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Citations de Joachim Du Bellay (185)


Si je n'ai plus la faveur de la Muse,
Et si mes vers se trouvent imparfaits,
Le lieu, le temps, l'âge où je les ai faits,
Et mes ennuis leur serviront d'excuse.
J'étais à Rome au milieu de la guerre,
Sortant déjà de l'âge plus dispos,
A mes travaux cherchant quelque repos,
Non pour louange ou pour faveur acquerre.
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Puissé-je au moins d'un pinceau plus agile
Sur le patron de quelque grand Virgile
De ces palais les protraits façonner :
J'entreprendrais, vu l'ardeur qui m'allume,
De rebatir au compas de la plume
Ce que les mains ne peuvent maçonner.

(Les Antiquités de Rome, Sonnet XXV, p.173, Le Livre de Poche)
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Je pardonne à ton nom, pour ne souiller mon livre
D'un nom, qui par mes vers n'a mérité de vivre

(Les Regrets, Sonnet 69, p.91, Le Livre de Poche)
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Je hay plus que la mort un jeune casanier,
Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de feste,
Et craignant plus le jour qu’une sauvage beste,
Se fait en sa maison luy mesme prisonnier.

Mais je ne puis aymer un vieillard voyager,
Qui court deçà delà, et jamais ne s’arreste,
Ains des pieds moins leger, que leger de la teste,
Ne sejourne jamais non plus qu’un messager.

L’un sans se travailler en seureté demeure,
L’autre qui n’a repos jusques à tant qu’il meure,
Traverse nuit et jour mille lieux dangereux :

L’un passe, riche et sot, heureusement sa vie,
L’autre plus souffreteux qu’un pauvre qui mendie,
S’acquiert en voyageant un sçavoir malheureux.
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Il fait bon voir, Magny, ces couillons magnifiques
Leur superbe arsenal, leurs vaisseaux, leur abord
Leur Saint-Marc, leur palais, leur Réalte, leur port
Leurs changes, leurs profits, leur banque et leurs trafiques.

Il fait bon voir le bec de leurs chapprons antiques,
Leurs robes à grand-manche et leurs bonnets sans bord,
Leur parler tout grossier, leur gravité, leur port
Et leurs sages avis aux affaires publiques.

Il fait bon voir de tout leur sénat balloter,
Il fait bon voir partout leurs gondoles flotter,
Leurs femmes, leurs festins, leur vivre solitaire :

Mais ce que l'on en doit le meilleur estimer,
C'est quand ces vieux cocus vont épouser la mer,
Dont ils sont les maris et le Turc l'adultère
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(dernier sonnet)

Si nostre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née.

Que songes-tu mon âme emprisonnée ?
Pourquoy te plaît l’obscur de nostre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour
Tu as au dos l’aile bien empennée ?

Là est le bien que tout esprit désire,
Là le repos où tout le monde aspire,
Là est l’amour, là le plaisir encore.

Là, ô mon ame, au plus haut ciel guidée,
Tu y pourras recognoistre l’idée
De la beauté qu’en ce monde j’adore.
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Qui vaille à son amy la clef de son secret,
Le fait de son amy son maistre devenir. (CXL)
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Bref, je hay quelque vice en chasque nation,
Je hay moymesme encor' mon imperfection,
Mais je hay par sur tout un sçavoir pédantesque (LXVIII)
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Si les larmes servaient de remède au malheur,
Et le pleurer pouvoit la tristesse arrester,
On devrait (Seigneur mien) les larmes acheter,
Et ne se trouverait rien si cher que le pleur (LII)
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Il n'est de feu si ardent qu'un feu qui est enclos,
Il n'est si fascheux mal qu'un mal qui tient à l'os,
Et n'est si grand' douleur qu'une douleur muette (XLVIII)
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Heureux, de qui la mort de sa gloire est suivie,
Et plus heureux celuy dont l'immortalité
Ne prend commencement de la postérité
Mais devant qui la mort ait son âme ravie (XX)
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XXII

Quand ce brave séjour, honneur du nom Latin
Qui borna sa grandeur d'Afrique, et de la Bize,
De ce peuple qui tient les bords de la Tamise,
Et de celui qui voit éclore le matin,
Anima contre soi d'un courage mutin
Ses propres nourrissons, sa dépouille conquise,
Qu'il avait par tant d'ans sur tout le monde acquise,
Devient soudainement du monde le butin :
Ainsi quand du grand Tout la fuite retournée
Où trente-six mille ans ont sa course bornée,
Rompra des éléments le naturel accord,
Les semences qui sont mères de toutes choses,
Retourneront encor à leur premier discord,
Au ventre du Chaos éternellement closes.

