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Citations de Joachim Du Bellay (185)


Je te raconterai du siège de l'Eglise,
Qui fait d'oisiveté son plus riche trésor,
Et qui dessous l'orgueil de trois couronnes d'or
Couve l'ambition, la haine et la feintise:

[Les Regrets, deuxième strophe du sonnet 78]
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Tu dis que Du Bellay tient réputation,
Et que de ses amis il ne tient plus de compte:
Si ne suis-je seigneur, prince, marquis ou comte,
Et n'ai changé d'état ni de condition.

Jusqu'ici je ne sais que c'est d'ambition,
Et pour ne me voir grand ne rougis point de honte:
Aussi ma qualité ne baisse ni ne monte,
Car je ne suis sujet qu'à ma complexion.

Je ne sais comme il faut entretenir son maître,
Comme il faut courtiser, et moins quel il faut être
Pour vivre entre les grands, comme on vit aujourd'hui.

J'honore tout le monde et ne fâche personne:
Qui me donne un salut, quatre je lui en donne:
Qui ne fait cas de moi, je ne fais cas de lui.

[Les Regrets, sonnet 74]
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Celui vraiment est fol, qui changeant l'assurance
Du bien qui est présent en douteuse espérance,
Veut toujours contredire à son propre désir.

[Dernière strophe du sonnet 53 des Regrets]
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Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon oeil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire,
Et se vêtir, comme eux, d'un pompeux appareil.

Si leur maître se moque, ils feront le pareil,
S'il ment, ce ne sont eux qui diront du contraire,
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.

Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage,
Ils le vont caresser, bien qu'ils crèvent de rage
S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt.

Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite,
C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi.
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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
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Les Regrets, XXV (extrait)

Malheureux l'an, le mois, le jour, l'heure, et le poinct,
Et malheureuse soit la flateuse esperance,
Quand pour venir icy j'abandonnay la France :
La France, et mon Anjou, dont le désir me poingt.
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Je ne veux point fouiller au sein de la nature,
Je ne veux point cercher l’esprit de l’univers,
Je ne veux point sonder les abysmes couvers,
N’y dessigner du ciel la belle architecture.

Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,
Et si hauts argumens ne recerche à mes vers :
Mais suivant de ce lieu les accidens divers,
Soit de bien, soit de mal, j’escris à l’adventure.

Je me plains à mes vers, si j’ay quelque regret,
Je me ris avec eux, je leur di mon secret,
Comme estans de mon cœur les plus seurs secretaires.

Aussi ne veux-je tant les peigner et friser,
Et de plus braves noms ne les veux desguiser,
Que de papiers journaux, ou bien de commentaires.
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Quand Cicéron et Virgile se mirent à écrire en latin, l’éloquence et la poésie étaient encore en enfance entre les Romains, et au plus haut de leur excellence entre les Grecs. Si donc ceux que j’ai nommés, dédaignant leur langue, eussent écrit en grec, est-il croyable qu’ils eussent égalé Homère et Démosthène?
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Je vis haut élevé sur colonnes d’ivoire,
Dont les bases étaient du plus riche métal,
À chapiteaux d’albâtre et frises de cristal,
Le double front d’un arc dressé pour la mémoire.

À chaque face était portraite une victoire,
Portant ailes au dos, avec habit nymphal,
Et haut assise y fut sur un char triomphal
Des empereurs romains la plus antique gloire.

L’ouvrage ne montrait un artifice humain,
Mais semblait être fait de cette propre main
Qui forge en aiguisant la paternelle foudre.

Las, je ne veux plus voir rien de beau sous les cieux,
Puisqu’un œuvre si beau j’ai vu devant mes yeux
D’une soudaine chute être réduit en poudre.

-SONGE:SONNET 4-
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Divins esprits, dont la poudreuse cendre
Gît sous le faix de tant de murs couverts,
Non votre los, qui vif par vos beaux vers
Ne se verra sous la terre descendre,

Si des humains la voix se peut étendre
Depuis ici jusqu’au fond des enfers,
Soient à mon cri les abîmes ouverts
Tant que d’abas vous me puissiez entendre.

Trois fois cernant sous le voile des cieux
De vos tombeaux le tour dévotieux,
À haute voix trois fois je vous appelle :

J’invoque ici votre antique fureur,
En cependant que d’une sainte horreur
Je vais chantant vostre gloire plus belle.

-SONNET 1-
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Esprit royal, qui prend de lumière éternelle
Ta seule nourriture, et ton accroissement,
Et qui de tes beaux rais en notre entendement
Produit ce haut désir, qui au ciel nous rappelle,

N’aperçois-tu combien par ta vive étincelle
La vertu luit en moi ? N’as-tu point sentiment
Par l’œil, l’ouïr, l’odeur, le goût, l’attouchement,
Que sans toi ne reluit chose aucune mortelle ?

