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Critiques de Jérôme Ruillier (91)
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Lapin

Jolie petite histoire, d'un petit lapin malin qui aime s'amuser.
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Le coeur-enclume

L'auteur nous livre ici les premières étapes de l'acceptation de sa paternité. L'album s'ouvre sur un couple qui regarde leur fille courir derrière des mouettes sur une plage. Puis on revient sur les souvenirs de la naissance. Ce petit être attendu par ce couple arrive prématurément : angoisse. A sa naissance, il est tout de suite pris en charge par les médecins. Père et mère ne le verront pas tout de suite : re-angoisse. Puis le médecin arrive et tourne autour du pot, avant d'annoncer au père que l'enfant est différent : retour à la maison avec une enclume à la place du coeur.

L'auteur nous raconte ensuite les doutes, les peurs, la difficulté d'intégrer cette nouvelle. Les propos sont durs, presque choquants. Mais comment juger d'une situation que je ne connais pas ! La mère, dès la mise au sein devient mère. Comment ne pas l'être, face à ce petit bout de femme qui a tellement besoin d'elle. mais le père, quelle place va-t-il pouvoir prendre ? Comment annoncer à la famille, aux amis, aux voisins, que cet enfant est différent ?

Le dessin, tout en noir et blanc, atténue quelque peu les propos. Mais j'avoue ne pas avoir accrocher plus que ça. je l'ai trouvé inachevé.

C'est quand même un bel album qui fait réfléchir, sur un sujet douloureux pour les familles qui le vivent, qui a le mérite d'exister.
Lien : http://laptitesourisduweb.bl..
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Le coeur-enclume

Sara naît prématurément. A l'allégresse d'être parents succède vite l'inquiétude : les médecins sont embarrassés, il semble qu'il y ait un problème. Le diagnostic est rapidement établi, la petite fille est trisomique.



Ce magnifique album est l'oeuvre d'un papa. On visite tous les sentiments qui l'ont étreint lors des premiers jours de sa fille : bonheur, inquiétude, honte, sensation d'injustice, souhait que le bébé ne survive pas, émotion en changeant pour la première fois la couche de son enfant, et pour finir, formidable amour. Le texte et le graphisme sont simples, épurés, sincères et doux. On frissonne d'émotion du début à la fin.



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Le coeur-enclume

J’ai craqué pour cette BD aux dessins minimalises, mais qui en disent tant…



Un papa raconte l’arrivée d’une petite fille trisomique dans le couple qu’il forme avec sa femme. Il lui faudra six jours pour accepter la nouvelle… six jours qu’il raconte avec sincérité et émotion dans ce très bel album que je vous conseille chaudement, même si la BD ne fait pas vraiment partie de votre univers.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Le coeur-enclume

Un témoignage sans filtre de ce que peuvent ressentir des parents quand le pronostic tombe: votre enfant est différente !

On ressent le malaise du médecin qui doit annoncer la nouvelle, en disant bien aux parents de ne pas s'inquiéter ( ce qui bien sûr augmente l'inquiétude) . On ressent le désespoir des parents, complètement démunis fassent à ces nouvelles émotions qui couvrent le bonheur d'être parents. On ressent la honte d'avoir souhaité quelques secondes que cet enfant n'existe pas..... On sent la détresse des parents qui ne savent pas si ils sauront aimer cet enfant . Et puis on sent l'amour qui, inexorablement, fait son chemin et fini par triompher bien sûr.

Les dessins m'ont prise aux tripes , le texte , court mais efficace, m'a donné des frissons. Je ne vis pas cette situation, mais connaissant un peu l'auteur, je sais que son ton est très juste et je ne doute pas que cette courte bande dessinée touchera beaucoup de monde.
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Le coeur-enclume

« Sara est née prématurée et… différente : elle est trisomique. Tout s’effondre pour ses parents, Annabelle et Jérôme. Pourront-ils accepter l’enfant que le destin leur a envoyé et lui faire une place dans leur vie ? L’aimer ? Iront-ils jusqu’à désirer qu’il disparaisse ? Désemparés, ils doutent sur leur capacité à assumer la situation. Les premiers jours qui suivent la naissance de Sara voient se succéder la peur, le renoncement, la tristesse, la colère, les remises en question… puis l’espoir, et l’amour. Malgré tout… » (synopsis éditeur).



