AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Joe R. Lansdale (589)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les marécages

Dans la chambre de sa maison de retraite, un vieil homme se souvient...

Nous sommes dans un coin reculé de l'Est du Texas, en 1933, dans une Amérique où s'éternise la Grande Dépression.

Deux enfants, Harry Collins le frère qui a treize ans et Tom la soeur qui a neuf ans adorent jouer tout près de chez eux, par-delà la grande forêt qui jouxte la propriété des parents et leurs quelques arpents. Jacob le père est coiffeur, il exerce aussi la fonction de constable de la petite ville de Pearl Creek, c'est-à-dire qu'il est une sorte de shérif.

Le reste du temps, lui et sa femme tiennent une petite ferme. C'est un couple aimant, harmonieux, ils essaient d'élever leurs enfants avec amour, dignité et rigueur, dans les valeurs qui les animent.

La narration se fait à hauteur de cet enfant, Harry, qui longtemps après, se souvient des événements...

Les parents de Harry et Tom sont des progressistes, autant dire qu'ils déparent dans le paysage sociologique du comté. Cela ne leur viendrait pas à l'idée de pas traiter les Noirs d'égal à égal. Pourtant, Jacob sait que sa réputation qu'on lui colle d'être « l'ami des Noirs » pourrait un jour lui jouer un mauvais tour, et ce ne sera pas alors son statut de constable qui le protègera... Ici c'est souvent encore la loi du Ku Klux Klan qui a le dernier mot : au mieux c'est du goudron et des plumes, au pire c'est une corde balancée à une haute branche ou bien un pneu qu'on arrosera d'essence...

Les marécages forment une aire de jeu formidable, peuplés de rougets, de tiques, de serpents et d'endroits aussi inquiétants que fantasmagoriques pour les enfants. Ceux-ci aiment s'y perdre, inventer des histoires, des univers, imaginer que ce personnage de légende qu'on surnomme l'Homme-Chèvre et qui se cache parmi les ombres des bayous vient les terroriser...

C'est là qu'un jour le jeune Harry et la petite Tom vont découvrir l'horreur au fond des marais : le cadavre d'une femme noire mutilée sauvagement.

Plus tard, un second cadavre tout aussi mutilé que le premier, cette fois encore d'une femme noire, est retrouvée de nouveau dans les marécages, la scène de crime semble ressembler à s'y méprendre à la première. L'enquête avance, piétine dans l'indifférence générale de la communauté blanche de Pearl Creek. « Tant que ce sont des femmes noires, qui plus est, des prostituées... » Ce sont ces mots sinistres, glaçants qui viennent aux oreilles de Jacob.

Et si c'était l'Homme-Chèvre, l'assassin ?

Mais un jour, c'est une femme blanche qu'on retrouve égorgée au fond des marais. Là le ton change dans l'opinion publique de la petite bourgade et les membres du Ku Klux Klan ne vont pas tarder à reprendre du service...

Les marécages, c'est une plongée en apnée dans l'Amérique profonde et poisseuse gangrenée par la ségrégation ordinaire.

Si ce thriller aux allures de roman noir tient toutes ses promesses dans une intrigue haletante, le paysage glauque et nauséabond de ces marécages représente bien le personnage principal, figurant comme une allégorie la communauté des hommes de ce sud des États-Unis des années trente... La toile de fond du récit devient vite une caisse de résonance assourdissante...

J'ai trouvé ici une force d'évocation puissante dans la façon de raconter une histoire, de dépeindre des personnages qui s'étoffent, se dévoilent, s'unissent, s'opposent, entrent en scène dans une dramaturgie qui nous tient en haleine. Heureusement, dans cette atmosphère oppressante, il y a la tendresse innocente de deux enfants qui découvrent l'horreur du monde des adultes, ils ont le chic pour mettre les pieds là où il ne faut pas, ou bien encore laisser traîner leurs oreilles, entendre des choses qui ne sont pas de leur âge. Mais surtout, il y a Mémé qui débarque inopinément et va donner un sérieux tour de force à cette enquête qui s'enlisait dans les sables mouvants du paysage environnant. Ah ! Comme j'ai adoré ce personnage aussi attachant que décoiffant... Et attention ! Il ne faut pas pousser Mémé dans les orties du bayou !

Les marécages, c'est ma première incursion dans l'univers romanesque d'un certain Joe R. Lansdale autour duquel je rôdais déjà depuis pas mal de temps. Inutile de vous dire que je reviendrai vite découvrir d'autres récits de cet écrivain qui m'a totalement séduit.



Southern trees bear strange fruit,

Blood on the leaves and blood at the root,

Black bodies swinging in the southern breeze,

Strange fruit hanging from the poplar trees.



Pastoral scene of the gallant south,

The bulging eyes and the twisted mouth,

Scent of magnolias, sweet and fresh,

Then the sudden smell of burning flesh.



Here is the fruit for the crows to pluck,

For the rain to gather, for the wind to suck,

For the sun to rot, for the trees to drop,

Here is a strange and bitter crop.



[Billie Holiday - Strange Fruit]



Commenter  J’apprécie          5829
Les marécages

Un roman noir addictif qui m'a plongée, pour ne pas dire engluée (c'est que ce ne sont pas des marécages pour rien!) dans une petite bourgade de l'East Texas des années 30 ; des années qui charrient leur lot de pauvreté, de croyances, de ségrégation raciale, de cagoules blanches. Il faut dire que le Ku Klux Klan a de sérieux adeptes dans le coin. Alors quand des cadavres de femmes commencent à être découverts, il n'en faut pas plus pour que certains hommes se vautrent dans la fange.



