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Critiques de Jeong-hyun Kwon (19)
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La langue et le couteau

C'est le titre étonnant et le plaisir de re- découvrir les Éditions Picquier , synonyme de qualité, qui m'ont incitées à choisir ce livre.



Cet ouvrage nous plonge au coeur de l'Histoire de la Chine, au moment où celle- ci, le Japon et la Corée étaient en guerre dans la première moitié du vingtième siècle ——ces contrées lointaines ——avant l'invasion par la Russie...



Où comment mêler habilement l'art de la guerre ——-avec ses souffrances, ses horreurs , la terreur , les tortures, les exactions atroces commises par l'armée japonaise, la prostitution forcée de jeunes coréennes, l'enfer de ce monde alors rempli de flammes , les camarades mourant dans un bain de sang ? ———et l'art de la cuisine , ses plats rares aux saveurs inégalables, des plats délicieux censés concentrer mille saveurs, ses ingrédients raffinés et exotiques ,  « la LANGUE  » , goût de la cuisine asiatique porté à son paroxysme comme une oeuvre d'art par CHEN , fameux cuisinier rebelle, qui connais une ribambelle de recettes cantonaises et de l'ethnie Yi, génial et inspiré pour qui les mains sont un outil, où le COUTEAU n'ôte pas la vie mais se fait obéir , pour qui le champ de bataille est un simple billot de bois ....



Chen sera enchaîné dans la cuisine de la cantine des officiers torturé , perdra une partie de sa langue: n'en disons pas plus...





Chacun des personnages nous livre ses pensées au fil dramatique des événements.

:YAMADA OTOZÔ , commandant japonais qui rêvait de devenir instituteur, fin gourmet et lettré voue et conjugue haine et/ ou / amour de la cuisine à Chen, originaires tous deux, bien sûr de camps ennemis....



KILSON, née à Chongjin , dans la province du Hamgyeong, , beauté coréenne typique, aux mains frêles, au sourire timide et sensuel , violée par son frère SEOK’, faite prisonnière , femme de «  réconfort pour soldats , enlacée par une multitude , à qui on avait fait miroiter du travail en usine dans le Sud de la Chine...

La guerre , cette folie des hommes...



L'originalité de ce livre riche est de mêler habilement la culture Asiatique : , famille et transmissions , place et rôle des femmes , gastronomie et fêtes traditionnelles,: courses de chevaux , tirs à l'arc, lutte, et les saveurs inédites de la cuisine pour oublier un instant cette guerre meurtrière , plats nouveaux , canard pékinois farci de paillettes d'or,Légumes assaisonnés à point , viande mijotée et/ ou épicée, soupes à base de bouillons de viande odorants , nombreuses sauces , festins , banquets qui durent deux jours,...

Le lecteur côtoie aussi PUYI ,dernier Empereur fantoche de Chine, au discours assommant ...



L'auteur à l'aide d'une écriture imagée , vive , alerte, effectue un travail de mémoire pour ne pas oublier cette période douloureuse, ne nous épargne pas les horreurs de la guerre mais magnifie la gourmandise et les riches saveurs au coeur de ce roman complexe ,( il faut se remettre dans le contexte de l'époque ) .

Ne pas perdre le fil de la construction et des termes non traduits du Coréen.

A travers le vocabulaire et les images de la cuisine , héroïne de ce récit, ce menu coloré , fort, brillant est aussi un brûlot contre les guerres .



Bravo à l'auteur que je ne connaissais pas, né en 1970 à Cheongju, auteur de nouvelles et romans : son ouvrage est en cours d'adaptation pour un drama télévisé et un film.



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La langue et le couteau

Mandchourie, 1945. Dans son palais de Xinjing, Otozō Yamada, commandant en chef de l’armée japonaise du Guandong, semble ne pas s’inquiéter de l’Armée rouge qui frappe à la porte de la colonie. Il prend de haut Puyi, empereur fantoche du Mandchoukouo, inconscient du fait qu’il est en passe de devenir lui-même un gouverneur fantoche. Lettré et fin gourmet, le général tient sous sa coupe un cuisinier chinois rebelle qui lui mijote d’incroyables plats, enchaîné dans les cuisines du QG. Dans son lit, Kilsun, la compagne coréenne de Chen, le régale d’une expertise acquise depuis qu’elle a été enlevée par les troupes japonaises dans son village du nord de la Corée. Le monde s’écroule autour de lui mais Otozō ne se préoccupe que de son palais et des mets précieux que lui prépare Chen. Ennemis, les deux hommes se livrent une bataille sans merci dont les armes sont le billot, le couteau et le fourneau du cuisinier auxquels s’oppose la langue du japonais qui goûte, apprécie, se laisse berner, attendrir, surprendre.