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Le cœur-enclume offre un regard poignant sur l’arrivée d’un enfant handicapé au sein d’un couple. Cet album d’une centaine de pages aborde les étapes successives de cette lente acceptation de la différence, un difficile travail de deuil à faire de cet enfant qui ne naît pas "conforme" à l’image que l’on s’en faisait.

Dans le petit huis-clos de la maternité, l’auteur met en scène Annabelle et Jérémie qui vont devoir faire face à la situation.

Jérôme Ruillier y parle sans détours de la déferlante de questions et de doutes qui submergent les parents dans les jours qui suivent l’arrivée de l’enfant, une remise en question d’autant plus forte qu’ils découvrent en même temps que la naissance l’existence du handicap. Pas le temps de se préparer pour faire face et anticiper les conséquences de cette « différence ». Une centaine de pages qui relate les six premiers jours : de la naissance prématurée à l’arrivée au domicile familial. Le temps d’une acceptation ? Comment regarder au-delà du handicap pour voir l’enfant ? Comment dompter ses représentations pour lui apporter naturellement tout l’amour et toute la chaleur dont il a besoin ?

Le style atypique de Jérôme Ruillier porte le propos. Respectueux et pudique, ce dessin permet au lecteur de s’approprier pleinement ce récit. A l’instar des Mohamed, nous retrouvons les mêmes personnages anthropomorphes dont les expressions de visages sont réduites à l’essentiel. Enfin, les personnages évoluent librement sur les pages, évitant ainsi la lourdeur et l’impression de confinement qu’auraient pu induire la présence de cases en présence d’un tel sujet.
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Le coeur-enclume

Aujourd'hui j'aimerais vous parler d'un livre différent, tout comme son héroïne. Il sort de ce qu'on croise d'habitude et nous offre une leçon de vie, un témoignage unique et exceptionnel. Je l'ai découvert au détour d'une brochure au travail qui proposait des livres sur le handicap. J'ai été séduite par son titre et son résumé, mais je l'ai été tout autant durant ma lecture.



Sara est unique, mais bien au-delà de ce que ses parents pouvaient imaginer. Petite fille prématurée et trisomique, l'après-naissance est loin d'être l'idylle à laquelle ils s'attendaient. Ce sont les pensées du papa que nous suivons pendant 6 jours. 6 jours où il passera par toutes les émotions, face à la différence de son enfant, face à cette réalité si difficile à accepter, face à la difficulté de l'annoncer aux proches, aux voisins... 6 jours douloureux, mais en même temps beaux et touchants. 6 jours qui nous obnubilent et qui nous font nous poser beaucoup de questions. Comment s'ouvrir à cet enfant différent et l'accepter sans conditions?



J'ai été extrêmement touchée par cet album qui conte ce face à face si douloureux: les parents vs le handicap. Il nous montre les réactions de façon tellement réelle, qu'on ne peut rester indifférent et qu'on a envie d'aider ces parents et de conseiller ce livre aux familles concernées. Les réflexions de ce papa, sa honte, sa culpabilité, son angoisse, mais aussi sa joie, son émerveillement, sont autant de facettes de ce processus de "deuil" et d'acceptation qui nous emporte et nous fait sourire autant que verser quelques larmes.



J'ai été particulièrement touchée par la première scène à la plage. La réaction et l'attente de Sara m'ont rappelées les enfants handicapés avec lesquels je travaille. Le sourire aux lèvres, une seule pensée m'a traversée l'esprit: "C'est tellement ça!". Cette pensée résume très bien ce que j'ai ressenti durant toute cette lecture.



Un petit mot sur les illustrations. Nous avons affaire ici à un album à deux doigts de la bande dessinée. Les dessins sont simples, épurés, ce qui ne donne que plus de force au récit et laisse libre court aux sentiments et aux réflexions.



En bref, cet album poignant est un livre à découvrir absolument si vous êtes intéressés par ce processus de "deuil" suite à l'annonce du handicap ou de la différence d'un enfant. Un récit qui émeut et qui est emprunt d'un réalisme qui ne peut laisser de marbre.
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Le coeur-enclume

Sara vient de naître mais bien trop tôt. Sa maman ne l'a qu'aperçu, et les médecins n'arrêtent pas de poser des questions à son papa qui est de plus en plus inquiet. Ce dernier rentre chez lui avec un gros poids sur le cœur : « le cœur enclume ».



