Citations de Jeanne Bocquenet-Carle (54)
Jusqu'à ce jour, je n'avais eu que des parents et des frères, pas d'autre famille, pas d'autre histoire. Nous étions les premiers de notre race. Tout à coup apparaissait une lignée inconnue, une grand-mère dont j'ignorais jusqu'au nom. J'avais toujours pensé que mes parents, du moins ma mère, étaient fâchés avec leur propre famille, voire avec l'Armorique tout entière. Pour quelle raison ?
Les essuie-glaces balayaient le pare-brise comme un métronome sur un air de gouttes et de moteur, une mélodie de fuite et de pays à traverser.
Tout ce que je savais sur la Bretagne était que tout le monde s'y plaignait de la pluie mais qu'elle était une région très touristique.
"Ça non plus, ça n'a pas de sens ! Super les vacances sous la flotte..."
Et le capitaine s'en fut. Il en avait toujours été ainsi. Depuis mon enfance, j'avais l'impression qu'il ne faisait que partir. Il ne savait pas revenir, ni rester. Maman avait été la seule ancre qui le ramenait à la vie de famille, sans elle il dérivait.
Tout ce que je savais sur la Bretagne était que tout le monde s’y plaignait de la pluie mais qu’elle était une région touristique. Ça non plus, ça n’avait pas de sens ! Super les vacances sous la flotte…
[Scène entre Katell et ses frères]
Je ne comprenais pas comment ils pouvaient s’amuser des événements de la soirée. Quelqu’un aurait pu être tué !
- L’explosion du bûcher nous a servi de protection. On avait une armure de lumière ! C’était d’enfer ! Les pouvoirs des druides sont vraiment géniaux.
- Ouais et nos épées étaient magnétisées, on se serait cru dans Star Wars en 3D !
Ben voyons… Et vous étiez immortels ! Et Abigaïl était Wonder Woman ! Bande de cinglés !
L'eau ne possédait pas la mémoire des pierres. L'eau ne faisait que passer, comme le vent et l'air. L'eau emportait les souvenirs et les marques. L'eau ne vivait que l'instant.
Je regardai ma housse de couette tourner dans le tambour envahi par la mousse. Bientôt l’odeur de Tristan disparaîtrait totalement.
- Maman, maman! Maman, maman!
Clémence caressa doucement le front moite de Nina. Encore un cauchemar.
- Ce n'est qu'un rêve, rendors-toi, murmura-t-elle à sa petite soeur.
- Maman, maman, maman... appela de nouveau Nina avant de s'apaiser.
Clémence serra son corps blotti contre elle. Chaque nuit Nina devenait la proie de ses songes. Ses cris et ses pleurs éclaboussaient l'obscurité comme une rengaine.
Cependant, Clémence redoutait l'instant où Nina dompterait ses chimères. Ce jour-là, elle n'aurait plus la consolation d'entendre le son de sa voix.
Lorsqu'elles s'étaient trouvés livrées à elles-mêmes, Nina avait cessé de parler. Depuis, plus un seul mot ne sortait de sa bouche.
Ce livre est très intéressant à lire parce que bah c'est comme ça
Les saies blanches disparurent une à une, tels des spectres regagnant les forêts et les sous-bois, et le feu ne fut plus qu'un mince filet de fumée montant dans le ciel noir.
Comme pour l'eau, le feu resta muet. L'étrange pouvoir qui m'avait envahie le jour du solstice s'était envolé. Je luttais pour ne pas me décourager. Si j'avais été capable de le faire une fois, je devais pouvoir le refaire!
Pourtant, petit à petit, je me mis à douter de ma capacité a lire dans les éléments. Mes tentatives avaient lieu chaque soir entre chien et loup.
Je laissais aux jumeaux le soin de mentir au capitaine Salaün, je ne me sentais pas d'attaque pour raconter des craques à mon père. J'en avais marre de devoir trouver des mensonges à tout bout de champ.
J'ai l'impression de cultiver des salades !
-Ah, Katell ! Kat, maman kat! Ta grand-mère est morte !
Ah bon, on a une grand-mère maintenant ? Première nouvelle !
Porter un diminutif me donnait l'illusion d'être un peu moins coincé et timide.
- A quel âge commence-t-on à vivre ?
Hermann se demanda si exiger les meilleurs scientifiques était de l'arrogance ou du perfectionnisme.
Ce qu'il contemplait, c'était deux êtres réunis. L'évidence qu'il ressentait ne possédait pas d'explication scientifique. Ces silhouettes marchaient à la fois dans le passé et dans le présent. Leur lien était plus fort que le temps, plus fort que la vie et la mort. Il les regarda avancer le long d'un chemin connu d'eux seuls... un chemin séculaire qui avait auparavant existé. Il devina qu'il ne les reverrait plus.
— J'ai confiance en toi, répondit-il.
Quelque chose était né entre eux. Quelque chose d'indéfinissable. Un lien qui ne se tissait pas le temps d'une vie mais sur plusieurs siècles. Un ruban infini qui, quelle que soit l'époque ou le lieu, rapprochait ceux destinés à se rencontrer.
Les caractères noirs étaient comme l'ombre des mots. Et ces ombres là, qu'on figeait sur le papier, avaient des bruits et des odeurs. C'était le son métallique des caractères mobiles en fonte et des matrices gravées au poinçons, c'était l'odeur de l'huile de lin et du noir de fumée de l'encre. Dans les ateliers, le temps suspendait son vol pour contempler l'éclosion des mots.