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Critiques de Joe R. Lansdale (589)
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Les marécages

Coup de cœur pour ce thriller qui se passe au début des années 30 au moment de la grande dépression dans l'East Texas gangrené par le racisme.

Deux femmes sont trouvées sauvagement assassinées et mutilées dans les marécages prés de la rivière Sabine et comme elles sont noires c'est pas bien grave pour les blancs du coin.

Une troisième femme, blanche cette fois, est retrouvée morte dans les mêmes conditions et cette fois c'est sérieux . Et bien sûr comme ça ne peut-être qu'un noir qui a commis ces crimes atroces le Klu Klu Klan, qui fait régner la terreur et se substitue souvent à la loi, intervient…

Le début de cette triste histoire qui dure 2 ans se déroule sous les yeux d'un garçon de 11 ans Harry, qui a trouvé la première victime en compagnie de sa sœur Thomasina dite Tom, 9 ans, alors qu'ils jouaient dans les marécages.

Harry, fils de Jacob, coiffeur, fermier et constable, chargé de représenter la loi si besoin est.

Jacob, pas toujours bien vu par certains, car considéré comme le copain des noirs parce qu'il traite ceux-ci avec respect mais qui reconnaît une part d'ombre en lui-même qui l'amènera involontairement à être à l'origine de la mort d'un innocent. Une tragédie dont il aura beaucoup de mal à se remettre.

Bouleversé par ce père qu'il ne reconnaît plus, Harry, aidé par sa mémé, une femme indépendante et pleine de fantaisie, essaye de retrouver le coupable qu'il ne trouvera finalement qu'incidemment et dans des circonstances dramatiques.

Un Harry émouvant, qui de nombreuses années après, âgé de plus de 80 ans et malade, attend la mort dans une maison de retraite et pour l'oublier un instant se remémore de douloureux souvenirs qui lui ont volé une partie de son enfance et fait perdre pas mal d'illusions.

Mais des souvenirs qui ,paradoxalement, lui réchauffent le cœur car il y retrouve toute sa famille qu'il aimait tant ainsi que son chien Tobby et cette nature devenue méconnaissable tellement elle a été défigurée.

Un roman sombre, sensible et puissant qui nous fait bien ressentir la pauvreté, le racisme et particulièrement la grande force des préjugés car comment expliquer autrement que dans leur jeunesse des gamins noirs et blancs jouent ensemble et pour certains même élevés par une femme noire qu'ils considèrent comme leur mère, puissent devenir racistes à l'âge adulte...
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Les marécages

Du fond de sa maison de retraite, Harry se souvient des années 30 et du jour où, accompagné de sa petite sœur, il a découvert le cadavre mutilé d’une femme noire dans les marécages de Pearl Creek. Âgé d’une douzaine d’années à l’époque, il avait tout fait pour aider son père, constable du bled en question, à mener l’enquête concernant ce meurtre qui était vite devenu le premier d’une longue série. Pourtant, étant donné le contexte ségrégationniste de l’époque, en particulier dans ce coin reculé de l’East Texas, s’intéresser aux causes de la mort d’un noir n’était pas très bien vu, voire même assez risqué !



Avec « Les Marécages », Joe R. Lansdale plonge donc le lecteur au début des années 30, au cœur de la grande dépression, dans un coin des États-Unis où il ne faisait pas bon d’être noir. Là où le Ku Klux Klan faisait la pluie et le beau temps, la vie d’un noir n’avait pas vraiment de valeur, alors gaspiller son temps à enquêter sur la découverte d’un corps qui n’est pas blanc équivalait en quelque sorte à défier les valeurs fondamentales du Klan.



En partageant la vision d’un vieil homme de plus de quatre-vingt ans qui raconte ses souvenirs d’enfant, l’auteur parvient non seulement à restituer un contexte sombre et nauséabond à travers le regard innocent d’un gamin, tout en conservant le recul d’une narration certes empreinte de nostalgie, mais surtout capable de saisir et de cadrer les sensibilités de l’époque.



La base du récit est donc une enquête policière, mais celle-ci sert donc surtout d’excuse afin de pouvoir dépeindre une société gangrénée par le racisme. Les enquêteurs (un père agriculteur/coiffeur, deux enfants et une grand-mère) sont d’ailleurs loin d’être des professionnels et n’ont de surcroît pas les capacités, ni les instruments pour faire avancer les investigations comme elles le devraient, sans parler des autres protagonistes, pas vraiment enclins à s’intéresser à des victimes noires. Et même si Joe R. Lansdale parvient à entretenir le suspense tout au long du récit avec beaucoup de brio, la résolution de l’enquête s’avère finalement assez prévisible.



Non, l’intérêt principal de cet excellent roman est la restitution de l’ambiance moite et étouffante de l’époque, à l’aide d’une galerie de personnages bien campés auxquels on s’attache volontiers au fil des pages. Outre les conditions de vie particulièrement difficiles des Noirs, l’auteur parvient également à restituer ce racisme tellement ancré dans les traditions qu’il parvient même à changer l’attitude d’enfants blancs envers des Noirs qui les ont pourtant parfois élevés ou avec lesquels ils jouaient étant petits, pour finalement en avoir honte, voire même les haïr comme tout bon blanc qui se respectait durant ces années malsaines et nauséabondes dirigées et pourries par le KKK.
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Les marécages

Allongé dans la chambre de cette maison de retraite, à plus de 80 ans, attendant qu'on lui serve un repas ou quelque chose qui y ressemble, il se rappelle sa jeunesse...