La suite sur le blog :
Lien : http://1bonheur1jour.canalbl..
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Le coeur-enclume

Récit autobiographique touchant, cette bande-dessinée évoque six jours de la vie de l'auteur, Jérôme Ruillier : les six premiers jours de vie de sa fille Sara. Arrivée prématurément, la petite Sara est « différente » annoncent les médecins à ses parents interdits. Sara est trisomique, pourtant rien pendant la grossesse ne l’avait laissé présager. Reste à Annabelle et Jérôme à digérer la nouvelle et à accueillir dans la vie le fragile petit être. Pendant six jours, le narrateur connaît l’effondrement, le doute, la honte - redoutant même d’annoncer la naissance de sa fille à ses proches – mais aussi l’espoir et l’amour, celle d’un père pour son enfant. Traitant d’un sujet difficile, Jérôme Ruillier signe un très beau livre, dénué d’atermoiements et qui refuse la compassion et la pitié. Un récit qui dit les tourments de parents confrontés au handicap, et le tourbillon d’émotions contradictoires que la nouvelle suscite. Bouleversant.
Lien : http://lencreuse.over-blog.com
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Le nouveau monde

Alors que la population mondiale a les yeux tournés vers les pays en guerre et les mouvements de migration occasionnés par elle, l’album de Jérôme Ruillier, paru il y a sept ans, revête toute son importance à l’heure où il est difficile de comprendre et d’accepter les différences.



Et pourtant, elles prennent toute la place quand on arrive dans un pays étranger ou quand on accueille des gens venus d’ailleurs. C’est le cas de Christophe parti à la découverte du nouveau monde, qui se trouvera confronté à des us et coutumes dont il ignore tout et à ceux qui le considèrent comme un envahisseur et qui ne veulent pas de lui sur leurs terres.



Avec peu de texte et des images minimalistes, Jérôme Ruillier réussit le tour de force d’évoquer sans tout dire et de susciter la réflexion. Pas étonnant, donc, que Le nouveau monde fasse partie du Programme coup de poing des bibliothèques de Montréal. En effet, impossible de sortir indemne d’une telle lecture.



Un album à ne faire lire que si un adulte est là pour accompagner l’enfant, le questionner et l’aider à réfléchir.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Le nouveau monde

Christophe est navigateur et il a envie de voir du pays, plus loin même, de parcourir le monde. Alors il prend une poignée de soldats avec lui et embarque en quête de terres inconnues. Sauf qu’une fois sur place, la méfiance l’emporte sur la soif de découverte et les autochtones sont rapidement mis sous les verrous. L’histoire est loin d’être finie, car la route est longue, les montagnes escarpées et les feuilles tranchantes, il l’apprendra bien à ses dépends, mais ça, je vous laisse le plaisir de le découvrir.



Jérôme Ruillier évoque un pan de l’histoire du monde à coups de formes géométriques et de couleurs, un mode d’illustration diablement efficace (pourvu qu’il ne sente pas le réchauffé). On pense notamment à Petit-bleu et Petit-Jaune de Leo Lionni, aux contes revisités de Warja Lavater, ou plus récemment au génial Petit point de Giancarlo Macri (bientôt sur le blog).



L’auteur est familier des thèmes sociaux et politiques (racisme, territoire, émotions, famille, immigration, identité, etc) avec le don de toujours trouver un angle mêlant simplicité, humour et poigne. Ici il use donc d’illustrations abstraites, bien que très figurées finalement, en tout cas simples à appréhender et à s’approprier, qui en disent bien plus long que le texte qu’elles complètent.



Un album aventureux pour aller vers les autres, pour accepter l’autre, pour parler des grandes conquêtes, pour susciter le débat ou juste se faire plaisir.
Lien : http://casentlebook.fr/le-no..
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Le petit monde de Nour

Dès que j'ai vu cette couverture avec cette petite fille le nez au vent, j'ai été interpelée. Les éditions Saltimbanque ont le chic pour me faire découvrir des titres un peu atypiques, qui sortent un peu des sentiers battus et qui m'émeuvent ou me frappent artistiquement. Avec Le petit monde de Nour, c'est l'émotion qui a pris le pas.



Avec son format carré et son épaisse couverture cartonnée comme dans les premiers albums pour enfants, j'ai d'emblée saisi la cible : les tout petits. Mais ayant gardé mon âme d'enfants, je me suis aussi régalée du travail du duo Jérôme Ruillier et Isabelle Carrier que je découvrais ici avec grand plaisir alors qu'ils ont pourtant une carrière prolixe derrière eux.



