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Critiques de Joe Kubert (37)
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Yossel : 19 avril 1943

J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans cette B.D. Au départ, le parti-pris visuel du dessin laissé à l'état de crayonné m'a déstabilisée. Puis, petit à petit, la force du propos, la puissance émotionnelle de l’œuvre a atténué mes doutes avant de les balayer définitivement. J'ai même fini par adhérer totalement à la forme choisie par l'auteur, forme qui paradoxalement, par son côté inachevé, renforce l'impact du propos. L'histoire est, comme on peut s'y attendre, bouleversante. On a beau déjà avoir tellement entendu, lu, vu, ce qui s'est déroulé dans les camps, on ne s'y habitue jamais. Chaque récit de l'horreur des camps, même s'il ressemble à tant d'autres, me bouleverse, me remue, me secoue... Je ne sors jamais indemne d'une telle lecture.



J'ai été tellement bouleversée par "Yossel" que je peine à trouver les mots pour parler de l'ouvrage de Joe Kubert. De toute façon, il n'y a pas grand chose à dire si ce n'est "lisez-le et n'oubliez jamais".



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Yossel : 19 avril 1943

"Et si mes parents n'avaient pas fui la Pologne avant la Seconde Guerre mondiale ?"

"Et si ma vie avait dû se passer en Pologne et non aux Etats-Unis?"



C'est sur un questionnement de ce type que Joe Kubert a réalisé Yossel. Il l'explique d'ailleurs très bien dans l'introduction ; très intéressante.

La Seconde Guerre mondiale, direz-vous, c'est bien l'un des thèmes les plus usés sans doute de la fiction contemporaine. Oui, mais la révolte du ghetto de Varsovie et la résistance menée par Mordechaï Anielewizc (dont Rachel Hausfater parle dans l'un de ses romans) l'est un peu moins.



Les traits "d'ébauches" utilisés par Joe Kubert dans cet album donne une dimension assez oppressante et angoissante à son histoire. Etonnamment, on y voit le sentiment de culpabilité dont les survivants de la Shoah ont souffert : pourquoi est-ce que je vis, alors que tant des miens ont péri dans d'atroces souffrances? D'où le destin qu'il choisi de faire suivre à son alter ego.



Yossel met en scène le destin des juifs de Pologne pendant les années 1940 et de leurs souffrances. Et il rend aussi hommage à ceux qui ont lutté contre ces souffrances. Une lecture qui m'a émue et sonnée.



Une fois de plus, je remercie Yaneck dont la critique m'a donné envie de découvrir cet ouvrage.
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Yossel : 19 avril 1943

Je n'aime pas abandonner un livre , un sentiment d'échec me dérange. Mais avec Yossel, ma mémoire de poisson rouge est devenue plus performante.

J'ai lâché ma lecture quand le jeune ado Yossel rencontre un rescapé de la mort dans le ghetto de Varsovie; un mal être m'a pris et j'ai changé d'activité aussitôt. Mais le livre m'a poursuivi avec des images de visite du camp de concentration que j'ai vu l'année dernière.

C'était sur le site de Struthof dans les Vosges.

Et lorsque devant vous s'étendent les baraquements, la potence, les fils barbelés et les miradors sans compter le silence, j'ai pensé aux horreurs que des hommes et des femmes résistants sous le joug des nazis ont dû subir.

Dommage pour ce roman graphique qui malgré son histoire fictive représente avec un immense réalisme les malheurs des juifs durant cette sombre période.



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Vietnam 1965

God Bless the American Army !



Tel aurait pu être le sous-titre de Vietnam 1965.



La 1ère partie, très descriptive, montre l'arrivée de la troupe au Vietnam, la mise en place de la logistique et la prise de contact avec la population. Quant à la seconde partie, c'est l'apocalypse : l'attaque des méchants Viet Congs contre les pauvres Américains en manque de moyens. Et pour approfondir le sujet, et prouver que c'est bien une histoire vraie, il y a même des pages de docs sur l'attaque de Dong Xoai et autres renseignements sur ceux qui étaient sur cette base.