Il règne un je ne sais quoi de : je te hais un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…

L'atmosphère vous prend au coeur et aux tripes et vous pousse à aller toujours plus loin. Addictif, vous dis-je ! Mais pas nécessairement dans le sens où l'on pourrait traditionnellement l'entendre, avec plein de rebondissements, de suspens, de fausses pistes, et tout ça, non, juste humainement addictif. L'auteur prend son temps pour poser les personnages, les dévoiler par touches de plus en plus amples, et nous harponner au passage.



Comme dans « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » de Harper Lee (dont le contexte est d'ailleurs similaire), c'est à travers le regard de l'enfance que nous découvrons les habitants de ce village. Harry le narrateur, a 11 ans. Enfin, en réalité il en a 80, mais son état de santé est tel que pour s'évader de son triste quotidien, il retourne dans ses souvenirs de jeunesse et revit cette année où tout a changé, où sa perception du monde, des hommes, de son père a changé, où son innocence et ses illusions en ont pris un coup , quand sa soeur Tom et lui ont découvert le cadavre atrocement mutilé d'une femme noire, le premier d'une série.



En tant que constable, c'est le père de Harry, Jacob, qui est chargé de mener l'enquête. Jacob est un peu tout ce qui lui permet de joindre les deux bouts : coiffeur, agriculteur, et constable donc. Contrairement aux usages de l'époque, il est très ouvert d'esprit. C'est probablement le seul à vouloir trouver le coupable, avec son fils. Il faut entendre bien sur le véritable coupable, et non pas un coupable désigné par défaut (un noir par exemple) qui arrangerait tout le monde. Mais il a aussi ses faiblesses. Et il ne fait pas bon d'être « l'amoureux des nègres » dans les parages…



Ceci dit, même s'il y a un meurtrier qui sévit, l'enquête policière n'est pas au centre de l'histoire. D'ailleurs, faute d'indices, elle piétine sec, et est plus basée sur des suppositions et des rumeurs que sur des faits. de mon point de vue, elle sert surtout de catalyseur pour dépeindre un contexte social, les relations entre les noirs les blancs dans une société gangrénée par des traditions ancrées dans le racisme et la violence, et un contexte familial avec la relation père-fils, la transmission de valeurs, et une sortie de l'enfance brutale pour Harry. Un livre sombre certes, à l'atmosphère lourde, mais qui n'est pas exempt de tendresse et de tolérance. le regard du Harry de 80 ans et l'affection qu'il porte à sa famille, sa mémé, son chien Toby (ah! génial le chien!) ne sont jamais très loin.



Un grand merci à Siabelle pour cette bonne pioche et surtout pour l'excellent moment de lecture que nous avons partagé.

Commenter  J’apprécie          585
Sur la ligne noire

Stanley Mitchell a 13 ans mais en paraît facilement...13 . Fraîchement débarqué à Dewmont avec toute la petite famille , papa Mitchell qui ne s'appelle définitivement pas Eddy , que les choses soient bien claires entre vous z'et moi , y dirige désormais le drive-in local . Nous sommes en 58 , au Texas , état connu et reconnu pour ses positions affirmées contre la peine de mort et sa croyance indéfectible en l'égalité raciale , enfin ça , c'est ce que m'a affirmé un gentil autochtone à cagoule pointue trimballant péniblement derrière lui une monstrueuse croix . L'été s'annonce torride . Au détour de l'une de ses nombreuses errances estivales , le jeune Stanley va faire une découverte , LA découverte annonciatrice de ses futures emmerdes de niveau stratosphérique . Non loin d'une ancienne maison de maître ravagée par les flammes , il y déterre une mystérieuse boite recelant la correspondance de deux adolescents énamourés visiblement poussés au suicide . Bien décidé à lever le voile sur cet épais mystère et à vérifier que l'adage " la curiosité est un vilain défaut " s'applique également à sa petite personne , c'est aidé de sa délicieuse frangine , Callie , et du vieux projectionniste noir acariâtre et alcoolo , Buster Lighthorse Smith , qu'il se lance sur les traces fumantes des deux tourtereaux aujourd'hui disparus...



Etiqueté Thriller , Sur La Ligne Noire tient bien plus de l'étude de moeurs alors ( toujours ) en vigueur au Texas que du polar pur jus .

Lansdale décortique admirablement les rapports raciaux conflictuels inhérents au climat socio-politique d'époque tout en les intégrant à un scénario solide sur fonds de roman policier .

N'allez surtout pas croire que l'univers de l'auteur est aseptisé . Un corps calciné et un autre retrouvé décapité incitent rarement à la grosse rigolade .



Le secret d'un bouquin que l'on dévore ?

Un climat , une intrigue , une galerie de personnages savoureuse .

Les Mitchell ont de quoi se prendre régulièrement la tête puisque la mère prend ouvertement parti pour la cause noire lorsque son rétrograde d'époux semble beaucoup plus enclin à la discréditer . Imaginez donc le douloureux dilemme lorsque sa tendre moitié décide de prendre sous son aile leur cuisinière émérite , Rosy Mae , et de l'accueillir chez eux pour cause de tabassage régulier . Y aurait comme du rififi dans l'air...

Lansdale a su doser si impeccablement investigation et photographie d'époque que le lecteur n'a désormais plus d'autre échappatoire que de découvrir en profondeur l'oeuvre de ce Texan pur jus largement influencé par cet État du Sud des États-Unis qui l'a vu grandir .



Sur la ligne noire : Dallas n'est pas le seul univers impitoyable...
Commenter  J’apprécie          587
Les marécages

Harry est en maison de retraite, pas grande chose à faire, à part ruminer des souvenirs de jeunesse,

comme le jour où il découvre, à l'âge de 13 ans, près de chez lui, le corps affreusement mutilé d'une femme dans les marécages.

La nouvelle se répand comme une trainée de poudre autour de son village du Texas et pour le KKK qui fait légion dans la région, y'a que les Noirs pour faire ça...