C’est par le prisme de la gastronomie que Jeong-hyun Kwon a choisi d’évoquer l’Histoire de la Mandchourie et les trois ‘’forces’’ en présence en 1945, au moment où l’Empire colonial japonais est sur le point de s’effondrer.

C’est Otozō Yamada qui prête sa voix à la partie japonaise. Ce personnage ayant réellement existé est décrit ici comme un homme plus préoccupé par ses repas que par le sort de l’armée qu’il dirige. Peu lui importe l’avancée des troupes soviétiques, il a foi en la grandeur et la puissance du Japon et tant qu’on lui apporte les mets les plus fins et les plus délicats, rien de grave ne peut arriver. Nostalgique de son enfance et des plats cuisinés par sa chère mère, il peut aussi être cruel, à l’image de son pays, colonisateur sans pitié en Mandchourie comme en Corée.

La Chine est représentée par le cuisinier Chen, socialiste convaincu qui a réussi à s’introduire dans les cuisines du haut commandement japonais avec pour seules armes son couteau et le billot hérité de son père. Il est l’homme du peuple qui refuse de plier sous le joug japonais. Il maîtrise tous les plats cantonais et yi et veut endormir la vigilance de ses geôliers grâce à ses plats inventifs. Son plan est d’éliminer l’ennemi de l’intérieur.

Pour la Corée, c’est la belle Kilsun qui raconte son histoire; si belle qu’elle a commencé par attiser la convoitise de son propre frère. C’est pourtant sur son invitation qu’elle décide de quitter son pays pour le rejoindre en Mandchourie. Mais dès la gare, elle est enlevée, parmi tant d’autres, par des soldats japonais qui lui promettent un travail à l’usine. Las ! Elle sera femme de ‘’réconfort’’ passant de bras en bras, battue, possédée, violée jusqu’à ce que Chen la sauve et l’emmène finalement en Mandchourie. Elle y retrouve Seok, son révolutionnaire de frère qui l’incite à séduire Otozō pour le tuer.

A travers cette guerre du goût que se livrent l’oppresseur japonais et le cuisinier chinois, Jeong-hyun Kwon dénonce la guerre, les atrocités commises par les armées nippones, le sort des femmes de réconfort, victimes des pires sévices.

Une page d’histoire à découvrir où l’auteur mêle avec habileté les horreurs de la guerre et les plaisirs de la chère. Un récit fait de chair, de sang, de sexe, sensuel et cruel, subtil et complexe.

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La langue et le couteau

En 1906, fut créée l’armée du Guandong, groupe d’armées de l’armée impériale japonaise qui prit le nom de la péninsule du Guandong, en Mandchourie, où elle était basée. Elle devint le groupe d’armées le plus important et le plus prestigieux de l’armée impériale jusqu’à l’arrivée des troupes soviétiques.



Chine, Mandchourie, 1945… alors que le monde extérieur s'effondre autour d’eux, ces mêmes occupants japonais ne se laissent pas sombrer dans le désespoir tant que leur palais chinois reste intact. Attention, le roman démarre en nous offrant personnages fictifs et d’autres qui ont réellement existé.



Entre le général Otozô incapable de remettre sur pied son armée, Puyi l'empereur déchu d'un état fantoche, Shigeo l'aide de camp serviable, les révolutionnaires chinois et coréens épris de vengeance et Chen le cuisinier tombé du ciel, seule la nourriture autour d'un vieux billot et d’un fourneau vengeur va réunir ces vivants en ces temps de fin de colonisation et de débâcle.



Au plus proche de l’histoire du Japon et de sa folie conquérante, ce récit de la solennité de l'uniforme et de la rigidité morale nous fait pénétrer dans un univers militaire inattendu. Je remercie Babelio pour ce voyage dans un autre temps et d’autres cultures qui, elles aussi grincent quand elles s’entrechoquent.



Merci aussi aux éditions Picquier (que j’adore !) pour ce roman choral historique original, très bien écrit et documenté juste ce qu’il faut. Il nous montre parfaitement de quelles manières " la Mandchourie ne montre pas son vrai visage ; elle s'enfonce, souffre dans ses blessures et y reste blottie très profondément ".