La mise en scène du combat est très réussi, on ne peut pas le nier. Rien à envier aux storyboard d'un Coppola (ou presque!…). LE soldat américain est mis en valeur sur chaque page, ainsi que son implication zélée , et les Vietnamiens, lorsqu'ils ne sont pas leurs collaborateurs ne sont guère plus qu'une masse informe me méchants Viet Congs. Ce que j'ai trouvé un peu mince quand même. Ok, les soldats sont les petits chouchous des Américains, des héros en chair et en os! Mais y'a des limites..



Mais alors, la façon dont Joe Kubert fait l'apologie du courage, de la détermination et de l'esprit fraternel de l'armée américaine : NON ! ça ne passe pas ! Pas du tout même. D'accord, à la guerre le seul but de tout individu qui se trouve en zone de combat est de survivre, et par n'importe quel moyen. Mais lorsqu'on sait ce qu'a été la guerre du Vietnam, il y a certaines phrases (et mises en scène) qui ne passent pas. Voici quelques exemples :



"On a dénoncé de nombreux cas de mauvais traitements infligés à des prisonniers pendant la guerre du Vietnam. Tant le nord que le sud s'en sont rendus coupables. En 1965, les personnels américains n'étant que des conseillers techniques, ils n'étaient pas directement impliqués dans les interrogatoires."



"Confrontés à la guerre, ces hommes ont subi l'épreuve du feu et de l'acier. Ils ont connu la défaite et la victoire… Les pays se font et se défont. Mais le courage du soldat jamais ne faiblit ou ne faillit.

De chaque soldat dépend le sort de celui qui lutte à ses côtés. C'est un lien plus fort que n'importe quelle théorie politique. C'est la promesse faite à son frère d'armes… Scellée dans le sang."



A la décharge de Joe Kubert, son travail a été publié en 1965, donc en plein milieu du conflit, à un moment où le patriotisme et le sentiment d'appartenance à la nation américaine était mis à l'épreuve par la "propagande" politique, un tel résultat s'explique. Mais, pour moi, il n'est pas bien passé quand même…
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Yossel : 19 avril 1943

Magnifique bande dessinée sur la seconde guerre mondiale, le ghetto de varsovie et la déportation. Tout en crayonné, noir et blanc, on a vraiment l'impression de plonger dans un carnet de notes de l'époque. Indispensable, un peu comme Maus.
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Yossel : 19 avril 1943

Voici ma 1000ème critique :-D



J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce récit. Plutôt qu'une bande dessinée, le support ressemble plutôt à une succession de croquis, destiné à illustrer le texte très important.

Comme tous croquis, certains sont très légers, d'autres sont des dessins plus aboutis. Certains sont des illustrations pures du texte, d'autres sont plutôt les croquis que fait le narrateur pour survivre dans l'enfer du ghettos...

C'est rude. Mais le scénario qui semble tout simple, est finalement plutôt assez bien élaboré pour permettre un passage par Auschwitz et revenir dans le ghetto.

Mais il y a des récits qu'il absolument lire même si on en a déjà lu d'autres sur le même sujet.... et il faut les faire lire aussi.
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Yossel : 19 avril 1943

Joe Kubert est un dessinateur de grand talent, sa palette est large. Il est également juif polonais, et à ce titre il traîne une lourde culpabilité. Celle d'être vivant et d'avoir échappé à l'Holocauste et au ghetto de Varsovie.



Les parents de Joe Kubert ont vu le vent mauvais leur arriver dessus. Il ont migré aux USA alors que le nazisme montait. Ils s'y sont repris à deux reprises, empêché par le fait que la mère était enceinte (de Joe Kubert, si mes souvenirs sont bons).



Hyper doué, Kubert va très vite gagner sa vieaux USA en dessinant.



Dans Yossel, il évacue cette "bonne vieille" culpabilité juive (que les amoureux des films de Woody Allen connaissent bien). Cette culpabilité d'être en vie. Et Kubert fait un truc incroyable. Il va nous raconter lsa version de l'insurrection du ghetto de Varsovie à travers les yeux d'un enfant qui... dessine. Ses parents vont mourir dans les chambres à Auschwitz, lui va se lier à Mordecai, un juif qui préfère mourir debout que de lécher les bottes de SS.



Joe Kubert donne SA version de l'insurrection, mais elle n'est pas moins crédible qu'une autre, tant elle se base sur des témoignages issus de lettres reçues par son père, ou par les discussions tenues dans le foyre familial par des exilés de passage. Materiel de première main, donc.