Pour eux, contrairement à son père qui fait office de shérif en plus de celui de coupe tif', la recherche du coupable, c'est du temps perdu...Pas pour le jeune Harry qui compte bien aider son père dans cette enquête qui s'enlise....

Joe R. Lansdale, déjà lu dans un autre registre plus fendard avec le duo Hap et Léonard. Avec ce roman noir qui galope dans le Texas du sud aux mains des cagoulés, fait pas bon avoir la peau mate, surtout quand il y a des meurtres. La corde te pend au nez...C'est ce que va découvrir le jeune Harry qui peut s'appuyer sur son père mi étoilé et sur sa mémé bien armée pour l'aider à lutter contre les nombreux préjugés des encagoulés et les légendes marécageuses qui embourbent le coin.

Avec Les marécages , on marche dans les pas de La nuit d'un chasseur de David Grubb avec en prime le KKK à nos trousses.

Du grand Landsdale qui te coupe la chique et le chou !

Commenter  J’apprécie          575
Les enfants de l'eau noire

Première rencontre avec Joe R. Lansdale .

Et ce fut un plaisir que d' embarquer dans une histoire à la fois tragique, tendre et humaine .

Belle image que ce récit de vie qui coule le long de la Sabine , le fleuve sera le coeur du roman et il portera les trois jeunes héros, Sue Ellen, Jinx et Terry et leurs espoirs .Tantôt source de vie , tantôt linceul .

La jolie May Linn, leur amie qui rêvait d'Hollywood est retrouvée morte dans la Sabine .

Après cette découverte macabre, ils décident qu'elle reposera dans la terre de ses rêves et ce sont eux qui vont l'y emmener .



C'est Sue Ellen, 16 ans qui sera la narratrice de leur épopée . Et, le récit va osciller entre candeur , pureté et gravité en contraste avec la violence , la perversité et la corruption du monde des adultes qui les entoure . Un monde de misère, d' alcool, de drogue de désespoir .

Malgré un site enchanteur, une nature généreuse , les jeunes n'y voient qu'un avenir sombre ou pas d'avenir du tout .

Rien n'est omis: les gamins sont confrontés à la ségrégation raciale , à l'homophobie .



Pourtant, loin d'être larmoyant , le récit est vivant et doit tout son charme à la truculence des personnages tantôt réalistes et sages , tantôt loufoques ou graves ou désabusés comme la jeune Jinx à la langue déliée qui ne rate pas une occasion pour nous faire sourire ou nous émouvoir .Parce qu'on finit par les aimer ces gosses !

On se laisse convaincre de la réussite possible de leur aventure malgré les impensables péripéties qui émaillent leur périple .



Servi par une belle prose, ce roman noir qui a parfois des allures de conte reste cependant bien ancré dans une terrible réalité sociale due à la période de récession économique ; nous sommes au Texas dans les années 30.

Mais, la fraîcheur des héros et leurs espoirs ,teintent le récit d' optimisme . Et , même si parfois l'horreur est servie à la louche , on finit toujours par rebondir sur des notes d'humour , surtout quand Jinx entre en scène ... je l'ai trouvée irrésistible !



C'est peut-être l' aventure qu'auraient pu entreprendre Tom Sawyer et Huckleberry Finn adolescents ou jeunes adultes .

Une lecture très plaisante qui me fait regretter d'avoir tant tardé à connaître l'auteur . Et, ceux qui l'ont présenté ont droit à ma gratitude !



















Commenter  J’apprécie          577
Les enfants de l'eau noire

Un fleuve, la Sabine, et une bande de jeunes que l'on imagine, tout comme Coluche, se fendre la gueule en s'y baignant un jour de canicule.

Blam ! Tout faux.



De juvéniles personnages emprunteront bien ce cours d'eau mais pour une seule raison, fuir un passé déjà trop lourd à porter et accessoirement sauver leur peau, fusse-t-elle sans valeur aux yeux de leurs salopiots de géniteurs.



May Lynn, seize ans, rêvait de gloire à Hollywood mais certainement pas de finir noyée, lestée aux pieds d'une antique machine à coudre, les mains liées dans le dos avec du fil de fer rouillé. Thèse du suicide rapidement écartée au profit du meurtre prémédité.

Sue Ellen, pas alcoolique pour un brin, Jinx, aussi brune de peau que lapidaire dans ses réparties et Terry, ultime personnage attachant de ce trio emblématique en devenir, décident d'exaucer les ultimes prières de la défunte en allant déposer ses cendres à StarStruck Town.

Accompagnés de Sue Ellen's mom, c'est à bord d'un radeau volé et d'un magot dérobé que l'aventure prend forme sur les eaux paisibles de la Sabine, véritable colonne vertébrale de ce roman.

Mais qui dit butin dit convoitise. Et en ce temps, Texas, 1930, elle se manifestait généralement par l'éradication pure et simple de ses détenteurs.

Imaginez désormais une créature mythique, véritable aberration de la nature, à la réputation de n'avoir jamais failli dans son job, la traque, assortie dans la foulée d'un homicide savamment mis en scène. Skunk, tel est son nom. Sue Ellen, Jinx et Terry ses nouvelles proies.



Mais qu'il est bon ce nouveau Lansdale. Je sais, on frôle le pléonasme au vu du CV du bonhomme.

Bien plus qu'un récit initiatique, c'est à une aventure hors norme que le romancier vous convie. De celle qui vous marque durablement.

Véritable ode à l'amitié et à l'innocence perdue, Les Enfants de L'eau Noire s'affirme également comme un thriller haletant entre deux respirations un peu moins suffocantes.

La Sabine en toile de fond et ses riverains originaux, tous plus barrés les uns que les autres.

Autant de dangers potentiels venant s'agglomérer à l'épineux problème Skunk.