Au début des années 30, Harry et sa petite soeur, Thomasina surnommée Tom, vivent paisiblement dans ce coin reculé de l'East Texas, dans leur propriété entourée d'arbres et la Sabine qui s'écoulait tout près. Maman au foyer et papa coiffeur, cultivateur et, accessoirement, constable de la petite ville de Pearl Creek, faute de shérif. le jour où Toby, leur chien, se fait écraser par une branche et se trouve ainsi estropié, les deux enfants n'ont d'autre choix, le coeur dans l'âme, que d'achever la pauvre bête souffrante. Les enfants décident d'aller en forêt mais s'amusant et chassant l'écureuil, ils s'éloignent de chez eux et finissent par se perdre. C'est alors que, le long de la berge, Harry aperçoit une masse grisâtre accrochée dans un églantier. La clarté de la lune lui permet d'identifier un visage. le visage d'une femme noire, entièrement nue, le corps tout gonflé et déformé, bâillonnée avec des barbelés. Premier cadavre d'une série qui va bouleverser la petite bourgade...



Dans l'East Texas, là où le KKK est omniprésent et règne en maître, la mort d'une femme noire, qui plus est de petite vertu, ne semble guère ni inquiéter ni émouvoir les habitants de Pearl Creek. C'était sans compter sur certaines personnes qui jugent les actes et sentiments de ce groupuscule violents, inacceptables et condamnables notamment Harry et son père, Jacob. Joe R. Lansdale nous plonge au coeur d'un état dans lequel il ne fait pas bon être noir et décrit parfaitement l'ambiance étouffante et parfois malsaine qui règne dans cette petite de Pearl Creek ainsi que les conditions de vie difficiles des Noirs. Il donne la parole à Harry, jeune adolescent qui, du haut de ses 13 ans, va se rendre compte du malaise régnant et ainsi perdre un peu de son innocence. Avec ce roman profondément noir, l'auteur prend le temps d'installer une intrigue captivante et parfaitement huilée et dresse une galerie de personnages tantôt touchante tantôt inquiétante. Des personnages qui, au fil des pages, s'étoffent et se dévoilent. Un roman à la fois sombre et poisseux, aux dialogues travaillés et à l'écriture maîtrisée.
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Les marécages

Cela démarre puissamment. Deux enfants, Harry treize ans et sa petite soeur, perdus, errent dans les marécages de l'East Texas ; ils sentent la présence inquiétante de quelqu'un ou quelque chose qui les suit, transformant leur périple en terreur nocturne : est-ce le fameux Homme-Chèvre ? Un « ambulant » ( un mort maudit qui a vendu son âme au diable ) ?

La force de l'irruption du fantastique se heurte rapidement à la découverte très terre-à-terre du cadavre atrocement mutilé d'une femme noire dénudée.



Harry sera nos yeux durant toute le roman selon le principe de l'analepse : c'est un Harry âgé de plus de quatre-vingt ans qui livre aux lecteurs ces souvenirs d'enfant sur cette enquête menée par son père, constable local ( sorte d'officier de police ), durant la Grande Dépression des années 30.



Tout est passionnant dans ce grand roman d'apprentissage proche de Ne Tirez pas sur l'Oiseau moqueur de Harper Lee : un père, ce héros, progressiste, vacillant dans un Etat sudiste et raciste où le Ku Klux Klan sévit comme acteur omniprésent du quotidien. Vouloir la vérité et découvrir le coupable de ce meurtre, c'est considérer qu'une vie noir vaut autant qu'une vie blanche, c'est nier le ségrégationnisme, c'est défier le Klan. Le père ne cédera rien et en assumera les conséquences sous les yeux de son fils qui cherche à se construire dans ce monde complexe et violent.



Si l'enquête en elle-même est somme toute assez prévisible dans sa résolution, le final est d'une rare intensité sur les traces de la Nuit du chasseur : un fleuve, la nuit, deux enfants, un tueur.

Un polar profond, poisseux, résolument sombre.
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L'arbre à bouteilles

Je viens de faire connaissance avec deux types formidables. Deux types qui vivent dans une petite ville paumée de l’Est du Texas. Deux types liés par une amitié indéfectible, une amitié que rien ne semble pouvoir ébranler. Hap Collins et Leonard Pine qu’ils s’appellent. Ah oui, j’allais oublier, Hap est blanc et hétéro, tandis que Leonard est noir et gay. Pas le genre de détails sur lesquels je m’attarde en général mais ici, ça a son importance.



Quand je les ai rencontrés, Leonard venait de perdre son oncle, Chester Pine. Le genre de vieux un poil excentrique qui devait d’ailleurs perdre un peu la boule les derniers temps. Figurez-vous qu’il lui a laissé par testament la somme rondelette de 100 000 dollars, rien que ça ! Comment a-t-il pu accumuler une telle somme ? Mystère… Mais le plus étrange, c’est qu’il lui a aussi légué une flopée de bons de réductions pour des repas dans des pizzérias ou autres endroits du même genre. Quand je vous disais qu’il déraillait le vieil oncle Chester !



Mais j’allais oublier, il lui a aussi laissé sa vielle bicoque complètement délabrée. Oubliez le « home sweet home » du légendaire « american way of life », elle ne tient que « par un grand miracle et deux piquets tout droits » comme dirait Yves Duteil ! En plus, elle est située dans un quartier bien pourri juste à côté d’une « crack house ». Voilà qui nous promet quelques moments mémorables…



On s’est donc mis au travail pour vider la baraque des énormes tas de vieux journaux qui l’encombraient pour la restaurer un peu. Leonard hésitait entre la retaper pour y vivre ou la vendre, vu le voisinage… Quand, pendant les travaux, on a trouvé sous le plancher un coffre contenant le squelette découpé d’un gosse, avec Hap on a commencé à douter vraiment de l’oncle Chester. Les revues pédophiles qui étaient avec, ça a été le pompon ! Mais pour Leonard, impossible de croire que son oncle ait pu faire un truc pareil…



