexte. Elvire, inutile et charmante Elvire, pourquoi pas vous plutôt qu'une autre ?
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Jean de La Ville de Mirmont
La mer est infinie et mes rêves sont fous.
La mer chante au soleil en battant les falaises
Et mes rêves légers ne se sentent plus d'aise
De danser sur la mer comme des oiseaux sôuls.

Le vaste mouvement des vagues les emporte,
La brise les agite et les roule en ses plis;
Jouant dans le sillage, ils feront une escorte
Aux vaisseaux que mon coeur dans sa fuite a suivis.

Ivres d'air et de sel et brûlés par l'écume
De la mer qui console et qui lave des pleurs,
Ils connaîtront le large et sa bonne amertume;
Les goélands perdus les prendront pour des leurs.

(" L'horizon chimérique ")
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LA HALTE

La grand'route maigrit vers le lointain. Mon frère,
Elle parait sans fin. Vois, nos souliers sont gris
De poussière, nos pieds saignent las et meurtris ;
Notre gorge est en feu, notre salive amère

Respirons un moment la fraîcheur de la terre
Qui monte des sillons et calme nos esprits.
Les hirondelles fuient en poussant de grands cris
Car la nuit va venir bientôt - tout va se taire...

Mon frère asseyons-nous sur le bord du chemin
Et buvons à la gourde en peau de bouc ; le pain
Que nous achetons en passant au village

Suffira largement à tromper notre faim ;
Et puis nous dormirons sous le ciel sans nuage
En attendant le jour, pour repartir demain.
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IV

Le ciel incandescent d'un million d'étoiles
Palpite sur mon front d'enfant extasié.
Le feu glacé des nuits s'infuse dans mes moelles
Et je me sens grandir comme un divin brasier.

Les parfums de juillet brûlent dans le silence
D'une trop vaste et trop puissante volupté.
Vers l'azur ébloui, comme un oiseau s'élance,
En des battements fous, mon cœur ivre d'été.

Que m'importe à présent que la terre soit ronde
Et que l'homme y demeure à jamais sans espoir ?
Oui, j'ai compris pourquoi l'on a créé le monde ;
C'était pour mon plaisir exubérant d'un soir !
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- Chalands, pense Jean Dézert, je vous comprends. Vous passez votre existence rectiligne dans ces canaux étroits. Vous attendez devant les écluses. Vous traversez les villes, tirés par des remorqueurs qui proclament, sous les ponts, leur fierté de posséder une sirène, comme de vrais navires. Vous me ressemblez, somme toute. Vous n'irez jamais jusqu'à la mer.

Puis il releva le collet de son pardessus et rentra se coucher, car cela même, un suicide, lui semblait inutile, se sachant de nature interchangeable dans la foule et vraiment incapable de mourir tout à fait.
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Le seul grief qu'on eût pu lui faire était de ne jamais répondre exactement à la question posée. Ses pensées suivaient celles de Jean Dézert, mais à la façon de ces routes ensoleillées qui longent quelquefois les voies de chemin de fer, sans se refuser pour cela aucun caprice ni aucun détour et qui contournent chaque bouquet d'arbre.
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La pluie a commencé, pluie d'automne, sans sursis, définitive. Il pleut partout, sur Paris, sur la banlieue, sur la province. Il pleut dans les rues et dans les squares, sur les fiacres et sur les passants, sur la Seine qui n'en a pas besoin. Des trains quittent les gares et sifflent ; d'autres les remplacent. Des gens naissent et meurent. Le nombre d'âmes restera le même. Et voici l'heure de l'apéritif.
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Jean Dézert n'est pas ambitieux. Il a compris que les étoiles sont innombrables. Aussi se borne-t-il, faute de mieux, à compter les réverbères des quais, les soirs d'ennui.
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Mais, surtout, Jean Dézert a fait sienne une grande vertu : il sait attendre. Toute le semaine, il attend le dimanche. À son ministère, il attend de l'avancement, en attendant la retraite. Une fois retraité, il attendra la mort.
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