Le cadre séduit, les loisirs proposés - essentiellement de la survie - peinent beaucoup plus à convaincre, bizarrement.

Un p'tit côté Délivrance ultra plaisant dans ce nature movie à la plume envoûtante.

Vous pouvez y aller les yeux fermés, Lansdale prouve une fois de plus qu'il est un conteur hors norme.



4.5/5
Commenter  J’apprécie          575
L'arbre à bouteilles

J'adore le glauque mâtiné d'humour.

L'Arbre à Bouteilles, premier volet consacré à ces deux potes aussi différents que soudés, tape déjà fort et juste.



Hap Collins et Leonard Pine (prononcer Paillne, ça prête moins à confusion) sont indissociables.

L'un est un blanc hétéro, l'autre noir et homosexuel, les deux forment un mélange explosif.



Quoi de mieux, lorsqu'on est dans la dèche, que de se retrouver seul héritier de l'Oncle Chester qui vient de passer l'arme à gauche.

Le grand gagnant au tirage du loto, Leonard. Montant des gains, 100000 dollars assortis d'une vieille bicoque pourrie dans un quartier vendant trop facilement de la drogue, pour le rêve en boîte, merci d'adresser vos réclamations à feu l'Oncle Chester...

Le taudis tenant plus de la cahute hantée que du château de Cendrillon, rien de plus normal que d'y exhumer des fantômes. Début des emmerdes pour nos deux justiciers et d'un énorme panard de lecture.



Lansdale, j'y suis arrivé par Les Marécages. Chemin ardu s'il en est mais ho ho ho (et oui, c'est Noël ;-)) combien jouissif.

Ce qu'il y a de formidable avec l'auteur, c'est une connexion immédiate, pleine et entière.

Lansdale, c'est un style direct et un ton inimitable.



Difficile d'allier aussi magistralement sordide et légèreté. C'est pourtant ce que Lansdale parvient à retranscrire, la complicité caustique de ces deux compères y étant pour beaucoup.



L'Arbre à Bouteilles pourrait bien vous filer la gueule de bois, vous voilà prévenus...
Commenter  J’apprécie          576
Les marécages

Un roman si beau qu’il fait mal au ventre, tant il vous remue à l’intérieur. Un peu comme quand on tombe amoureux.



Se morfondant dans sa maison de retraite, Harry se souvient de cette année 1933 où, alors âgé d’une douzaine d’années, il a découvert le cadavre mutilé d’une femme dans les marécages jouxtant la propriété familiale. Il raconte comment son père, constable de ce minuscule patelin du Texas, a tenté de mener l’enquête sur ce crime, avec les moyens réduits de l’époque et dans un contexte de racisme décomplexé, et comment il a tenté de l’aider en jouant les apprentis détectives.



Plus qu’un livre policier à l’intrigue bien troussée et au suspense bien entretenu, c’est avant tout un roman d’ambiance et d’apprentissage, une féerie cauchemardesque qui sonne la fin de l’innocence et le glas du paradis perdu. Il y a un côté « Southern gothic », avec ses monstres fantasmés et réels, ses ciels étoilés et ses feux d’artifice, qui m’a fait penser à la poésie onirique de « La nuit du chasseur ». J’ai beaucoup aimé ses paysages sombres, humides et touffus, où bruissent les arbres et murmure la rivière, et où la Nature est souveraine. Mais on est aussi dans le Sud, au pays du Klan, des pactes avec le Diable, de la Grande Dépression, et Joe R. Lansdale décrit sans concession un monde dur, violent, et terriblement pauvre, où les femmes cousent leurs robes dans des sacs de pommes de terre.



Cependant, la puissance de cette histoire est qu’elle est racontée par un vieil homme qui a conservé une forme de candeur d’enfant. Sa narration est empreinte de nostalgie, elle a la saveur des dernières années d’innocence, quand le simple fait de se sentir en sécurité en famille confinait au bonheur : « On rentra à la maison en voiture, les vitres ouvertes ; le vent d’Octobre était frais et sentait bon la forêt. Repu de tarte et de limonade, j’étais heureux. » Avant que le monde des adultes ne saccage tout. J’ai rarement lu un livre qui aborde ce thème avec autant de justesse, et certaines réflexions d’Harry m’ont profondément émue.



C’est donc un roman qui m’a happée, difficile de le lâcher une fois commencé, et je l’ai refermé à regrets, j’aurais voulu ne jamais quitter Harry et ses souvenirs. Je ne connaissais pas cet auteur, qui m’a parfois fait penser à William Gay, mais il m’a émerveillée par son mélange de poésie, de douce mélancolie, et de réalisme suffocant. J’ai bien l’intention de découvrir ses autres romans, et je vous souhaite d’être aussi subjugués par celui-ci, que je l’ai été.



Mais surtout, ne lisez pas la 4e de couverture, qui en révèle bien trop ! Abordez cette lecture avec la même fraîcheur rémanente que Harry, et votre voyage n’en sera que plus (douloureusement) enchanteur.
Commenter  J’apprécie          5612
Bad Chili

Après quelques mois passés sur une plate-forme pétrolière, Hap n'est pas mécontent de retrouver son Texas, sa maison et surtout son pote, Leonard, qui venait de perdre et son boulot de videur pour avoir pissé sur un client et son petit ami, Raul, qui s'était entiché de Monsieur Cuir. Pour se changer les idées, rien de tel que quelques tirs sur des canettes. Malheureusement, un écureuil complètement fou les charge et les pourchasse. Même si ce dernier finit écrasé par le pick-up, il aura eu le temps de mordre Hap. Direction l'hôpital pour s'assurer que l'animal n'était pas enragé. A cause de ses mutuelles de merde, Hap est contraint de passer plusieurs jours à l'hosto durant lesquels Leonard ne donnera aucun signe de vie. Ça l'inquiète d'autant plus que le nouveau lieutenant de la police, Charlie Blank, le cherche. En effet, un motard a été retrouvé mort, une décharge de fusil de chasse en pleine. de là à penser que Leonard a cherché à se venger du nouveau petit ami de Raul, il n'y a qu'un pas. Hap décide donc d'aller à sa recherche...