Bon, mais je ne vais pas tout vous raconter, Hap fait ça beaucoup mieux que moi. Le bouquin s’appelle L’Arbre à bouteilles en référence à ce truc bizarre qui trône dans le jardin de la maison de son oncle. C’est violent, c’est noir, c’est glauque mais c’est bien écrit, c’est cash, c’est direct ! On appelle un chat, un chat et une queue, une queue ! Vous allez voir que Leonard n’est pas du genre à se laisser emmerder et que Hap est toujours là pour soutenir son pote, quoi qu’il lui en coûte et quelques soient les risques. Une amitié sincère et vraie comme il en existe peu ! En plus, ces deux gars sont bourrés d’humour et ont un putain de sens de la répartie, ce qui ne gâche rien ! Par contre, après avoir lu ça, je ne suis pas sûr que vous ayez envie d’aller passer vos prochaines vacances dans l’Est du Texas…



L’arbre à bouteilles de Joe R. Lansdale, je suis venu, j’ai lu, j’ai survécu…


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Sur la ligne noire

Été 1958. Les Mitchel se sont installés il y a peu à Dewmont, petite ville au cœur de l'East Texas. Stanley Senior, jusqu'alors garagiste, rachète le drive-in, le Dew Drop, à l'entrée de la ville. La famille s'installe dans la maison juste derrière le mur qui sert d'écran. Gal, sa femme, ainsi que ses enfants, Stanley Jr, âgé de 13 ans, et sa soeur aînée, Caldonia, lui donnent un coup de main de temps en temps, même si Buster, un Noir, déjà employé par l'ancien propriétaire, s'occupe du projecteur. Dès son arrivée à Dewmont, Stanley se lie d'amitié avec Richard Chapman. Les deux garçons aiment se balader ici et là, dans la forêt avoisinante, en compagnie de Nub, le fidèle compagnon de Stanley. Un jour de cet été torride, alors qu'il se promène seul dans la forêt, non loin d'une maison ravagée par les flammes, son pied heurte un bout métallique. Or, en creusant, il déterre une vieille boîte rouillée contenant quelques pages d'un journal intime et des lettres écrites pendant la guerre. Des lettres signées M. et J., visiblement de jeunes amoureux. Bien décidé à lever le voile sur ce mystère et aidé de sa sœur, Callie, Stan ne va pas tarder à faire le lien entre ces amoureux et le meurtre de deux jeunes filles...





Stanley Mitchel, grâce à la découverte d'une correspondance entre deux amoureux, remonte le fil du temps et va s'intéresser de près à de mystérieux meurtres perpétrés il y a plus d'une décennie. Les meurtres de deux jeunes filles dont l'une a été décapitée et l'autre calcinée dans sa maison. Au cours de cet été torride de 1958, le jeune Stanley, à tout juste 13 ans, encore naïf et un peu ignorant des complexités du monde, va peu à peu ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure. Notamment grâce à Buster, le projectionniste, mais aussi à son ami, Richard, et à sa sœur. Joe R. Lansdale nous plonge dans une ambiance plus que jamais intrigante, inquiétante et étouffante. Il plante le décor de ce roman dans une Amérique puritaine et ségrégationniste et dépeint parfaitement les rapports sociaux entre Noirs et Blancs et les tensions inhérentes. Il peaufine chaque personnage et s'y attarde. Des personnages forts, authentiques et riches, que ce soit Stanley, dans toute son innocence, Rosy Mae qui fuit son mari violent ou encore Richard qui subit les coups de son père. À la fois roman d'atmosphère, roman noir et récit initiatique, Lansdale nous offre là une œuvre remarquable et maîtrisée...
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Les enfants de l'eau noire

Texas, années 1930. Au bord de la Sabine, ce jour-là, Sue Ellen et son ami, Terry, n'avaient rien d'autre à glander que de regarder et de donner un coup de main à Don et Gene, respectivement le père et l'oncle de la jeune fille, qui pêchaient à l'aide de sacs de jute remplis de cailloux et de noix vertes. Or, les deux jeunes peinent à vouloir en remonter un, beaucoup trop lourd. Ce n'est malheureusement pas des tonnes de poissons qu'ils remontent mais le corps de May Lynn, l'amie de Sue Ellen et Terry, ses mains attachées avec du fil de fer rouillé et une vieille machine à coudre Singer accrochée à ses chevilles. Voulant d'abord la laisser là contre l'avis des adolescents, Don finit par prévenir l'agent Sy Higgins qui, une fois sur place, s'occupe du corps. Visiblement, aucune enquête ne sera établie. Mais, Sue Ellen, Terry et Jinx, attachés à leur amie qui rêvait d'aller à Hollywood pour échapper à sa vie misérable, décident de déterrer son corps, de l'incinérer et d'aller répandre ses cendres là-bas. C'est à bord d'un radeau volé et en possession d'un butin caché par le frère de May Lynn que les trois adolescents s'enfuient. Trop heureux de fuir cette ville où Jinx, noire de peau, n'a pas sa place, où Sue Ellen subit chaque jour les coups violents de son père sous les yeux embrumés de sa mère et où Terry, homosexuel, est montré du doigt. C'était sans compter, évidemment, que s'enfuir avec un butin volé attise bien des convoitises...