Cerise sur le gâteau, au moment d'encrer ses dessins, Joe Kubert a ce trait de génie. Il garde les crayonnés, qui vont donner un coup de punch au récit, une force. C'est magistral, humain, poignant.



Rendre compte d'événements historiques par la BD peut se montrer hasardeux. Joe Kubert réalise pourtant un tour de force. Ici, la BD atteint des sommets de réalisme et d'authenticité, de crédibilité.
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Yossel : 19 avril 1943

Il est question d'Auschwitz et du ghetto de Varsovie, c'est un récit documenté, sous forme de témoignage par un enfant dessinateur, Le dessin est resté au stade crayonné, ce qui rend cette histoire encore plus brut et poignante et réaliste. C'est très fort, très marquant, C'est à lire absolument.
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Tarzan - Intégrale Joe Kubert 01

joe kuber un as de la bd

de guerre avec des héros

comme sergent rock , l, as

ennemi, le soldat inconnue et bien d'autres s, attaque

a tarzan. fidèle au roman

et avec des dessins puissant de réalisme et spectaculaire. du grand spectacle.👍
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Yossel : 19 avril 1943

Ce roman graphique scénarisé et dessiné par Joe Kubert est un témoignage fictionnel. C'est à dire que l'auteur n'a pas vécu cela, que le personnage de Yossel n'a pas vraiment existé. Pour autant, l'auteur s'est informé et a décidé de raconter la Shoah et le ghetto de Varsovie grâce aux informations qu'il a pu trouver. De ce fait, ce n'est pas l'histoire de Yossel mais l'histoire de tout un tas de Yossel.



Les dessins de Joe Kubert sont bruts, croqués dans des nuances de gris. Lui même dit qu'il voulait donner l'impression de graphismes faits dans l'urgence, comme si c'était Yossel qui les avait réalisés. Ça rend vraiment bien. On voit qu'il y a beaucoup de soins apportés à ce qui est représenté. C'est beau et glaçant à la fois.

Joe Kubert prend son temps pour raconter tout en réussissant à être concis et efficace. L'histoire racontée, je l'ai entendu des centaines de fois mais ça me touche toujours autant. Ce roman graphique, comme beaucoup d'autres oeuvres, est un témoignage nécessaire.
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Vietnam 1965

Oui, mais non.

Les dessins sont magnifiques, le trait est fluide, maitrisé. Mes deux étoiles sont pour le dessin.

L'histoire elle ne m'a pas du tout touché. Déjà les histoires militaires c'est pas mon truc, mais le dessin est si beau que je me suis laissé convaincre. Mais en fait non. La louange du patriotisme, les américains super-héros, et la grandeur toute puissante de l'armée : très peu pour moi. J'aurai aimé plus de nuances. S'il y en avait, je suis passée à côté.
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Yossel : 19 avril 1943

Il s'agit d'un récit complet et indépendant de tout autre, initialement paru en 2003, écrit et dessiné par Joe Kubert. Le récit est en noir & blanc, les dessins ne sont pas encrés.



Le récit commence le 19 avril 1943, dans les égouts du ghetto de Varsovie. Yossel est un tout jeune adolescent qui fait partie d'un petit groupe de résistants juifs qui se sont rebellés contre l'armée allemande lors de l'épuration du ghetto. Il dessine pour passer le temps et pour divertir ses camarades. Il se souvient de sa vie d'avant, avec son père (un boucher), sa mère, et sa soeur dans la petite ville d'Yzeran en Pologne, alors qu'il avait déjà un don pour le dessin et qu'il se préparait pour sa bar-mitsva. Un jour les soldats de l'armée allemande sont arrivés dans la ville et ont demandé à toutes les familles juives de prendre leurs affaires pour se rendre dans un quartier de Varsovie, séance tenante. Au terme d'une marche éprouvante, ils se sont retrouvés entassés dans un petit quartier, à plusieurs dans chaque pièce. La vie s'organise tant bien que mal, dans la hantise des rafles opérées par les soldats (des individus emmenés on ne sait où, et que personne ne revoient jamais). Yossel bénéficie de quelques menus avantages parce que ses dessins divertissent les autorités allemandes. Un jour, il aperçoit un vieillard au regard fou dans une rue. Il le prend en charge et l'amène à une réunion de ses copains. Le vieil homme raconte qu'il s'est échappé d'un camp de concentration où il était devenu un sonderkommando.