Un roman qui commence sur les chapeaux de roue avec cet écureuil enragé ! L'on aura droit à des vidéos trash, des motards un brin homophobes, de la castagne, des coups de feu, des trafics en tous genres, des hommes d'affaires mais pas que, cachant bien leur jeu et une belle infirmière sexy tout plein ! Avec Hap Collins et son homologue noir et gay Leonard Pine, l'on ne s'ennuie pas une seule seconde. Joe R. Lansdale nous livre un roman à la fois noir et bourré d'humour où les rebondissements et les situations un peu barrées ne manquent pas et où ces deux acolytes vraiment attachants s'en donnent à coeur joie. L'écriture est remarquablement travaillée: des dialogues riches, percutants et un humour caustique.



Bad Chili... Ouaip !
Commenter  J’apprécie          550
Texas trip

Une attaque improbable de requin (un mixe complètement fou entre Gosth Shark et Sand Shark – quand Joe R. Lansdale dit aimer les films de série B, avec cette nouvelle, il pourrait faire figure de messie dans la SharksExploitation) et un car scolaire fourmillant de zombies amateurs de cantiques, dirigés par une bonne sœur en bas résilles.



Mais pas que… Un rituel de chasseurs absolument ignoble, un horrible prêtre aux penchants plus que contestables, un couple aux mœurs malsaines, et des meurtres raciaux, des viols, des psychopathes… Voilà le cocktail explosif de l’Amérique profonde que nous expose Joe R. Lansdale dans ce recueil de nouvelles écrits en 1989. C’est pas joli joli, voir même carrément dérangeant.



La nouvelle L’Education sentimentale, a été pour moi insoutenable, des histoires qui rappellent des faits réels atroces. L’être humain n’a pas de limite lorsqu’il s’agit d’être un monstre.



C’est également dans ce recueil, que nous rencontrons les prémices de son roman The Drive-In dont vous pouvez découvrir mon billet après ses deux points : https://www.babelio.com/livres/Lansdale-Le-drive-in/244818/critiques/3322197

Commenter  J’apprécie          547
Rusty Puppy

En ces temps de confinement pour ceux qui ne sauvent pas de vies dans les hôpitaux, n'approvisionnent pas les rayonnages, et ne contribuent pas au bon fonctionnement de la Cité, il reste très égoïstement le plaisir d'évader de chez soi avec un bon bouquin.

Direction le Texas avec un polar signé Lansdale, Rusty Puppy, où Hap Collins, l'hétéro blanc désabusé et Léonard Pine, l'homosexuel noir conservateur se mettent encore dans des sales draps.

Alors qu'ils travaillent pour l'agence Brett Sawyer Investigations en mangeant des biscuits à la vanille, les deux compères acceptent pour des clopinettes d'enquêter sur la mort d'un jeune homme issu du quartier noir de Camp Rapture.

Les héros sont fatigués mais partent toujours au quart de tour, surtout Léonard - « A peine sorti du ventre de ma maman, j'étais déjà prêt pour un bon repas et une bonne baston. »



Pas de temps mort dans cette enquête, de l'action, de l'amitié, avec ces deux-là dont on suivrait encore avec plaisir les aventures jusqu'en maison de retraite, et avec un personnage incroyable, celui d'une petite fille trop dégourdie pour son âge, avec un bagout digne d'« un putain de vampire nain vieux de quatre cents ans» qui ne manquera pas d'attendrir Léonard.

Le tout est assaisonné à la sauce Lansdale, avec des dialogues marrants:

« -Nous, les gays, on a des intuitions secrètes qui nous apprennent des trucs que vous autres hétérosexuels ne captez pas. On a toute une conversation par télépathie.

- A quel sujet?

- La physique quantique, évidemment, dit Léonard."

Des vannes donc, et comme toujours le sens de la formule, pour aborder des sujets peu reluisants, voire franchement sordides.

Commenter  J’apprécie          536
Tape-cul

Comment que ça faisait longtemps que je n’étais pas venu faire une petite critique…



Le blues du retour les copains : quand je reviens de voyage, je n’ai plus envie de bouquiner, j’ai juste envie de repartir loin… de la France… et des Français… Comme je ne comprends pas ce qu’ils racontent dans les autres pays, j’ai l’impression que c’est plus intéressant et donc je m’intéresse encore plus à ne rien comprendre…. Bref je suis resté en mode « surfeur beau gosse »... et visiblement Choupette tique sur « surfeur » et « beau »… Choupette est Myope en même temps…



Depuis que je suis rentré, j’ai lancé une campagne Facebook pour attirer des petites chattes pas trop farouches dans mes filets, juste pour faire connaissance, quelques réponses positives, quelques réponses négatives (d’ailleurs j’ai retenu les noms…), mais dans l’ensemble tout se passe très bien selon mes plans, peu de photos de nus certes, mais quelques échanges très sympathiques entre gens ordinaires et moi (exceptionnellement ordinaire)… Donc voilà ça me fait plus de potes, plus d’espionnage aussi, un peu de bavardage, enfin bref quelques rencontres très cool…



Sinon j’ai fini « Tape cul » : la suite des aventures de « Hap » le héros au grand cœur et aux traces dans le slibard, « Léonard » le noir PD très vilain, « Brett » la rouquine pyromane très bonnasse (d’après tous les connards du bouquin)… Il y a aussi sa pute de fille « Tillie », un nain très bavard se nommant « Red », son frère « Herman »pasteur anciennement biker psychopathe, et quelques indiens un peu shootés : « Bill » et un autre… Des gros méchants un peu racistes, et un gros paquet de sacs à merde…



Donc ça se passe au Texas, un chouille au Mexique, ça canarde, ça

bastonne, ce n’est pas franchement cérébral, les dialogues sont exquis et courtois, c’est court, sympathique, les personnages sont attachants, une belle tranche de déconnade à coups de fusil à pompe dans le derrière, des gens meurent, d’autres souffrent, ça crie, ça gueule… Bref l’auteur a de l’humour et j’aime ça…



Sinon il faut que je me bouge le popotin car sur ma page d’accueil il y a un compte à rebours très flippant qui me dit : « plus que 26 jours pour publier votre chronique »...