A l'instar de la Sabine, véritable personnage à part entière, ce roman noir aux multiples remous nous offre un voyage qui s'avèrera une véritable épopée. Ces adolescents, que rien visiblement ne retient dans cette petite ville texane, vont tenter d'emmener les cendres de leur amie vers un lieu qui lui est cher afin d'honorer sa mémoire. En chemin, ils vont croiser des hommes qui, pour certains, voudront les aider, pour d'autres, n'en voudront qu'à leur argent volé, fût-il au prix de la vie de ces gamins. Aucune forme d'empathie pour ces derniers. Ce récit à la première personne, Sue Ellen étant la narratrice, est très vivant et ne manque jamais de rebondissements. Sur fond de ségrégation raciale, ce récit est plus que jamais sombre, aussi bien les personnages secondaires, violents, haineux et sans scrupule, que l'ambiance ténébreuse et troublante. Seule l'amitié qui unit Sue Ellen, Terry et Jinx, tous les trois malmenés par la vie, semble salutaire. Joe R. Lansdale nous plonge dans un roman sombre porté par une écriture riche et directe.



En route avec Les enfants de l'eau noire...
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Les Mécanos de Vénus

Alors que Hap et Leonard tirent au pigeon d'argile, c'est d'un très mauvais œil que ce dernier voit arriver Trudy, l'ex de son ami. Il en est sûr, le lot d'emmerdes débarque avec elle. Faut dire que dès que Trudy est dans les parages, Hap, toujours accro bien que la jeune femme l'ait fait souffrir, met son cerveau de côté. Il en est certain, il ne se laissera pas mener par le bout du nez cette fois-ci. Mais, Trudy, en plus de ses longues jambes à faire pâlir et son décolleté plongeant, a visiblement d'autres atouts: un super plan pour se faire de l'oseille facilement. Suffit juste de savoir nager ! Un plan foireux selon Leonard qui, malgré tout, va suivre son pote...



Première aventure du duo, Hap Collins et Leonard Pines, nos deux Texans inséparables. Hap Collins, la quarantaine, blanc, hétéro, a fait de la prison pour avoir refusé de partir au Vietnam (ce qui lui a d'ailleurs coûté son histoire d'amour avec Trudy). Leonard Pines, la quarantaine aussi, noir, homo (aucune crainte à avoir: Hap n'est pas du tout son genre) et vétéran du Vietnam. Bien que différents, ces deux-là se complètent assez bien finalement. Joe R. Lansdale nous peaufine aux petits oignons des personnages secondaires hauts en couleurs, noirs et parfois déjantés, notamment ces ex-pacifistes devenus activistes. L'intrigue, efficace et rondement menée, s'achève dans un final explosif. Au delà de cela, c'est bien cette amitié virile à la joute verbale fleurie et incisive qui pimente ce roman corrosif aux moult rebondissements, dans un décor de western des temps modernes.
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Les marécages

Y en a qui trouvent des oeufs de Pâques et puis y en a qui trouvent des cadavres. Harry et sa petite soeur se situeraient plutôt dans la deuxième catégorie. Jamais bon d'aller trainer dans les marais. La mauvaise nouvelle, ce corps mutilé qui fait un peu tâche dans le paysage. La bonne, il est noir. Et dans cette région du Texas où le KKK sévit majoritairement, ce serait même plutôt Noël avant l'heure.

Le père de Harry est coiffeur de métier, constable à temps partiel. Pas de shérif à déclarer dans cette petite bourgade, trop de responsabilités.

Son défaut, vouloir faire la lumière sur ce qui apparaît être le crime d'un "ambulant " alors que n'importe quel nègre ferait l'affaire et occasionnerait ainsi une pendaison dans l'heure. C'est qu'on a placé très haut le niveau de marrade dans le coin.

La chance, ça va un temps. Aussi, dès que les macchabées commenceront à tirer sur le clair, les joyeux encagoulés et leur clique débilitante, paradoxalement, verront noir au point de réclamer enfin un coupable digne de ce nom !



Chacun connait l'univers impitoyable de Dallas, mais ça, c'était avant de percuter frontalement celui de Lansdale.

Un racisme pleinement reconnu et assumé, des crimes en série, des marais tout plein de gens qui font rarement marrer, amis de la gaudriole et de la dérision, bonsoir !



En ce début des années trente, Lansdale y décrit magistralement la délicate condition de noir perçu bien moins qu'une bête et tout juste bon à se balancer au bout d'une corde. Qu'y a t-il de plus détestable qu'un noir, un blanc qui épouse leur cause. Jacob, devenu shérif à temps plein et moderniste avant l'heure, s'y brûlera les ailes.

Le contexte est étouffant, la région n'incite pas au tourisme. L'auteur fait de ces marécages un personnage incontournable de ce grand roman, ajoutant encore un peu plus à ce sentiment d'oppression diffus au fil des pages.

Lansdale s'attache également à la perte de l'innocence. A ce virage de l'adolescence attaqué pleine bourre par un gamin insouciant qui vit là ses premières désillusions.



Attaquer Les Marécages, c'est se préparer à une sale apnée et une remontée sans paliers de décompression.

Quelques rares personnages viendront cependant apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes mais de façon bien trop sporadique pour éprouver finalement la moindre empathie envers un genre humain en-dessous de tout.

Le constat est sans appel, noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir...
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Les marécages

Les marécages, quand on est jeune adolescent ou enfant, c'est tentant et ça fait peur, les deux à la fois. C'est plein de boue et de mystères et on a donc envie de faire l'explorateur. C'est plein de boue et de mystères et donc quand on y est, on a finalement qu'une envie, c'est de s'enfuir.



C'est régulièrement cette double sensation que vous ressentirez à la lecture. L'envie de s'immerger suivie aussitôt de l'envie d'être ailleurs. Ce livre est un polar pas comme les autres. Parce que dans les années 30, comme le dit le narrateur, on ne s'intéresse qu'aux meurtres qui se passent juste à côté de chez soi. Parce que le FBI n'intervient pas quand on a une série de meurtres inexpliqués, parce qu'il faut déjà se rendre compte que c'est une série de meurtres, parce que quand les victimes sont noires, certains doivent déjà se convaincre qu'on peut vraiment qualifier ça de meurtre.