Dans un texte captivant qui sait raconter les terres humiliées dont on ne parle pas ou plus, chinois, japonais, coréen, officier, cuisinier, soldat, prostituée… chacun prend place en fonction de son histoire, de son grade et tente de mettre du sens à son existence en allant au bout de son destin. La plume de Jeong-hyun Kwon est aussi fluide que percutante selon ce qu’elle a à nous raconter, à nous nous faire sentir.

L’auteur a ce génie de l’écriture qui pique le détail, décale le regard et nous séduit jusqu’à l’émotion.



Certains personnages pensent que « c'est quand l'être humain mâche qu'il est le plus vivant, le plus sincère. » Gare donc aux « maudits » japonais qui auraient dû se contenter de manger et de se faire plaisir plutôt que de critiquer la cuisine chinoise. « Ils paieront le prix, et leurs langues les premières. Leur fin est proche. » Le duel qui se joue ici entre couteaux et ingrédients reflète celui qui se joue entre pays occupé et pays envahisseur.

En ces terribles temps de guerre et de colonisation, « manger est un acte permettant d'atteindre la seule beauté à laquelle les humains peuvent prétendre. » Tout à la fois éloge de la cuisine et dénonciation de l’impérialisme japonais mais également des communistes (« des barbares qui s'amusent à baratiner les paysans ignorants avec des mensonges pervers et dont la philosophie insensée entache la beauté de leur culture »), ce roman dur, mais vrai et intelligent est une parfaite dénonciation des folies politiques de tous genres.



À travers la métaphore de la cuisine et avec elle de la culture propre à chaque paysan à chaque région, c'est un brûlot sans concession contre la guerre.



Quand les mots se mélangent au fourneau et au billot, quand les cicatrices sur les mains des cuisiniers annoncent la volonté des hommes de s’affranchir, la littérature peut devenir une arme pour notre plus grand plaisir.




Lien : http://justelire.fr/la-langu..
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La langue et le couteau

Ce livre m’a emmené dans des contrées lointaines, inconnues, en tout cas pour moi. La Corée, le Japon, la Chine sont intimement liés pour un temps, un temps de guerre, avant l’invasion par la Russie.



Otozô, Commandant japonais, rêvait d’être instituteur, Chen, alors Chinois, un grand cuisinier. Il y a aussi Kilsun, coréenne, violée par son frère, enlevée alors qu’elle devait le rejoindre, devenue « femme de réconfort » pour soldats, sauvée par Chen. Elle restera marquée à jamais par ce que les hommes lui ont fait subir. Chacun des protagonistes livreront leurs pensées, à tour de rôle et en fonction des évènements qui se produiront. Il y a également Puyi, dernier empereur « fantoche" de Chine.



Un jeu va se mettre en place entre Otozô, fin gourmet et lettré, et Chen cuisinier raffiné. Entre eux ce sera l’amour et la haine, l’amour de la cuisine et la haine, car ils sont de camps ennemis.



Couteau, outil essentiel pour découper la nourriture, Langue, pour goûter. Aussi bien l’un et l’autre peuvent être tranchant et cruel ou au contraire, se faire désirer et devenir sensuel. C’est selon.



Beaucoup de subtilité et de finesse dans ce livre, bien qu’il soit également cruel. Paradoxe n’est-ce pas ? Parce que rien n’est simple, encore plus en temps de guerre où les sentiments sont exacerbés ou alors, il en est fait abstraction comme si l’homme perdait de son humanité et se retrouvait animal.



Chacun des protagonistes se remémorent par moment leur enfance pour les aider à supporter l’insupportable, ou à rechercher des goûts qu’ils ne retrouveront pas, car ce n’est pas le même contexte, ni la même personne qui cuisine les plats.



Avez-vous déjà tenté de retrouver le goût d’un plat cuisiné par votre mère ? On peut seulement s’en rapprocher, mais jamais le reproduire.



Les trois cuisines, japonnaise, coréenne et chinoise, vont être comparées. Certains plats décrits seraient difficilement appréciés par les occidentaux, mais d’autres, vous emmènent au Paradis ! Ils se mêlent à l’histoire, et les goûts sont différents en fonction des évènements qui se produisent. Ils les mettent en exergue.

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La langue et le couteau

Sans le concours d'écriture je pense que je n'aurais jamais ouvert ce livre étiquetté 'gueurre'.