Un auteur de comics se lançant dans un récit de fiction mettant en scène une partie de l'Holocauste prend un vrai risque. Il s'agit d'un sujet qui ne souffre pas la médiocrité, or Joe Kubert n'est pas renommé pour la l'intelligence pénétrante des récits qu'il a réalisé tout seul, ou même avec un scénariste chevronné. Il explique dans l'introduction qu'il a eu l'idée de cette histoire en se demandant ce qui se serait passé si ses parents n'avaient pas pu émigrer aux États-Unis en 1926. À partir de ce point de départ qui ressemble à une fausse bonne idée (comme un jeu d'enfant "et si..."), Kubert met en scène un jeune garçon (de 2 ou 3 ans moins âgé que lui à la même époque) avec un don pour dessiner (comme lui, Joe Kubert). Au premier regard, la forme du récit provoque également un moment de recul. D'un point de vue esthétique, Kubert a chois de laisser ses dessins sans encrage, pas fini d'une certaine manière. Globalement le niveau de détail est satisfaisant, mais avec quelques images qui ressemblent quand même à des esquisses. En feuilletant rapidement l'ouvrage, le lecteur constate également que Kubert a opté pour des pavés de texte assez écrit, accolés à quelques images, 2 ou 3 par pages. C'est à dire qu'il ne s'agit pas d'une bande dessinée traditionnelle, avec des séquences d'action décomposées en cases. Enfin en lisant quelques pages, le lecteur constate que Kubert a choisi une approche un peu romancée, un peu éloignée des simples faits. Et pourtant...



Et pourtant le lecteur commence calmement l'histoire, sa curiosité éveillée. Il découvre la situation de Yossel dans les égouts, et son don pour le dessin. Puis il passe à ses souvenirs à Yzeran, ce qui maintient la curiosité du lecteur. Malgré ce texte un peu romancé, l'intérêt subsiste : il comprend une part d'ingénuité, tout à fait légitime dans la mesure où l'histoire est racontée par un jeune adolescent. C'est cette même ingénuité qui rend l'histoire supportable car l'espoir subsiste. C'est toujours cette même ingénuité qui fait accepter le concept que les illustrations sont celles qui auraient pu être celles réalisées par Yossel lui-même. Or Kubert s'avère assez adroit pour que le texte et les images soient en phase et rendent plausibles l'existence de Yossel, et la véracité de ses souvenirs. Tout d'un coup, le lecteur est dans la peau de Yossel, et là l'indifférence n'est plus possible parce que lorsqu'un officier allemand déclare au père de Yossel qu'il n'y a pas lieu d'être inquiet et que c'est pour leur propre bien, le lecteur sait ce que dissimulent ces propos. En outre l'apparence un peu lâche des dessins permet au lecteur de projeter cette anticipation de ce qui va arriver, dans la mesure où ils ne figent pas les individus et la situation comme le feraient une photographie. Imperceptiblement, la situation de Yossel devient celle du lecteur. La même alchimie opère lors du récit du sonderkommando qui a réussit à s'échapper du camp de concentration.



Par ces caractéristiques, "Yossel 19 Avril 1943" constitue déjà l'équivalent d'un bon roman capable de vous transporter dans l'environnement et la situation du personnage principal, sans que Kubert ne se repose sur des scènes chocs ou la description d'horreur pour provoquer la pitié. Mais petit à petit, cette histoire agit à plusieurs autres niveaux. Pour commencer, le point de départ et le don de Yossel en font le double de fiction de Joe Kubert. Au travers de son personnage, Kubert évoque ce don qui est celui de dessiner, et d'une manière plus générale, le don de créer. Il n'expose pas ses convictions religieuses, par contre il devient évident qu'il expose sa conviction que le don de créer constitue quelque chose de merveilleux dont tout le monde ne dispose pas et qu'il s'estime très heureux de l'avoir. Ce thème revient à plusieurs reprises dans le récit. La mise en abyme que constitue Kubert en train de raconter l'histoire au travers des images dessinées par Yossel signifie qu'au travers du personnage, c'est bien Kubert qui livre son point de vue sur ces faits historiques. S'il apparaît rapidement que Kubert s'est documenté de manière à ne pas raconter de bêtise, le récit ne se transforme pas en leçon d'Histoire, il reste un récit romanesque historiquement plausible, sans être superficiel. Le travail de recherche de Kubert se remarque par l'absence d'incohérence historique, et par certains dessins qui rappellent des photographies d'époque. Le point de vue de Kubert apparaît dans les jugements de valeur de Yossel et du rescapé du camp de concentration. Le lecteur a la surprise de découvrir un point de vue pragmatique, avec une approche psychologique dénuée d'infantilisme. Il n'y a pas de sentiments exaltés, ou de noblesse d'âme trop pure pour être réaliste. Il y a bien une motivation de survie un peu simpliste, mais dans les rationalisations du survivant le lecteur ressent les horreurs vues et commises et une forme honnête d'expression de la volonté de vivre. À nouveau, en ne s'appesantissant pas sur les détails, les dessins transcrivent les caractéristiques principales de chaque situation avec une intensité encore plus vive. À nouveau, les descriptions donnent envie de vérifier par soi même la réalité historique de ce qui est décrit pour se faire une idée par soi-même.