Vous comprenez progressivement que vous ne vous trouvez pas face à une affaire bien propre avec indices pertinents et des raisonnements logiques imparables... surtout quand vous constatez que les enquêteurs seront un père "constable" du village parce que personne d'autre voulait l'être , un frère et une sœur de respectivement 13 et 9 ans et une grand-mère un peu excentrique. Enquête il y aura, mais décousue et ne respectant que très peu les codes du genre : quand on voit par exemple qu'on est obligé de trimbaler le premier cadavre dans un autre village parce que le médecin blanc du coin ne veut pas autopsier une Noire dans son cabinet, on sait que la recherche du criminel ne sera pas le seul intérêt de l'histoire.



Il y a en effet tout le contexte de cet East Texas des années 30, le racisme, les légendes locales, le Ku Klux Klan, les progressistes qui se comptent sur les doigts de la main, la Grande Dépression, les routes principales qui ressemblent à nos chemins d'aujourd'hui, les ponts suspendus brinquebalant au dessus de la rivière. C'est un roman social, un roman d'atmosphère tout autant qu'un polar.



Mais c'est aussi un thriller et particulièrement dès les premières pages et dans tout le final. Parce que Joe R. Lansdale veut vraiment nous faire ressentir à la fois cette envie et ce dégoût, cette envie de tourner la page pour savoir ce qui va suivre et en même temps ce refus de la tourner de peur que ce qui se cache derrière soit plus affreux que ce qu'on craint. Alors équipez-vous et pénétrez dans ces marécages puisque je sens que vous en mourrez d'envie... mais ne venez pas vous plaindre ensuite et me dire que je ne vous avais pas prévenu...
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L'arbre à bouteilles

Sous le soleil brûlant de ce mois de juillet, dans le champs de roses, Hap Collins était là, à faire joujou avec ses boutures quand le patron le prévient que son ami, Leonard Pine veut lui parler. Ce dernier lui demande de bien vouloir l'accompagner à l'enterrement de l'oncle Chester. Non pas qu'il le portait dans son cœur, oncle Chester n'a jamais digéré l'homosexualité de son neveu, mais c'était la seule famille qui lui restait. Hap ne peut décemment pas refuser, quitte à se faire griller auprès du patron. Au cours de l'enterrement, les deux amis font la connaissance de Florida Grange, l'avocate d'oncle Chester. Cette dernière apprend à Leonard qu'il hérite de la maison, malheureusement en piteux état, située dans le quartier noir de LaBorde, d'une clé qui ouvre certainement un coffre et de 100000$. L'argent est, évidemment, le bienvenu quand on est dans la dèche. Quant à la maison, juste à côté de la crack house du quartier, elle laisse à désirer. Hap et Leonard font une bien étrange découverte dans le coffre : des bons de réductions pour la plupart périmés, un exemplaire bon marché de Dracula ainsi qu'un tableau de Leonard. Décidés à revendre la bicoque, les deux amis entreprennent de la retaper. Ils ne sont malheureusement pas au bout de leurs surprises...



Dans ce deuxième volet des aventures de ce duo poivre et sel, Joe R. Lansdale nous emmène dans le quartier noir de LaBorde, un quartier malfamé où la drogue, la violence et les petits larcins ont pignon sur rue. Hap et Leonard, eux, ont d'autres soucis à savoir la découverte de cadavres sous le plancher. Tout met en cause oncle Chester mais Leonard, lui, n'y croit pas. D'autant que les indices laissés ici et là supposent que l'oncle tentait de leur faire quelque chose. Cette intrigue, telle un puzzle, se met en place progressivement. Dans ce roman noir de critique sociale, Lansdale met à mal aussi bien le racisme que la religion. Outre ce scénario implacable, bien ficelé et aux moult rebondissements, ce sont, évidemment, Hap et Leonard qui retiennent toute notre attention. Un duo inséparable malgré leurs différences, aussi bien de couleur de peau que de sexualité. Des personnages atypiques et terriblement attachants. L'écriture nerveuse et colorée et les dialogues savoureux pimentent ce roman noir et sombre.
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La mort dans l'Ouest

Un révérend à la gâchette facile, arrive avec sa jument, dans un petit village, Mud Creek, dans le but de prêcher la bonne parole. En quelques jours, il se lie d'amitié avec un gamin futé prénommait David, fils du Maréchal-ferrant et tombe amoureux de la belle brune du coin, Abby, fille d'un docteur qui a des connaissances plus ou moins étranges sur le Nécronomicon et la démonologie. Connaissances qui vont s'avérer nécessaires. En effet, à la suite d'un lynchage absolument atroce d'un Natif et de sa compagne, les morts se lèvent pour se venger des bourreaux...



La première fois que j'ai lu Joe R. Lansdale, je travaillais dans une librairie et je découvrais par hasard L'Arbre à Bouteilles. J'ai suivi toutes les aventures de Hap Collins et Leonard Pines qui étaient traduites en France. Je m'intéressais à ses autres romans comme Juillet de Sang, Un Froid d'Enfer, Sur La Ligne Noire, etc... Avant de me rendre compte qu'à côté du polars, Lansdale était très doué pour l'horreur. Plus difficile à trouver, j'ai réussi à me procurer The Drive-In (https://www.babelio.com/livres/Lansdale-Le-drive-in/244818/critiques/3322197), le premier Zombie Tales et ses deux écrits des années 80/90 édités par L'Incertain (Texas Trip et La Mort dans l'Ouest).



J'avais déjà pris conscience de l'engagement de Joe R. Lansdale pour les minorités, ne serait-ce qu'en créant un personnage noir homosexuel au Texas avec sa série Hap&Leonard, mais on se rend compte avec celui-ci, que la prise de partie est très mitigée. L'horreur que subissent le Natif et sa compagne métisse est telle, que la vengeance est légitime. Et pourtant, on trouvera totalement injuste les dommages collatéraux, réveillant les doutes du prêcheur sur ce que nous faisons sur Terre.