Les Antiquités
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VII

Sacrés coteaux, et vous saintes ruines,
Qui le seul nom de Rome retenez,
Vieux monuments, qui encor soutenez
L'honneur poudreux de tant d'âmes divines :
Arcs triomphaux, pointes du ciel voisines,
Qui de vous voir le ciel même étonnez,
Las, peu à peu cendre vous devenez,
Fable du peuple, et publiques rapines !
Et bien qu'au temps pour un temps fassent guerre
Les bâtiments, si [pourtant] est-ce que le temps
Œuvres et noms finablement atterre [fait tomber à terre].
Tristes désirs, vivez doncques contents :
Car si le temps finit chose si dure,
Il finira la peine que j'endure.

Les Antiquités
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Spéciale dédicace à mes deux tantes qui vivent dans leur petit village dans les montagnes à 1600 km de la France :

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
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Je suis content qu’on appelle folie
De nos esprits la sainte déité,
Mais ce n’est pas sans quelque utilité
Que telle erreur si doucement nous lie.

Elle éblouit les yeux de la pensée
Pour quelquefois ne voir notre malheur,
Et d’un doux charme enchante la douleur
Dont nuit et jour notre âme est offensée.

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Les Regrets, XIX (extrait)

Je me pourmene seul sur la rive Latine,
La France regretant, et regretant encor
Mes antiques amis, mon plus riche tresor,
Et le plaisant sejour de ma terre Angevine.
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Je me feray sçavant en la philosophie,
En la mathematique, et medecine aussi :
Je me feray legiste, et d’un plus haut souci
Apprendray les secrets de la theologie :


Du luth et du pinceau j’ébatterai ma vie,
De l’escrime et du bal. Je discourais ainsi,
Et me vantais en moi d’apprendre tout ceci,
Quand je changeai la France au séjour d’Italie.

Ô beaux discours humains ! Je suis venu si loin,
Pour m’enrichir d’ennui, de vieillesse et de soin,
Et perdre en voyageant le meilleur de mon aage.

Ainsi le marinier souvent pour tout trésor
Rapporte des harengs en lieu de lingots d’or,
Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage.
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Malheureux l’an, le mois, le jour, l’heure et le point,
Et malheureuse soit la flatteuse espérance,
Quand pour venir ici j’abandonnai la France :
La France, et mon Anjou, dont le désir me point.

Vraiment d’un bon oiseau guidé je ne fus point,
Et mon cœur me donnait assez signifiance
Que le ciel était plein de mauvaise influence,
Et que Mars était lors à Saturne conjoint.

Cent fois le bon avis lors m’en voulut distraire,
Mais toujours le destin me tirait au contraire :
Et si mon désir n’eût aveuglé ma raison.

N’était-ce pas assez pour rompre mon voyage,
Quand sur le seuil de l’huis, d’un sinistre présage,
Je me blessai le pied sortant de ma maison ?
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C’était alors que le présent des dieux
Plus doucement s’écoule aux yeux de l’homme,
Faisant noyer dedans l’oubli du somme
Tout le souci du jour laborieux ;

Quand un démon apparut à mes yeux
Dessus le bord du grand fleuve de Rome,
Qui, m’appelant du nom dont je me nomme,
Me commanda regarder vers les cieux :

Puis m’écria : Vois, dit-il, et contemple
Tout ce qui est compris sous ce grand temple,
Vois comme tout n’est rien que vanité.

Lors, connaissant la mondaine inconstance,
Puisque Dieu seul au temps fait résistance,
N’espère rien qu’en la divinité.

-SONGE: SONNET 1-
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Barbares anciennement étaient nommés ceux qui ineptement parlaient grec. Car comme les étrangers venant à Athènes s’efforçaient de parler grec, ils tombaient souvent en cette voix absurde Barbaras. Depuis, les Grecs transportèrent ce nom aux moeurs brutaux et cruels, appelant toutes nations, hors la Grèce, barbares.
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