Mais je ne suis pas déçue. C'est le récit de l'occupation de la Mandchourie par l'empire japonais. le destin des personnages s'entrecroisent dans une ambiance lugubre mais leur caractère donne au récit une intensité forte, le trio Kilsun, Chen et le commandant Yamada porte la valeur de leur pays Corée, Chine, Japon, ce qui permet la vision des 3 pays dans cet épisode historique.

Le thème central de la cuisine est une approche originale dans cet espace occupé par l'envahisseur. La cuisine et l'occupation se superposent par leur violence (poison, sang, survie...).

Donc une bonne surprise, pour ce roman historique asiatique.

Cela dit je ne mets pas toutes les étoiles car j'ai été gênée parfois par le manque de repères pour comprendre quel narrateur s'exprimait.





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La langue et le couteau

Xinjin, capitale du Mandchoukouo, été 1945.

L'état mandchou fantoche est colonisé par l'armée d'occupation japonaise, dirigée par Yamada Otozô (Mori) depuis son bureau du quartier général. Toujours suité de son aide de camp Shigeo, au si joli menton. Ancien professeur de littérature, Otozô apprécie les oeuvres d'art, comme Göring, en particulier un certain bouddha.

Au palais impérial, l'empereur Pu Yi – souvenons-nous du film de Bernardo Bertolucci « le dernier empereur » - fait de la figuration. Partout, les troupes japonaises sont bousculées par les américains, on transfère dans le sud le maximum de troupes fraîches … C'est une atmosphère de fin de règne, la chronique d'une défaite annoncée, en particulier devant les divisions soviétiques massées le long de la frontière.

La Chine est un champ de bataille depuis 1931 quand tout a commencé avec « l'incident de Moukden » - là, je raccroche avec « le Lotus bleu » d'Hergé.

Han, Mandchous, Coréens, Japonais s'épient. Les révolutionnaires attendent leur heure pour frapper en liaison avec les communistes de Mao et de Staline.

Chacun des personnages poursuit son destin, tâche de survivre. Chen est un cuisinier cantonnais de l'ethnie Yi, inventif et acharné. Sans se séparer de son billot sanglant – un accessoire qui joue un rôle essentiel dans cette histoire – il va s'insinuer dans la cuisine du commandant gourmet, qui le fera travailler exclusivement pour lui. Un challenge quotidien.

Sa compagne est Kilsun, belle coréenne capturée par les japonais pour devenir « femme de réconfort ». Violée à quinze ans par son frère Seok, son corps ne lui appartient plus. Toujours sous l'emprise de son frère, elle tente de retrouver Chen.

Tout bascule après le largage des bombes sur Hiroshima et Nagasaki et la capitulation de l'empereur Hiro Hito. Les troupes japonaises attendent leur anéantissement, c'est le sauve-qui-peut. La plupart se laisseront tailler en pièces, mais pas le commandant Otozô … Il aura laissé un morceau de sa chair au Mandchoukouo, mais il survivra…

Comme quoi, il y a d'autres façon de résister qu'avec des sabres et des fusils. Il faut aussi compter sur les cuisines de cette région du monde, si étranges, si diverses, si complexes. Un vrai dépaysement plein de sang, de peur et de saveurs. Une autre façon de comprendre cette Asie où l'histoire du monde se fait sous nos yeux.
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La langue et le couteau

J’avoue que c’est la couverture du livre qui m’a attiré vers lui. Riche en couleurs, elle présente 3 pots d’ingrédients de cuisine, thème de lecture qui me séduit toujours. Autrement je ne l’aurai pas choisi par peur d’avoir du mal à m’attacher à des personnages de l’est asiatique dont l’Histoire et la Culture me sont profondément inconnus.

Au début des années 30, l’armée japonaise a envahi la Mandchourie (région est-asiatique frontalière de la Russie et la Corée) pour y installer un état fantoche (le Mandchoukouo). Le roman s’y déroule juste avant l’invasion par les soviétiques en 1945.

Kwon Jeong-hyun, auteur sud-coréen, choisi la cuisine comme thème du livre pour aborder ce pan de l’Histoire de Chine.

En 1945, trois personnages principaux vont se confronter jusque la capitulation du Japon et l’invasion soviétique : Mori, commandant de la garnison japonaise, Chen, cuisinier et révolutionnaire communiste chinois qui devient son prisonnier ainsi que Kilsun, une coréenne liée à Chen.

Chen a été fait prisonnier. Mori est gourmet et il lui laisse la vie sauve en échange de quoi ce dernier devra être son cuisinier attitré. Mais Chen va être l’auteur d’un attentat raté contre le QG et Mori lui fera alors presque couper la langue (le petit bout sauvegardé devant lui permettre de garder un moyen de goûter ses plats) et enchaîner au fourneau.