Alors que la nature du projet et les travaux passés de l'auteur pouvaient faire craindre une histoire simpliste et jouant sur la pitié, Joe Kubert réalise une histoire très personnelle, intelligente, adulte et débarrassée de tout manichéisme. Grâce au commentaire de Bruce Tringale (un grand merci), j'ai pu dépasser mes a priori négatifs pour découvrir un auteur intelligent mariant le fond et la forme pour un résultat qui accomplit son devoir de mémoire, qui emmène le lecteur dans des zones inconfortables, et qui l'oblige à penser par lui-même. Indispensable.
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Yossel : 19 avril 1943

J'ai déjà lu un bon nombre de bd sur la Shoah qui décrivent l'horreur absolue. La guerre est une chose terrible mais le génocide marque l'ignominie absolue avant la destruction totale de notre planète dans une échelle malsaine des pires catastrophes humaines.



Alors que Steven Spielberg avait décidé de tourner en noir et blanc à la surprise générale sa Liste de Schindler, l'auteur Joe Kubert fait le même choix au niveau de la bd. C'est vrai que la couleur n'a pas sa place tant c'est sombre et cruel.



Le graphisme sera entièrement crayonné (non encré) et cela donne un bel effet à l'ensemble même si j'avoue avoir eu un peu de mal à entrer au début car un peu déstabilisé.



Sur le fond, je suis resté sans voix car il y a une véritable force émotionnelle qui balaye tout. On pense également au film chef d’œuvre de Roman Polansky Le Pianiste qui traite du même sujet sur le ghetto de Varsovie.



Pour le reste, j'avais déjà tout dit sur le fait que ce genre d’œuvre est d'utilité publique surtout pour la jeunesse au nom du devoir de mémoire. Il s'agit de faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais. Or, dans le monde et de nos jours, beaucoup de peuples votent de plus en plus pour des nationalistes prônant le retour sur soi et la haine des autres ou soutiennent des dictateurs. C'est plus que jamais d'actualité pour un monde meilleur et ainsi éviter le pire.
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Yossel : 19 avril 1943

« Pologne, 1939. Yossel, 13 ans, est un dessinateur prodigieux : c’est grâce au dessin qu’il échappe à la déportation, et qu’il exorcise l’horreur quotidienne du ghetto de Varsovie. Quand un évadé d’Auschwitz raconte ce qui s’y produit, Yossel et ses compagnons réalisent qu’aucun espoir n’est permis : ils se joignent à l’insurrection du ghetto, au printemps 1943 » (synopsis éditeur).



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Joe Kubert est un auteur complet. Né en 1926 en Pologne, il n’a que deux mois lorsque ses parents émigrent aux Etats-Unis et s’installent à New-York. Très tôt, l’envie de faire de la bande dessinée était une évidence pour Joe Kubert. Il n’a que 15 ans lorsqu’il fait ses débuts en tant qu’encreur et coloriste pour des périodiques. A 16 ans, il est dessinateur (toujours pour des périodiques), à 27 il devient directeur éditorial avant de réaliser ses propres séries et personnages… et à 50 ans, sans interrompre son activité d’auteur, il fonde la Joe Kubert School of Cartoon and Graphic Art (située dans le New Jersey) ! Ses premiers romans graphiques datent des années 1990 (Abraham Stone, Fax de Sarajevo…).