Joe R. Lansdale dira dans sa préface, qu'il inclue ce roman dans le genre de série B, un western horrifique qu'on regarderait en mangeant un bol de pop-corn. Etait-il destiné pour le cinéma?
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Le mambo des deux ours

Le soir du réveillon de Noël, Leonard n'a rien trouvé de mieux, pour illuminer le quartier, de mettre le feu à la crack house des voisins. Et ce, pour la troisième fois. Évidemment, aux yeux des flics, l'incident à répétitions semble peu plausible. Hap, qui arrivait tout juste pour s'en mettre plein la panse et, au passage, aider son ami, se retrouve bien malgré lui mêlé à tout ça. Quelques coups sur la gueule de ces voisins peu recommandables, il n'en faut pas plus au lieutenant Hanson pour menacer Hap et Leonard de les foutre en taule. À moins que ces derniers, puissent-ils être charitables, ne l'aident à retrouver sa petite amie black, Florida (qui se trouve être l'ex de Hap). Celle-ci a en effet posé ses valises à Grovetown où un prisonnier noir se serait pendu. Une affaire vraiment louche que l'avocate Florida tenait à éclaircir. Mais au pays des cagoules blanches, il ne fait pas bon être noir et en plus poser des questions dérangeantes. Cela ne semble visiblement pas freiner Hap et Leonard, bien décidés à retrouver Florida...





L'on retrouve avec plaisir ces deux amis inséparables que sont Leonard et Hap. Cette fois-ci, pour échapper à la taule, ils décident d'aider le lieutenant Hanson à retrouver sa petite amie. Mais, à Grovetown, là où règne le Ku Klux Klan, Leonard ne risque pas d'être le bienvenu. Bien au contraire. Ils seront mis à mal par une société raciste qui n'aime pas les Noirs, surtout s'ils sont gays. Joe R. Lansdale nous peaufine une fois de plus une aventure riche, musclée et aux moult rebondissements. Des dialogues aux petits oignons, des héros parfois malmenés qui devront faire face à eux-mêmes, des seconds rôles tantôt attachants tantôt détestables, un contexte social pour le moins haineux et violent, des conditions climatiques renversantes ou encore un petit ami qui s'en va et qui revient. Pas une minute de répit dans ce roman noir à l'écriture fleurie et nerveuse.
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Les marécages

Une atmosphère moite où la ségrégation raciale bat son plein.

*

J'ai fait une lecture commune avec un autre challenger du Multi-défis 2019 , @juten-doji . Une discussion à mi-parcours sur notre ressenti, on a tout de suite adhéré à cette histoire sombre bien addictive. Certes , il est assez dense mais une fois passé les 100 pages, l'auteur nous a hameçonné !

*

Pour ma part, je le classifierais comme roman d'atmosphère, d'ambiance très bien rendue de terreur et de mystère. Un côté surnaturel aussi. Avec des croyances d'un autre âge, le vaudou et ses légendes.

Et puis roman noir bien sûr avec une intrigue bien linéaire et classique, avec une composante historique et sociologique (la ségrégation raciale des états sudistes dans la période de la Grande Dépression).

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Le narrateur se remémore ses souvenirs au couchant de sa longue vie. Des faits étranges et inoubliables se sont passés durant son adolescence. Dans ce Texas humide des années 30 , où le racisme envers les Noirs est encore très prégnant, il va découvrir un cadavre mutilé de femme Noire. Et à partir de ce moment bien précis, les ennuis arrivent pour lui et son père shérif.

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J'ai beaucoup apprécié le décor authentique et bien décrit de cet environnement où la terreur est présente (le Ku Klux Klan sévit et laisse peu de place à la justice). J'ai de suite pensé à l'histoire de La ligne Verte de Stephen King où la loi punit John Caffey, un Noir innocent qui se trouvait sur le lieu d'un crime au mauvais moment et n'avait aucune défense.

Rien de plus émouvant quand cette histoire sordide et triste est racontée à travers les yeux d'un enfant.

Une galerie de personnages bien étoffés et dont la psychologie intime a été restituée au fur et à mesure du récit. On assiste aux débuts de la criminologie où le mot "sérial killer" n'a pas encore été évoqué. Où la justice se faisait à "la tête du client". Et c'est carrément flippant. C'est une fiction mais le récit bien maîtrisé m'a laissé une forte impression de réel.

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J'ai encore deux romans de cet auteur dans ma bibliothèque, ils ne feront pas "long feu".

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Les marécages

Une fois de plus je ne peux que mesurer la chance que j'ai d‘être accro au site Babelio. Sans ce site, et surtout sans ses nombreux membres, leurs avis et les challenges qu'on y trouve, jamais je ne serais sortie de ma zone de confort, et j'avoue que découvrir de nouveaux auteurs, j'adore ! J'adore d'autant plus quand la lecture devient un véritable coup de coeur ! Cela a été le cas pour ma part pour Les marécages de Joe R. Lansdale, auteur, dont à ma grande honte (si si, je vous assure que j'ai honte !), je ne connaissais même pas le nom…

Et là, je suis entrée tranquillement dans un univers poisseux, humide et surtout noir de chez noir avec ces marécages de l'est du Texas. Alors que je pensais que cet état était particulièrement sec, il a fallu que je revoie ma géographie pour mieux planter le décor et favoriser ma compréhension de l'histoire, car des marécages, il va y en avoir.