J’ai eu un peu de mal au début pour comprendre la situation des lieux et des personnages, mais je n’ai pas lâché le livre car « La langue et le couteau » est un roman suffisamment bien construit pour qu’on s’y attarde.

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La langue et le couteau

Je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à cela et donc il m'est difficile de parler de ce livre. Habituellement les roman mélangeant la cuisine à l'histoire ont quelque chose de doux même sils sont violents. Là tout est violent même la cuisine, où il est souvent question de sang.

Le livre est très intéressant et l’alternance des points de vue Corée, Chine, Japon est très intelligente
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La langue et le couteau

Le fond : Mandchourie, 1945. L’occupant japonais est aux abois, à la merci de l’attaque des troupes russes en approche. C’est dans ce contexte tendu que Chen le Chinois se présente au QG des Japonais pour offrir ses services de cuisinier. Mori, le commandant japonais, un fin gourmet, propose à Chen le contrat suivant : si le Chinois ne ravit pas ses papilles (la langue), il sera tué (le couteau). En parallèle, la femme de Chen, Kilsun la Coréenne, élabore un plan pour se débarrasser de l’occupant.

La forme : le style est simple, fluide, avec des dialogues savoureux, tout comme la description des plats. L’utilisation du pronom je pour plusieurs personnages est déroutante (au début).

Pour conclure, un roman historique original vu par les yeux des trois acteurs de cette période (Mori le Japonais, Chen le Chinois, et Kilsun la Coréenne) qui fait la part belle à l’art de cuisiner et au plaisir de déguster. Ponctué de nombreuses anecdotes historiques et de description de recettes parfois très surprenantes, il est accessible aux non historiens et aux non cordon bleu -dont je fais partie ! -.

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La langue et le couteau

Quand la cuisine devient une comme arme de guerre



Kwon Jeong-hyun, auteur coréen, signe un roman choral foisonnant situé en 1945 entre l'occupation japonaise et l'invasion soviétique, une période charnière pour la Mandchourie. Il met en scène trois personnages, Chen, Otozô et Kilsun qui vont être liés à jamais par la cuisine.



Chen, le cuisinier cantonais qui ne possède qu'un billot de bois hérité de son père et un couteau, est à la merci de Yamada Otozô, commandant en chef de l'armée japonaise du Guandong et personnage ambigu. Une relation étrange et cruelle s'installe entre eux, une sorte de jeu du chat et de la souris. Pour sauver sa vie et celle de sa famille, Chen va devoir faire preuve d'une ingéniosité sans borne pour préparer des plats au goût inégalable et satisfaire ainsi ce fervent amateur de bonne chère, ancien professeur de poésie et de littérature enrôlé de force dans l'armée. Kilsun est une jeune femme coréenne, exhortée par son frère, un fervent socialiste, à lutter, comme lui, contre l'ennemi japonais. Elle est enlevée, emmenée au QG des soldats japonais pour devenir « femme de réconfort », soumise à Otozô.



C'est le destin de ces trois personnages que l'auteur dépeint de main de maître. À travers leurs voix, il plonge le lecteur dans l'Histoire, au moment où la Chine, le Japon et la Corée étaient en guerre. Il ravive les souffrances, les horreurs de la guerre, les exactions commises par l'armée japonaise, massacres, sévices, tortures, prostitution forcée des jeunes Coréennes. Et aux affres de la guerre, il mêle habilement la culture asiatique : la famille, la transmission, la place et le rôle des femmes, la gastronomie, les fêtes traditionnelles.

L'écriture est vive, alerte, ne laisse aucun répit. Les personnages de l'histoire sont ceux qui la racontent, la narration les fait intervenir à tour de rôle à la première personne. Ce qui permet au lecteur de se trouver au coeur du récit. le rythme du roman est donné par les péripéties rocambolesques des personnages et par l'invasion russe qui se rapproche de jour en jour. le dernier empereur de Chine, Puyi, fait une apparition alors que l'armée japonaise bat en retraite face à l'armée soviétique.



Pour apprécier pleinement ce roman, il faut se remémorer le contexte historique de l'époque de façon précise, les crimes de guerre des troupes japonaises en Asie occupée. Et c'est un roman captivant que nous propose Kwon Jeong-hyun avec cette manière originale qu'il a d'évoquer cette période historique complexe en faisant de la cuisine une arme contre l'hégémonie japonaise. Que vont devenir tous ces personnages emportés par la violence et la cruauté de la guerre ? Un épilogue émouvant vient clore leur destin.