Yossel est écrit en 2000 et publié en 2003 ; l’ouvrage est une fiction qui se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale. En s’inspirant des témoignages entendus dans la sphère familiale et de recherches documentaires, Joe Kubert revient sur le drame de la Shoah, le ghetto de Varsovie, les camps et ce jour d’avril 1943 qui a marqué le début de l’insurrection du ghetto.



En préface, on est confronté aux propos de l’auteur. Il raconte dans quelles conditions sa famille est arrivée aux Etats-Unis, la place du dessin dans sa vie et des questions comme celle de savoir ce que serait devenue sa vie si ses parents étaient restés en Pologne.



« En 1939, j’avais treize ans et j’allais au collège de Dessin et de Musique à New York. En 1939, Hitler a envahi et conquis la Pologne. (…) Je me rappelle qu’au début de la guerre, nous recevions parfois des visiteurs venus de notre ville d’origine en Pologne, comme mes parents me l’ont dit ensuite. Je me souviens de discussions chuchotées à voix basse. De mots que je n’avais pas le droit d’entendre. Après leur départ, je pressais mon père de questions ». L’écriture de Yossel s’est présentée à lui comme étant nécessaire.



Yossel, reflet de son créateur Joseph « Joe » Kubert. Yossel (Joseph en yiddish) dessine, pour lui aussi c’est une vocation, comme si c’était quelque chose d’inné. Le même rêve anime le jeune garçon : celui d’être un jour auteur de bandes dessinées. Un père boucher, sa grande sœur, la tolérance de ses parents… Et là, le texte lu en préface (et trop vite oublié) prend tout son sens. Si ses parents n’avaient pas persévéré quant à leur projet d’émigrer en Amérique, quelle aurait été sa vie ? Kubert s’imagine donc vivant en Pologne. Il a 13 ans, le contexte familial reste le même à l’exception que son quotidien est à Yzeran (une petite ville de Pologne) au lieu de Brooklyn. On mesure ce que cette mise en abyme a pu lui coûter en se projetant – lui : Joe Kubert – tout en n’étant pas exactement le même.



Réalisés au crayon, les dessins de Kubert sont livrés sans aucun traitement supplémentaire. Certains font réellement penser à des croquis exploratoires. Le fait que toute l’œuvre soit ainsi construite donne l’impression que le dessin est instinctif et réalisé en temps réel. Il n’y a aucune volonté d’habiller le propos d’apparats inutiles. La spontanéité donne une force inespérée à ce travail artistique.



Il n’y a aucun décalage entre ce qui est dit et ce qui est fait et la présence de cette immédiateté permet au lecteur de s’enfoncer dans la lecture très rapidement. L’impression que le personnage de Yossel avance crayon ne nous quitte pas un instant, comme s’il dessinait chaque cène au moment même où elle se déroule, le fait de la dessiner lui permettant de se l’approprier ; le filtre du dessin pour accepter l’inacceptable… mais aussi le dessin comme un refuge, un bouclier pour éviter de sombrer dans la folie.



Le scénario déplie une intrigue dans l’huis-clos du ghetto de Varsovie cependant, Joe Kubert fait intervenir des personnages secondaires qui permettront au lecteur de disposer d’un regard plus large sur ce drame historique. Les camps de concentration, la rumeur qui enfle de plus en plus quant au sort réservé aux personnes déportées, le ratissage effectué dans toute l’Europe par les troupes d’Hitler… Rare sont les figures historiques que nous voyons « apparaître » dans ces pages ; elles sont généralement nommées à l’exception de Mordecaï, homme emblématique de la révolte du ghetto sans qui la résistance juive n’aurait peut-être pu se mobiliser. Les faits défilent, des images que l’on connait par cœur à force de les avoir vues dans nos manuels d’Histoire.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Sergent Rock N°9

rock et sergent de la compagnie e et et

de toute les batailles de la deuxième guerre. il se met toujours en avant pour

protéger ses hommes. c'est très réaliste,

même plutôt violent. avec des personnages attachant, de bonne scène

d, action, on ne s, ennuie pas. pour moi

c'est une des meilleures bande dessinée

sur la deuxième guerre.👍
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Yossel : 19 avril 1943