Avec un dessin très simple, me rappelant un peu celui de Tove Jansson, avec ces visage au nez ou menton (?) avancé tout en rondeur, ils nous proposent une histoire pleine de charme et de douceur où l'enfant apprendra à parler de ses émotions et à les manifester.



On y suit une petite fille toujours pleine de vie et la tête un peu dans les nuages, qui va un jour être confrontée à la tristesse et alors tout va dérailler. Comment gérer ce sentiment ? Que provoque-t-il chez nous ? Comment le surmonter ?  Ou trouver de l'aide ? Chez les adultes ou un autre enfant ? Voilà une charmante façon d'aborder cette émotion centrale pour tous avec un enfant qui parfois à du mal à trouver les mots pour parler de ce qu'il ressent.



J'ai beaucoup aimé le rythme de ce petit album, sa simplicité avec ses pages contenant juste une courte phrase et un petit dessin, la place des couleurs et la manifestation graphique de cette tristesse. C'est simple mais très efficace. On ressent fortement chacune des émotions de l'héroïne et j'ai aimé qu'on se mette le plus souvent à sa hauteur tout en l'observant. C'était charmant.



Alors non l'album ne révolutionne pas le genre car parler des émotions des enfants avec eux est quelque chose qui se fait depuis longtemps mais c'est fait ici avec une poésie et un charme certain, où l'économie des mots ne rend pas ceux-ci moins forts et pertinents.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Le petit monde de Nour

Cet album réussit à en dire beaucoup avec très peu de texte et des illustrations minimalistes.



Nour ressemble à beaucoup d’enfants qui vivent dans leur monde, et dont l’attitude déplait souvent aux adultes, qui aimeraient qu’ils soient plus « sages », plus « disciplinés ».



Elle m’a rappelé certains enfants à l’école maternelle et primaire, qui étaient pris pour cible parce qu’ils étaient « différents », ou du moins ne se comportaient pas exactement comme la majorité des élèves. À l’époque, je ne comprenais pas ces enfants, et comme tout le monde les trouvait bizarres, je les trouvais bizarres aussi, sans chercher plus loin et sans essayer de me mettre à leur place ou de sortir du chemin tracé par les autres élèves.



Ce récit peut résonner en pas mal de lecteurs et de lectrices adultes, mais il peut surtout leur permettre d’expliquer aux plus jeunes qu’être différent n’est pas quelque chose de mal, loin de là.



Il faut encourager la différence, dans un monde où tout tend à être normalisé.



Les illustrations sont dans les tons roses et gris, et les émotions de Nour impactent les couleurs, tout en poésie et en délicatesse. Le récit est très minoritaire, car les illustrations parlent parfois plus que les mots.



En bref, c’est un album que je vous encourage à découvrir et à partager, pour mettre en avant la différence de manière bienveillante.



Merci aux éditions Saltimbanque pour leur confiance renouvelée !
Lien : https://unbouquinetuncafe.wo..
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Le petit monde de Nour

Voici une jolie ode à la différence et au respect de l'autre.

On y découvre la petite Nour et ses habitudes, parfois pas totalement dans la norme, ce qui ne l'empêche pas de ressentir pleinement l'attitude des autres.

Le graphisme est minimaliste mais fait beaucoup d'effet avec ce rond gris de tristesse qui vient prendre tout l'espace et faire disparaître le personnage de l'enfant.

Heureusement la fin est un message optimiste qui montre que le monde accepte aussi la différence, ou tout du moins, si on veut être réaliste, y travaille.

A noter que les deux auteurs sont sensibles aux sujets de société et à l'acceptation de l'autre puisque Isabelle Carrier est l'autrice-illustratrice de La petite casserole d'Anatole et que Jérôme Ruillier est celui de Homme de couleur !
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Le petit monde de Nour

Le petit monde de Nour, Jérôme Ruillier, Isabelle Carrier, saltimbanque, 2022, 13€50



Nour est une fillette joyeuse qui aime rire, sauter dans les flaques et danser. Mais c’est aussi une enfant singulière, elle est dans son monde et a du mal à écouter. Elle fait rire les autres enfants, mais on se rend compte qu’ils rient d’elle plutôt qu’avec elle. Quant aux adultes, elle semble les agacer, ils lui crient dessus.
Lien : https://www.litterature-enfa..
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Le petit monde de Nour

Ce récit subtil et fort met à jour les mécanismes d’exclusion plus ou moins conscients qui s’opèrent à l’école comme en société. La poésie des auteurs n’enferme pas Nour, et cet album optimiste offre l’occasion de parler de la différence mais aussi de la place que chacun peut trouver en conjuguant les singularités.
Lien : https://www.ricochet-jeunes...
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Les Mohamed

Ce roman graphique est issu des témoignages recueillis par Yamina Benguigui à la fin des années 90 auprès de plusieurs personnes issues de l’immigration maghrébine dans les années 50 et 60, au temps de la reconstruction après-guerre et de son grand besoin de main-d’œuvre.