Un roman qui résonne comme un travail de mémoire nécessaire pour ne pas oublier cette période douloureuse et un auteur à découvrir.







Merci à lecteurs.com pour ce livre lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019.
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La langue et le couteau

Ce livre à cheval entre récit et roman policier est assez surprenant. Il aborde la période de l'occupation Japonaise en Mandchourie entre un cuisinier Chinois rebelle à l'occupation Japonaise, un général Japonais passionné de beauté et de cuisine et une jeune Coréenne que l'on retrouve ballotée entre sa volonté de liberté et sa lutte contre les Japonais.

La cuisine y est très présente et on y découvre de ce fait nombre de plats inconnus (pour moi).

J'ai une impression mitigée de ce livre. J'ai apprécié d'y découvrir sous l'angle romanesque cette ambiance, cette période, les tensions politiques existantes... mais j'ai parfois été un peu perdue par le récit où tous les personnages semblent trainer leur enfance et leur souvenirs de leurs parents constamment avec eux (souvenirs de repas préparés...) tout en négligeant les parents encore vivants. J'ai été très intéressée par les plats préparés, la manière de le faire, et le suspense que le cuisinier réussisse son plat, mais a parfois décroché sur les longues tirades de "la langue comme l'organe le plus important" où dans une période troublée, rien ne semble compter que l'exceptionnelle qualité gustative du prochain repas.

Ce livre est culturellement assez intéressant, sans être un livre qui vous entraine avec lui au bout de la nuit.
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La langue et le couteau

Mix de genres littéraires et mélanges de trois cultures asiatiques, ce roman historico-culinaire coréen a pour principal ingrédient une grosse poignée de sadisme.



Passé le bain de sang qui permet d'expliquer en quoi consiste la cuisine Mandchoue, le décor est vite placé dans ce contexte de la Seconde Guerre Mondiale. On y suit chapitre par chapitre l'histoire de trois acteurs du conflit d'origines différentes ; un général d'armée japonais, un cuisinier chinois ainsi que sa femme coréenne.



Assez compliqué donc pour toute personne étrangère à l'Histoire d'une bonne partie de l'Asie et de sa colonisation par le Japon, jusqu'à ce que celle-ci soit de nouveau bouffée par le régime soviétique à la fin de la guerre. On s’armera donc d'un peu de patience avant d'en savourer l'intrigue principale.



Chaque chapitre donne voix à un des protagonistes qui alimentera avec brio les stratégies non pas militaires, mais de pouvoir sur les uns et les autres. C'est cruel, sordide, sanglant, violent, parfois drôle voire loufoque, déjanté étant l'adjectif qui m'a le plus titillé lors de cette (longue) lecture.



J'ai pris le temps, pour au final passer un très bon moment. Il est laborieux, pas trop énorme, mais la psychologie des personnages se tisse au fil du récit et l'envie du dénouement nous donne autant l'eau à la bouche que les recettes qui y sont cuisinées.



Ça avait assez piqué ma curiosité à l’annonce de sa sortie, qui en a pris pour son grade, si jamais le coeur vous en dit, voici donc une lecture qui ne sera pas perdue.



À condition d'avoir le coeur et le mental bien accrochés et une sacrée soif de dates et d’anecdotes historiques !
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La langue et le couteau

N'ayant jamais lu d'auteur coréen je me suis lancée dans cette lecture sans trop en savoir.

Ce n'est pas la lecture de l'année mais j'ai apprécié découvrir l'originalité de ce roman.

En effet il est question de l'occupation japonaise en Corée dans les années 1945, mais plutôt que de raconté les faits de façon conventionnelle, l'auteur nous embarque dans ces faits où la cuisine est au cœur de ce mouvement.

Les trois protagonistes que l'on suit tour à tour nous dépeignent le cadre et la vie d'un pays occupé où les saveurs de la cuisine asiatiques sont néanmoins au centre de l'attention.

Le style d'écriture est relativement simple même si certains mots restent dans leur langue.

Je me suis personnellement beaucoup attaché au personnage de Chen. Mais chacun des trois personnages a un côté attachant.