Au seul objet divin de ton image pure
Se meut tout mon penser, qui par la souvenance
De ta haute bonté tellement se rassure,

Que l’âme et le vouloir ont pris même assurance
(Chassant tout appétit et toute vile cure)
De retourner au lieu de leur première essence.
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Joachim Du Bellay
Plus homme est grand,plus il a de soucis.[Les Regrets]
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(Les Regrets)

Las, où est maintenant ce mespris de Fortune?
Où est ce coeur vainqueur de toute adversité,
Cest honneste desir de l'immortalité,
Et ceste honneste flamme au peuple non commune?

Où sont ces doulx plaisirs, qu'au soir sous la nuict brune
Les Muses me donnoient; alors qu'en liberté
Dessus le verd tapy d'un rivage escuarté
Je les menois danser aux rayons de la Lune?

Maintenant la Fortune est maistresse de moy,
Et mon coeur qui souloit estre maistre de soy,
Est serf de mille maulx et regrets qui m'ennuyent.

De la posterité je n'ay plus de soucy,
Ceste divine ardeur, je ne l'ay plus aussi,
Et les Muses de moy, comme estranges, s'enfuyent.
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(Les Antiquitez de Rome)

IX

Astres cruelz, et vous Dieux inhumains,
Ciel envieux, et marastre Nature,
Soit que par ordre ou soit qu'à l'aventure
Voyse le cours des affaires humains,

Pourquoy jadis ont travaillé voz mains
A façonner ce monde qui tant dure ?
Ou que ne fut de matiere aussi dure
Le brave front de ces palais Romains ?

Je ne dy plus la sentence commune,
Que toute chose au dessous de la Lune
Est corrompable et sugette à mourir :

Mais bien je dy ( et n'en veuille desplaire
A qui s'efforce enseigner le contraire )
Que ce grand Tout doit quelquefois perir.
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(Les Antiquitez de Rome)

II

Le Babylonien ses haults murs vantera
Et ses vergers en l'air, de son Ephesienne
La Grece descrira la fabrique ancienne,
Et le peuple du Nil ses pointes chantera :

Le mesme Grece encor vanteuse publira
De son grand Juppiter l'image Olympienne,
Le Mausole sera la gloire Carienne,
Et son vieux labyrinth' la Crete n'oublira :

L'antique Rhodien elevera la gloire
De son fameux Colosse, au temple de Memoire :
Et si quelque œuvre encor digne se peult vanter

De marcher en ce ranc, quelque plus grand' faconde
Le dira : quant à moy, pour tous je veulx chanter
Les sept costaux Romains, sept miracles du monde.
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Ô mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.

(Les Antiquités de Rome, Sonnet III, p.162, Le Livre de Poche)
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145.

Tu t'abuses (Belleau) si pour être savant,
Savant et vertueux, tu penses qu'on te prise :
Il faut (comme l'on dit) être homme d'entrepríse,
Si tu veux qu'à la cour on te pousse en avant.
Ces beaux noms de vertu, ce n'est rien que du vent
Donques, Si tu es sage, embrasse la feintise,
L'ignorance, I'envie, avec la convoitise :
Par ces arts jusqu' au ciel on monte bien souvent.
La science à la table est des seigneurs prisée,
Mais en chambre (Belleau) elle sert de risée :
Garde, si tu m'en crois, d'en acquérir le bruit.
L'homme trop vertueux déplait au populaire :
Et n'est-il pas bien fol, qui s'efforçant de plaire,
Se mele d'un métier", que tout le monde fuit ?

(Les Regrets, Sonnet 145, p.129, Le Livre de Poche)
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Celui vraiment est riche et vit heureusement,
Qui s'éloignant de l'une et l'autre extrémité,
Prescrit à ses désirs un terme limité :
Car la vraie richesse est le contentement.
Sus donc (mon cher Maraud) pendant que notre maître,
Que pour le bien public la nature a fait naître,
Se tormente l'esprit des affaires d'autrui,
Va devant à la vigne apprêter a salade :
Que sait-on qui demain sera mort, ou malade ?
Celui vit seulement, lequel vit aujourd'hui.

(Les Regrets, Sonnet 54, p.83, Le Livre de Poche)
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51

Mauny, prenons en gré la mauvaise fortune,
Puisque nul ne se peut de la bonne assurer,
Et que de la mauvaise on peut bien espérer,
Étant son naturel, de n'être jamais une.
Le sage nocher craint la laveur de Neptune,
Sachant que le beau temps longtemps ne peut durer :
Et ne vaut-il pas mieux quelque orage endurer,
Que d'avoir toujours peur de la mer importune ?
Par la bonne fortune on se trouve abusé.
Par la fortune adverse on devient plus rusé :
L'une éteint la vertu, l'autre la fait paraitre :
L'une trompe nos yeux d'un visage menteur,
L'autre nous fait l'ami connaitre du flatteur,
Et si nous fait encor à nous-mêmes connaître.

(Les Regrets, Sonnet 51, p.82, Le Livre de Poche)
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Ô combien est heureux, qui n'est contraint de feindre
Ce que la vérité le contraint de penser,
Et à qui le respect d'un qu'on n'ose offenser,
Ne peut la liberté de sa plume contraindre !

(Les Regrets, Sonnet 48, p.80, Le Livre de Poche)
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