Le choix graphique est étonnant : des pages épaisses veloutées, un dessin au style naïf, des personnages aux têtes de chats avec des moustaches en queue de poisson, une écriture manuscrite… on pourrait se croire dans un roman pour enfants, ou penser à un ouvrage de débutant, d’amateur. Mais le sujet n’est pas léger, il est grave et parfaitement documenté. De la douceur pour atténuer la dureté de certains propos ? Paradoxalement ce choix de visage animalier fait penser au terrible et magistral Maus d’Art Spiegelman.

D’abord les pères, dont certains ont combattu pour la France lors de la seconde guerre mondiale. Ils sont venus travailler en France en laissant leur famille dans leur terre d’origine, qu’ils ne voient qu’une fois par an lors des vacances d’été. Une vie de travailleur solitaire, entre hommes, loin du rêve de vie meilleure.

Puis les mères, qui après un mariage arrangé finissent par rejoindre leur mari et vivent recluses dans la pièce unique qui leur sert de logement. Certaines nous livrent de beaux récits d’émancipation, tardive car uniquement après que les enfants aient quitté le foyer. Magnifique séquence d’une famille juive qui sauve 2 jeunes filles arabes lors de la traversée en bateau, tandis qu’à la génération précédente le père arabe aidait des juifs à fuir le nazisme.

Enfin les enfants, qui arrivent jeunes avec leur mère lors du regroupement familial, qui pensent atteindre l’El Dorado et qui atterrissent dans un bidonville, qui ne voient leur père que le dimanche, ce dernier restant pour eux un étranger qui cultive l’utopie du retour au pays. Enfants francophones qui sont rapidement chargés des démarches administratives de leurs parents.

Des vies de misère, de soumission, de discrimination. Beaucoup de déceptions et de regrets, mais aussi quelques belles destinées.

Cette parole est rare et précieuse, car les parents interrogés n’ont pas l’habitude de s’exprimer sur ce sujet.

L’auteur Jéröme Ruillier en profite pour questionner ses propres problématiques familiales d’inclusion.

L’œuvre est réalisée avec beaucoup de sensibilité et est d’un grand intérêt pédagogique.
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Les Mohamed

Un roman graphique ambitieux et passionnant composé d'après l'ouvrage de référence de Yamina Benguigui, "Mémoires d'immigrés". Dans cette très belle adaptation Jérôme Ruillier met en scène témoignages et souvenirs. Classés en trois parties, les pères, les mères et les enfants, cette galerie de portraits intergénérationnels explique avec délicatesse les ravages de la guerre, de l'exil, de la précarité et de la discrimination, et questionne les notions fluctuantes d'identité et de nationalité.
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Les Mohamed

J'avais été très marquée par le documentaire de Yamina Benguigui, Immigrés, composé de trois volets: les hommes, les femmes, et les enfants.

Yamina Benguigui y interviewe la toute première génération d'hommes venus d'Algérie pour trouver une vie meilleure en France, en grande demande de main d'oeuvre en cette période d'après-guerre et de croissance; les épouses rapatriées quelques années plus tard en général suite à une politique de regroupement familial; et enfin les enfants nés en France de cette première génération, coincés entre deux culture et deux nationalités.

Ce documentaire édifiant, retraçant grâce à ces portraits l'histoire de l'immigration algérienne en France, est une vraie mine d'or pour en saisir les enjeux et mieux comprendre pourquoi on en est là aujourd'hui, quant aux rancoeurs et et méfiances que l'on peut percevoir d'un côté et de l'autre.

Jérôme Ruillier a décidé, avec l'accord de Yamina Benguigui à qui il a soumis des pages et des pages de dessins, d'adapter ce documentaire en roman graphique.

Je ne suis pas fan des dessins, un peu trop simplistes à mon goût, mais je trouve cette adaptation très réussie. J'y ai retrouvé, en général, les émotions ressenties par le documentaire, et il ne manque que la bande originale -magnifique, surtout grâce à Idir - et les visages frais et spontanés des enfants interviewés qu'on ne retrouve pas ici...