D'ailleurs ce roman à fait l'objet d'une adaptation cinématographique en Corée.
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La langue et le couteau

En 1945, la Mandchourie est sous occupation japonaise mais l'armée russe progresse... Yamada Otozô, commandant en chef des troupes d'occupation du Guandong, sait que la fin de la guerre est proche. Dans cette attente ennuyeuse, il épargne la vie de Chen, cuisinier chinois condamné pour trahison, afin que celui ci offre, chaque jour, à ses papilles les délices de sa cuisine créative.

Chen a appris la cuisine avec son père et ne se sépare jamais de son billot de bois et de son couteau préféré. Proche de la résistance communiste, il s'est fait pincé en tentant un empoisonnement du corps d'armée. Otozô l'a sauvé mais il doit se surpasser pour réaliser des plats exceptionnels susceptibles de satisfaire ce fin gourmet.

De son coté, Kilsun, jeune coréenne, enlevée par l'armée pour servir de femme de réconfort aux soldats, va devenir la favorite d'Otozô et tentera aussi de l'éliminer. Chacun lutte contre la peur et la mort à sa façon face au contexte.



Le récit dense de ce roman documenté sur fond gastronomique et historique est d'une grande richesse.

L'auteur décortique les émotions, les abus de pouvoir, les fantasmes de chaque protagoniste. Il émane un fumet de sensualité, de crainte, de haine et avant tout de résistance.

La porte de la cuisine est ouverte et le lecteur se délecte de la culture asiatique et sa magie culinaire.

Pour tous les amateurs de l'Asie, un roman qui ressemble à un conte à la fois dur, mélancolique et poétique... A lire.
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La langue et le couteau

1945, la Mandchourie est occupée par les japonnais et les russes ne sont pas très loin.

Un livre chorale, autour de deux personnages principaux, pas facile à raconter tant il fourmille de récits, d’anecdotes.

Chen, chinois, cuisinier, ne se sépare jamais de son couteau ni du billot hérités de son père. D’ailleurs, l’histoire de ce billot est très particulière. Chez cet homme, la cuisine n’est pas la préparation des repas, c’est beaucoup plus que cela, c’est sa vie. D’obédience communiste, il voue une haine farouche envers les japonnais qui occupe la Mandchourie.

Yamado Otozô, commandant en chef de l’armée qui occupe la Mandchourie est, dans le civil, professeur de littérature. Lui, adore la cuisine du côté table, mais attention, du raffiné. Cet homme cache une cruauté dure, fine et jouissive

A eux deux, nous avons le ventre et la tête, les deux cerveaux qui règnent sur nos êtres.

A cela, il convient d’ajouter Kilsun, jeune femme coréenne, femme de Chen, arrivée ici pour y retrouver son frère. Kidnappée par les japonnais, elle a servi de délassements aux soldats et violée continuellement. Chen a pu l’en sortir et l’a épousée. Pourtant par un subtil jeu de hasard, elle se retrouve captive de Yamada Otozô qui joue, là, une partition très subtile, et cruelle, car il sait qui est Kilsun. Quant à elle, ce n’est pas seulement les japonais qu’elle veut détruire « J’ai simplement envie de détruire le monde des hommes de mes propres mains. Qu’importe ma cible. »

Un jeu cruel du chat et la souris entre deux esthètes de la cuisine. Otozô a gracié Chen, qui a tenté d’empoisonner les japonnais) mais lui a coupé la moitié de la langue, lui laissant le reste pour qu’il puisse goûter les mets commandés par le japonnais et qu’il prépare. A chaque repas, Chen, joue sa vie.

A travers sa cuisine, ses mœurs, la lutte contre l’impérialisme japonnais, l’auteur parle d’un pays qui se verra coupé en deux. Un pays, un peuple humiliés qui se bat avec ses armes. La cuisine est une métaphore de l’art cruel de la guerre

La cuisine comme l’un des grands arts, raffinement des mets et de la cruauté. Le couteau sert à préparer les mets mais aussi à couper la langue du cuisinier et le sabre à tuer.

Jeong-Hyun Kwon a le sens du raffinement, du détail qui attire l’œil, sans ostentation avec force de détails, comme la cuisine de Chen. L’écriture alerte donne un rythme vif au livre et la traduction donne à voir la finesse, l’ambiguïté, le double sens.

Une nouvelle très belle découverte des éditions Picquier qui m’ont ouvert, à travers les livres lus, l’horizon de la littérature asiatique


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La langue et le couteau

Lu l'an dernier. Un livre que j'avais choisi avant tout pour son titre et pour sa première de couverture.