Attention, voici encore un album monumental, sur LE sujet le plus difficile sans doute, de la littérature contemporaine. Joe Kubert utilise ses souvenirs, ceux des amis de ses parents, des témoignages, pour proposer une histoire complètement crédible, et absolument poignante. J'en suis ressorti extrêmement mal à l'aise, touché, marqué même. Car contrairement à Maus, la grande œuvre du genre, ici, pas de filtre entre la réalité et le lecteur, via les personnages changés en animaux. Ici, Joe Kubert nous montre des hommes, des femmes, des enfants, dans la cruauté même de leur époque. Pour rajouter encore plus d'émotion, de proximité, Joe Kubert a choisit de ne pas encrer ses crayonnés, de ne pas les mettre en couleur, comme s'ils étaient l'œuvre de Yossel lui-même. On a donc face à soit des dessins bruts, des croquis, qui respirent le réalisme, et l'immédiateté. Bref, il n'y a aucune distance entre le lecteur et le personnage principal, et c'est peut-être le seul reproche qu'on pourrait faire à cette réalisation. C'est magnifique, passionnant, mais il faut vraiment s'accrocher pour arriver à suivre Yossel dans les méandres de la cruauté humaine. Spiegelmann avait instaurer une distance, qui s'avère en fait très utile. Même si le temps a passé, que d'autres récits ont traité le sujet, je pense que trop de proximité nuit un peu à l'appréciation globale de l'histoire. Mais cela n'empêche pas Yossel d'être un album de grande qualité.

Le dessin de Joe Kubert, je vous en ai déjà un peu parlé. Ce parti pris s'avère extrêmement intéressant. Nous ne sommes pas sur de la bande dessinée classique, bien figée, avec les limites habituelles des cases. Il y a de la vie dans ces dessins, de la réalité. C'est vraiment une partie importante de cette œuvre, l'illustration parfaite que les choix en terme de dessins influent complètement sur l'histoire racontée.



Essayez donc cette lecture. Mais surtout, armez-vous de courage, et n'hésitez pas à marquer des pauses, pour ne pas vous noyer dans la barbarie humaine. Ces précautions prises, vous découvrirez une ode à la résistance, au rejet de toute résignation. Des valeurs toujours aussi utile, de nos jours....
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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Yossel : 19 avril 1943

Joe Kubert, figure emblématique du comics américain, a quitté la Pologne à l’âge de deux mois, pour se rendre en Amérique en compagnie de ses parents. Mais que se serait-il passé s’il n’avait pas quitté son pays en 1926, que serait-il advenu de ce jeune juif passionné de dessin pendant la deuxième guerre mondiale ? Cet album est non seulement le fruit de cette réflexion, mais également l’énième témoignage poignant de l’une des pages les plus sombres de notre Histoire.



Basant son récit sur de nombreux témoignages et données historiques, l’auteur raconte l’insurrection du ghetto de Varsovie, la déportation, les camps de concentration … toute l’horreur de la Solution finale. Dès les premières pages, le lecteur est invité à emboîter les pas du jeune Yossel, de la rafle dans son village au ghetto de Varsovie. L’auteur nous décrit l’insurrection du ghetto de Varsovie de l’intérieur et montre la résistance des habitants face à l’occupant allemand. Si le quotidien des personnages, entassés par dizaines dans des petites pièces insalubres et régulièrement séparés de leurs proches lors de départs vers de mystérieux «camps de travail», est déjà proche de l’indescriptible, c’est le témoignage d’un prisonnier évadé d’un camp de concentration qui va pousser l’horreur à son apogée. Rien n’est épargné au lecteur : transportés comme du vulgaire bétail, dépouillés de leurs biens et de leur humanité, confinés dans des petits baraquements et épuisés au travail avant d’être gazés et brûlés … l’histoire est connue, mais demeure toujours aussi choquante !



Si les adjectifs manquent pour décrire toute l’horreur infligée aux juifs et autres minorités durant la guerre, le graphisme, dépourvu de couleurs et d’encrage, accompagne par contre parfaitement la justesse de ce récit au côté malsain. Si les dessins du petit Yossel l’aident à s’évader de l’horreur indescriptible qui l’entoure, les crayonnés de l’auteur donnent l’impression d’avoir été dessinés dans l’urgence, sous la terreur de l’ennemi, comme des esquisses qui tentent de capturer l’essence de l’horreur environnante. Des croquis d’une grande justesse, accompagnés d’une voix-off poignante.