J'ai apprécié de revenir sur ces témoignages d'hommes qui ont le sentiment d'avoir gâché leur vie à attendre un retour au pays qui ne s'est pas fait, celui de ces femmes d'abord complètement perdues, sans leur voile, qui prennent leur vie en main, apprennent à écrire et lire et trouvent un travail pour une vie meilleure, celui de ces enfants enfin, en conflit avec leurs pères qui font tout pour se faire invisible quand eux affirment haut et fort leur nationalité française et leurs droits (c'est l'époque des premières manifestations des Beurs).

Et puis... l'horreur de ces bidonvilles qui n'avaient rien à envier à ceux des pays en voie de développement, les baraquements d'hommes seuls, les préfabriqués temporaires qui se font permanents, le cynisme, enfin, de l'état, qui tente de les renvoyer quand il n'en veut plus, pour la somme de 10 000 francs.

Un documentaire et un roman graphiques essentiels si on veut témoigner face aux ignorants qui ne voient en ces immigrés, qui font partie de l'histoire française, que des assistés, des voleurs d'emploi, des racailles.

Je suis surprise qu'il n'ait été que si peu lu pour l'instant.



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Les Mohamed, mémoires d'immigrés

J' ai trouvé cette BD extrêmement intéressante, j' en suis surprise moi- même n' appréciant pas les BD, malgré quelques efforts pour venir à bout de certains préjugés concernant ce type de littérature. Le graphisme m' a paru trop simple, les dessins de personnages ne m' ont pas plu plus que ça, en particulier les visages censés représenter des maghrébins... mais le fond m' a captivé suffisamment pour que je m' accroche jusqu' à la fin. Je pense que c' est un thème qui n' est pas beaucoup abordé en littérature, encore moins en BD je suppose.







Cette Bd retrace les difficultés qu' a pu recontrer la communauté musulmane en immigrant en France, qu' on résume souvent à la difficulté de "s' intégrer". Venant de Tunisie, d' Algérie, du Maroc, ces hommes, ces femmes, et leurs progénitures pensaient trouver un eldorado en débarquant à Marseille après un pénible voyage qui leur promettait la liberté et la prospérité. Les choses se sont révélées bien plus compliquées en vérité, ils ont souffert, ils se sont battus pour une vie digne de ce nom et en cela ce livre pourrait illustrer l' immigration de façon générale. A la même époque, les portugais, les espagnols ou italiens par exemple fuyaient eux aussi la misère, et ont continué pendant longtemps de la cotoyer en France. Au fond ils ont tous été logés à la même enseigne.



La différence notable est que pour les maghrébins s' ajoutait la question du racisme et aussi le fait que l' histoire de leur propre pays était inextricablement liée à la France.







L' auteur illustre la misère sociale dans laquelle a baigné cette communauté pendant des décennies, l' exploitation subie dans leurs conditions de travail, la difficulté de gravir les marches de ce fameux ascenseur social, la difficulté de garder une tradition culturelle et religieuse dans l' environnement hostile de l' après guerre d' Algérie notamment.



Il met en perspective également le déchirement des aînés , partagés entre la volonté de rentrer au pays et celle de rester en France, pays qui leur apporte malgré tout un certain confort.







Les questionnements des nouvelles générations quand aux valeurs qu' ils ont reçu de leurs aînés et celles qu' ils ont acquis dans cette société occidentale si différente, montrent à quel point les enfants d' immigrés sont partagés entre la volonté de préserver leurs traditions, parfois par respect pour les parents à la façon d' un héritage symbolique, et la nécessité de s' adapter malgré eux à une conception différente de la vie familiale et sociale de façon générale.







C' est avant tout une histoire collective, où prime une certaine incompréhension, où règne un certain silence assourdissant, où chacun a ses propres souffrances, ses doutes, mais n' en parle que très peu, par honte avant tout.







Le regard extérieur de l' auteur jette la lumière sur une histoire bien souvent ignorée pour des motifs d' opportunité politique ou parce que les principaux intéressés ont encore aujourd' hui du mal à sortir de l' ombre. Par honte, par pudeur parfois, ou plus communément parce qu' il est bien souvent difficile de critiquer un système qui nous donne notre gagne-pain...







Une Bd très enrichissante à découvrir!



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