Nous allons plonger dans le passé par le biais des souvenirs d'un vieil homme Harry. Il se rappelle son enfance, dans cette terrible période des années 30, aussi appelée la Grande Dépression. Nous faisons donc la connaissance de la famille de Harry qui a onze ans à l'époque, de sa petite soeur Tom et de ses parents. le père, Jacob, peine à joindre les deux bouts et en plus d'être agriculteur, travaille comme coiffeur et fait office de constable.

Les deux enfants vont bientôt faire une découverte macabre en trouvant un cadavre de femme dans la foret. La victime était une femme noire et nous sommes dans un coin paumé du Texas où le Klu Klux Klan est bien présent et où les conditions des noirs n'ont pas beaucoup évolué depuis la guerre de Sécession. le seul officier de justice est Jacob et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il se trouve bien isolé au milieu d'une communauté blanche pour qui le coupable est tout désigné.

J'ai beaucoup aimé cette histoire vue à travers les yeux du jeune Harry et elle m'a tenue en haleine du début à la fin.

L'ambiance est sombre, je dirais même très noire, et l'auteur a restituer avec beaucoup de talent l'atmosphère de l'époque.

Une très belle découverte, et je ne rajouterais qu'une chose : j'ai bien l'intention de continuer ma découverte de l'oeuvre de Joe Lansdale, qui vient de se hisser sur le podium de mes auteurs favoris.







Lecture Commune Polar Mars 2019

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L'Armée des morts : Une anthologie zombies

Mouais



Bon,



Je suis déçue.



19 nouvelles de zombies par 19 supers auteurs. Je suis très fan de certains : Mike Carey, Joe R. Lansdale, David Wellington, Jonathan Maberry.

J’ai bien aimé la nouvelle de Mike Carey mais sans plus.

La nouvelle Le Zombie qui tomba du ciel de Homler était intéressante mais tombera dans l'oublie. J’ai connu beaucoup mieux de la part de Joe R. Lansdale…

Alors celle de Maberry sera géniale mais, j’ai bien reconnu la trame qui donnera naissance à son roman Zombie Apocalypse quelques temps après. Donc "déjà lu".

La nouvelle de Wellington se défendait bien cependant la fin m'a déçu.



Reste la dernière, qui heureusement relèvera le niveau du recueil. La nouvelle de Joe Hill Le Cirque des morts en 140 caractères. Nouvelle assez spéciale car nous recevons les informions à travers des messages Twitter. Nous restons ainsi dans le flou entre la réalité objective et sa réalité subjective. Une adolescente raconte son voyage à travers ses tweets. Nous aurons donc que des bribes d'informations, les émotions supplantant les rares descriptions. Ce qui m'a rappelé avec plaisir, le film Pontypool de Bruce Mcdonald : en effet, nous découvrons l'angoisse à travers les appels et les transmissions extérieurs depuis une station radiophonique. Nous ne sommes pas spectateurs comme la nouvelle de Joe Hill, mais nous recevons les messages... Un film sans image de la terreur, une nouvelle sans image de l'horreur.
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Vanilla Ride

Ça faisait un p'tit moment qu'on ne lui avait pas tiré dessus (intentionnellement ou non) ou cogné la tête. Verni, Hap l'était, d'autant que la vie conjugale avec Brett se passait au mieux. De là à se dire que ça lui manquait, faut pas exagérer. Mais, il le sentait : ça n'allait pas durer. Et justement les ennuis ont commencé à se pointer en la personne de leur vieux pote Marvin, plus exactement en la personne de sa petite-fille Gadget, plus exactement en la personne de son dealer de petit copain violent. Le problème est que la gamine ne voit pas où est le mal dans toute cette violence et dans la came qu'ils sniffent et revendent. Appelés à la rescousse pour ramener la petite-fille un brin réticente à son grand-père, Hap et Leonard vont devoir faire comprendre à tous ces gamins dealers, à coup de pieds, de poings et de calibre 38, que c'est pas réglo ce qu'ils font, que la mioche repart avec eux et que la came est aussi bien dans la cuvette des toilettes. Évidemment, ça va pas plaire aux gars de la Dixie Mafia qui vont vouloir se venger, et de l'affront causé par Hap et Leonard, et de la drogue perdue...



Dès qu'il faut rendre service, on peut compter sur eux. Si, en plus, y a risque de baston, ils sont les premiers arrivés. Cette fois-ci, Hap Collins et Leonard Pine vont se foutre dans un drôle de merdier en voulant aider leur ami, Marvin. Car c'est toute la Dixie Mafia, la plus grande organisation mafieuse du sud, qui va leur coller aux fesses. Pour une fois, ils ne seront pas trop de quatre pour se dépêtrer de cette situation, d'autant que le FBI va s'en mêler. Retrouver Hap et Leonard, c'est comme retrouver de vieux amis qu'on avait oubliés pendant un moment. On est sûr que les retrouvailles vont être mouvementées, voire pétarandantes, et que l'on ne va pas s'ennuyer un seul instant. Joe R. Lansdale a le chic pour nous rendre ses deux personnages terriblement attachants. Si, sur le fond, l'intrigue n'est pas originale, la forme se révèle toujours aussi réjouissante avec des dialogues savoureux, une écriture enlevée et parfois caustique et un rythme endiablé.

Jouissif !
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Les enfants de l'eau noire

Je suis Sabine.

Je suis née à l'est de Dallas.

Je parcours le nord-est du Texas et traverse les forêts de pins le long de la frontière entre Texas et Louisiane.

J'en vois des vertes et des pas mûres toute l'année !

C'est sur mes rives que Joe R. Lansdale a décidé d'y installer le début de son histoire.

Quel conteur celui-là !

Dès les premiers mots, les premières pages tournées, il t'embarque, sur mes flots, avec lui, dans sa folle épopée...