Tout comme « Maus, un survivant raconte », « Yossel, 19 avril 1943 » est un récit fort et poignant, qui raconte l’histoire de rescapés de l’holocauste.



Une lecture indispensable !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Fax de Sarajevo : Correspondance de guerre

Quand la bande dessinée devient un documentaire à part entière...

Durant mon enfance, les informations ont longtemps rimé pour moi avec le nom « Sarajevo ». Ce mot qui résonnait poétique pour moi a donné lieu à de nombreux cauchemars enfantins car tous les soirs au 20h, on y voyait les bombes explosaient et les habitations délabrées cachaient leur population apeurée. En découvrant ce gros volume dans les casiers des BD de mon CDI, j’ai été intriguée et me le suis mis de côté pour le lire à la maison... Ce fut étrange pour moi de constater que l’enfant que j’étais avait particulièrement bien saisie ce que ces hommes, femmes et enfants bosniaques avaient enduré au cours de cette guerre. Bien sûr, je n’avais pas le contexte historique mais le drame qui se jouait devant mes yeux, le scandale éhonté de cette épuration ethnique ne m’avait pas échappé. Encore une page d’histoire si vite oubliée, encore une leçon que l’on a apprise dans la douleur mais que l’humanité ne retient pas.... A lire pour ceux qui ne veulent pas oublier le prix de la paix. On y découvre le récit poignant d’une famille bosniaque, celle d’Erwin Rustemagic qui va tenter de fuir Sarajevo assiégée par l’armée serbe de Milosevic. Les dessins sont ceux de Joe Kubert. Je les ai trouvés un peu « datés » mais il confère au document biographique son sérieux et sa dure réalité.

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Abraham Stone Intégrale

Les aventures d'Abraham Stone sont présentées dans cet album d'exception. Le dessin est en noir et blanc.

On suit donc les aventures de ce jeune fermier qui a vu sa famille massacrée et ne rêve que de se venger. Mais désormais la chance sourit à sa belle gueule et à ses muscles. Ses péripéties vont le conduire dans un premier temps à New York, puis à Washington. Il descendra ensuite vers la Californie pour finir à la frontière mexicaine. Une vision de l'Amérique qui se modernise et reste confrontée à la violence.
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Fax de Sarajevo : Correspondance de guerre

Soyons direct et franc : je n'ai pas du tout, mais pas du tout aimé le dessin. Il me fait penser à un dessin de BD d'action, à quelque chose de complètement inadéquat pour le propos. Et pourtant ça marche ! Car malgré ce défaut tout personnel, je dois reconnaitre que cette BD est d'une efficacité totale.



Si on parle de la guerre en Yougoslavie, souvent les infos sont évasives et rares. C'est proche dans le temps et dans l'espace, mais j'ai toujours l'impression que c'est un conflit passé inaperçu par chez nous. Pourtant, cette guerre a fait des ravages que l'on constate encore aujourd'hui et qui sont malheureusement bien d'actualité ...

La BD suit véritablement les personnes prises dans ce conflit et dans une ville de Sarajevo entièrement encerclée, dans laquelle la vie devient un enfer et les morts régulières. Un cauchemar qu'on ne croirait pas si récent, et pourtant ... C'est véritablement une guerre qui nous est montrée, dans toute son horreur, sans concession.



Ce qui me frappe surtout, c'est qu'au fur et à mesure on est pris avec ces pauvres gens qui ne peuvent s'enfuir. Ils sont piégés d'une ville et de la passivité des autres états face à ce qui est pourtant un massacre et une guerre sanglante. C'est triste à en pleurer, mais cela est d'autant plus dur qu'on sait que cela eu lieu il y a moins de trente ans maintenant.



Une BD qui est forte par son message, et qui permet de mieux se rendre compte de la violence que fut ce conflit. Il ne s'agit pas de simples rivalités d'état lors de l'éclatement de la Yougoslavie. Il y eut une authentique guerre, dans laquelle beaucoup trop de gens ont péris au nom d'idées abjectes. Et il est bon de se le rappeler, quand ces idées semblent parfois ressurgir aujourd'hui.
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