Il nous arrive de ne pas penser. De ne pas rêvasser. De ne rien vouloir ni souhaiter, de n'avoir besoin de rien. On est simplement pris par le bonheur d'être ici.
Il suffit d'une personne mélancolique dans une maisonnée pour que la mélancolie s'y propage comme la varicelle.
En suivant les doux méandres de la route qui serpentait, Swan conclut qu'elle n'avait pas besoin de trouver un endroit pour réfléchir. Il suffisait d'aller de l'avant, de poser un pied devant l'autre, tout au plaisir d'aller nulle part.
Elle aussi était convaincue que Samuel était la crème des hommes. L'ennui, c'était qu'elle était tout aussi convaincue que Bernice était capable de s'emparer de la crème et de la faire tourner.
En laissant échapper un cri étouffé qu'elle regrettait déjà, Swan porta vivement sa main devant sa bouche. Elle avait attiré l'attention de Ballenger : autant provoquer un de ces serpents appelés mocassins d'eau en lui agitant votre pied nu sous sa tête vipérine. Non seulement sa morsure est mortelle, mais en plus cette espèce est agressive : elle vous attaque par-derrière.
Barranger braqua sur elle le feu de ses prunelles. Ses yeux noirs lui parurent énormes. Il se fendit d'un sourire carnassier. Swan aurait bien voulu s'enrouler sur elle-même et disparaître, mais c'était trop tard.
C'est difficile à croire, mais il y a des gens sur cette planète qui sont assez abjects... (Il marqua un temps de pause, pour mieux appuyer ses paroles.)... assez immondes... (Nouveau temps de pause.) Des porcs qui ont un tas de boue à la place de l'âme... pour faire du mal à un enfant.
- Personne ne pourra plus jamais nous séparer, promit Swan. Je ne sais pas encore comment je vais les en empêcher, mais ça n'arrivera pas.
Blade posa une main sur le bras de Swan et bâilla de sommeil. Tout ce que Swan disait, il y croyait dur comme fer.
Swan ne supportait plus qu'on la touche, ce que Willadee pouvait comprendre. Quand on est profondément affecté par une perte douloureuse, on a tendance à repousser tous les gestes de réconfort de la part des autres, parce que, nous semble-t-il, leurs gestes minimisent justement la douleur de la perte.
Si petit, et pourtant il savait déjà que ceux qui ne pleurent pas ne sont jamais vaincus.
( à propos de Blade, l'ami de Swann)...Le gamin avait les lèvres qui tremblaient et les yeux hagards, mais il retenait ses larmes. Si petit, et pourtant il savait déjà que ceux qui ne pleurent pas ne sont jamais vaincus. (page 58)