A plus les copains…

Commenter  J’apprécie          537
Tsunami mexicain

J’ai la poisse littéraire en ce moment ! J’ai enchainé les déceptions et les lectures qui font mal aux neurones. Je me suis donc tournée vers une valeur sûre dans l’espoir de ne pas me prendre la tête et de rire. J’ai donc choisi Lansdale et son célèbre duo Hap et Léonard. Vous savez le blanc hétéro démocrate qui a un cœur d’artichaut et le noir homo républicain qui a un tatou de compagnie ? Voilà ces deux-là ! Je les adore ils me font rire et mènent toujours des enquêtes complètement foldingues. En plus sous couverts de ne pas se prendre au sérieux il y de jolis pics qui fusent sur la société de consommation, l’hypocrisie de notre monde, la société américaine… bref ça détend sans être dénué de sens.



Je vous l’accorde ils ne font jamais dans la dentelle mais là j’ai trouvé que l’auteur y était allé un peu fort sur le langage fleuri et les scènes de sexe dans tous les sens. Bon ce n’est pas du porno non plus mais il a un peu forcé la dose. C’est un peu cru par apport à d’habitude. J’aurais pu passer l’éponge sur ce problème de dosage si l’histoire n’avait pas eu du mal à décoller. Comme d’habitude Hap se bagarre (tiens tout seul pour une fois) mais pour une fois avoir joué les chevaliers servants lui a réussi. Pas pour longtemps… comme d’habitude nos deux comparses vont, grâce à leurs grandes gueules et leurs manières de rustres, se mettre dans le pétrin. Mais tous ces rebondissements et ces histoires dans l’histoire ont fait que la première partie ne m’a pas convaincue même si la deuxième était un peu plus palpitante.



Malgré tout j’ai beaucoup aimé le personnage de Brett loin des clichés sur les fragiles demoiselles ainsi que la manière dont évoluent les personnages de Hap et Léonard. Et si j’ai moins rie que d’habitude j’ai quand même aimé quelques répliques bien senties et quelques passages rocambolesques. Et puis sur le fond j’apprécie toujours cet auteur pour son absence totale de politiquement correct.



Un petit coup de mou dont je ne vous tiendrez pas rigueur monsieur Lansdale compte tenu de la qualité des autres aventures, mais j’ai hâte de découvrir ce qui va arriver prochainement à mes deux potes !

Commenter  J’apprécie          5226
Le mambo des deux ours

Lorsqu'on connait un chouïa le caractère doux et conciliant de ces deux potes, les imaginer en terre suprémaciste blanche prête déjà à sourire.



Leonard vient de cramer la crackhouse de ses voisins, il aurait pas dû.

Hap vient énergiquement au secours de Leonard qui vient de cramer...il aurait pas dû itou.

La taule ou retrouver la p'tite amie du flic local portée disparue au pays de la cagoule à pointe, la seconde option devrait s'avérer légèrement moins barbante.

Le Klan n'a qu'à bien se tenir car là où nos deux docteurs ès grandes gueules passent, la connerie trépasse.

Ils n'avaient cependant pas réellement appréhender le potentiel de nuisance dudit bled texan à sa juste valeur. Les cours de rattrapage s'avéreront méchamment pénibles...



Lansdale, fort de ses deux héros emblématiques aussi dissemblables que complémentaires, c'est l'assurance d'un très bon, voire d'un excellent, moment de lecture. Le risque de coma éveillé étant kouasi nul.



L'auteur, en récidiviste accompli, torche un nouveau récit jouissif en diable en s'appuyant sur la métaphore du chien dans un jeu de quilles.

Dans le rôle des quilles, moult blancs bas de plafond mais hautement néfastes pour toute personne présentant des pigmentations de peau légèrement différentes des leurs.

Dans celui des clébards opiniâtres, nos deux duettistes de compétition au verbe haut et aux crocs acérés.



Toujours aussi à l'aise lorsqu'il s'agit de soulever un dangereux fait de société contrebalancé par une plume des plus caustiques, Lansdale tape fort et juste en faisant ici l'apologie de la connerie funeste portée à son paroxysme tout en s'appuyant sur quelques valeurs fondamentales inhérentes à ses deux punching-ball qui s'ignorent telles que l'obstination, le courage et l'amitié indéfectible.



Si la valse hésitation de nos contemporains prête souvent à pleurer, le Mambo Des Deux Ours, lui, permet d'y remédier.



Lansdalissime !
Commenter  J’apprécie          522
Les enfants de l'eau noire

Dans un Texas au racisme confédéré encore tenace, où les hommes sont des brutes alcooliques et les femmes des victimes soumises, 3 ados intrépides s'embarquent sur un radeau de fortune afin de mener à bien la mission qu'ils se sont octroyé, conduire les cendres de leur meilleure amie, dont le corps ligoté a été récemment retiré des eaux profondes du fleuve qu'ils devront affronter, jusqu'à son rêve...Hollywood. S'étant emparé pour leur périple du magot d'un hold-up, ils se verront confronté aux dangers d'une rivière déchainée, à la poursuite d'un shérif avide et surtout à la traque d'un tueur sanguinaire.