Tout de suite, tu me vois, des images se forment devant tes yeux tellement ses descriptions sont précises et envoûtantes.

Son histoire, elle n'est pas franchement très gaie par contre...

Déjà, elle se déroule dans les années 30...

A cette époque, les esprits étaient plutôt très étriqués.

Il faisait pas bon d'être une femme, d'être noir ou encore homosexuel.

Et la misère, n'en parlons même pas...

Joe R. Lansdale donne la parole à Sue Ellen.

Avec ses amis, Terry et Jinx, ils font une sacrée équipe...

Pour oublier leur quotidien et leurs conditions, souvent ils viennent à mon bord, faire les 400 coups.

Un jour, alors qu'ils pêchaient dans mes eaux, c'est le corps tout gonflé, déformé et scellé par une machine à écrire, de leur amie May lynn, qu'ils remontent à ma surface...

Après les premiers instants de panique passés, ils décident tous d'accomplir le rêve de l'irrésistible adolescente, devenir une star du cinéma, en emportant ses cendres jusqu'à Hollywood.

C'est comme ça qu'ils débutent un long périple, sur un radeau de fortune, embarquant au passage le magot d'un hold-up...

Tu penses bien que leur aventure ne sera pas un long fleuve tranquille et qu'elle sera évidemment semée d'embûches.

Le voyage sera périlleux, agité, mouvementé et agrémenté de rencontres violentes et dangereuses.

Pourchassés par un flic corrompu et par un légendaire psychopathe sanguinaire, je peux te garantir que tu vas devoir te tenir fort à la rame...

Et t'es pas prêt de décrocher de cette sombre épopée... Une fois embarqué, c'est trop tard !

Pis compte sur moi pour être toujours là en toile de fond pour leur donner du fil à retordre et quelques remous...sinon ça serait trop facile.

Une histoire d'amitié et d'innocence perdue, où dangers et réflexions sociales s'entremêlent.



J'ai un remerciement aussi à faire... A celui qui a eu la gentillesse d'offrir ce livre à celle qui a écrit ces quelques mots pour moi.

Tu te reconnaîtras.

Tes cadeaux lui vont toujours droit au coeur.

Merci !

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Du sang dans la sciure

Cette fois aura été celle de trop... Alors que son mari, Pete, lui assène des coups et tente de la violer, Sunset s'empare de son .38 et lui colle une balle dans la tempe. Une fois remise par tant d'émotions, la jeune femme se rend, grâce à oncle Riley croisé sur la route, chez ses beaux-parents. Évidemment, la nouvelle de la mort de leur fils les met hors d'eux, notamment Jones. Mais, étonnamment, sa belle-mère, Marylin, finit par l'enlacer, comprenant son geste. Elle va même, contre l'avis de certains, proposer sa belle-fille au poste de constable, laissé de par le fait vacant depuis la mort de Pete. Un poste que la jeune femme accepte malgré les réticents. Épaulé par Clyde et Hillbilly, un jeune vagabond chanteur, elle va très vite devoir faire ses preuves avec la découverte d'un cadavre d'enfant, enterré dans le champ d'un propriétaire noir...



Joe R. Lansdale nous emmène à Tyler, dans l'East Texas, durant les années 30. Bien qu'elle ait assassiné son mari, par trop de fois violent, Sunset n'est ni inquiétée et encore moins jugée. Bien au contraire puisqu'elle se voit confier le poste de constable, grâce à sa belle-mère qui a un rôle très important dans la plus grande scierie du coin. Mais occuper un tel poste lorsqu'on est une femme n'est pas une mince affaire. D'autant que la découverte d'un premier puis d'un second cadavre va faire resurgir de vils secrets et magouilles. Outre ces enquêtes menées de main de maître et l'ambiance sombre (années noires de la Grande Dépression, population rustre, ségrégation raciale), ce roman brosse le portrait d'une femme rebelle, insoumise et courageuse. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, notamment Marylin, qui ose enfin s'affirmer, Hillbilly, qui cache bien son jeu, un croquemitaine effrayant ou encore Bull, le géant noir. Un roman dur, captivant et plus profond qu'il n'y paraît...
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Tape-cul

Je ne connaissais pas Lansdale, je découvre ses personnages déjantés, Hap le blanc négligé aux slips sales et au cœur tendre,et son pote Léonard, noir homo maniaque et impitoyable tueur.

Ce dernier ne supporte plus son copain squatteur qui a perdu sa maison dévastée par une tornade et le pousse à se mettre en couple avec Brett, femme cool de caractère impétueux.

Cette dernière à une fille, prostituée à sauver d'un cloaque perdu en cambrousse.

Évidemment Hap s'y colle et Leonard ne peux le laisser y aller seul...



Lors de cette mission ils vont croiser un tas de personnages atypiques, dont à plusieurs reprises tel un fil conducteur un nain particulièrement bavard, et son frère ex-gangster et tueur et maintenant pasteur.



Bref pas le temps de s'ennuyer, des dialogues et situations humouristiques et hallucinés, de l'action, des coups dont certains de feu, du bourre-pif et des règlements de comptes tordus...

Évidemment la mission sera un succès pour ce duo improbable - ayant déjà 11 tomes d'aventures à leur actif- mais in fine au détriment du brave Hap et par ricochet du pauvre Léonard qui le récupère encore.



Ce n'est certes pas le chef d'œuvre du siècle, mais il faut le prendre pour ce qu'il propose, un bon moment de lecture facile, amusante et réjouissante.

Je continuerai la série.

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Titres de la série 'Hap Collins & Leonard Pine' de Joe R. Lansdale

le 1e, Savage Season (1990), est paru en France en 2014 sous le titre :

Les Mécanos de la Lune
Les Mécanos de Vénus
Les Mécanos d'Uranus
Les Mécanos de la Terre

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