Un roman choral assez singulier, une sorte de huis-clos mêlant histoire politique, art culinaire, manipulation mentale et sadisme. Nous sommes en 1944 au coeur de la Mandchourie, en pleine occupation japonaise... J'ai eu parfois le coeur "au bord des lèvres", mais je recommande cette lecture aux féru(e)s de récits asiatiques.
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La langue et le couteau

Jeong-Hyun nous rapporte l'histoire de la Seconde Guerre mondiale sur les paysages asiatiques. Par volonté, il mêle cuisine et guerre. Ainsi l'aisance du couteau trouve place dans la charcuterie à la fois militaire et alimentaire. Il offre une alliance étonnante car les deux se fondent bien ensemble. La plume de l'auteur apporte trois visions inédites sur ce conflit tout en nous transportant et nous alléchant de l'histoire et de son futur.



Ce livre fait maintenant partie de mon top 10 de mes romans favoris. A l'avenir je n'hésiterai pas à le déguster derechef lorsque ma passion pour l'histoire de cette guerre se dressera dans mes papilles.
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La langue et le couteau

Depuis maintenant quelques mois je lis énormément de livres coréens, je suis tombée amoureuse de cette littérature que je recommande vivement. Les éditions Picquier (maison d'édition spécialisée dans la littérature asiatique) nous offrent de magnifiques lectures dont La langue et le couteau.



Avec ce roman, le lecteur français va découvrir un pan de l'Histoire fascinant : nous sommes en 1945 en Mandchourie, les troupes russes sont sur le point d'arriver et l'armée japonaise, qui occupe le territoire, doit se battre ou fuir. Dans ce cadre spatio-temporel trois personnages vont se rencontrer.



J'ai beaucoup aimé cette lecture pour plusieurs raisons. Tout d'abord on perçoit dès le départ le travail de recherche de l'auteur, au travers de ce livre vous allez apprendre énormément du point de vue historique. En plus des connaissances apportées, l'auteur a aussi choisi un angle thématique très original : la cuisine. Il réussit parfaitement à retranscrire toute l'importance de cette activité pour Chen, le cuisinier chinois révolutionnaire et Yamada Otozô, l'officier japonais. Ces deux êtres vont ainsi s'affronter sur la base d'un défi culinaire alors que la guerre arrive à la frontière.



Si j'ai trouvé ces deux personnages principaux très intéressants, mon protagoniste préféré restera Kilsun, une jeune femme coréenne. J'ai été impressionnée par sa force, son opiniâtreté alors qu'elle a traversé et traverse encore tellement de drames. C'est un personnage qui suscite le respect et l'admiration.



Le fait de mettre en avant trois personnages de nationalités différentes et qui sont intimement liés par le fil de l'Histoire est une formidable idée qui donne un véritable souffle narratif à l'ensemble. J'ai aimé le fait d'alterner les points de vue entre les chapitres et de pouvoir ainsi mieux comprendre les aspirations, les pensées et la volonté des trois personnages.



Anecdote : Dans le cadre du Festival Corée d'Ici à Montpellier, j'ai eu la chance d'assister à une rencontre avec l'auteur en compagnie de sa traductrice et éditrice Lim Yeong-hee. J'ai été très heureuse de pouvoir en apprendre plus sur ce livre, sur son auteur. Nous avons par exemple appris que l'épilogue a été ajouté pour la traduction française. J'ai aussi eu la chance de remporter le concours de rédaction organisé par le festival et les éditions Picquier. Le concours consistait à inventer une fin alternative aux protagonistes.



En définitive, Kwon Jeong-hyun est un écrivain passionnant à lire et à écouter, je vous invite à découvrir sa plume avec ce premier roman traduit en français et j'ai hâte de lire ses prochains livres !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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La langue et le couteau

« Manger est pour moi le meilleur moyen d’oublier, pour quelques instants, cette guerre et la charge qu’est la mienne. La cuisine nous sauvera peut-être. » Cette citation d’un des personnages (Otozô) du roman est un bon résumé de cette histoire qui nous plonge dans la période de la guerre entre la Chine, la Corée et le Japon avant l’invasion russe de 1937 à 1945. En suivant entre autres Otozô, commandant japonais, Chen, grand cuisinier chinois et Kilsun jeune femme coréenne une histoire très détaillée de cette guerre se met en place. Le couteau pour découper, la langue pour goûter, mais tous deux peuvent être tranchants et cruels. Tout comme ce roman qui est subtil et barbare. Le style de Kwon Jeong-hyun, auteur coréen, est un pur bonheur. YR
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