Épopée racontée par l'un des membres du trio, ce livre tient en haleine jusqu'aux dernière pages. Un suspens haletant, dans un Texas ou l'auteur exprime la sauvagerie de la nature comme celle des hommes. Embarquez sur ce radeau de fortune pour une folle aventure.

Un récit parfois violent mais où l'humour, distillé avec intelligence, n'est pas absent.

Je ne connaissais pas Lansdale. Quelle découverte !

Je pense que Sue Helen, Jinx et Terry hanteront longtemps ma mémoire de lecteur...



Amateurs de sensations fortes, précipitez vous sur cette lecture, vous ne le regretterez pas.
Commenter  J’apprécie          520
Bad Chili

Bad Chili, good Lansdale.

Très, très beaucoup good même!



La franchise Collins/Pine est d'un niveau habituellement très au-dessus de la moyenne mais là, elle vient de crever le plafond.



Collins glande, Pine butine, rien de neuf sous le soleil. Ah si, si Spip apparait comme un charmant rongeur aux yeux de son maître adoré Spirou, ce petit salopiot pourrait bien s'avérer beaucoup plus vicelard qu'il n'y parait et tenter de vous refiler, dans sa très grande bonté, une rage qui fait rien que vous donner de méchantes sueurs avant de vous faire crever dans d'atroces souffrances. Collins a tiré le gros lot, direction l'hosto et soins à gogo.

La bonne nouvelle à son réveil, la présence de Brett, infirmière qu'il adorerait avoir à domicile.

La mauvaise, Pine a disparu des radars. Cerise sur le gâteux, il est également accusé de meurtre.

M'ouais, moyennement convaincu par le cahier des charges semblant accabler son pote, Collins va tout faire pour démêler le vrai du faux.



J'adorerai mettre la main sur les substances ingurgitées par Lansdale durant l'écriture de ce bouquin.

Je vais faire fissa sur l'enquête qui séduit du début à la fin.

Non, moi, ce qui m'a littéralement explosé, c'est ce style d'écriture à la fois percutant et d'une drôlerie sans commune mesure. Peut-être dans Martine et le chaton vagabond, et encore.

Lansdale touche ici au sublime.

En pratiquant un humour corrosif sur un peu plus de 350 pages sans que jamais le soufflé ne retombe, Bad Chili atteint ici des sommets dans le genre.

Son secret, dédramatiser ironiquement en traitant des sujets les plus noirs qui soient.

Sa plume est un missile sol-air solaire qui ne demande qu'à vous exploser à la gueule et le pire, c'est que vous en redemandez!

5...4...3...2...1...contact!!!



Commenter  J’apprécie          524
Tape-cul

Après avoir vu sa maison s'envoler dans une tornade et toutes ses affaires mises cul par-dessus tête, Hap Collins squatte depuis plusieurs mois chez son Léonard. de longs mois pour ce dernier qui ne supporte plus de voir ses vieux slips puants sur les bras du canapé ou ses chaussettes sous le fauteuil. Mais, il ne perd pas espoir. En effet, Hap vit une relation passionnée et torride avec la belle et voluptueuse Brett. Alors qu'il est question que les deux tourtereaux emménagent ensemble, lui hésite encore. Il faut dire que sa rouquine a quand même défoncé à coup de pelle la tronche de son mari. Un tempérament de feu et un foutu caractère qui le fait douter. Les choses se précipitent alors: Brett a reçu le coup de fil d'un homme qui dit détenir des informations sur sa fille Tillie, une prostituée qui, visiblement, a décidé de décrocher. Evidemment, son mac, Big Jim, ne l'entend pas de cette oreille et la retient plus ou moins prisonnière. Brett veut aider sa fille à s'en sortir. Aussi a-t-elle besoin de l'aide de Hap, qui accepte aussitôt, pour se rendre au rendez-vous dans ce motel miteux. Leonard ne peut décemment pas non plus laisser son ami dans la mouise...



Joe R. Lansdale nous trimballe du Texas à la frontière mexicaine. Brett, cette rouquine qui a du sang et de la rage dans les veines, n'en a que faire de ces mafieux. Elle manie le fusil comme personne. Hap, son ami, n'a pas d'autres solutions que de l'accompagner dans cette galère (c'est beau, l'amour !). Evidemment, Leonard, ne pouvait être que du voyage aussi (c'est beau, l'amitié!). Alors, ce voyage fut quelque peu mouvementé. Il n'aurait pu en être autrement, vu la bande de bras cassés qu'étaient ces compagnons de voyage. de Wilber, le monsieur-muscle, à Red, le nabot, (qui n'aime évidemment pas qu'on fasse une quelconque réflexion sur sa taille) en passant par Herman, le dealer devenu pasteur de Hootie Hoot ou encore Bob, le tatou adopté par Leonard, la galerie de personnages est à la fois drôle, cocasse et émouvante. C'est musclé, loufoque et drôle à la fois. Les dialogues font mouche et aucun d'entre eux ne manquent pas de bagou ni de répartie. L'auteur, de par son écriture crue et directe, nous emmène loin, bien loin de nos campagnes...



Un Tape-cul, ce polar !
Commenter  J’apprécie          510
Les Mécanos de Vénus

Les Mécanos de Vénus, c'est l'effet Babélio ... où comment j'aurais pu passer à coté de ce 1° volet d'une série, si une amie Babélio , Pecosa, ne me l'avait pas ajouté dans une liste .

Alors c'est l'histoire de deux mecs, l'un blanc , Hap Collins, et l'autre Léonard Pine, noir , homo et vétéran du Vietnam, qui gagnent difficilement leur vie , en bossant dans les champs . Ils en sont là, quand apparaît la divine Trudy, ex femme de Hap , dont il ne s'est jamais remis . Elle a un plan pour gagner beaucoup d'argent , il faut juste retrouver un pont et plonger dans une eau glacée . Après elle partagera le magot avec ses 3 autres complices qui rêvent de faire la révolution . Ex fan des sixties , leurs années folles , ils les ont passées dans des groupuscules d'extrême gauche . "Peace and love", mes frères et mes soeurs , sauf que ces "Zippies" là, sont loin d'appliquer cette formule magique et Hap et Léonard ,qui au début étaient caustiques, vont devoir muscler leur défense !

Entre cette belle amitié virile, les vannes et les balles qui défouraillent , les causes écolos musclées , l'attirance virile hétéro de Hap pour Trudy, la virilité homo de Léonard , la plongée ( ultra sportive ), je trouve que cette série est .. .très virile .

Je peux vous dire qu'on ne s'ennuie pas en compagnie de ces deux lascars . Ce que j'ai préféré ? Leur complicité à la vie , à la mort .

C'était ma première fois avec Hap et Léo , et je compte bien poursuivre , le duo étant prometteur !

Merci Pecosa...
Commenter  J’apprécie          506
Rusty Puppy

Après une lecture qui a fait tourné mon cerveau à plein régime, j’ai décidé de rendre visite à deux vieux potes : Hap et Léonard. Rien de tel qu’une enquête de ces deux là pour détendre les neurones et les zygomatiques. Je vous l’accorde rien à voir avec les sensations que procure un thriller psychologique ou autre page turner haletant. Là on est plutôt dans la petite enquête à la Columbo avec un petit côté pépère, qui je trouve, est à la fois chaleureux et réconfortant. Attention je n’ai pas dit ennuyeux. Non ! Avec ces deux là on en est loin ? Mes deux potos sont de sacrés lascars et des aimants à emmerdes catégorie poids lourd défiant toutes les lois des probabilités.

Mais ce que j’aime surtout c’est leur sens de la répartie qui offre un festival de dialogues truculents. Bon ok c’est souvent en dessous de la ceinture et plein de gros mots, mais tellement bien envoyé !

Sans compter sur leurs réactions imprévisibles et parfois tellement puériles qu’elles en deviennent irresistibles.

Cerise sur le gâteau : les bagarres. Là encore Landsale fait le job et nous offre des bastons à la frontières entre le western spaghettis et un bon vieux Bruce Lee. Ça cogne, ça tape, ça saigne. Coups bas et traîtrise tout est permis. Oubliez le code d’honneur du noble combattant plus c’est vicieux mieux c’est.



Si Landsale sait faire évoluer ses personnages, il sait aussi garder leur âme et leur personnalité. Ses deux anti-héros mûrissent, vieillissent, doutent, s’interrogent parfois sur leurs choix de vie mais ils restent Hap et Léonard pour le meilleur et surtout pour le pire. Parfois leurs méthodes sont très limites et leur rapport à l’autorité est pour le moins conflictuel mais les gentils ce sont eux. La preuve même face à une vampire naine de 400 ans bouffeuse de tartes aux pommes ils gardent leur sang froid. Pourtant ce n’est pas l’envie qui manque de la remettre à sa place !



Et puis au final comme dans tous les bons polars à la fin l’affaire est toujours résolue. Bon parfois c’est pire après qu’avant mais bon ils sont enquêteurs pas diplomates ! Bref si vous ne les connaissez pas je vous invite à faire une petite virée avec ces deux tarés particulièrement attachants. Un conseil quand même : ne touchez jamais aux gâteaux à la vanille de Léonard. Jamais !
Commenter  J’apprécie          4921
Vierge de cuir

Lansdale n'est pas que l'heureux papa des jumeaux Collins et Pine.

Il touche plus que sa bille itou lorsqu'il s'agit de torcher un polar poisseux sis dans une petite ville américaine incarnant à la perfection le trou du cul du monde.



Cason Statler en est revenu.

Il a fait l'Irak. L'Irak l'a défait. Un partout, la balle de 9 mm au centre.

A deux doigts de décrocher le Pulitzer en des temps reculés, c'est tout naturellement qu'il s'orientera vers le petit journal local tenu par miss bonnes manières, mix idéal entre Carmen Cru et  Soeur Marie-Thérèse des Batignolles. Un pur délice auditif.

Les chiens écrasés, pas son truc. le cas d'une gamine mystérieusement disparue titillera de suite sa curiosité mais comme tout le monde le sait, la curiosité...



Lansdale écrit sur les traumatismes de la guerre, l'amour, la perversité et le fait avec sa verve coutumière particulièrement mordante ce qui, en soi, devrait suffire de vous convaincre.

Mais il parvient à amalgamer tout cela avec un tel brio qu'il serait proprement criminel de passer à côté de Vierge de Cuir sans même tenter l'aventure. Crade, dépravée, viciée l'aventure, je vous le concède, mais aventure quand même et avec un H majuscule siouplaît.



Vierge de Cuir, armée de son fouet électrique étanche 12 vitesses dont deux arrière et une de croisière,100 % titane griffé, devrait vous revigorer les synapses en moins de temps qu'il n'en faut pour gueuler "vas-y mollo, j'ai la peau qui marque !".



4,5/5



Commenter  J’apprécie          490




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Joe R. Lansdale Voir plus

Quiz Voir plus

Titres de la série 'Hap Collins & Leonard Pine' de Joe R. Lansdale

le 1e, Savage Season (1990), est paru en France en 2014 sous le titre :

Les Mécanos de la Lune
Les Mécanos de Vénus
Les Mécanos d'Uranus
Les Mécanos de la Terre

8 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Joe R. LansdaleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}